Articles du Vendredi : Sélection du 15 septembre 2017

Été 2017, la bande-annonce d’un monde à +4 °C

Ludovic Dupin
www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/decryptage-ete-2017-la-bande-annonce-d-un-monde-a-4-c-144795.html

Une action est en cours contre le projet de mine d’or au Pays basque

Lorène Lavocat
https://reporterre.net/Une-action-est-en-cours-contre-le-projet-de-mine-d-or-au-Pays-basque

Citoyens, soyez indociles

Sonya Faure
www.liberation.fr/debats/2017/08/30/citoyens-soyez-indociles_1593053

‘Harvey’ ez zen ezerezetik sortu. Klima aldaketaz hitz egiteko garaia da

Naomi Klein
www.argia.eus/albistea/harvey-ez-zen-ezerezetik-sortu-klima-aldaketaz-hitz-egiteko-garaia-da

Été 2017, la bande-annonce d’un monde à +4 °C

Ludovic Dupin
www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/decryptage-ete-2017-la-bande-annonce-d-un-monde-a-4-c-144795.html

Nous sommes tous estomaqués devant les destructions à Houston, à Saint-Martin, à Mumbai… L’alerte sur les déchaînements de la nature liés au changement climatique a pourtant été lancée depuis longtemps. L’été 2017 pourrait bien être un simple teaser de ce que sera la planète dans quelques décennies, si le réchauffement moyen dépasse effectivement les 2°C, le seuil qu’a fixé au monde l’Accord de Paris.

Tempête Irma, ouragan Harvey, mousson diluvienne en Inde, incendie au Groenland, bulles de méthane en Sibérie, iceberg géant en Antarctique… Ces derniers mois, la Terre nous diffuse la bande-annonce spectaculaire d’un film bien peu réjouissant : “Un monde à +4 °C”. La multiplication de ces événements extrêmes est la mise en pratique du changement climatique que le monde expérimente à taille réelle.

Au-delà de ces catastrophes naturelles, cette bande-annonce évoque aussi la calamité du terrorisme (Barcelone, Ouagadougou, Londres…), qui trouve aussi une partie de sa genèse dans le réchauffement, à travers les déstabilisations politique qu’entraîne le manque d’eau et de nourriture. Lors du dernier G20, Emmanuel Macron avait été raillé en associant terrorisme et climat. “On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme, si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique“, expliquait-il alors. Une vérité portée en France par l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).

Sceptique jusqu’au bord de l’abîme

Pour ce qui est des événements météorologiques, les climatologues sont prudents. À juste titre, ils rappellent que des épiphénomènes, comme Harvey ou Irma, ne sont pas forcément attribuables qu’au changement climatique. Et ils ont parfaitement raison. De telles catastrophes ont déjà eu lieu dans la première moitié du XXe siècle alors que la question du carbone ne se posait pas encore…

Une rigueur scientifique qui permet à certains de justifier encore leurs climatoscepticismes. Scott Pruitt, le controversé directeur de l’Agence de protection de l’environnement americain, réagissait dans une interview à la dévastation de Houston. Selon, lui, il est “déplacé” que des “médias opportunistes cherchent à discuter de la relation de cause à effet (entre le changement climatique et la tempête), au lieu de se concentrer sur les gens dans le besoin“. Avec beaucoup d’ironie, les scientifiques membres du Bulletin of Atomic Science qui tiennent à jour la fameuse Doomsday clock, l’horloge de l’Apocalypse (1), jugent que cette déclaration du fidèle de Donald Trump “sonne comme une sorte d’épitaphe“.

Le money shot du changement climatique

La causalité entre le changement climatique et ces tempêtes est pourtant clairement à établir. Dans une bande-annonce, nous parlerions de “money shot”, ces scènes de destruction qui captent l’attention des spectateurs pour les faire venir dans les salles obscures (par exemple la Maison-Blanche détruite dans Independance Day). Ces quelques secondes de tournage coûtent des millions de dollars aux studios. Sauf que dans le film “un monde à +4 °C”, ces millions, ces milliards de dollars ne seront pas remboursés à ceux qui ont tout perdu… D’autant que déjà dans un pays aussi prospère que les États-Unis, on s’aperçoit que le fonds public pour les inondations, qui croule sous plus de 25 milliards de dollars de dettes, risque de laisser beaucoup de Texans sur la paille.

Dans une vraie bande-annonce de blockbuster, il y a toujours un héros, que ce soit Dwayne Johnson (San Andreas), Bruce Willis (Armageddon) ou Milla Jovovich (Le cinquième élément), pour sauver le monde de l’apocalypse… Pas sûr que le film “un monde à +4 °C” ait prévu ces héros. À moins que, sans vouloir spoiler la fin de l’histoire, le message soit que nous devons tous devenir les Jennifer Lawrence de l’économie circulaire, les Vin Diesel de la finance verte, les Charlize Theron des énergies bas carbone…

 (1) Une horloge symbolique où minuit marque la fin du monde. Les scientifiques l’ont réglé à 23h57m30s alertant sur le risque climatique et nucléaire

Une action est en cours contre le projet de mine d’or au Pays basque

Lorène Lavocat
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Ce matin jeudi 14 septembre, une action spectaculaire est en cours devant la propriété du directeur de la société Sudmine. Celle-ci veut créer une mine d’or au Pays basque nord. De nombreux habitants et l’association Bizi s’y opposent. Elles viennent faire des travaux devant la maison du directeur.

Ce jeudi 14 septembre à 8 heures du matin, dix-sept militants de l’association Bizi en habits de chantier ont commencé avec un petit tractopelle des travaux devant la maison du président de la société Sudmine, Christian Vallier, à Seichebrières, dans le Loiret. Le tractopelle est devant la maison, des militants plantent des piquets, et une grande banderole est déployée sur laquelle on peut lire : « Vallier : que dirais-tu si nous venions creuser chez toi ? »

Les militants de l’association Bizi sont venus du Pays basque nord, où la société Sudmine a un projet de mine d’or qui suscite une vigoureuse résistance locale. Vers 9 h 30, le maire de Seichebrières, Philippe Bacher, invite les militants basques à « discuter au chaud ». « Ce projet de mine d’or, je n’en ai jamais entendu parler, précise-t-il. Par contre, M. Vallier, je le connais bien. C’est quelqu’un de discret et d’ouvert. Ici, il est connu pour les études de prospection qu’il mène notamment dans l’environnement. » M. Vallier est en effet président de GéoPlusEnvironnement, l’entreprise qui a effectué l’étude d’impact environnemental pour… Sudmine ! Après une demi-heure d’échanges cordiaux, le groupe Bizi ! s’en retourne sur son chantier, sous le regard curieux de trois gendarmes, dépêchés sur place pour « s’assurer que tout va bien ». « Ce n’est qu’une manifestation non violente d’écologistes », précise l’un d’eux par téléphone à sa hiérarchie. L’arrivée des irréductibles basques à Seichebrières suscite plus de sourires et d’intérêt que d’inquiétude.

Très vite, ce matin, des habitants sortent de leurs maisons et s’approchent du « chantier ». « C’est rigolo, pour une fois qu’il se passe quelque chose dans notre village », sourit Nicolas, un voisin. La discussion s’amorce : un militant de Bizi lui explique que M. Vallier veut chercher de l’or au Pays basque. « Vous avez encore de l’or chez vous ? » s’étonne Christian, un autre riverain, mi-surpris, mi-amusé. « Notre vrai or, ce sont les produits de notre terroir, Ossau-Iraty, piment d’Espelette, qui sont menacés par le projet de mine », intervient Txetx Etcheverry, le porte-parole de Bizi.

À Vitry-aux-Loges (Loiret), à 11h, un groupe de militants se rend aux bureaux de Sudmine. Ils sont accueillis par Mickaël Laloua, le directeur de la société. Ce dernier déplore l’incompréhension qui a miné leur projet basque : « Nous voulions créer une filière locale de l’or basque, respectueuse de l’environnement. Mais les opposants ont confondu avec une grosse multinationale ! » « Ne me dites pas que vous êtes une ONG venue aider ces pauvres basques à se développer ! rétorque Txetx Etcheverry. Nous n’avons pas besoin d’or, et la transition écologique créera bien plus d’emplois qu’une mine au Pays basque. » Après 30 minutes, Mickaël Laloua soupire : « Voilà pourquoi c’est si compliqué de faire des choses en France : les gens sont toujours contre. »

Les habitants sont conviés à un banquet basque, qui aura lieu ce jeudi à 17 h devant la mairie de Seichebrières.

UN PROJET MINIER TRÈS CONTESTÉ AU PAYS BASQUE

Le projet de mine d’or, dénommé « Kanbo », s’étendrait sur une superficie de 126 km2, touchant onze communes du Pays basque nord. Notamment les zones de production AOC (appellation d’origine contrôlée) du piment d’Espelette, du fromage Ossau-Iraty et la zone de production des cerises d’Itxassou. Habitants et élus locaux sont vent debout contre cette mine, qu’ils jugent polluante et inutile. Ils veulent ainsi mettre la pression sur le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui doit rendre sa décision quant au permis de recherche cet automne.

En avril 2015, la société Sudmine, qui se veut le chantre d’un « développement raisonné de la mine », a déposé une demande de permis exclusif de recherche pour « or et substances connexes » pour une durée de trois ans auprès de la direction régionale de l’environnement (Dreal). Ce permis, renouvelable, est une étape préalable à toute exploitation des filons aurifères.

Dès l’été 2015, les maires des 11 communes concernées par le périmètre se sont prononcés contre « Kanbo » auprès du préfet. La demande de permis de recherche a tout de même fait l’objet d’une consultation publique, du 30 janvier au 17 février dernier, auprès des habitants. « Toutes les communes et la communauté de communes ont émis un avis défavorable, a indiqué alors à l’AFP le maire et conseiller général (DVD) de Cambo-les-Bains, Vincent Bru. On ne voit pas l’intérêt de ce projet, qui n’est pas créateur d’emplois et qui constitue une menace pour le thermalisme, l’agriculture et l’activité économique en général. » Récemment, la chambre d’agriculture, la chambre des métiers et celle du commerce et de l’industrie ont également fait savoir leur désapprobation.

En février dernier, Benjamin Charron, producteur de piment d’Espelette sur les berges de la Nive, expliquait à Reporterre les raisons de sa colère : « On n’a déjà pas beaucoup de terres agricoles parce que la pression foncière est forte… et en plus, ces terres risquent d’être détruites et polluées pendant longtemps. L’eau qui irrigue les cultures pourrait être polluée puisque le projet se situe en amont de mon exploitation. » La société Sudmine a beau mettre en avant que les travaux ne génèreront « aucun impact notable sur l’environnement » et que l’exploration aura au contraire des effets sur l’économie et l’activité locale « incontestablement positifs à moyen terme puisqu’elle participera à l’aboutissement d’un projet économique et à la création d’emplois »… rien n’y fait. Il faut dire que l’étude d’impact environnemental a été réalisée par GéoPlusEnvironnement, un bureau dirigé par Christian Vallier, lui-même président de Sudmine. Et comme l’entreprise aime faire dans le circuit (très) court, elle a mis en place sa propre pétition de soutien, à signer en ligne.

Ainsi, malgré l’opposition unanime des communautés locales, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a rendu un avis favorable à la demande de permis en juin. Le gouvernement devrait rendre son arbitrage cet automne, d’où un regain des mobilisations citoyennes. Outre l’action de ce jeudi, une manifestation massive est prévue ce samedi 16 septembre à Bayonne.

Début septembre sur le site d’information Enbata, Martine Bouchet, présidente du Collectif d’associations de défense de l’environnement (Cade) du Pays basque et du sud des Landes, se disait inquiète quant à la position du ministre de l’Économie : « Des élus basques ont interpellé Bruno Le Maire, raconte-t-elle. Ils ont reçu une réponse très formelle, accusant réception et indiquant qu’une demande était faite au directeur de l’aménagement, du logement et de la nature d’étudier le dossier. On aurait pu espérer quelque chose de plus encourageant… En plus, on entend dire que le permis sera accordé, car il n’y a aucune raison qu’il ne le soit pas. Comme si l’opposition unanime n’était pas une raison valable pour refuser le permis ! Il reste du chemin à parcourir pour que la volonté des habitants à décider de l’avenir de leur territoire soit prise en compte. »

Citoyens, soyez indociles

Sonya Faure
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Pourquoi une telle résignation face à la violence sociale et économique ? Pourtant résister ou désobéir peut revivifier notre vie démocratique, selon deux essais publiés ces jours-ci.

 

Chaque année, la même prédiction : «La rentrée sera chaude». Dans le camp des syndicats, on espère que la prophétie sera autoréalisatrice. Il arrive aussi que le camp des patrons joue à se faire peur. Le 18 août, la banque Natixis publiait une note de conjoncture alertant les investisseurs: face aux inégalités de plus en plus fortes, les salariés pourraient bien se révolter.

Jusqu’à présent pourtant, c’est plutôt notre résignation qui frappe. «Les raisons de ne plus accepter l’état actuel du monde sont presque trop nombreuses. Et pourtant rien n’arrive, personne ou presque ne se lève», écrit le philosophe Frédéric Gros, dans son livre Désobéir qui paraît ce jeudi. Alors qu’on s’enthousiasme pour le film 120 Battements par minute, qui pose, à travers l’histoire d’Act Up, la question de la violence symbolique, alors que le livre culte de Thoreau a été cette année encore réédité et que l’une des principales forces d’opposition se nomme La France insoumise, Frédéric Gros, lui, s’attaque au problème à rebours. Pourquoi chacun d’entre nous obéit ? Pourquoi face à la catastrophe sociale et environnementale qui s’annonce restons-nous si passifs ? Un des secrets de l’obéissance, explique-t-il, c’est qu’elle permet de se décharger auprès d’un autre du poids de notre liberté. «Cette déresponsabilisation est un phénomène puissant dans nos sociétés technologiques et complexes.»

La résistance ne peut venir que d’un retour au souci de soi, de la revendication de ce qui dépend de nous, explique aussi le philosophe Pascal Chabot, professeur à l’Institut des hautes études des communications sociales, à Bruxelles, dans Exister, résister, à paraître en cette rentrée (PUF). «L’adaptation au système est un trait déterminant de l’individu contemporain, parfois jusqu’au burn-out, analyse-t-il. La modernité a été une gigantesque entreprise de délégation. Nous avons délégué le soin de nos corps au monde médical, celui de nous nourrir à l’industrie alimentaire, l’éducation de nos enfants à l’école. Aujourd’hui, résister, c’est donc retrouver ce qu’on ne veut pas déléguer, reprendre en main son destin.» Notre apathie vient aussi, selon lui, d’une terrible impression d’impuissance. Impossible ou presque, explique-t-il, d’instaurer un rapport de force avec Google ou de négocier avec les responsables de logiques économiques ou managériales devenues impersonnelles et sans visage. «Le techno-capitalisme trace une voie qui s’imposerait à nous. Etre indocile, c’est remettre en cause l’idée d’un destin inéluctable, rappeler ce qui dépend de nous.»

«Not in my name», clament ainsi les mouvements de désobéissance civile américains dont la figure tutélaire est l’Américain Henry David Thoreau. Et la démocratie ne rend pas l’insubordination illégitime. «Affirmer qu’une fois les lois votées par la majorité, elles ne peuvent être contestées sous peine de trahir la volonté populaire est une mystification», prévient Frédéric Gros. Mieux, «être un sujet politique, assure-t-il, c’est d’abord se poser la question de la désobéissance».

L’expression de désobéissance civile s’est imposée tardivement en France. «Il y a encore dix ans, ce mode d’action n’était pas vraiment jugé sérieux», témoigne Sandra Laugier qui a coécrit (1) avec Albert Ogien en 2010 Pourquoi désobéir en démocratie ? (La Découverte). Dès 1880 pourtant, Hubertine Auclert lançait sa grève de l’impôt, pour protester contre le fait que les femmes n’avaient pas le droit de vote. Et les 343 femmes qui, en 1971, déclaraient avoir avorté alors que l’IVG était illégale, étaient des «salopes» désobéissantes. Mais c’est en 1997, quand 66 cinéastes déclarent avoir hébergé des sans-papiers et appellent à désobéir aux «inhumaines» lois Debré, que le terme est popularisé. Dix ans plus tard, des directeurs d’école et des agents de l’ANPE refusent de ficher leurs élèves ou les chômeurs étrangers.

 

 

L’agriculteur Cédric Herrou, qui vient d’être condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé 200 migrants à passer la frontière italienne, est l’un des plus fidèles disciples de Thoreau – désobéir pour provoquer la répression, la médiatisation et donc un large débat public. Mais selon Sandra Laugier, la désobéissance civile nourrit des activismes plus divers comme Occupy Wall Street ou les ZAD. Occuper l’espace public, en temps d’état d’urgence et de préoccupations sécuritaires, c’est déjà être indocile. «Surtout, la répression à laquelle ils ont été confrontés a fait d’eux des mouvements désobéissants.» En diffusant illégalement des documents classifiés, les Anonymous ou Snowden donnent une nouvelle version de la désobéissance. «Plus question de se faire arrêter et de se prêter au procès, commente la philosophe. Désobéir, c’est s’évader, échapper à la surveillance.» Ce que craignaient les seigneurs du Moyen Age, rappelle l’historien Patrick Boucheron, c’est le «déguerpissement» de leurs gens (2). «Entre obéir aveuglément et se révolter violemment, il existe toute une gamme d’attitudes possibles, écrit le médiéviste. Des inconduites, des réticences, des ruses.» Désobéir, c’est s’absenter du cadre pour mieux investir le jeu politique. «Partir, mais partir en groupe, faire défection pour rendre inopérante la domination.»

 

(1) Lire aussi le Nouvel Age de la désobéissance civile, Sciences humaines, hors-série, mai-juin 2016.

(2) Comment se révolter ? Bayard, 2016.

Sonya Faure

‘Harvey’ ez zen ezerezetik sortu. Klima aldaketaz hitz egiteko garaia da

Naomi Klein
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Irma urakana Karibea gogor kolpatzen ari den honetan, abuztu amaieran Naomi Klein kazetariak The Intercept webgunean argitaratutako artikulu hau (hemen jatorrizkoa ingelesez) dakarkizuegu euskaratuta. Harvey urakanak hondamendi handia eragin zuen AEBetan, batez ere Houston hirian, eta horren harira idatzi zen artikulu hau Kleinek. Kazetari quebectarrak salatzen du holakoen berri ematean hedabideek testuinguru orokorra –klima aldaketa, alegia– ezkutatzen dutela, eta botereak, berriz, politika desegokiak ezartzeko baliatzen duela katastrofe egoera, gertatutakoaren arrazoi sakonez hausnartu beharrean.

 

Oraintxe da unea klima aldaketaz eta bihurtzen duten sistemaren gainerako bidegabekeriez hitz egiteko, arraza segregaziotik austeritate ekonomikoraino, horiek bihurtzen baitituzte Harvey eta gisa bereko hondamendiak gizakientzat katastrofe.

Harvey urakanaz eta Houstoneko uholdeez eman den informazioari arreta emanez gero, entzungo dugu holako prezipitazioak aurrekaririk gabekoak direla, inork ez zuela aurreikusi, eta beraz inork ezin izan zuela bere burua behar bezala prestatu.

Baina gutxi entzungo dugu mota horretako aurrekaririk gabeko gertakari klimatikoak eta errekor historikoak hain maiztasun handiz ari direla gertatzen, errekor historikoak klixe meteorologiko bihurtu baitira. Bestela esanda, ez dugu askorik entzungo, zerbait entzutekotan, klima aldaketaz.

Esaten digute oraindik gertatzen ari den giza tragedia bat ez “politizatzeko” nahiaren ondorioa dela hori; ulergarria da. Baina gaia hor dago: klima gertakari batek ezustean joko bagintu bezala jokatzen dugun bakoitzean, inork aurreikusi ezin zuen Jainkoaren ekintza bat bailitzan, kazetariek oso erabaki politikoa hartzen dute. Zaila izanagatik egia ez esateko erabakia, sentimenduak ez mindu eta polemika saihesteko. Zientzialariak oso aspalditik ari dira honelako gertakariak iragartzen, horixe da egia. Ozeanoetako tenperatura igoerak ekaitz handiagoak eragiten ditu. Itsas maila altuagoen ondorioz, ekaitz horiek lehen iristen ez ziren lekuetara iristen dira. Klima beroagoek prezipitazioetan muturrez mutur ibiltzea dakarte: lehorte sasoi luzeen ostean elur edo euri jasa handiak datoz, gutako gehienok hazi ginenean ezagutu genituen eredu egonkorrago eta aurreikusgarriagoen ordez.

Urtez urte gainditutako errekorrak, izan lehorte, ekaitz, sute edo besterik gabe beroarenak, gertatzen dira planetaren tenperatura nabarmenki igo delako errekorrak erregistratzen hasi ginenetik. Harvey eta antzeko gertakarien berri ematea faktore horiek kontuan izan gabe, klimaren zientzialariei horiez hitz egiteko espaziorik eskaini gabe, Parisko Hitzarmenetik irteteko Donald Trumpek hartutako erabakia aipatu gabe, kazetaritzaren betebeharrik oinarrizkoenari bizkarra ematea da: gertakari garrantzitsuak dagokien testuinguruan azaltzea. Horrek uste okerra zabaltzen du jendearengan: oinarrizko arrazoirik gabeko hondamendiak direla, eta beraz ezin zela ezer egin saihesteko (eta orain ere ezin dela ezer egin etorkizunean are okerragoak ez izateko).

Ekaitza lehorrera iritsi baino askoz lehenagotik Harvey-ri buruzko informazioa oso politikoa izanak ere ez du ezertarako balio. Solasaldi amaigabeetan esan izan da ea Trump behar bezain serio jokatzen ari zen ekaitzarekiko, erruz espekulatu da urakan hau haren “Katrina momentua” izango ote zen, eta eztabaida handia (eta bidezkoa) egon da Sandy urakanarengatik emandako laguntzak direla-eta protesta egin zuten eta orain Texasi laguntza eskaintzen dioten errepublikanoez. Hondamendi baten kontura egindako politika mota hori da, hain zuzen, hedabide konbentzionalen erosotasun eremuaren barruan dagoen alderdi-politika, era egokian errealitatea saihesten duena. Eta errealitatea da kutsadura kontrolatzeko beharraren gainetik erregai fosil konpainien interesak jarri izana oso kontu bipartidista izan dela.

Mundu ideal batean denok ginateke gai politika alde batera uzteko berehalako larrialdia pasa bitartean. Gero, mundu guztiak onik ateratakoan, orduan eztabaidatuko genuke luze, zuhur eta publikoki ikusi berri dugun krisiaren ondorio politikoez.

Zer erakusten digu eraikitzen ditugun azpiegituren ereduaz? Zer adierazten du benetako oinarri dugun energiaz? (Galdera honek inplikazio gordinak dauzka eskualde horretan nagusi den industria delako, gas eta olioarena alegia, gogorren kolpatu duena). Eta, dagoenekoz harrapatuta gauzkan etorkizunaren latza ikusirik, gaixo, txiro eta zaharren ekaitzarekiko hiper-zaurgarritasunak zer erakusten digu antolatu beharra dauzkagun babes sareez?

Milaka pertsona daudenean beren etxeetatik lekualdatuta, hitz egin beharko genuke klimaren nahasteak eta migrazioek –izan Sahelekoa edo Mexikokoa- elkarrekin dauzkaten lotura ukaezinez. Aukera baliatu behar genuke eztabaidatzeko immigrazio politika baten beharra, abiapuntutzat hartuta milioika jende beren etxeetatik aldentzen dituzten arrazoi handienen erantzukizuna neurri handi batean AEBek daukatela.

Baina ez gara bizi horrelako debate serios eta zuhurra baimendu beharko lukeen mundu batean. Bizi garen munduan agintea daukaten botereek erakutsi dute guztiz prest daudela eskala handiko krisi baten espektakuluari eta jendea hil ala biziko larrialdietan buru-belarri sartuta egoteari zukua ateratzeko, alegia beren politikarik atzerakoienak inposatzeko, egoki asko “apartheid klimatiko” deitu dutenaren bidean aurrerago bultza egiteko. Hala ikusi genuen Katrina urakanaren ostean ere, errepublikarrek ez duten luze itxaron bultzada emateko osoki pribatizatutako hezkuntza sistemari, lan eta fiskalitate legediak ahultzeko, gas eta petroliotarako zulaketa eta findegiak indartzeko, eta Blackwater eta halako mertzenario konpainiei ateak zabaltzeko. Mike Pence izan zen proiektu ziniko horren arkitekto nagusia eta orain bera eta Trump daudenean lemazain ez genuke gutxiago espero behar Harvey ekaitzaren biharamunerako.

Dagoenekoz ikusi dugu Trump Harvey urakanak eragindako zalaparta baliatzen Joe Arpaio indultatzeko, baita polizia estatubatuarren militarizazioa handitzeko ere. Bereziki mugimendu kezkagarriak dira, kontuan edukiz immigrazio kontrolek lanean segitzen duten autobideak uholde pean ez dauden lekuetan (etorkinek beren buruak babestu ahal izatea eragotziz), edo lekuko funtzionarioek lapurreten egileentzat zigorrik handienak eskatuz esan dituztenak (ez da ahaztu behar Katrina ostean New Orleanseko zenbait herritar afro-amerikar tiroz jo zuela poliziak gisa honetako erretolikaren babesean).

Laburtuz, eskuinak berehala probestuko du Harvey, antzeko beste edozein hondamendi bezala, irtenbide faltsuak saltzeko, hala nola polizia militarizatua, petrolio eta gas azpiegitura gehiago eta zerbitzuen pribatizazioa. Ondorioz, jende informatu eta arduratsuek derrigortasun morala daukate krisiaren benetako sustraiekiko, azalduz zein lotuta dauden klima, kutsadura, arrazakeria sistemikoa, zerbitzu sozialen finantziazio falta eta poliziaren gehiegizko finantziazioa.

Egoera hau baliatu behar dugu, baita ere, irtenbide konbergenteak bideratzeko, emisioak era nabarmenean jaitsi daitezen eta, aldi berean, edozelako desberdintasun eta injustiziaren kontra borrokatzeko baliagarriak izateko (The Leap-en saiatu gara halako zerbait egiten eta Climate Justice Alliance –Justizia Klimatikoaren aldeko Aliantza– taldean aspaldi ari dira horretan).

Eta juxtu orain gertatu behar da, ezer ez egitearen kostu humano eta ekonomikoa begien bistan direnean. Krisietan sarri ez dakigu zer den egokia eta zer ez, eta horrek eraginda zalantzak baditugu, porrot egiten badugu, ateak zabalik utziko ditugu hondamendi hau bihotzik gabeko eragileek balia dezaten, aurreikusi daitezkeen helburu negargarriekin.

Eztabaida hauei eusteko leihoak izugarri txikiak dira, hori ere egia garratza da. Emergentzia hau desagertzen denean ez dugu inongo debate publikorik izango; Trumpen txioen jarraipen neurrigabekora eta jauregietako azpijokoetara itzuliko dira hedabideak. Beraz, hainbat pertsona oraindik beren etxeetan atrapatuak daudenean gai garrantzitsu hauez jardutea itsusia dela pentsa baliteke ere, errealistak izanda, bakarrik une honetan da nahiko interes hedabideetan klimaren aldaketaz jarduteko. Parisko akordioren oihartzuna hamarkadatan luzatuko da munduan zehar. Ba, merezi du aipatzea Trump Parisko akordio klimatikotik erretiratu zenean, hedabideek bi egun eskasetan jarraitu zutela txukun samar gaia, gero Errusiara itzuli ziren etengabe.

Duela urtebete kiskali zuen suak Fort McMurray, Albertako hondar bituminosoen boomaren bihotzean dagoen hiria. Autoak errenkan ikus zitezkeen errepidean eta alboetan garrak, irentsi beharrean; irudi horiek mundua geldiarazi zuten denbora batez. Une hartan esan ziguten bihozgabea zela une horretan aipatzea klima aldaketak halako suteak areagotzen zituela, biktimak errudun egiten zituela.

Taburik handiena honakoa zen: Fort McMurray elikatu eta ihesean ziren gehienei enplegua ematen dien industria –karbono handiko petrolio mota bat– eta beroketa globalaren arteko loturak erakustea. Ez zen une egokia; elkartasuna eta laguntza bideratzeko unea zen, ez galdera gaitzik egitekoa.

Gai horiek plazaratzea egokitzat jo zenerako, hedabideen arreta beste gune batzuetan zegoen aspaldi. Gaur egun, hondar bituminosoen ekoizpena nabarmen handitzeko planak ase nahian ari dira Albertan, eta gutxienez beste hiru oliobide egitea dute buruan. Han ia inor ez da gogoratzen sute izugarri harekin eta handik atera zitezkeen ikasgaiekin.

Houstonek badu zer ikasi egoera hartatik. Testuinguru jantzia eman eta ondorio garrantzitsuak eskaintzen dituen leihoa txikia da. Ezin dezakegu alboratu. Hondamendi jarraien garai hau elikatzen duenaz zintzoki aritzea ez da lehen lerroan dagoen jendearekiko errespetu falta. Egiazki, hori da haien galerak gogoan izateko modu bakarra; eta kalkula ezineko biktima kopurua ekarriko duen etorkizuna aurreikusteko esperantza bakarra ere bai.