Le Tour Alternatiba avec la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne

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Parti le 5 juin de Bayonne et ayant déjà parcouru près de 2 800 km, le Tour Alternatiba est aujourd’hui à Luxembourg-Ville où il s’est réuni avec Mme Carole Dieschbourg, Ministre de l’Environnement luxembourgeoise et présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne (UE) en charge de coordonner la position de l’UE pour la COP21.

La veille à Thionville, le Tour Alternatiba avait fait la jonction avec l’Altertour, qui chaque année organise un tour en vélo des différentes alternatives sociales et écologiques existant sur les territoires, et qui a également participé à la rencontre avec la ministre, en présence de la presse luxembourgeoise.

Mathieu Fromont et Cécile Marchand ont respectivement présenté à Mme la ministre de l’Environnement du Luxembourg l’Altertour et le Tour Alternatiba, deux mobilisations citoyennes sensibilisant les populations à l’urgence climatique et promouvant les nombreuses alternatives permettant d’y faire face.

 

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Les préoccupations par rapport à la COP21

Puis, Txetx Etcheverry du Tour Alternatiba a fait part à la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne d’un certain nombre de préoccupations portées par la société civile (plus de 150 000 citoyens européens ont déjà participé à un Alternatiba, village des alternatives au changement climatique, ou à une étape du Tour Alternatiba).

Le dérèglement climatique est en cours d’aggravation et d ‘accélération. Il y a urgence à agir. Cette action doit être d’autant plus rapide et massive que selon des climatologues comme Jean Jouzel, si rien d’important n’est fait avant 2020, la planète n’échappera pas à un réchauffement de + 3°C, nous entrainant dans des seuils d’emballement irréversible et incontrôlable du climat.

Or, rien ne garantit à l’heure actuelle que l’Accord de Paris sera à la hauteur de cet enjeu historique. Les contributions nationales de réduction d’émissions de gaz à effet de serre annoncées (INDC) sont notoirement insuffisantes pour permettre de rester sous le seuil -déjà trop élevé- des +2°C à l’horizon 2100. Ces engagements trop faibles ont en outre peu de chances d’être respectés car l’Accord de Paris risque fort de ne pas être contraignant. En outre, cet Accord n’entrera en vigueur qu’à partir de 2020 ! Les problèmes de financement sont loin d’être réglés, contribuant au blocage des négociations. Enfin, certaines questions essentielles ne sont pas abordées par les négociations, comme celle de la poursuite de l’extraction massive des énergies fossiles, alors que l’Agence Internationale de l’Energie indique qu’il faudrait laisser sous le sol 2/3 des réserves actuellement connues pour rester sous le seuil des + 2°C en 2100.

 

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Le manque d’ambition et de précision de la position européenne

Face à cette situation préoccupante, le représentant d’Alternatiba a jugé que la position de l’Union Européenne manque d’ambition et de précision. Il a demandé à la présidente du Conseil Environnement de l’UE comment elle pensait contribuer à :

• faire prendre par l’UE, ou tout au moins une partie de ses membres comme par exemple le Green Growth Group qui doit se réunir en septembre, des mesures à appliquer avant 2020 : engagements en matière de fiscalité écologique, réforme des subventions aux énergies fossiles, plans nationaux de sortie du charbon avec date de fin, vigilance sur les fausses solutions comme le nucléaire ou les agro-carburants par exemple, engagements volontaires beaucoup plus ambitieux en matière d’énergies renouvelables et d’efficience énergétiques, taxe ambitieuse sur les transactions financières et mesures volontaristes contre l’évasion fiscale pour financer la transition énergétique et la dette écologique à l’égard des pays du Sud notamment ;

• faire en sorte que le paquet énergie climat 2030 de l’Union Européenne soit renégocié dés 2016 et soit considéré d’ici là comme un accord plancher, visant une réduction d’AU MOINS 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Cet objectif paraît en effet totalement insuffisant et ne contribue pas à une trajectoire mondiale permettant de rester sous la barre des +2°C. Il faut également que l’Union Européenne soutienne VRAIMENT l’inscription dans l’Accord de Paris de cycles d’engagements réguliers tous les 5 ans, associé au principe de progressivité (les nouveaux engagements sont obligatoirement supérieurs aux précédents). Pour qu’elle soit crédible dans cette défense, l’Union Europénne doit se doter elle-même d’un objectif clair et ambitieux pour 2025.

Il a également été souligné que l’adoption d’un accord comme le TAFTA (traité transatlantique entre USA et UE) serait en complète contradiction avec les mesures à prendre pour contribuer à la stabilisation du climat.

 

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Une opportunité historique pour l’Union Européenne

Txetx Etcheverry d’Alternatiba a conclu en affirmant que l’Union Européenne a dans la bataille du climat l’occasion de redonner du sens au projet européen, mal en point notamment du fait du traitement de la crise Grecque. Il y a ainsi la possibilité de définir un nouveau modèle de société européenne plus sobre et donc plus autonome énergétiquement, plus juste et solidaire, mieux régulée et soutenable, avec une meilleure qualité de vie (les problèmes de santé liés à la pollution de l’air coûtent 1 600 milliards de dollars annuels à l’UE selon l’OMS), et permettant de s’attaquer réellement au chômage de masse qui frappe durement les populations les plus vulnérables : des millions d’emplois pourraient rapidement être créés par une politique ambitieuse de transition sociale et écologique en Europe.

La ministre a répondu aux différentes interpellations, en soulignant les efforts réalisés pour tenter de répondre à un certain nombre de ces constats. Elle a insisté sur l’importance de la mobilisation de la société civile, qualifiant les militant-e-s présent-e-s d’éclaireurs de la bataille du climat (« frontrunners »). A ses yeux, le rôle des Etats est aujourd’hui de construire le cadre légal dans lequel pourraient s’épanouir les alternatives portées par la mobilisation citoyenne.

 

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Une réunion a suivi entre Mme Dieschbourg, Norry Schneider du mouvement Luxembourgeois Transition Minett, Txetx Etcheverry et Cécile Marchand du Tour Alternatiba. La discussion a alors permis de rentrer plus en détail dans les questions posées à la présidente du Conseil Environnement de l’Union Européenne.

Le Tour Alternatiba a ensuite repris sa route, en direction cette fois de la Belgique.