Le maire de Cambo-les-bains s’apprête à bétonner le plateau de Marienia, des terres à haute valeur agricole, adaptées au maraîchage dont le territoire manque grandement. Une productrice de piments bio y était installée et un berger y est encore à l’année avec ses brebis. Pourtant, il s’est engagé à sanctuariser les réserves foncières de terres cultivables pour viser une souveraineté alimentaire. Le maire tiendra-t-il finalement parole en ne délivrant pas de permis de construire ?
L’attachement des citoyen·ne·s à manger des aliments plus locaux et de qualité est fortement menacé par la bétonisation continue des terres agricoles. De plus, la commune de Cambo-les-bains est située sur l’aire de trois appellations d’origine contrôlée : le Piment d’Espelette, Ossau-Iraty et le Kintoa, et les contraintes d’accès au foncier agricole sont de plus en plus importantes.
A l’occasion de la révision de son Plan Local d’Urbanisme, la commune passe plus de 11 ha de terres agricoles ou naturelles en zone constructible, décision approuvée par une majorité des élu·e·s de la CAPB le 02/02/19, malgré les alertes et la mobilisation des associations oeuvrant pour la défense d’une agriculture paysanne (Lurzaindia, ELB, EHLG, BLE, InterAMAP Pays Basque, APFPB). Cette décision fait l’objet de quatre recours déposés auprès du tribunal administratif dont ceux de Lurzaindia et du CADE ; le jugement devrait être rendu prochainement.
Cambo-les-bains n’est pas la seule commune concernée par l’artificialisation des terres agricoles, pour l’instant systématiquement validée par la plupart des élu.e.s en Conseil communautaire. Elle était pourtant l’une des rares communes à avoir librement pris l’engagement de Préserver et développer le foncier agricole de la boite à outils climat-énergie de Bizi au cours du précédent mandat. Ce PLU avait été signalé comme contraire aux engagements pris dans le bilan de suivi du Pacte de transition énergétique.
L’équipe municipale avait répondu en mettant en avant les zones à urbaniser passées en zones agricoles. Or, Lurzaindia et ELB avaient objecté qu’une partie de ces terres est déjà utilisée pour une activité agricole ; si le comité Hitza Hitz salue cette reconnaissance de l’existant, celle-ci ne compense pas pour autant la perte des terres agricoles par bétonisation. Selon les deux associations, l’autre partie des terres ne peut être utilisée par les paysan·ne·s, à cause de la taille des parcelles trop petite, ou de leur localisation enclavée en centre-ville. Ces dernières seraient au contraire plus adaptées à la construction de logements.
C’est cet emplacement de logements, à proximité de l’urbain existant et favorable aux mobilités actives, qu’un PLU est supposé développer plutôt que des projets en périphérie communale détruisant les terres agricoles, tel que celui de Marienia. C’est d’ailleurs ce qu’a pointé l’Etat français dans son avis sur le projet de PLU en questionnant “la constructibilité de zones dédiées à l’habitat et déconnectées du centre-bourg dans la mesure où de nombreux secteurs situés en centre-ville présentent un potentiel constructible sous-exploité.”
Pour rappel, les mesures du Pacte de Métamorphose écologique du Pays Basque :