Course climatique contre la montre : vers l’abîme ou vers un nouvel horizon ?

Le premier volet du 6 ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur les connaissances scientifiques de l’évolution du climat paraît dans le sillage d’une avalanche d’événements extrêmes. Face à l’inertie politique devant l’urgence climatique, Bizi invite les citoyen·ne·s à se mobiliser et à interpeller leurs élu·e·s pour enclencher la métamorphose écologique du territoire.

Exposition de Bayonne à l’élévation du niveau de la mer en 2100

Intenses sécheresses à Madagascar causant la première famine climatique selon l’ONU ; températures approchant les 50°C au Canada, aux mêmes latitudes de climat tempéré qu’en Europe ; méga-incendies en Californie, en Sibérie, mais aussi en Méditerranée ; pluies diluviennes et inondations en Inde, en Chine mais aussi en Allemagne et en Belgique : nulle région n’a été épargnée par ces catastrophes dont les scientifiques sont maintenant en mesure de déterminer le lien avec le dérèglement climatique en cours. 

Pourtant, alors que la température s’est déjà réchauffée de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle, « le changement climatique se généralise, s’accélère et s’intensifie » selon le GIEC et ce tableau n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend si nous ne réduisons pas maintenant massivement nos émissions de gaz à effet de serre. En effet, selon le dernier rapport du GIEC, les phénomènes extrêmes seront plus intenses et plus fréquents, et ce, d’autant plus que la température ira en augmentant. Selon les scientifiques, il est désormais bien établi que le réchauffement actuel est dû aux activités humaines émettrices de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote,…), en particulier celles utilisant les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) et l’agriculture intensive (principalement l’élevage intensif).

 Parmi les aléas annoncés par le rapport, une montée irréversible du niveau de la mer qui s’accélère et dont l’ampleur pourrait dépasser les 1 m en 2100 dans le scénario le plus émetteur. Or, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a réalisé une carte des zones potentiellement exposées à l’élévation du niveau de la mer à marée haute. Selon cette projection, Bayonne apparaît particulièrement exposée aux risques de submersion marine, alors que les événements de montée des mers extrêmes, anciennement séculaires, sont amenés à se reproduire annuellement d’ici 2050 pour les zones côtières basses.

Nous sommes à une historique croisée des chemins, déclare Thibaut Godin , porte-parole de Bizi. Ou nous engageons une bifurcation immédiate, choisie et socialement désirable. Ou l’on poursuit la grande accélération pour aboutir à un bouleversement, reporté de quelques années, mais brutal, subi et aux conséquences humaines, géopolitiques et financières catastrophiques.”

Quelle trajectoire politique actuellement ? 

Selon le nouveau rapport, les +1,5°C de réchauffement devraient être atteints autour de 2030, soit 10 ans plus tôt que ce que prévoyait le scénario au fil de l’eau du rapport spécial 1,5°C. Cependant, il est encore possible de rester proche de cette température si l’on réduit massivement les émissions de gaz à effet de serre dès maintenant et que l’on atteint la neutralité carbone en 2050. La décennie à venir sera donc décisive quant au futur que l’on réservera pour les enfants d’aujourd’hui.

Si les émissions hexagonales diminuent, elles ne diminuent pas assez vite pour respecter les engagements de la COP 21 ainsi que l’atteste le dernier rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat et la récente condamnation de l’Etat français par le Conseil d’Etat. Les rares propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat préservées dans la loi climat ne permettront pas d’atteindre une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2030 et ce, alors que la France va devoir transposer dans sa loi le nouvel objectif de 55% de réduction des émissions voté par l’Union européenne.

L’ambition actuelle portée localement par les élu·e·s de la Communauté d’Agglomération Pays Basque à travers le Plan climat est une réduction de 19% des émissions pour 2030 … Bizi n’a pas connaissance pour l’instant d’un projet de rehaussement de ces objectifs suite à la nouvelle visée européenne, à l’instar de la métropole grenobloise. Cette collectivité exemplaire vient de réviser à la hausse les objectifs de son Plan Climat (voté il y a moins d’un an) en visant une réduction de 65% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, tout en lançant l’étude d’un scénario de virage, des actions et des moyens nécessaires, en association les communes, les acteurs du territoire et en créant une Convention citoyenne métropolitaine pour le climat.

“Les élu·e·s qui affirment que le réalisme dicte d’avancer à petits pas semblent bloqué·es dans une pensée magique et ignorer les limites planétaires : on ne peut pas braver les lois de la physique, rappelle Emmanuelle Tosini, porte-parole de Bizi ! L’attitude réaliste est d’écouter ce que disent les scientifiques et d’agir pleinement dès maintenant.”

Les citoyen·ne·s peuvent agir en interpellant leurs élu·e·s locaux pour qu’ils activent les leviers à leur disposition et opèrent la métamorphose écologique de leur commune et du territoire ; il est aussi possible de s’impliquer en rejoignant le réseau des sentinelles écologiques dans sa commune. Bizi offre d’ailleurs une occasion de se mobiliser dès la rentrée. Selon elle, Claude Olive n’a toujours pas de politique cyclable communale à la hauteur des enjeux climatiques, l’association appelle donc les défenseur·e·s des mobilités douces et d’une métamorphose écologique du Pays Basque à se donner rendez-vous à Anglet pour une vélorution le samedi 25 septembre à 15H00.