Articles du Vendredi : Sélection du 1er novembre 2013 !

Pour ne pas tuer l’alternative au tout-routier que constitue le fret ferroviaire

Jean-Yves Ihuel
www.sudouest.fr/2013/10/18/les-cheminots-cgt-contre-les-suppressions-d-emplois-1202912-3566.php

De reports en suspension: l’éco-taxe sur une voie de garage

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/de-reports-en-suspension-l-eco-taxe-sur-une-voie-de-garage,38465?xtor=EPR-9

L’écotaxe est bonne pour l’économie locale

Ronan Dantec et François-Michel Lambert
www.reporterre.net/spip.php?article4912 – 28/10/2013

Les citoyens au pouvoir

Pascal Greboval
http://kaizen-magazine.com/les-citoyens-au-pouvoir/

De retour d’Alternatiba, interview de Denis Voisin

Interview de Denis Voisin, chargé de projet mobilité et fiscalité écologique à la Fondation
www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/de-retour-dalternatiba-interview-de-denis-voisin

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Pour ne pas tuer l’alternative au tout-routier que constitue le fret ferroviaire

Jean-Yves Ihuel
www.sudouest.fr/2013/10/18/les-cheminots-cgt-contre-les-suppressions-d-emplois-1202912-3566.php

Les cheminots CGT du fret SNCF de Bayonne sont à l’offensive. Un jour avant leur collègues d’Hendaye, ils se sont unanimement prononcés pour une grève reconductible d’un jour par semaine (le vendredi) pour s’opposer aux 30 suppressions d’emploi (25 % des effectifs de Bayonne et d’Hendaye) annoncées par leur direction pour fin 2013-début 2014.
Selon Peio Dufau, délégué syndical CGT, le trafic fret se maintient voire augmente sur une période de trois ans. Il accuse la direction de vouloir tuer l’alternative au tout-routier que constitue le fret ferroviaire. Il avance pour cela les réductions d’effectifs de la plateforme de Bayonne-Hendaye, passée de 320 agents en 2004 à 80 ou 120 en 2013, selon la prise en compte ou non de différents services.

 

Pour l’instant, la direction du fret propose aux cheminots dont l’emploi serait supprimé une porte de sortie vers une filiale de la SNCF qui serait créée à Bayonne, sur le port pour la desserte du terminal tarnosien de l’autoroute ferroviaire Lille-Bayonne. Par ailleurs, le délégué syndical ajoute que les dernières restructurations des entreprises de la chimie du sud Aquitain auront un impact important sur la circulation dans l’Agglo et le Seignanx.
100 camions de plus
Il cite 50 nouveaux passages de camions chargés de pétrole par jour entre LBC Tarnos et Lacq, suite à l’abandon du ferroviaire par l’exploitant qui a pris la relève de Total à Lacq, 40 passages de camions supplémentaires par jour pour desservir le stockage de bitume de LBC Tarnos, 10 passages de camions chargés de soufre par jour entre Anglet Blancpignon et Lacq suite à l’abandon du ferroviaire pour le transport du soufre, soit en moyenne 100 passages de camions supplémentaires sur les voies de l’agglomération.
Face à ce qu’ils appellent « une marée routière », les cheminots CGT projettent de rencontrer élus et associations concernés afin de travailler ensemble à des solutions collectives.

De reports en suspension: l’éco-taxe sur une voie de garage

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/de-reports-en-suspension-l-eco-taxe-sur-une-voie-de-garage,38465?xtor=EPR-9

Le gouvernement a finalement cédé aux intérêts des élus et des agriculteurs bretons. A la sortie de la réunion de crise, organisée ce 29 octobre au matin, le Premier ministre a  tout simplement annoncé la suspension de la taxe kilométrique sur les poids lourds, dite «éco-taxe».

 

Le ministre de l’environnement n’a pas eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet. Philippe Martin n’a pas été convié, ce 29 octobre, à la réunion de crise sur l’avenir de l’éco-taxe, organisée à la hâte par Matignon, alors que des transporteurs et des paysans ont manifesté en Bretagne le 26 octobre. Seuls les ministres de l’agriculture, des transports, de l’agro-alimentaire, du budget et des relations avec le Parlement participaient au rendez-vous, aux côtés des parlementaires bretons socialistes, écologistes et centristes.
Le Premier ministre a rendu l’éco-taxe, qui n’est pas encore appliquée, responsable de tous les maux de la Bretagne. «Force est de constater que le travail collectif qui fait la force de la Bretagne depuis tant d’années est aujourd’hui bloqué par un seul sujet: l’éco-taxe, a-t-il déclaré. J’ai donc décidé la suspension de sa mise en œuvre pour nous donner le temps nécessaire d’un dialogue au niveau national et régional.»

 

Aucune marge de manœuvre

 

Même s’il a ajouté que «suspension n’est pas suppression», le Premier ministre peine à convaincre, alors que la région bénéficie déjà d’une réduction de moitié du taux applicable ainsi que d’une exonération pour le transport laitier et pour la RN 164, l’une des principales routes régionales. Les négociations à venir n’ont pas de marge de manœuvre supplémentaire, hormis une exemption en bonne et due forme, difficile à justifier sur le plan constitutionnel.

 

Votée à l’unanimité par la loi Grenelle I de 2009, sous l’ancienne majorité, cette taxe applicable aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes empruntant le réseau routier non payant a pour objectif d’encourager le transport du fret vers des modes moins polluants. Reportée à maintes reprises par le gouvernement Fillon, elle connaît finalement le même destin sous le gouvernement Ayrault, malgré une forme remaniée et un bénéfice pour l’Etat évalué à 1,2 milliard d’euros.

 

Cet abandon pose un autre problème, lié au contrat signé  par l’Etat avec la société Ecomouv’ (filiale d’Autostrade  per l’Italia , appartenant à la holding de la famille Benetton) le 20 octobre 2011 pour mettre en place le système de péage électronique reconnaissant l’équipement embarqué à bord des véhicules.

 

Consternation chez les écologistes

 

Cette annonce a suscité de très nombreuses réactions. Du côté des ONG, le réseau Action Climat s’est dit «consterné par le manque de considération du gouvernement pour les questions environnementales», rappelant que le secteur des transports, largement dominé par le transport routier, est le premier émetteur de gaz à effet de serre en France.

 

 

La fédération France Nature Environnement a insisté sur une conséquence directe de cet abandon: la hausse des impôts locaux. «Les routes ne sont pas gratuites. Elles sont payées par les Français et usées par les camions qui polluent et réchauffent le climat», ajoutant le mauvais signal envoyé en Europe.

L’éco-taxe est, rappelons-le, déjà en vigueur en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en République tchèque. Par ailleurs, «comment va être compensée la baisse de 7% du budget du ministère de l’écologie?», demande FNE.

 

Dans le camp des élus, l’eurodéputé écologiste José Bové a jugé «minable» cette suspension sine die. «C’est une reculade vraiment invraisemblable face à un lobby agro-industriel mené par le président de la FNSEA Xavier Beulin, et le Medef, pour casser une logique économique qui aurait été la relocalisation», a-t-il déclaré à l’AFP.

 

Xavier Beulin s’est d’ailleurs félicité de la mesure, tout comme la porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée. «Nous comprenons et nous approuvons», a laconiquement affirmé Annick Lepetit. «Une fois de plus c’est l’écologie qui trinque», a en revanche déclaré la députée socialiste et ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho.

 

Aucun commentaire n’a  été émis par le ministre des transports, ni par l’actuel ministre de l’écologie.

 

 

L’écotaxe est bonne pour l’économie locale

Ronan Dantec et François-Michel Lambert
www.reporterre.net/spip.php?article4912 – 28/10/2013

Alors que des manifestations s’en sont pris en Bretagne aux portiques permettant le calcul de l’éco-taxe sur les poids lourds, les parlementaires EELV rappellent la philosophie et les avantages attendus de cette fiscalité verte.

 

Les manifestations actuelles en France, et tout particulièrement en Bretagne, peuvent faire craindre de nouveaux retards dans la mise en place de l’écotaxe poids lourds. Nous voulons dire aujourd’hui avec force qu’un nouveau report ne règlerait rien, et retarderait encore la nécessaire modernisation de l’offre de transport et d’organisation logistique dans ce pays.

 

L’écotaxe c’est d’abord une fiscalité écologique qui instaure un cercle vertueux : Elle résulte du Grenelle de l’environnement. Cette taxe existe dans cinq pays européens. Mise en place dès 2005 en Allemagne, elle a permis d’y mobiliser 4,3 milliards d’euros en 2012, et la part du fret ferroviaire y a fortement augmenté.

 

En faisant payer l’usage des routes par leurs utilisateurs réels, l’écotaxe s’inscrit dans une logique de changement des comportements et une optimisation des transports : moins de marchandises circulant en tous sens sur nos routes et des circuits plus courts. En s’appliquant aussi aux camions circulant à vide, elle incite également les transporteurs à rationaliser les tournées.

 

Il s’agit aussi de relativiser son impact sur les prix : le coût du transport représente 10% du prix des marchandises, la taxe est de 4,1% et elle ne porte que sur le transport routier empruntant les seules routes surchargées (1% du réseau routier français). L’impact de la taxe sera très limité, la moitié d’un centime pour une salade d’un euro. Même pas le coût du sachet plastique ! Bien loin du gaspillage de la chaîne de distribution (7% du prix du produit soit sept centimes pour une salade à un euro).

 

Ceux qui s’insurgent contre cette taxe aujourd’hui manipulent la réalité. L’écotaxe ne va pas détruire l’économie locale. Au contraire, applicable à tous les transports, et payable au kilomètre, elle va pénaliser les transports longs et ainsi faire baisser l’avantage concurrentiel de marchandises provenant de pays aux normes sociales et environnementales faibles, ou encore faire payer aux transporteurs routiers étrangers qui ne font que traverser la France du Sud au Nord, et qui n’apportent rien à notre économie si ce n’est pollution et destruction de nos routes. Les flux financiers créés par l’écotaxe sont ainsi créateurs d’emplois que ce soit par l’investissement en infrastructures (près d’un milliard d’euros par an) et par la protection des emplois locaux contre certaines importations. Nous devons donc faire preuve de plus de pédagogie et de conviction dans notre manière de défendre l’écotaxe.

 

Concernant la Bretagne, l’écotaxe s’inscrit clairement dans le soutien à des logiques de transformation sur place des productions. Faut-il rappeler que 700 000 porcs bretons sont envoyés à l’abattage en Allemagne chaque année ! L’application de l’écotaxe irait dans le sens de leur abattage sur place. Ainsi seule la viande sera exportée, pas le cochon vivant ! Faire de l’écotaxe un symbole des difficultés actuelles du secteur est donc un contre-sens total.

 

En tant que vice-présidents des commissions du développement durable au Sénat et à l’Assemblée nationale, Ronan Dantec et François-Michel Lambert estiment que le gouvernement doit rester ferme sur l’application au 1er janvier de l’écotaxe, et, tout en soutenant son aménagement dans le cas de régions excentrées, dénoncent son instrumentalisation par certains lobbies, de toute évidence plus soucieux de leurs profits immédiats en instrumentalisant ceux qui souffrent de la fin d’un modèle productiviste, que des enjeux environnementaux et de développement local.

 

Tout sur la fiscalité écologique : www.reporterre.net/spip.php?article1224

Les citoyens au pouvoir

Pascal Greboval
http://kaizen-magazine.com/les-citoyens-au-pouvoir/

Alternatiba à Bayonne, les Etats généraux du Pouvoir Citoyen et autres mouvements, voilà bien des signes d’une ébullition citoyenne. Analyse de Patrick Viveret.

Pascal Greboval : Quels points communs existe-t-il entre tous ces mouvements ?

Patrick Viveret : Ils se situent du côté des forces de vie. Nous traversons un contexte où les logiques régressives et mortifères sont de plus en plus inquiétantes. La montée des forces d’extrême droite en donne une démonstration criante. Face à cet afflux d’éléments relevant d’une polarisation négative il est important de se positionner du côté des forces créatives. C’est l’avenir de l’Europe qui est en jeu, rien de moins. La vitesse à laquelle se forment les replis identitaires et la contagion de la méfiance peuvent laisser craindre que la destruction de cette Europe unie demande moins de temps que sa construction. Heureusement, à l’opposé, des mouvements d’ouverture et des initiatives citoyennes éclosent ; on les retrouve dans les associations, les ONG classiques, mais également dans le secteur de l’entreprise avec par exemple les entrepreneurs d’avenir.

Ces forces positives n’expriment pas leurs revendications par la manifestation, elles sont ancrées sur le terrain de l’expérimentation, ce qu’on pourrait résumer par une esquisse en trois dimensions du REVE : REsistance créative, Vision transformatrice, Expérimentation anticipatrice et, à chaque étape une évaluation entendue non comme simple mesure mais comme délibération sur ce qui fait valeur.

Bien que cette créativité et ces élans de vie soient insuffisamment visibles et relayés, on entre dans une nouvelle phase, intéressante. Après la naissance de mouvements tels que Colibris, le collectif Rooseveltle Pacte civique ou encore le collectif de la Transition (qui s’est concrétisé au festival de Cluny), un besoin de mutualisation et d’organisation émerge afin que ces énergies puissent peser sur certaines grandes échéances économiques et politiques à venir. A Alternatiba à Bayonne par exemple, au sujet du dérèglement climatique, il s’agissait de montrer qu’il est possible de faire autrement grâce à l’ensemble des initiatives qui participent de la sobriété heureuse, puis de préparer la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015.

PG : Pensez-vous que ces mouvements peuvent supplanter les partis politiques ?

PV : Pour paraphraser Clemenceau, on pourrait dire que l’économie et la politique sont des choses trop sérieuses pour les laisser aux économistes et aux politiques. Effectivement il faut sortir de la politique compétitive qui nous met en danger. On ne peut que constater la dégradation du débat politique, sa simplification délétère, les disqualifications systématiques des postions des uns et des autres, qui révèlent une véritable régression. De même, on ne peut pas réguler l’économie si la politique fonctionne sur un système de rivalité permanente. Ainsi dans le processus initié par les états généraux du pouvoir citoyens, il existe des points d’accord mais également des débats où plusieurs visions se confrontent, notamment à propos de la soutenabilité écologique, la réforme des retraites ou la solution à apporter au problème du chômage. Pour autant cela procède d’une vraie mutation de la qualité démocratique.

PG : Cela signifie-t-il qu’une masse critique des forces créatrices va se constituer et entrainer toute la société ou au contraire qu’elle pourrait provoquer un clivage, un affrontement ?

PV : La seule chose qu’on puisse affirmer, c’est qu’il faut tout faire pour que ces forces créatrices soient victorieuses. Il faut aussi être prêt à rebondir si nécessaire en cas d’éventuels chocs ou d’évènements dramatiques, en s’inspirant de la notion de résilience. Mais on a besoin de bien plus qu’une révolution : on a besoin d’une métamorphose, comme le dit Edgar Morin. Les révolutions se contentent d’inverser les pouvoirs, les dominés deviennent les dominants. Il nous faut une mutation qui ne soit pas seulement un renversement des dirigeants mais une modification des rapports au pouvoir afin de passer du pouvoir de conquête et de rivalité au sens originel du verbe pouvoir qui est un pouvoir de création démultiplie par la coopération. Un pouvoir conçu comme une énergie renouvelable en somme.

De retour d’Alternatiba, interview de Denis Voisin

Interview de Denis Voisin, chargé de projet mobilité et fiscalité écologique à la Fondation
www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/de-retour-dalternatiba-interview-de-denis-voisin

  • Qui est Bizi !, l’association organisatrice d’Alternatiba ?
  • Denis Voisin : Implanté à Bayonne et indépendant de tout parti politique comme des pouvoirs publics, le mouvement lutte pour l’urgence écologique et prône la justice sociale. Il a pour cadre d’action principal le Pays Basque nord et s’inscrit pleinement dans la mouvance altermondialiste internationale. C’est un mouvement très dynamique impliqué dans de nombreux domaines comme l’Eusko, monnaie locale écologique et solidaire, la mobilité, la lutte contre le changement climatique ou encore Alternatiba, le village des Alternatives qu’il a organisé à Bayonne les 5 & 6 octobre derniers. Principalement centré sur le thème de la transition énergétique et l’alimentation, cette manifestation a rassemblé de manière festive plus de 10 000 personnes autour de conférenciers, d’exposants, d’artistes, d’un marché paysan et de stands de mise en œuvre d’alternatives de pratiques au quotidien comme par exemple l’isolation en chanvre et en paille ou la construction en terre crue.

    • En tant que chargé de projet mobilité et fiscalité écologique, quelle a été ton intervention ?

    D.V. : Au sein de l’espace dédié aux alternatives municipales et territoriales, avec Lorelei Limousin, du RAC-F et Jean Sireyjol de l’association Taca, nous avons abordé le thème de la fiscalité écologique pour présenter nos positions et surtout pour répondre aux questions des participants : est-ce que c’est une taxe en plus ? Dans quelle mesure cela va nous impacter ? En quoi la fiscalité écologique est utile pour lutter contre le changement climatique ? En quoi c’est un outil efficace ? Les compensations, c’est quoi ? Est-ce que cela peut réellement impacter les comportements ? Quelles différences entre la contribution climat-énergie portée par le gouvernement et celle que vous portez ? (cf. « Contribution Climat Energie : la comprendre, c’est l’adopter ! « ). Et puis, j’ai eu l’occasion d’animer une permanence mobilité au sein de l’espace alternatives municipales. > FAQ sur contribution climat-énergie

    • Après cette belle réussite de mobilisation citoyenne, y-aura-t-il une suite ?

    D.V. : Ils ont lancé un appel à multiplier les villages des alternatives via un manifeste déjà traduit en 11 langues européennes, en vue de créer 10, 100, 1000 villages des alternatives dans toutes les villes et régions de France et d’Europe, d’ici à la COP21, important sommet international sur le climat, qui se tiendra à Paris fin 2015.

    En savoir plus :

    > Pour télécharger l’appel

    > Découvrez le Think tank de la Fondation

    > Appel à participer à Alternatiba, le village des alternatives, à Bayonne le 6 octobre, billet du 26/08/2013