Depuis le 8 septembre, une quarantaine de groupes ANV-COP21 et Alternatiba participent activement à l’organisation de Marches pour le climat, dans un contexte où l’implication citoyenne pour l’écologie et la justice sociale se renforcent. Pour la troisième fois cet automne, des Marches seront organisées samedi 8 décembre, formant une dynamique nouvelle et diversifiée. Après la spontanéité des appels aux Marches diffusés sur les réseaux sociaux en réaction à la démission de Nicolas Hulot fin août, vient le temps de l’organisation, de la structuration, et de la formulation de revendications concrètes. Dans ce cadre, de nouveaux collectifs citoyens pour le climat voient le jour, sous les noms de Citizens for Climate, Ensemble pour le climat, Il est encore temps… Dans de nombreux territoires, les groupes Alternatiba et ANV-COP21 s’impliquent avec eux au travers de l’organisation des prochaines Marches.
Convergence citoyenne et inter-associative
Les Marches rassemblent à la fois des personnes qui s’engagent pour la première fois, “simples citoyens” ou “citoyens lambda”, ainsi que des citoyennes et citoyens déjà impliqués dans des organisations ou des mouvements structurés et actifs dans les domaines de l’écologie et de la justice sociale.
À Orléans par exemple, ANV-COP21 et Alternatiba co-organisent la Marche du 8 décembre avec une dizaine d’autres collectifs locaux tels que CiTLab, Colibris, Orléans en transition, Vélorution, France Nature Environnement, etc., avec la volonté de porter des revendications concrètes : “Pour cette nouvelle Marche, le parcours a été pensé pour que nous puissions passer devant les instances du pouvoir politique local : la Métropole, la Mairie, la Préfecture, le Conseil départemental, le Conseil Régional. Devant chaque bâtiment sera prononcé un discours annonçant des doléances et des revendications citoyennes, qui sont issues d’un atelier citoyen organisé en octobre, lui-même issu de la Marche du 8 septembre”, précise Vincent Lombard d’Alternatiba Orléans.
Cette convergence entre nouvelle énergie citoyenne et associations se retrouve également à Auch, à Mulhouse, ou encore Poitiers, où Alternatiba a organisé la Marche du 13 octobre avec plusieurs associations qui ont pris la parole : Greenpeace, Vélocité 86, Attac, Énergie Partagée, Enercoop, etc. Une démarche inter-associative qui se poursuit en vue de la Marche du 8 décembre avec la préparation d’actions portant sur une diversité de sujets liés au climat, comme la réduction de la consommation de viande avec des distributions du livret de recettes végétariennes de Greenpeace, ou pour interpeller citoyens et élus sur les enjeux du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET).
Un Plan Climat ambitieux, c’est l’objectif de groupes qui s’impliquent de plus en plus nombreux dans la campagne Alternatives Territoriales portée avec le Réseau Action Climat, comme à Lyon, où des actions non-violentes massives ont déjà été menées par ANV-COP21 et le collectif “Il est encore temps” lors de la Marche du 13 octobre : des milliers de personnes brandissant des mains rouges symbolisant l’urgence climatique, et dont les revendications concrètes vont être à nouveau portées auprès de la Métropole au cours de la marche 8 décembre.
Au Mans, c’est la thématique des transports qui sera à l’honneur, avec une conférence de presse organisée dans le tram, et des demandes de création de pistes cyclables pour développer la mobilité douce dans la ville.
Justice sociale, climat : même combat !
La convergence, c’est encore et toujours celle de l’écologie avec la justice sociale. Comme à Evreux, où Alternatiba organise la Marche avec le CCFD, ou à Bayonne, où on prépare une banderole « Justice sociale, climat : même combat » de couleurs verte et jaune, en clin d’oeil au mouvement des gilets jaunes. « On a la même colère que celle des gilets jaunes : on combat ce gouvernement qui n’agit ni contre la fin du monde, ni contre les fins de mois difficiles », explique Txetx Etcheverry, du mouvement Bizi ! au Pays Basque.
À Aix-en-Provence, le collectif climat/Alternatiba, qui participe à l’organisation de la Marche est en contact avec la coordination des gilets jaunes Provence-Alpes-Côte d’Azur et s’emploie aussi à mélanger les couleurs : « Nous essayons de faire converger gilets jaunes et verts lors de la Marche du 8 décembre. Il y a une forte volonté de rapprochement pour allier la justice climatique et la justice sociale, qui sont indissociables à nos yeux », précise Catherine Milard d’ANV-COP21 Aix-en-Provence.
Des passerelles créées avec les revendications sociales de “gilets jaunes” se tissent aussi à Amiens, où le groupe ANV-COP21 était déjà en lien avec des membres de la CGT, Sud Solidaires, et où François Ruffin avait pris la parole lors de la Marche du 13 octobre. Depuis l’émergence du mouvement des “gilets jaunes”, des échanges ont lieu en vue de la nouvelle Marche du 8 décembre.
Marcher sur les deux jambes des alternatives et de la résistance
Le 8 décembre, nous serons également en plein milieu de la COP24, la 24ème conférence des Nations-Unies sur le changement climatique. L’occasion pour le groupe Alternatiba de Saint-Raphaël de remettre à la mairie le dernier rapport du GIEC, qui préconise des réductions drastiques des émissions de gaz à effet de serre et des changements sans précédents pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
À Paris, la Marche qui sera organisée avec un concert sera également l’occasion de faire écho à la COP24 : « Il est important d’alerter fortement sur l’inaction des Etats, dont les engagements de réduction des émissions nous entraînent toujours vers un réchauffement catastrophique d’au moins +3°C. Cette Marche va permettre de montrer que nous sommes nombreuses et nombreux à souhaiter un changement profond du système, et elle doit aussi être une étape vers d’autres formes d’actions citoyennes plus radicales, complémentaires, y compris des actions de désobéissance civile. Aujourd’hui, il faut multiplier les actions pour stopper les activités climaticides qui menacent notre survie. Dès la semaine suivante, le 14 décembre, nous nous mobiliserons de nouveau à Paris pour l’opération nettoyage géante de l’agence centrale de Société Générale, championne française des énergies sales », rappelle Elodie Nace d’Alternatiba Paris, qui co-organise la Marche parisienne avec le collectif citoyen pour le climat et la plate-forme « Il est encore temps ».
Ce lien entre les Marches et les actions non-violentes n’est pas un cas isolé, on le retrouve par exemple à Angers ou encore à Grenoble : « On voit de nombreuses nouvelles personnes arriver dans ces Marches, avec rapidement l’envie de passer à d’autres formes d’actions plus concrètes. Certaines personnes ont d’ailleurs rejoint spontanément l’action d’ANV-COP21 qui avait déployé une banderole enflammée dénonçant les activités climaticides de Société Générale sur le parcours de la Marche du 13 octobre. Une formation à l’action non-violente a ensuite été organisée pour intégrer les nouvelles personnes qui souhaitaient rejoindre le groupe », témoigne Elisabeth Martinez, du groupe ANV-COP21/Alternatiba Grenoble, qui co-organise les Marches pour le climat depuis le début avec le collectif « Il est encore temps ».
Des citoyens et des citoyennes organisées
Ces Marches pour le climat sont également l’occasion d’ouvrir des espaces d’organisation citoyenne. La préparation d’une Marche permet à toute une diversité de citoyennes, de citoyens, d’associations et de collectifs plus ou moins informels de partager des compétences particulières. La proposition d’alternatives concrètes est un apport décisif en terme de contenu de la part de centaines d’associations et porteurs d’alternatives de tous les territoires, qui expérimentent déjà d’autres manières de produire, de consommer, de se déplacer, d’habiter, qui préfigurent les sociétés soutenables que nous devons mettre en place. Pour les groupes Alternatiba et ANV-COP21, cela va du partage de méthodes d’animation de réunions, à l’encadrement des Marches comme à Lyon ou Paris, ou encore la mise à disposition du lieu alternatif AlternatiBar à Lyon, pour des préparations de banderoles, des événements de mobilisation, ou des réunions de préparation.
À La Rochelle, ce sont des outils informatiques qui sont mutualisés, dans une démarche open-source : “J’ai repris l’outil qui avait été fait pour le Tour Alternatiba pour faire un site renseignant toutes les Marches référencées sur Facebook, pour le proposer au collectif citoyen pour le climat https://ensemblepourleclimat.fr. L’idée est que chaque organisateur de Marche ait la possibilité de créer sa propre page pour communiquer sur son programme, recruter des bénévoles et créer une liste d’engagements que chaque citoyen peut faire pour agir”, explique Yoan Olivier d’Alternatiba La Rochelle, qui a également participé à la proposition de la mise en place d’un système de retransmission en direct de vidéos des Marches du 8 décembre. Ce système de vidéo-transmission est déjà prévu pour certaines Marches françaises comme à Grenoble, Aubenas et Paris, mais aussi dans d’autre pays comme l’Italie, la Côte d’Ivoire, l’Uruguay, le Portugal, le Danemark, et l’Espagne !
Pour Elodie Nace, l’organisation de ces Marches doit constituer une étape structurante dans l’essor du mouvement climat : “Nous ne pouvons plus attendre que les solutions viennent des décideurs politiques et économiques, qui ont largement démontré leur incompétence pour prendre ce problème à bras le corps. L’enjeu, maintenant, c’est celui de l’organisation citoyenne !”
Le 8 décembre, soyons nombreuses et nombreux à marcher pour le climat et faire grandir le mouvement !