Non au kérosène “vert” du projet BioTJet !

Ce jeudi 23 novembre, l’entreprise Elyse Energie présentait à une sélection d’industriels du Pays Basque son projet E-CHO, dont l’objectif affiché est la production en Béarn de molécules dites bas-carbone, le « e-méthanol » et le « e-biokérosène ». Bizi! met en garde contre ce mirage vert qui n’a rien de durable alors que d’autres voies existent pour diminuer l’impact écologique du secteur aérien.

Drôle de concertation que celle organisée par l’entreprise Elyse Energie à Bayonne ce jeudi 23 novembre. Dans le cadre de la concertation préalable du projet, l’entreprise organisait en effet un petit déjeuner pour « associer le plus grand nombre d’acteurs institutionnels, économiques et associatifs »1. Dans la réalité, l’événement se tient à huis clos, sur invitation, avec les industriels du territoire (port de Bayonne, aéroport de Biarritz ou Arkinova par exemple), mais, à notre connaissance, aucune association de défense de l’environnement n’a été invitée. Il s’agit pourtant du seul temps de la concertation préalable prévu en Pays Basque.

Une fuite en avant technologique

Le projet BioTJet est présenté comme une usine de « e-biokérosène », « un carburant d’aviation durable à destination du transport aérien » 2. Implanté en Béarn, il produirait dès 2028, 75 000 tonnes de e-biokérosène à partir de 400 000 tonnes de bois, d’hydrogène, d’oxygène, d’eau et d’électricité.

Pour Elouan Trichard, porte-parole de l’association Bizi, « Ce projet « bas-carbone » poursuit, au nom de l’impératif climatique, une fuite en avant technologique et dévasterait les écosystèmes par son impact sur les forêts, sur les ressources en eau et par ses besoins en électricité renouvelable. »

Couper les forêts… pour faire voler des avions

D’après les calculs de l’association Canopée, les forêts du Pays Basque et du Béarn ne sont pas en capacité de fournir la totalité du bois nécessaire à la production de kérosène, vu leur rythme de renouvellement3. De tels volumes pousseraient par ailleurs à une gestion productiviste des forêts, favorisant la monoculture au détriment d’écosystèmes riches, donc résilients, et d’une sylviculture raisonnée.

Le processus de production implique de plus une utilisation massive d’énergie renouvelable d’origine photovoltaïque. La production d’énergie renouvelable sur nos territoires est déjà un défi qui exige des réflexions poussées sur l’usage des terres, pour éviter une destruction massive de régions forestières ou de terres agricoles pour produire de l’électricité. Fidèle à la logique « sobriété, efficacité, renouvelables » proposée par l’association Negawatt, l’association Bizi ! considère que la production d’énergie renouvelable pour faire voler des avions est superflue.

L’avion vert est celui qui ne vole pas

Les alternatives à l’avion ne manquent pas, à condition de fixer une orientation politique claire en ce sens : tarification accessible pour les trajets en train, taxation du kérosène, déploiement des trains de nuit (4 lignes vont être relancées mi-décembre, dont la ligne Paris-Bayonne-Pau-Tarbes), voyager sur des durées plus longues, moins loin mais qualitativement…

Elouan Trichard conclut « Les fausses solutions comme celle de BioTJet ne font que déplacer le problème. Travaillons plutôt à diminuer le trafic aérien ! Arrêtons de penser que la technologie va nous sauver : l’avion vert est celui qui ne vole pas. Il est temps de repenser nos modes de vie en prenant en compte toutes les limites de la planète. »

(1) https://www.e-cho-concertation.fr/blog/1890/le-calendrier-des-rencontres
(2) https://www.e-cho-concertation.fr/
(3) Canopée, Enquête sur le système Alliance Forêts Bois, p86-87 <https://www.canopee.ong/wp-content/uploads/2023/10/canopee-enquete-afb-oct-2023.pdf>