Quelles leçons tirer du contre-G7 ?
Alternatiba / Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21)
https://blogs.mediapart.fr/alternatiba/blog/010919/quelles-lecons-tirer-du-contre-g7-0
Article
Une semaine après le G7, l’heure est au bilan pour le camp altermondialiste dans sa diversité. Les difficultés d’organisation et de mobilisation du contre-G7 posent des questions et créent des tensions, dont certaines ciblent l’implication – réelle ou fantasmée – de nos mouvements Alternatiba et ANV-COP21. Nous tentons ici d’apporter des éléments de réponse et d’analyse sur cette séquence.
Le G7, qui s’est tenu du 24 au 26 août à Biarritz, présentait au moins deux enjeux importants pour Macron. Premièrement, comme pour tout G7, et d’autant plus après les fortes mobilisations des Gilets jaunes et l’écho international qu’elles ont eu, il y avait un enjeu sécuritaire : si le dispositif de sécurité avait présenté des failles, ça aurait porté un préjudice direct au gouvernement. Deuxièmement, Macron pouvait trouver dans ce G7 une occasion de consolider son image de Champion de la Terre sur la scène internationale. Ce second point était, pour nous, militant⋅es climat, notre préoccupation principale et l’objectif que nous voulions mettre en échec.
Macron a cependant largement gagné sur ces deux objectifs. Le dispositif policier et militaire déployé pour le G7 n’a pas été ébranlé le moins du monde : mobilisation de 13 200 membres des forces de l’ordre, innombrables contrôles d’identité et fouilles, une centaine d’interpellations préventives, gardes à vues dont celles de trois observatrices de la Ligue des droits de l’homme, confiscation de matériel de protection de journalistes, interdictions de manifestations, Biarritz « bunkérisé », infiltration policière, c’est un dispositif sécuritaire hors-normes qui s’est déployé sur le Pays Basque.
Et côté Champion de la Terre, Macron a réussi un nouveau coup médiatique en attaquant Bolsonaro sur les incendies en Amazonie la veille de l’ouverture du G7. Deux ans après son slogan “Make our planet great again”, cette nouvelle opération de communication a provoqué un buzz mondial, lui permettant de se présenter à nouveau comme un grand leader de la cause climatique… Alors que sa propre politique en France n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu et ne respecte même pas les objectifs de l’Accord de Paris (voir par exemple la vidéo Macron et l’écologie : le mensonge de l’été, par Le Vent Se Lève).
Le G7 a eu son contre-sommet, et ses mobilisations altermondialistes, anticapitalistes et écologistes, mais qui ont été globalement faibles : 15 000 personnes à la manifestation, 4 000 personnes au campement, 5 800 personnes cumulées aux ateliers et conférences du contre-sommet, ce n’est pas rien, et cela a représenté beaucoup de travail. Mais on ne peut pas dire que ça ait été un grand temps fort du mouvement altermondialiste. D’autant moins après les mobilisations impressionnantes des Gilets jaunes et les mobilisations massives pour le climat qui ont rythmé l’année qui vient de s’écouler dans l’Hexagone.
Le mouvement altermondialiste en ressort avec beaucoup de frustration, et des divisions sont en train d’être aggravées par la diffusion de fausses informations et d’accusations infondées. En ligne de mire de beaucoup de critiques : le choix de la non-violence. Mais n’est-ce pas là un bouc émissaire facile, qui empêche de dresser un vrai diagnostic et une évaluation réaliste du rapport de force actuel ? Parmi les critiques et les attaques, certaines visent notamment nos mouvements Bizi, Alternatiba et ANV-COP21, qui sont la cible de diffamation, ce qui nous amène à démentir et à éclaircir un certain nombre de points dans ce texte et en annexe.
Les plateformes anti-G7
Tout d’abord, rappelons ce qu’a été le cadre d’organisation du contre-G7. Des réunions ont eu lieu dès juillet 2018 pour organiser la mobilisation, aboutissant à la création d’une plateforme basque “G7 EZ”, et d’une plateforme hexagonale “Alternatives G7”, les deux travaillant en étroite coopération. Ces deux plateformes ont choisi collectivement un cadre d’action non-violent et en partie légal, devant se concrétiser par un contre-sommet autorisé à Hendaye du 19 au 23 août, et une manifestation autorisée le samedi 24 août allant de Hendaye à Irun. Une action de désobéissance civile de masse, baptisée Arc-en-ciel, était également prévue, mais n’a finalement pas eu lieu.
Précisons que les mouvements ANV-COP21 et Alternatiba n’ont jamais fait partie d’aucune de ces plateformes anti-G7, bien qu’ils se soient quand même mobilisés pendant cette séquence anti-G7 en lien avec cette plate-forme et divers autres mouvements.
Bizi, mouvement altermondialiste basque, affilié aux réseaux ANV-COP21 et Alternatiba, a quant à lui rejoint la plateforme anti-G7 basque en décembre 2018, environ 5 mois après sa création, en précisant que son engagement serait minimum jusqu’en juin 2019.
De fait, aucun de nos 3 mouvements n’a participé à la définition des mobilisations devant être organisées par ces plateformes anti-G7. Le mouvement Bizi, comme il s’y était engagé, a relayé les appels des plateformes et mobilisé son réseau de militant⋅es, au Pays Basque et au-delà via les réseaux ANV-COP21 et Alternatiba, pour prêter main forte à l’organisation des mobilisations décidées par les plateformes. Nous avons ainsi participé à l’animation d’ateliers et à des conférences pendant le contre-sommet, et avons participé à l’organisation de l’encadrement de la manifestation du samedi 24 août.
Première remarque générale : il semblait évident que les mobilisations autorisées organisées par les plateformes anti-G7 ne pourraient pas, en tant que telles, constituer de réel blocage ou de perturbation du G7. Le contre-sommet, le campement, comme la manif du 24 août, étaient tous autorisés par les autorités. Les lieux du contre-sommet et du campement ont été proposés par les autorités. Des navettes pour faire le lien entre les deux lieux – campement et contre-sommet – ont été mises en place par la communauté d’agglomération Pays Basque. Et le tout était organisé à Hendaye, à 30 km de Biarritz où se tenait le G7, ce qui mettait inévitablement à distance la mobilisation anti-G7 et compliquait encore davantage toute perturbation du sommet.
Le projet d’action de désobéissance civile de masse “Arc-en-ciel” devait aller plus loin mais n’a pas pu avoir lieu, à cause de difficultés d’organisation liées aux tensions avec les forces de l’ordre autour du campement, comme l’explique le communiqué des plateformes anti-G7.
Il serait cependant injuste de tenir la plateforme anti-G7 pour responsable de ce qui n’a pas été fait, ou de ce qui aurait dû être fait autrement, car pour gêner réellement le G7, d’autres actions pouvaient être organisées par celles et ceux qui le souhaitaient, en dehors ou autour de cette plateforme, sans attendre que la plateforme les organise elle-même.
Au-delà des plateformes anti-G7
On peut notamment lire de nombreuses critiques visant à faire porter la responsabilité de la faiblesse de la mobilisation au choix de la non-violence par les plateformes anti-G7. Toutefois, aucun courant préférant d’autres modes d’actions n’avait besoin de l’autorisation de la plateforme pour organiser d’autres types d’actions. Et de fait, plusieurs actions ont bel et bien été organisées hors de la plateforme.
Nos propres mouvements, Bizi, ANV-COP21 et Alternatiba, ont ainsi organisé une « Marche des portraits » à Bayonne le matin du dimanche 25 août, dans la zone interdite à toute manifestation. Il s’agissait d’une action de désobéissance civile non-violente qui était annoncée publiquement à l’avance aux médias et sur les réseaux sociaux. Bizi en avait préalablement informé la plateforme anti-G7, mais il s’agissait d’une initiative organisée complètement en dehors de la plateforme. Nous y avons fait apparaître des portraits officiels de Macron qui ont été décrochés dans des mairies et réquisitionnés au cours des six derniers mois, qui sont recherchés par les autorités comme l’attestent les 74 perquisitions subies par les activistes d’ANV-COP21, les 152 personnes auditionnées, dont 93 placées en garde à vue ; et qui donnent lieu à une répression pro-active orchestrée par les autorités avec notamment la mobilisation du Bureau de Lutte Anti-Terroriste, une directive de la gendarmerie nationale pour inciter les maires à déposer un maximum de plaintes contre nous, et les 57 activistes d’ANV-COP21 poursuivi⋅es en justice dans 17 procès.
Contrairement à l’intox relayée par le Canard enchaîné, émanant probablement d’une manipulation des autorités, aucune négociation avec la préfecture n’a eu lieu concernant cette action (lire les détails dans le communiqué de presse de démenti). Les autorités auraient pu intervenir facilement par la force pour empêcher cette provocation non-violente qui a consisté à déambuler avec des portraits recherchés à quelques mètres seulement des forces de l’ordre. Si elles ne l’ont pas fait, c’est que l’image d’arrestations pour des tableaux emballés (dont la plupart étaient des leurres) qui aurait alors été relayée par les nombreux médias présents, aurait été bien plus coûteuse politiquement pour le gouvernement. Notre objectif politique était de profiter de la présence exceptionnelle de nombreux médias internationaux pour montrer que dans son propre pays, l’image internationale de Macron « Champion de la Terre » et héros du climat est contestée. L’objectif tactique étant, face à un dispositif policier que nous jugions infranchissable et impossible à déborder, de déplacer la lutte sur un terrain politique sur lequel l’utilisation de la force était inopérante.
Mais nous n’avons pas été les seuls à organiser des actions hors des plateformes anti-G7. Notamment, une tentative de « blocage économique » d’un rond-point en fin de journée du vendredi 23 août à Urrugne, à proximité du campement anti-G7 ; et une manifestation sauvage à Bayonne en fin d’après-midi du samedi 24 août, ont eu lieu. Il s’agissait dans les deux cas d’actions appelées sans critères de non-violence, et qui ont intégré des tactiques d’affrontements « violents » avec les forces de l’ordre, et qui pouvaient ainsi correspondre à des tendances militantes qui ne se retrouvaient pas dans les choix d’action des plateformes anti-G7, ni dans la démarche non-violente de la Marche des portraits.
Comment comprendre, alors, l’accusation selon laquelle le cadre non-violent décidé par la plateforme aurait empêché d’autres initiatives, et d’autres modes d’actions, d’avoir lieu ?
En réalité, la plateforme n’a aucunement eu le pouvoir, ni la volonté, d’empêcher l’organisation d’autres actions et mobilisations. Chaque militant⋅e, chaque mouvement, chaque courant, est libre d’organiser les actions qui correspondent à sa vision stratégique. C’est d’autant plus vrai concernant le mouvement altermondialiste et anticapitaliste qui se revendique largement de l’autogestion. Ainsi, les reproches adressés à la plateforme sur ce qu’elle n’aurait pas organisé, ou au cadre non-violent de tel ou tel mouvement qui aurait empêché d’autres types d’action, ne peuvent pas expliquer la rareté et la faiblesse des actions organisées, et empêchent de se poser des questions sur les véritables moyens d’organisation du mouvement altermondialiste. La question essentielle à se poser, selon nous, est : pourquoi n’y a-t-il pas eu davantage d’actions organisées ? Et pourquoi les personnes qui critiquent aujourd’hui ce qui n’a pas été fait pendant le G7, n’ont pas choisi d’organiser elles-mêmes les actions qu’elles auraient souhaitées ?
En ce qui nous concerne, nous n’avons attendu de personne, ni l’autorisation ni les moyens d’organiser les actions qui nous semblaient stratégiques, et nous n’avons pas empêché les autres mouvements d’organiser d’autres actions.
Des divisions attisées
Notamment, en ce qui concerne l’opération baptisée « Arc-en-ciel » qui prévoyait d’occuper 7 places entourant Biarritz. Prévue par une partie des mouvements de la plateforme, elle n’a finalement pas été menée. Les mouvements Bizi, Alternatiba et ANV-COP21 n’étaient pas impliqués dans l’organisation de cette opération, et encore moins dans la décision de son annulation.
La brève du Canard enchaîné selon laquelle de « discrètes négociations » avec les autorités auraient convenu de l’annulation de l’opération Arc-en-ciel contre l’autorisation officieuse de la Marche des portraits est une intox totale, émanant probablement des autorités elles-mêmes.
Nos mouvements Bizi, ANV-COP21 et Alternatiba n’avaient d’ailleurs aucun intérêt à ce que la Marche des portraits soit autorisée, bien au contraire. L’option tactique de cette action de désobéissance civile résidait dans le dilemme qu’elle posait aux autorités : nous étions certains d’être gagnants dans tous les cas de figure, que les autorités interviennent ou qu’elles nous laissent faire malgré l’interdiction. Et un scénario avec arrestations par les forces de l’ordre était même le plus intéressant pour nous, car il aurait aidé à donner un écho médiatique encore plus large à l’action. Nous avions par ailleurs prévu de pouvoir joindre des avocats pour défendre les personnes qui auraient pu être arrêtées ou poursuivies en justice suite à cette action.
Qui a pu inventer pareille intox ? Ça ne peut pas venir des organisations impliquées dans l’opération Arc-en-Ciel, qui n’étaient aucunement investies dans l’organisation de la Marche des portraits, et qui n’avaient pas d’intérêt particulier à négocier quoi que ce soit sur la réaction des autorités à ce sujet, et surtout pas au prix de l’annulation de ce qui devait être le final en apothéose de la mobilisation anti-G7.
Il n’y a que les autorités qui ont un intérêt objectif évident à cette intox. Le mouvement altermondialiste s’est révélé à l’issue de ce G7 peu puissant, désorganisé, et divisé. Cette faiblesse des mobilisations présente le risque d’accroître les divisions, et ainsi de nous désorganiser encore davantage, de faire perdre du temps à tout le monde en querelles internes, de nous fragiliser et d’abîmer notre crédibilité. Cette intox a de suite eu cet effet de division en alimentant les polémiques déjà en cours sur la “docilité” reprochée aux organisateurs de l’anti-G7, tout en décrédibilisant les organisateurs de la Marche des portraits.
Concernant cette Marche des portraits, cette intox transforme un dilemme politique que les autorités n’ont pas pu résoudre, en prétendue négociation intelligemment menée par l’Intérieur. Plutôt que d’apparaître incapables de gérer l’apparition publique, dans la zone la plus sécurisée de l’hexagone, de portraits officiels recherchés partout par les forces de l’ordre, il est encore préférable pour le gouvernement d‘apparaître comme l’ayant laissé faire.
Avec une seule intox toute simple, de quelques lignes, facile à répandre, et audible sur fond de polémiques entre différents courants militants, le gouvernement gagne absolument à tous les niveaux. Porter du crédit et relayer cette intox fait clairement le jeu des autorités, qui ont tout à gagner à exploiter les divisions du mouvement à un moment où il s’avère en position de faiblesse momentanée.
Si, en plus de la réussite de la sécurisation du G7, de l’image renforcée de Macron en champion de la Terre, et de la mobilisation de basse intensité du mouvement altermondialiste, les autorités pouvaient aussi profiter de cette situation pour accroître les divisions du mouvement et les rendre les plus durables possibles, ça serait la cerise sur le gâteau. L’intox relayée par le Canard enchaîné arrive à point nommé pour compléter le strike parfait réussi par Macron.
Par ailleurs, une manipulation policière est dénoncée par plusieurs mouvements militants après qu’une informatrice de la police a été démasquée lors d’une AG sur le campement du contre-G7. Selon l’article de IAATA, elle « organisait, impulsait et poussait à des actions ; elle mettait en relation des gens afin que la police puisse procéder à des arrestations » selon la tactique consistant à « pousser à l’infraction et ensuite interpeller ». Elle était notamment impliquée dans l’organisation de la manifestation sauvage de l’après-midi du samedi 24 août qui a eu lieu dans le petit Bayonne, le centre historique de la ville qui avait été préalablement complètement encerclé par les forces de l’ordre.
Ces révélations tendent à démontrer que les autorités préfèrent provoquer davantage de violence et de répression plutôt que de chercher à les réduire, en tout cas dans une configuration de surnombre en leur faveur. La responsabilité des groupes ou individus organisateurs d’actions est alors de contrecarrer ce type de manipulation, afin de ne pas dévoyer leur stratégie ni mettre en danger les personnes qui souhaitent y participer.
Vers la co-existence des différentes stratégies ?
Qu’il y ait des divergences stratégiques au sein du mouvement altermondialiste est compréhensible. Qu’elles suscitent des discussions, des débats, des critiques, c’est logique, et cela peut être utile si c’est entrepris dans un esprit constructif et bienveillant, sur la base d’informations avérées. Mais nous ne pouvons que déplorer les polémiques, les diffamations, les déformations des faits, les accusations infondées, les procès d’intention, qui sont trop couramment employés au sein même du mouvement altermondialiste, et notamment, régulièrement contre nos mouvements (alors que de notre côté, nous ne nous livrons quasiment jamais à des critiques publiques des stratégies des autres mouvements, et quand nous le faisons, ce n’est que pour nous défendre des attaques dont nous sommes la cible).
Une diversité de stratégies étaient à l’œuvre durant ce G7, qu’il s’agisse des initiatives « plateformistes » ou d’initiatives organisées hors des plateformes, d’actions non-violentes, ou de manifestations dans la ligne de la diversité des tactiques violentes/non-violentes.
Toutes se sont sans doute confrontées à certaines limites, qui leur sont spécifiques, et nous pensons qu’il est vain de vouloir en faire porter la responsabilité à d’autres mouvements, alors même qu’aucune tendance militante n’a empêché aucune autre de mener ses initiatives.
Certaines convergences sont parfois impossibles à concrétiser, quand elles sont trop larges et trop lourdes, ou quand elles voudraient réunir des tendances trop différentes. Mais nous appelons à respecter au moins le principe de co-existence de ces différentes stratégies. C’est-à-dire que chaque mouvement et chaque tendance puisse développer sa propre stratégie, sans être entravé ou diffamé par d’autres mouvements au sein du courant altermondialiste.
Rectifications et clarifications – Pourquoi un encadrement à la manifestation d’Hendaye ?
De nombreuses et nombreux militant⋅es de Bizi, Alternatiba et ANV-COP21 ont participé à l’encadrement de la manifestation du samedi 24 août à Hendaye. Ce faisant, nous sommes désormais accusé⋅es par certain⋅es de protéger les banques (ce qui est cocasse nous concernant, étant à l’origine ou participant à de très nombreuses actions et campagnes contre Société Générale, BNP, Crédit Agricole ou HSBC). En réalité, cet encadrement protégeait les manifestant⋅es, en assurant le bon déroulement non-violent de cette manifestation populaire et familiale, en conformité avec la décision collective prise par la plateforme organisatrice.
Au-delà du fait que ce cadre non-violent relevait d’une décision collective adoptée par la plateforme organisatrice, et qui devait donc être respectée, il y avait effectivement à nos yeux un enjeu stratégique à ce que cette manifestation se déroule de manière non-violente. Car si, dès l’ouverture du G7, des retombées médiatiques mettaient en avant la violence du côté du contre-sommet, cela aurait servi sur un plateau le prétexte dont le gouvernement pouvait se servir pour justifier son dispositif ultra-sécuritaire organisé sur tout le Pays Basque : “vous voyez bien, ces altermondialistes sont violents, nous avons donc bien fait d’interdire le contre-sommet à Bayonne et d’occuper policièrement et militairement tout le Pays Basque”. Les critiques de la mise en place d’un tel encadrement posent en outre une autre question : si des banques avaient effectivement été les cibles d’actions de dégradation matérielle, par exemple, cela aurait facilement entraîné l’intervention des forces de l’ordre, qui auraient à leur tour facilement provoqué des affrontements violents. Posant dès lors deux problèmes : en premier lieu, celui de la sécurité des participant⋅es venu⋅es à une manifestation annoncée comme non-violente, et donc non préparées à se protéger des violences policières, et non consentantes à y être exposées. Deuxièmement, cela pose un problème d’ordre démocratique : des activistes aujourd’hui critiques de cet encadrement avaient-ils pour intention d’imposer une autre stratégie que celle qui avait été décidée collectivement, et dans le cadre de laquelle les gens étaient venus participer ?
De deux choses l’une, soit personne n’a voulu sortir du cadre d’action et détourner la stratégie décidée collectivement, et alors le service d’encadrement ne servait à rien, et ne protégeait donc rien, puisque rien n’avait à être protégé de personne. Ou bien, il y avait bien des personnes souhaitant aller à l’encontre de la décision collective prise par l’ensemble des organisateurs en sortant du cadre d’action, et cela aurait posé un problème à la fois démocratique, et de respect des stratégies des un·e·s et des autres… qui aurait rendu effectivement nécessaire la mise en place d’un encadrement pour garantir le déroulement non-violent tel qu’il avait été collectivement décidé.
Certaines personnes pouvaient très bien ne pas être d’accord avec le cadre d’action décidé pour la manifestation du 24 août. Mais en aucun cas cette décision ne leur a “imposé” une restriction de leurs actions : le G7 a duré 3 jours, et pas seulement le samedi 24 août au matin ; et il avait d’ailleurs lieu à Biarritz, et non à Hendaye. Si certains mouvements voulaient mener des actions de destruction matérielle, ou affronter les forces de l’ordre, ou tout autre type d’action sortant du cadre d’action décidé pour cette manifestation, ils avaient l’espace et le temps pour le faire. Idem pour les banques : il y en a des centaines au Pays Basque, qui auraient pu être les cibles de différents types d’actions par celles et ceux qui auraient voulu les mener, et pourtant aucune n’a été ciblée pendant le G7.
Gaël Giraud : « Si l’Inde et l’Asie du Sud-Est deviennent invivables, trois milliards de personnes vont devoir migrer »
Entretien avec Gaël Giraud par Laury-Anne Cholez
https://reporterre.net/Gael-Giraud-Si-l-Inde-et-l-Asie-du-Sud-Est-deviennent-invivables-trois
Article
Devant l’urgence du dérèglement climatique et les possibilités d’un effondrement pour des milliards de personnes, comment réaliser la transition, dans les pays du Sud tout comme au Nord ? Dans cet entretien, Gaël Giraud encourage à développer les « communs » et à les protéger de la privatisation, une voie de secours alors que le temps manque. Gaël Giraud est économiste en chef de l’Agence française de développement (AFD).
Reporterre — Les pays en voie de développement ont le moins contribué au réchauffement climatique. Pourtant, ce sont eux qui vont en payer le prix le plus élevé. N’est-il pas compliqué de leur demander des efforts ?
Gaël Giraud — Les pays des Sud n’en sont plus à donner des leçons de morale au Nord car il est trop tard. Ils savent qu’on s’achemine vers des catastrophes majeures, qu’il faut limiter le plus possible nos émissions de gaz à effet de serre. Ils sont très conscients qu’il existe une vertu d’exemplarité. Et que s’ils font leur part, ils pourront peut-être convaincre les pays du Nord de faire la leur. C’est d’ailleurs dans leur intérêt que la réduction des émissions de CO2 se fasse le plus rapidement possible.
Pourquoi utilisez-vous le terme « pays des Sud » ?
L’expression « pays en voie en développement » est une vieille terminologie méprisante des années 1980, tributaire d’une vision linéaire de l’histoire en partie forgée par l’économiste Walt Whitman Rostow après la guerre. Beaucoup de populations dites indigènes ont énormément de choses à nous apprendre. Les moins humainement « développés », c’est nous, qui dépendons des énergies fossiles pour notre consommation d’énergie et qui sommes incapables de faire de la prospérité sans détruire les écosystèmes.
Comment ces pays peuvent-ils financer la transition, alors même qu’ils manquent de moyens pour certains besoins élémentaires ?
Ce n’est pas plus simple au Nord, car il est plus coûteux de verdir une économie industrialisée qu’une économie rurale. Il faudrait dépenser 4.000 milliards de dollars au Nord et 2.000 milliards au Sud chaque année pendant 15 ans pour financer les infrastructures vertes dont nous avons besoin. Sachant que le PIB français est de 2.300 milliards, cela vous donne un ordre de grandeur des fonds à mobiliser. Les bailleurs internationaux, comme l’Agence française de développement, doivent aider, ainsi que d’autres institutions, comme l’International Development Finance Club, ou le Fonds vert pour le climat. Je pense d’ailleurs que la dette publique est un moindre mal par rapport à l’enjeu qui est devant nous.
Qui initie le changement ? Les populations locales ou les autorités ?
Il faut les deux. Au niveau local, la population connaît mieux le terrain et sait ce qu’elle peut faire raisonnablement dans un temps limité. L’autorité publique a beaucoup d’argent et peut impulser les transformations en matière d’institutions et d’infrastructures.
Par exemple à la Paz, la capitale de la Bolivie qui a connu le « day zéro » pendant l’été 2016 [jour où il n’y a plus eu d’eau courante dans les robinets], les bourgeois du centre-ville étaient à sec, tandis que les communautés plus pauvres, dans les bidonvilles, ont continué à avoir de l’eau car elles s’étaient organisées pour gérer la pompe comme un bien commun.
« Les moins humainement ’développés’, c’est nous, qui sommes incapables de faire de la prospérité sans détruire les écosystèmes »
Développer les biens communs a-t-il du sens économiquement ?
J’en suis convaincu. À l’Agence française de développement, nous poussons beaucoup vers la constitution de communs. Elinor Ostrom a reçu le prix Nobel d’économie en 2009 pour ses travaux sur le sujet. Ceux-ci montrent que, la plupart du temps, lorsqu’une ressource est privatisée, elle est détruite. Si elle est confiée à la gestion publique, cela donne parfois des catastrophes. La meilleure solution reste souvent de la confier à des communautés locales, à condition que des règles démocratiques et participatives soient mises en place pour une gestion raisonnable. Tout ce qui s’invente au niveau de l’économie circulaire tourne autour du même sujet. On réapprend que ce qui compte, c’est le droit d’usage des objets et non plus leur propriété. Comme pour le Vélib’, où vous achetez un droit d’usage limité. Je pense que les communs constituent notre voie de secours face au drame écologique, vu la brièveté du délai dont nous disposons. Prenons par exemple les projets de pisciculture dans les forêts de Guinée-Conakry, financés par l’AFD. Le poisson est « administré » par un village comme un commun. Il y a parfois des conflits pour savoir quel est le meilleur moment pour pêcher le poisson : dans une zone sans électricité, c’est une question sensible. Quand les gens ne sont plus d’accord, ils vont chercher l’ancien du village à côté, à 20 km, pour régler leur différend. Cela peut nous paraître archaïque mais en réalité, c’est d’une grande sagesse institutionnelle. Dans la zone euro, nous n’avons pas imaginé de métarègle de sortie des conflits et regardez ce qui se passe avec le Brexit ou la Grèce. Nous sommes des nains institutionnels par rapport aux tribus paysannes de Guinée-Conakry !
Comment développer les biens communs face à la pression des industriels ?
Avez-vous remarqué que même le président de la République parle de biens communs ? Pourtant, le mouvement de privatisation continue tous azimuts, poussé par la Commission européenne. Pour éviter cela, il faut instituer les communs comme entité juridique. Ce qui est parfaitement possible dans la Constitution française, puisqu’ils ont déjà une existence dans le Code civil de 1804. Simplement, ils sont ignorés. Or, sans protection, les communs se privatisent, comme avec Airbnb ou Blablacar. Stefano Rodota, un grand juriste italien, a proposé d’inscrire l’eau comme commun dans la Constitution italienne. Il n’y est pas parvenu mais son combat se poursuit.
Le commun ne peut-il pas se protéger tout seul ?
Face à la violence de la privatisation, c’est impossible. Prenons l’exemple de la faune aquatique dans les océans. Les océanologues nous préviennent que, si l’on continue, il n’y aura plus de grands pélagiens — les poissons que nous mangeons— en 2050. La pêche industrielle en eaux profondes, jointe au réchauffement et à l’acidification, est très largement responsable du problème. Les pêcheurs de l’Atlantique sont désormais obligés d’utiliser des techniques de sonde aquatique qui ont le même degré de sophistication que celles des pétroliers. Si on continue de considérer la faune halieutique comme un bien privé accessible à tous, on va la détruire. Nos enfants connaîtront une planète dont les océans seront vides de poissons et infestés de méduses. Pour protéger la faune halieutique, impossible d’en faire un bien public, car il n’y a heureusement pas d’État mondial. Mais il faut créer des lois internationales qui permettent de protéger les poissons, lois auxquelles se rallieront les États.
Que pensez-vous du mécanisme de régulation de marché qui donne un prix à la nature ?
C’est une très mauvaise idée. Cela veut dire qu’on va pouvoir marchander la nature. Si vous voulez que le tigre du Bengale soit libre, il ne faut surtout pas lui donner un prix. Comme pour la vie humaine. Pourtant, les néolibéraux vont répondront qu’on peut spéculer sur la vie humaine : on le fait déjà avec les actifs financiers dérivés sur les contrats d’assurance vie. Mais pour protéger la nature, il faut réhabiliter l’État, le droit et les normes. Alors qu’aujourd’hui nous sommes en train d’inféoder le droit à une logique économique de privatisation du monde. C’est cela, la catastrophe civilisationnelle de l’Occident. Pour lutter contre cela, il faut refuser de ratifier l’accord avec le Mercosur, dénoncer la plupart des traités commerciaux bilatéraux, qui ne permettent pas de respecter l’Accord de Paris et organisent le démantèlement de l’État de droit, autorisant par exemple les entreprises privées à porter plainte contre une loi défavorable à leurs intérêts privés. D’autant qu’avec des tribunaux internationaux, dont la composition sera fixée de manière ad hoc, le résultat du procès est connu d’avance.
Quelles sont les zones qui seront le plus affectées par le changement climatique ?
Si les gens ne migrent pas, les trois quarts de la population humaine devraient connaître plus de 20 jours par an de condition létale [soit le moment où le corps humain ne peut plus survivre à cause de la chaleur et de l’humidité]. Toute l’Amazonie est condamnée, le bassin du Congo, le golfe de Guinée, la façade est de l’Afrique, le littoral indien, l’Asie du Sud-Est, où le nombre de jours « mortels » pourrait excéder 200 par an. Ces zones vont être désertées. Sur les côtes Est américaine et chinoise, on pourrait approcher les 100 jours par an de condition létale. La Banque mondiale chiffre à deux milliards le nombre de réfugiés climatiques dans la seconde moitié du siècle. Je pense que cela demeure très sous-estimé : si l’Inde et l’Asie du Sud-Est deviennent invivables, au moins trois milliards de personnes vont devoir migrer.
« Si l’Inde et l’Asie du Sud-Est deviennent invivables, trois milliards de personnes vont devoir migrer. »
Que répondez-vous à celles et ceux qui pensent qu’on pourra échapper aux conséquences du réchauffement climatique en allant vivre au Groenland ou en Sibérie ?
C’est totalement faux pour de nombreuses raisons. La première : tous les humains ne tiendront pas au Groenland ni même en Sibérie. De plus, la destruction de la biodiversité n’est pas cantonnée à la ceinture des tropiques. Le vivant est déjà en train de migrer vers les pôles à une vitesse de six kilomètres par an. Ce qui est très rapide. Les pandémies tropicales sont donc également en train de migrer. Le paludisme s’est par exemple réinstallé en Italie après un siècle d’absence. La Banque mondiale chiffre à 5,2 milliards le nombre d’humains qui devraient souffrir du paludisme en 2050.
Seconde source d’ennui : la fonte du pergélisol, qui va libérer du méthane. Si cela arrive, cela nous conduit à des hausses de température de +7 °C à +10 °C et la survie de l’humanité est compromise. Dans le pergélisol sibérien, il y a des maladies prisonnières qu’on croyait disparues pour toujours. Par exemple, un enfant russe est mort de l’anthrax, car il a joué avec un cadavre de renne mort il y a un siècle, dans lequel le bacille était gelé, mais vivant. La grippe de 1918, qui avait fait 100 millions de morts, est aussi probablement dans le sol sibérien en train de dégeler. Les épidémiologues attendent avec effroi qu’elle resurgisse.
J’ai eu une discussion l’an dernier avec des financiers de la City, à Londres. Ils ne comptent rien faire pour la transition écologique et me disent qu’ils vont envoyer leurs enfants en Suède, croyant que ce pays sera épargné. Or, la concentration de CO2 dans l’atmosphère s’élève aujourd’hui à 415 ppm. À 1.000 ppm, les expérimentations montrent que le cerveau humain perd 20 % de ses facultés. Selon les trajectoires du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), nous atteindrons ce seuil avant la fin du siècle si nous ne changeons pas de modèle. Et les enfants de riches de la City, même enfermés dans un bunker, devront bien respirer.
Que pensez-vous des théories sur l’effondrement et des penseurs comme Pablo Servigne ?
Je pense que Pablo Servigne est mécompris au sens où certains croient qu’il prétend prédire le prochain effondrement de la France. Personne ne peut aujourd’hui faire une telle prédiction. Il faut plutôt faire de la prospective, c’est-à-dire des scénarios étudiant les conséquences vraisemblables de certaines hypothèses. À l’AFD, nous construisons des modèles macroéconomiques et climatiques en partenariat avec l’Institut Pierre-Simon-Laplace, un réseau de laboratoires du climat français très présent au sein du Giec. Les premiers résultats suggèrent la possibilité d’une décroissance à l’échelle planétaire, forcée, subie, dès le dernier tiers de ce siècle. Dans ce scénario, le PIB mondial plafonne autour de 2065, avant d’entrer en décroissance. C’est une version possible de l’effondrement. Par contre, si nous mettons en œuvre des politiques publiques hypervolontaristes, notre modèle montre qu’il est possible d’y échapper. Or, il faut tout faire pour échapper à l’effondrement. Regardez la situation du Vénézuéla. Avez-vous envie de connaître cela ? Ou encore ce qui se passe au Mali, en Libye, ou en Afghanistan : la faillite de l’État, c’est le retour tribal au Moyen-Âge avec des seigneurs de guerre locaux qui terrorisent des populations civiles prises en otage.
La tentation est de se représenter l’effondrement comme une bonne nouvelle. Certains cèdent à une sorte de romantisme anarchiste, jubilant inconsciemment de l’abolition de l’État à la perspective de l’effondrement. Or, je suis convaincu que nous avons besoin d’un État pour faire respecter le droit et la justice, pour assurer des services publics et sociaux. Le seul intérêt de la collapsologie, c’est de nous encourager à tout faire pour éviter la catastrophe.
« Le seul intérêt de la collapsologie est de nous encourager à tout faire pour éviter la catastrophe. »
Un tableau bien noir. Voyez-vous quand même de bonnes nouvelles ?
En Occident, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, les femmes sont plus diplômées que les hommes. J’espère qu’elles vont nous sauver car la plupart ont un rapport au monde beaucoup plus sain que beaucoup d’hommes.
Reléguées depuis des centaines d’années dans des rôles subalternes et domestiques, elles ont déployé une sensibilité au soin des autres, aux plus vulnérables. J’espère que la prise de pouvoir social progressive des femmes va nous permettre d’éviter de faire d’énormes bêtises. Même s’il y a une résistance des hommes qui comprennent petit à petit qu’ils sont en train de se faire déposséder. La fameuse crise de la masculinité.
En quoi le fait d’être un jésuite vous aide-t-il à surmonter tout cela ?
Ça me rend libre, même si pas mal de gens aimeraient me faire taire, en allant jusqu’à Rome dire que je suis un mauvais prêtre. Mais je n’ai pas besoin de faire carrière, je ne suis pas là pour gagner de l’argent, je n’ai aucun intérêt personnel à mentir ou à pratiquer la langue de bois. Être jésuite est une manière de s’abreuver à la source d’espérance en Celui qui est à l’origine de la Création. Et puis, ce qui me nourrit, c’est de voir la force incroyable des jeunes, très lucides. Ils ont compris la gravité de la situation et ne sont pas du tout impressionnés par leurs aînés. Même s’il leur faudra quand même des alliés dans la génération précédente.
Irailaren 8an Asunak topaketa biologikoak egingo dituzte Lekornen
Argia
www.argia.eus/albistea/irailaren-8an-asunak-topaketa-biologikoakren-19-edizioa-egingo-dute-lekornen
Article
Asunak topaketa biologikoen 19. edizioa Lekorneko (Lapurdi) Garro jauregian burutuko da irailaren 8an (edo Makeako karrikan, baldin eta eguraldia txarra balitz). Merkatu ekologiko, tailer berezi eta ohiko herri bazkariaz gain, “Laborantza eta klima” mahai-ingurua izango da eguneko ekitaldi izarra.
Ipar Euskal Herrian laborantza ekologikoa sustatzen duen BLE Biharko Lurraren Elkarteak antolatzen ditu Asunak topaketa biologikoak. 19. edizio honetan ‘Laborantza eta klima’ mahai-ingurua aurkeztuko da jende aurrean goizeko 10:30etatik aurrera. Partaideok mintzatuko dira bertan: Jean-Sébastien Laumond (Collectif Paysage de l’Après-Pétrole), Quentin d’Hoop (Landetako Saubriguesen biologikoan ari den baratzezaina) eta Euskal Herriko Laborantza Ganbara.
“Klimaren gehiegizko beroketa mugatzeko –diote antolatzaileek– eta hartara egokitzeko, laborari bakoitzari bere lanbideari atxikitzeko eta herritar guztiei bermatzeko elikadura kalitatezko iraunkor bat, BLEk berrestsi nahi du beharrezkoa dela gure lurraldeetan garatzea laborantza biologiko bat, gizakiaren neurrikoa, input urrikoa, lurraldean errotua eta lurraldeari egokitua, zeinetan laborariak izango baitira beren erabakien nagusi”.
Hona irailaren 8ko egitaraua:
– 09.30etatik 17:00etara, egun osoan Merkatu Biologikoa eta informazio mahaiak.
– 10.30etan mahai-ingurua: “Laborantza eta klima”.
– 11:30etan tailerra: “Erleen mundua ezagutzeko”.
– 12:15etan haurrentzat tailerra: “Landareetarik zure tinduak egiteko”.
– 13:00ean tokiko bio bazkaria (prezioak: 18 euro helduentzat, 9 haurrentzat)
– 15:00etan erakustaldia: “Lur lanak kabalekin egiteko”.
– 15:00 aurkezpena: “Euskal Herriko kontsumo ohidurak”.
– Ostatuan talo eta matahamiak, musika (Tefalo) eta abar.