Articles du Vendredi : Sélection du 3 juin 2011

Les émissions de CO2 ont atteint un niveau record en 2010

AFP
Le Monde du 30.05.11

« Un événement climatique exceptionnel au regard du XXe siècle »

Stéphane Foucart
Le Monde du 30.05.11

Pour Anne Lauvergeon, l’arrêt du nucléaire allemand est « politique »

AFP
Le Monde du 30.05.11

LGV, ou le puits sans fond du financement public

Jacques Saint-Martin (ancien président de la Chambre de commerce de Bayonne et du Pays basque) et Jean-philippe Larramendy (chef d’entreprise, auteur du livre « Être basque aujourd’hui ». Membre du Cercle de Burrunz, groupe de réflexion réunissant des entrepreneurs, universitaires, journalistes et avocats qui ont une réelle connaissance des projets d’infrastructures publiques, de leur mode de financement et de leurs enjeux économiques)
Sud Ouest 03.06.11

Des jeans pas très cleans

Nolwenn Weiler
www.bastamag.net/article1571.html – 01.06.11

Près de Pau, des compagnons d’Emmaüs réalisent leurs utopies

Sophie Chapelle
www.bastamag.net/article1562.html – 26.05.11

Estatu nuklearrenaren argazkia

Jose Angel Oria
Gara – 2011ko maiatzaren 27an

[:]

Les émissions de CO2 ont atteint un niveau record en 2010

AFP
Le Monde du 30.05.11

Les émissions de CO2 ont atteint leur plus haut niveau historique en 2010, dépassant de 5 % leur précédent record enregistré en 2008. Il s’agit d’un « sérieux revers » pour la lutte contre le réchauffement climatique, annonce, lundi, l’Agence internationale de l’énergie.

Ce record fait craindre une élévation de la température supérieure à 2 °C, seuil au-delà duquel pourrait advenir un « dangereux changement climatique » selon les scientifiques. Des données non publiées de l’AIE ont révélé que la récession mondiale n’avait eu que très peu d’impact sur les émissions en 2010, année où l’augmentation s’est élevée à 1,6 gigatonne de CO2 rejeté dans l’atmosphère par rapport à 2009.

« C’est la pire nouvelle en ce qui concerne les émissions » de CO2, a affirmé au journal britannique The Guardian l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol. « Ça devient un défi extrêmement difficile à tenir de rester sous les 2 °C, a-t-il ajouté. Les perspectives sont mauvaises. »

AU-DELÀ DES 4 °C VERS 2100

Pour échapper aux pires effets du réchauffement, l’AIE a averti que les émissions annuelles de CO2 ne devaient pas dépasser les 32 gigatonnes en 2020. Or, selon les dernières estimations, ces rejets ont atteint 30,6 gigatonnes en 2010.

Nicholas Stern, de la London School of Economics, auteur d’un rapport sur le changement climatique qui fait autorité, prévoit les pires conséquences si les émissions de CO2 ne diminuent pas. Les projections « supposent qu’il y a 50 % de possibilité que l’augmentation de la température dépasse 4 °C vers 2100 », a-t-il affirmé au Guardian. « Une telle chaleur perturberait les vies et les moyens d’existence de centaines de millions de personnes à travers la planète, menant à un large mouvement de migration et au conflit », a-t-il averti.

« Un événement climatique exceptionnel au regard du XXe siècle »

Stéphane Foucart
Le Monde du 30.05.11

Spécialiste de l’analyse de données climatiques, Pascal Yiou dirige le groupe de statistiques au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Il remet en perspective la sécheresse en cours.

La chaleur et la sécheresse en France et en Europe du Nord ont-elles un caractère inédit ?

Non. La situation est en effet très sèche mais pas forcément très chaude – moins qu’en 2003 et 2005, qui ont connu elles aussi des précipitations très faibles dès la fin de l’hiver ou le début du printemps. La situation actuelle est très inhabituelle pour d’autres raisons. En 2003 et 2005, on avait un « blocage », un anticyclone s’était installé durablement sur l’Europe du Nord : le vent a très peu soufflé et n’a donc pas amené de pluies sur le continent. En ce début 2011, ce n’est pas le cas : nous avons le vent nécessaire, mais pas de pluie.

A quoi cela est-il dû ?

Une des explications possibles est le déficit de précipitations – en particulier en montagne – au cours de l’hiver dernier. Le débit des cours d’eau est plus faible et les sols plus secs. Or pour qu’il pleuve, il faut des nuages, bien sûr, mais aussi que la structure verticale de l’atmosphère soit déstabilisée, ce que l’évaporation de l’eau de surface peut faire. Parce que les sols sont trop secs, il semble – mais c’est très difficile à vérifier – que c’est ce mécanisme d’évaporation qui fait aujourd’hui défaut.

Ces événements chauds et secs sont-ils plus fréquents sous nos latitudes ?

C’est une question légitime, tout le monde se la pose. Mais la réponse n’est pas simple. Si on regarde les cinq dernières décennies, on a l’impression qu’on voit de plus en plus de tels événements – grosso modo, trois là où on en attendrait un. On voit d’ailleurs une augmentation de fréquence plus que d’intensité – mise à part l’exception de 2003.

Cependant, lors des derniers siècles, il y a déjà eu des méga-sécheresses en France avec des destructions entières de récoltes. Des chroniques du XVIIIe siècle mentionnent ainsi des paysans normands notant des absences de pluies entre la Toussaint et Pâques, ce qui paraît incroyable de nos jours. Ainsi, si des événements comme 2003, 2005 et 2011 sont exceptionnels au regard du XXe siècle, ils ne le sont plus dans la longue durée.

Même constat pour les tempêtes : en décembre 1999, quand Lothar et Martin se sont abattus sur l’Europe, on a dit qu’il s’agissait des tempêtes du siècle mais il n’a fallu attendre que dix ans pour que Klaus, comparable, survienne. Il semble y avoir une augmentation récente de fréquence mais on sait qu’entre le XVIIIe et le XIXe siècle, une dizaine d’événements semblables se sont produits.

On a pu attribuer au réchauffement l’augmentation des épisodes de précipitations extrêmes relevés sur la planète au cours des cinquante dernières années. Qu’en est-il des sécheresses?

Il est beaucoup plus difficile de faire ce travail pour les épisodes secs et qui durent longtemps. Une sécheresse ne dépend pas uniquement de ce qui se passe dans l’atmosphère : elle dépend fortement de paramètres liés aux sols, comme leur albédo (faculté à réfléchir le rayonnement solaire), leur humidité, la couverture végétale…

Par exemple, le sud de l’Espagne a été largement défriché pour faire place à de la culture sous serre. On a créé là une sorte de désert artificiel sur lequel il ne pleut jamais ou presque. Cette situation n’est pas liée aux gaz à effet de serre anthropiques mais à des facteurs purement locaux…

Des travaux publiés il y a quelques années ont tenté de trouver les causes possibles de la sécheresse du Sahel : la variabilité naturelle du climat, qui change selon des cycles parfois de plusieurs décennies, permettait d’expliquer une sécheresse qui paraissait pourtant exceptionnelle.

Il est donc impossible d’attribuer une série d’événements extrêmes, survenant sur une courte durée de temps, aux perturbations climatiques provoquées par l’homme ?

C’est possible, mais seulement a posteriori, et dans un cadre mathématique assez contraint. Des chercheurs ont analysé de très fortes précipitations qui avait noyé une partie du pays de Galles à l’automne 2000. En réalisant un très grand nombre de simulations et en faisant varier à chaque fois un ou plusieurs paramètres, ils ont montré qu’un tel événement était extrêmement peu probable en l’absence des gaz à effet de serre ajoutés par l’homme à l’atmosphère. Un tel travail a été mené avec la canicule de 2003. Mais ce genre d’exercice est excessivement coûteux – des dizaines de milliers d’heures de calcul, répartis sur des milliers d’ordinateurs -, et sa validité est très régionale.

Les projections climatiques montrent-elles de manière claire une augmentation des sécheresses dans l’avenir ?

Ces projections dépendent de scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, donc des choix de développement qui seront faits. Ceci dit, avec le réchauffement, les simulations numériques laissent craindre une augmentation du nombre de jours sans pluies sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, mais également une augmentation des précipitations intenses : plus de sécheresses mais aussi plus de dégâts liés à l’excès d’eau.

En Europe du Nord, c’est moins clair. Certains modèles suggèrent une augmentation de l’humidité mais prudence : les modèles ont beaucoup de mal à reproduire la répartition des précipitations dans l’espace. La confiance est plus forte lorsqu’il s’agit de prévoir l’évolution des températures et on peut dire avec une bonne probabilité que des canicules comme celle de 2003 seront de plus en plus fréquentes en Europe.

Pour Anne Lauvergeon, l’arrêt du nucléaire allemand est « politique »

AFP
Le Monde du 30.05.11

La présidente du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon, a estimé, lundi 30 mai, que la décision allemande de fermer ses derniers réacteurs nucléaires en 2022 était « totalement politique », n’excluant pas un retournement de situation d’ici à cette échéance. « C’est une décision totalement politique. Il n’y a pas eu de référendum, ni d’appel à ce que pensait l’opinion publique, même si les sondages montrent l’émotion des Allemands », a expliqué Mme Lauvergeon sur BFM Radio.

La présidente d’Areva a souligné qu’elle s’attendait à « une réaction allemande spécifique » après la catastrophe de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima en mars, soulignant que la situation du nucléaire dans ce pays « n’a pas d’équivalent dans le reste du monde ».

Interrogée sur le caractère « irréversible » de cette mesure, la présidente d’Areva a fait valoir que « d’ici à 2022, il peut se passer beaucoup de choses ». Elle a notamment évoqué une incertitude juridique, après que le numéro deux allemand de l’énergie, RWE, a porté plainte contre la fermeture forcée de l’un de ses réacteurs nucléaires dans le pays. Selon Mme Lauvergeon, la fermeture déjà effective de sept réacteurs en Allemagne a « entraîné un renchérissement significatif des coûts de l’électricité en Allemagne, avec des conséquences pour la base industrielle installée ».

« PASSAGER CLANDESTIN »

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a jugé lundi que le choix de l’Allemagne de sortir du nucléaire était une « décision tout à fait majeure, importante pour l’Allemagne mais aussi pour l’Europe entière »,  sur RMC-BFM TV, ajoutant qu’elle soulevait plusieurs questions. « Est-ce que l’Allemagne fait ce choix tout en sachant qu’elle va continuer à importer du nucléaire de France ? C’est ce qu’on appelle la théorie du passager clandestin. Est-ce qu’il y a au contraire derrière cela un plan gigantesque d’innovation technologique ? », s’est-elle interrogée.

La patronne du Medef, qui a anticipé une hausse du coût de l’électricité en Allemagne, a estimé que cette décision pouvait constituer « une chance » pour les entreprises industrielles françaises par rapport à leurs concurrentes allemandes ; mais elle a aussi souligné qu’« à terme, cela pose un problème pour la compétitivité globale de l’Union européenne ». Laurence Parisot a ainsi souligné que les Etats-Unis n’ont pas l’intention de réduire leur production nucléaire et que la Chine était en train de la développer.

LGV, ou le puits sans fond du financement public

Jacques Saint-Martin (ancien président de la Chambre de commerce de Bayonne et du Pays basque) et Jean-philippe Larramendy (chef d’entreprise, auteur du livre « Être basque aujourd’hui ». Membre du Cercle de Burrunz, groupe de réflexion réunissant des entrepreneurs, universitaires, journalistes et avocats qui ont une réelle connaissance des projets d’infrastructures publiques, de leur mode de financement et de leurs enjeux économiques)
Sud Ouest 03.06.11

L’approbation du bout des lèvres de la convention de financement de la LGV par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (79 millions d’euros) est une étape importante vers la construction de la ligne Tours-Bordeaux. Si le financement a été si laborieux, c’est parce que le coût de ce projet pour la collectivité est vertigineux : il faut en mesurer l’ampleur pour se rendre compte à quel point la construction d’une ligne entre Bayonne et la frontière est financièrement irresponsable.

La facture de Tours-Bordeaux s’élève à 7,7 milliards d’euros, auxquels il faudra ajouter de nombreuses rallonges comme celles demandées par le concessionnaire Vinci, qui vient d’exiger 60 millions d’euros supplémentaires. Pour être complète, l’addition pour le contribuable devrait inclure les autres coûts de l’ivresse ferroviaire française sur la seule année 2011 : 4 lignes lancées, une autre inaugurée à l’Est et deux tronçons en débat public. La France est le seul pays au monde à financer une politique du rail de cette ampleur alors même que nous traversons une crise économique sans précédent.

Clairement, l’État s’est lancé, les poches vides, dans une fuite en avant insensée consistant à construire des lignes au coût faramineux et à la rentabilité douteuse plutôt que d’entretenir le réseau existant, dont chaque usager subit les carences. Même la SNCF et RFF, frères ennemis du ferroviaire, tirent la sonnette d’alarme. Pour le président de la SNCF, endettée à hauteur de 9,5 milliards d’euros, « les péages ne permettront pas de faire circuler davantage de trains pour rentabiliser la ligne ». Quant au président de RFF (28 milliards d’euros de dette publique), il estime que « l’argent public devrait d’abord aller au réseau existant »…

On connaît l’arme secrète des défenseurs de cette hémorragie ferroviaire : le partenariat public-privé, qui permettrait d’alléger la facture pour le contribuable en faisant peser l’essentiel du coût sur le secteur privé. C’est tout simplement faux. Sur Tours-Bordeaux, le consortium privé mené par Vinci détiendra 100 % du capital pour seulement 10 % de l’investissement total, soit 750 millions d’euros. Le reste du financement (7 milliards d’euros) est assuré par des subventions de l’État et des collectivités locales, ainsi que par des emprunts divers, dont 80 % sont garantis… par l’État. Quant au risque d’exploitation (péages et trafic), il est là aussi supporté par l’État pendant cinquante ans. Drôle de partenariat, où l’essentiel de l’investissement et du risque pèse sur le contribuable et où les profits reviennent au privé !

Les habitants des intercommunalités du Pays basque appelées à contribution sur Tours-Bordeaux doivent savoir qu’ils vont payer quatre fois pour une ligne qui ne passe pas chez eux. En s’acquittant d’abord de leur impôt à l’État, puis de leurs différents impôts locaux à la Région, au Département et à leur Communauté de communes. Et qu’ils ne croient pas à une réciprocité en vertu de laquelle les collectivités entre Tours et Bordeaux mettront à leur tour au pot lorsqu’il s’agira de financer la ligne au sud de Bayonne : ils seront seuls à payer. Précisons pour terminer qu’ils paieront encore une fois en achetant leur billet de train, dont le tarif augmentera d’au moins 15 % pour l’occasion !

Les dés semblent jetés pour Tours-Bordeaux mais on ne peut accepter de reproduire ce racket des contribuables pour une nouvelle ligne au sud de Bayonne. C’est pour éviter ce nouveau gaspillage que nous plaidons pour une solution réaliste et beaucoup moins coûteuse : le réaménagement des voies existantes au Pays basque pour acheminer tous les trains, TGV et autres. Vu l’état des finances publiques, soutenir cette solution alternative n’est pas un acte militant, c’est un devoir citoyen.

Des jeans pas très cleans

Nolwenn Weiler
www.bastamag.net/article1571.html – 01.06.11

La plupart de nos jeans sont fabriqués en Chine, à Zhongshan. Dans le sud-est du pays, juste en face de Hong-Kong, de l’autre côté du delta de la rivière des perles. Dans un rapport publié en décembre dernier, Greenpeace met en évidence les taux de pollutions très élevés de ce delta. Et tire la sonnette d’alarme sur une nécessaire régulation de cette industrie par le gouvernement chinois, mais aussi par les consommateurs occidentaux, friands de jeans chics et peu chers.

Dans la capitale du jean, se serrent quelques 500.000 travailleurs migrants venus des zones rurales déshéritées proches ou éloignées de Zhongshan. En 2008, ils ont confectionné plus de 260 millions de paires de jeans – soit 60% de la production totale de la Chine et 40% des jeans vendus aux États-Unis chaque année. La plupart de ceux et celles qui s’échinent jusque parfois 18 heures par jour gagnent un salaire mensuel de 150 euros.

Dans les rues de la ville, on compte de plus en plus de grandes et petites usines. Ainsi que quantité d’ateliers familiaux. Les adultes, les anciens mais aussi les enfants y travaillent. Toute la journée pour certains. Des jours sans école. Le garçon que l’on voit sur cette photo gagne 0,15 yuan (1,5 centime d’euros) par jour pour couper les fils qui dépassent des 200 paires de jeans quotidiennes dont il assure la « finition ».

En plus d’exploiter les travailleurs, l’industrie textile exporte dans les eaux locales d’énormes quantités de polluants. On retrouve notamment dans les eaux des rivières locales cinq métaux lourds – cadmium, chrome, mercure, plomb et cuivre – dans des quantités bien supérieures aux normes autorisées dans le pays. En cause : les procédés de teinture, lavage, blanchiment et impression qui nécessitent de grands volumes d’eau ainsi que des métaux lourds et autres produits chimiques.

« Parfois, nous ne pouvons même pas ouvrir nos fenêtres, cela sent trop mauvais », explique une riveraine des rivières dans lesquelles les eaux usées des usines textiles sont directement rejetées. Si les anciens avaient l’habitude de la boire et de s’y baigner, les ados d’aujourd’hui n’ont aucun souvenir de voir ces eaux pures. Et pour cause, l’industrie textile s’y est installée voici 20 ans. Répondant en cela au célèbre conseil de Deng Xiaoping déclarant alors « enrichissez vous ! »

Autrefois fertiles, puisque les abords du delta étaient de très bonnes terres agricoles, les sols aux alentours de Zhongshan sont devenus incultivables. Parce qu’abandonnés, asséchés et très pollués. Dans certains endroits, les taux de cadmium enregistrés étaient ainsi 128 fois supérieurs à la concentration moyenne autorisée en Chine. Les habitants de ces contrées rencontrent divers problèmes de santé, parmi lesquels des maladies de la peau et des problèmes de stérilité. Les personnes sont exposées 24h/24 à la pollution chimique : le jour sur le lieu de travail et la nuit dans leurs maisons qui jouxtent des cours d’eau extrêmement pollués.

Près de Pau, des compagnons d’Emmaüs réalisent leurs utopies

Sophie Chapelle
www.bastamag.net/article1562.html – 26.05.11

À Lescar, les 125 membres de la communauté Emmaüs ont de l’énergie et des idées. Professionnels de la récupération, ils se sont lancés dans l’éco-construction, convaincus que l’intégration passe par le bien-être dans l’habitat. Chaque compagnon est invité à construire la maison dont il rêve. Lieu d’accueil pour tous ceux qui le souhaitent, sans condition, la communauté Emmaüs Lescar-Pau expérimente au quotidien décroissance et solidarité.

En bordure de l’A65 qui vient d’être inaugurée, impossible de rater l’immense parking et le panneau indiquant la recyclerie-déchetterie d’Emmaüs Lescar-Pau. À l’entrée des 11 hectares de la communauté, les visages de Louise Michel, du Che, de Ghandi, de Thomas Sankara et Nelson Mandela se dessinent sur un wagon-marchandise. L’intérieur, transformé en restaurant, constitue un des espaces-détente proposés par la plus grande communauté Emmaüs de France. Ses 125 membres – compagnons, salariés, amis, bénévoles ou volontaires – font tourner une vingtaine d’ateliers de récupérations à plein régime. « Quand on est arrivés à Lescar il y a 20 ans, on nous a mis à l’écart, aujourd’hui, on est devenus une vitrine », se réjouit le fondateur de la communauté, Germain Sahry.

«Au niveau du tri, on est débordés », explique Germain, en désignant la file de voitures pleines à craquer de déchets, et les camions d’Emmaüs déchargeant leurs 400 m3 de marchandises par jour. « On en recycle plus de 70%. Mais il faudrait qu’on soit 200 pour être pertinents dans la récupération. » Un bric-à-brac de bibelots, vaisselle, meubles, vélos, tondeuses, électroménager, vêtements… Le parcours de la collecte à la vente semble parfaitement huilé. « On prend tout ce qui est bon, et on accompagne les gens à la déchetterie pour le reste », précise un des compagnons qui aide à décharger les voitures dans la zone de dépôt. Dans les ateliers de « reconditionnement » règne une grande énergie. Vincent, responsable de l’atelier électronique, est un peu débordé par l’arrivée des écrans plats. « C’est à cause de la conversion au numérique, explique-t-il. Tout est réparable, mais c’est une question de prix et de temps. »

Une véritable économie solidaire

La communauté a été créée il y a 30 ans. « Depuis 1982, on s’attache à ne percevoir aucune subvention. Ce n’est que grâce à notre travail de récupération que nous en sommes là aujourd’hui », témoigne avec une once de fierté Germain. Ce mardi-là, le bric-à-brac rapportera entre 10 et 12.000 euros. Sur l’année, le chiffre d’affaires avoisine les 2,8 millions d’euros. Une richesse créée à partir des seuls déchets de la société.

« On ne cherche pas la rentabilité, on est dans une réelle économie solidaire », tient à préciser Germain. L’enjeu pour la communauté Lescar-Pau est de développer la reconnaissance de la personne au cœur du collectif. Si Germain ne croit pas ou peu à la réinsertion, il mise sur l’intégration en proposant à la personne une dynamique de reconnaissance dans son activité. Quid du RSA, le Revenu social d’activité ? « Moi, je l’appelle la Rente Sans Avenir, car elle enferme les gens dans un assistanat qui les emprisonne », coupe-t-il net. Si l’accueil à Emmaüs est inconditionnel, certaines règles prévalent. Comme celle de suspendre son RSA lorsque l’on décide de rester dans la communauté. « Ici, ce qui fait la communauté, c’est le travail. » Soigné, nourri, cotisant à l’URSSAF, le compagnon perçoit également une allocation de 350 euros d’argent de poche. « Et si l’on sait quand on arrive à Emmaüs, raconte Germain, on ne sait jamais quand on en part. »

Des « maisons écolomiques »

À l’écart de la foule des chalands, une maison en bois en forme de tente canadienne marque le début du village des compagnons. « C’est la maison de Stéphane, dit cow-boy », confie Philippe Soulé, salarié et responsable de l’atelier Eco-construction. Bâtie avec des matériaux de récupération, dont des vêtements recouverts par de la chaux pour l’isolation, cette maison ne consomme presque pas d’énergie. Elle s’inscrit dans un vaste projet de « maisons écolomiques », qui viennent remplacer progressivement les mobile-homes mal isolés, véritables gouffres financiers. Cela a permis de passer de 800 euros annuels de consommation électrique dans les mobile-homes, à 200 euros dans les nouveaux habitats. « Les mobile-homes ont permis de répondre à l’urgence. Mais ce sont des catastrophes écologiques qui nous discréditent dans notre démarche, analyse Germain. Retrouver un vrai élan de vie passe aussi par le bien-être dans l’habitat. » Avec Philippe Soulé, chaque compagnon est invité à dessiner la maison dont il rêve, puis à participer aux plans et à la construction. Le prix oscille entre 20.000 et 30.000 euros. De la maison sur pilotis au chalet en bois et paille, chaque maison de ce quartier expérimental est unique. Et parfois quelque peu surnaturel. Rencontre en images.

D’ici à juillet, ce premier quartier devrait être achevé. Des compagnons assureront alors les aménagements d’espaces verts. Le tout sous l’égide du « conseil municipal » du village de la communauté Lescar-Pau. Tous les ans, les conseillers sont élus par les villageois – compagnons et familles – qui élisent à leur tour le maire. À la sortie du village, une « mairie » a été érigée. La structure de bois de ce bâtiment de 16m² a été dessinée par l’atelier Eco-construction. « Dans le village, il y a des mariages, des naissances, des décès… c’est la vie, il y a de tout », précise Germain. Y compris de l’engagement citoyen. La communauté est également très attachée à sa liberté de parole et se comporte « à l’opposé d’une administration » : « on peut se rassembler en cinq minutes et décider », assurent ses membres. Bien loin de tout enfermement dans une gestion administrative du lieu. Au risque d’être considérée comme « le vilain petit canard d’Emmaüs », la communauté continue de « risquer l’utopie ».

« On n’est pas des marginaux, mais des originaux »

« Démarquer Emmaüs et ses compagnons d’une image misérabiliste qui leur colle à la peau », est un des objectifs de Germain Sahry. Sortir de la marginalité tout en cherchant à interpeller la société. Un pari difficile, un pari du quotidien. Relevé avec brio par la communauté Emmaüs Lescar-Pau. Très ouverte sur l’extérieur, la communauté développe depuis plusieurs années un partenariat avec des groupements paysans du Burkina Faso. L’été, ils accueillent plus de 150 jeunes des quatre coins du monde. Des compagnons s’activent pour remplacer les mobile-homes où dorment ces jeunes, par des habitats faits uniquement de matériaux de récupération. Partie intégrante du mouvement social, la communauté n’a pas non plus hésité à soutenir les faucheurs volontaires, ou à manifester contre la loi Loppsi 2 pour l’habitat différent.

Il y a deux ans, ils ont lancé leur propre ferme, ouverte au public, avec la volonté de préserver des races locales comme la vache béarnaise ou le cochon gascon. Là, quelques compagnons cultivent leurs jardins ouvriers. « C’est d’autant plus important de faire cette ferme, rappelle Germain, qu’on est entourés de monocultures de maïs. » Si la communauté est autonome en lapins – nourris par les déchets de la surconsommation – elle ne recherche pas pour autant l’autosuffisance. « Le risque serait de se couper de la société. » Et c’est tout le contraire que vise Emmaüs Lescar-Pau.

« On est l’ETA, Emmaüs Toute Alternative »

La culture n’est pas non plus négligée. En juillet prochain, aura lieu le troisième festival organisé par la communauté. Parmi les invités, Emir Kusturica, Kenny Arkana, Tiken Jah Fakoly ou encore Goran Bregovic. L’année dernière près de 20.000 personnes ont fait le déplacement, sur les deux jours du festival. Cette année encore, la communauté ne demandera aucune subvention, menant son projet en toute liberté. « Ce festival a une connotation engagée, avec l’organisation de débats qui posent la question du consumérisme », décrit Germain. Mais l’objectif du festival, c’est surtout la rencontre : « On veut montrer aux jeunes qu’on peut vivre des alternatives, autre chose que cette société de consommation. » Emmaüs, un choix de vie ? « Ça peut l’être pour ceux qui ne trouvent pas de place dans cette société néolibérale, basée sur des politiques productivistes », confirme Germain.

Face à ce qu’elle qualifie de « rouleau compresseur », la communauté Emmaüs Lescar-Pau se pose aujourd’hui comme un acteur réel de la décroissance. Un acteur de la société, sur tous les plans : culturel, écologique, économique, politique ou social. « On est l’ETA, Emmaüs Toute Alternative », lâche en souriant Germain. L’année prochaine, la communauté fêtera ses 30 ans. « J’ai autant d’utopies qu’au début, conclut Germain. Il y a un tel potentiel de créativité, de rencontres, avec des gens totalement différents. On peut créer quand on veut, et ça c’est passionnant. »

Estatu nuklearrenaren argazkia

Jose Angel Oria
Gara – 2011ko maiatzaren 27an

Bizi! mugimenduko kideen eskutik, munduko estaturik nuklearrenaren diagnosia egin dugu, Japoniako Fukushimako zentral nuklearrak istripu larria izan ondoren. 58 erreaktore dituzte lanean frantses Estatuan, horietako batzuk Euskal Herritik gertu.

Euskal Herrian askotan aipatu da Garoñako zentral nuklearra, batez ere Japoniako Fukushimako zentral nuklearreko istripua gertatu zenetik. Frantses Estatuko ia 60 zentralak, berriz, oso gutxitan. Ez al dira arriskutsuak zentral frantsesak? Zeintzuk dira arriskutsuenak? Zeintzuk daude hurbilen?

Tankerako galderei erantzuna eman nahian, Bizi! mugimenduko lau kiderekin elkartu gara Baionan. Mattin Ihidopek, Xabier Harlouchetek, Barthelemy Camedes-Cassek eta Sabrina Ravettak datu ugari eskaini dizkigute munduko estaturik nuklearrenari buruz. Euskal Herritik 300 kilometro baino gutxiagora bi zentral nuklear ditugula nabarmendu dute: Blayaiskoa (Bordeauxetik gertu), Baionatik 173 kilometrora; eta Golfech-ekoa (Tolosatik gertu), 340 kilometro ingurura autoz joanda, baina bestea bezain hurbil mapan lerro zuzena margotuz gero.

Zaharregiak. Golfech-eko zentrala Estatu frantziarreko zaharrenetakoa da. Frantses Estatuko erreaktore asko, erdia edo, beren balio-bizitzaren azken urteetan daude, eta, Stephane Lhomme Energia Nuklearraren Behatokiko presidenteak esan izan duenez, «adin horri dagozkion arazo guztiak dituzte». Harlouchetek adierazi du Golfecheko zentralean Garoñan egin izan duten gauza bera egiten dutela, hau da, aurreikusitako balio-bizitza luzatzen dute, itxi beharrik izan ez dezaten. Ez da ahaztu behar benetako negozioa zentral zahar horiekin egiten dutela konpainiek. Arazoa da istripu larriak izateko ere beste zentralek baino aukera gehiago dituztela, baina hori ez da planta horien jabeei loa kentzen dien arazoa.

Hurbilen dagoena. Blayaisko zentrala (eskuineko argazkia) ez da hobea. 1999an, «hondamenditik gertu egon ginen», Stephane Lhommeren arabera. Garai hartan «Martin» izeneko urakanak Bordeaux inguruko eskualdea astindu zuen eta arazoak eragin zituen zentral nuklearrean. Itsasoko ura sartu zen instalazioetara eta zentrala itxi beharra izan zuten. Handik egun batzuetara jarri zuten berriz lanean.

Poitiers hirikoa. Poitiers hiritik gertu dagoen Civauxeko zentralak ere oso arazo larriak izan zituen urte haietan. 1998ko maiatzean, erreaktorea hozteko sistemak pitzadura bat izan zuen. Gai erradioaktibo ugari isuri ziren eta zentraleko arduradunek ez zekiten zer egin hasiera batean. Halako batean berreskuratu zuten erreaktoreko kontrola, baina zentrala hamar hilabetez itxita eduki zuten.

Zaharrena eta arriskutsuena. Alemaniako eta Suitzako mugatik gertu dagoen Fessenheimeko zentrala da Estatu frantziarreko zaharrena. Arazo horri erantsi behar zaio eskualde horretan lurrikara asko izaten direla eta zentralaren ondotik ibaia pasatzen dela. Arazo tekniko ugari izan ditu plantarik zaharrenak, kasu gehienetan hozte sistemarekin lotutakoak. Jabeek zentrala itxi beharra ere izan zuten behin, 50 metro kubiko gas erradioaktibo atmosferara isuri zirenean.

Uda arriskutsua dator. Hozte sistemek izandako matxurek eragin zuten Fukushimako istripua, baita Japonian bertan azken urteotan izandako beste ezbehar asko ere. Frantses Estatuan ere hozte sistema izaten da zentralen punturik ahulena. Estatu frantziarreko 58 zentraletatik 44k izan dituzte arazo horiek azken urteotan, eta, aurten oso uda idorra aurreikusi dutenez, «arazo ugari izango ditugu, 2003an izan genituen antzekoak», Bizi! mugimenduko kideen arabera.

Agintarien asmoa. Hala ere, ez dirudi frantses agintariek zentralak ixteko inolako asmorik dutenik. Txinan datozen urteetan eraikitzekoak ziren 27 zentral geldiarazi egin dituzte, Fukushimako arazoen eraginez, eta Alemanian zentral guztien segurtasuna ikertzeko agindu du Angela Merkel kantzilerrak. Japonian bertan Hamaokako zentrala itxi berri dute, arrisku sismiko handiko puntu batean eraikitakoa delako.

Estaturik nuklearrena. Frantses Estatuan Japonian baino zentral gehiago daude, populazioaren erdia edukita. «Frantzia al da munduko estaturik nuklearrena?», galdetu diegu solaskideei. «Bai, zalantzarik gabe, Frantzian kontsumitzen den energia elektriko guztiaren %80 zentral nuklearretan sortutakoa baita. Petrolioarekiko menpekotasuna gainditzeko aitzakiarekin, nuklearren aldeko apustua egin dute agintariek», dio Barthelemy Camedes-Cassek.

De Gaulle, Giscard, Sarkozy… Nuklearren aldeko joera hori ez da berria frantses Estatuan. Charles De Gaulle zenak sekulako bultzada eman zion energia nuklearrari orain 50 urte, defentsarako arma atomikoak behar zirelakoan. Orain Sarkozyk energia mota berean oinarritutako Frantzia eraiki nahi duela salatu izan da. «Oso garrantzitsua izan zen Valery Giscard d’Estaingek hartutako erabakia, petrolioaren krisia 70eko hamarkadan lehertu zenean -esan digu Sabrina Ravettak-. Berak eman zion bultzada erabakigarria helburu zibilak zituen energia nuklearrari, Giscarden garaian erabaki zen Estatu frantsesean kontsumitzen den energia elektrikoaren %80 zentral nuklearretan ekoitzi behar dela, helburu horretara iritsi behar dugula, eta horregatik gaude gauden moduan».

Etxebizitza berriak. Behin baino gehiagotan salatu izan da eraikuntzaren sektoreak eta energia elektrikoaren monopolioa duen Electricite de France konpainiak ez dutela elektrikoa ez den berogailurik jartzen etxebizitza berriak egiterakoan, herritarrek elektrizitatea kontsumitu beharra izan dezaten. Merkeago litzateke gasa, esaterako, eta, epe luzera begiratuz gero, askoz ere merkeago energia berriztagarriak erabiltzea edota eraikin berriak ondo isolatzea; aldiz, frantses Estatuan zentral nuklearren aldekoei gehien komeni zaizkien erabakiak hartu izan dira. Horrek eragiten du etxeak berotzeko ere sekulako energia pila behar dela. Herritarrak nuklearren aldekoak izatera behartzen dituzte, neurri batean.

Indiako proiektua. «Fukushimakoa gertatu denetik, frantsesa da energia nuklearraren aldeko apustuari hain era garbian eusten dion estatu bakarra -dio Camedes-Cassek-. BNP bankuak Indian oso leku arriskutsutan egin nahi dituzten bi zentral finantzatuko ditu, esaterako. Horietako bat Jaitapurrekoa da, agintariek nahi dutena betez gero munduko zentralik handiena izango litzatekeena. Herritarrek sekulako protestaldiak egin dituzte proiektuaren aurka, Fukushimak dituen arazo berberak baititu: tsunami arriskua itsaso ondoan dagoelako, eta arrisku sismiko ikaragarria. Ez da harritzekoa herritarrak kalera irten izana. Apirilean manifestari bat hil zuten poliziek eta 1.500 lagun atxilotu zituzten. Fukushimakoa baino arriskutsuagoa izango litzateke, aurrekontu gutxiagorekin eraikiko dutelako, zalantza asko eragiten dituen araudi baten arabera eta oso baldintza txarrak eskaintzen dituen puntu batean».

Bankuen jokaera. Frantses Estatuko bankuen jarrera salatzen dute Bizi! mugimendukoek, nuklearrak hedatzeko dirua behar den bakoitzean hor azaltzen direlako. BNP, Societe Generale eta Credit Lyonnais aipatzen dituzte. Lehenengoa, esaterako, energia nuklearrean gehien inbertitzen duena da, bere aurrekontuaren %30 inguru. Brasilen, adibide bat aipatzeagatik, bi erreaktore dituzte Rio de Janeirotik gertu, Angra dos Reisen. Hirugarrena egitekoak ziren, baina Txernobyleko istripu larriaren eraginez proiektua kutxa batean gordeta geratu zen. Azken urteotan kutxa hori berriz ere zabaldu duten arte. BNP hirugarren errektore horren finantzaketan ari da, Bizi! mugimenduko kideen arabera. «80ko hamarkadan bankuek hartzen zuten arriskua, baina orain Estatuak hartzen du», nabarmentzen dute.

Afrikako zentralak. Estatu frantseseko konpainiek Afrikan ere zentral nuklearrak eraiki nahi dituzte. Gerra eta gatazkak nagusi diren kontinente batean segurua al da zentral nuklearrak bultzatzea? «Han ez dago inolako bermerik, baina Afrikatik kanpo ere gerrak izaten dira -adierazi du Xabier Harlouchetek-. Industria nuklearrak ustezko segurtasuna saltzen du beti, baina ez dago horrelakorik. Europan bertan ere talde ekologistetako ekintzaileak behin baino gehiagotan lortu dute instalazio nuklearretara sartzea, segurtasunik ez dagoela nabarmentzeko. Konpainiek egiten dituzten barne azterketek ere gauza bera adierazten dute».

Marokon, ezkutuan. Marokoko Sidi Boulbran egitekoa den zentral nuklearra frantsesek eraikiko dutela esan izan da. Sidi Boulbra Atlantiko ozeanoaren itsasertzean dago, Essaouira hiritik iparraldera, Kanariar uharteetatik 400 kilometrora. Espainiar hedabideek uharteetako turismoarentzat oso kaltegarria izan daitekeelako salatu dute proiektua eta horri esker jakin dugu agintarien asmoa zein den. Marokon bertan, aldiz, esku artean informazio asko izaten dutenek ere ez daukate proiektu horren berririk, Mohamed VI.aren erreinuan gauza horiek ezkutuan egiten baitituzte.

Garapena. Energia nuklearra garapen ekonomikoarekin lotzen dute beti haren aldekoek. Bobby Peck ekintzaile hegoafrikarrak, berriz, salatzen du Afrikako zentralak atzerritarrek egiten dituztela eta inolako garapenik ez dutela eragiten eraikitzen dituzten lekuetan; hau da, zentral nuklearrek konpainia multinazionalekiko menpekotasuna areagotu egiten dute. «Hegoafrikako gauza bera gertatzen da mundu osoan -esan dute Bizi! mugimenduko kideek-. Fukushiman bertan ere horrela gertatu da, langileak kanpotik eramaten baitzituzten. Une honetan EDF konpainia, zentral nuklearretan lan egingo duten teknikariak prestatzen hasia da. Gazteak konbentzitu nahi dituzte».

Finlandiako Olkiluoto. Areva konpainia frantsesa bera ari da Finlandiako Olkiluotoko zentrala eraikitzen, industria horren bandera-ontzia izango omen dena. Proiektua askotan atzeratu dute eta uste baino askoz ere garestiagoa izango da azkenean. «Laugarren belaunaldiko zentralak» al dira energia beharrei erantzuteko erarik egokiena? «Ezta pentsatu ere! Nuklearrena irtenbide faltsua da, hori lortzeko ere Estatu frantsesean ez dugun lehengaia behar da-eta. Adituek diote hemendik bi belaunaldira-edo uranioa ere amaitu egingo dela. Ura ere beharrezkoa dute zentralek. Ur asko kontsumitzen dute, baina, kutsatutakoa garbitzen al dute?», esan du Barthelemy Camedes-Cassek. Sabrina Ravettak Errusiako Mayakeko istripua ekarri du gogora, 1957an gertatu zen arren, 80ko hamarkadako sobietar agintariek ezkutuan eduki zutena. Orain mende erdi kutsatutako urek kutsatuta jarraitzen dute, bertako herritarren osasunaren kalterako.

Hondakin erradioaktiboak. Bestalde, Camedes-Cassek nabarmentzen du ez Olkiluotok ez beste zentralek ez dutela oraindik konpondu zentral nuklearrek eragiten duten arazo larri bat: hondakin erradioaktiboena. Eta gero eta hondakin horietako gehiago dute zentral nuklearrek gordeta, gai horrekin zer egin ez dakitela. Energia nuklearraren aldekoek inoiz aipatu ere egin nahi ez duten gaia da hondakinei dagokiena.

Negozio pribatua. Zentral nuklearraren jabeak sekulako irabaziak izaten ditu erreaktorea arazorik gabe lanean ari denean. Baina istripu larriren bat izanez gero, «konpainiek ez dute beren gain hartzen erantzukizuna. Horretxegatik da hain negozio ona -Mattin Ihidoperen ustez-. Negozio pribatua eta arrisku publikoa. Uranioa ateratzen duten meategietan ere arazo ugari izaten dituzte. Gainera, galdera bat erantzun gabe geratzen da beti: zenbat eta nork ordaindu behar du zentral bat ixtea?». Izan ere, zentral nuklear bat itxi ondoren ere hozte sistemari eutsi behar zaio urte askoan, gehiegi berotuz gero lehertu egin daitekeelako.

Hedabideen jarrera. Fukushiman gertatutakoaren harira, eskuineko hedabideek, energia nuklearraren aldekoek alegia, argitaratu dute frantses Estatuko zentralek iaz 1.000 istripu izan zituztela. Bizi! mugimendukoek 2007ko datuak eransten dituzte: urte hartan 842 aldiz piztu ziren alarmak Estatu frantziarrean istripu arinen eraginez, eta beste 86 aldiz istripu larriagoen eraginez. «Baina egunkarietan-eta zentralak oso seguruak direla esaten jarraitzen dute, datu horiek aipatu ere egin gabe. Beti energiaren beharra ikaragarria dela adierazten digute, eta segurtasun neurri guztiak hartuta dituztela. `Zentral nuklearrak edo kandelak’ esatera mugatzen dute beren jarrera».

Erreferenduma. Frantses Estatuko energia nuklearraren aurkako makina bat lagunek zentralekin zer egin erabakitzeko erreferenduma egitea proposatu dute. Hori al da irtenbidea? Eta, hedabideek urte askotan egindako lanaren eraginez, nuklearren aldeko emaitza aterako balitz? Bizi! mugimendukoek ondo ikusiko lukete herria zuzenean kontsultatzea. «Botoa ematera joan aurretik informazio asko eskaini beharko litzateke gauzak ondo egiteko, eta guk gure posizioa azaltzeko aukera izango genuke orduan. Orain arteko egoera baino hobea izango litzateke hori, ez baitugu inoiz ez eztabaida seriorik ez erreferendumik izan. Gure kasuan, erreferenduma ez litzateke txarrerako izango». Bestalde, kontuan hartu behar da ordezkari politikoen jarrera ez datorrela beti bat herritarren iritziarekin, Euskal Herriko hegoaldean 1986an, NATO ri buruzko erreferendumean, ikusi ahal izan zen moduan.

Politika alternatiboak. Baionako ekintzaileek nabarmentzen dute energia nuklearrak baduela alternatibarik. Gainera, gobernu batzuek urratsak egin dituzte bide horretan. Alemaniako eta Frantziako kasuak alderatzen dituzte Bizi! mugimendukoek. Alemanian, azken 20 urteotan asko indartu da energia berriztagarrien ekoizpena: %4tik %18ra pasa da, eta espero da 2020. urterako herrialdean kontsumitzen den energia guztiaren %35 bide horretatik ateratzea. Frantses Estatuan, aldiz, 1991ko datuetan jarraitzen dute, agintariek ez baitute horren alde egin.

Herritarren jarrera. Agintarien jarrera baino erabakigarriagoa izan daiteke herritarrena, azken horiek politikarien posizioak baldintzatzeko aukera izaten baitute. Fukushimako istripuaren ondoren ikusi ahal izan genuen Tokioko herritarrek kontsumoa asko murriztu zutela, agintariek itzalaldi arriskua zegoela jakinarazi zutenean. Beraz, nahi denean, kontsumoa gutxitu egin daiteke. Esaterako, etxetresna elektrikoetako «stand-by» botoiaren eraginez (erabat itzali gabe geratzen dira gailuok botoi hori sakatuz gero), zentral nuklear batek sortzen duen beste energia galtzen da Estatu frantsesean. Herritarrak kontzientziatu behar dira, urte askotako ohiturak aldatzen has daitezen.

info+:

NegaWatt elkartea: www.negawatt.org

Bizi! mugimenduaren webgunea: bizimugi.eu

Irten Nuklearretik federazioa, Estatu frantziar osoko 800 elkarte hartzen dituena: www.sortirdunucleaire.org

Energia berriztagarriak bultzatzen dituen ekimena: www.enercoop.fr