Articles du Vendredi : Sélection du 24 septembre 2021


« L’enjeu environnemental est désormais au cœur d’une rupture du pacte démocratique »

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/19/l-enjeu-environnemental-est-desormais-au-c-ur-d-une-rupture-du-pacte-democratique

Le gouvernement français vient de lever les derniers doutes qui pouvaient subsister sur l’utilité réelle du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s’est tenu à Marseille du 3 au 11 septembre.

Quatre jours après sa clôture, l’encre des discours n’était pas sèche et l’emphase des déclarations pas tout à fait retombée que le ministère de la transition écologique annonçait mettre en consultation plusieurs projets d’arrêtés pour autoriser le piégeage de quelque 115 000 oiseaux (alouettes des champs, vanneaux huppés, pluviers dorés, etc.) par le biais de méthodes de chasse dites « traditionnelles ». Or celles-ci sont fondées sur des techniques non conformes au droit européen, et ont été jugées illégales, le 6 août, par le Conseil d’Etat.

Nous voici donc propulsés à des sommets inédits d’insincérité et de cynisme. A l’issue du congrès, les membres de l’UICN – parmi lesquels Etats, agences gouvernementales et ONG – avaient toutes les peines du monde à trouver des mots assez forts pour décrire la gravité de la situation. « L’humanité a atteint un point de bascule, peut-on lire dans la déclaration finale, endossée par les membres de l’organisation. Des activités humaines insoutenables pour la planète continuent d’aggraver la situation, menaçant non seulement notre propre survie, mais aussi la possibilité même d’une vie sur Terre. » Si même la possibilité de la vie sur Terre est en jeu, alors on peut difficilement imaginer sujet plus critique.

Novlangue politicienne

Le temps est venu, a résumé Bruno Oberle, le directeur général de l’UICN, d’un « changement fondamental ». Certes, répond en substance la France, pays hôte du congrès, mais nous souhaitons malgré tout pouvoir continuer à enfreindre la loi pour permettre à une fraction de pourcent de nos concitoyens de s’adonner au plaisir de tuer des dizaines de milliers d’oiseaux en déclin. Parmi les espèces ciblées par les projets d’arrêtés, certaines ont vu leurs populations se contracter de moitié, en Europe, au cours des trente à quarante dernières années. Le contraste entre le fracas des mots utilisés pour décrire le problème et l’absence forcenée du plus petit début de réponse politique à ce problème incarne bien plus que ce que la novlangue politicienne qualifie généralement de « mesure pragmatique ». Ce contraste illustre plutôt le fait que l’enjeu environnemental est désormais au cœur d’une rupture du pacte démocratique. En quelques années, la parole de nos dirigeants sur la préservation de l’environnement a perdu tout crédit. Cela abîme le lien de confiance entre les élus et les citoyens, et nourrit l’abstentionnisme, le complotisme, la défiance – toutes choses dont les dernières échéances électorales et la crise liée au Covid-19 ont révélé la prévalence et l’étendue. En l’occurrence, comment imaginer que le moindre des engagements pris à l’issue du congrès de l’UICN puisse être respecté ? Comment croire à la « réforme systémique » promise dans la déclaration finale, lorsqu’un Etat comme la France se montre réticent à faire le minimum minimorum – c’est-à-dire simplement appliquer la loi –, afin de ne pas entraver des activités aussi marginales et contingentes que les chasses traditionnelles aux passereaux ? Est-il si impérieusement nécessaire de tuer des grives musiciennes ou des vanneaux huppés ? Dès l’ouverture du congrès, les dés étaient de toute façon pipés. Tous les Etats européens représentés, venus rivaliser de bonnes intentions, venaient dans les mois précédents de négocier une nouvelle politique agricole commune (PAC) qui va conforter jusqu’en 2027 les modes de production les plus destructeurs et en tout cas les moins durables. N’aurait-il pas été plus judicieux d’économiser le voyage à Marseille et de négocier une autre PAC ? Le plus vaste programme de subventions publiques au monde va continuer à favoriser les exploitations les plus vastes, les plus industrialisées, celles qui simplifient les paysages, dépendent d’un haut niveau d’intrants de synthèse, contaminent la ressource en eau, imperméabilisent les sols et accroissent la vulnérabilité des territoires aux inondations… et accessoirement détruisent la biodiversité.  De même, pourquoi penser que la France va, comme s’y est engagé le président Emmanuel Macron, « renforcer les investissements favorables à la biodiversité, notamment les solutions (…) qui appuient la transition écologique dans l’agriculture », alors qu’elle envisage une réduction drastique des aides au maintien de l’agriculture biologique et qu’elle vient d’autoriser la remise en selle des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018 pour les risques environnementaux qu’ils présentent ?

Le congrès n’a donc été, au mieux, qu’une plateforme utilisée à des fins de communication politique, ou de communication d’entreprises. Quelques esprits chagrins se sont ainsi étonnés que des marques comme Nutella, Veolia ou BNP Paribas soient associées, comme sponsor ou partenaire, au congrès de la vénérable organisation de protection de la nature. C’est une autre étrangeté, en tout cas un signal, que la question environnementale ne soit pas envisagée avec le même sérieux que les questions sanitaires, par exemple. Que penserait-on d’un congrès mondial contre le cancer sponsorisé par Philip Morris et Pernod Ricard ? Ce serait inimaginable. La protection de l’environnement n’est pas seulement le domaine des paroles en l’air, c’est aussi celui du brouillage délibéré de la frontière entre l’intérêt général et les intérêts particuliers.

A quoi a servi, en définitive, le congrès de l’UICN ? On aurait pu s’épargner les quatre feuillets de cette chronique car la réponse, simple et désespérante, tient en quatre lettres : rien.


Projet de Loi Finances 2022 : Dernière chance du quinquennat pour aligner le budget avec les engagements climat
Etienne CHARBIT, Responsable de projets Efficacité énergétique, CLER – Réseau pour la transition énergétique / Meike Fink, Responsable transition climatique juste, Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/%e2%80%8b%e2%80%8bprojet-de-loi-finances-2022-derniere-chance-du-quinquennat-pour-aligner-le-budget-avec-les-engagements-climat

Demain, le dernier Projet de loi de finances du quinquennat sera présenté en Conseil des ministres. Le bilan des actions engagées depuis 2017 reste pour le Réseau Action Climat en décalage avec l’urgence d’agir face aux impacts des changements climatiques qui se multiplient.

L’ambition des financements et dispositifs qui ont été mis en place pour accompagner les ménages et certains secteurs d’activités n’est pas à la hauteur d’une transition écologique ambitieuse et juste.

Des aides à la rénovation énergétique insuffisantes

Le maintien en 2022 du niveau des aides pour la rénovation à environ 2 milliards d’euros envoie un bon signal à la filière et montre une volonté de stabilité. Néanmoins, pour accompagner la montée en puissance des rénovations performantes, en lien avec les objectifs climatiques et de lutte contre la précarité énergétique, il sera nécessaire de revoir le budget à la hausse les prochaines années. Les critères de performance énergétique donnant droit aux aides doivent absolument être repensés. 82 % des 700.000 dossiers de MaPrimeRénov’ traités depuis début 2021 concernent un seul geste : le changement de chaudières. Le dispositif reste donc calibré pour produire du volume, au détriment des rénovations les plus efficaces et pertinentes ainsi que de l’efficience de la dépense publique.

Un Chèque énergie incomplet

La hausse ponctuelle de 100 € du chèque énergie est une bonne nouvelle qui permet de protéger un certain nombre des ménages concernés par la hausse des prix du gaz, de l’électricité et du fioul. En revanche, il s’agit d’une annonce conjoncturelle qui n’apporte aucun changement structurel. Une hausse du montant moyen du chèque de 150 à 710 € serait nécessaire pour véritablement sortir les ménages de la précarité énergétique. De plus, les solutions durables pour protéger les ménages modestes des fluctuations des prix de l’énergie sont insuffisantes, alors qu’une politique structurante encourageant massivement les rénovations performantes permettrait de protéger significativement et durablement les ménages. Surtout, il n’y a aujourd’hui pas d’équivalent du chèque énergie pour les carburants, alors que certains ménages n’ont actuellement pas accès à des alternatives. 

Ferroviaire : des investissements trop faibles

L’allocation d’une part importante du plan de relance au transport ferroviaire a permis d’amortir les dégâts liés à la crise sanitaire et de préserver des investissements déjà planifiés. Toutefois, ces investissements demeurent trop faibles pour permettre un développement du transport ferroviaire compatible avec le respect de nos objectifs climatiques : 3 milliards d’euros supplémentaires par an seraient nécessaires Il est très regrettable qu’aucune suite n’ait été donnée au rapport sur les trains d’équilibre du territoire remis au Parlement en mai dernier, qui recommandait notamment d’acquérir de nouveaux trains de nuit afin de répondre à la pénurie actuelle et d’accélérer la relance des lignes de nuit en France et vers l’Europe. 

Concernant les transports en commun, les 11 milliards d’euros de demandes des collectivités dans le cadre de l’appel à projets “Transports collectifs en site propre” soulignent l’insuffisance des moyens en la matière malgré un doublement des crédits de l’appel à projets (500 millions d’euros). 

Les aides à l’achat d’un véhicule : bonnes pour les ménages modestes, moins pour le climat

La prime à la conversion, créée en 2018 et qui permet d’acheter un véhicule neuf ou d’occasion en échange de la mise au rebut d’un véhicule polluant, a été nettement renforcée au cours de ce quinquennat. L’investissement de l’Etat est conséquent, atteignant presque 1,4 Md€ en 2021, et le dispositif bénéficie aux ménages modestes. En revanche, le bénéfice environnemental reste pour le moins limité : en 2020, 26% des véhicules neufs soutenus par la prime à la conversion étaient électriques ou hybrides; la grande majorité (62%) des véhicules subventionnés par la prime roulent à l’essence, et le diesel neuf reste éligible (12% des primes versées).

Si cette situation est liée à la réalité de l’offre du marché automobile, les aides à l’achat n’en constituent pas moins un signal incitatif très fort. Il est donc primordial dans les années à venir et dès 2022 de resserrer le dispositif sur les véhicules les moins émetteurs : maintenir la prime pour l’achat de voitures essence ou diesel d’occasion se justifie au nom de la justice sociale, en revanche pour l’achat de voitures neuves, il est impératif de restreindre cette aide aux seules voitures 100% électriques.

En parallèle, la prime pour les vélos cargo, créée récemment dans le cadre de la loi climat, pourra être confortée, en étant élargie aux vélos électriques et en étant revalorisée au même titre que les voitures. Enfin, il est indispensable de limiter au maximum le reste à charge pour les ménages les plus modestes notamment via la création d’une super prime à la conversion pour les occasions et la mise en place d’un prêt à taux zéro avec une garantie d’Etat dont seulement une version affaiblie a été voté dans le cadre du projet de loi climat.

Un malus sur le poids des voitures trop restrictif

Lors du dernier PLF, les parlementaires ont mis en place un malus sur le poids des véhicules pour les véhicules de plus de 1,8 tonne. Si le principe d’un tel malus a été salué par les ONG environnementales, le seuil apparaît bien trop restrictif. Alors qu’en 10 ans (2008-2018) les SUV sont ainsi passés de 5 à 36 % des ventes en France, lesquels émettent en moyenne 20% de CO2 de plus qu’une voiture standard, le malus adopté ne permet de couvrir que 2,6% des ventes de véhicules. Pour enrayer la tendance d’augmentation du poids moyen qui affecte tous les segments de l’offre automobile, le Réseau Action Climat propose de baisser le seuil 1,3 tonnes pour que dispositif concerne plus de SUV avec l’application d’un barème progressif et un barème spécifique pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables. 

Plan vélo : L’Etat doit passer la seconde

Le plan vélo du 14 septembre 2018 a permis d’acter plusieurs avancées pour le vélo. D’abord, la mise en place d’un fonds doté de 350 M€ sur 7 ans pour co-financer auprès des collectivités le déploiement d’infrastructures cyclables. Trois ans à peine plus tard, ce fonds apparaît sous-dimensionné au regard du développement de la pratique et de l’intérêt des collectivités de toutes tailles : plus de 61% de l’enveloppe est déjà consommée. Les 100 M€ promis dans le cadre du nouveau plan de relance ne jouent qu’un rôle de rattrapage des 200 M€ promis en 2020 qui n’ont finalement pas été affectés au vélo. Pour franchir l’étape du dessus, la France doit se doter d’un plan d’investissement ambitieux à hauteur de 500 M€/an afin de doubler le linéaire cyclable d’ici 2027. Ensuite, le financement du “savoir rouler à vélo”, mesure phare du plan vélo, qui ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune ligne budgétaire. Enfin, la généralisation et le renforcement du forfait mobilités durables, auquel les employeurs ont peu recours et qui constitue un outil utile de développement de la part modale du vélo sur les trajets domicile-travail. 

Agriculture : Toujours aucune redevance sur les engrais azotés

La fertilisation azotée émet massivement du protoxyde d’azote qui est à l’origine de 42 % des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. Malgré les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, la loi climat ne contient aucune mesure structurante pour baisser notre consommation d’engrais de synthèse. Et ce PLF n’abordera pas, une fois de plus, la question d’une redevance sur les engrais, seul outil capable d’enrayer leur utilisation devant l’échec des instruments de politique publique supposées réduire leur usage. Pourtant, la Direction générale du Trésor a rendu publique cette recommandation pour une redevance dans un rapport de février 2020, et ses recettes pourraient être entièrement reversées aux agriculteurs pour les aider à s’approvisionner en azote organique, par l’évolution des méthodes de culture et l’intégration d’engrais verts (légumineuses, déjections animales).

Plan de relance : l’économie d’abord, l’écologie ensuite

Si 30 milliards d’euros sont destinés à la transition écologique, la performance environnementale des projets financés passe souvent derrière l’objectif principal de création d’activité économique. Ainsi, de nombreuses rénovations des bâtiments publics seront réalisées sans l’atteinte d’un niveau de performance énergétique ambitieux. De plus, des milliards d’euros d’argent public ont bénéficié aux entreprises, dont les plus grandes, sans contrepartie écologique ni sociale.

Si certaines très grandes entreprises doivent publier un reporting climat en contrepartie des prises de participation de l’Etat via l’Agence des participations de l’Etat (APE) via l’APE, cette mesure de la loi de finances rectificative de juillet 2020 reste très insuffisante et doit être renforcée et élargie. Face aux arguments en faveur de transitions nécessaires vers une société plus résiliente, c’est le maintien de l’ancien monde qui a été privilégié. 

Un nouveau plan d’investissements “France 2030″ doit compléter le projet de loi de finances. Nous attendons une feuille de route qui donne de la visibilité sur l’argent public nécessaire pour mettre la France sur une trajectoire climat ambitieuse dans un esprit de justice sociale. 

Dépenses néfastes pour le climat et l’environnement : La France loin de ses engagements

Sur ce dossier, on constate seulement des timides avancées comme sur la baisse de 2 c€/l pour le remboursement du diesel poids lourds et la mis en place d’une éco-contribution sur les billets d’avion ainsi que la fin des garanties publiques accordées aux énergies fossiles d’ici seulement 2035. Le manque de volonté politique s’illustre aussi dans le décalage de la suppression du tarif réduit sur le gazole non routier (GNR) de 2021 à 2023. Globalement la France est encore loin de tenir son engagement pris au G7 de supprimer la totalité des subventions aux énergies fossiles d’ici 2025, voire la totalité des dépenses néfastes à l’environnement qui concernent aussi l’artificialisation des sols et la biodiversité. 

Il est urgent de fixer une date butoir avec des trajectoires et des mesures d’accompagnement spécifiques pour chaque dépense néfaste afin d’atténuer les impacts de leur suppression sur les ménages, l’emploi et les territoires. 

Des financements insuffisants pour la transition des collectivités territoriales

L’année dernière, des moyens supplémentaires mais insuffisants pour les collectivités et la transition avaient été déployés, via notamment une hausse de 1 milliard de la DSIL (dotation de soutien à l’investissement local) pour la transition. Aujourd’hui, il est urgent de pérenniser, rehausser et suivre ces financements. Alors que le rôle clé des collectivités pour lutter contre le dérèglement climatique n’est plus à démontrer, leurs compétences sont au cœur de nombreux projets de loi et mécanismes pour la transition. Ainsi, le Projet de loi climat et résilience implique pour la majorité des articles, directement ou indirectement, la mobilisation des compétences des collectivités territoriales, tandis que les nouveaux Contrats de relance et de transition écologique (CRTE) devront permettre d’ancrer la relance dans les territoires. Pourtant, sans moyens humains et financiers suffisants, de telles dispositions ne pourront être pleinement mises en œuvre et risquent de rester en grande partie, à l’état d’intention, a fortiori dans un contexte où, selon le rapport annuel du Comité des finances locales, l’impact de la crise sanitaire dans les comptes locaux est évalué à 5 milliards d’euros en 2020.

 


« Le capitalisme colonial est en train de devenir la règle internationale »
Entretien avec Xavier
https://lvsl.fr/le-capitalisme-colonial-est-en-train-de-devenir-la-regle-internationale-entretien-avec-xavier-ricard-lanata

Xavier Ricard Lanata est haut fonctionnaire, et surtout l’auteur d’un essai publié récemment aux Presses Universitaires de France intitulé La tropicalisation du monde. Il y décrit un phénomène de fond : le néolibéralisme reprend la forme, dans nos pays, de ce qu’il était dans les colonies il y a un siècle. Il met à son service la puissance publique au détriment de l’intérêt général. Nous revenons avec lui sur ce concept d’actualité, et les conclusions politiques qu’il en tire. Entretien réalisé par Sarah De Fgd et Pierre Gilbert. Retranscrit par Manon Milcent.

LVSL : Dans votre livre, vous défendez la thèse de la « tropicalisation » du monde. De quoi s’agit-il concrètement ?

Xavier Ricard Lanata : La tropicalisation du monde correspond au moment actuel du capitalisme mondial, caractérisé par le fait que les grandes entreprises transnationales, lesquelles autrefois s’étaient développées à l’abri des métropoles (celles-là mêmes qui leur fournissaient les conditions de leur développement et de leur essor à l’échelon international) traitent désormais ces mêmes métropoles comme de simples substrats destinés à leur fournir les facteurs de production nécessaires à l’accumulation du capital. Elles ne s’estiment plus redevables de quoi que soit à leur égard, et cherchent au contraire à s’affranchir des règles que ces dernières s’obstinent à leur imposer.

Les métropoles sont donc en train de vivre ce qui a été longtemps le propre des pays du Sud, la condition tropicale, où l’État ne joue plus aucun rôle parce qu’il n’est plus en mesure de contenir les acteurs économiques : il se contente de leur servir d’instrument, de relayer leurs ambitions. Le corps collectif disparaît, et avec lui la possibilité de l’action politique, puisque l’État n’entend plus incarner ni donner une traduction à l’action collective. L’État se réduit donc à un instrument de contrôle. Sa légitimité tient à sa capacité à exercer ce contrôle. Les dirigeants adoptent des modes de comportement caractéristiques des sociétés néocoloniales : préférence pour le court terme, tolérance aux inégalités, attractivité à tout prix… En France, cette obsession a dicté les termes d’une politique de réforme du droit du travail et de l’État providence pour que les détenteurs de capitaux puissent obtenir des marges plus importantes. Cet état d’esprit a caractérisé pendant des siècles les sociétés tropicales qui n’avaient pas d’autre élément à faire valoir pour intéresser les agents économiques que le niveau relativement faible de leurs coûts de production et qui s’interdisaient de penser à des politiques de développement « endogènes », reposant sur la demande intérieure, la substitution d’importation et la diversification de l’économie.

C’est ce que l’on observe actuellement : une extraversion des économies, et finalement une perte de confiance dans la possibilité de se construire un destin collectif qui serait déterminé socialement et non par les investisseurs. Cette condition tropicale a une influence déterminante dans la psychologie des élites et dans la possibilité même de faire de la politique. Elle est dangereuse parce qu’à partir du moment où vous vous installez dans l’idée que l’État n’existe que pour servir les intérêts des détenteurs des capitaux, et que toute personne qui pense autrement devient suspecte de sédition ou de désordre, alors vous minez la possibilité de construire des horizons politiques différents et faites disparaître la politique comme telle. C’est ce à quoi l’on assiste aujourd’hui : au Nord comme au Sud, les gouvernements sont de plus en plus sourds à la protestation sociale, de plus en plus incapables de concevoir un horizon de destin qui serait socialement et politiquement déterminé, de manière démocratique. Ces gouvernements méconnaissent complètement les structures intermédiaires qui ont vocation à représenter les intérêts particuliers et à les faire se rencontrer. Or l’État a pour vocation d’incarner l’universel et donc de composer avec les différents intérêts particuliers. Au contraire, les gouvernements ont de plus en plus tendance à réduire la société et les forces sociales à des facteurs de production : ils adoptent le point de vue des entreprises multinationales, et s’assignent pour objectif de servir leurs intérêts, convaincus que ces intérêts finiront par rejoindre ceux du corps social.

LVSL : Vous affirmez que la tropicalisation du monde est une régression vers un stade anté-capitalisme social des Trente glorieuses, époque durant laquelle le marché était encastré dans un compromis social, contrairement au capitalisme sauvage d’avant les années 1920. Pourquoi utiliser le mot tropicalisation plutôt que régression ?

XRL: Parce que cette tropicalisation a été testée à grande échelle dans les sociétés coloniales. Pendant longtemps, l’Occident a identifié le progrès social à l’augmentation de la production par unité de travail, donc de la productivité horaire du travail. Il a exporté dans les pays du Sud la violence contenue dans cette conception du progrès social : la soif, potentiellement illimitée, de ressources nécessaires à l’augmentation de la productivité horaire, qui ne dépend pas uniquement de l’innovation technologique : pour produire davantage, il faut se procurer de l’énergie « libre » et de la matière. Donc, pour que l’Occident parvienne à augmenter son taux de productivité horaire, il lui a fallu mettre la planète entière au pillage. Pour cela, il a fallu qu’il dispose de ressources (humaines et non-humaines) qui ont été saccagées dans tous les pays que je qualifie de « tropicaux ».

Aujourd’hui, à l’heure de la baisse tendancielle du taux de croissance de la productivité horaire, il faut trouver de nouvelles sources d’accumulation, hors des activités traditionnelles : par exemple les services publics, jusqu’à présent extérieurs au marché. Les détenteurs de capitaux y voient (comme dans le Royaume-Uni de Margaret Thatcher) un secteur susceptible de leur fournir des relais de croissance. Le démantèlement des services publics fait donc partie du programme, pour satisfaire les besoins des investisseurs. L’Occident industriel et post-industriel est devenu lui-même un lieu de prédation pour satisfaire les besoins des détenteurs des capitaux en matière de taux de croissance, ou de rentabilité nette du capital investi dans un monde où la taille de la production globale ne croit pratiquement plus. Comme le capitalisme est un jeu qui n’admet que des gagnants et des perdants, au sens où celui qui n’investit pas, ou retire de son investissement un rendement inférieur à celui de ses concurrents, voit la valeur de son épargne se réduire, autrement dit s’appauvrit relativement aux autres, et compte-tenu du niveau d’incertitude dans lequel baignent aujourd’hui les agents économiques, le détenteur de capitaux, où qu’il se trouve (Nord ou Sud) va  chercher à maximiser à court terme la rentabilité du capital. Il aura par conséquent tendance à adopter un comportement « prédateur », autrefois caractéristique des zones coloniales : la prédation s’appliquera tantôt au facteur travail, tantôt à la nature, tantôt aux services ou aux actifs publics.

C’est ce capitalisme de prédation, un capitalisme colonial, qui est en train de devenir la règle internationale. On peut parler, avec Slavoj Zizek, d’une « auto-colonisation » des anciennes métropoles coloniales. Nous sommes en train de faire l’expérience, nous habitants du « Nord », de ce qui va nous rapprocher de ce qu’ont vécu les pays du Sud. Cela peut être la préfiguration de ce qu’il peut nous arriver de pire, comme dans le cas de l’élection de Bolsonaro par exemple (en réalité, l’univers idéologique d’Emmanuel  Macron est d’ores et déjà très proche de celui de Jair Bolsonaro). Mais le Sud est aussi préfigurateur de ce qui pourrait nous arriver de meilleur, si nous sommes capables de reconnaître, dans les expériences de résistance et les multiples formes d’économies humaines non capitalistes dont les pays du Sud ont conservé la mémoire, des inspirations pour penser une mondialisation alternative qui ne reposerait plus seulement sur le libre-échange et l’extension ad infinitum de la sphère du marché, mais plutôt sur des partenariats politiques orientés vers un objectif de transformation écologique et sociale.

LVSL : À la fin de votre livre, vous parlez de « démondialisation », comme solution à l’impasse néolibérale tropicalisante. Qu’est-ce qu’est, et n’est pas, cette démondialisation ?

XRL: Je préfère parler de « déglobalisation ». Le terme « démondialisation » est la traduction française du titre du livre de Walden Bello, Deglobalization, publié en 2002. Mais la déglobalisation est tout sauf une démondialisation, dans le sens d’un retour à des formes d’économie totalement relocalisées et repliées sur elles-mêmes, sans aucune coordination ou articulation mondiale entre les marchés et les agents économiques. La déglobalisation, c’est la fin de la « globalisation », qui fut le grand projet des entreprises multinationales à la fin des années 1970 : la dérégulation totale des flux de capitaux, de biens et de services. C’est ce que l’on a appelé la globalisation : à l’époque on parlait volontiers du « village global » comme d’une société mondiale unifiée dans laquelle les facteurs de production ainsi que les productions pourraient se déplacer librement. C’était finalement le visage riant, agréable, de la tropicalisation, une manière de vendre aux gouvernements et aux opinions publiques un projet qui dissimulait le véritable objet du désir : celui de jouer de la concurrence internationale pour réduire les coûts de production, augmenter le taux de profit dans un monde où la productivité horaire du travail avait cessé d’augmenter. La prime revenait donc à l’accapareur en chef, dont le visage est toujours et partout le même : celui du colon. « Déglobaliser », c’est en finir avec le capitalisme tropical, et organiser une alter-mondialisation, qui modifie l’objet du désir : non plus d’accumulation infinie du capital, mais la transformation écologique et sociale de nos modes de production et de vie. Ceci exigerait, entre autres, de relocaliser les productions qui peuvent l’être, grâce une politique à la fois protectionniste et coopérative : chaque région établirait des barrières protectionnistes la mettant à l’abri d’une concurrence déloyale, ce qui permettrait aussi de réduire les consommations générales d’énergie et de matière et d’accroître la productivité globale des territoires, qui dépend de la manière dont les écosystèmes interagissent avec les activités humaines.  Elle le ferait de façon coordonnée, à la faveur de « partenariats » bi ou pluri-latéraux, avec des pays partageant ses objectifs et/ou ses contraintes.

LVSL : La déglobalisation peut-elle être universaliste ?

XRL : La déglobalisation est un monde dans lequel peuvent tenir des mondes, comme le disent les héros de la rébellion zapatiste au Chiapas. Il nous faut donc bien un monde, avec un régime de l’un qui est celui de l’universel, mais un universel qui n’est pas abstrait ni donné d’emblée : il trouve à s’incarner dans des géographies et des cultures, il est tendu et orienté vers l’un (c’est d’ailleurs le sens même d’uni-versus, dont dérive le mot universel). Il s’agit, en somme, de concevoir un régime général dans lequel les différentes particularités pourraient s’exprimer. Dans ce sens, la déglobalisation est bien universaliste.

LVSL : Vous parlez de l’homme andin comme d’un modèle spirituel anti-consumériste. Ce genre de courant est à la mode dans les milieux écologistes, notamment parce qu’il s’agit de construire des récits alternatifs à la globalisation et au capitalisme. Mais comment ne pas retomber dans le mythe du « bon sauvage » ?

XRL: Il faut s’inspirer des principes, mais pas nécessairement des pratiques. Ce que nous pouvons retenir des sociétés andines, ce sont les principes, et notamment celui qui veut que l’économie ne soit qu’une sphère de la vie sociale parmi d’autres ; n’ayant aucunement vocation à subordonner à ses fins les autres sphères.

Or l’économie doit se prêter à des finalités sociales supérieures comme les droits énoncés dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, ou la viabilité écologique et la conservation des systèmes vivants. Ce sont des impératifs qui doivent primer sur l’économie entendue comme système ayant pour but l’accroissement du capital en circulation. Dans les Andes, il y a des logiques différentes, à la fois de redistribution et de réciprocité hors marché, qui inscrivent les rapports économiques à l’intérieur des rapports sociaux : c’est ce que David Graeber appelle les « économies humaines ».

Il est donc possible de s’inspirer de ces pratiques, d’autant plus qu’elles trouvent aujourd’hui des traductions institutionnelles au Nord (et notamment en Europe), via l’Économie Sociale et Solidaire, dont les principes sont les mêmes que ceux qui régissent les économies de réciprocité. L’alternative au capitalisme, c’est l’Économie Sociale et Solidaire de transformation écologique, riche de multiples courants. La question de la socialisation des moyens de production est une condition nécessaire mais pas suffisante : il ne s’agit pas de substituer à un capitalisme de propriété privée un capitalisme d’État. Le point essentiel, dont dépend tout le reste, est de cesser de considérer que l’accumulation de capital prime sur toutes autres finalités sociales, en réinscrivant l’économie dans le social, et en élargissant la notion de « société » aux êtres autres qu’humains. Nous devons faire « société » avec la nature, et inscrire les activités humaines dans un réseau de collaborations inter-spécifiques, c’est-à-dire associant humains et non-humains, qui sont également nécessaires à la conservation des cycles naturels et à la reproduction de la vie.

LVSL : Comment articuler cette déglobalisation, qui passe nécessairement par un recentrement sur des échelles plus locales, avec les migrations climatiques ?

XRL : Les scénarios du GIEC laissent entendre qu’à plus ou moins brève échéance des zones vont devenir inhabitables. Cela concerne des centaines de millions de personnes qui vont être amenées à se déplacer. Nous avons les ressources spirituelles et matérielles pour les accueillir. Il nous appartient de nous organiser pour vivre en fraternité avec des peuples qui viennent chercher refuge chez nous. Ici, je rejoins les conclusions de Monique Chemillier-Gendreau ou d’Alain Policar, et plus généralement des rationalistes qui se réclament de la morale kantienne. Je pense qu’il nous faut être résolument kantiens dès lors qu’il s’agit des droits (la notion même n’a aucun sens à moins de la considérer comme un absolu moral). L’autre est un autre soi-même, et on ne peut pas vivre en dérogeant à ce principe impératif et catégorique, qui veut que l’autre doive être traité comme une fin en soi. Tout autre position nous réduit à l’état de choses, de produits consommables, et méconnaît notre humanité, par essence relationnelle. L’étranger qui se tient devant moi est lui aussi porteurs de droits imprescriptibles. Ce sont les mêmes qui m’ont valu d’être reconnu comme une personne. Les méconnaître chez lui, c’est aussi les méconnaître chez moi.

Il va falloir l’admettre et se battre pour que, le plus rapidement possible, on mette en place une stratégie de réduction des émissions pour retrouver progressivement des températures compatibles avec une distribution de la population sur la planète plus équilibrée. Il est évident que les pays au climat tempéré sont les plus susceptibles d’accueillir des populations chassées de la zone intertropicale en raison de températures trop élevées ou d’épisodes climatiques violents, devenus récurrents et trop fréquents.

LVSL : Dans votre dernier chapitre, « un monde d’exilés », on pourrait vous reprocher de faire de la « pensée magique ». À propos de la collapsologie, vous dites qu’il faudrait « proposer une autre eschatologie » basée sur la fraternité, le partage. De votre point de vue, qu’est-ce qui devrait être fait concrètement, sur le plan politique, pour préparer l’avenir ?

XRL: Je pense que la France devrait commencer par encourager les révolutions démocratiques présentes à travers le monde, car elles sont susceptibles de porter au pouvoir une jeunesse et un mouvement social totalement conscients du caractère imbriqué, articulé, des enjeux, dont les inégalités sociales ou climatiques fournissent le trait le plus saillant. Ce lien entre le capitalisme et toutes ces problématiques apparaît clairement aux yeux des opinions, autant dans les pays du Sud (que l’on songe aux révoltes au Chili, en Bolivie, en Haïti ou au Liban par exemple) que dans les pays du Nord (en France comme à Hong-Kong). Ces mouvements sociaux, d’un genre nouveau, apparaissent en réponse à des entraves ou « péages », excluant une partie de la population de la vie économique, mais ils sont en même temps conscients de la responsabilité du capitalisme dans l’ultra-extraction qui mène à la faillite mondiale. Il faut donc soutenir ces mouvements et encourager la formation de gouvernements susceptibles de passer avec la France des accords de partenariat de long terme. Ils devraient être hors marché et permettraient de garantir, de part et d’autre, l’approvisionnement des ressources nécessaires à la vie, autrement dit les ressources et les productions, vitales (dans le double sens de nécessaires à la vie et de bénéfiques aux écosystèmes) que chaque partenaire ne peut obtenir ou fabriquer par lui-même. Ils reposeraient aussi sur une ambition commune, celle de constituer des systèmes institutionnels permettant d’associer le peuple, seul souverain, à la gestion des biens communs et plus généralement à la transformation écologique de nos sociétés, que la crise actuelle (qui pourrait bien devenir terminale) enjoint de devenir plus solidaires.

Pour cela, il faut sortir d’une mondialisation régulée par le libre-échange et aller vers une mondialisation régulée par des politiques de résilience, des politiques du vivant et des systèmes de relocalisation reposant sur des moyens de protection coordonnés.

Cela, nous ne pourrons le faire qu’avec des pays qui partagent nos objectifs : ceux-là seront de plus en plus nombreux à l’avenir, notamment en Afrique où l’on a pris conscience du caractère fallacieux des politiques de développement, reposant sur l’illusion d’une croissance continue, alors que la consommation de ressources va nécessairement décroître. Tout cela relève d’une politique de partenariat de transformation écologique et sociale à laquelle la France pourrait contribuer en réformant son outil d’aide au développement (AFD), qui pourrait faire migrer tout son portefeuille de projets vers l’Économie Sociale et Solidaire de transformation écologique, afin de participer à l’effort collectif, mondial, visant à transformer la matrice économique afin de la rendre écologiquement et socialement viable.


Mugimendu klimatikoa kalera itzuliko da klimaren aldeko justizia eskatzeko
Argia
www.argia.eus/plaza/ekologistak-martxan/mugimendu-klimatikoa-kalera-itzuliko-da-klimaren-aldeko-justizia-eskatzeko

Irailaren 24an mobilizazioak egingo dituzte 16 hiritan Klimaren aldeko epaiketaren alde, erakunde ekologistek eta sozialek aurkeztutako gobernuaren aurkako auzia. Euskal Herrian mobilizazioak egingo dituzte Donostian, Bilbon eta Iruñean

Fridays for Future – Juventud por el Clima en España erakundeak bultzatutako protesta-mugimenduak Klimaren aldeko Ekintza Globalaren Eguna deitu du irailaren 24rako. Oraingo honetan, jardunaldiak klimaren larrialdiari aurre egiteko justizia eskatuko du, eta 48.000 atxikimendu baino gehiago dituen Klimaren Aldeko Epaiketari babesa emango dio; Auzitegi Gorenean hainbat erakundek Gobernuaren aurka aurkeztutako salaketa, hain zuzen ere.

Mobilizazioak Espainiako 16 udalerritan izango dira dagoeneko, eta berehalako neurriak eskatuko dituzte, neurri zehatzak eta anbizio handikoak, egungo krisi klimatikoari erantzuteko. Deialdia egin duten erakundeek azpimarratu dutenez, IPCCren txostenaren azken aurrerapenak argi erakusten du klima-aldaketak aurrera egiten duela, gero eta ondorio larriagoekin planeta osoan.

Fridays for Future – Juventud por el Clima (Klimaren aldeko Gazteria) erakundeak mobilizazio horren premia nabarmendu du: “IPCCren azken txostenaren arabera, hamarkada honetan egiten duguna erabakigarria izango da, eta funtsezkoa da herrialdeek beren ahaleginak ugaritzea”. “Krisi klimatikoa bidegabekeria globala da, eta horren ondorioak gutxien jasaten dituzten lurraldeak dira”, gaineratu dute. Horregatik, baliabide eta ondasun naturalen erabilera hain desberdina izanik, Espainia bezalako herrialdeek erantzukizun handiagoa dute biosfera globalaren narriaduraren eta suntsipenaren aurrean. Gure gobernuak saihestu ezin duen erantzukizun eta zor ekologikoa.

Kasu honek, gaur hemen biltzen gaituenak, ez du klimaz bakarrik hitz egiten”, azpimarratu du Serlinda Vigara de NovAct klimaren aldeko matxinada babesten duen plataformak, “Herritarrak dira, babes judizial eraginkorra izateko duten eskubidea baliatuz. Herritarrak dira, eta Auzitegi Gorena behartzen dute gure eskubideak babestera, beren lana egitera “.

Justizia borrokarako tresna gisa erabili dugu”, azaldu du Lorena Ruiz-Huerta Klimaren aldeko epaiketaren abokatuak. “Mobilizazio masiboek gobernuaren politikak aldatzen ez zituztela ikusita, laguntza eskatu diogu justiziari, Gobernuak nazioarteko konpromisoak bete ditzan. Aldaketa klimatikoaren aurkako borroka ezinbestekoa da egungo eta etorkizuneko belaunaldiek bizitza duina izateko duten oinarrizko eskubidea bermatzeko “. Honezkero, erakundeek uste dute ezinbestekoa dela Gobernuaren aurkako auzia hastea; izan ere, azken hamarkadetan ez du eguraldi-anbiziorik izan.

Espainia ez da horrelako kasu bat Auzitegi Gorenera eraman duen lehen estatua. Holandan, Frantzian eta Alemanian antzeko kasuak izan dira. “Badakigu hemen ere posible dela”, adierazi dute antolatzaileek.

El Clima-ren Epaiketarekin, justizia klimatikoaren aldeko garaipena lortzetik gertuago dago. Baina beharrezkoa da auzitegiek gizarte zibilaren ahotsa hurbilagotik entzutea. Horregatik, irailaren 24rako deia egiten da, historikoki salbuespenezkoa izan den une honetan, justizia klimatikoa aldarrikatzeko.

Ekologistak Martxan Euskal Herritik, irailaren 24an, Klimaren aldeko Ekintza deialdietan parte hartzera dei egiten dizuegu.

Donostian:

  • Kontzentrazioa 11:00etan Donostiako udaletxean.
  • 18:00etan Donostiako Udaletxetik abiatuko den manifestazioa.

Bilbon:

  • Kontzentrazioa 11:00etan Arriaga Plazan.
  • Moyua plazatik 18:30etan abiatuko den manifestazioa.

Iruñean:

  • Gaztelu plazan 18:30etan kontzentrazioa