La COP28 sera un « moment de vérité » pour l’industrie pétrolière et gazière, selon l’Agence internationale de l’énergie
Perrine Mouterde
www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/23/la-cop28-sera-un-moment-de-verite-pour-l-industrie-petroliere-et-gaziere-selon-l-agence-internationale-de-l-energie_6201848_3244.html
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Un rapport de l’AIE souligne que le secteur n’est, pour le moment, pas un « partenaire sérieux » dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans un rapport spécial, publié jeudi 23 novembre, l’organisation décrit ce que le secteur doit mettre en œuvre pour être en phase avec l’ambition de l’accord de Paris. En partant d’abord d’un constat : les entreprises pétrolières et gazières jouent aujourd’hui un rôle plus que marginal dans la transition énergétique. Un chiffre résume ce manque d’engagement : leurs investissements dans les énergies bas carbone ne représentent que 1 % des investissements totaux (1 800 milliards de dollars en 2023). Dans cette industrie comptant des milliers d’acteurs, quatre entreprises (Equinor, TotalEnergies, Shell et BP) regroupent à elles seules plus de 60 % de cette somme.
Les sept principales majors, c’est-à-dire les multinationales privées, détiennent moins de 13 % de la production et des réserves mondiales de pétrole et de gaz, alors que plus de la moitié de la production et près de 60 % des réserves est aux mains des compagnies nationales détenues par un Etat, telles que la saoudienne Saudi Aramco ou l’émiratie Adnoc.
Prévoir la baisse de la production
« Une grande partie de ces émissions peuvent être éliminées très facilement et à bas coût, mais nous ne voyons pas les choses avancer dans la bonne direction », estime Fatih Birol. Moins de la moitié des entreprises affichent aujourd’hui des objectifs de diminution, et pas dans les proportions suffisantes. Lors de la COP28, une coalition visant à renforcer la lutte contre les fuites de méthane pourrait être annoncée, tout comme des engagements de producteurs d’hydrocarbures sur la diminution des émissions liées à leurs activités.
Non au kérosène “vert” du projet BioTJet !
Bizi !
https://bizimugi.eu/non-au-kerosene-vert-du-projet-biotjet
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Ce jeudi 23 novembre, l’entreprise Elyse Energie présentait à une sélection d’industriels du Pays Basque son projet E-CHO, dont l’objectif affiché est la production en Béarn de molécules dites bas-carbone, le « e-méthanol » et le « e-biokérosène ». Bizi! met en garde contre ce mirage vert qui n’a rien de durable alors que d’autres voies existent pour diminuer l’impact écologique du secteur aérien.
Drôle de concertation que celle organisée par l’entreprise Elyse Energie à Bayonne ce jeudi 23 novembre. Dans le cadre de la concertation préalable du projet, l’entreprise organisait en effet un petit déjeuner pour « associer le plus grand nombre d’acteurs institutionnels, économiques et associatifs »1. Dans la réalité, l’événement se tient à huis clos, sur invitation, avec les industriels du territoire (port de Bayonne, aéroport de Biarritz ou Arkinova par exemple), mais, à notre connaissance, aucune association de défense de l’environnement n’a été invitée. Il s’agit pourtant du seul temps de la concertation préalable prévu en Pays Basque.
Une fuite en avant technologique
Le projet BioTJet est présenté comme une usine de « e-biokérosène », « un carburant d’aviation durable à destination du transport aérien » 2. Implanté en Béarn, il produirait dès 2028, 75 000 tonnes de e-biokérosène à partir de 400 000 tonnes de bois, d’hydrogène, d’oxygène, d’eau et d’électricité.
Pour Elouan Trichard, porte-parole de l’association Bizi, « Ce projet « bas-carbone » poursuit, au nom de l’impératif climatique, une fuite en avant technologique et dévasterait les écosystèmes par son impact sur les forêts, sur les ressources en eau et par ses besoins en électricité renouvelable. »
Couper les forêts… pour faire voler des avions
D’après les calculs de l’association Canopée, les forêts du Pays Basque et du Béarn ne sont pas en capacité de fournir la totalité du bois nécessaire à la production de kérosène, vu leur rythme de renouvellement3. De tels volumes pousseraient par ailleurs à une gestion productiviste des forêts, favorisant la monoculture au détriment d’écosystèmes riches, donc résilients, et d’une sylviculture raisonnée.
Le processus de production implique de plus une utilisation massive d’énergie renouvelable d’origine photovoltaïque. La production d’énergie renouvelable sur nos territoires est déjà un défi qui exige des réflexions poussées sur l’usage des terres, pour éviter une destruction massive de régions forestières ou de terres agricoles pour produire de l’électricité. Fidèle à la logique « sobriété, efficacité, renouvelables » proposée par l’association Negawatt, l’association Bizi ! considère que la production d’énergie renouvelable pour faire voler des avions est superflue.
L’avion vert est celui qui ne vole pas
Les alternatives à l’avion ne manquent pas, à condition de fixer une orientation politique claire en ce sens : tarification accessible pour les trajets en train, taxation du kérosène, déploiement des trains de nuit (4 lignes vont être relancées mi-décembre, dont la ligne Paris-Bayonne-Pau-Tarbes), voyager sur des durées plus longues, moins loin mais qualitativement…
Elouan Trichard conclut « Les fausses solutions comme celle de BioTJet ne font que déplacer le problème. Travaillons plutôt à diminuer le trafic aérien ! Arrêtons de penser que la technologie va nous sauver : l’avion vert est celui qui ne vole pas. Il est temps de repenser nos modes de vie en prenant en compte toutes les limites de la planète. »
(1) https://www.e-cho-concertation.fr/blog/1890/le-calendrier-des-rencontres
(2) https://www.e-cho-concertation.fr/
(3) Canopée, Enquête sur le système Alliance Forêts Bois, p86-87 <https://www.canopee.ong/wp-content/uploads/2023/10/canopee-enquete-afb-oct-2023.pdf>
Un nouvel outil au service du Pays Basque : Eraiki
Gogoeta
www.enbata.info/articles/un-nouvel-outil-au-service-du-pays-basque-eraiki
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Un instrument supplémentaire au service de la construction du Pays Basque a vu le jour ce mois de juillet 2023 en Iparralde : le fonds de dotation Eraiki. Enbata s’est entretenu avec deux de ses représentants, Ainize Butron et Txetx Etcheverry, pour en savoir plus sur les objectifs et l’utilité concrète de ce nouvel outil.
Quelle est la vocation spécifique du fonds de dotation Eraiki ?
Ainize : Elle est présentée dans le préambule même des statuts de ce fonds (lire ci-dessous). Eraiki est là pour « sécuriser le patrimoine foncier et immobilier » des associations et diverses structures travaillant pour répondre aux défis auxquels est confronté le Pays Basque. Ce fonds de dotation veut garantir que ce patrimoine reste durablement au service de l’intérêt général, du mouvement, sans visée lucrative. Eraiki vise aussi à collecter des fonds et les redistribuer au service des associations et des projets qui correspondent aux mêmes objectifs et valeurs globales.
Txetx : En outre, de par sa nature même de fonds de dotation, Eraiki est habilité pour recevoir toutes sortes de legs (universel, à titre universel, particulier), legs avec charge, donations ou transmissions d’assurance- vie qui seront mis au service exclusif de ces associations et missions diverses. Eraiki s’appuie sur des spécialistes en droit des successions, en régime fiscal des associations, en montages juridiques ou économiques, en droit de l’immobilier, qui doivent permettre d’étudier chaque situation particulière et de proposer les solutions les plus adaptées pour ceux qui donnent et ceux qui reçoivent.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets de ce que cela permettra ?
Ainize : Eh bien par exemple, de nombreux locaux ont été acquis au cours des dernières décennies par le mouvement et différentes associations. Bien souvent, ils l’ont été par le biais de SCI (sociétés civiles immobilières) composées de militantes et de militants de confiance, dont on savait qu’ils maintiendraient ces biens au service de l’intérêt général, sans vouloir en tirer un profit personnel. Mais, il y avait un angle mort dans cette manière de procéder : s’il arrive quelque chose à l’un d’entre eux, problèmes et complications peuvent apparaître avec leurs ayants droit, qui seraient juridiquement fondés à revendiquer comme biens personnels ce patrimoine immobilier.
Une des premières opérations va donc consister à transférer les biens détenus par ces SCI au nouveau fonds de dotation, afin de garantir à jamais le caractère de bien commun de ces locaux et biens immobiliers.
Txetx : Dès aujourd’hui, ce fonds doit permettre de recevoir un premier legs voulu par une famille du Pays Basque nord, qui jusque-là ne savait pas comment procéder. Celle-ci voulait absolument que sa maison et les terrains l’entourant puissent devenir « un lieu pérenne pour le mouvement abertzale, qui permette d’organiser, entre autres, un centre de formation, un lieu de travail et de réunions, et d’activités culturelles ». Eraiki permettra au legs de se faire selon les volontés de la famille qui veut mettre pour toujours ce domaine à l’abri des promoteurs immobiliers, en garantissant sur le très long terme le respect absolu de ce voeu. En plus de cela, Eraiki accompagnera l’aménagement et la gestion de la maison en véritable centre de réunions et de formations, pouvant accueillir des groupes et proposer les activités.
En Palestine, « l’écologie n’est pas séparée de la résistance »
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistanceier
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Jardins communautaires, coopératives… En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne Stéphanie Latte Abdallah.
Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le conflit armé. Elle rappelle le lien entre colonisation et destruction de l’environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même lutte contre l’effacement et la disparition.
Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).
Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à Gaza et en Cisjordanie ?
Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. Israël les prive de tout moyens de subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’eau, à l’électricité ou à la nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.
En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’assiègement. Des cultures vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?
Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des destructions, le nombre de morts et l’effet de sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la terre brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par Gadi Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la doctrine Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre cibles civiles et cibles militaires et ignore délibérément le principe de proportionnalité de la force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un choc psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un cycle de violence.
Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?
La Palestine est un vivier d’innovations politiques et écologiques, un lieu de créativité sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une troisième voie.
Depuis le début des années 2000, la société civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des marches et des manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’accès aux ressources. Plus récemment, s’est développée une économie alternative, dite de résistance, avec la création de fermes, parfois communautaires, et un renouveau des coopératives.
L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du néolibéralisme, de l’occupation et de la dépendance à l’aide internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’autonomie et de parvenir à des formes de souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des fermes agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des banques de semences locales créées, des modes d’échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« intifada verte ».
Tout est né d’une prise de conscience. Les territoires palestiniens sont un marché captif pour l’économie israélienne. Il y a très peu de production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la production agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.
Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le boycott des taxes et des produits israéliens, les grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des jardins communautaires, appelés « les jardins de la victoire » avait été créés. Ce soulèvement, d’abord conçu comme une guerre économique, entendait alors se réapproprier les ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Comment définiriez-vous l’écologie palestinienne ?
C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une écologie existentielle. Le retour à la terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les engrais et les produits chimiques proviennent des multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.
Les Palestiniens renouent avec une forme d’agriculture économe, ancrée dans des savoir-faire ancestraux, une agriculture locale et paysanne (baladi) et baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’eau pousse à développer cette méthode sans irrigation et avec des semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’agriculture vivrière.
La révolution verte productiviste avec ses monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’économie palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « cellules territoriales ». Le territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des blocus et développer l’autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de paysage palestinien.
À Gaza, on voit poindre une économie circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de débrouille et d’inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat.
On utilise des modes de production agricole innovants, en hydroponie ou bien à la verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des panneaux solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.
Est-ce qu’on peut parler d’écocide en ce moment ?
Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’inégalités environnementales avec la captation des ressources naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le greenwashing des autorités. À Gaza, des pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des oliveraies et des orangeraies ont été arrachées. Partout, les sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de bombes, dont certaines au phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines nuisances environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.
Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « résistances multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] Donna Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’écologisme existentiel en Palestine.
Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?
Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des utopies qui tentent de vivre en pleine dystopie.
Jaurlaritzak orain dio AHT Bilbora 2033an iritsiko dela
Izaro Villarreal Lauroba
www.argia.eus/albistea/abiadura-handiko-trena-2033an-iritsiko-da-bilbora
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226,52 milioiko aurrekontuarekin, Eusko Jaurlaritza arduratuko da Abiadura Handiko Trenaren Bilboko sarrerako eraikuntza proiektua idazteaz.
2019. urtean Eusko Jaurlaritzak aurreikusi zuen 2023rako Abiadura Handiko Trenaren (AHT) obrak amaituta egongo zirela eta 2024an jarriko zela martxan. Baina etengabe luzatu dira epeok. Gobernu Kontseiluak astearte honetan baimendu du Espainiako Trenbide Azpiegituren Aministratzailearekin (Adif) adostutako hitzarmena, eta Jaurlaritzaren esku egongo da Basauri eta Abandoko geltokira arteko tren zatiaren proiektua idaztea, baita zati bereko lanak egitea eta zuzentzea ere. 2026an hasiko dira obrak eta 2033rako amaituko direla aurreikusten du Jaurlaritzak.
6,2 kilometroko tunel bat izango da, dagoeneko amaituta dagoen Galdakao-Basauri zatia eta Bizkaiko hiriburuko geltokia lotuko dituena. 226,52 milioiko aurrekontuarekin gauzatuko da. AHTren geltoki berria egungoaren azpian egin nahi dute, baina hori ere garapen-fasean dagoen beste proiektu baten parte da, eta Idom ingeniaritzari dagokio.
Iñaki Arriola EAEko Garraio Sailburuak adierazi du “pausoz pauso” joango direla eta garrantzia handia emango zaio lehendabizi Adifekin akordioa formalizatzeari. Sailburuaren esanetan, bi urteko beharko dituzte proiektua idazteko eta Jaurlaritzak espero du 2026. urtean ekitea eraikuntzari. Bukatu bitartean, 2027rako Euskal Y-a jar dezaketela uste du Arriolak, behin-behineko geltokiak eraikiz Basaurin eta Gasteizen.
Gipuzkoako zatia
Eusko Jaurlaritzak gogoratu du dagoeneko amaituta daudela lan gehienak Bergara eta Donostia arteko Gizpukoako zatian, eta Hernani eta Astigarraga artekoaz gain, Donostiako geltoki berria eraikitzea ere falta dela. Arriolak dio bi ora horiek 2024an eta 2025ean amaituko direla, hurrenez hurren.