Cadeau du gouvernement aux secteurs polluants : 25 milliards d’euros
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/Cadeau-du-gouvernement-aux-secteurs-polluants-25-milliards-d-euros
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Le Réseau Action Climat a analysé le projet de loi de finances et révèle que 25 milliards d’euros seront utilisés par l’État en 2022 pour soutenir des secteurs polluants tels que l’aviation ou la construction.
« Nous sommes encore bien loin de la suppression totale des subventions climaticides. » Tel est le constat dressé par une étude du Réseau Action Climat (RAC), publiée aujourd’hui, jeudi 21 octobre. Alors que le projet de loi de finances est en cours d’examen à l’Assemblée nationale, l’association écologiste a calculé que les dépenses publiques néfastes au climat et à l’environnement représentent 25 milliards d’euros pour l’année 2022. Un chiffre d’autant plus considérable qu’il ne prend en compte ni les milliards d’euros accordés aux entreprises sans aucune conditionnalité climatique ni les garanties de l’État pour des projets d’hydrocarbures à l’étranger.
Pour le RAC, il est temps de « secouer le statu quo ». La diminution de ces dépenses est « un chantier essentiel » : « Supprimer un milliard d’euros d’aides néfastes pour le climat peut souvent être plus impactant qu’ajouter un milliard d’euros pour financer des solutions. »
Dans la ligne de mire de l’association : les nombreuses niches fiscales, des exonérations d’impôts, des réductions de TVA. Elle juge « tiède » le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron. En cinq ans, ces dépenses sont, en effet, restées à peu près identiques. Une situation en complète contradiction avec les engagements internationaux de la France.
En 2010, dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique à Aichi (Japon), la France s’était engagée aux côtés d’autres États à mettre fin aux subventions néfastes pour la biodiversité d’ici 2020 au plus tard. En 2016, les pays du G7 s’étaient dits « déterminés à éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles » d’ici 2025.
« La suppression de ces aides devra représenter un fil rouge du quinquennat à venir »
« On devrait avancer très rapidement sur ce sujet mais ce n’est pas le cas, déplore Meike Fink, responsable transition écologique au RAC. Avec la crise économique, le gouvernement a mis un voile sur ce type de dépense. Il y a eu très peu de débats, les enjeux ont été évacués. » La suppression de ces aides devra représenter « un fil rouge du quinquennat à venir », dit-elle à Reporterre.
Dans son rapport, le RAC a identifié onze mesures néfastes pour le climat. Celle qui coûte le plus cher est l’exonération de taxation du kérosène, le carburant utilisé pour le moteur des avions. En 2022, cette aide coûtera 3,6 milliards d’euros. Vient, ensuite, la différence de taxation du diesel et de l’essence (3,5 milliards), l’exclusion des départements d’outre-mer du champ d’application de la taxe intérieure de consommation applicable aux carburants (1,7 milliard), le tarif réduit pour le gazole non routier pour le secteur agricole (1,2 milliard) et le remboursement du gazole utilisé par les poids lourds (1,3 milliard).
Au-delà des questions climatiques, des dépenses publiques participent aussi à la perte de la biodiversité, prévient le RAC, notamment en renforçant l’artificialisation des sols. Il s’agit principalement d’abattages fiscaux qui promeuvent la construction de logements neufs et facilitent le bétonnage d’espaces naturels et agricoles au profit d’activités commerciales et industrielles. Au total, ces dépenses représentent plus de 900 millions d’euros.
Maintenir le statu quo est intenable
Au cours de son mandat, le gouvernement n’a pas pris la mesure de l’enjeu. Du moins, il s’est arrêté au milieu du gué. Il a procrastiné. En 2019, le gouvernement avait déclaré vouloir supprimer la subvention du gazole non routier, hors agriculture, d’ici 2021 mais il a préféré reporter la mesure à 2023, soit après la fin du quinquennat. Dans la loi Climat figure aussi le principe d’une suppression des avantages fiscaux sur le gazole utilisé par les poids lourds… sans précision sur le calendrier. Enfin, la discussion sur l’exonération de taxation du kérosène s’est résumée à une écocontribution sur les billets d’avion, jugée largement insuffisante par les ONG et les députés écologistes.
Meike Fink rappelle que cette timidité politique pourrait avoir des conséquences judiciaires : « Dans le cadre de l’Affaire du siècle, le tribunal administratif de Paris vient d’exiger du gouvernement de réparer le « préjudice écologique » causé par le non-respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Continuer à dépenser des milliards pour des activités néfastes pour le climat serait en contradiction avec cette obligation. »
Le RAC demande dès maintenant la publication d’un plan d’action national de sortie de ces dépenses. Pour plus de cohérence, il invite à mieux prendre en compte les enjeux de justice sociale. « Il faut une stratégie concertée qui accompagne les trajectoires de suppression avec des redistributions fiscales et des investissements dans des alternatives accessibles notamment aux publics affectés, écrivent les auteurs du rapport. Maintenir le statu quo des dépenses néfastes ne permet dans tous les cas ni de protéger durablement les ménages, territoires et secteurs ni de mettre fin à des situations de précarité. »
Qui paiera pour sauver la planète ?
Eric Albert
www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/19/changement-climatique-qui-paiera-pour-sauver-la-planete_6098923_3234.html
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Alors que la COP26, la conférence sur le climat, s’ouvre le 31 octobre, à Glasgow, en Ecosse, le monde n’est pas en chemin pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. En cause, les énormes investissements nécessaires.
La bonne nouvelle d’abord : limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est possible. « Les solutions sont disponibles, et beaucoup d’entre elles sont peu chères », notait l’Agence internationale de l’énergie (AIE) mercredi 13 octobre. La mauvaise nouvelle, connue de tous, est que le monde n’est absolument pas en chemin pour y arriver. Pour rester à 1,5 °C, l’humanité peut encore émettre en tout et pour tout 325 gigatonnes de CO2. Au rythme actuel, ce « budget carbone » sera épuisé dans huit ans. Pour 2 °C de réchauffement, il tiendra environ vingt-cinq ans. Et c’est tout. Au-delà, chaque émission supplémentaire signifie un réchauffement plus virulent. Le grand écart entre le scénario espéré, pour lequel se sont engagés les pays du monde entier lors de l’accord de Paris en 2015, et la réalité s’explique en grande partie par un problème : l’économie. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, comme le promet notamment l’Union européenne (UE), il faut changer le système électrique, éteindre les centrales à charbon, mettre fin aux véhicules à essence, mieux isoler les logements, remplacer les chauffages par des pompes à chaleur, inventer de nouveaux processus industriels pour l’acier et le ciment… Le chantier est gigantesque et coûteux. Alors que la COP26 débute le 1er novembre, Le Monde tente de répondre à deux questions de base : comment financer la transition écologique ? Et qui paie ? Commençons par rencontrer un « optimiste » – c’est lui qui le dit. « Je pense qu’il y a 30 % de chances de limiter le réchauffement à 1,5 °C », estime Adair Turner, dans un grand sourire. Le Britannique a été, entre 2008 et 2012, le président du Committee on Climate Change, l’organisme étatique qui conseille le gouvernement britannique sur sa stratégie climatique. Il a aujourd’hui monté un cercle de réflexion, l’Energy Transitions Commission, qui cherche à déterminer les scénarios les plus crédibles pour atteindre la neutralité carbone à travers le monde. Sa conclusion : « La transition climatique d’ici à 2050 aura un impact nul sur le niveau de vie ou le PIB par habitant. » En clair, économiquement, les gens ne souffriraient pas de cette transition. « Mais ça ne veut pas dire que la transition n’a pas de coût », corrige-t-il immédiatement.
« VERDIR » LA PRODUCTION ÉLECTRIQUE
Explication. Son scénario − il en existe des dizaines relativement similaires − consiste à suivre les étapes suivantes. Il faut d’abord « verdir » la production électrique, avec de l’éolien et du solaire (et dans son cas, du nucléaire) ; ensuite, il faut « électrifier » l’économie : les voitures deviennent électriques, le chauffage électrique est généralisé, la production d’acier se met à fonctionner avec des fours à arc électrique… Initialement, cette transformation coûte très cher. Mais à terme, elle produit des économies. L’exemple typique est la voiture électrique, qui est plus coûteuse à l’achat mais plus économique à l’utilisation. La même chose est vraie de la production électrique : une fois installé, une éolienne ou un panneau solaire est très économique à faire fonctionner.
Pour mettre en oeuvre la transition climatique, la planète fait donc face à un véritable mur d’investissements avant d’espérer en tirer les bénéfices. Rien que pour le secteur de l’énergie, l’AIE estime qu’il faut 4 000 milliards de dollars (3450 milliards d’euros) d’investissement par an d’ici à 2030. C’est plus du triple de ce qui est actuellement injecté dans les énergies vertes. Suivant les estimations et les régions, les économistes s’entendent sur le même ordre de grandeur : il faut 2 % à 3 % de produit intérieur brut (PIB) supplémentaires consacrés à l’investissement. En comparaison, entre 2010 et 2019, l’investissement mondial – tous secteurs compris – s’élevait en moyenne à 24,3 % du PIB. Deux à trois points supplémentaires, ce n’est donc pas insurmontable, mais c’est « loin d’être négligeable macro-économiquement », note l’économiste Jean Pisani-Ferry, auteur d’une récente note sur la transition climatique pour le Peterson Institute for International Economics. Cette hausse de l’investissement mondial signifie mécaniquement une réallocation des flux financiers vers moins de consommation. M. Turner l’illustre avec un exemple : « Pour un ménage, investir dans une pompe à chaleur coûte autour de 15 000 euros. Pour celui-ci, cela va forcément dire un peu moins de sorties au restaurant, de départs en vacances ou de loisirs. » La même chose s’applique au niveau macroéconomique. En clair, même dans cette vision « optimiste » d’un coût net nul à l’horizon de 2050, la transition provoquerait d’abord une baisse du pouvoir d’achat pendant les quinze prochaines années, avant que les gains ne se fassent sentir. Selon M. Pisani-Ferry, l’ordre de grandeur du choc de la transition climatique serait proche de celui… du choc pétrolier de 1974. Pour faire ce calcul, il reprend les travaux des économistes Nicholas Stern et Joseph Stiglitz, qui estiment que pour limiter le réchauffement à 2 °C, le CO2 à travers le monde devrait valoir entre 50 et 100 dollars la tonne d’ici à 2030. Sachant que l’humanité émet actuellement 36 gigatonnes de CO2 par an, et que celui-ci coûte seulement 10 dollars la tonne en moyenne (cela varie fortement suivant les régions et les secteurs), cela correspondrait à un choc de 3,7 % du PIB (en mettant le CO2 à 100 dollars). « En comparaison, le choc pétrolier de 1974 (…) était de 3,6 % de PIB », rappelle M. Pisani-Ferry. Certes, l’économie mondiale s’est remise du choc pétrolier, preuve que l’obstacle n’est pas insurmontable, mais les bouleversements qui en ont découlé ont été énormes.
FAIRE PAYER LES ÉMISSIONS
La transition climatique provoquerait le même profond changement d’organisation de l’économie. Comme les mines de charbon de l’Occident qui ont autrefois fermé, des secteurs entiers vont disparaître et seront remplacés par d’autres. Avec de vastes défis pour accompagner socialement les populations qui perdront leurs emplois. « Il y a 1 200 techniciens spécialisés dans les pompes à chaleur au Royaume-Uni et 130 000 spécialisés dans les chaudières à gaz », note Rebecca Heaton, d’OVO Energy, un fournisseur d’électricité britannique. Il faudra inverser le ratio. En décortiquant précisément soixante-quinze secteurs, le cabinet de consultants McKinsey a calculé à 1 000 milliards d’euros par an les investissements nécessaires pour une transition vers la neutralité carbone en 2050 pour la seule UE. « Il s’agit de 800 milliards qui sont déjà investis dans des actifs et des technologies à forte intensité carbone, mais qui doivent être redirigés vers d’autres activités décarbonées, et d’un effort de 180 milliards supplémentaires », précise Sébastien Léger, l’un des coauteurs du rapport. Qui paiera ? Le secteur privé ? En partie seulement, répond McKinsey. Selon le cabinet, seuls 39 % des investissements nécessaires sont actuellement rentables. Mais si la tonne de CO2 valait 100 euros, et que ce prix était appliqué à l’ensemble de l’économie, les trois quarts d’entre eux deviendraient rentables. La conclusion est sans appel : pour avoir un espoir de réussir la transition, il faut faire payer les émissions de gaz à effet de serre. L’UE le fait déjà partiellement, mais uniquement dans le secteur de la production d’énergie, des industries lourdes et des vols aériens intérieurs. Il faut élargir cette action à tous les domaines. « On peut réussir à concilier économie et climat, mais le rôle des gouvernements et de la planification est extrêmement important », conclut M. Léger. « Il faut des politiques publiques déterminées », renchérit M. Turner. C’est vrai pour le prix du CO2, les normes environnementales ou encore les dépenses publiques… La COP26 est en ce sens très importante pour envoyer un signal clair aux investisseurs.
FROIDE LOGIQUE ÉCONOMIQUE
Cet exemple décortiqué par McKinsey se limite pourtant à l’Union européenne, qui ne représente que 8 % des émissions de gaz à effet de serre.
Pour éviter un réchauffement incontrôlé, la Chine (27 % des émissions) est l’acteur incontournable. Cela nécessite un système de solidarité des pays riches (responsables de l’essentiel des émissions depuis la révolution industrielle) vers les émergents. Un exemple donne la mesure de la tâche financière. Les centrales au charbon émettent 20 % des gaz à effet de serre à travers la planète. Les éteindre est une priorité absolue. Mais comment ? Actuellement, la grande majorité d’entre elles se trouvent en Asie, où leur âge moyen est de 13 ans. Il leur reste des décennies de fonctionnement : les maintenir en activité coûte très peu cher tandis que les arrêter nécessite des compensations et des investissements pour les remplacer avec des énergies renouvelables. « La seule solution est que l’Occident paie la Chine pour qu’elle ferme ses centrales à charbon ; mais vous imaginez comment cela va être reçu politiquement ? », souligne James Dixon, du cabinet Oxford Economics. Enfin, tous ces scénarios relèvent de la version optimiste, celle de la fameuse « croissance verte », avec un « coût net » de zéro à horizon 2050. « C’est une bien jolie histoire, mais est-ce que c’est vrai ? », réplique M. Dixon. Lui a fait tourner les modèles fournis par le projet Advance, un réseau d’une quinzaine de centres de recherche qui ne dépendent pas du secteur privé (contrairement au centre de réflexion de M. Turner ou à McKinsey). Sa conclusion : limiter le réchauffement à 1,5 °C réduirait le PIB mondial de 3 % en 2030, et de 2 % en 2050. Certes, en regardant très loin, à l’horizon 2100, un réchauffement catastrophique de 4 °C ou 5 °C finirait par provoquer une violente chute économique dans la seconde moitié du siècle. Mais c’est si loin. Les dirigeants actuels, notamment aux Etats-Unis et en Chine, sont-ils prêts à une forte réduction du pouvoir d’achat dans la décennie à venir en échange d’une amélioration après leur mort ? « La conclusion probable est que le monde ne suivra pas le scénario d’un réchauffement limité à 1,5 °C », estime M. Dixon. Il est le premier à penser que le PIB n’est pas la bonne mesure dans ce débat. Les événements climatiques extrêmes, les vagues de réfugiés que cela peut provoquer, l’effondrement de la biodiversité ou l’augmentation des morts à cause des canicules nécessitent d’agir. Mais la froide logique économique va dans le sens inverse. Ce n’est pas une surprise, relève M. Pisani-Ferry : « Fondamentalement, la décarbonation revient à mettre un prix à une ressource qui était gratuite », en l’occurrence la production de CO2. Difficile dans ce contexte d’imaginer que la croissance sera la même. Il ne s’agit peut-être pas de « décroissance », mais au moins d’une croissance réduite. A moins, bien sûr, de ne pas limiter les émissions de gaz à effet de serre, au risque de conséquences climatiques catastrophiques.
Climat : les 12 excuses de l’inaction, et comment y répondre (1/2)
Bon Pote
https://bonpote.com/climat-les-12-excuses-de-linaction-et-comment-y-repondre
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Nous ne pouvons que nous réjouir d’avoir (presque) convaincu les climatosceptiques. Mis à part quelques brebis galeuses, plus personne ne nie les effets de l’activité de l’Homme sur le changement climatique. En revanche, la partie la plus difficile arrive : changer. Changer nécessite d’agir, de savoir quand, et comment. Changer n’arrange pas certaines personnes, comme ces lobbys qui dépensent des millions pour continuer leurs activités très lucratives qui détruisent la planète.
C’est ainsi qu’un papier de l’université de Cambridge a mis en exergue les 12 discours retardant l’action climatique, perçus comme les 12 excuses habituelles qui justifient l’inaction climatique. En d’autres termes, oui, le changement climatique est un problème, mais il y a toujours une bonne excuse pour ne rien faire. Cet article doit donc permettre d’identifier un discours de climate delay et d’être ensuite capable de le réfuter.
Quelques points avant de passer en revue ces 12 excuses : il est nécessaire de s’attacher aux faits et de laisser (le plus possible) de côté les émotions. A titre d’exemple, le débat du nucléaire est par exemple beaucoup trop irrationnel en France et il n’y a au final que des perdants : les français. Ensuite, la symbolique est importante. Un petit changement peut au final avoir un impact énorme. Je fais bien sûr référence au point de bascule, que j’évoquerai à plusieurs reprises en réponse ci-dessous.
PS : exceptionnellement, je mettrai à jour cet article, avec les meilleurs arguments (sourcés) que je lirai en réponses. Il me paraît très important que les lecteurs disposent des meilleurs arguments pour réfuter les vendeurs de tapis de croissance verte et autres transhumanistes.
LISTE DES 12 EXCUSES ET COMMENT Y RÉPONDRE
L’abandon
Excuse 1 : Doomisme – Catastrophisme
Argument : ‘C’est trop tard, ça sera jamais assez.’
Réponse : Même si ce discours d’effondrement a beaucoup d’écho, à l’instar d’Yves Cochet en France par exemple, il est faux. Faux de dire que nous sommes déjà condamnés. Faux de dire que des milliards d’individus vont mourir. Pourquoi ? Parce que le GIEC le dit : nous avons encore le temps de faire les changements nécessaires pour vivre dans un monde soutenable. Valérie Masson Delmotte l’a répété lors de son discours devant la Convention Citoyenne pour le climat : chaque mois compte. Mais cela ne veut en aucun cas dire que ‘c’est trop tard‘. C’est avant tout un problème d’inertie politique et sociétale (une transition abrupte aurait évidemment des conséquences), avant d’être un problème d’inertie physique.
Il est bien sûr trop tard pour empêcher qu’il y ait des dégâts (sociaux, environnementaux..). Mais rien ne sert d’avoir un discours qui exagère ce que la science nous dit sur le climat (même si cela fait vendre…). Ainsi, évitons le doomisme, ce comportement qui consiste à regarder sa cuisine s’enflammer et dire ‘on peut rien faire c’est foutu’ pendant que le feu se propage aux autres pièces.
Enfin, il n’y a pas de deadline. Oui, c’était mieux d’agir il y a 20 ou 30 ans. Mais ce n’est pas parce que nous n’avons pas agi en 2025 ni même en 2030 que tout est foutu. L’idée, c’est que plus nous agissons tard, plus cela sera catastrophique (avec de belles boucles de rétroactions qui viendront aider cela).
Excuse 2 : le changement est impossible
Argument : ‘Toute mesure prise pour réduire l’impact CO2 serait contre nature, les gens ne voudront jamais changer’. ‘En démocratie, ça ne passera jamais’
Réponse : Il est faux de dire que c’est dans la nature humaine de détruire son environnement. Très souvent, Sébastien Bohler est cité à tort et à travers avec son livre Le bug humain. Comme précisé dans cet article qui réfute complètement la thèse de S. Bohler, c’est oublier que des peuples ont vécu des siècles sans détruire leur environnement (comme nous le faisons actuellement). Ce discours est extrêmement dangereux car il reviendrait à dire ‘c’est pas de ma faute, on est fait comme ça‘ ! Et bien non. C’est faux Sébastien.
Concernant l’argument de la démocratie. Même si notre démocratie est imparfaite, nous avons bien vu avec la Convention Citoyenne pour le Climat que des individus non experts pouvaient monter en compétences sur le sujet et proposer. En Chine, au Vénézuela, je ne suis pas sûr que cette convention aurait vu le jour ! Alors oui, tout n’est pas parfait, mais le changement est tout de même possible.
Aussi, la démocratie peut être plus efficace au niveau local qu’au niveau national (voire international…). Les changements s’opéreront bien plus vite dans votre ville de 20000 habitants avec un maire courageux qu’avec un président menteur et un premier ministre qui pense que ‘biodiversité’ est un groupe de rock des années 70.
Enfin, en démocratie, plus que dans tout autre modèle politique, vous êtes libres d’agir et de prendre des initiatives. De manifester votre désaccord. A ma connaissance, je n’ai pas vu Greta critiquer l’inaction contre le changement climatique du président chinois sur la place Tian’anmen.
Redirection de la responsabilité
Excuse 3 : l’individualisme
Argument : ‘La responsabilité incombe à quelqu’un d’autre’. ‘Le changement viendra uniquement des individus’.
Réponse : There is no such thing as society. Merci Margaret, mais non merci. On ne peut pas demander uniquement aux individus de résoudre un problème systémique.
Ce sujet a déjà été évoqué dans la responsabilité des émissions de Total. Qui est responsable des émissions : Total, ou celui qui roule toute la nuit avec l’essence ? Si nous prenons en compte le scope 3 du Greenhouse Gas Protocol pour que les organisations puissent calculer leurs GES, le responsable est bien Total, et non le citoyen. Vous pourriez également souligner que la présence de 30000 lobbyistes représentants d’intérêt qui gravitent à Bruxelles n’est pas un hasard (tout comme les milliards investis en communication pour pousser les individus à la consommation).
Si nous devions nuancer, bien sûr que le citoyen a son rôle à jouer. Il peut voter avec son argent, boycotter certaines entreprises, faire sa part comme nous l’indique Carbone 4. Mais il ne faut surtout pas oublier que la majorité du poids de la responsabilité est bien du côté des politiques et des entreprises.
Excuse 4 : Whataboutisme
Argument : ‘Ouais mais la France c’est que 1% des émissions, alors que les chinois, hein ! Faudrait peut-être que eux ils commencent, après on verra’
Réponse : C’est l’argument le plus fréquent. Nous connaissons tous quelqu’un qui essaye toujours de trouver cette excuse pour ne rien changer. C’est surtout tristement la réponse classique du type qui ne fait pas la différence entre inventaire national et empreinte carbone. Souvent, c’est le type qui accuse les chinois de polluer, sans comprendre que les chinois polluent en fabriquant des produits de consommation… Qu’il consommera. Le Haut Conseil pour le Climat l’a d’ailleurs mis en lumière lors de son dernier rapport sur l’empreinte carbone de la France.
Vous l’entendrez aussi très souvent dans le secteur de l’aviation : ‘ouais mais l’avion c’est que que 3% des émissions alors que t’as vu la voiture et le transport maritime ?’
Mais…. TOUT LE MONDE doit se remettre en question. Vu les baisses d’émissions de CO2eq que nous devons réaliser chaque année, 1%, c’est énormissime. Il n’y aura pas de petits profits. Toute baisse d’émissions est bonne à prendre. Ce n’est pas parce que l’autre pollue plus que toi que tu ne dois pas faire d’efforts. Si je devais attendre que l’américain ait une empreinte carbone de 2T CO2eq/an pour changer, je pourrais attendre longtemps.
Enfin, non seulement l’exemplarité est très certainement le meilleur vecteur pour aboutir à des changements, mais un point de bascule peut tout à fait provenir d’un changement mineur. Inutile de rappeler que d’un point de vue éthique, que vous soyez chinois, brésilien ou français, tout le monde devrait adapter son mode vie pour qu’il soit soutenable (remarque valable pour l’employé de bureau, mais aussi pour Joaquin Phoenix et Madonna…). Enfin, le CO2 n’a pas frontière. Ce que vous émettez peut avoir des conséquences très graves ailleurs : c’est ce qu’on appelle entre autres l’injustice climatique.
Excuse 5 : le Free-Rider
Argument : ‘Si nous baissons en premier nos émissions, d’autres pays vont profiter de nous’. Donald Trump, sur les Accords de Paris
Réponse : La situation sera catastrophique si nous ne la préparons pas. Beaucoup de politiques d’adaptation sont doublement bénéfiques puisqu’elles nous rendent plus résilients ET diminuent nos émissions de GES. A cet effet, le Sénat a sorti un rapport en 2019, avec deux phrases qui répondent à l’excuse du Free-Rider :
“Si atténuation et adaptation sont aujourd’hui considérées comme complémentaires, on constate cependant, dans les esprits et dans les pratiques, que les politiques d’adaptation souffrent encore d’un déficit persistant de reconnaissance et de légitimité.”
“C’est trop souvent à travers le seul prisme de l’atténuation des émissions de GES, c’est-à-dire sous un angle préventif, que les acteurs envisagent les enjeux climatiques.“
Si nous ne prenons pas les devants pour se préparer au changement climatique , nous en paierons très cher les conséquences. C’est ce que rappelle le dernier rapport de l’IPBES sur la biodiversité et les pandémies. A l’instar de la Covid-19, nous avons un aperçu de l’effet dévastateur d’une pandémie sur nos santés, nos économies et notre stabilité sociale. Aujourd’hui, ce sont les mêmes activités humaines qui provoquent :
- effondrement de la biodiversité
- changement climatique
- augmentation du risque de PANDEMIE
Malheureusement, ce lien n’a pas été évoqué une seule fois par le gouvernement depuis le début de la crise en mars 2020. Que cela soit d’ailleurs par ignorance ou simple intérêt électoraliste.
Par ailleurs, le dernier rapport du GIEC 1.5 confirme qu’il y aura des co-avantages à s’adapter.
Enfin, le coût des conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1.5°C sera supérieur au coût qu’il aurait fallu mettre en œuvre pour ne pas dépasser ces 1.5°C. Nous avons intérêt, même d’un point de vue économique, à rapidement nous adapter.
“Pas besoin d’un changement radical”
Excuse 6 : l’optimisme technologique
Argument : ‘La technologie va nous sauver ! L’avion Zéro carbone sera là en 2035 ! La fusion arrive bientôt !
Réponse : Après le whataboutisme, c’est l’excuse la plus répandue. Non, ne changez rien à votre mode de vie, une backstop technology va arriver et tous nous sauver. Non seulement c’est un pari extrêmement risqué, mais pour l’instant, nous n’avons pas l’ombre d’un iota qui prouverait qu’il est possible qu’une énergie propre remplace toutes les énergies existantes. L’avion Zéro Carbone en 2035, tant vanté par Elisabeth Borne, est une connerie sans nom et réfutée par nombre d’ingénieurs spécialisés. Concernant la fusion, elle ne ferait partie que d’un mix énergétique. Donc non, ce n’est pas l’énergie qui nous sauvera tous.
De plus, en moyenne, entre une publication scientifique et le dépôt d’un brevet, il faut environ 10 ans. Reste ensuite la mise sur le marché, le déploiement, etc.
Pour les plus récalcitrants, voici quelques arguments de Philippe Bihouix : 1, 2, et Françoise Laugée.
AHTak aldaketa klimatikoari kilimak egiten dizkio
Mugitu! mugimendua
www.argia.eus/albistea/ahtak-aldaketa-klimatikoari-kilimak-egiten-dizkio
Article
Klima aldaketa gizakiok dugun osasun arazo larrienetakoa da. Bizitzaren sustengua diren urari eta lurrari eragiten dien neurrian guri ere eragiten digu, beste bizidunei bezalaxe. Bere adierazpen ezin bortitzagoak diren neurri gabeko lehorteek, uholdeek, tenperaturen gorakadek eta suteek besteak beste gero eta jende gehiago kaltetzen dute. Klima aldaketa, hau bai pandemia!
Osasunak osotasuna esan nahi du. Eri gaudenean erdi gaude, eta osotasuna berreskuratuz osatzen gara. Osasunak fisikoa eta animikoa izan behar du. Fisikoa gorputzari dagokio eta animikoa gogoari. Batak bestea elikatzen du.
Abiadura Handiko Trena ere Euskal Herrian dugun osasun arazo larria da. Lurraldea zatikatzen du, erdibitzen du eta beraz, gaixotzen du. Honek herritarron osasun animikoan du eragina. Hori dela eta, AHTaren aurreko paisaia sentsual kiribilduak ezagutu ditugunok zorionekoak garelakoan gaude. Berebiziko xarma zuten txoko zoragarriek, ipuinaren atea irekitzen ziguten. Sorpresa atseginak ezkutatuz bazter koloretsuek eta lanbroek gure arima jostalaria alaitzen zuten.
Mendeetako jarduerak margotzen zituzten paisaiek museo bizidunak ziruditen. Zerien historia usaintzen genuen elkarrekintza aberasgarrian eta etorkizuna irudikatzeko gakoak ere aurkitzen genituen. Baina zoritxarrez, AHTak desagerrarazitakoa zaharron oroimenean besterik ez da bizi. Gazteak ez dira soilik gelditu arbaso eta haurtzaroarekiko lotura onirikorik gabe. Paisaiek gordetzen zuten memoria historikoa ere errotik kendu die gazteei AHTren eraikuntzak. Paisaia herriaren arimaren isla dela diote. Gustukoa dugu ispiluak itzultzen diguna?
Osasun fisikoa ere kaltetzen digu azpiegitura honek. AHTak isuritako gasek berotegi eragina dute eta aldaketa klimatikoari kilima atseginak egiten dizkiote. Batzuek kontrakoa badiote ere AHTa ez da inolaz ere ekologikoa. Izan ere eguratsa gehiago berotzen du. Ikus dezagun zergatik:
Hasteko bioaniztasuna gordetzen eta CO2 isurketak irensten zituzten ehunka hektarea bertako baso eta bailara desagerrarazi ditu. Euskal Herriko 400 kilometrotan zehar plataformak, zubibideek, pistek eta tunelek behar duten porlan kopuru itzela ekoizteko erabili den makinaria erraldoiak CO2 isuri du etengabe. Hormigoiaren osagaiak diren harriak eta burnia lortzeko eta garraiatzeko ere tonaka CO2 isuri da.
AHTak energia kontsumo neurrigabea du. Halako tren batek 300 kilometro orduko abiaduran dabilenean 25.000 bizilaguneko herri baten adina energia xahutzen du. Izan ere, abiadura handitzeak kontsumo energetikoa esponentzialki haztea dakar. AHTa zentral nuklearrez zein Castejongo bezalako zentral termikoez elikatuko da. Zentral horiek karbono dioxido (CO2) eta karbono monoxido (CO) kopuru altua isurtzen dute eguratsera, euri azidoaren eragile. Ebroko uren beroketa ere eragiten dute errefrigerazioan erabiltzen baitute.
Egun dauden eguzki eta haize poligonoek eta proiektatuta daudenek ere AHTa elikatuko dute. Horiek nekazal eta naturguneak industrializatu eta suntsitzen dituzte.
Aldaketa klimatikoa kapitalismo tekno-agro-industrialaren ondorio zuzena da eta AHTa bere ikurra. Biek suntsitzen dute behar dugun bioaniztasuna. Baina AHTa ez dute amaitu. Garaiz gaude gelditzeko eta Euskal Herriko lurraldearen suntsiketa galarazteko. AHTren eta berak bultzatzen duen jendarte ereduaren aurka borrokatzea aldaketa klimatikoaren aurka ekitea da. Indar dezagun gure defentsa sistema lurra, ura eta airea defendatuz. Osasuna.