Articles du Vendredi : Sélection du 19 octobre 2012 !

Climat : des températures record au mois de septembre

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/17/climat-le-mois-de-septembre-aussi-chaud-qu-en-2005_1776824_3244.html

Manger 100% bio avec 10€ par jour, c’est possible

Joël et Maya Henry
www.rue89strasbourg.com/index.php/2012/10/14/blogs/manger-100-bio-pendant-une-semaine-cest-possible-avec-10e-par-jour/

Les jeux de la faim

Esther Vivas
Article publié dans le journal “Diagonal”, n°182, 2012. Traduction française pour Avanti4.be: Ataulfo Riera.

Climat : des températures record au mois de septembre

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2012/10/17/climat-le-mois-de-septembre-aussi-chaud-qu-en-2005_1776824_3244.html

Le mois de septembre a été, au niveau mondial, le plus chaud enregistré depuis 1880. Le National Climatic Data Center (NCDC) américain a rendu publiques, mardi 16 octobre, ses données d’observations pour les neuf premiers mois de l’année, indiquant que la température moyenne de septembre 2012 a excédé de 0,67°C la moyenne des mois de septembre relevée au cours du XXe siècle (15°C). Selon le NCDC, en cent trente-trois ans d’enregistrement, le mois écoulé est ainsi le plus chaud observé, à égalité avec 2005.

Un tel record s’inscrit dans la tendance lourde du réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre anthropiques. L’activité solaire, bien qu’ascendante, est ainsi resté modérée : le cycle actuel devrait voir le Soleil parvenir à son maximum vers 2013-2014, mais celui-ci devrait demeurer en deçà du précédent pic d’activité, atteint en 2000. Le mois de septembre a également été marqué par le démarrage d’un Niño – phénomène naturel qui revient tous les trois à sept ans, caractérisé par un réchauffement du Pacifique équatorial – mais ce dernier est demeuré très faible au cours du mois de septembre.

UN MOIS DE JANVIER GLACIAL DANS L’HÉMISPHÈRE NORD

L’une des explications au record de septembre est la fonte exceptionnelle de la banquise arctique. Au cours de l’été, celle-ci a perdu en surface comme jamais auparavant, depuis le début des observations satellites de la zone, en 1978. A la mi-septembre, elle ne couvrait plus que 3,4 millions de km2 – moitié moins que la moyenne relevée à cette période entre 1979 et 2000. Or la glace de mer réfléchit jusqu’à 90% de l’énergie solaire, tandis que l’océan, sombre, en absorbe près de 80% et participe ainsi à faire grimper les températures atmosphériques… La forte anomalie chaude qui a frappé la zone arctique en septembre a ainsi eu un effet sur la moyenne globale.

Ce record s’inscrit toutefois dans une année qui, elle, ne sera pas marquée par un record de température globale. Pour l’ensemble des neuf premiers mois de l’année, 2012 ne pointe ainsi qu’à la huitième place. De fait, de janvier à mars, des conditions inhabituellement froides ont été relevées sur une grande part de l’Eurasie et ont entraîné la moyenne mondiale à la baisse. Les trois premiers mois de l’année n’ont ainsi pointé qu’à la 21e place des trois premiers mois les plus chauds mesurés depuis 1880. Au dessus des terres émergées de l’hémisphère nord, le mois de janvier a même été particulièrement glacial, pointant à la 36e place des mois de janvier les plus chauds…

Manger 100% bio avec 10€ par jour, c’est possible

Joël et Maya Henry
www.rue89strasbourg.com/index.php/2012/10/14/blogs/manger-100-bio-pendant-une-semaine-cest-possible-avec-10e-par-jour/

Par jeu, nous avons tenté l’expérience pendant une semaine, histoire de voir si l’on trouve à Strasbourg tout ce qu’il faut pour se nourrir exclusivement avec des produits issus de l’agriculture biologique labellisés AB, Demeter ou UE. Et pour corser le tout, avec le budget alimentation moyen du tiers des ménages français les plus modestes : soit environ 10€ par jour.

10 euros par jour pour manger à deux un petit déjeuner et deux repas, ça ne fait pas lourd même en se nourrissant de produits dits conventionnels. Alors en bio… Autant dire tout de suite que ça exclut le resto et les plats cuisinés. Il faut retrouver les joies de l’épluche-légumes et de la cuiller en bois. Mais c’est possible, si l’on ne fait pas de folie. Précisons quand même que nos habitudes alimentaires facilitent les choses. On mange de la viande mais en petite quantité et on aime les plats simples : brandade, spaghettis à la bolognaise, galettes de pommes de terre, choucroute, couscous, minestrone… Et puis, nous ne sommes pas des travailleurs de force et n’avons pas besoin de rations considérables.

Des courses un peu plus longues

Avec un budget aussi ric-rac il fallait faire du shopping malin et tenter de trouver les produits les moins chers. A Strasbourg mais aussi à Kehl réputé mieux achalandé en bio.

On s’est approvisionnés dans 14 points de ventes différents.

  • 2 magasins spécialisés : Le Serpent Vert, la Maison Vitale
  • 3 marchés : Neudorf, Montagne Verte et Kehl.
  • 6 enseignes de la grande distribution : Monoprix, Simply, Leclerc, Edeka, DM, Coop
  • 2 hard discounters : Pennymarkt, Lidl.
  • 1 boulangerie : Dolder

Autant dire qu’on s’est beaucoup baladé (à vélo). Une bonne heure par jour en moyenne. Le double environ des 32 minutes quotidiennes que les Français consacrent à leurs courses (selon l’Insee). Mais il est vrai que nous débutions et qu’on a passé pas mal de temps à noter et comparer les prix.

Quelques exemples de prix relevés

Nous avons relevé une série de prix de manière empirique, entre le 10 et le 30 septembre 2012. Cependant, ils ne nous permettent pas d’établir un « panier de la ménagère bio » à Strasbourg et environs et encore moins un classement des surfaces de vente tant l’offre varie de l’une à l’autre. Comment comparer un hard discounter qui propose deux ou trois produits à des prix souvent imbattables avec une épicerie spécialisée parfois un peu plus chère mais qui offre en un lieu unique tout ce dont on a besoin ? En gros on a joué partout sur les premiers prix. Et surprise, contrairement à une idée bien ancrée, les produits bio allemands ne sont pas toujours les moins chers, même sur les marchés.

Moins de viande, plus de légumineuses

La viande et la charcuterie font sans conteste partie des aliments bio les plus chers et peu de magasins en vendent. On en trouve un peu à la découpe, fraîche, chez Edeka à Kehl et de temps en temps sur le stand de la ferme Durr au marché de Neudorf. Mais en général les produits carnés bio sont proposés sous plastique ou surgelés. On a essayé le tofu (fûmé) comme source de protéines alternative mais on n’a pas trouvé ça bon. Alors on s’est un peu rattrapé sur les légumineuses : lentilles, haricots, pois chiches…

Le pain (bonne) surprise

Gros mangeurs de pain, nous avions un peu peur de ne pas en trouver ou qu’il ne soit pas à notre goût. Nous avons commencé par faire la tournée des boulangeries du quartier, sans succès. On a essayé celles d’Allemagne mais leur pain bio est assez cher, sombre et baroque (avec toutes sortes de graines) et dans les grandes surfaces il est souvent sec et peu appétissant. Finalement nous avons découvert pas très loin de chez nous, au coin de l’avenue de Colmar et de la rue de Mulhouse, la boulangerie Dolder qui fait une délicieuse boule de pain blanc bio de 500g pour 1€50 .

Fruits et légumes , la carte fraîcheur

Nous avons privilégié bien sûr les produits locaux et de saison. Avec la chance de pouvoir profiter des derniers (délicieux) légumes de l’été : tomates, courgettes, aubergines. Nous les avons achetés de préférence sur les marchés quitte à les payer un tout petit peu plus cher que dans les hard discount. Mais ils étaient plus frais et plus beaux. Un stand nous a paru particulièrement intéressant : celui de la ferme Peter de Muttersholtz. Ils sont le jeudi matin au marché de la Montagne Verte, place d’Ostwald. Ils vendent uniquement leur propre production : fruits, légumes et laitages à très bon prix.

9€65 par jour

Sur nos 10 euros de budget quotidien nous en avons prélevé 2 pour l’épicerie de base : huile, beurre, pain, confiture, café, thé, épices et condiments. Il en restait donc 8 € pour acheter les aliments proprement dits. Voici la liste de nos menus avec leur coût détaillé (https://docs.google.com/file/d/0B5OsRn1_OWA4OUVvWG02YWktLWM/edit).

Les jeux de la faim

Esther Vivas
Article publié dans le journal “Diagonal”, n°182, 2012. Traduction française pour Avanti4.be: Ataulfo Riera.

La crise alimentaire fait des ravages dans le monde. Il s’agit d’une crise silencieuse, elle ne fait pas la une des journaux et n’intéresse ni la Banque centrale européenne, ni le Fonds Monétaire International, ni la Commission européenne. Pourtant, elle touche 870 millions de personnes qui souffrent de la faim. C’est ce qu’indique le rapport « Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 », présenté cette semaine par l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO).
Nous pensons trop souvent que la faim ne frappe que dans des endroits très éloignés du confort de nos fauteuils. Et qu’elle a peu à voir avec la crise économique qui nous affecte. La réalité est pourtant très différente. Il y a de plus en plus de personnes qui souffrent de la faim dans les pays du Nord. Il ne s’agit évidement pas de la famine telle qu’elle touche des pays d’Afrique et ailleurs, mais elle implique bel et bien une absence des calories et des protéines minimales nécessaires, qui a des conséquences sur notre santé et sur nos vies.
Cela fait plusieurs années que l’on évoque les terribles chiffres de la faim aux Etats-Unis : 49 millions de personnes affectées, soit 16% des ménages, selon les données du Département de l’Agriculture des Etats-Unis, dont plus de 16 millions d’enfants. Des chiffres anonymes auxquels l’écrivain et photographe David Bacon met un visage dans son œuvre « Hungry By The Numbers » (Faméliques selon les statistiques) ; les visages de la faim dans le pays le plus riche du monde.
Dans l’Etat espagnol, la faim est également devenue une réalité tangible. Pour bon nombre de personnes frappées par la crise, c’est : sans travail, sans salaire, sans maison et sans nourriture. D’après les chiffres de l’Institut National de Statistiques, en 2009, on estimait que plus d’un million de personnes avaient des difficultés à consommer le minimum alimentaire nécessaire. Aujourd’hui, la situation est encore pire, même si elle n’est pas chiffrée. Les organismes sociaux sont débordés et, ces dernières années, les demandes d’aide alimentaire et de médicaments ont doublées. D’après l’organisation « Save the Children », avec un taux de pauvreté infantile de 25%, de plus en plus d’enfants ne mangent pas plus d’une fois par jour, à la cantine scolaire, à cause des difficultés que rencontrent leurs familles.

On ne peut donc pas s’étonner qu’un journal aussi prestigieux que le New York Times ait publié, en septembre 2012, une galerie de photographies de Samuel Aranda, lauréat du World Press Photo 2011, qui, sous le titre « In Spain, austerity and hunger » (En Espagne, austérité et faim), fait le portrait des conséquences dramatiques de la crise pour des milliers de personnes ; faim, pauvreté, expulsion de logement, chômage… mais aussi luttes et mobilisations. D’après un rapport de la Fondation Foessa, l’Etat espagnol compte l’un des taux de pauvreté les plus élevés de toute l’Europe, se situant juste derrière la Roumanie et la Lettonie. Une réalité qui s’impose aux observateurs extérieurs, malgré la volonté de certains de la passer sous silence.

Par ailleurs, la crise économique est intimement liée à la crise alimentaire. Les mêmes qui nous ont conduit à la crise des hypothèques « subprime », cause de la « grande crise » en septembre 2008, sont ceux qui spéculent aujourd’hui avec les matières premières alimentaires (riz, maïs, blé, soja…), provoquant ainsi une très importante augmentation des prix. Cette augmentation rend ces produits inaccessibles pour de larges couches de la population, particulièrement dans les pays du Sud. Fonds d’investissements, compagnies d’assurances et banques achètent et vendent ces produits sur les « marchés à terme » dans le seul but de spéculer avec ceux-ci et faire du profit. Quoi de plus sûr que la nourriture pour investir puisque nous devons tous, normalement, en consommer tous les jours.
En Allemagne, la Deutsche Bank vante des bénéfices faciles si l’on investit dans les produits agricoles en hausse. Des « affaires intéressantes » du même genre sont proposées par les principales banques européennes, comme BNP Paribas. D’après les données du World Development Movement, Barclays Bank a empoché en 2010 et 2011 près de 900 millions de dollars grâce à la spéculation sur l’alimentation. Et il n’y a pas besoin d’aller si loin. La banque Catalunya Caixa offre de juteux bénéfices économiques aux clients qui investissent dans les matières premières sous le slogan « un dépôt 100% naturel ». Quant au Banco Sabadell, il dispose d’un fonds spéculatif qui opère dans l’alimentaire.
La faim, malgré ce qu’on nous dit, ne dépend pas tant des sécheresses, des conflits militaires, etc., que de ceux qui contrôlent et qui dictent les politiques agricoles et alimentaires et qui possèdent les ressources naturelles (eau, terre, semences…). Le monopole actuel du système agroalimentaire, aux mains d’une poignée de multinationales qui disposent du soutien des gouvernements et d’institutions internationales, impose un modèle de production, de distribution et de consommation des aliments au service des intérêts du capital. Il s’agit d’un système qui provoque la faim, la perte d’agro-diversité, l’appauvrissement des paysans et le changement climatique. Un système où le profit de quelques uns passe avant les besoins alimentaires de la majorité.
« Les jeux de la faim » : c’est le titre d’une fiction réalisée par Gary Ross, basée sur le best-seller de Suzanne Collins et dans lequel des jeunes doivent s’affronter dans une lutte à mort afin d’obtenir la victoire, c’est-à-dire de la nourriture, des biens et des cadeaux pour le restant de leurs vies. La réalité n’est parfois pas très éloignée de la fiction. Aujourd’hui, certains « jouent » avec la faim pour gagner de l’argent.

*Esther Vivas est coauteure de “Planeta indignado” (éd. Sequitur) avec JM Antentas. Plus d’infos: http://esthervivas.com/francais/
** Source : http://blogs.publico.es/dominiopublico/5952/los-juegos-del-hambre/
***Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.