En Inde et au Pakistan, la température atteint le seuil fatal à l’homme
Pauline Brault
www.huffingtonpost.fr/entry/inde-pakistan-temperature-atteint-deja-le-seuil-fatal-a-lhomme
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Les canicules en Asie risquent de tuer des millions de personnes, alors que le seuil maximal de chaleur humide que l’homme peut supporter est largement dépassé.
CANICULE – “Mourir de chaud” n’est plus seulement une expression en Inde et au Pakistan. Les deux pays de l’Asie du Sud subissent des vagues de chaleur sans précédent depuis deux mois. Les températures y sont infernales et atteignent un pic ce mercredi 11 à plus de 50°C. La chaleur, combinée à des niveaux élevés d’humidité, dépasse déjà le seuil limite de survie des personnes se trouvant à l’extérieur pendant une période prolongée.
Ce seuil, les scientifiques l’évaluent à 35 degrés au “thermomètre humide” (Tw) pour les personnes en bonne santé. Cette valeur prend en compte l’humidité de l’air pour mesurer notre résistance à la chaleur. Plus l’air est humide, plus l’air est saturé d’eau, et plus l’efficacité de notre transpiration diminue. Si l’humidité de l’air était de 100%, notre sueur ne nous refroidirait plus.
En clair, le corps humain supporte très mal la chaleur humide. Si l’homme peut supporter 100°C tant que l’air est sec et que le corps peut transpirer, à partir de 25°C dans une zone humide, l’air devient irrespirable. C’est aussi pour ça que vous supportez sans doute plus facilement les températures du sauna, pourtant plus élevées, que celles du hammam.
En six heures, le corps succombe
Des expériences montrent qu’une température au thermomètre humide bien en dessous de 35 degrés Celsius est déjà fatale. Une étude de l’American Physiological Society parue en janvier 2022, a mesuré la capacité de jeunes adultes en bonne santé à effectuer des tâches simples dans six conditions climatiques extrêmes différentes. L’expérience de quelques heures a révélé qu’aucun participant n’a atteint la limite de 35° Tw. Une limite jugée “haute” par les auteurs, la tolérance à la chaleur aurait été beaucoup moins bonne chez des personnes âgées ou vulnérables.
À moins de 35°C, sans pouvoir se rafraîchir, en environ six heures, le corps succombe. Dans certaines conditions climatiques, la déliquescence est encore plus rapide. Par exemple, en France, lors de la canicule de 2003, la chaleur humide n’a pas excédé les 28° Tw. Pourtant, à l’échelle de l’Europe, avec plus de 70.000 morts, cette vague de chaleur est historiquement la plus mortelle.
En Asie, le seuil mortel a largement été dépassé ces derniers jours. La température humide est de près de 30° Tw, soit supérieure de deux degrés à ce que les scientifiques jugent tolérables pour le corps humain. La ville de Jacobabad, au Pakistan, enregistre même déjà six jours où la température humide a dépassé les 35° Tw cette année.
Des températures mortelles de plus en plus fréquentes
Cette chaleur extrême fait déjà ses premières victimes. Dans l’État indien du Maharashtra, 25 personnes sont mortes depuis mars à cause de la chaleur. Et la mortalité liée aux canicules en Inde, déjà victime de vagues de chaleur meurtrières en 2015 et 2019, a augmenté de plus de 60% depuis 1980, selon le ministre indien des Sciences de la Terre.
L’avenir s’annonce encore plus sombre. Dans une étude publiée en mai 2020 dans la revue ScienceAdvances, des chercheurs britanniques et américains ont constaté que la fréquence des températures au thermomètre humide atteignant 27 °C, 29 °C, 31 °C et 33 °C dans le monde a doublé entre 1979 et 2017. Ils prédisent que ces valeurs mortelles vont se répandre dans les régions vulnérables du monde, à mesure que le dérèglement climatique s’accentue.
Les points chauds à surveiller de près sont le sud de l’Asie et le Moyen-Orient, ajoutent les auteurs de ces travaux scientifiques. Les pays subtropicaux et côtiers, comme la Californie ou encore le Mexique devront aussi faire face, de plus en plus régulièrement, à ces vagues de chaleur.
“Ce que nous voyons maintenant sera normal, voire froid, dans un monde entre +2° et +3°C”, explique Friederike Otto, de l’Imperial College de Londres. Une grande partie de la population du globe n’aura pas le choix de déserter ces lieux aux conditions les plus extrêmes.
Climat : il y a une chance sur deux pour que le seuil de + 1,5 °C soit dépassé dans les cinq années à venir, annonce l’ONU
Le Monde avec AFP
www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/10/climat-probabilite-de-50-que-le-seuil-de-1-5-c-soit-depasse-dans-les-cinq-ans_6125439_3244.html
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D’après un nouveau bulletin sur le climat, la probabilité d’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C n’a cessé d’augmenter depuis 2015, année où ce risque était proche de zéro.
Il y a une chance sur deux pour que la température mondiale annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant l’une des cinq prochaines années au moins, a annoncé l’Organisation des Nations unies (ONU), mardi 10 mai.
Un franchissement temporaire de ce seuil sur une année n’est toutefois pas synonyme d’un dépassement durable dudit, au sens où l’entend l’accord de Paris sur le climat. Cet accord vise à contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et si possible à 1,5 °C.
D’après un nouveau bulletin sur le climat publié mardi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies, la probabilité d’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C n’a cessé d’augmenter depuis 2015, année où ce risque était proche de zéro.
Les effets du climat seront de plus en plus néfastes
Pour les années comprises entre 2017 et 2021, la probabilité de dépassement était de 10 %. Elle est passée « à près de 50 % pour la période 2022-2026 », précise l’OMM. Mais il n’y a qu’une faible probabilité (10 %) que la moyenne quinquennale dépasse le seuil de + 1,5 °C.
Le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, a expliqué :
« Cette étude montre, avec une grande fiabilité scientifique, que nous nous rapprochons sensiblement du moment où nous atteindrons temporairement la limite inférieure de l’accord de Paris. Le chiffre de 1,5 °C n’est pas une statistique choisie au hasard. Il indique le point à partir duquel les effets du climat seront de plus en plus néfastes pour les populations et pour la planète entière. »
« Tant que nous continuerons à émettre des gaz à effet de serre, les températures continueront à augmenter. Parallèlement, nos océans continueront à se réchauffer et à s’acidifier, la glace de mer et les glaciers continueront à fondre, le niveau de la mer continuera à s’élever et les conditions météorologiques extrêmes continueront à s’intensifier », a-t-il averti. Il a souligné que le réchauffement de l’Arctique est « particulièrement marqué », alors même que les conditions qui prévalent dans cette région ont des répercussions sur la planète entière.
« La hausse de la température mondiale va se poursuivre »
Selon ce bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale, établi par le Service météorologique du Royaume-Uni (Met Office), qui est le centre principal de l’OMM pour ce type de prévisions, il est très probable (93 %) qu’au moins une des années comprises entre 2022 et 2026 devienne la plus chaude jamais enregistrée.
Ce pic est actuellement détenu par l’année 2016, qui avait été marquée par un puissant épisode El Niño, phénomène océanique naturel qui entraîne une hausse des températures.
Il y a également 93 % de probabilité que la moyenne de la température pour la période 2022-2026 soit supérieure à celle des cinq dernières années (2017-2021).
Le docteur Leon Hermanson, du Met Office, qui a dirigé la publication du bulletin, estime que ces prévisions montrent que « la hausse de la température mondiale va se poursuivre ». Mais, il relève : « Une seule année de dépassement du seuil de 1,5 °C ne signifie pas que nous aurons franchi le seuil emblématique de l’accord de Paris. C’est toutefois le signe que nous nous rapprochons d’un cas de figure où le seuil de 1,5 °C pourrait être dépassé pendant une période prolongée. »
En 2021, la température moyenne de la planète a dépassé de 1,11 °C celle de l’ère préindustrielle de référence, selon un récent rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial. La version finale du document sera publiée le 18 mai.
Selon l’OMM, les épisodes La Niña successifs du début et de la fin de 2021 ont entraîné un refroidissement des températures mondiales, « mais ceci n’est que temporaire et n’inverse nullement la tendance au réchauffement planétaire sur le long terme ». L’apparition d’un épisode El Niño contribuerait immédiatement à l’augmentation des températures.
« Contre l’écofascisme, il faut revenir à une conception socialiste de la décroissance »
Pablo Maillé
https://usbeketrica.com/fr/article/contre-l-ecofascisme-il-faut-revenir-a-une-conception-socialiste-de-la-decroissance
Article
Comment l’extrême-droite s’approprie-t-elle les enjeux environnementaux ? Comment combattre la montée en puissance de ce nouvel « écofascisme » ? Entretien avec le chercheur en sciences sociales Antoine Dubiau, qui publie justement un livre sur le sujet.
En novembre 2020, trois membres du Zetkin Collective, un groupe de recherche formé en Suède, s’alarmaient dans nos colonnes : « L’élévation des températures et la montée de l’extrême droite forment deux menaces chaque jour plus pressantes. » En comparant les records de sécheresse déjà recensés sur certaines zones de l’Hexagone à peine le printemps entamé avec les scores obtenus par les candidats d’extrême droite lors de la dernière élection présidentielle française, on ne peut que constater l’aggravation de la situation depuis. Pour approfondir le sujet et mieux comprendre « les appropriations concrètes de l’enjeu écologique par les idéologies et organisations fascistes », Antoine Dubiau, auteur du blog Perspectives Printanières, publie ce vendredi 13 mai Écofascismes (éditions Grévis). « Si l’extrême-droite semble à première vue hostile à toute politique écologique, il existe bien un risque écofasciste s’adossant à une véritable conviction écologique ainsi qu’à de robustes bases idéologiques », rappelle-t-il. Entretien.
Usbek & Rica : Pourquoi parler d’« écofascismes » au pluriel ? Quelles réalités ce terme recouvre-t-il pour vous ?
Antoine Dubiau : Dans le livre, j’essaye de donner une définition assez restrictive de ce terme, justement parce qu’on l’emploie un peu dans tous les sens. Aujourd’hui, il est utilisé aussi bien par des anti-écolos qui souhaitent rejeter l’écologie dans son ensemble que par des militants écolos qui entendent rejeter des formes d’écologie avec lesquelles ils ne sont pas d’accord. Pour ma part, quand je parle d’écofascisme, je m’intéresse aux formes d’écologie d’extrême droite. J’utilise le pluriel car les théoriciens de l’écofascisme revendiquent la défense de différentes spécificités culturelles. Ils ne revendiquent pas une société globale uniforme, mais des identités locales qui seraient par nature enracinées dans des territoires spécifiques. On peut néanmoins parler d’écofascisme au singulier dans la mesure où il y a une unité doctrinale derrière ces théories.
Ceci étant dit, selon moi, il n’existe pas – pour le moment – de mouvement écofasciste de grande ampleur. Il s’agit surtout d’une idéologie. Certes, il existe dans certains pays des communautés qu’on pourrait qualifier d’écofascistes, organisées à travers des fonctionnements plus ou moins sectaires. Mais elles ne dépassent pas le cadre de petites communautés déjà acquises à l’extrême-droite. Les populations qui votent à l’extrême-droite, que ce soit en France ou à l’étranger, tablent plutôt sur la défense des énergies fossiles et du mode de vie occidental. Elles ne vivent pas en marge du reste de la société.
En quoi décrire comme vous le faites les orientations théoriques de l’écofascisme à travers les processus concomitants d’« écologisation du fascisme » et de « fascisation de l’écologie » permet-il de « tuer dans l’œuf sa possibilité » ?
Quand je parle de « possibilité », je fais référence à l’ouvrage du sociologue Ugo Palheta, La possibilité du fascisme, qui analyse le fascisme à la fois en tant qu’idéologie, en tant que mouvement et en tant que régime. Comme je le disais juste avant, l’écofascisme n’est encore « qu’une » idéologie. Ce n’est pas un mouvement, et encore moins un régime. Pour l’heure, on peut donc surtout lutter contre l’enracinement des idées écofascistes dans la société. Il faut essayer de bien les comprendre pour mieux s’y opposer.
Pour ce faire, je mets deux processus en évidence : la fascisation de l’écologie d’un côté, l’écologisation du fascisme de l’autre. La fascisation de l’écologie correspond aux ambiguïtés des concepts écologistes courants, dont certaines interprétations peuvent nourrir une appropriation fasciste de l’écologie. L’écologisation du fascisme correspond plutôt aux manières dont le camp fasciste s’est saisi du problème écologique sur le plan idéologique.
Ces deux phénomènes étant distincts, on ne peut pas agir de la même manière pour les contrer. L’écologisation du fascisme est une dynamique interne au fascisme face à laquelle on ne peut pas faire grand chose – en tout cas pas grand chose de plus par rapport à la lutte qu’on mène contre le fascisme de manière traditionnelle. La fascisation de l’écologie, en revanche, appelle un travail de clarification théorique. De fait, il existe toute une série d’ambiguïtés sur des lieux communs de l’écologie comme la décroissance ou la théorie de l’effondrement. Ni André Gorz ni Pablo Servigne ne sont écofascistes, mais il est indéniable que des interprétations écofascistes de leurs concepts respectifs ont eu lieu ces dernières décennies. Des survivalistes d’extrême droite se sont appropriés le concept d’effondrement, par exemple. Il faut y être attentif, et comprendre comment cela a été possible.
Vous faites notamment la distinction entre « l’écologie intégrale réactionnaire » et sa prédécesseuse que serait « l’écologie néo-droitière », « dont le racisme est structurant ». Que désignent ces deux notions ?
L’écologie néo-droitière est directement liée au mouvement de la Nouvelle Droite. C’est un mouvement plutôt informel d’intellectuels engagés dans le renouvellement politique des théories d’extrême droite. Une partie de cette mouvance a commencé à prendre des positions écologistes à partir des années 1990. En cela, cette branche s’est inspirée de la gauche voire de l’extrême gauche : elle a repris plein de concepts comme le rejet de la société de consommation, la décroissance ou la critique du progrès technique – bref, des classiques de l’écologie, qu’elle a reformulés à sa manière.
L’écologie intégrale, elle, date des années 2010. Elle s’est globalement popularisée à partir de L’Encyclique sur l’écologie Laudato si’, une lettre publiée en 2015 par le pape François et adressée à tous les évêques du monde. En France, cette publication a coïncidé avec le mouvement de La Manif pour tous, dont une frange s’est saisie de l’écologie intégrale pour défendre et légitimer ses positions antiféministes et homophobes. Mais cela n’a pas été le cas partout dans le monde : en Amérique du Sud, par exemple, l’écologie intégrale s’est très vite ancrée à gauche, pour des raisons propres à l’emprise locale du religieux. C’est pour désigner cette spécificité française que je parle de « verrouillage réactionnaire » de l’écologie intégrale.
Il existe cependant beaucoup de similitudes entre ces deux mouvements. Leur principal point commun est que ce sont deux formes d’écologie qui défendent une société organisée selon une hiérarchie soi-disant naturelle, indépassable sous peine de créer un désastre écologique. C’est une conception assez spirituelle de l’équilibre et de la hiérarchie. Pour l’écologie néo-droitière, celle-ci est patriarcale et raciste, tandis qu’elle est essentiellement patriarcale du côté de l’écologie intégrale. Certains des militants de ce second mouvement participent même à des associations d’aide aux migrants, par exemple. C’est assez troublant à observer, mais c’est bien pour cela qu’il faut s’intéresser à ces enjeux.
Aucun de ces deux mouvements ne fait cependant « reposer son projet politique sur le fantasme d’une nation à laquelle il faudrait redonner corps ». Selon vous, ils défendent plutôt « l’enracinement communautaire à l’échelle locale ». Cela les rend-il encore plus dangereux ?
Le changement opéré est simplement un changement d’échelle. Cela ne change pas la nature du projet. L’écofascisme comme le fascisme défend une société patriarcale, raciste, autoritaire. Le fait d’organiser ces divisions à l’échelle communautaire ou à l’échelle nationale n’est finalement pas si important. La difficulté est plutôt que la fascisation de l’écologie peut rendre désirables des conceptions fascistes de l’écologie : il y a chez les écologistes « traditionnels » cet attrait naturel pour l’échelle locale et la décroissance, ce qui peut aboutir à des visions du monde qu’on n’imagine même pas quand on est ancré à gauche.
Dans le courant de la Nouvelle Droite, on cherche à imposer des représentations culturelles propres à l’Europe et à sa « culture ». Mais ces théoriciens ne sont pas des gens qui cherchent à être investis dans un combat politique au sens électoral. C’est là que c’est encore plus compliqué de lutter. Ils font partie d’une nébuleuse, leur impact est diffus. Mais certains signes ne trompent pas. Récemment, l’Action française a commencé à s’intéresser à l’écologie, par exemple. D’un point de vue plus directement électoral, le conseiller écologique du Rassemblement National Hervé Juvin a créé à la fin de l’année 2020 un micro-parti proche du RN, baptisé Les localistes. La situation évolue assez rapidement.
Pour freiner l’écofascisme, il faudrait selon vous abandonner l’idée de « crise écologique ». Pourquoi ? Quel terme préconisez-vous d’utiliser à la place ?
D’abord, une crise est censée être bornée dans le temps, avec un début et une fin. En matière écologique, cela voudrait dire qu’une fois cette crise passée, tout pourrait reprendre comme avant. Or, toutes les personnes qui s’intéressent sérieusement à cette question savent que ce ne sera pas le cas. Pour ne prendre qu’un exemple, la trajectoire de réchauffement va se prolonger pendant plusieurs décennies en raison de l’effet d’inertie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En cela, le concept de crise n’est donc pas très adapté ; il donne une vision faussée de la situation.
Surtout, d’un point de vue politique, le terme de crise n’est pas neutre. Il rend certaines réponses légitimes. Quand des militants se mettent à parler d’« état d’urgence écologique », par exemple, on ne sait pas exactement ce que cela recouvre – et donc on ne sait pas exactement sur quoi cela pourrait déboucher. L’écofascisme peut alors être envisagé tel une réponse comme les autres. Tout comme le fascisme a pu, par le passé, être envisagé par le patronat comme une réponse à la crise du capitalisme. Il y a un problème de fond, mais je n’ai pas forcément de solution magique pour remplacer ce mot. Désastre, ravage, effondrement, catastrophe, péril… Chacun de ces termes traduit des conceptions différentes du problème.
À la fin du livre, vous estimez que ni le déploiement d’une nouvelle « culture écologique » (comme le préconise le philosophe Pierre Charbonnier) ni « l’investissement écologiste de la notion de territoire » (comme le préconise le philosophe Bruno Latour) ne seront à même de contrer l’écofascisme. Pour vous, il serait plus utile que « le projet décroissant sorte explicitement de l’économicisme pour prendre la forme d’une véritable voie politique ». Laquelle ?
Pour moi, il n’y a pas nécessairement de déficit de culture écologique dans la population actuellement – du moins pas dans le sens où l’entend Pierre Charbonnier. Je suis d’accord avec lui quand il dit que la formation scolaire devrait être améliorée, mais le déficit principal n’est pas là. Ce qu’il nous manque, c’est plutôt un puissant mouvement écologique assez radical, qui ne serait pas seulement électoral. Les militants écologistes subissent actuellement une très forte répression de la part d’États qui refusent de prendre en compte le désastre climatique et environnemental. Cette répression pousse beaucoup de gens à ne pas militer, par peur d’avoir des ennuis ou de se prendre des coups. Mais pour ce qui est de l’enjeu « culturel », je crois que les écologistes se tiennent déjà très au courant de l’actualité et des indicateurs scientifiques : ils lisent beaucoup la presse, les rapports scientifiques… Peut-être même plus que dans les grandes écoles ou dans certains espaces institutionnels.
Le concept de territoire, lui, suscite un intérêt croissant de la part des écologistes, à la fois d’un point de vue théorique et du point de vue de l’échelle d’action. Il présente l’avantage de mieux prendre en compte l’environnement à l’échelle locale : quand on parle de territoire, on pense tout de suite aux différences entre mer et montagne, par exemple. Parfois, on entend même certains militants parler de « luttes territoriales ». Côté philosophes, Bruno Latour a été parmi les premiers à s’approprier ce concept, en avançant l’idée qu’il permettrait de prendre de vitesse l’extrême-droite sur ses fantasmes identitaires. Mais l’exemple de l’écofascisme montre justement qu’on ne prend personne de vitesse en faisant cela : la conception écologique du territoire chez l’extrême droite s’est développée depuis les années 1980… Ce n’est pas en s’en saisissant de façon sommaire qu’on va lutter contre l’écofascisme.
Pour dépasser ces deux propositions, je pense qu’il faut revenir au concept de décroissance, qui est intrinsèquement socialiste. L’objectif n’est pas une croissance économique négative, mais l’organisation des besoins sans tenir compte de la croissance économique. Cela ne veut pas dire que celle-ci doit forcément être négative, mais qu’on doit arrêter d’indexer la politique dessus. Or, au fil des années, le terme a pris une tournure de plus en plus économique, ce qui a permis d’autres appropriations, notamment par l’extrême droite. La décroissance est désormais spirituelle, démographique… On l’associe même à l’hostilité envers toute forme de progrès social ou technologique. Rappeler que la décroissance est d’abord un projet politique socialiste permettrait de sortir de ce piège. C’est un travail collectif qui doit commencer dès maintenant.
Finissons par une question d’actualité sans lien direct avec le livre. Sur Twitter, où vous êtes très actif, vous avez récemment réagi à l’appel lancé par le chercheur François Gemenne à ses collègues, à qui il conseille de « ne surtout pas » entrer dans le milieu politique – qu’il juge « médiocre ». Vous estimez que « les scientifiques doivent plus que jamais s’engager en politique ». Que voulez-vous dire par là ?
Il existe plusieurs manières de s’engager pour les scientifiques. La plus courante consiste à conseiller des représentants politiques ou des candidats : les scientifiques deviennent experts, on les mobilise parce que leurs connaissances sont censées éclairer la décision. C’est en tout cas ce qu’on leur promet. Le risque est que, très vite, ils se rendent compte que ce n’est pas du tout le cas. Malheureusement, les recommandations scientifiques ne sont pas mécaniquement suivies par le champ politique. À cet égard, l’exemple du GIEC est assez frappant : les dirigeants passent leur temps à citer le GIEC pour dire que la situation est très grave, mais aucune décision sérieuse ne découle de cette reconnaissance ! Les dirigeants sont donc inactifs, non pas par manque de connaissance, mais pour des raisons liées aux intérêts qu’ils défendent.
Tant que les scientifiques restent dans cette posture d’expert, la situation ne peut pas évoluer. Heureusement, il existe plein d’autres manières de s’engager en politique : on peut intégrer des collectifs, des associations, des syndicats… Les scientifiques peuvent prendre part à ces mouvements, y défendre leurs connaissances et construire des revendications démocratiques à partir de cela. Les grands changements politiques ne viennent pas forcément des élections, ils peuvent aussi venir des mobilisations sociales. Ça ne veut pas dire que les élections ne comptent pas ; au vu des scores actuels de l’extrême droite, je pense même qu’il est impératif de continuer à les investir. Mais il ne faut surtout pas réduire l’engagement politique à cela.
Mediterraneoa Kantauri ertzean
Iñaki Petxarroman
www.berria.eus/paperekoa/1984/002/001/2022-04-17/mediterraneoa-kantauri-ertzean.htm
Article
Euskal Herrian klima aldaketak hurrengo hamarkadetan izango dituen ondorioak xehatu ditu IPCCren 6. ebaluazio txosteneko bigarren ataleko Europari buruzko ikerketak. Munduaren berotzea hiru gradukoa balitz, klima mediterraneoko eremuak egungo eremuetatik erruz hedatuko lirateke.
Distopia bat erakusten duen mapa, mende bukaerako Europaren eremu klimatikoen hipotesi bat oinarri hartzen duena. Industria aurreko tenperatura aintzat hartuta, Lur planetako tenperatura lau gradu berotuko balitz, ia desagertuko litzateke gaur egun Eskandinaviako herrialdeetan nagusi den klima subartikoa.
Halaber, hutsaren pare geratuko litzateke egun kontinentearen erdialde eta ekialdean nagusi den klima kontinentala, eta desertifikazio prozesu larria pairatuko luke Iberiar penintsulak. Andaluziatik eta Herrialde Katalanen hegoaldetik hasita, Euskal Herriaren atariraino helduko litzateke desertifikazioa, Ebro ibarretik iparraldera.
Izan ere, Euskal Herriari ere agintzen dizkio aldaketak ikerketak: gaur egun eremu handiak hartzen dituen klima ozeaniko epelak atzerapen handia izango luke, eta, haren ordez, erruz hedatuko lirateke klima mediterraneoa eta subtropikala. Mediterraneoari dagokionez, Kantauri mendebaldetik Bizkaiko kostaraino zabalduko litzateke, eta Landetatik Aturri ertzeraino. Frantziako mendebalde osoa eta Erresuma Batuko hegoaldera ere iritsiko litzateke klima mediterraneoa.
Lau graduko berotzea ez da zientzialariek gaur egun oso probabletzat jotzen duten hipotesietako bat, baina nabarmendu dute ez dela baztertzekoa. IPCCren txosten horretako egileetako bat izan da Jofre Carnicer Bartzelonako Unibertsitateko biologiako irakaslea. «Egia da mapa batzuk oso deigarriak direla, patroi klimatiko eta ekologikoetan aldaketa oso bortitzak erakusten dituztelako».
Mapa horietan gailentzen den hipotesia da gizarteak jarraituko duela berotegi gas isurketa handiak egiten. «Oro har, horiek ez dira hipotesi zentralak edo probabilitate handienekoak, baizik egoera apur bat muturrekoak, non gizarteek ez duten erreakzionatzen eta segitzen duten kutsatzen modu oso bortitzean. Hori esanda, agertoki hori ez da inola ere baztertzekoa, baina badira probabilitate gehiago duten beste batzuk, non aldaketa patroiak ez diren hain gogorrak».
Gaur egun 3,2 graduko berotze baten bidean doa mundua, indarrean den isurketen erritmoari eusten bazaio, behintzat. Gainera, atzeraelikatze sistema positiboak izaten ahal dira etorkizunean, eta horiek zailak dira aurreikusten, zientzialariek diotenez. «Garrantzitsua da ziurgabetasunaren printzipioa ere, beti aintzat hartu behar dena ingurumen zientzietan eta klima aldaketan. Beraz, zuhurtziaren printzipioari helduta, egokiena da hipotesi ezkorrak serio hartzea, eta izan daitezkeen kalteak leuntzeko berotegi gasen isurketak ahalik eta gehien gutxitzea».
Mundu osoko 270 zientzialarik egindako 34.000 ikerketa ditu oinarri Klima Aldaketarako Gobernuarteko Adituen Taldearen (IPCC) 6. ebaluazio txostenaren bigarren atalak. Europako proiekzioak lau eskualde geografikotan banatu ditu ikerketak, eta Euskal Herria, bere txikian, haietako bitan banatu dute. Bat hegoaldeko Europa izeneko multzoan sartu dute (Hego Euskal Herria) eta bestea, mendebaldeko eta erdialdeko Europakoan (Ipar Euskal Herria). Oro har, kontinente osorako 30-40 simulazio eredu baliatu dituzte ikertzaileek, eta hortik atera dituzte ondorioak. Horietako bat oso garbia da: «Klimak azkarrago berotzen jarraituko du Europa hegoaldean munduko gainerako tokietan baino».
Pirinioetatik itsasoraino
Euskal Herriari dagokionez, hiru eskualde klimatiko bereiz litezke gaur egun nagusiki: ozeaniko epela, mediterraneoa eta alpinoa. Txostenak iragartzen du mendialdeko eremu alpinoetan tenperaturak azkarrago igotzen jarraituko duela hurrengo hamarkadetan ere. «Ozeanoa mantsoago berotzen denez, eta beroaren %90 xurgatu duenez, kostaldearekiko interakzioaren ondorioz, luzera begira eragin larria izan dezake kostaldean. Bestalde, isurketa handiko agertokiek jarraitzen badute, Euskal Herriaren zati mediterraneoa zabaltzea espero dezakegu, eta gaur egun baino eremu handiagoa izatea. Gainera, ereduek erakusten dute Mediterraneoko tenperatura %20 azkarrago ari dela berotzen munduko batezbestekoa baino».
Oro har, txostenak bi agertoki nagusi bereizten ditu: Parisko hitzarmenak aurreikusten duen hipotesirik baikorrena betetzea eta tenperaturaren igoera 1,5 gradura mugatzea —kontuan eduki behar da dagoeneko 1,1 gradu berotu dela batez besteko tenperatura industria aurreko aldiarekin konparatuta—; edota, gaur egungo joera berretsi, eta hiru gradutik gorako berotzea izatea mende bukaeran. Bigarren kasu horretan, desertifikazio joera hartuko du klimak, eta Iberiar penintsulako eremu handiak basamortu bihurtzeko arriskua izango lukete. Prozesu horrek Ebroko ibarrean ere eragina izango luke.
Espezieen galera
Klima ereduetan izango diren aldaketak, beraz, hurrengo hamarkadetako isurketen eta klima aldaketen araberakoak izango dira. Carnicerren esanetan, aurreikusten zailagoak dira biodibertsitatean eta ekosistemetan izango diren aldaketak. «Sistema ekologiko eta klimatikoen elementu batzuk aurreikustea errazagoa da. Adibidez, tenperaturaren bilakaera iragartzea errazagoa da tokian tokiko euri patroiak zertan geratuko diren asmatzea baino. Halaber, espezie bakoitzaren erantzunak aurreikustea oraindik zailagoa da».
IPCCren txostenak, baina, proiekzio bat egin du, tokian tokiko espezieen iraupen aukerak aztertuz, eta klima 1,5 edo 3,2 gradu berotzeko hipotesiak konparatuz. Euskal Herrian, 1,5 graduko berotze bat izanez gero, landareen eta ugaztunen %80 eta %100 artean mantenduko lirateke. Intsektuak, berriz, %60 eta %80 artean. Berotzea 3,2 graduko balitz, landareen %60 eta %80 artean mantenduko lirateke iparraldean, eta %40 eta %60 artean hegoaldean. Antzeko joera lukete ugaztunek ere. Kolpe gogorragoa hartuko lukete intsektuek: %60 eta 80 artean desagertuko lirateke barnealdean, eta pixka bat gutxiago kostaldean.
Espezieek ekosistemetan mantentzeko duten gaitasunari dagokionez, Euskal Herriak aldeko ezaugarriak ditu, altitude erliebe asko eta topografia konplexua dauzkalako. «Baldintza horiek aldekoak izango dira baldintza termiko ertainak dituzten espezieentzako, distantzia txikiko desplazamenduak egin ahal izango dituztelako. Zaurgarrienak izango dira altituderik handienetan bizi diren espezieak, mendiko larre alpinoetan, adibidez. Euskal Herrian, gainera, jada mugatuta daude ingurune horietako espezieak, eta, beraz, aurreikus daitezke desagertze batzuk».
Gehien sufrituko dutenak, beraz, espezie endemikoak dira, zabaltzeko aukera gutxi dituztenak, espezialistak direnak eta habitat oso zehatzetan bizi direnak. Beraz, klima aldaketaren garaian, espezie batzuk, gizataldeak bezala, kaltetuagoak izango dira beste batzuk baino. Sistema alpinoetakoak, koraletakoak, Laminaria algak…
Itsasoetan ere etorkizuneko iragarpenak ez dira baikorrak, txostengileen arabera: «Europako itsaso gehienetan espero da ekoizpen primarioak gutxitzen jarraituko duela 2100. urterako». Espezie guztiei erasango die prozesu horrek, baina Bizkaiko itsasoko espezieen galera nabarmentzen du txostenak atal batean.
1,5 eta 4 graduko berotze prozesuen arteko ezberdintasunak zehaztu ditu IPCCk txostenean, eta, berotzea zenbat eta handiagoa izan, iragartzen du galera gogorragoa izango lukeela antxoen ekoizpenak (%40-60 artean), sardinzarrenak (%80), berdelarenak (%20-40 artean), legatzarenak (%60-80 artean) eta sardinarenak (%40-60 artean)… Aldiz, atun espezieak gehitzea aurreikusten du. Itsasoko ura gero eta azidoago bihurtzea ere aurreikusi du txostenak, eta horrek kalte handia egingo die koralezko uharriei, itsaskiei eta oskol kareduna duten espeziei, oro har.
Pago eta haritz gutxiago
Euskal basoetako ikonoak diren espezieentzat ere ez dakar onik berotze globalak, IPCCk iragarri duenez. Esate baterako, pagadien eta hariztien galerak aurreikusi ditu txostenak. Hala azaldu du Carnicerrek iragarpen hori: «Pagadiak oso sentiberak dira klima aldaketaren ondorioekiko. Jadanik ikusten ari gara, presio klimatiko gogorren aurrean, nola defoliazio prozesuak dokumentatu diren eragin negatibo horien aurrean. Gainera, Europa hegoaldeko pagadiak, oro har, oso sentsibleak dira, iraganeko glaziazio prozesuetako hondar klimatikoak direlako». Europa hegoaldean, gainera, hiru graduko berotze batekin, nabarmen jaitsiko da basoen ekoizpen ahalmena.
Aniztasun genetiko handia dago Europa hegoaldeko pagadietan, askoz aberastasun handiagoa, esate baterako, Europa erdialdean eta ekialdean baino. Beraz, bioaniztasun hori ere arriskuan dago. Antzekoa gertatzen da hariztiekin ere, eta arrisku handien duten espezieen artean dago Euskal Herriko eremu atlantikoan nagusi den haritz kanduduna (Quercus robur). «Haritz horietan aurreikusten da eragin oso nabarmenak izan daitezkeela, eta ikerketa batzuek jadanik atzeman dituzte murrizketak euren hazte patroietan, esate baterako».
Eguraldia, muturretara
Denboraleek, lehorteek, bero eta eurite bortitzek gogorrago joko duten etorkizun bat ere aurreikusten du txostenak. Prezipitazio patroiek muturrera joko dutela iragarri dute, eskualde guztietan. Alegia, euria egiten duenean asko egingo du, eta, egiten ez duenean, bolada luzeak egingo ditu batere egin gabe. Elur geruzak ere nabarmen gutxitzea espero dute, 1.500 eta 2.000 metrotik behera, bereziki. Horrek zuzenki eragingo die Euskal Herriko mendiei, gehienak altitude horretatik behera daudelako.
Aurreikuspen sistemak asko hobetu direla adierazi du Carnicerrek, eta simulazioetan hobetzeko aukera eman die horrek. Hala, frogatutzat jo dute 1,5 graduko berotze batekin edo 3koarekin oso erantzun ezberdinak izango lituzkeela euria egiteko patroiak. «Mediterraneoan, adibidez, aurreikuspena da eurite bortitzen eragina askoz handiagoa izango litzatekeela».
Suteen eta lehorteen eragina ere aintzat hartzekoa da. «Suteek 400.000 hektareari eragiten diete urtero Europako Batasunean, %85 dira hegoaldeko eremuan… Han, suteen maiztasuna %14 handituko da 2,5 graduko berotzearekin, eta %30 4,4 gradukoarekin».
Bero handiko egun gehiago
Txanpon horren aurpegi bera da muturreko beroa. Hain zuzen ere, 35 gradu baino gehiago egingo duten egunak nabarmen gehiago izatea aurreikusten du txostenak. Euskal Herriaren eremuan, kostaldeko lerroan izan ezik, gaur egun baino 10-20 egun gehiago izatea espero dira muturreko beroarekin, klima aldaketa 3 gradukoa bada. «Frogatuta dago jadanik muturreko bero boladen inpaktuaren hazkunde bat. Txostenaren lehen zatian oso ondo jasota daude azken hamarkadetako gertaerak. Eta datozen hamarkadei begira, ikusten da oso alde handia dagoela 1,5 graduko eta 3ko berotze globaleko agertokien artean. Beraz, agenda politikoaren erdian jarri, eta inplementatu behar dira ekintza eraginkorrak eta zorrotzak CO2 isurketak gutxitzeko».
Muturreko beroak eragin handia dauka, adibidez, gizakien osasunean. Txostenak aurreikusten du beroak eragindako estres termikoa hazi egingo dela Europa hegoaldean. Euskal Herrian ere nabarmenduko da hori. Horrek kalte handia egingo die talderik zaurgarrienei: sektore pobretuei, adin nagusikoei, haurrei eta patologiak dituztenei. Zahartutako gizarteak, esate baterako, askoz ere kalteberagoak dira halako egoerei aurre egiteko orduan.
Baina, beroak, giza osasunean ez ezik, nekazaritzan eta abeltzaintzan ere eragin handia izango du, baita kanpoan egiten diren jarduera guztietan ere.
Lehen sektoreari ere kaltea
Txostenak datu esanguratsu bat eman du nekazaritza eremuen inguruan. Bi graduko berotze bat gertatuz gero, Europako eremu agroklimatikoak iparraldera mugituko dira, 25 eta 135 kilometro artean, hamarkada bakoitzeko.
1990etik hona, prezipitazioaren murrizketak eta bero boladen maiztasuna handitzeak gariaren eta garagarraren ekoizpenaren jaitsiera ekarri du. Prozesu hori areagotuko da heldu den hamarkadetan. «Nekazaritza sistemen artean gari ekoizpena da arriskurik handienetakoa daukana, oso zaurgarria baita klima arriskuen aurrean. Beraz, ekoizpen murrizketa handiak aurreikusten dira, %10 eta %40 artekoak. Jakina, horiek muturreko agertokietan aurkitzen ditugu, eta, beraz, isurketak murrizteko dugun ahalmenak eragina izango du». Kontrako norabidean, baina, arto eta erremolatxa ekoizpena handitu egin da azken hamarkadetan.
Carnicerrek ohartarazi du elikadura segurtasunean eta giza eskubideetan eragina daukala prozesu horrek, oinarrizko elikagairik gabe utz ditzakeelako milioika lagun. Halaber, frutak eta barazkiak ekoizteko eta eskuratzeko bidea gutxitu egingo dela ohartarazi du IPCCk.
Arazoak izango dituen sektoreetako bat da ardogintza, Euskal Herrian eragin handia daukana. Mahastien erantzun agroklimatikoak aldatzen ari dira jadanik, eta are eta gehiago aldatuko dira. «Berrikuntza handiko sektorea da, eta bilatu ditzake alternatibak altitudearen arabera. Zona batzuetan egokitzen ari da, eta aurre hartzen ari zaie klima aldaketak dakartzan arrisku batzuei». Hiru graduko berotzea aintzat hartzen duten agertokietan asko zailduko da Arabako Errioxan eta Nafarroan ardogintzari eustea, egungo eremuetan eta baldintzetan, behintzat.
Aintzat hartu beharko da, gainera, oso litekeena dela ur baliabideen eskuragarritasuna ere gutxitzea. «Ureztatzeari dagokionez, plangintza zuhurra egin behar da, zeren eta klima mediterraneoan dagoeneko ura baliabide urria da, eta are eta gehiago urrituko da. Erregadio teknologiak ditugu, baina erakartze efektua izaten dute, eta aho biko labanak dira». Zientzialariaren hitzetan, «pentsatu behar da nola planifikatu uraren erabilera, arroan oinarritutako plangintza hidrografikoa optimizatuz. Egoerara egokitutako landaketak egiten hasi beharko da, muturreko fenomenoekiko espezie erresistenteagoak bilatuz eta lehorteen aurrean hobeto iraun dezaketenak erabiliz».