Articles du Vendredi : Sélection du 11 juin 2021


Aux quatre coins du monde, déjà la fournaise
Justine Guitton-Boussion
https://reporterre.net/Aux-quatre-coins-du-monde-deja-la-fournaise

Alors que l’été n’a pas encore commencé, les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient dans le monde. Du Brésil aux Émirats arabes unis et à l’Iran, de l’ouest des États-Unis à la Sibérie, les températures sont déjà très élevées, menaçant la santé des populations, l’agriculture ou la production électrique.

En regardant sur une mappemonde les événements météorologiques extrêmes de ces derniers jours, on ne sait plus où donner de la tête : des records de chaleur au Moyen-Orient, des incendies en Sibérie, une incroyable sécheresse à l’ouest des États-Unis… Comme si les phénomènes intenses étaient hors de contrôle. Et ces événements sont évidemment à mettre en lien avec le bouleversement climatique. À cause de celui-ci, « il y a 90 % de risque qu’au moins une année entre 2021 et 2025 devienne la plus chaude jamais enregistrée, ce qui délogerait l’année 2016 du premier rang », a prévenu un bulletin de prévisions annuelles établi par le Service météorologique du Royaume-Uni (le centre principal de l’Organisation mondiale de météorologie), publié le 27 mai.

Alors que l’été n’a même pas encore commencé, les températures du Moyen-Orient ont flirté avec des chiffres record le 5 juin. Aux Émirats arabes unis, la ville de Sweihan (à l’est du pays) a enregistré une température de 51 °C. Le lendemain, le mercure a même atteint 51,8 °C. « Record absolu national de chaleur tous mois confondus égalé aux Émirats arabes unis. Le précédent record absolu de chaleur (tous mois confondus) pour cette station précise était de 51,3 °C le 2 juillet 2017 », a commenté sur Twitter Étienne Kapikian, prévisionniste à Météo France.

Le 5 juin, il a fait 51 °C à Omidiyeh, une ville à l’ouest de l’Iran, et 50,9 °C à Al Jahra, à l’est du Koweït. Toujours au-dessus de la barre des 50 °C, le Pakistan et Oman ont enregistré le même jour une température de 50,1 °C à Sibi (centre-ouest du pays) et Sunaynah (nord-ouest).

Habituellement, dans cette région, les pics de température ne sont atteints qu’en plein été. De telles vagues de chaleur dès le début du mois de juin laissent craindre une aggravation de la situation dans les semaines suivantes. « Les vagues de chaleur au cœur de l’été risquent d’être plus fréquentes et fortes, et de s’étendre dans la durée en rognant sur le printemps et l’automne », prédisait l’année dernière à Reporterre le prévisionniste de Météo France Emmanuel Demaël.

Record de température terrestre à plus de 80 °C

Au début du mois de mai, dans une étude parue dans le Bulletin of the American meteorological society, des chercheurs américains ont mis en lumière un nouveau record de température terrestre (et non atmosphérique) de 80,8 °C, constatée dans les déserts de Lout, en Iran, et de Sonora, au Mexique. « C’est 10 °C de plus que le précédent record de 70,7 °C observé en 2005 », précisaient les auteurs.

Une autre étude, publiée cette fois dans la revue Nature Climate Change le 31 mai [1], a montré que 37 % des décès liés à la chaleur pendant la saison chaude peuvent être attribués au changement climatique anthropique (provoqué par les êtres humains). « Nos résultats soutiennent le besoin urgent de stratégies d’atténuation et d’adaptation plus ambitieuses pour minimiser les impacts du changement climatique sur la santé publique », concluaient les chercheurs.

De façon moins impressionnante mais pourtant exceptionnelle, le thermomètre bat aussi des records dans d’autres régions du monde. Au Canada, le 6 juin, le mercure a atteint 31,4 °C dans le centre-ville de Montréal, avec un ressenti de 37 °C ! Un record a été enregistré dans la région de Gatineau (une ville de la province de Québec), avec une température de 33,2 °C. « L’ancien record pour un 6 juin était de 31,1 degrés, établi en 1930 », a indiqué au journal La Presse Anna-Belle Filion, météorologue pour le ministère Environnement canadien.

Sécheresses au Brésil et aux États-Unis

En Russie, des incendies ont commencé à se propager en Sibérie occidentale à partir de la mi-mai, la faute à un temps sec et venteux. D’après les autorités locales de la région de Tioumen, ces feux seraient les plus importants depuis dix ans. Mercredi 9 juin, la situation s’est calmée et le régime d’urgence a été levé dans quasiment toute la région… mais de gros incendies ont commencé simultanément en Yakoutie, dans le nord-est de la Sibérie.

Au Brésil, la sécheresse sévit aussi : d’après les agences du gouvernement, le défaut de pluies dans le sud-est et le centre-ouest du pays serait le pire depuis quatre-vingt-onze ans. La situation menace la production électrique du pays : le secteur hydroélectrique représente plus de la moitié de la production, et ses usines se trouvent dans les territoires concernés par la sécheresse. Il y a un également un risque pour les récoltes agricoles, ainsi qu’un risque d’incendie.

L’ouest des États-Unis n’est pas en reste : lui aussi fait face à une grande sécheresse. La carte U.S. Drought Monitor indique qu’au 8 juin, la Californie, le Nevada, l’Arizona, l’Utah, le Nouveau-Mexique et le Colorado étaient dans une situation allant de « sécheresse modérée » à « sécheresse exceptionnelle » selon les territoires. Les températures augmentent, les sols sont secs, les risques d’incendie augmentent et l’eau se raréfie. Des restrictions d’eau ont d’ores et déjà été imposées aux États. Le lac Mead, bassin artificiel du Colorado, a atteint son plus faible niveau depuis sa création dans les années 1930, mercredi 9 juin. Son eau est pourtant cruciale pour la survie de l’agriculture dans cette région désertique…

Et la situation ne devrait pas s’améliorer de si tôt : d’après le Climate Prediction Center, la sécheresse devrait persister, et même s’étendre aux États voisins. « Les modèles prévisionnels évoquent à nouveau un potentiel de vague de chaleur majeure dans environ une semaine, a tweeté le 9 juin Daniel Swain, membre de l’Institut UCLA de l’environnement et de la durabilité. Des pistes opérationnelles font allusion à ce qui pourrait être un événement plutôt intense, avec des records de température mensuelle en juin, bien qu’il y ait des ensembles plus en sourdine. Cela reste un très fort signal de chaleur pour la mi-juin… »

 

Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… L’état de l’océan continue de se dégrader à grande vitesse
Martine Valo
www.lemonde.fr/sciences/article/2021/06/07/surchauffe-acidification-asphyxie-pollution-algues-l-ocean-en-perdition_6083242_1650684.html

Le diagnostic dressé par l’ONU à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, le 8 juin, est sans appel : le réchauffement climatique et les activités humaines font des ravages.

Drôle de pari que de vouloir prendre le pouls de l’océan : tant d’éléments manquent pour établir son état de santé. Les Nations unies (ONU) ont néanmoins passé commande d’un diagnostic le plus complet possible d’un milieu que l’on ne devrait pouvoir ignorer puisqu’il représente 97 % de l’espace physique habitable de cette planète, non pour savoir si celui-ci va bien, mais pour mesurer à quel point il se porte mal.

Car, du fond des abysses jusqu’aux littoraux, tout y est bousculé sous les effets conjugués du changement climatique et des activités humaines. C’est désormais un rituel que de le rappeler à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, le 8 juin.

En 1 200 pages, l’« évaluation des évaluations » voulue par l’ONU, intitulée The World Ocean Assessment (WOA), synthétise une multitude de recherches scientifiques. Elle ne formule aucune recommandation à l’attention des Etats, mais dresse un état des lieux suffisamment alarmant pour les inciter à agir.

Faune, flore, composition chimique, altération des zones côtières, multiplication de pathogènes : depuis la publication, en janvier 2016, d’une première version de ce travail, l’ensemble des indicateurs a continué à se dégrader à de rares exceptions près. Il a fallu ajouter des chapitres pour tenir compte de menaces supplémentaires qui pèsent sur le monde marin : le bruit que les activités industrielles, pétrolières, gazières, les vaisseaux, les sonars envoient dans les colonnes d’eau ; l’érosion accélérée des côtes, les nouveaux polluants, la diffusion de substances médicamenteuses…

Or, il reste beaucoup à découvrir : ainsi, une nouvelle espèce de poisson est décrite chaque semaine en moyenne depuis 2015. Au fil des pages, les rapporteurs ne cessent d’appeler à davantage d’études, de cartographies, de bases de données. Il n’empêche, la progression des connaissances constitue l’un des rares constats positifs du gros rapport, car pour le reste rien n’échappe aux bouleversements d’un univers marin qui absorbe toujours plus de CO2 et de chaleur, où les températures s’élèvent de façon hétérogène de plus en plus rapidement à la surface des eaux mais aussi à plusieurs milliers de mètres en dessous, où les taux de salinité changent – tout le bassin Atlantique est désormais plus salé que dans les années 1950, tandis que l’eau devient plus douce près des pôles où la glace fond.

Dans l’océan mondial rendu plus acide, le volume global de l’oxygène dissous a diminué de 2 % au cours des cinq dernières décennies, inégalement selon les régions et les profondeurs. Le nombre des désormais fameuses « zones mortes » – autrement dit hypoxiques ou, dans le pire des cas, anoxiques – est revu à la hausse, il avait sans doute été auparavant sous-estimé en haute mer. Ces aires sont non seulement désertées par la faune, qui est suffisamment mobile pour fuir l’asphyxie, mais elles contribuent aussi à l’émission de grandes quantités de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre.

On en recensait 400 jusqu’en 2008, environ 700 en 2019. De nouvelles zones sans oxygène sont apparues dans l’océan Indien et dans le Pacifique, et des vortex hypoxiques ont été récemment découverts dans l’est de l’Atlantique. Le long des côtes, leur répartition dessine une sorte de carte des excès de l’agriculture intensive, car elles résultent en bonne partie des rejets de nitrates et de phosphates. Les engrais génèrent des proliférations d’algues, dont la dégradation entraîne une eutrophisation des eaux et une déperdition d’oxygène.

Les macroalgues sont loin d’être bien connues. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) aurait évalué moins de 1 % des espèces répertoriées dans l’Ocean Biodiversity Information System (OBIS), mais en a déjà classé une comme éteinte, l’australienne Vanvoorstia bennettiana, et plusieurs autres comme menacées, notamment des algues endémiques des Galapagos et de Méditerranée.

Cependant, l’intérêt des scientifiques est aiguisé par ces végétaux dont certaines efflorescences, désormais fréquentes, se manifestent de façon spectaculaire en colorant la mer en rouge, brun, vert ou en s’accumulant en couches épaisses. Depuis la première version du WOA, plusieurs de ces blooms sont apparus dans l’océan Indien, le long des côtes du Bangladesh et du Brésil. Le phytoplancton joue un rôle essentiel dans la production d’oxygène sur terre. Mais, 5 000 espèces, environ 80 ont la capacité de produire des toxines qui intoxiquent poissons, coquillages et humains également. Ces microalgues se trouvent majoritairement chez les dinoflagellés que l’eutrophisation favorise. Elles peuvent s’avérer létales : elles sont capables de paralyser la respiration, d’attaquer les systèmes nerveux, le foie, la peau, de causer des amnésies… Une étude inédite par son ampleur, publiée le 8 juin, ne conclut pas à une augmentation globale des efflorescences d’algues nuisibles, mais constate leur importance accrue en Amérique centrale et aux Caraïbes, en Amérique du Sud, en Méditerranée, dans le nord de l’Asie. La moitié de ces épisodes ont impacté l’aquaculture, 7 % ont provoqué des mortalités massives d’animaux ou de plantes.

La production de zooplancton semble aussi connaître des changements importants avec l’acidification et autres effets des changements climatiques. Le krill en particulier, à la base de la chaîne alimentaire des poissons, cétacés et oiseaux marins, pâtit du rétrécissement des glaces qui lui servent d’abri.

Autre signe de bouleversement : la prolifération des algues brunes sargasses, qui s’accumulent en immenses radeaux flottants, denses, pouvant atteindre sept mètres d’épaisseur. Elles s’échouent par millions de tonnes sur les côtes des Caraïbes, d’Amérique centrale, d’Afrique, formant une sorte de ceinture équatoriale dans l’Atlantique. Depuis 2011, deux espèces, Sargassum natans, autrefois rare, et Sargassum fluitans, empoisonnent la vie des riverains, altèrent l’abondance de petits invertébrés : crevettes benthiques, mollusques… En mer, ces radeaux servent d’abri à certains poissons pélagiques, notamment aux juvéniles de carangues, tout en affectant probablement la production de phytoplancton et en favorisant la diffusion d’espèces invasives. Les nutriments charriés par les fleuves Amazone et Congo sont soupçonnés d’être responsables du phénomène des blooms de sargasses, mais une étude menée notamment par le Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales de Toulouse et publiée en 2021 remet cette explication en cause, sans en avancer d’autres pour l’heure. Les espèces invasives continuent leur expansion. Ainsi, le poisson lion, qui s’est imposé dans les parages des Antilles en dévorant les larves des autres poissons – contaminées ou non au chlordécone –, atteint désormais les côtes du Brésil.

Le déclin de la faune marine comporte encore une part d’inconnu, mais ses moteurs sont bien identifiés. « La diversification des activités humaines dans les océans, notamment pour la production d’énergie et l’exploitation minière dans le cadre de l’économie bleue en expansion dans de nombreuses régions marines, pose de nouveaux défis de conservation pour les mammifères marins. Le changement climatique et les modifications associées de la dynamique des écosystèmes marins, le bruit anthropique, les collisions avec les navires, la modification de l’habitat et les perturbations comportementales apparaissent désormais comme influençant un éventail plus large d’espèces », résume le WOA.

Selon l’UICN, environ 6 % des poissons évalués, près de la moitié des requins et des raies, 10 % des chimères et les deux espèces de coelacanthes sont menacés ou quasi menacés d’extinction. Triste nouvelle annoncée en 2018, puis confirmée deux ans plus tard : le Sympterichthys unipennis de Tasmanie, un poisson « à mains » doté de drôles de nageoires allongées, est déclaré éteint. Il est le premier dans ce cas dans l’océan. Après un pic, la pêche mondiale connaît d’ailleurs de moindres performances malgré sa sophistication technologique.

Destruction des habitats

Le constat est sombre aussi pour les oiseaux marins, tandis que les dugongs et les lamantins, les dauphins côtiers, les loutres déclinent.

Il ne reste plus que quelques vaquitas ou marsouins du golfe de Californie. Quant aux tortues marines, elles subissent une féminisation de leurs embryons en raison de la hausse des températures, des perturbations dues aux lumières des villes massées sur les littoraux, sans compter le braconnage…

Depuis l’évaluation publiée en 2016, la tortue de Kemp (Lepidochelys kempii) est descendue de la catégorie « en danger » à « en danger critique d’extinction », sa population ayant chuté de 80 %. Des centaines de milliers d’entre elles ont été exposées aux fuites de pétrole de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, en 2010.

Cependant, grâce à des mesures de protection, la tortue caouanne (Caretta caretta) se porte mieux. Nettement moins chassés qu’au XXe siècle, une part des divers cétacés à fanons semblent se rétablir, 36 % d’entre eux voient leur abondance progresser. Les baleines n’en ont pas fini pour autant avec tous les déboires que leur causent les humains : elles sont de plus en plus souvent victimes de collision avec les navires.

A part pour quelques rares organismes, comme les méduses à l’aise pour voyager sur des particules de plastique et toutes prêtes à s’adapter au bétonnage des côtes, la destruction des habitats constitue un dommage majeur. Entre les tempêtes de plus en plus violentes, les rejets de sédiments et la turbidité, dus à la construction de digues de protection, au creusement de ports ou de kilomètres carrés de bassins aquacoles, à la pose de câbles sous-marins et bien sûr au chalutage, mangroves, herbiers marins, marais salants et coraux disparaissent à grande vitesse.

L’évolution rapide des côtes sableuses a de quoi inquiéter. Un quart d’entre elles s’érodent à un taux supérieur à 0,5 mètre par an – le phénomène s’observe particulièrement en Afrique et en Océanie, tandis qu’à l’inverse 27 % connaissent une accrétion. C’est surtout le cas en Asie, où d’importantes constructions artificielles sont gagnées sur la mer.

Les prévisions indiquent que de 13 % à 15 % des plages de sable (entre 36 000 kilomètres et 40 500 kilomètres) subiront une érosion sévère d’ici à 2050, et entre 35 % et 49 % d’ici à la fin de ce siècle. Plus de 600 millions de personnes vivent dans des régions côtières à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette attirance et l’extension des élevages aquacoles entraînent des pressions supplémentaires pour les écosystèmes marins : l’océan reçoit quantité de substances pharmaceutiques, tonnes de crème solaire et autres produits de soins. Les analyses qui commencent à se développer dans ce domaine détectent le plus fréquemment des antibiotiques, antiépileptiques, antiinflammatoires non stéroïdiens, analgésiques, de la caféine.

Des gènes antibio-résistants ont été trouvés dans les sols des océans Pacifique et Arctique. Compte tenu des millions de tonnes de plastique qu’elles y déversent, et que l’on retrouve jusqu’à – 10 000 mètres, il semble clair que les sociétés humaines continuent de prendre l’océan pour une gigantesque poubelle. A tort : des expériences en laboratoire ont révélé des effets néfastes de lixiviation de plastique sur la bactérie marine photosynthétique Prochlorococcus, qui produit jusqu’à 20 % de l’oxygène atmosphérique. « Si les résultats sont confirmés in situ, la pollution plastique constitue une menace pour la production mondiale d’oxygène par les bactéries marines », conclut le rapport.

Qu’est-ce qui a changé depuis l’époque où les belligérants de la première guerre mondiale balançaient au large leurs armes chimiques, avant que la plupart des pays s’y débarrassent d’une bonne part de leurs déchets industriels ? Le WOA se réjouit qu’il ne se soit pas produit d’événement majeur dans l’industrie nucléaire depuis le tsunami qui a frappé la centrale de Fukushima, en 2011. Mais cette observation précède la décision du Japon annoncée en avril de déverser dans le Pacifique les eaux contaminées issues du refroidissement des réacteurs.Les rapporteurs soulignent que plusieurs traités internationaux commencent à s’appliquer. Ainsi, la convention de Minamata a-t-elle généralement permis de réduire les concentrations de mercure à l’échelle mondiale. Le nombre d’accidents de navires de plus de 100 tonneaux continue de diminuer : 88 par an en moyenne de 2014 à 2018, contre 120 les cinq années précédentes. On a dénombré une moyenne de six déversements d’hydrocarbures de plus de sept tonnes par des pétroliers entre 2010 et 2018, contre 18 au cours de la décennie précédente. Mais, là encore, l’actualité a noirci ce tableau depuis. A l’été 2020, l’île Maurice a été souillée par une marée noire, puis le Sri Lanka en a connu une en septembre. C’était avant la catastrophe du XPress Pearl. Ce porte-conteneurs, qui a brûlé pendant treize jours, a partiellement sombré le 2 juin en déversant à l’est de ce pays des tonnes d’acide nitrique, d’éthanol et de granulés de plastique. Les experts en environnement les appellent les « larmes de sirène ».

L’ONU appelle à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030
Perrine Mouterde
www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/03/l-onu-appelle-a-restaurer-un-milliard-d-hectares-de-terres-degradees-d-ici-a-2030_6082663_3244.html

Les écosystèmes, indispensables pour permettre la séquestration du carbone ou assurer la sécurité alimentaire, ont été massivement touchés par les activités humaines.

Au Pakistan, 10 milliards d’arbres doivent être plantés en cinq ans, et des efforts sont menés pour restaurer des zones humides telles que la lagune de Miani Hor, dans le Baloutchistan. Au Costa Rica, le couvert forestier a doublé depuis les années 1980, et le développement de l’écotourisme contribue à la hausse du produit intérieur brut (PIB). En Chine, la cigogne orientale est revenue dans le lac Hong après que la végétation aquatique a été reconstituée.

Dès les prochaines années, ces initiatives devront se multiplier et changer d’échelle. A l’occasion du lancement de la décennie pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), les Nations unies appellent la communauté internationale à mettre en œuvre ses engagements et à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées, soit une superficie supérieure à celle de la Chine. Les dirigeants sont également invités à prendre des décisions similaires en faveur des océans, précisent le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport publié jeudi 3 juin. Au total, 115 Etats ont déjà exprimé leur volonté de restaurer des territoires, notamment en Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique centrale.

 « Accroître la protection et la gestion durable de ce qui reste de nos paysages naturels et des océans ne suffira pas : les écosystèmes dégradés de la planète et les énormes avantages qu’ils procurent doivent également être restaurés », expliquent Inger Andersen, la directrice exécutive du PNUE, et Qu Dongyu, directeur général de la FAO. « La protection des écosystèmes sains et les aires protégées sont vitales mais nous avons provoqué tellement de dommages que se concentrer uniquement sur la conservation n’est plus suffisant, ajoute Barnabas Dickson, l’un des principaux auteurs du rapport.

La dégradation des écosystèmes correspond à la perte des services qu’ils fournissent. Si l’on veut enrayer l’érosion de la biodiversité mais aussi assurer la sécurité alimentaire ou atténuer les effets du dérèglement climatique, il faut restaurer ces fonctions. »

Huit écosystèmes prioritaires

Les populations humaines ont laissé leur marque sur une très large proportion de la planète – une étude récente publiée sur le site Frontiers estime par exemple que seulement 3 % de la surface terrestre est « écologiquement intact ». Dans leur rapport, le PNUE et la FAO s’intéressent en particulier à huit écosystèmes (les terres agricoles, les forêts, l’eau douce, les prairies, zones arbustives et savanes, les montagnes, les océans et zones côtières, les tourbières, les zones urbaines) sur lesquels il est nécessaire d’agir en priorité : tous ont été profondément touchés, en particulier par les changements d’usage des terres et la surexploitation des ressources. La dégradation des terres agricoles, dont dépendent 2 milliards de personnes, réduit les rendements des cultures et du bétail. Environ 80 % des terres arables sont affectées d’une façon ou d’une autre – par la sécheresse, le déclin de la végétation, la salinisation des sols… –, ce qui pourrait entraîner une baisse de la productivité du système alimentaire mondial de 12 % d’ici à 2040. Les forêts régulent le climat, absorbent le carbone de l’atmosphère et fournissent un habitat pour 80 % des espèces d’amphibiens ou 68 % des espèces de mammifères, entre autres choses : depuis 1990, plus de 400 millions d’hectares ont été convertis à un autre usage. Au cours de la même période, plus de 65 % des zones humides ont disparu et aujourd’hui, 66 % des écosystèmes marins sont dégradés ou modifiés. « Il y a beaucoup moins d’effort concerté pour la restauration des océans que pour les terres, précise Tim Christophersen, coordinateur de la décennie pour la restauration des écosystèmes au PNUE. Il manque une grande initiative mondiale pour la restauration des forêts, en faveur des océans. » Restaurer ces écosystèmes a un coût : il faudrait investir 200 milliards de dollars (plus de 164 milliards d’euros) par an pendant dix ans, estiment les Nations unies. Mais les bénéfices attendus en retour sont multiples.

« Réparer » 15 % des terres de la planète, tout en arrêtant l’artificialisation de nouveaux espaces, pourrait permettre d’éviter jusqu’à 60 % des extinctions d’espèces animales ou végétales attendues. Combiner protection des écosystèmes intacts et efforts de restauration contribuerait aussi, à hauteur de 30 %, aux efforts attendus d’ici à 2030 en matière d’atténuation du changement climatique.

A lui seul, le développement de l’agroforesterie pourrait également accroître la sécurité alimentaire de 1,3 milliard de personnes. La restauration des zones humides peut améliorer la qualité de l’eau en capturant polluants et sédiments, quand des écosystèmes sains et stables ont aussi des effets bénéfiques en termes de santé humaine et de prévention des zoonoses.

« Nous avons des projets de restauration de la mangrove à Madagascar, explique, par exemple, Véronique Andrieux, la directrice générale de la branche française du Fonds mondial pour la nature, partenaire de la décennie pour la restauration. Ce sont les communautés locales qui en bénéficient : elles sont moins vulnérables au désastre car les mangroves protègent des inondations et elles ont davantage de ressources pour la pêche. »

Ce nouvel appel des Nations unies à des efforts colossaux sera-t-il suivi d’effet ? Aucun des objectifs internationaux de protection de la nature adoptés en 2010 au Japon n’a été atteint dix ans plus tard. Au-delà du coût financier, restaurer 1 milliard d’hectares nécessite des changements structurels. « La difficulté est que les écosystèmes et les services qu’ils fournissent sont souvent invisibles, constate Barnabas Dickson. Pour le consommateur, l’agriculteur ou la grande multinationale, le coût de cet usage des écosystèmes n’apparaît nulle part. Nous avons obtenu tous ces bénéfices au prix de la dégradation de l’environnement, à tel point qu’une grande partie des écosystèmes ne fournissent plus ces services. Il est temps d’agir. »

Olatu artifizialik ez Donostian!
antondegiberdea.eus/eu
www.change.org/p/no-a-las-olas-artificiales-en-san-sebasti%C3%A1n-olatu-artifizialik-ez-donostian-no-to

Donostiako Udalak Donostian olatu artifizialak sortzen dituen azpiegitura bat eraikitzeko proiektua aurkeztu du. 6 futbol zelai baino gehiagoko azalerarekin, instalazioa Antondegin eraikiko litzateke. Gainera, fauna aberastasun handiko mendi hau, kostaldetik 4 kilometrora baino ez dago. Proiektuak kalte larriak eragingo lituzke, bai ingurumenean, bai surfaren praktikan.

Hauek dira, proiektua geldiarazteko eskatzeko arrazoi nagusiak:

  • Baliabide publikoen gastua (6,2 hektareako lurzoru publikoa lagatzea eta 2,8 hektareatan sarbideak eraikitzea), funtsezkoa ez den eta surflarien komunitateak eskatzen ez duen jarduera pribatu bat garatzeko.
  • 9 hektarea lurzoru artifizializatzea eta Donostiako korridore ekologikoen sarea narriatzea.
  • 109 hegazti-espezie erasatea; horietako 27 Euskadiko Espezie Mehatxatuen Katalogoan sartuta daude.
  • Antondegiko ugaztunei kalte egitea (18 espezie baino gehiago, hala nola azeriak, azkonarrak eta katajinetak).
  • Inguruko hondartzetan surflarien masifikazioa handitzea.
  • Proiektua aurrera eramateko interesa duen enpresak antzeko azpiegitura bat du Aizarnazabalen; beraz, ez dago justifikaziorik, ez bigarren instalazio bat eraikitzeko, ez Donostiara lekualdatzeko.
  • Instalazio hauetarako sarreren prezioa altua da.
  • Itsasoaren ondoan olatu artifizialak jartzea zentzugabea da, are gehiago gaur egun bizi dugun trantsizio energetikoaren eta klima-aldaketaren testuinguruan.

Informazio gehiago izateko, jo antondegiberdea.eus helbidera.

Garaiz gaude proiektu hau geldiarazteko! Donibane Lohizunen presio sozialak antzeko proiektu bat geldiaraztea lortu zuen. Lagun iezaguzu eta sinatu Donostian olatu artifizialen proiektua etetearen alde!