Pour que l’été 2022 ne devienne pas la norme : des formations et de l’action !

Après un été caniculaire frappé d’événements extrêmes et face aux risques croissants, Bizi! appelle à la mobilisation. Suivant les préconisations du climatologue Christophe Cassou, qui s’efforce de former les élus aux enjeux écologiques, l’association propose une déclinaison locale pour les élus du territoire et appelle les citoyens à participer à une vélorution.

Nous venons de vivre “l’été de tous les extrêmes” selon Météo France. Avec les 40 °C les plus précoces jamais mesurés, trois vagues de chaleur, des feux de forêts d’une ampleur et d’une extension spatiale inégalées – particulièrement au Sud-Ouest – le dérèglement climatique s’intensifie dans l’hexagone et partout dans le monde. Des inondations historiques au Pakistan ont submergé un tiers du pays – soit l’équivalent de la moitié du territoire de la France métropolitaine – tuant plus de 1000 personnes et faisant 50 millions de déplacés. Ce même pays a aussi brièvement dépassé à Jacobabad un seuil de chaleur et d’humidité rendant la température mortelle pour l’humain, même en excellente santé. Les activités humaines émettrices des gaz à effet de serre, responsables de l’emballement climatique, sont en train de rendre certains territoires inhabitables .

Le Pays Basque nord n’est pas non plus épargné et a connu l’été le plus chaud jamais enregistré depuis l’ouverture de la station météo de Biarritz en 1953. Le thermomètre a atteint des records avec 43,2 C° à Cambo. Face au risque de pénurie d’eau, la préfecture des Pyrénées Atlantiques a placé 95 communes du Pays Basque au niveau « crise » dans la restriction des usages de l’eau potable. Alors que la sécheresse se poursuit, que ses impacts agricoles sont encore indéfinis et que les cultures ne peuvent être irriguées, les greens des golfs continuent de bénéficier d’une dérogation.

“On ne peut plus poursuivre cette trajectoire mortifère, affirme Anthony Lubrano porte-parole de Bizi!, il est encore temps d’agir et d’opter pour une bifurcation désirable. Mais l’importance des changements nécessaires ne pourra pas être acceptée par la population sans justice sociale et sans juste répartition des efforts.”

Outre les causes géopolitiques, la tension et l’incertitude énergétiques actuelles sont aussi  le résultat de décennies d’inaction politique. Depuis plus de 13 ans, Bizi!, à l’instar de nombreux autres mouvements, défend une sobriété énergétique choisie et un basculement vers les énergies renouvelables qui n’ont pas eu lieu. L’association rappelle les avertissements du GIEC* : plus les actions seront reportées, moins les marges de manœuvre seront grandes et plus les changements à effectuer seront grands et subis. “On ne négocie pas avec le changement climatique” confirme Christophe Cassou, auteur principal du dernier rapport du GIEC.

Le climatologue, qui s’était mobilisé avec d’autres scientifiques pour délivrer des formations « premiers secours » aux nouveaux parlementaires volontaires, a accordé un entretien à Bizi!, après son intervention lors du camp de formations estival de l’association.  Selon lui, “on ne peut aujourd’hui prendre une décision sans intégrer les enjeux climatiques. Chaque élu, avant d’élaborer des lois ou de proposer des mesures, doit se poser cette question.”

Christophe Cassou pense donc “ [qu’] il y a une nécessité de monter en connaissance et compétence des élus sur l’ensemble de ces risques, de les connaître pour agir et de les diminuer.” C’est aussi le sens de la sensibilisation des ministres aux enjeux climatiques réalisée par Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du GIEC, lors du séminaire gouvernemental de rentrée. Bizi! se solidarise avec cette démarche et appelle les élus municipaux et communautaires du Pays Basque à également se former.

Ainsi, 880 élus sont signataires du Pacte de métamorphose écologique : un projet ambitieux pour faire du Pays Basque nord un territoire résilient qui appelle des politiques publiques particulièrement volontaristes. Cependant, des mesures communales et communautaires à la hauteur des enjeux impliquent des élus suffisamment outillés pour les porter. 

C’est pourquoi Bizi! s’associe à l’organisme de formation Bihar- Institut de la Transition écologique, économique et sociale – ainsi qu’au centre de formation pour élus CEDIS, pour garantir la meilleure offre de formation, adaptée aux problématiques territoriales du Pays Basque. Ce programme se décline en 7 journées de formation dans différents lieux du Pays Basque nord qui abordent chacune l’une des 7 thématiques du Pacte de métamorphose écologique : agriculture et alimentation, économie locale et eusko, énergies renouvelables, réductions des déchets, bâtiments, mobilités et Plan climat.

Face à l’urgence croissante, la mobilisation ne doit pas se limiter aux élus et doit être la plus large possible. Pour une transformation des mobilités – 1er secteur d’émissions de gaz à effet de serre sur la côte – Bizi! appelle à une vélorution le dimanche 25 septembre à 15h00 à Saint-Jean-de-Luz, square de Verdun. Durant cette manifestation à vélos, les citoyens auront l’occasion de demander un plan ambitieux d’aménagements cyclables sécurisés et sans discontinuité sur la commune. M Irigoyen, maire de Saint-Jean-de-Luz, étant aussi président du Syndicat des mobilités, la mobilisation visera également à ce qu’un Plan vélo du même niveau soit élaboré et mis en œuvre sur le reste du territoire. 

* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.