Bizi alerte sur la destruction imminente de 12 ha des dernières barthes de Mouguerre. Ce projet menace la biodiversité et les réserves en eau, affaiblit nos moyens de résilience face aux événements climatiques, et artificialise des zones humides précieuses à rebours des logiques allant vers le zéro artificialisation net. Bizi se joint à Mouguerre Cadre de vie et au Collectif d’associations de défense de l’environnement (CADE) pour demander de préserver les barthes de Mouguerre de l’artificialisation auxquelles elles sont promises, et appelle à signer la pétition en ce sens.
Bizi alerte aujourd’hui sur le projet d’extension du Centre européen de fret sur 12 hectares des dernières barthes de Mouguerre pour anticiper notamment l’arrivée d’une autoroute ferroviaire qui ralliera l’Irlande à l’Espagne et l’implantation de l’entreprise de vente de matériel médical Enovis (ex-DJO). Les 12 derniers hectares de barthes de Mouguerre seraient remblayés sur une hauteur de 2 m.
6 raisons de préserver les barthes de Mouguerre
Les risques d’inondation seraient augmentés. Avec la disparition de ces zones humides qui stockent l’eau de pluie et l’élévation des terrains, l’eau sera amenée en cas de crue de l’Adour à se répandre en contrebas et à se disperser vers les habitations du Port de Mouguerre, de Lahonce, voire de Bayonne. D’après Mouguerre Cadre de vie “Le dossier présenté anticipe cyniquement l’élévation du niveau d’eau de 10 cm pour les habitations riveraines.” Au-delà des inondations, les barthes jouent un rôle important dans la régulation des étiages et le stock d’eau douce.
À contresens du défi climatique, ce sont autant d’hectares qui n’absorberaient plus le CO2 et ne contribueraient pas à atténuer le dérèglement climatique, alors que chaque fraction de degré compte pour en limiter les impacts.
Détruire les barthes de Mouguerre, c’est affaiblir nos filets de sécurité climatique alors que nous sommes au bord du gouffre. Ces écosystèmes assurent notre résilience, c’est-à-dire notre capacité à limiter les impacts des sécheresses ou des inondations par exemple. Rappelons que l’année 2023 a déjà atteint 1,48°C de réchauffement au niveau mondial et que le dérèglement climatique rend les événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses.
Un choix inexplicable à l’heure de la réduction drastique de l’artificialisation. L’État français s’est fixé, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines années (2021-2031) par rapport à la décennie précédente (2011-2021). A l’heure où chaque hectare compte et doit être affecté à des usages prioritaires pour la population du Pays Basque, où il faut peser les équilibres au sein du territoire pour un développement équitable, comment justifier la destruction des barthes de Mouguerre ?
Toujours plus de camions sur les routes. L’intérêt du ferroviaire est d’ailleurs amoindri quand on sait que cette ligne ferroviaire à destination de l’Espagne s’arrête à Mouguerre. Tous les camions prendront donc l’A63 depuis Mouguerre jusqu’à la frontière, et inversement. A la clé, une hausse des émissions de gaz à effets de serre responsable du dérèglement climatique et un trafic accru sur l’autoroute.
La biodiversité serait menacée. Les barthes sont un habitat très favorable à un grand nombre d’espèces menacées et protégées. Voici la présentation que fait le CPIE de cet écosystème très particulier.
Ménager le territoire, se mobiliser !
Le choix d’artificialiser les barthes de Mouguerre est d’autant plus incompréhensible que d’autres solutions sont possibles pour installer ces structures tout en ménageant le territoire.
Nous rejoignons les propositions alternatives faites à la commune de Mouguerre et la CAPB de proposer d’une part à Enovis (ex-DJO) une autre implantation, par exemple sur les friches industrielles du site des Salines située tout près, d’autre part de différer le remblaiement pour les projets ferroviaires, car ceux-ci peuvent démarrer sur la partie déjà remblayée du Centre européen de fret.
Nous appelons à signer la pétition et à diffuser largement ces informations. En effet, la signature du permis d’aménager vient d’avoir lieu et les travaux de remblaiement des 12 ha pourraient commencer rapidement.