Les activistes climat vont à la rencontre des salariés de Société Générale

À la veille de l’ouverture de la COP24, des activistes de BIZI ! se sont rendus dans 5 agences de Société Générale ce jour (vendredi 30 novembre), afin d’engager le dialogue avec les salariés de la banque et de remettre une lettre aux directeurs. Ils leur ont exposé les motivations à l’origine de la mobilisation citoyenne qui cible Société Générale depuis plusieurs mois et leurs demandes : la fin de ses soutiens au gaz de schiste et le retrait de toute urgence du projet Rio Grande LNG au Texas.

Ce vendredi, les militants de BIZI ! ont effectué une tournée des agences Société Générale de Bayonne, Anglet et St Pierre d’Irube. Démarche originale, ils sont allés à la rencontre des salariés de la banque afin d’échanger avec eux sur les raisons d’une mobilisation citoyenne qui s’intensifie depuis le mois de septembre : Société Générale est la première banque française à soutenir les industries fossiles les plus nocives pour le climat, l’environnement et les populations, à savoir le charbon, les sables bitumineux, les forages en eaux profondes et en Arctique, l’exportation de gaz de schiste [1]. Ils ont remis aux directeurs des agences une lettre signée par plusieurs organisations françaises et internationales [2].

Anthony Lubrano de Bizi ! insiste sur le rôle crucial joué par la banque dans le développement du gaz de schiste, un secteur en plein boum bien que catastrophique pour la planète : « Aux États-Unis, plusieurs dizaines de terminaux d’exportation de gaz liquéfié (GNL) sont en projet et auront pour vocation d’exporter massivement la surproduction de gaz de schiste américaine à travers le monde, et notamment vers les marchés européens et français. L’objectif de l’administration Trump : faire des États-Unis une superpuissance énergétique. Politique climaticide dont Société Générale est bien décidée à tirer profit, puisqu’elle est la première banque au monde à soutenir le développement de ces projets, avec plus de 1,1 milliard de dollars de financements accordés pour la seule année 2017. Trump l’a rêvé, Société Générale le fait ! ».

Société Générale appuie notamment le développement du terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG et du gazoduc Rio Bravo Pipeline au Texas, qui contribueraient à émettre autant que 44 centrales à charbon, et menacent les conditions de vie des communautés locales et des peuples autochtones [3]. La coalition citoyenne Save RGV From LNG [4] et la communauté amérindienne des Carrizo Comecrudo luttent depuis plusieurs années contre ce projet de 20 milliards de dollars. En signant la lettre adressée par les militants aux directeurs d’agence, ils lancent un nouvel appel transatlantique à Société Générale, qui, ils espèrent, ne restera pas lettre morte.

« Nous appelons la direction de Société Générale à cesser de suivre la même folie que Trump et à mettre fin aux soutiens de la banque au gaz de schiste, et en priorité au projet Rio Grande LNG. Société Générale est la championne des énergies sales, alors nous avons nettoyé par centaines ses agences partout en France [5]. Plus de 1 600 activistes sont passés à l’action depuis le 8 septembre, mais la banque reste à ce jour sourde à nos demandes. Il nous a paru important aujourd’hui d’expliquer notre démarche à ceux qui travaillent localement pour la banque, mais sont bien loin des décisions prises au siège parisien de Société Générale. En effet, le dérèglement climatique concerne tout le monde, et si rien n’est fait pour limiter l’augmentation de la température globale à 1,5 °C, les événements sans précédent que nous connaissons déjà aujourd’hui attendront une magnitude catastrophique demain », poursuit Sabrina Ravetta de Bizi.

Un appel a été lancé le 8 septembre par les Amis de la Terre et ANV-COP21, et soutenu par 22 organisations françaises et internationales, à organiser une action géante de nettoyage de l’agence centrale de Société Générale à Paris le 14 décembre, jour de la clôture de la COP24, si la banque n’annonce pas publiquement une révision de sa politique [6]. «Nous appelons tous les citoyens à se joindre à cette action de désobéissance civile, pour que la banque endosse enfin sa responsabilité climatique », conclut Mattin Ihidope du mouvement Bizi.

[1] www.ran.org/bankingonclimatechange2018

[2] http://bizimugi.eu/wp-content/uploads/2018/11/lettre-FR.pdf

[3] Pour plus d’information sur ce projet, consulter le rapport des Amis de la Terre France « Société Générale, plein gaz sur les fossiles » : www.amisdelaterre.org/Rapport-Societe-Generale-plein-gaz-sur-les-fossiles.html

[4] Save Rio Grande Valley From LNG, ou Sauvons la vallée du Rio Grande du GNL.

[5] www.amisdelaterre.org/Climat-Societe-Generale-visee-par-des-actions-de-nettoyage-partout-en-France.html

[7] Voir l’appel à action et la liste des signataires : www.amisdelaterre.org/Faisons-un-nettoyage-geant-de-Societe-Generale.html