Aujourd’hui, jeudi 24 novembre, c’est la journée contre la précarité énergétique. À l’heure où le gouvernement demande de limiter la température des logements à 19°C, rappelons que bon nombre de foyers ne peuvent l’atteindre à cause de la mauvaise isolation de leur logement et des fortes déperditions de chaleur. En effet, 5,2 millions de logements mal isolés sont de véritables passoires thermiques (1) en France, ce qui a un effet désastreux, non seulement sur la santé et le porte-monnaie des habitant.es, mais également sur le climat.
Ces passoires brûlent à elles seules 10% de la consommation de chauffage du parc bâti français et participent largement aux émissions de gaz à effet de serre (GES)! Le bâtiment est le 3e secteur émetteur de GES dans l’hexagone, il est donc urgent de prendre de vraies mesures pour réduire ces émissions, tant à l’échelle hexagonale qu’à l’échelle locale. Et ce d’autant plus dans le contexte de crise énergétique que nous traversons actuellement.
L’an dernier, sur les 5,2 millions de passoires, la prime “sortie de passoire” de MaPrimeRénov’ n’a financé que 2500 rénovations dans l’Hexagone selon un rapport de la Cour des comptes… A ce rythme, il faudrait plus de 2000 ans pour parvenir à rénover l’ensemble des logements passoires! De plus, les montants de ces aides sont insuffisants pour venir à bout de la rénovation énergétique des bâtiments : l’aide versée par dossier est d’environ 3200 euros en moyenne alors qu’une rénovation globale et performante nécessite entre 40.000 et 50.000 euros.
Au Pays Basque, les besoins en chauffage sont à l’origine de 75% des émissions de gaz à effet de serre du secteur résidentiel, qui consomme lui-même 38% de l’énergie du territoire. Sur les 177 000 logements que compte le territoire, plus de la moitié sont classés E,F ou G (3) et ne pourront plus être loués d’ici 2034. 20% des logements collectifs sont classés G au DPE et seront donc exclus du marché locatif en 2023!
Le Plan Climat de l’Agglomération du Pays Basque utilise un scénario avec un taux de rénovation de 3.33% par an à l’horizon 2050, (soit 5 900 logements par an) qui permettrait de rénover l’ensemble du parc et réduire à terme les consommations d’énergie de 60%. Cependant, aucune information n’est précisée dans le rapport 2021 quant à la qualité des rénovations thermiques réalisées (le rapport 2020 précisait la part de rénovation avec gain d’au moins une classe énergétique).
À ce jour, les actions publiques et les aides ne sont pas à la hauteur du défi. Face à l’urgence, n’attendons plus pour agir !
(1) Selon une étude de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) de juillet 2022
(2) Le déploiment par l’Anah du dispositif « Ma primerénov’ « : premiers enseignements
(3) PLAN CLIMAT PAYS BASQUE – Rapport de diagnostic – version du 19 juin 2021 p156 : classes énergétiques des logements PB (2e graphique)
