Devant le résultat à la fois prévisible et sérieusement préoccupant des élections européennes de ce 25 mai 2014 en France qui placent le FN en première position, loin devant tous les autres partis, nous devons tous et toutes prendre un petit moment pour nous demander comment on a pu en arriver là. Comprendre les racines du problème est un des moyens de mieux le combattre à l’avenir.
Tout d’abord les mouvements progressistes et écologistes devons s’interroger nous eux même, sur notre travail et notre présence, sur notre efficacité et notre capacité à occuper ou non le terrain, ou à le laisser libre pour l’extrême-droite, sur notre capacité ou non à répondre aux souffrances et aux besoins des plus vulnérables.
Il faut également décortiquer les responsabilités au plus haut niveau, comprendre quelles sont les politiques qui alimentent cette montée constante du Front National. Pour cela, nous pouvons relire ici le texte distribué par Bizi le soir même de la défaite de Nicolas Sarkozy et de la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle du 6 mai 2012 (lire le texte dans son intégralité sur : https://bizimugi.eu/defaite-de-nicolas-sarkozy-une-victoire-qui-renforce-des-combats-plus-necessaires-que-jamais).
Tout ce qui est en train de se dérouler y était décrit dans le détail, et donc hélas aisément prévisible. Cela rend encore plus inexcusable l’attitude de ce gouvernement et des partis majoritaires (jusqu’à hier) de l’hexagone.
« (…) Face à cela, il n’y a rien dans le programme et la vision de François Hollande qui puisse nous rassurer et nous laisser penser que le nouveau gouvernement sera à la hauteur de ces défis, bien au contraire. François Hollande est loin d’annoncer des mesures et une volonté de s’attaquer à un partage radical du travail et des richesses pour résoudre les problèmes les plus urgents de notre société. Il est loin d’afficher une claire détermination à s’opposer à la dictature des marchés financiers, à leur volonté de spolier encore plus les populations, de casser le droit du travail et les systèmes de protection sociale. Il est loin de vouloir engager une véritable transition énergétique, dans les domaines de la production, du logement, des transports, de l’agriculture, de l’aménagement du territoire, des politiques d’économie d’énergie et de développement d’énergies renouvelables.
Au contraire, il s’enferme lui aussi dans l’impasse dangereuse du nucléaire. Il s’en remet à « la croissance » pour maintenir un statu quo dont nous ne voulons pas, et semble plus préoccupé de promouvoir la rigueur budgétaire que d’éviter les grandes catastrophes écologiques ou climatiques qui se dessinent. Faire du retour à l’équilibre budgétaire un axe central de la campagne électorale et rester de marbre sur le fait que nous consommons aujourd’hui l’équivalent de trois planètes alors que nous n’en n’avons qu’une est le marqueur le plus évident de l’aveuglement suicidaire de nos élites actuelles. François Hollande n’échappe hélas pas à cette règle là. Contrairement à la dette ou au déficit commercial, la mise à mal des grands équilibres écologiques et climatiques de la planète est pourtant irréversible, sans possibilité pour les générations à venir de les rétablir par telle ou telle décision politique, par telle réforme fiscale ou telle règle d’or constitutionnelle.
Une lourde responsabilité :
Or, toute absence d’anticipation des chocs énergétiques et crises écologiques, toute politique d’austérité, toute mesure anti-sociale qui seraient le fait du nouveau gouvernement socialiste prendraient le risque terrible de pousser encore plus massivement les couches populaires vers le FN. Ce dernier va tenter de bâtir après la défaite de l’UMP et sa dérive vers les thèses les plus malsaines de l’extrême-droite, un pôle de droite dure visant la conquête du pouvoir dans les années à venir.
C’est pourquoi le camp de la justice sociale et de la responsabilité écologique a plus que jamais le devoir d’associer les secteurs les plus délaissés et vulnérables de la population pour construire avec eux les solutions réelles et durables à la crise actuelle de ce système. »