La création d’un péage de transit en lieu et place de l’écotaxe est un grave recul démocratique et écologique. Annulant une loi votée par une grande majorité de parlementaires pour céder devant les lobbies patronaux les plus agressifs (routier, agro-alimentaire, grande distribution), le gouvernement Hollande ignore de surcroît les recommandations de la mission parlementaire qu’il avait lui même mise en place pour décider du sort de l’écotaxe.
Le résultat est sidérant : les recettes ne ramèneront plus que 500 millions au lieu d’1,2 milliards d’euros annuels, pour un produit net annuel d’environ 300 millions ! (source FNAUT). Or, les citoyens et contribuables doivent connaître un fait trop souvent occulté : environ 800 millions de cadeaux annuels avaient été octroyés au lobby routier pour compenser par anticipation la mise en place de l’écotaxe (source FNE) !
Il s’agit par exemple de la baisse de 50 millions annuels de la taxe à l’essieu, de celle de 150 millions annuels de la taxation du gazole, et de l’autorisation du passage de 40 à 44 tonnes de marchandises transportées qui entraîneront 400 millions annuels de surcoût d’entretien de la voirie (source CGEDD).
Ces cadeaux, le lobbie routier en jouit déjà et cela annuellement, pour compenser une ecotaxe qui n’est finalement pas créée ! Les victimes en sont les citoyens dont les impôts paieront la différence entre ces cadeaux et les mini-rentrées du péage de transit, en plus de supporter le coût de l’entretien des routes qui devrait normalement être à la charge des poids-lourds principaux responsables de leur usure.
Le financement des projets de transports collectifs ne bénéficiera plus des recettes escomptées de l’écotaxe, pas plus que les collectivités territoriales pour la maintenance du réseau routier de plus en plus délabré. La concurrence déloyale du fret routier face au fret SNCF, maritime ou fluvial continuera de plus belle.
Tout cela est cohérent avec le vide abyssal de la partie Transports du projet de loi dite de transition énergétique. On n’y trouve rien pour développer les transports collectifs ou le fret par rail ou par voie d’eau, rien sur l’autopartage ou sur le vélo. Les seuls points concrets sont plutôt négatifs. Ils concernent l’augmentation choquante de la part globale possible d’agro-carburants ou des mesures très coûteuses pour stimuler l’usage de la voiture électrique, pourtant aussi encombrante que la voiture thermique et qui conserve une empreinte écologique importante. Bref, l’écologie selon Royal et Hollande c’est de poursuivre un modèle de transports rendant nécessaires 32 millions de voitures dans un Etat de 64 millions d’habitants.
Nos dirigeants n’ont-ils rien compris à l’ampleur du problème écologique, climatique et énergétique, ou n’ont-ils comme seule ligne de conduite que le désir de satisfaire aux exigences du patronat et des différents lobbies industriels et et financiers ? En fait, les deux hypothèses sont sans doute justes.
En tout cas, le résultat global semble tristement prévisible : le gouvernement Hollande est bien parti pour faire encore moins bien en matière d’écologie et de transition énergétique que le gouvernement Sarkozy !