Black Friday

Le Black Friday l’incitation à consommer coûte que coûte: non seulement nous pouvons consommer d’une manière réfléchie et responsable mais nous le devons!

Alors que l’ensemble des ONG et de la communauté scientifique alertent sur le gaspillage, la dégradation à grande échelle de l’environnement et de nos ressources, ce vendredi 23 novembre marque le début du Black Friday ou journée d’achats compulsifs à des tarifs défiant soi-disant toute concurrence. On parle même de Black Week puisque les promotions peuvent s’étendre sur une semaine.

Pas encore dans la frénésie américaine et ses images de gens se bousculant pour entrer les premiers dans les magasins, même si nous avons encore le souvenir de ce supermarché faisant une promotion sur une pâte à tartiner bourrée d’huile de palme, en 2017, 70% des français considèrent le Black Friday comme un rendez-vous incontournable. Le Black Friday français se passe principalement sur internet bien que de plus en plus de magasins s’y mettent aussi, son modèle « extraire-produire-acheter-jeter » est un véritable cauchemar pour notre environnement.

La fast-fashion et le high-tech sont les principales sources de dépenses dans le monde à l’occasion des soldes et du Black Friday.

Or le secteur du textile est la deuxième industrie la plus pollueuse du monde juste derrière le secteur pétrolier (pollutions chimiques issues des usines, pesticides utilisés dans les champs de coton, usage intensif de l’eau). De même, s’interroge-t-on de la provenance des minerais de nos smartphones souvent dans des zones de conflits ou des conditions de travail des ouvriers de ce secteur ; des filets « anti-suicide » sont mis en place aux fenêtres des bâtiments de ces villes-usines, ou encore de l’obsolescence programmée des nos appareils (Apple a confirmé l’utilisation d’une puce de sécurité bloquant certaines réparations) ?

Ces achats sont également générateurs d’une énorme quantité de déchets tant lors des achats en ligne envoyés dans des cartons suremballés par des plastiques inutiles, que pour les déchets post-utilisation. Ainsi une personne achète 60% de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et 80% des vêtements achetés en Occident chaque année finissent à la poubelle. De même l’ensemble des « e-déchets » généré en Asie a augmenté de 63% en seulement cinq ans entre 2010 et 2015, sachant que ces pays n’ont ni les infrastructures ni les moyens de recycler.

Et tout cela pour quoi? Selon une étude menée en 2015 par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, les promotions du Black Friday ne font bénéficier les clients que de 2 % de réduction en moyenne, leurre financier pour attirer le plus grand nombre mais manne financière considérable pour les marques.

Ainsi, face à cet évènement qui prend de l’ampleur, beaucoup de consommateurs s’intéressent aux alternatives à cette consommation frénétique.

  • Réparer ou donner plutôt que de jeter, allonger la durée de vie de tout achat lorsque c’est possible, acheter local, choisir des produits labellisés… autant de bonnes pratiques qui font une vraie différence.

  • Le collectif Green Friday, initiative du réseau Envie, a décidé d’agir en rappelant que l’acte d’achat est un choix fort, avec des conséquences concrètes sur l’environnement lorsqu’il est motivé par des causes justes et durables. Le but n’est pas de culpabiliser qui que ce soit mais d’inciter les citoyens à une consommation plus responsable. Ainsi, les structures éthiques ne font pas de réduction le jour du Black Friday mais s’engagent à reverser 15% de leur chiffre d’affaire du jour à une ou des associations avalisées par Green Friday, ou à organiser des évènements de sensibilisation à la consommation responsable.

Enfin, à l’approche de Noel, le Black Friday est utilisé comme argument pour faire les cadeaux pour ses proches, là où de nombreuses alternatives existent :

  • Depuis quelques années, le mouvement Bizi ! propose une carte d’exemption de cadeaux afin de créer plus de liens avec moins de biens

  • De nombreux villages proposent des marchés de Noel alternatifs avec des artisans locaux comme celui de Bayonne le samedi 24 novembre.

Dans cette période où le pouvoir d’achat n’aura jamais été aussi citoyen, n’oublions pas que les actions individuelles peuvent avoir un impact décisif sur le collectif et sur l’environnement en changeant notre monde au quotidien.