Articles du Vendredi : Sélection du 9 juin 2017

Le littoral de Nouvelle Aquitaine au défi du changement climatique

Marine Jobert
www.journaldelenvironnement.net/article/le-littoral-de-nouvelle-aquitaine-au-defi-du-changement-climatique,83189

Grande barrière de corail : début prochain des travaux de la mine géante Adani

AFP
www.goodplanet.info/actualite/2017/06/06/grande-barriere-de-corail-debut-prochain-travaux-de-geante-adani

Accord de Paris : « Thank you Donald ! », par Philippe Torreton


http://tempsreel.nouvelobs.com/chroniques/20170603.OBS0250/accord-de-paris-thank-you-donald-par-philippe-torreton.html

Pour lutter contre l’extrême-droite, « les syndicats doivent développer un travail de terrain et de proximité »

Nolwenn Weiler
www.bastamag.net/Pour-lutter-contre-l-extreme-droite-les-syndicats-doivent-developper-un-travail

Nazioarteko 190 klima adituk astebeteko bilera hasi dute Bilbon

Unai Brea
www.argia.eus/albistea/nazioarteko-190-klima-adituk-astebeteko-bilera-hasi-dute-bilbon

Le littoral de Nouvelle Aquitaine au défi du changement climatique

Marine Jobert
www.journaldelenvironnement.net/article/le-littoral-de-nouvelle-aquitaine-au-defi-du-changement-climatique,83189

Concentration croissante des populations, concurrence des activités, le tout sur un espace aux possibilités d’urbanisation limitées et fragile au plan environnemental, dans un contexte de risques d’érosion côtière et de submersion marine exacerbés par le changement climatique. Comment la région Nouvelle Aquitaine est-elle préparée pour faire face à ces défis? La chambre régionale des comptes (CRC) a mené l’enquête et en publie la synthèse.

D’un côté, il y a la communauté de communes de l’île de Ré qui, tout en étant très en retard sur son obligation de proposer au moins 25% de logements locatifs sociaux parmi ses résidences principales à l’horizon 2025, s’est dotée de la compétence ‘réalisation de logements locatifs sociaux’, contribuant par ces aides à la réalisation de plus de 900 logements sociaux, notamment sur les terrains d’anciens centres de vacances. De l’autre, il y a Soorts-Hossegor, dont le plan local d’urbanisme (PLU) comporte des dispositions techniques visant à entraver la densification des zones urbanisées. Deux exemples, parmi d’autres, piochés dans la synthèse que la CRC de Nouvelle Aquitaine vient de publier. Nourrie des contrôles réalisés entre 2014 et 2016 dans 7 intercommunalités et 13 communes implantées sur les 650 kilomètres de littoral atlantique, elle donne à voir un territoire écologiquement fragile, inégalement préparé pour faire face à son attractivité tant démographique qu’économique, dans un contexte d’érosion côtière et de submersion marine.

Politiques au fil de l’eau

«Les territoires littoraux se doivent de développer une vision prospective, plaide la CRC. Or (…) les politiques d’aménagement du littoral et notamment leur traduction dans les documents de planification réglementaires (schémas de cohérence territorialeSCOT- et PLU) ne semblent pas avoir encore tiré toutes les conséquences des différents enjeux urbanistiques qui s’imposent à elles, ni intégré l’ensemble des injonctions législatives qui leur sont adressées.» Si les enjeux, c’est la politique du ‘au fil de l’eau’ qui prime toutefois à l’heure de passer à l’acte. C’est particulièrement le cas pour les politiques de densification des zones urbaines et de lutte contre l’étalement, de développement du logement social et de promotion des modes de transports collectifs. Autant d’exigences environnementales qui peinent à intégrer les documents d’urbanisme, souvent en retard et parfois a minima.

Documents d’urbanisme a minima

Les plans de prévention des risques (PPR), en cours d’actualisation, ont chagriné beaucoup d’appétits immobiliers, après que l’Etat a «revu à la hausse son appréciation du risque présidant à l’élaboration de ces PPR». Quand cela est matériellement possible, «une réflexion sur la localisation future de l’habitat et des activités apparaît indispensable pour les territoires littoraux les plus exposés». Car les scénarios ‘d’inaction’ et ‘au fil de l’eau’ sont jugés «peu acceptables» par la CRC, dans ces zones littorales urbanisées comportant de forts enjeux humains et économiques. Même si certains élus insulaires «considèrent que la spécificité de leur territoire (absence de zones de repli) n’offre guère d’alternative aux politiques d’endiguement», déplore à demi-mots la chambre régionale.

Anticiper la nécessaire relocalisation

Si la procédure de relocalisation a été abandonnée, faute d’issue parlementaire favorable, il faudrait pouvoir anticiper sur le long terme la maîtrise foncière des territoires de relocalisation, «voire, si nécessaire, permettre leur aménagement par dérogation aux dispositions de la loi Littoral limitant l’urbanisation des espaces proches du rivage». Les coûts esquissés dans la synthèse sont prohibitifs pour les collectivités et devraient donner lieu «à la mise en place de dispositifs dédiés n’existant pas à ce jour».

Pauvres communes riches

Car riches des entrées fiscales de leurs estivants, certaines communes sont en train de payer cher les coûts induits par leur exposition croissante aux risques littoraux, comme la construction de digues, d’enrochements ou d’épis, ou les travaux de ré-ensablement des plages dégradées. «A tel point que leur situation budgétaire peut parfois s’en trouver significativement affectée, comme c’est le cas par exemple de Soulac-sur-Mer et Capbreton.» Et ce sans compter les indemnisations dues aux victimes pour les éventuels manquements des collectivités.

Grande barrière de corail : début prochain des travaux de la mine géante Adani

AFP
www.goodplanet.info/actualite/2017/06/06/grande-barriere-de-corail-debut-prochain-travaux-de-geante-adani

L’indien Adani a annoncé mardi le début prochain des travaux pour réaliser un projet controversé de mine de charbon géante près de la Grande barrière de corail, décrié par les écologistes qui dénoncent l’impact sur le site inscrit au patrimoine de l’Humanité.

Le président milliardaire du conglomérat Gautam Adani a expliqué que son conseil d’administration avait pris « sa décision finale d’investissement », signant « le lancement officiel » du projet Carmichael qui pèse 21,7 milliards de dollars australiens (14,4 milliards d’euros).

Les défenseurs de l’environnement ont cependant souligné que le groupe indien n’avait pas révélé comment la mine serait financée alors que de nombreuses banques ont exclu d’y participer.

Les écologistes font valoir que le charbon produit — 60 millions de tonnes de charbon thermique par an à destination de l’Inde — contribuera au réchauffement climatique global qui dégrade la Grande barrière. La matière première devra en outre transiter par un port proche du plus grand récif corallien au monde, accusent-ils.

La mine située dans l’Etat du Queensland s’est heurtée à de nombreux obstacles judiciaires et réglementaires, qui ont provoqué sept années de retard à l’allumage.

« La page de l’attente a été tournée, le moment est venu de faire », a commenté le ministre fédéral des Ressources Matt Canavan. Le gigantesque projet, qui comprend mines souterraines et à ciel ouvert dans le centre du Queensland, prévoit aussi la construction de 189 kilomètres de chemin de fer pour acheminer le charbon jusqu’à la mer. Le conseil d’administration du conglomérat avait retardé sa décision finale en raison d’incertitudes sur le versement des royalties aux autorités australiennes.

Les travaux préliminaires de construction commenceront au dernier trimestre 2017, selon Adani, qui annonce la création de 10.000 emplois directs et indirects.

  1. Adani a dénoncé des militants écologistes qui lui mettent des bâtons dans les roues, les accusant d’exploiter indûment des failles judiciaires.

« Nous avons été défiés par les activistes devant les tribunaux, dans les rues des centre-villes et même par des banques que nous n’avions même pas sollicitéess », a-t-il lancé. « Nous sommes toujours en butte aux militants. Mais nous sommes engagés derrière ce projet. Nous nous sommes engagés derrière le Queensland et nous nous sommes engagés à affronter la pauvreté énergétique en Inde ».

Le ministre australien Canavan a aussi balayé les inquiétudes des écologistes, leur enjoignant de se « souvenir des 250 millions d’Indiens qui n’ont pas du tout d’électricité ».

« Il s’agit de bénéficier à ces gens et de les faire sortir de la souffrance de la pauvreté », a-t-il dit. La mine « fera beaucoup plus pour le monde, notre globe, et l’environnement que ceux qui tweetent dans leur salon climatisé de Sydney ». Plusieurs personnalités australiennes ont signé récemment une lettre ouverte pour prier Adani de renoncer à Carmichael. Elles invoquent l’opposition de l’opinion publique, les risques pour la santé des mineurs, l’impact potentiel pour la Grande Barrière et la réputation de l’Inde.

Parmi les signataires, figuraient les anciens capitaines de cricket Ian et Greg Chappell, l’écrivaine lauréate du Pulitzer Geraldine Brooks, le comédien britannique établi en Australie Ben Elton et le groupe de rock Midnight Oil.

Les défenseurs de l’environnement ont mis en cause l’absence de précisions sur les financements du projet et ses conséquences environnementales. C’est un projet « empoisonné », un « désastre pour le climat », a déclaré Greenpeace Australia.

« La pollution au carbone est la plus importante cause du réchauffement climatique », a souligné le responsable de WWF-Australia Dermot O-Gorman. « Les gouvernements australien et du Queensland doivent investir dans des actions qui protègent le récif, pas dans une nouvelle mine vouée à l’échec, et qui accélèrera la destruction du récif ».

La barrière, déjà menacée par les ruissellements agricoles, le développement et la prolifération des acanthasters, étoiles de mer dévoreuses de coraux, vient de subir deux graves épisodes consécutifs de blanchissement imputés au réchauffement climatique.

Accord de Paris : « Thank you Donald ! », par Philippe Torreton


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TRIBUNE. « L’imbécillité abyssale de Trump et de son gouvernement est dangereuse et affolante mais cette fois-ci elle peut nous être utile », estime le comédien.

Le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris finalisant la COP 21 est sans doute ce que le président américain pouvait faire de mieux pour l’écologie. Personnellement, j’espère qu’il ne va pas revenir sur cette décision historique dans les jours à venir, croisons les doigts pour que son crétinisme ne faiblisse pas, prions pour que son sens des affaires à court terme domine encore longtemps sa pensée…

L’accord de Paris est une belle victoire diplomatique, mais c’est justement là son point faible. Le consensus est souvent suspect et si cet accord s’est vu ratifié par autant de pays c’est qu’il n’est pas contraignant. C’est un très beau vœu pieux mondial, une belle prise de conscience internationale qu’il faut agir mais il ne livre aucune méthodologie ni mode d’emploi étape par étape sur la feuille de route. Ses objectifs certes agréés par tous, ou presque, reste insuffisants et témoignent de l’écart gigantesque qui persiste malgré tout entre l’urgence à agir et l’inertie politique.

On imagine mal autant de pays signer pour s’obliger à opérer une véritable révolution verte avec les virages économiques et financiers à 180 degrés que cela supposerait !

Mais il reste ce qu’il est et c’est mieux que rien.

Cet accord contenait en lui un effroyable danger « couette douillette » que Trump du haut de son insondable bêtise vient de pulvériser en sonnant involontairement le réveil des consciences.

Les premières réactions chinoises, indiennes et russes laissent à penser que ces pays vont saisir d’emblée la balle au bond pour nouer des liens et changer leur image déficitaire avec l’Europe et le reste du monde, poussés par la nécessité – qui n’a pas été à Pékin en période d’alerte orange ou rouge à la pollution ne peut pas saisir cette sincérité – mais aussi par une volonté de faire basculer l’équilibre géopolitique de la planète, il est à parier que non seulement l’accord de Paris sera toujours un point de départ louable mais également une espèce de minimum syndical des engagements en faveur du climat.

Les pays rivaux des États-Unis auront à coeur d’en faire plus pour le climat que ne prévoyait l’accord de Paris, de tenter l’échappée verte en distançant le peloton états-uniens victime d’une chute collective en début de montée, en faire des tonnes dans l’écologiquement correct pour ringardiser le plus vite et durablement possible l’économie, la recherche et donc l’influence américaine.

Déjà, notre président vient d’inviter les chercheurs américains désavoués par leur gouvernement, enfin cet espèce de « Cartel du chou-fleur » qui se prétend être un gouvernement, à venir chez nous, comme réfugiés climatiques. L’accord de Paris est passé d’un pouvoir tranquillisant à un pouvoir excitant, du lexomyl au Viagra. Sans Donald et son cerveau de canard, nous serions tous en train d’écraser nos lauriers COP 21 parisiens en faisant la sieste. Maintenant, nous sommes tendus nerveux et revanchards prêt à en découdre avec l’oncle Sam devenu brutalement alzheimer. Aujourd’hui, les USA ont choisi la honte, le déshonneur, et peut-être de rejoindre le banc des accusés au tribunal de la Haye dans un avenir peut-être pas si lointain pour non-assistance à planète en danger.

Les USA ont du mouron à se faire et le reste du monde du pain sur la planche. Que nos manches vertes relevées marquent le début d’un sursaut écologique mondial, les États-Unis de l’après-Trump (peut-être dans quelques mois ?) nous rejoindront, avec, espérons-le, à leur tour, une volonté farouche de rattraper leur retard dynamisant ainsi les efforts écologiques entrepris par le reste du monde pendant leur malaise vagal.

L’imbécilité abyssale de Trump et de son gouvernement est dangereuse et affolante mais, cette fois-ci, elle peut nous être utile. Trump est un fait-divers tragique, et il peut en avoir les vertus mobilisatrices. Les accusations violentes contre lui seront autant de cliquets qui empêcheront tout retour en arrière, car le vouer aux gémonies sans rien faire de bien probant en matière d’écologie reviendrait à être comme lui mais en plus hypocrite.

Pour lutter contre l’extrême-droite, « les syndicats doivent développer un travail de terrain et de proximité »

Nolwenn Weiler
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Au premier tour des élections présidentielles 2017, 41% des ouvriers qui ont voté l’ont fait pour Marine Le Pen, malgré les politiques anti-sociales menées par les élus du Front national, localement ou au Parlement européen. Au second tour, plus de la moitié d’entre eux ont encore choisi le FN, bien plus que l’ensemble des Français. Ceux et celles qui sont membres d’une organisation syndicale, ou qui s’en sentent proches, sont beaucoup moins perméables aux discours du FN que leurs collègues : seuls 13% d’entre eux ont voté pour Marine Le Pen au premier tour. Pour Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne Franche-Comté, et spécialiste du monde syndical, les organisations syndicales, malgré leur affaiblissement et leur professionnalisation qui les éloigne de la base, ont un rôle à jouer pour lutter contre le radicalisme du FN à condition qu’elles renouent avec le travail de terrain.

Entretien.

Basta ! : On entend souvent parler de la proportion « importante » d’ouvriers qui votent pour le FN. Sont-ils si nombreux ? Depuis quand leur nombre a-t-il augmenté ?

Dominique Andolfatto [1] : Jamais les scores du FN n’ont été aussi élevés parmi l’électorat ouvrier. Lors du premier tour de cette élection présidentielle, 41% des ouvriers qui ont voté ont glissé dans l’urne un bulletin pour Marine Le Pen, contre 23% pour Jean-Luc Mélenchon et 15% pour Emmanuel Macron, pour s’en tenir aux trois candidats qui ont réuni le plus de voix ouvrières [2]. Au deuxième tour, Marine Le Pen l’a même emporté dans l’électorat ouvrier, avec 56% des voix exprimées, alors qu’elle ne dépassait pas 34% pour l’ensemble des Français. En 2012, Marine Le Pen avait totalisé 33% des voix ouvrières et son père, Jean-Marie Le Pen, dépassait les 20% en 1995 et 2002 mais était tombé à 16% des voix ouvrières en 2007. La progression de Marine Le Pen en 2017 est donc nette.

Le vote FN est particulièrement important dans les anciens bastions ouvriers en crise, du fait notamment de la désindustrialisation et de la globalisation. Une récente étude de l’Ifop a montré que ce sont les ouvriers les moins qualifiés et les plus jeunes – qui n’ont pas connu le Parti communiste ou le syndicalisme de la grande époque – qui votent le plus en faveur du FN [3]. Il y a chez eux une adhésion à certaines thèses du FN – notamment le rejet de l’étranger, de l’Europe actuelle ou de la mondialisation – mais aussi l’expression d’une colère et d’un désarroi qui ne sont plus médiatisés – ou pas suffisamment – par les organisations ouvrières traditionnelles, celles-ci s’étant effondrées ou professionnalisées.

Le FN compte-t-il sur les ouvriers pour constituer sa principale base politique ?

Non, mais il compte sur eux pour constituer une solide assise électorale. Il y a aussi des ouvriers parmi les adhérents du FN, mais ils sont probablement très minoritaires – on ne dispose pas d’enquête sur le sujet – comme d’ailleurs dans les autres organisations politiques. Celles-ci restent plutôt l’affaire de « professionnels », et les ouvriers disposent plus difficilement que d’autres catégories des « codes » nécessaires pour affirmer leur place dans le parti. Cela dit, quelques ouvriers ont réussi à s’imposer ou à faire parler d’eux, par exemple Fabien Engelmann, devenu maire de Hayange en Moselle – l’une des communes lorraines où est implantée Arcelor-Mittal – et conseiller régional du Grand-Est.

Le fait de détenir une carte syndicale reste-il une bonne « prévention » contre le vote FN ?

On ne sait pas combien de syndiqués votent en faveur du FN. Il n’existe aucune étude sur le sujet. Les seules études dont on dispose s’intéressent aux liens entre orientation du vote et sympathisants syndicaux, ces derniers étant ceux qui se sentent proches d’un syndicat, qui votent en sa faveur lors des élections professionnelles, et en sont éventuellement adhérents. Selon la dernière étude sur le sujet, ce sont 13% des salariés sympathisants d’une organisation syndicale – quelle qu’elle soit – qui ont voté en faveur de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2017 [4]. C’est donc beaucoup moins que l’ensemble des Français.

 

En 2012, selon le même institut, ce pourcentage était de 12%. Il n’y a donc pas de progression sensible. Cela ressemble plutôt à une stagnation. En fait, les sympathisant des syndicats ont surtout privilégié Jean-Luc Mélenchon et – cela étonnera peut être – Emmanuel Macron. Les deux candidats ont recueilli des soutiens comparables de la part de ces sympathisants, respectivement 28% et 27% des suffrages exprimés. Le fait de militer dans un syndicat, ou d’être proche d’un syndicat, préserve manifestement d’une organisation dont les thèses sociales restent pour le moins discutables, troubles ou insincères. En outre, historiquement et sauf à de rares exceptions, les syndicats sont proches de formations plus classiques, de gauche ou de centre droit, mais pas de l’extrême droite ou de formations populistes.

Le FN tente-il de faire de l’entrisme au sein des centrales syndicales ?

Cette stratégie n’est plus vraiment de mise. Elle peut encore exister de façon très souterraine et on observe effectivement quelques réseaux de militants syndiqués proches du FN – notamment un « cercle des travailleurs syndiqués ». Mais ceux-ci restent faibles, d’autant plus que plusieurs confédérations excluent systématiquement tout membre dont l’adhésion au FN serait révélée. Le FN a lancé aussi quelques collectifs de salariés ou fonctionnaires – des sortes de forums d’échange, de laboratoire d’idées ou de simples relais des thèmes frontistes – mais il développe surtout une stratégie d’influence. Il privilégie un certain discours social, un certain radicalisme ou manichéisme. Il joue également sur les émotions et ne cherche pas à s’encombrer de structures organisationnelles ou militantes. Et de manière étonnante, cela fonctionne.

Pour contrer cette stratégie, que peuvent faire les syndicats ?

Les syndicalistes devraient essayer d’entendre la plainte des milieux populaires votant en faveur du FN. Il ne suffit pas de dénoncer, de condamner, ou d’exclure ceux qui révéleraient leur proximité sinon leur adhésion au FN. Pour s’attaquer aux causes de fond du vote FN, il faut développer tout un travail idéologique et pédagogique expliquant concrètement pourquoi ces milieux se trompent en se tournant vers le FN. C’est un travail de fond et donc de terrain, un travail inlassable et difficile. On pourrait parler de syndicalisme de terrain – et de proximité – par opposition à un syndicalisme professionnel ou d’appareil.

Il s’agit de restaurer du lien social, sinon de la convivialité ce que les syndicats – comme d’ailleurs les partis – souvent institutionnalisés peinent à faire. Du fait de la professionnalisation, une partie des syndicalistes sont absorbés par diverses tâches institutionnelles – négociations collectives, gestion de comités d’entreprises, ou encore réunions dans les structures syndicales – et deviennent forcément moins présents et visibles à la base. Cela crée un écart entre base et représentants syndicaux et explique en partie pourquoi les milieux populaires sont « perdus » et se montrent finalement sensibles au radicalisme du FN.

Marine Le Pen avait promis d’abroger la loi travail en cas de victoire. Pourtant, on a peu vu le FN dans la mobilisation contre cette réforme en 2016. Comment expliquez-vous cet apparent paradoxe ?

C’est bien un paradoxe, dû au fait que le FN est divisé en, au moins, deux lignes : l’une « sociale », animée par Florian Philippot, l’autre « libérale », qui était animée notamment par Marion Maréchal-Le Pen ou Gilbert Collard. Les premiers ont dénoncé la nocivité de la loi travail. Les seconds ont estimé qu’elle posait de bonnes questions sans apporter de bonnes réponses. La présidente du FN a dû tenir compte de ces contradictions et développer une critique de la loi travail qui lui était propre, et plus ou moins subtile, dénonçant surtout le rôle de l’Europe qui l’aurait imposée. Cela dit, il était inimaginable qu’elle appelle à manifester avec les opposants de gauche à cette réforme. Et bien évidemment, ceux-ci ne l’auraient pas accepté. Cela aurait été mission impossible.

Le FN et ses militants ont aussi pour particularité d’être très attachés à l’ordre. Pas question donc de manifester – même si le principe connaît des exceptions. Et surtout pas question de manifester avec une organisation telle que la CGT qui – par un réflexe souvent anticommuniste ou anti-marxiste – reste honnie par une partie des militants FN… Même si certains d’entre eux, des ouvriers notamment et de jeunes ouvriers, ont parfois la carte de la CGT ou d’une autre organisation syndicale en poche. Bref, il faut se garder de toute approche trop schématique.

Notes

[1] Dominique Andolfatto est professeur de sciences politiques à l’université de Bourgogne Franche-Comté. Dernièrement, il a publié (avec Sylvie Contrepois) Syndicats et dialogue social. Les modèles occidentaux à l’épreuve (voir ici) ; ou encore (avec Alexandra Goujon) Les partis politiques, ateliers de la démocratie (voir ici).

[2] Ces chiffres représentent la moyenne de sondages Opinionway, Ipsos et BVA relatifs à la sociologie du vote lors de l’élection présidentielle de 2017.

[3] Voir « Radiographie des votes ouvriers », IFOP Focus, n° 153, mars 2017 ; ici.

[4] Voir ce sondage Harris Interactive.

Nazioarteko 190 klima adituk astebeteko bilera hasi dute Bilbon

Unai Brea
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Ekainaren 14ra bitartean Bilbon bilduko dira Klima Aldaketari buruzko Gobernuarteko Taldeko (IPCC) 190 aditu, berotegi efektuko gasen neurketa-irizpideak gaurkotzen hasteko asmoz. Isuritako eta xurgatutako gas kopuruen neurketak Parisko Hitzarmenak ezarritako baldintzetara egokituko dituzte, modu horretan.

IPCCk 2006an argitaratu zituen herrialde bakoitzak bere gas inbentarioa egiteko irizpideak, baina ordutik aurkikuntza zientifikoak eta aurreratze teknikoak izan dira, eta irizpide horiek egokitzeko tenorea iritsi dela erabaki du klima aldaketa aztertzen duen nazioarteko zientzialarien elkarguneak.

Bilbon abiatuko den prozesuak luze joko du: aurreikusita dago irizpideen gaurkotzea IPCCren 2019ko maiatzeko bilkura onartzea.

IPCCa 1988an sortu zen, klima aldaketaren zergatiei eta ondorioei buruzko ezaupide zientifiko eta sozioekonomikoen ebaluazioa egiteko helburuz. Bere azken txostenean, 2014an, taldeak ia segurutzat jo zuen gizakiak egindako emisioak direla XX. mende erdialdetik ematen ari den beroketaren zergatia. Era berean, esan zuten klima aldaketa leuntzeko berotegi efektuko gasen isurketa etengabe eta kopuru handietan murriztu beharko dela. Parisko Hitzarmenaren helburuak, hein batean, txosten horretan oinarrituta daude.