Articles du Vendredi : Sélection du 29 septembre 2017

Le réchauffement, menace mondiale pour la sécurité alimentaire

Romain Loury
www.journaldelenvironnement.net/article/le-rechauffement-menace-mondiale-pour-la-securite-alimentaire,86500

Toujours plus riches, toujours plus nombreux : les millionnaires se portent bien

PL
http://actualites.nouvelobs.com/economie/20170929.OBS5312/toujours-plus-riche-toujours-plus-nombreux-les-millionnaires-se-portent-bien.html

Réforme fiscale : vers un quinquennat des inégalités


www.oxfamfrance.org/communique-presse/justice-fiscale/reforme-fiscale-vers-quinquennat-des-inegalites

Financer les 2°C : l’urgence absolue

Novethic
www.boursorama.com/actualites/financer-les-2-c-l-urgence-absolue-d1a31e0ae36622a66661472e02b15d5c

Sous des dehors alléchants, le budget 2018 traite mal l’écologie

Émilie Massemin
https://reporterre.net/Sous-des-dehors-allechants-le-budget-2018-traite-mal-l-ecologie

Belaunaldi berriko merkataritza itunak

Aiala Elorrieta
www.argia.eus/argia-astekaria/2567/belaunaldi-berriko-merkataritza-itunak

Le réchauffement, menace mondiale pour la sécurité alimentaire

Romain Loury
www.journaldelenvironnement.net/article/le-rechauffement-menace-mondiale-pour-la-securite-alimentaire,86500

La faim progresse dans le monde, et les atteintes à l’environnement n’arrangent pas la situation, selon l’index mondial de la sécurité alimentaire (GFSI) publié mardi 26 septembre par l’Economist Intelligence Unit (EIU). Depuis 2016, la situation s’est dégradée dans les trois cinquièmes des pays analysés.

Mi-septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà prévenu: la faim dans le monde, qui semblait sur le déclin, est récemment repartie à la hausse. Le monde compterait désormais 815 millions de personnes souffrant de la faim (11% de la population mondiale), contre 775 millions en 2015, se rapprochant rapidement des 900 millions de mal nourris estimés en 2000. En cause, les conflits et les catastrophes climatiques liées au réchauffement, dont les sécheresses et les inondations.

Instabilités politique et environnementale

Dans le sixième bilan annuel de son GFSI (Global Food Security Index), l’Economist Intelligence Unit (EIU), entreprise britannique appartenant au groupe The Economist (éditeur de l’hebdomadaire du même nom), tire aussi la sonnette l’alarme. Si les précédentes éditions suggéraient une amélioration, celle-ci montre désormais une nette détérioration à travers le monde. La conséquence d’«une croissance économique fluctuante, d’inégalités croissantes, de l’instabilité politique et des migrations forcées», explique l’EIU.

Jusqu’alors, cet index n’était construit que sur trois grands groupes de critères: capacité d’achat des aliments, disponibilité des aliments, qualité/sécurité des aliments. Pour la première fois cette année, l’EIU a intégré six critères de nature environnementale: hausse de la température, sécheresse, inondations, sévérité des tempêtes, hausse du niveau de la mer, engagement de l’Etat concerné à lutter contre ces fléaux.

Pour l’ensemble des 113 pays analysés, l’index, tel que calculé les années précédentes, se détériore, mais encore plus lorsque les facteurs environnementaux y sont ajoutés. Comprendre: les conditions environnementales constituent partout un frein à la sécurité alimentaire.

L’Irlande première, la France troisième

Dans certains cas plus que d’autres: Singapour perd ainsi 15 places, l’Australie neuf et Israël cinq places. A l’inverse, l’Autriche, peu affectée par l’érosion, et le Danemark, faiblement touché par la hausse thermique, gagnent respectivement neuf et sept places au classement, pour s’y retrouver deuxième et neuvième.

La France s’en tire bien: en tenant compte des critères environnementaux, elle gagne cinq places, passant de la huitième à la troisième place avec l’index corrigé.

Dans tous les cas de figure, c’est l’Irlande qui arrive première, détrônant ainsi les Etats-Unis, premiers jusqu’en 2016 mais quatrièmes en 2017. Raison de cette progression irlandaise: un produit intérieur brut (PIB) en hausse constante depuis 2012, la présence de nombreuses multinationales (attirées par un régime fiscal avantageux) qui tire l’économie vers le haut.

Faisant le même constat que d’autres, l’EIU s‘inquiète pour le Royaume-Uni. Bien que cinquième ex aequo, avec l’Allemagne et la Suisse, en tenant compte de l’environnement, le Brexit lui ouvre de peu riantes perspectives: «le revenu moyen va chuter de 6% d’ici à 2018, et la faiblesse de la livre sterling va accroître le coût des importations. Environ un quart de l’alimentation des pays est importée de l’Union européenne, et la politique agricole commune [PAC] assure aux agriculteurs britanniques plus de la moitié de leurs revenus».

Toujours plus riches, toujours plus nombreux : les millionnaires se portent bien

PL
http://actualites.nouvelobs.com/economie/20170929.OBS5312/toujours-plus-riche-toujours-plus-nombreux-les-millionnaires-se-portent-bien.html

Ils sont désormais 16,5 millions de millionnaires à se partager une fortune colossale de 63.500 milliards de dollars.

 

Il fait bon être et devenir millionnaire. Pour eux, la crise est terminée. Leur nombre à travers le monde a augmenté de 8,2% en 2016. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ils sont désormais 16,5 millions à se partager une fortune totale de 63.500 milliards de dollars, selon une étude publiée jeudi 28 septembre par Capgemini.

Capgemini définit comme millionnaire les détenteurs d’un patrimoine d’au moins un million de dollars (850.000 euros) hors résidence principale, objets d’art et de collection et biens courants. Dans un langage très technique, cette richesse est aussi désignée par l’acronyme HNWI pour “high net worth individuals”.

A titre de comparaison, cette même richesse s’élevait à 16,6 milliards de dollars en 1996. Et elle semble bien partie pour dépasser les 100.000 milliards de dollars d’ici 2025.

1,15 million de nouveaux millionnaires

A quoi correspond vraiment cette hausse de 8,2% ? A 1,15 million de nouveaux millionnaires en 2016, selon l’étude. Ce sont les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne et la Chine qui comptent le plus grand nombre de millionnaires. Près des deux tiers d’entre eux habitent dans l’un de ces quatre pays. Voici quelques chiffres :

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En Russie, le nombre et la richesse des millionnaires ont augmenté de 20% à la faveur de la sortie du pays de la récession et du rebond de son marché boursier. Tout va bien.

Réforme fiscale : vers un quinquennat des inégalités


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A l’avant-veille de la présentation du projet de loi de Finances 2018 par le Gouvernement, Oxfam publie une analyse de l’impact des principales réformes fiscales sur les inégalités en France. Le rapport « Réforme fiscale : les pauvres en payent l’impôt cassé » révèle que les ménages les 10 % plus riches bénéficieront d’une hausse de revenus au moins 18 fois plus importante que les 10 % les plus pauvres

En tenant compte des baisses annoncées de prestations sociales, le contraste est encore plus saisissant puisque les 10 % les plus riches verraient leurs revenus annuels augmenter de 1 193 € contre une baisse de 337 € pour les 10 % les plus pauvres [1]. 

Pour Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France : « En 2016, les 10 % des Français-e-s les plus riches détenaient plus de 56 % des richesses nationales tandis que les 50 % les plus pauvres se partageaient à peine moins de 5 % du gâteau. Où est la cohérence quand le Président de la République dénonce à la tribune des Nations unies l’accroissement des inégalités [2], pour privilégier la semaine suivante les mesures fiscales à destination des plus fortunés et au détriment des plus pauvres ?»

Certaines mesures annoncées par le Gouvernement montrent qu’au-delà des 10 % les plus riches, les 1 % sont particulièrement favorisés par la réforme fiscale à venir. Ainsi, la transformation de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune en Impôt sur le Fortune Immobilière permettra aux 1% les plus riches d’économiser 3,6 milliards d’euros, une somme qui pourrait pourtant permettre de doubler les crédits budgétaires français destinés à lutter contre l’extrême pauvreté dans le monde. La mise en place d’un taux unique de taxation du capital coûtera plus cher à l’Etat que la baisse prévue dans le budget du logement [3]. A l’inverse, les impôts les plus régressifs – TVA et CSG – payés en plus grande proportion par les ménages les plus pauvres n’ont cessé d’augmenter ces 20 dernières années : les recettes de la CSG ont été multipliées par 6,7 et celles de la TVA ont augmenté de 72%.

« Alors que le nombre de personnes en situation de pauvreté a augmenté de près d’un million de personnes ces dix dernières années, autant de cadeaux fiscaux à destination d’une minorité aisée est incompréhensible. D’autant plus que leur impact en termes de croissance et d’emploi reste à démontrer ! Le Gouvernement assume, de fait, de voir l’écart entre les plus riches et les plus pauvres s’accroître au long du quinquennat, et met à mal la fonction redistributive et solidaire de l’impôt.» déploreManon Aubry.

Si les ménages les plus riches sortent grands gagnants de la réforme fiscale, celle-ci dispense également les grandes entreprises de contribuer à l’effort collectif : elles vont même pouvoir augmenter davantage leurs profits alors que le CAC 40 a déjà enregistré des bénéfices record (plus de 52 milliards) pour le 1er semestre de cette année. La baisse du taux d’imposition sur les sociétés de 33,3 % à 25 % devrait coûter entre 15 et 17 milliards d’euros par an à l’Etat français dans un contexte où les recettes de l’impôt sur les sociétés ont déjà baissé de 20 milliards d’euros ces dix dernières années (- 40%). Une tendance en décalage avec l’évolution des bénéfices des entreprises françaises qui ont augmenté de 57 milliards d’euros ces dix dernières années (+ 10%). Le Gouvernement confirme ainsi une tendance inquiétante de nivellement vers le bas de l’impôt sur les sociétés et de concurrence fiscale entre Etats.

Pour Manon Aubry, « Alors que les entreprises paient déjà de moins en moins d’impôts malgré une augmentation de leurs bénéfices, le gouvernement fait le choix de diminuer encore plus leurs contributions fiscales et de se priver ainsi d’importantes recettes. Quand la France annonce vouloir lutter contre l’évasion fiscale des GAFA en Europe, et qu’en même temps, elle s’autorise un laxisme en actant dans son propre budget une baisse de l’impôt sur les sociétés, elle joue un double-jeu contre-productif et néfaste pour les finances publiques ! ».

Oxfam demande au gouvernement de procéder à une évaluation de l’impact de ses mesures fiscales annoncées sur les inégalités et recommande en priorité un taux progressif d’imposition sur le capital, le maintien d’un impôt sur la fortune et d’une contribution juste et équilibrée des entreprises. 

Outre ces mesures, Oxfam rappelle que l’élaboration du budget est un moment crucial et un signal fort en termes d’arbitrages politiques. L’ONG milite pour des mesures ambitieuses de lutte contre la pauvreté et les inégalités, en France et dans le monde, à travers la justice fiscale et l’augmentation de l’aide internationale et la taxe française sur les transactions financières notamment.

Vous pouvez lire ici des précisions sur la méthodologie de notre rapport.

Financer les 2°C : l’urgence absolue

Novethic
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Si le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à 2°C en ratifiant l’Accord de Paris, les États peinent encore à établir des stratégies alignées sur cet objectif. La solution doit provenir de la finance durable. Réorienter les gigantesques actifs de la planète vers un avenir soutenable pour l’Homme est un exercice complexe et urgent. Fin décembre, trois rendez-vous parisiens doivent donner une nouvelle impulsion mondiale en ce sens.

Deux ans après la signature de l’Accord de Paris lors de la COP21, rien n’est gagné pour respecter un réchauffement limité à 2°C. “Aujourd’hui, le mix énergétique mondial est à 80 % fossiles et la consommation de charbon augmente. Nous ne sommes pas du tout sur la bonne trajectoire”, déplore Gaël Giraud, chef économiste à l’Agence Française de développement (AFD). “Et les nouvelles des météorologues sont dramatiques. Si on arrive à 4 ou 5°C de réchauffement, les trois quarts de l’humanité seront dans des situations caniculaires impropres à la survie. On prépare des génocides”, lance-t-il.

Les engagements nationaux de réduction d’émissions de CO2, annoncés lors de la COP21, sont insuffisants et ne concernent qu’un horizon lointain. Or le temps commence à manquer. Christiana Figueres, ancienne secrétaire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ne cesse de la rappeler à travers son initiative “Mission 2020” : “Si les émissions ne commencent pas leur déclin rapide d’ici 2020, les personnes les plus vulnérables du monde souffriront encore plus des effets dévastateurs du changement climatique”, explique-t-elle. La série d’ouragans qui a dévasté les caraïbes en est une démonstration éclatante.

Réorienter la finance

Le paradoxe est que “la planète finance n’a jamais eu autant d’argent qu’aujourd’hui pour financer la transition énergétique”, explique Damien Navizet, directeur de la division climat de l’AFD. “Mais nous avons du mal à trouver la bonne tuyauterie pour réorienter la finance”, ajoute-t-il. Les besoins s’établissent entre 50 000 à 90 000 milliards de dollars sur 15 à 20 ans. Ceci correspond à un besoin de 4 000 milliards par an pour les pays du nord et 2 000 milliards pour les pays du sud. Une somme tout à fait compatible avec le PIB mondial (environ 75 000 milliards de dollars en 2016).

Même pour l’AFD, l’alignement entre finance et objectif climatique n’est pas une notion évidente. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a demandé que la banque publique ait pour mission la mise en application de l’Accord de Paris. “Cela veut dire concrètement que 100 % de nos investissements doivent être compatibles avec un réchauffement inférieur à 2°C”, explique Gaël Giraud qui assure que l’AFD est en train de “conceptualiser” ce principe. Cela permettra de préciser le calcul de l’impact environnemental des projets financés par l’AFD.

Un rendez-vous parisien

Au-delà l’AFD, c’est l’ensemble du monde financier qui doit trouver sa manière de flécher l’investissement responsable. Mi-décembre à Paris, une semaine sera consacrée à cet enjeu. Elle rassemblera plusieurs événements autour du sommet diplomatique sur le climat annoncé par Emmanuel Macron pour le deuxième anniversaire de l’Accord de Paris le 12 décembre. À commencer par Le Climate Finance Day organisé le 11 au Ministère des Finances sur la finance privée et le colloque de Novethic, le 13 décembre, consacré aux acteurs de la finance durable européenne.

Tous ces travaux ne partiront pas de zéro. Depuis la COP21, le monde de la Finance a fait des pas de géants. Ces trois journées seront éclairées par les travaux du groupe européen d’experts de haut niveau sur la finance durable (HLEG), par l’initiative de la place de Paris “Finance for Tomorow” et sur la publication du rapport final de la TCFD, la Task Force on Climate-related Financial Disclosures.

Sous des dehors alléchants, le budget 2018 traite mal l’écologie

Émilie Massemin
https://reporterre.net/Sous-des-dehors-allechants-le-budget-2018-traite-mal-l-ecologie

Le projet de loi de finances pour 2018 confirme certaines promesses de campagne d’Emmanuel Macron, comme la hausse de la taxe sur le diesel. Mais l’ambition et les moyens ne sont pas là, déplorent les ONG.

Pour Nicolas Hulot, ministre d’Etat et ministre de la transition écologique et solidaire, « le projet de loi de finances [PLF] pour 2018 traduit les ambitions du gouvernement pour accélérer la transition écologique et solidaire et rendre accessible la protection de la planète à tous les Français dans leur quotidien, et en particulier les plus modestes ». Certes, les 153 pages du document, présenté mercredi 27 septembre en conseil des ministres par le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, concrétisent un certain nombre de promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Mais elles manquent cruellement d’ambition, déplorent les ONG. Reporterre a fait l’inventaire.

  • Energie et climat

Le PLF pour 2018 prévoit une augmentation progressive de la taxe carbone, plus précisément de la composante carbone des taxes intérieures de consommation (TIC). La valeur de la tonne de carbone, fixée à 44,60 euros en 2018, sera progressivement relevée à 88,20 euros en 2022. Une hausse saluée par Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour le Réseau pour la transition énergétique (Cler) et le Réseau action climat (Rac) : « Il est positif que la trajectoire de hausse de la composante carbone soit fixée pour plusieurs années. » Lorelei Limousin, chargée des politiques de transport au Rac, renchérit : « Cette hausse sur plusieurs années donne de la visibilité aux investissements et encourage le changement vers des comportements plus vertueux. »

Cette ambition reste néanmoins limitée puisque les entreprises « intensives en énergie, soumises au régime des quotas de gaz à effet de serre ou dont l’activité est exposée aux fuites de carbone du fait de la concurrence internationale » ne seront pas concernées par cette hausse, précise le PLF. Le carburant utilisé par les transporteurs routiers, les taxis et les agriculteurs non plus. Mme Bringault regrette aussi « l’absence de taxe sur le kérosène aérien. Cela encourage l’usage de l’avion qui est plus compétitif que le train, ce dernier étant soumis à des taxes ». D’après le Rac, l’ensemble des niches fiscales accordées aux énergies fossiles dans les transports représente un manque à gagner pour l’Etat de 7 milliards d’euros par an.

Le PLF pour 2018 prévoit également de consacrer 20 des 57 milliards d’euros de son grand plan d’investissement au « virage de la neutralité carbone ». Ainsi, 5,5 milliards d’euros seront dévolus au développement des énergies renouvelables. Du greenwashing, juge Mme Bringault : « Parmi ces investissements, beaucoup avaient déjà été budgétés. Ce montant intègre par exemple les 4,9 milliards d’euros d’aides aux énergies renouvelables délivrées au titre de la contribution au service public de l’électricité, qui existe depuis des années ! On a pris de l’argent déjà existant et on l’a repeint. »

  • Transports

Le PLF prévoit une hausse progressive de la taxe sur le gazole, jusqu’à ce que le prix de ce carburant rejoigne celui de l’essence à la fin du quinquennat. Cette taxe va augmenter de 2,6 centimes d’euro par litre et par an pendant quatre ans.

Le PLF prévoit aussi une prime à la conversion pour encourager les ménages à abandonner leurs véhicules les plus vieux et les plus polluants au profit de voitures neuves ou d’occasion moins émettrices. Tous les propriétaires d’un véhicule essence immatriculé avant 1997 ou d’un véhicule diesel immatriculé avant 2001 (ou 2006 pour les ménages non imposables) qui achètent une voiture neuve ou d’occasion plus récente pourront bénéficier d’une prime de 1.000 euros (2.000 euros pour les ménages non imposables).

Par ailleurs, une partie du grand plan d’investissement sera dédiée à la modernisation des « transports du quotidien » . Le PLF prévoit d’augmenter à 2,4 milliards d’euros en 2018 les dépenses de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), contre 2,2 milliards d’euros en 2017. Mais Lorelei Limousin a là aussi repéré le recyclage de financements existants : « Par exemple, les 2,1 milliards d’euros prévus pour le secteur ferroviaire. En plus, il manque un milliard d’euros pour moderniser le réseau ferré, les lignes intercité et le transport de marchandises pour les rendre réellement attractifs. Enfin, les 500 millions d’euros sur cinq ans de dotations aux collectivités territoriales ne sont pas suffisants pour développer les infrastructures vélo et les transports en commun. » Enfin, la prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique a tout simplement disparu du PLF, « alors qu’il s’agit d’une alternative sérieuse à la voiture individuelle en ville, dans le périurbain et parfois même en milieu rural », regrette Mme Limousin.

  • Efficacité énergétique des bâtiments

« La performance énergétique insuffisante des bâtiments [est] à l’origine de 20 % des émissions de gaz à effet de serre et de 40 % de la consommation finale d’énergie en France », rappelle le PLF. Pour remédier à ce gaspillage, le gouvernement prévoit le maintien du crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite) en 2018, mais en excluant de son périmètre certains travaux jugés moins efficaces (l’installation de portes et fenêtres). Bercy prévoit 875 millions d’euros de dépenses liées au Cite en 2018. En 2019, ce dispositif devrait être transformé en prime « dont le versement sera contemporain à la réalisation des travaux ».

Par ailleurs, le chèque énergie va être généralisé dès le 1er janvier 2018. Expérimenté en 2017 dans quatre départements, ce dispositif remplacera les tarifs sociaux de l’énergie. Quatre millions de ménages modestes devraient toucher 150 euros par an en moyenne. Ce montant sera revalorisé de 50 euros en 2019. « L’avantage, c’est qu’on pourra utiliser ce chèque pour le fioul et le bois, alors que les tarifs sociaux ne concernaient que l’électricité et le gaz », note Anne Bringault. Qui déplore cependant son montant trop faible : « Le budget moyen des ménages pour l’énergie et le chauffage est de 1.700 euros par an. Nous préconisions une aide minimale de 600 euros par an. Là, avec 150 euros par an, nous en sommes très loin ! »

Enfin, le gouvernement se fixe pour objectif de diviser par deux le nombre de « passoires énergétiques » – les logements les plus mal isolés – pendant le quinquennat. Pour y parvenir, il prévoit la rénovation énergétique de 75.000 rénovations thermiques par an sur le quinquennat. Le PLF annonce pour 2018 une enveloppe supplémentaire de 110 millions d’euros destinée à l’Agence nationale de l’habitat (Anah), en charge de ce chantier. Mme Bringault n’est guère convaincue : « Les moyens ne sont pas là. 75.000 logements rénovés par an, c’est le même objectif qu’en 2016. Par ailleurs, le candidat Emmanuel Macron avait promis un audit gratuit pour les ménages modestes, promesse qui a disparu dans le PLF. »

  • Taxe sur les transactions financières et aide publique au développement

Le PLF pour 2018 abandonne l’élargissement de la taxe sur les transactions financières (TTF) aux opérations infra-journalières, qui était prévu pour le 1er janvier 2018. Une décision qui révolte Clara Jamart, coordinatrice de plaidoyer à Oxfam : « Il s’agissait d’un acquis du PLF 2017, adopté par des députés de tous bords. Cette taxe sur les opérations financières les plus spéculatives aurait pu rapporter entre deux et quatre milliards d’euros supplémentaires par an à l’Etat. »

En particulier, la TTF participe au financement de l’aide publique au développement, un autre secteur négligé dans le PLF pour 2018. Son budget, de 2,7 milliards d’euros en 2017, doit être progressivement porté à 3,2 milliards d’euros en 2020. « Ce n’est pas une augmentation suffisante pour honorer l’engagement pris par la France devant l’ONU de porter le budget de l’aide publique au développement à 0,7 % du revenu national brut [RNB], ni celui d’Emmanuel Macron de porter ce budget à 0,55 % du RNB », regrette Clara Jamart.

  • Baisse des effectifs au ministère

Nicolas Hulot se réjouit de l’augmentation du budget de son ministère de 3,9 % en 2018. Mais la même année, les effectifs du ministère de la Transition écologique et solidaire vont perdre 1.324 équivalents temps plein. « Il s’agit du deuxième ministère qui perd le plus d’emplois, souligne Mme Bringault. Cela semble incohérent avec le discours du président de la République qui met en avant l’importance de la transition écologique. »

Le projet de loi de finances pour 2018 doit désormais être examiné par les deux chambres avant d’être définitivement adopté. « Les parlementaires peuvent travailler à des amendements. On espère que le parlement ira plus loin que le gouvernement », conclut Lorelei Limousin.

Belaunaldi berriko merkataritza itunak

Aiala Elorrieta
www.argia.eus/argia-astekaria/2567/belaunaldi-berriko-merkataritza-itunak

Duela gutxi arte arrotz ziren guretzat TTIP, CETA eta gisa bereko merkataritza itunak. Belaunaldi berriko merkataritza akordioak dira, eta elite pribatuen interesak indartzea helburu izanik, boteretsuenen alde egiteko tresnak.

Bestela esanda, jabekuntza–desjabekuntza prozesuak areagotzen dituzten makineria dira: nazioarteko enpresak geroz eta eskubide gehiagoren jabe izan daitezen, pertsonak, jendartea, gizarte antolatua, emakumeak, etorkinak, langileak, ingurumena eskubidez desjabetzen dituzten bitartean. Harvey urakanaren irudira, parean duten guztia suntsitzeko gaitasuna dute akordio horiek. Harvey geografoak ezin hobeto jaso zuen “desjabetzearen bidezko metaketa” kontzeptuaren barruan bete-betean erortzen dira.

Belaunaldi berriko akordio horien amarruetako bat, Inbertsore-Estatua auziak ebazteko aurreikusten diren tribunal pribatuen sistema dugu. Mekanismo horri esker, enpresa transnazionalek zabalik dute zuzenean herrialde bateko gobernuaren aurka egiteko bidea. Esate baterako, eskualde jakin bateko gobernuak bere esparruan enplegu lokala sustatzeko gaitasuna ezabatuko litzateke. Merkataritza-pakete horien bitartez bermatu nahi da atzerriko edozein enpresak, tokian tokiko enpresen eskubide berberak izango dituztela. Argudio nahikoa da hori enpresa transnazionalentzat, tokian tokiko gobernuen aurka auziak irekitzeko. Auziok, isun ekonomiko astronomikoak ekartzeaz gain, demokraziaren aurkako eraso larria dira. Izan ere, tokian tokiko gobernuen burujabetza odolustuta geratzen baita.

Akordio Transpazifikoak (TPP) Ozeano Barearen inguruko hamabi estatu biltzen ditu (Japonia, Kanada, Malaysia, Singapur…) eta harritzekoa badirudi ere, AEBen ezezkoa izan zen 2017ko urtarrilean akordioa bertan behera utzi zuena. Zenbait komunikabide eta botere ekonomikok haustura hura Donald Trumpekin erlazionatzen duten arren, badago bestelako azalpenik. Egiatan, Trump gobernura heldu baino hilabete batzuk lehenago, hitzarmena erorita zegoen AEBetan: mugimendu sozial eta sindikalaren indarrari esker, Barack Obamak ez zuen behar adina sostengu lortu TPP aurrera ateratzeko.

Gizartearen presiorik gabe, CETA EBren erabateko eskumeneko akordiotzat joko zen eta Europako Kontseiluak eta Parlamentuak onetsi beharko lukete soilik. Baina gizarte presioaren ondorioz,  Europako Batzordeak onartu behar izan du akordioak EBko estatu kideen eskumenak ukitzen dituela eta beraz, izaera mistoa duela

Europan ere protesta antolatuak bere emaitzak jaso ditu TTIP eta CETAren aurkako borrokan, beren onarpena kolokan jartzeraino. Gizartearen presiorik gabe, CETA Europar Batasunaren (EB) erabateko eskumeneko akordiotzat joko zen eta Europako Kontseiluak eta Parlamentuak onetsi beharko lukete soilik. Baina gizarte presioaren ondorioz, Europako Batzordeak onartu behar izan du akordioak EBko estatu kideen eskumenak ukitzen dituela eta beraz, izaera mistoa duela. Hori dela eta, onartua izan dadin 28 estatu kideek eta zenbait gobernu erregionalek berretsi behar dute.

Akordioen bultzatzaileak, tamalez, etengabe azpilanean ari dira eta mehatxu berria jaurti dute berriki EBtik. Jean-Luc Demartyk –Europako Batzordeko Merkataritza saileko arduradunak– aditzera eman du aurrerantzean merkataritza hitzarmenak berresteko bidea aldatu nahi dutela. Aldatu-rekin esan nahi du: akordioen berronespena azkartu eta bidean sor daitezkeen trabak aurretik kendu. Finean, akordioak gaika apurtuta EBko herrialde kideen parte-hartzea saihestu nahi da. Horrela, lehenik eta behin Europako Batzordeak EBren eskumen esklusiboak ukitzen dituen kapituluak hitzartuko lituzke eta kanpo geratzen diren gaiak, gerora, banan-banan negoziatuko lirateke.

Harvey-ren atzetik Irma heldu da bidean topatu duen oro astinduz. Belaunaldi berriko merkataritza akordioak, izenez eta formaz mutatzeko diseinatuta daude, kosta ahala kosta, beraien egitekoa burutu dezaten: desjabetzearen bidezko pilaketa.