Tandis qu’une vague de froid s’abat sur l’Europe, il fait anormalement chaud en Arctique
Sciences et Avenir avec AFP
www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/meteo/tandis-qu-une-vague-de-froid-s-abat-sur-l-europe-il-fait-anormalement-chaud-en-arctique_121644
Budget européen: où sont passés le climat et l’environnement?
Damien Demailly est coordinateur des initiatives à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
www.euractiv.fr/section/economie/opinion/budget-europeen-ou-sont-passes-le-climat-et-lenvironnement
Crise financière: «Dettes, crédits opacité… Les foyers de la déflagration sont connus»
Vittorio De Filippis
www.liberation.fr/planete/2018/02/28/crise-financiere-dettes-credits-opacite-les-foyers-de-la-deflagration-sont-connus_1633013
« Emakumeen talentu guztia baliatu behar dugu galtzen ari garen klima aldaketaren borrokan »
Reyes Ilintxeta
www.argia.eus/argia-astekaria/2588/uxua-lopez-telekomunikaziotako-ingeniaria
Tandis qu’une vague de froid s’abat sur l’Europe, il fait anormalement chaud en Arctique
Sciences et Avenir avec AFP
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Au pôle Nord, les températures ont dépassé de 30°C les normales saisonnières. Une douceur anormale directement liée à la vague de froid qui déferle sur l’Europe.
Alors que l’Europe grelotte sous une vague de froid tardive, le mercure bat les records au pôle Nord, avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières. Un phénomène exceptionnel qui s’inscrit sur fond de réchauffement de l’Arctique. Alors que le thermomètre descendant jusqu’à -35°C dans certaines régions du centre de la Russie le 25 février 2018 et atteignant les -10°C dans l’est de la France, le pôle Nord, plongé dans l’obscurité permanente de la nuit polaire, enregistrait des températures positives grâce à des vagues d’air doux.
« Le pic de douceur sur le pôle Nord et la vague de froid sur l’Europe sont directement liés »
Il s’est produit « une situation de blocage anticyclonique sur le nord de la Scandinavie (…) avec une remontée d’air doux de l’Islande vers le pôle Nord d’un côté et de l’autre côté de l’anticyclone, des descentes d’air froid de l’Oural et de la Russie occidentale vers l’Europe de l’Ouest », a expliqué mardi à l’AFP Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France. « Le pic de douceur sur le pôle Nord et la vague de froid sur l’Europe sont directement liés« , poursuit-il.
+30°C. Résultat, « on estime qu’il a fait à peu près zéro degré Celsius au niveau du pôle Nord », a indiqué M. Kapikian, selon les estimations obtenues par modélisation, car aucune station météorologique n’est implantée dans cette zone. Pour avoir une mesure plus précise, il faut aller à l’extrême nord du Groenland, où « on a relevé dimanche 6,2°C », ajoute Etienne Kapikian. « C’est une valeur exceptionnelle, à peu près 30°C au-dessus des normales de saison, voire 35°C pour cette mesure très précise », poursuit-il.
Un hiver exceptionnel en Arctique
Selon les scientifiques, il s’agit d’un épisode exceptionnel. « Des températures positives près du pôle Nord en hiver ont été relevées quatre fois entre 1980 et 2010 (…) Elles ont à présent été relevées au cours de quatre des cinq derniers hivers », explique à l’AFP Robert Graham, climatologue à l’Institut polaire norvégien. Signe que la tendance s’accentue.« On a un hiver exceptionnel sur l’Arctique, l’hiver précédent l’avait déjà été et on ne prend pas trop de risque en disant que le suivant le sera. La tendance de fond est très claire, c’est le réchauffement de l’Arctique », renchérit Etienne Kapikian.
BANQUISE. Ce phénomène est-il pour autant attribuable au dérèglement global du climat? « Il est difficile de dire qu’un événement est lié au réchauffement climatique. Mais cette tendance que nous voyons, un Arctique chaud, un continent froid, peut être liée au changement climatique », répond Marlene Kretschmer, climatologue à l’Institut de Potsdam pour la recherche sur le changement climatique. Ces épisodes de hausse des températures ne sont en tout cas pas une bonne nouvelle pour la banquise, dont la surface n’a jamais été aussi réduite pour la saison depuis le début des mesures il y a plus de 50 ans.
L’Arctique libre de glace en été d’ici 2050
Autour de l’archipel norvégien de Svalbard, à l’est du Groenland, la surface de glace mesurée le 26 février 2018 était de 205.727 km2, soit moins de la moitié de la superficie moyenne sur la période 1981-2010, selon des données norvégiennes. De façon plus globale, les climatologues estiment probable de voir l’océan Arctique libre de glace d’ici à 2050 pendant l’été.
Budget européen: où sont passés le climat et l’environnement?
Damien Demailly est coordinateur des initiatives à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
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Si le budget définit l’Europe, l’absence des questions climatiques et environnementales du débat devraient nous inquiéter, estime Damien Demailly.
Les chefs d’État européens se sont retrouvés le 23 février pour discuter du futur cadre budgétaire de l’UE après 2020. Une discussion tout sauf anecdotique. Car pour paraphraser le président de la Commission Jean-Claude Juncker, un budget n’est pas un exercice comptable : il traduit les priorités politiques et l’ambition. Définir le prochain budget européen, c’est définir l’Europe que nous voulons.
À en croire la communication que la Commission vient d’adresser au Parlement européen et au conseil des chefs d’État, pour préparer les discussions du 23 février, le climat, l’énergie et plus généralement la protection de l’environnement ne figurent pas au rang des priorités de l’UE pour la décennie à venir. Aucune nouvelle proposition n’est faite pour augmenter l’effet de levier du budget européen sur les investissements publics et privés dans la transition énergétique et écologique. Que ce soit en Europe même ou dans les pays avec lesquels elle coopère. Deux ans après la signature, en Europe, de l’Accord de Paris sur le climat, c’est pour le moins surprenant. D’autant que certains leaders européens comme Emmanuel Macron ont affirmé que ces enjeux devaient être au cœur du projet politique de l’UE. Une Europe qui protège doit aussi protéger les Européens des enjeux environnementaux globaux.
Investir davantage dans la transition écologique
Ne sous-estimons pas le rôle du budget européen. Si sa faiblesse – 1% du PIB de l’UE – a conduit l’Europe a préféré la voie réglementaire, ce budget représente une part significative des investissements publics dans de nombreux États membres de l’Union, et avec un effet de levier croissant sur les investissements privés. Et avec son budget, l’UE joue déjà un rôle significatif d’investissement dans la transition énergétique et climatique. Ces dernières années, elle s’est en effet engagée à ce que 20% de ses dépenses budgétaires contribuent à la lutte contre les changements climatiques. Un objectif significatif, mais insuffisant au regard des besoins d’investissements, ne serait-ce que pour tenir sa promesse – encore insuffisante – de réduction de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Il est donc nécessaire que l’UE augmente fortement – voire double – son objectif budgétaire pour le climat. Elle pourrait aussi se doter d’objectifs complémentaires pour la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Quoi qu’il en soit, ces objectifs devront être déclinés dans les différents fonds européens, spécialisés sur l’innovation, les infrastructures, l’agriculture, etc. Et le diable se cachant dans les détails, une attention particulière devra être portée à la définition, au suivi et au rapportage de ces dépenses considérées comme « vertes » pour assurer un débat public transparent et informé.
Éviter les investissements échoués
Parallèlement à sa fonction d’investissement dans la transition écologique, le budget devra aussi éviter de « verrouiller » l’économie européenne par des investissements dans des infrastructures non durables, qui compromettent la transition écologique et dont la rentabilité à moyen terme est compromise. L’Union européenne a actuellement l’intention de soutenir 53 projets gaziers, qui pour la plupart, soit opèreront encore dans une trentaine d’années et l’Europe aura donc échoué à atteindre la neutralité carbone, soit deviendront des investissements échoués supplémentaires. Comment éviter ce gaspillage ? Actuellement, chaque programme, chaque fonds européen a ses propres « conditions » sur le climat ou la biodiversité, qui doivent être remplies pour accéder aux financements.
L’harmonisation et le renforcement de ces règles doivent être mis à l’agenda des discussions budgétaires. Une manière de procéder, pour les infrastructures, pourrait être d’élaborer une liste des investissements exclus de tout soutien européen, ou recevant un cofinancement européen réduit et appelé à diminuer dans le temps. Une liste d’exclusion qui viendrait compléter la classification des infrastructures durables que le groupe européen de haut niveau sur la finance durable (« High Level Expert Group on Sustainable Finance ») appelle de ses vœux. Ce serait un signal fort envoyé par l’Union européenne (UE) à tous les investisseurs, que ce soit les États membres, les collectivités locales ou – évidemment – les entreprises. Le signal que la transition écologique a un caractère inéluctable.
Augmenter les ressources « propres » de l’Union européenne
Le prochain cadre budgétaire européen peut également renforcer ce signal… tout en en augmentant les ressources propres de l’Union. Ce nain budgétaire qu’est encore l’UE dépend à 90% des contributions des États membres. Et la volonté de la Commission – si ce n’est de l’ensemble des États membres – de développer ses ressources propres est une excellente opportunité pour verdir cette ébauche de fiscalité commune. À côté de la taxation des géants du numérique ou de celle sur les transactions financières (TTF), la Commission envisage d’utiliser le revenu des enchères de quotas CO2 sur son marché carbone, voire une taxe sur les plastiques. Des pistes à approfondir, à soutenir, comme celles d’une taxe commune sur l’énergie ou les billets d’avion. Pour des ressources propres… qui le soient à double titre !
Crise financière: «Dettes, crédits opacité… Les foyers de la déflagration sont connus»
Vittorio De Filippis
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Après les soubresauts boursiers début février, le chercheur Gaël Giraud estime que la financiarisation de l’économie mondiale, dopée par l’endettement, éloigne toujours plus les marchés de l’économie réelle. De quoi interroger la solidité du récent retour de la croissance.
Beaucoup estiment que ce n’était qu’une simple secousse, comme en connaît la finance de marché : elle brûle aujourd’hui ce qu’elle a vénéré hier. Les indices baissent brutalement ? C’est l’effroi général. La glissade s’interrompt ? Tout le monde (ou presque) explique que les marchés ont retrouvé la raison. La dernière trombe financière planétaire (du 5 au 9 février) n’aura pas échappé à ce mouvement. Dans le sillage de Wall Street, la planète finance a alors vu se volatiliser près de 7 500 milliards de dollars de capitalisation boursière en moins d’une semaine. Signe d’une inquiétude, dès le 11 février, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, déclarait : «Il nous faut anticiper d’où viendra la prochaine crise.» L’économiste Gaël Giraud estime que cet épisode ne peut être réduit à un simple accident. Elle est le signe avant-coureur d’un inéluctable prochain décrochage financier planétaire. Entretien avec ce chef économiste de l’Agence française de développement (AFD) et directeur de recherche au CNRS, qui a notamment préfacé le dernier livre de Steve Keen, Pouvons-nous éviter une autre crise financière ? (les Liens qui libèrent).
Faut-il s’inquiéter des récents soubresauts des grandes places financières ?
Nous sommes dans une situation pour le moins aussi explosive que celle de 2007, avec des Etats dont les finances publiques sont plus dégradées et un contexte macroéconomique plus fragile en dépit de l’apparente reprise économique. Les mesures de régulation bancaire et financière adoptées depuis la crise des subprimes sont très insuffisantes pour éviter une prochaine crise financière, y compris l’Union bancaire européenne.
Où sont les indices de cette crise qui menace ?
En situation normale, l’indice microéconomique de l’économiste américain Robert Shiller, qui compare le cours d’une action avec les bénéfices distribués par l’entreprise correspondante, oscille entre 14 et 17, avec un rendement moyen des titres de 6 %. Il tourne aujourd’hui autour de 34 pour les 500 plus grandes entreprises américaines, témoin de la déconnexion profonde entre la réalité économique des entreprises et leur valorisation boursière. Le rendement des actions, 3 % environ, est identique à celui des titres sans risque de dette souveraine : un non-sens. La dernière fois que l’indice de Shiller avait dépassé un tel sommet, c’était en 2000, veille de l’implosion de la bulle internet. Ce décrochage se vérifie, à l’échelle macroéconomique, par le découplage entre les cours de Bourse et le PIB.
Les indices boursiers ont dépassé depuis longtemps leurs sommets de 2007, alors que l’économie réelle occidentale, par exemple, n’a retrouvé que récemment le niveau de revenu moyen par habitant qui était le sien en 2007.
Peut-on parler de bulle ?
Bien sûr. Tôt ou tard, l’écart entre les cours de Bourse et l’économie réelle finira par se résorber via une chute du prix des actifs financiers.
Comment l’implosion de la bulle peut-elle advenir ?
Le mécanisme est simple et chaque fois identique : pendant la phase euphorique de gonflement de la bulle, les investisseurs s’endettent pour acheter des actifs financiers et bénéficier de la hausse des cours. Tôt ou tard ils devront rembourser leurs dettes. Or leurs revenus proviennent de l’économie réelle. S’il y a découplage entre celle-ci et la sphère financière, alors les spéculateurs sont condamnés à vendre leurs actifs financiers pour rembourser leurs dettes, faute de revenus «réels» suffisants. Un krach financier s’amorce au moment où une fraction suffisamment importante d’investisseurs, contrainte de vendre ses titres, provoque un retournement à la baisse des marchés. Les autres investisseurs n’ont alors d’autre choix que de vendre à leur tour pour minimiser leurs pertes. Résultat : les cours s’effondrent.
Avons-nous atteint les limites d’une économie mondiale qui croule sous des montagnes de dettes ?
C’est vraisemblable. Raisonnons à partir d’un individu surendetté : dès que sa dette est supérieure au collatéral qui lui sert de garantie (par exemple une maison ou une voiture), il a intérêt à faire défaut sur sa dette car finalement la saisie de son collatéral lui fera économiser de l’argent. Au niveau global, la situation est comparable. La dette publique mondiale atteint environ 60 000 milliards de dollars, alors que le PIB mondial tourne autour de 70 000 milliards. Quant à la dette privée, elle dépasse les 110 000 milliards de dollars (ce qui signale, au passage, qu’il est plus urgent de désendetter le privé que l’Etat). Le total des dettes est donc supérieur à 240 % du PIB. En face, le capital physique mondial qui tient lieu de garantie à cette montagne de dettes est de l’ordre de 200 000 milliards de dollars. Bien sûr, au niveau agrégé, les dettes ne sont pas dues à la même échéance pour tout le monde. Reste que, lorsqu’une dette globale frôle la valeur de son collatéral, nécessairement des difficultés de remboursement vont apparaître.
D’où peut venir le prochain maelström financier ?
Personne ne peut dire quand ni d’où partira la première secousse, mais les foyers de la déflagration sont connus. Il y a la dette des étudiants américains (1 300 milliards de dollars, soit 1 065 milliards d’euros), un peu plus de la moitié du PIB français, et qui ne peut être remboursée que si les diplômés des campus nord-américains trouvent très vite des emplois bien rémunérés. Il y a aussi le crédit à la consommation de type subprime qui a ressuscité et que les banques américaines ont même recommencé à titriser. Il y a l’opacité des grandes banques publiques de Shanghai et la bulle immobilière de la côte Est de la Chine. L’accroissement de la dette privée chinoise est sans précédent dans l’histoire. Autant de bombes financières à retardement.
Ces dettes ne créent-elles pas de valeur ?
Pas suffisamment. Aujourd’hui, le ratio dette privée sur PIB augmente partout dans le monde. Cela signifie que le surcroît de dette ne produit pas (assez) de valeur ajoutée. La dette sert de carburant à l’économie mondiale mais elle ne produit plus d’étincelle qui allume le moteur de la croissance (nonobstant la question écologique).
Quel a été le rôle des Banques centrales ?
Dans la bulle actuelle, dont le gonflement débute en 2009, c’est l’argent des Banques centrales qui a alimenté la bulle financière. Les politiques monétaires d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE), mises en œuvre dans le sillage de la crise de 2008, ont consisté au rachat par les Banques centrales des obligations d’Etat sur le marché secondaire, à coups de milliers de milliards. Depuis plus de huit ans, la Fed, aux Etats-Unis, injecte ainsi 1 000 milliards de dollars par an à un taux réel nul dans les banques, les fonds de pension et les compagnies d’assurances. Cet argent a été utilisé pour spéculer plutôt que pour investir dans l’économie réelle, en particulier dans la transition écologique. Les marchés d’actions se sont envolés. Le marché américain s’est apprécié de près de 35 % au cours des quatorze derniers mois.
Mais, en ce moment, les investisseurs nous disent qu’ils craignent une hausse de l’inflation via une hausse des salaires…
Ce qui montre qu’on est dans un monde qui fonctionne à l’envers.
Une hausse des salaires devrait rassurer les investisseurs car elle est bonne pour la consommation, donc pour les entreprises, donc pour leurs actions. Au lieu de cela, les investisseurs en déduisent que l’inflation pourrait revenir, ce qui, si les Banques centrales agissent conformément à leur mandat, conduirait à un tarissement du QE et à une remontée des taux. Or c’est le robinet des Banques centrales qui, en alimentant le secteur bancaire (lui-même surendetté) avec de l’argent gratuit, le maintient en vie. Coupez le robinet et vous plongez des pans entiers du secteur bancaire nord-atlantique vers la faillite, y compris certaines Landesbanken allemandes. D’où la panique, le 8 février, quand la Banque centrale d’Angleterre a annoncé qu’elle s’apprêtait à remonter rapidement ses taux.
C’est un système sans fin…
Puisque la sphère financière grossit plus vite que l’économie réelle, l’unique salut des investisseurs pour éviter le krach, ce sont les Banques centrales. Il est vraisemblable qu’en cas de chute prolongée des cours boursiers, les grandes Banques centrales feront tourner de plus belle la planche à billets pour éviter le pire. Attitude paradoxale, mais difficile à éviter, de pompier pyromane… qui alimente une vaste pyramide de Ponzi où l’on ne peut plus rembourser ses dettes qu’en contractant de nouvelles dettes. Les Etats eux-mêmes ont intérêt au prolongement de cette situation absurde : si les banques ne sont plus certaines de revendre leurs titres de dette publique aux Banques centrales, elles redeviendront plus exigeantes avant de souscrire à une adjudication du Trésor. Le coût de la dette publique augmentera.
Qu’est-ce qui a changé au cours des cinquante dernières années pour en arriver à cette situation ?
Pendant les Trente Glorieuses, la plupart des pays occidentaux, à l’exception des Etats-Unis, ont connu un endettement sain, parallèle à la création de valeur économique. Avec les débuts de la dérégulation financière des années 80, on assiste à la montée d’une dette «malsaine» : le ratio dette privée/PIB augmente dans tous les pays industrialisés. On vit depuis lors dans une économie à crédit, probablement du fait des contraintes géologiques liées à la raréfaction progressive de l’énergie et des ressources minières.
Où est la solution ?
Les Banques centrales vont probablement continuer un QE minimal pour éviter la catastrophe, mais il faut réguler à nouveau les marchés financiers et les secteurs bancaire (y compris le monde bancaire de l’ombre, le shadow banking) et assurantiel de manière à empêcher les bénéficiaires de ces liquidités de les utiliser pour spéculer. Cela passe par la réécriture du cadre prudentiel de Bâle III et de Solvabilité II, ainsi que des normes comptables internationales. Il faut contraindre le secteur privé à se désendetter et à investir dans l’économie réelle. Fléchons l’argent des Banques centrales vers des «investissements verts» si nous voulons éviter l’autre catastrophe qui menace – beaucoup plus grave -, celle du climat et de la biodiversité. Enfin, il faut mettre fin à l’exigence pour les Etats de se financer sur des marchés financiers inefficients, et autoriser à nouveau leur financement par les Banques centrales. Ce circuit de financement public a permis la reconstruction de l’Europe de l’Ouest en une génération et c’est la solution que le Japon vient de remettre en selle à bas bruit.
Que diriez-vous à ceux qui expliquent en ce moment que la croissance revient et qu’on voit le bout du tunnel ?
Si tout va si bien, pourquoi les Banques centrales ne mettent-elles pas fin immédiatement à leur politique de QE ? Pourquoi la plus ancienne banque du monde, Monte dei Paschi di Sienna, a-t-elle fait faillite en dépit du QE ? Pourquoi les taux restent-ils aussi bas ? Pourquoi l’inflation ne redémarre-t-elle pas ? Une économie dopée par la dette et l’argent gratuit peut donner l’illusion pendant quelques années qu’elle va mieux. En réalité, la croissance durable pour tous est illusoire : le monde va manquer de pétrole dès la prochaine décennie et, tant que nous n’avons pas opéré la transition énergétique, le monde dépend de l’or noir de manière cruciale. C’est l’ensemble de notre modèle économique qu’il faut repenser.
« Emakumeen talentu guztia baliatu behar dugu galtzen ari garen klima aldaketaren borrokan »
Reyes Ilintxeta
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80 emakume zientzialari espedizio batean ari dira egunotan Antartikan, tartean da Uxua Lopez. Duela bi urte ehuntzen hasi zen 1.000 emakume adituren sareko kide dira. Emakumeen lanari ikusgarritasuna ematea da lehen urratsa. Hurrengoa, klima aldaketaren inguruan erabakiak hartzen diren guneetarako bidea irekitzea, berandu baino lehen.
Telekomunikaziotako ingeniaria da. Duela hamabi urtez geroztik Acciona enpresan ari da lanean eta otsailaren 13tik Antartikan dabil Homeward Bound proiektuan parte hartzen. Zientzia eta teknologia alorretako mundu zabaleko 80 emakume bildu dira ekimen horretan, urtebeteko formakuntza saioa egin ondoren. Helburua da 2025erako 1.000 emakumeren sarea eratzea klima aldaketaren aurkako borrokan erabakimen postuetan esku har dezaten.
Zein da zure lana Acciona enpresan?
Azken bost urteotan kontrol zentroan ari naiz lanean. Handik energia berriztagarrien 400 bat estazio kontrolatzen dira, 14 gigabyte-eko energia iturriak. Ia 80 pertsona ari gara lanean atal horretan eta ni sistemaren segurtasunaz arduratzen den taldean nago. Duela bi urte ziber-segurtasun graduondoa egin nuen eta industriarako kontrol sistemak kudeatzea da nire espezialitatea. Alor horretan gerta daitezkeen arazoek eragina izan dezakete fabrika baten jardueran, elektrizitate zentral batean edo semaforoen funtzionamenduan. Ondorioak oso larriak izan daitezke pertsonentzat. Guk orain arte, zorionez, ez dugu ezustekorik izan.
Zer da Antartikako bidaia hori?
Urtebeteko formakuntzari amaiera jartzen dion espedizioa da, Homeward Bound proiektuaren barruan. Ekimen hori duela bi urte sortu zen hamar urtera begirako helburuarekin. Urtero 80 emakume aukeratzen dituzte STEM (zientzia, teknologia, ingeniaritza eta matematikak) alorrekoak. Sare bat osatzen dute eta helburu nagusia da hamar urte barru munduan 1.000 emakume ongi prestatuak izatea, klima aldaketaren inguruko erabakiak hartzen diren guneetan ardura postuak izan ditzaten.
Aurtengoa bigarren edizioa da. Ideia Australian sortu zen. Emakume zientzialari bat, Jessica Melbourne-Thomas, eta trebatzaile bat, Fabian Dattner, elkartu ziren emakumeen lanari balorea emateko asmoz. Zenbait ikerketa garrantzitsutan bildutako datuek erakutsi zieten genero parekidetasuna duten lantaldeen emaitzak %50 hobeak izaten direla gizonak gehiengoa diren taldeetan baino. Bi emakumeok konturatu ziren klima aldaketaren borroka galtzen ari garela eta onuragarria izanen zela parekidetasunaren estrategia aplikatzea.
Zergatik funtzionatzen dute hobeki talde parekideek?
Ikerketa horietan ikusten da emakumeok gure sormenaren eta gure esperientziaren bidez bestelako soluziobideak ematen ahal dizkiegula arazoei. Oso kontu larria da emakumeen talentu guztia alferrik galtzea. Askotan galdetu izan diot neure buruari zer gertatu den hainbat mendetan aprobetxatu ez den talentu horrekin guztiarekin.
Argi dago emakumeok baditugula beste ikuspuntu batzuk, bestelako bizi esperientziak ditugulako. Arazoei aurre egiterakoan, esate baterako, orain arte ohikoak izan ez diren soluziobideak bilatzeko gai gara. Oro har, hobeak gara talde-lana egiterakoan. Batzuetan soluziorik onena ez dator ezagutza tekniko oso altua duzulako, baizik eta hori izateaz gain, kontuan hartzen dituzulako beste gauza asko: elkarlanaren balioa, zer nolako emozioak sorrarazten dituzten hartutako erabakiek, zer ondorio ekarriko dizkien beste pertsonei, esate baterako. Emakumeen talentu eta trebetasun guztiak baliatu behar ditugu galtzen ari garen klima aldaketaren borrokan. Jokoan dagoena ez da emakumeen, gizonen edo pinguinoen biziraupena, denona baizik, planeta osoarena.
“Euskal Herrian udak luzeagoak dira, lehorte latzak ditugu eta espezie inbaditzaileak ugaldu dira”
Nola izan zenuen proiektu honen berri?
Aurten parte hartzen duten emakume gehienek aurreko urteko norbait ezagutzen dute, baina nik irratsaio baten bidez izan nuen honen berri.
Carne cruda deitzen da saioa eta oso interesgarria da, trataera bikaina ematen dielako bai genero gaiei baita zientziakoei ere. Klima aldaketa eta generoa nire betiko borroka esparru nagusiak izan dira eta ekimen honetan biak bat eginik datoz. Pentsatu nuen ez nuela haiek nahi zuten soslaia, gehienak zientzia ikertzaileak zirelako, baina hala ere, azken unean bidali nuen proposamena, eta hara non, onartu ninduten. Proiektuaren aurkezpenean sustatzaileek oso ideia polita proposatu zuten. Bideo batean, galdetzen zieten neska eta emakumeei ea zer eginen luketen beren ama gaixorik balego, eta hori lotzen zuten Ama Lurrarekin eta egiten ari garen triskantzekin. Oso hunkigarria izan zen.
Joan den urteko otsailean formakuntza epea hasi zen. Hainbat lan egin dugu urtean zehar taldeka, munduko hamaika tokitan zeuden lagunekin elkarlanean. Dokumentazio pila bat irakurri dugu eta lanak hiru gai nagusiren inguruan egin ditugu: emakumeen lidergoa, estrategia, eta ikusgarritasuna. Oso lan trinkoa izan da. Gogorra, baina oso polita.
Espedizioan zer egin behar duzue?
Lau asteko bidaia da. Otsailaren 13an atera eta martxoaren 13an itzuli. Argentinan itsasontzia hartu eta bi egunez Drake itsasartea zeharkatuko dugu. Esan digute mila kilometroko bidaia garbigailuan egitea bezalakoa dela. Izugarria. Biodramina baino dezente gogorragoa den botika hartu beharko dugula esan digute, eutsi ahal izateko. Gero zientzia estazioak bisitatuko ditugu. Ez da kirol espedizioa, bisita zientifikoak dira. Errusia, Ameriketako Estatu Batuak, Britainia Handia, Txina eta Argentinaren estazioak ezagutuko ditugu. Antartika laborategi erraldoi moduko bat da, oso egokia berotze globalaren ondorioak aztertzeko. Planetako ur erreserba handiena da eta kutsadurarik edo distortsiorik sortzen ahal duen beste faktorerik ez dago.
Acciona enpresak nola lagundu dizu proiektu honetan?
Ekimenean parte hartzeko 16.000 dolar ordaindu behar da, kostu errealaren erdia. Acciona Energíak bere gain hartu zuen gastu hori proiektuaren filosofia bat datorrelako enpresaren helburuekin. Horrez gain, aseguruak, bidaiak eta materiala ordaindu behar nituen nire poltsikotik, baina abenduan Acciona markak Acciona Team sortzea erabaki zuen, espedizioan parte hartu behar dugun partaideekin. Ekipamendua lortzen lagundu digu eta beste partaideei ordaintzeko falta zitzaiena ere jarri du. Gainera, Ternua eta Lorpen enpresek material izugarri ona eman digute eta eskerrak eman behar dizkiet, noski.
Zer iruditzen zaizu klima aldaketa ukatzen duen AEBetako presidente Trumpen jarrera?
Gero eta eszeptiko gutxiago dago. Taldekide batzuek diote jendea konbentzitu behar dugula, baina nik uste hori jada ez dela beharrezkoa. Sinetsi nahi dutenek sinesten dute eta nahi ez dutenek ez. Nik jada ez dut pedagogiarik egiten, propaganda baizik.
Aldaketaren ondorioak begi bistakoak dira. Azken 50 urteetako CO2 emisioetan bada goranzko ikaragarri bat, lehenago inoiz existitu ez dena. Desertifikazioa, euriteak, uholdeak, lehorte gero eta latzagoak, espezie inbaditzaile pila bat zabaltzen eta ekosistema asko erabat suntsitzen… Ondorioak atzeraezinak dira eta horregatik orain da unea gure jokamoldeak aldatzeko, eskuetatik gehiago ihes egin ez dezan. Gauza asko galdu dira dagoeneko eta ez ditugu inoiz berreskuratuko.
Adibidez?
Basamortu bihurtutako eremuak, esate baterako. Txinan azken 50 urteotan 25.000 kilometro koadro gehiago dute mortu. Iberiar Penintsularen azaleraren %80 desertu izateko arriskuan dago, 2016an Espainiako Estatuko Ingurumen Ministerioak argitara emandako txosten baten arabera. Lehengo euri kopuruak berreskuratzea oso zaila da, ezinezkoa dela ez esateagatik.
Eta Antartikan?
Izotz hormak urtzea da berotze orokorraren ondorio nagusia. Glaziarrak ere desagertzen ari dira. Izotza desagertuz gero munduaren topografia alda liteke, izan ere lur zati batzuk ur azpian geratuko lirateke eta beste batzuk oso bero bilakatuko lirateke. Itsas mailaren igoera kezkagarria gertatzen ari da, itsas eta haize korronteak desberdinak dira, itsas ekosistemak aldatzen dira eta denok pairatzen ditugu ondorioak.
Eta hemen, Euskal Herrian?
Hemen udak luzeagoak dira, lehorte latzak ditugu eta espezie inbaditzaileak ugaldu dira. Panpa-lezka edo panpa-belarra (Cortaderia selloana) da inbaditzaileetako bat. Jatorriz Hego Amerikakoa da belar altu hori, Panpan eta Patagonian bizi da eta Euskal Herriko kostaldean gero eta gehiago ikus daiteke. Bertako landare asko kaltetzen ditu.
Zergatik dabil hain emakume gutxi zientzian eta teknologian?
Betidanik emakumeak ikusezinak izan dira alor horietan eta gaur egun berdin jarraitzen dugu. Komunikabideetan agertzen diren adituak, adibidez, ia guztiak gizasemeak dira. Testuliburuetan ere oso gutxi ageri dira. Nobel sarietan soilik %3 izan dira emakumeentzat zientzian. Horregatik guztiarengatik erreferente falta izugarria dago eta horrek ondorio zuzena du neskengan, ikasketak aukeratzerakoan. Askotan neskei sinetsarazten diete txarragoak direla zientzia eta matematiketan. Errealitatea ez da horrelakoa. Emaitzak eta notak hor daude kontrakoa erakutsiz.
Bestalde, zientzia eta teknologia karrera oso gogorra da. “Publish or perish” argitaratu edo hil, esaten da, adierazteko etengabe zure ikerketen berri ematen aritu behar duzula eta ez da amatasunarekin bateragarria. Emakume askok lehia profesionala alde batera uzten dute eta beste askok ama izatea geroko uzten dute lanean toki on bat erdietsi arte. Unibertsitatean emakume askotxo dago, batez ere hainbat gradutan, biologian, adibidez, baina gero ardura postuetara ez dira iristen.
Arrakala handiak daude, eta handiena zaintzak eragiten duena da. Emakumeok Antartikara joan ahal izateko gizonek eraman behar dituzte haurrak medikuarenera, kartetan aritu aitonarekin, erostera joan eta arropa garbitu behar dute. Zaintza lanak eta etxeko lanak partekatzen ez diren bitartean ezinezkoa da emakumeok aukera berdinak izatea gure garapen profesionalean.
Enpresa munduan, ni nagoen alorrean, adibidez, gizon batek haurra izatea gauza ona da enpresarentzat, horrek esan nahi baitu bere egoera pertsonala egonkorragoa izanen dela, ez dela auskalo nora joanen, zentratua egonen dela enpresan. Aldiz, emakume batek umea duenean arazoa dator: orain bere lehentasunak aldatuko dira, ezin izango da beti libre egon, nahasiago ibiliko da, lanetik atera behar izanen du askotan… Arrakala horiek guztiak, eta soldatetan daudenak, desagertzen ez diren arte emakumeok etorkizun zaila dugu.
Soluziobidea?
Aldatu maila guztietan. Gizonezkoek ohartu behar dute pribilegioak galdu behar dituztela eta enpresek neurri batzuk bai ala bai hartu behar dituzte bateragarritasun erreala lortu ahal izateko. Gobernu mailan lege egokiak behar dira emakumeen garapen profesionala sustatzeko. Ameriketako Estatu Batuetako proiektu kide batek esaten zidan han kongresu batzuetan haurrak zaintzeko zerbitzuak dituztela, inor etxean gelditu ez dadin arrazoi horrengatik. Eta zenbait kasutan bazterketa positiboa egin beharko da emakumeen alde.
Desberdina litzateke mundu parekidea?
Nik uste dut baietz. Askoz lasaiagoa litzateke. Gerra, gorroto eta muga arazo askoz gutxiago legoke. Kooperazio eta komunikazio gehiago legoke, zalantzarik gabe.
Greba feminista
“Martxoaren 8an Antartikan ez dakit zer eginen dugun, baina zerbait bai, seguru. Dena den, nik uste dut greba azaroaren 3an hasi beharko genukeela eta urtarrilaren 1era arte iraun. Nafarroan emakumeok lan berdinarengatik %18 gutxiago kobratzen dugu, beraz, kontuak aterata, azaroaren 3ra arte baino ez genuke egin beharko lan”.
Emakumeak, klima aldaketaren biktimak
“Berotze globalaren ondorioak gehien pairatzen dituztenak emakume pobreak dira, haiek bizi baitira lurrari lotuak eta oso baliabide gutxirekin. Adibidez, uholdeetan gehien hiltzen direnak emakumeak dira askok eta askok igerian ez dakitelako”.
Berdintasunaren alde
“Berdintasuna lortzeko emakumeen aldeko bazterketa positiboa egin behar da. Agian, hasieran, pribilegioak galtzeak gizon batzuei beldurra emanen die, baina onuragarria izanen da guztientzat. Gainera, pribilegio horiek gizon batzuentzat karga modukoak ere badira, asko eskatzen baitzaie soilik gizona izateagatik”.