Articles du Vendredi : Sélection du 1er septembre 2017

Climat: seulement 5% de chances de limiter le réchauffement à 2 degrés Celsius

Paris (AFP)
www.goodplanet.info/actualite/2017/08/01/climat-5-de-chances-de-limiter-rechauffement-a-2-degres-celsius/#comment-978709

Le réchauffement climatique rend l’est des Etats-Unis extrêmement vulnérable

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2017/08/28/le-rechauffement-climatique-rend-l-est-des-etats-unis-extremement-vulnerable_5177466_3244.html

Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : “Nous n’avons que trois ans pour agir”


www.lejdd.fr/societe/rechauffement-climatique-pour-jean-jouzel-climatologue-nous-navons-que-trois-ans-pour-agir-3409817

Quelles images pour sensibiliser aux enjeux du changement climatique ?

Mickaël Dupré
https://theconversation.com/quelles-images-pour-sensibiliser-aux-enjeux-du-changement-climatique-80644

Mines d’or, jamais nous n’accepterons

Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/mines-dor-jamais-nous-naccepterons

Trumpen abokatuek Greenpeace salatu dute Dakotako oliobidea dela eta

Xalba Ramirez
www.argia.eus/albistea/trumpen-abokatuek-greenpeace-salatu-dute-dakotako-oliobidea-dela-eta

Climat: seulement 5% de chances de limiter le réchauffement à 2 degrés Celsius

Paris (AFP)
www.goodplanet.info/actualite/2017/08/01/climat-5-de-chances-de-limiter-rechauffement-a-2-degres-celsius/#comment-978709

Il y a 5% de chances de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, l’objectif fixé par l’accord de Paris scellé par la communauté internationale en 2015, selon des chercheurs.

Les chances d’atteindre l’objectif de 1,5°C, également contenu dans l’accord, ne sont que d’1%, estiment-ils dans une étude parue lundi dans la revue Nature Climate Change.

Une équipe de scientifiques basée aux Etats-Unis a utilisé des projections de croissance de la population pour estimer la production future et les émissions de carbone dues à l’utilisation d’énergies fossiles qu’elle entraîne.

Sur la base de ces données, « l’augmentation de la température est probablement de 2°C à 4,9° C, avec une valeur médiane de 3,2°C et 5% de chances qu’elle soit inférieure à 2°C », écrivent les chercheurs.

Leurs calculs ne sont pas basés sur le pire scénario, avec une consommation d’énergie toujours aussi intense, mais intègrent des efforts pour limiter l’utilisation des énergies fossiles, précisent-ils.

Ils ne prévoient pas en revanche la possibilité d’un basculement massif et soudain vers les énergies renouvelables.

« Atteindre l’objectif d’un réchauffement inférieur à 1,5°C suppose que l’intensité en carbone baisse bien plus vite que dans le passé récent », relèvent les chercheurs.

Dans l’accord de Paris, la communauté internationale s’est engagée à limiter la hausse de la température mondiale « bien en deçà de 2°C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C », par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle afin d’éviter les conséquences dévastatrices du changement climatique (sécheresses, hausse du niveau des océans, tempêtes…).

Les experts ont averti depuis longtemps que même l’objectif des 2°C serait difficile à atteindre.

Le Giec, le groupe d’experts internationaux dont les travaux font référence sur le climat, recommande de réduire de 40 à 70% les émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles d’ici à 2050 par rapport à leur niveau de 2010.

L’accord de Paris est moins précis, ses signataires se fixant pour objectif que les émissions atteignent leur pic « dès que possible ».

Selon les Nations unies, la population mondiale va grimper d’environ 7,5 milliards de personnes actuellement à 11,2 milliards d’ici à 2100, augmentant encore la pression sur les ressources énergétiques.

Le réchauffement climatique rend l’est des Etats-Unis extrêmement vulnérable

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2017/08/28/le-rechauffement-climatique-rend-l-est-des-etats-unis-extremement-vulnerable_5177466_3244.html

Donald Trump abrogeait, mardi 15 août, par décret présidentiel, la réglementation prise en 2015 par son prédécesseur pour encadrer la construction d’infrastructures en zones inondables. Moins de deux semaines plus tard, l’ouragan Harvey noyait le Texas sous des précipitations diluviennes. Déjà, la collision des deux événements alimente, outre-Atlantique, une ironie acerbe sur la guerre déclarée par le président aux régulations environnementales. Le désastre en cours sera-t-il celui qui fera changer de posture la nouvelle administration sur la question climatique ?

S’il est impossible d’imputer un événement météorologique isolé au réchauffement en cours, Harvey apparaît néanmoins comme une concrétisation du risque climatique. « Il y a certains facteurs liés au changement climatique dont nous pouvons dire, avec un haut niveau de confiance, qu’ils aggravent les inondations », a déclaré le climatologue américain, Michael Mann, chercheur à l’université de Pennsylvanie.

D’abord, en l’état des connaissances, l’augmentation tendancielle des températures de l’atmosphère et de l’océan contribue à accroître la fréquence des cyclones tropicaux de catégories 4 et 5. « Ensuite, l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique a été de plus de 15 centimètres au cours des dernières décennies, ajoute M. Mann. Ce qui implique que l’onde de tempête a été plus haute qu’elle ne l’aurait été, d’où plus d’inondations et de destructions. »

Exposition à une pollution majeure

L’« onde de tempête » est cette brusque montée de l’océan provoquée par les basses pressions et le vent : une part des inondations tient à cette brutale entrée de la mer à l’intérieur des terres. « La submersion dévastatrice que connaît Houston est due à cette combinaison entre inondations côtières et fortes précipitations », ajoute le chercheur. Or l’augmentation de l’intensité des pluies est également favorisée par la chaleur stockée dans les océans, qui favorise l’accumulation d’humidité dans l’atmosphère.

La vulnérabilité de l’Est des Etats-Unis au changement climatique se lit dans l’accumulation récente de catastrophes majeures. De Katrina en 2005 à Harvey en 2017 en passant par Sandy en 2012 et Ike en 2008, quatre ouragans exceptionnels ont frappé, en à peine plus d’une décennie, les côtes américaines de l’Atlantique nord. Les dommages économiques sont de plus en plus importants.

Ainsi, les trois ouragans les plus coûteux de l’histoire des Etats-Unis se sont tous produits en moins d’une décennie. Selon les estimations de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), Katrina arrive en tête avec 108 milliards de dollars, devant Sandy (75 milliards de dollars) et Ike (37 milliards de dollars).

Harvey, qui a frappé le cœur battant des industries pétrolière et pétrochimique américaines – où sont concentrées un grand nombre d’infrastructures de raffinage, de traitement et d’acheminement de produits pétroliers –, pourrait s’avérer la plus coûteuse de toutes les catastrophes météorologiques de l’histoire des Etats-Unis. Une fois les eaux retirées, c’est ensuite à une pollution majeure de leur environnement que les régions touchées seront exposées.

Autre article complémentaire : www.lemonde.fr/tempete-harvey/article/2017/08/30/harvey-l-une-des-tempetes-les-plus-couteuses-de-l-histoire-des-etats-unis_5178192_5177961.html

Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : “Nous n’avons que trois ans pour agir”


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Le climatologue Jean Jouzel tire la sonnette d’alarme au JDD sur les risques du réchauffement climatique. Selon lui, la planète subira des conséquences dramatiques si les émissions de gaz ne sont pas stabilisées d’ici à 2020.

“Pas besoin de faire de catastrophisme : la situation est catastrophique.” L’avertissement fait froid dans le dos. Le climatologue et ancien vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) Jean Jouzel, dresse un bilan bien sombre sur l’évolution du réchauffement climatique. “Pour espérer rester en deçà de 2°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, il faudrait que le pic d’émissions de gaz à effet de serre survienne au plus tard en 2020″, souligne le climatologue. Nous n’avons que trois ans devant nous.” Face au réchauffement climatique, il prévoit notamment des étés de plus en plus chauds, jusqu’à 6 à 8°C de plus dans les années à venir. “On n’est plus dans le futur : ce sont les enfants d’aujourd’hui, ceux des cours d’école, qui pourraient subir ces étés à 50°C”, s’inquiète Jean Jouzel.

À quoi ressembleront nos étés demain ?

Ils seront plus chauds en moyenne. Pour vous donner une idée, en juin, juillet et août 2003, les températures étaient supérieures de 3 °C par rapport à un été de référence du XXe siècle. Si rien n’était fait pour lutter contre le réchauffement, cela pourrait devenir banal au-delà de 2050. Les étés caniculaires seraient encore plus chauds, jusqu’à 6 à 8 °C de plus, avec deux problèmes majeurs. D’une part la mortalité : même si on est mieux préparés, la canicule de 2003 avait causé 15.000 décès en France et 70.000 morts en Europe ; d’autre part, les feux de forêt, avec 73.000 hectares brûlés ce même été. Et dans certaines mégapoles comme Paris, des îlots de chaleur urbains se formeront, où le mercure grimpera encore de 6 à 8 °C supplémentaires, entraînant des problèmes de santé accentués en cas de pollution.

Certaines régions en France connaîtraient des journées à plus de 50 °C, selon une récente étude.
C’est un travail très utile car il rend le phénomène concret. Si on n’agit pas, la planète se réchauffera en moyenne de 4 à 5 °C d’ici à la fin du siècle par rapport à l’ère pré­industrielle. La limite à ne pas ­dépasser, c’est + 2 °C. Si on respecte les accords de Paris, on sera entre les deux, entre + 3 et + 3,5 °C. Or il est difficile de faire comprendre qu’un degré de plus nous fera basculer dans un autre climat. Ces chercheurs ont compilé les données de températures journalières et travaillé avec un modèle de Météo France d’une résolution de 12,5 kilomètres. Si rien n’est fait, vers 2075, les maximales journalières seront certaines années plus chaudes de 12 à 13 °C dans l’est de la France, de 8 °C en Bretagne. Et cela sur des températures dépassant déjà 40 °C! On atteindrait ainsi 50 à 55 °C dans certaines régions.

“À l’horizon 2050, ce risque de feux apparaîtra dans le centre et l’ouest de la France, jusqu’ici épargnés”

Une canicule en juin, des incendies massifs en juillet… La France est-elle déjà en surchauffe?
L’été est plus chaud et plus précoce. Au 15 juin, on a désormais un climat de début juillet 1960. La saison s’étend, avec des canicules plus précoces en juin ou plus tardives en septembre. Le lien avec le réchauffement climatique est certain, et celui-ci est dû depuis 1950 avec une quasi-certitude aux activités humaines. Ce contexte fait craindre que les sécheresses actuelles du ­Bassin méditerranéen (40 °C et plus de 60 morts dans un incendie au Portugal, pénurie d’eau en Italie, le sud de la France en proie aux flammes) soient de plus en plus fréquentes et aiguës. Les incendies augmentent partout et les ingrédients sont connus : la température, la sécheresse, le vent, mais aussi l’urbanisation et la négligence humaine. À l’horizon 2050, ce risque de feux apparaîtra dans le centre et l’ouest de la France, jusqu’ici épargnés.

Boira-t‑on bientôt du vin de Bordeaux cultivé en Finlande?

Il y a dix ans, lorsqu’on disait qu’il faudrait planter des vignes en ­Angleterre car les vins deviendraient trop alcoolisés avec la chaleur, les gens nous prenaient pour des fous. Aujourd’hui, les maisons champenoises investissent toutes dans le sud de l’Angleterre. Cette préoccupation de l’adaptation au climat est devenue quotidienne pour la profession. Pour les vignerons et les producteurs de fruits, la succession d’hivers doux suivis de gelées tardives est aussi très néfaste.

Votre frère, qui a repris la ferme familiale en Bretagne, ne croit pas au réchauffement!

Exact, comme beaucoup de paysans qui reprennent le credo de Claude Allègre, il pense que nous sommes dans un cycle comme il y en a déjà eu par le passé. En ­revanche, j’ai beaucoup d’espoir en voyant mes sept petits-enfants. Récemment, j’ai entendu deux de mes ­petites-filles de 9 et 10 ans parler trente minutes d’éoliennes et d’énergies renouvelables…

“Les engagements actuels ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. L’urgence est là.”

Il ne reste que trois ans pour agir, comme le rappelle un groupe de scientifiques, politiques et économistes dans la revue Nature.

Oui, nous n’avons que trois ans devant nous. C’était écrit dès 2007 dans le rapport du Giec. On l’a réécrit depuis, ça reste vrai! Pour espérer rester en deçà de 2 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, il faudrait que le pic d’émissions de gaz à effet de serre survienne au plus tard en 2020. L’accord de Paris a transformé ce diagnostic des scientifiques en un objectif d’atteindre ce pic “le plus tôt possible”, sans date. Nous écrivions aussi qu’il fallait diminuer de 40 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2100. C’est un défi. Le dialogue entre scientifiques et politiques fonctionne au niveau international, mais les engagements actuels ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. L’urgence est là.

Le discours des scientifiques n’est-il pas trop timide?

On n’a peut-être pas été bons, mais on n’arrête pas de sonner l’alarme ! Tout a été dit dans le premier rapport du Giec en 1990. Les conséquences du réchauffement étaient perçues comme virtuelles. C’était “cause toujours, on verra après”. Malheureusement, les faits sont là. Avec la fonte des glaces, le niveau de l’eau s’est élevé de 20 cm depuis 1900. Il augmente de 3 mm par an, et cela risque de s’accélérer. La Bretagne s’est réchauffée de 1,5 °C depuis le milieu du XXe siècle, les gens de ma génération l’ont vu. Tout ce qu’on prédisait se réalise, et on n’exagère pas ! Hélas, la prise de conscience ne se fait que par les extrêmes. La canicule de 2003 qui a touché toute l’Europe de l’Ouest a eu un effet pédagogique, de même que le rapport de l’économiste Nicholas Stern selon lequel ne rien faire coûterait plus cher que d’agir. Ce message a été un choc pour les entreprises.

“Si le Sahel et la Corne de l’Afrique deviennent plus secs, les réfugiés seront encore plus nombreux”

Que dire aujourd’hui pour alerter les consciences?

J’ai longtemps dit qu’en Europe de l’Ouest le réchauffement était perceptible mais pas encore dangereux. Je change mon discours : il est déjà dangereux.

Ces catastrophes ont des coûts humains, financiers, en pertes de biens. Je le répète, on n’est plus dans le futur : ce sont les enfants d’aujourd’hui, ceux des cours d’école, qui pourraient subir ces étés à 50 °C. On n’échappera pas d’ici à 2100 à une hausse de 40 cm à 1 m du niveau de la mer ; peut-être pas loin de 2 m, selon des études récentes. L’île de Sein ou l’île de Ré seraient coupées en deux. Et si le réchauffement se maintient sur plusieurs siècles, le Groenland pourrait finir par fondre, provoquant une élévation de 7 mètres.

Et cela ne vous rend pas catastrophiste?

Pas besoin de faire de catastrophisme : la situation est catastrophique. Alarmiste, je le suis si on ne fait rien. Le réchauffement est inéluctable, mais en le limitant à 2 °C nous pourrons nous y adapter pour l’essentiel. Du moins dans les pays riches. Car la principale conséquence du réchauffement, c’est l’accroissement des inégalités. Il diminue les endroits où il fait bon vivre sur la planète. Partout, les premières victimes sont les moins fortunées : cela a été vrai en France lors de la canicule de 2003 et pour ­Xynthia : les maisons les plus touchées par la tempête étaient celles construites sur des terrains pas chers. C’est vrai ailleurs. Le réchauffement a des effets sur l’instabilité et le risque de conflits au Moyen-Orient. Cet été, on a relevé 54 °C au Pakistan et en Iran. Au Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique jusqu’à la Libye, le mercure va grimper de 5 à 6 °C… À ces températures, il n’y a plus d’activité extérieure possible. On compte déjà 65 millions de déplacés sur la planète. Si le Sahel et la Corne de l’Afrique deviennent plus secs, les réfugiés seront encore plus nombreux.

Malgré ce diagnostic sévère, vous restez optimiste. Par foi en l’homme?

À mes yeux, un monde sans pétrole, où on fait mieux avec moins, est tout aussi désirable. À l’échelle planétaire, si on s’y met, 50 % de l’énergie pourrait venir du renouvelable en 2050. Créer un mode de développement différent, c’est enthousiasmant ! Cela suppose des innovations, des emplois. Il faut donner l’espoir et l’envie : ceux qui ont acheté une voiture électrique ne reviendront pas à l’essence. Mon principal reproche à Claude Allègre et ses soutiens, c’est de laisser croire qu’on trouvera toujours des solutions quand les catastrophes arriveront. Ce n’est pas vrai pour le réchauffement climatique. C’est la pure vanité humaine. Personne n’arrêtera l’élévation des mers. Les refuges vont rétrécir. Il sera difficile de garantir la sécurité alimentaire pour 10 milliards d’habitants.

“J’ai été agréablement surpris lorsque Macron a cité l’accord de Paris comme une action majeure du quinquennat Hollande”

Se donne-t‑on les moyens d’y faire face en France?

Le moment approche où il sera trop tard pour mettre en place les solutions. Or trop de freins administratifs à l’action persistent. En Allemagne, un projet éolien voit le jour en quatre ans ; en France, en huit ans ! Dans le golfe du ­Morbihan, ils veulent construire des hydroliennes, ils n’y arrivent pas. Il y a 3.000 éoliennes en mer en Europe, zéro en France. Entre l’appel d’offres et la réalisation, cinq à dix ans s’écoulent, et des technologies plus performantes apparues entre-temps ne peuvent pas être utilisées. Ces barrages sont aberrants. Accélérer ces projets, c’est l’un des grands chantiers de Nicolas Hulot.

Sentez-vous un climat favorable depuis sa nomination et l’élection d’Emmanuel Macron?

J’ai soutenu Benoît Hamon. Mais j’ai été agréablement surpris lorsque Macron a cité l’accord de Paris comme une action majeure du quinquennat Hollande. Pour Hulot, le travail consistera avant tout à mettre en œuvre les lois existant sur la transition énergétique et la biodiversité. Ce n’est pas si facile. La France est à 16 % d’énergies renouvelables, nous n’atteindrons pas l’objectif fixé à 23 % en 2020. Le ministre dit qu’il veut faire mieux que la loi. Très bien, mais remplissons déjà le contrat !

Avec le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, les chances de réussir à le mettre en œuvre ne sont plus que de 10 %, selon le climatologue américain Michael Oppenheimer.

Je ne suis pas loin de ce diagnostic. Je dirais qu’il reste 20 à 30 % de chances. L’effet le plus dommageable du retrait américain est indirect : c’est l’impact auprès des autres pays signataires. Chacun d’eux devait détailler en 2018 les outils pour atteindre ses objectifs. Puis vers 2019, rediscuter des moyens de faire mieux, de relever l’ambition. C’est indispensable, car on est dans les choux par rapport à l’objectif de 2 degrés maximum ! Désormais, les autres pays pourront dire : “Les USA ont quitté le navire, pourquoi faire plus ?” Le succès de Paris, c’était d’être quasi universel. Trump a rompu cette confiance. Mais s’il y voit un intérêt pour sa politique intérieure, il pourrait faire un geste. Il a déjà fait savoir que Washington participerait aux négociations hors de l’accord, il pourrait aussi revenir sur sa promesse de cesser le soutien aux organisations internationales environnementales. Comme le dit le Nobel d’économie Joseph Stiglitz, c’est le seul grand projet pour l’avenir : réussir à continuer à se développer dans ce monde limité. Tenir compte de l’écologie, et pas seulement de l’économie.

Quelles images pour sensibiliser aux enjeux du changement climatique ?

Mickaël Dupré
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La communication environnementale semble arrivée à un tournant de sa jeune histoire. Ces dernières années, une nouvelle forme de discours est apparue, mettant l’accent sur les solutions, les alternatives. En aurait-on fini avec les images d’ours polaire isolé sur une banquise à la dérive et autres visions catastrophistes ?

On pense par exemple à Bea Johnson, auteure du bestseller Zéro déchets, qui insiste sur les bienfaits et les bénéfices de ce mode de vie. On pense aussi au film Demain qui présente un tour du monde des bonnes initiatives pour la planète et le bien-être.

C’est le constat de cette mutation qui fut au cœur d’une étude inédite sur l’impact émotionnel des « visuels climatiques ». Réalisée auprès d’un échantillon de 1 500 individus (selon la règle des quotas), elle a été conduite par l’association Place to B en partenariat avec l’Ademe et l’institut de sondage BVA. Ses premiers résultats ont été dévoilés en mars dernier et, ce lundi 28 août, une plateforme en ligne s’ouvre au public pour présenter en détail les enseignements de l’étude.

Manières de voir

L’étude a porté sur 36 visuels évoquant différentes causes de problèmes environnementaux (la déforestation, l’automobile, le consumérisme, etc.), des incidences sur l’environnement (pic de pollution, marée noire, déchets, etc.) ou l’individu (insuffisance respiratoire, embouteillage, etc.), et des alternatives (énergie solaire, transport doux, végétalisation urbaine, etc.).

La moitié des visuels sélectionnés pouvait être qualifiée de « classiques ». Il s’agissait d’images régulièrement mobilisées dans les communications sur l’environnement (nuage de pollution, marée noire, etc.). L’autre moitié proposait un traitement plus original (un panneau solaire sur le toit d’une cabane délabrée, un VRP pagayant au milieu d’un désert, etc.).

Les participants ont évalué ces images sur différents critères.

Ils ont ainsi répondu à des questions portant sur les émotions qu’ils ressentaient face aux différents visuels et les actions que ces images leur donnaient envie d’accomplir. Ils ont également été interrogés sur la légitimité qu’ils accorderaient aux principaux organismes (entreprise privée, collectivité locale, association, etc.) s’ils utilisaient les différents visuels dans le cadre d’une campagne de sensibilisation.

Afin de différencier des profils d’individus, les participants ont répondu à des questions sur leur niveau d’engagement environnemental, leurs caractéristiques socio-économiques, etc.

Des émotions sélectives

Trois profils ont été identifiés dans le cadre de l’étude : les « indifférents » désignent les personnes les moins sensibilisées aux enjeux relatifs à l’environnement ; les « consom’acteurs » représentent ceux qui ont adopté un certain nombre de pratiques durables, sans que celles-ci n’englobent pour autant l’ensemble de leurs sphères comportementales ; enfin, les « ambassadeurs » correspondent à des personnes particulièrement informées et actives dans la préservation de l’environnement. L’étude montre que ces trois profils réagissent différemment aux émotions suscitées par les visuels présentés.

Les « indifférents » se montrent ainsi réceptifs à un mélange d’émotions positives (intérêt, joie, surprise) et d’émotions négatives modérées (colère, peur, tristesse). Aussi, la forte charge émotionnelle véhiculée par des images-chocs peut-elle se révéler contre-productive auprès de ce public. Ces visuels lui apparaîtront trop culpabilisants, le conduisant à se prémunir de cette émotion négative par une stratégie de déni. Il semble donc falloir privilégier les images modérées auprès des personnes les moins sensibilisées.

Les « consom’acteurs » apparaissent comme ceux réagissant le mieux à des émotions négatives (colère, dégoût, tristesse, mépris).

Les « ambassadeurs » reçoivent quant à eux plus facilement des images à forte charge émotionnelle – que celle-ci soit positive ou négative. Particulièrement intéressés par l’environnement, ils sont attentifs aux communications menées sur ce sujet et sont donc susceptibles de réagir plus fortement. Chaque émotion est ressentie de façon beaucoup plus intense chez ce public.

Qui peut montrer quoi ?

Pour autant, la population ciblée par les messages de sensibilisation suffit-elle à définir le type de visuel à utiliser ? Pas tout à fait ! Car le rôle de celui qui émet le message s’avère tout aussi essentiel, et une organisation politique ne pourra pas communiquer de la même manière qu’une association.

Selon les personnes interrogées dans le cadre de l’étude, les institutions publiques centrales sont jugées légitimes pour communiquer sur l’environnement. Et elles le sont d’autant plus si elles traitent des conséquences du réchauffement climatique. En s’entourant de chercheurs et de scientifiques pour affirmer que le réchauffement climatique est une réalité, ces institutions portent l’intérêt général et ne divulguent pas de messages partisans.

Les administrations publiques locales sont quant à elles perçues comme légitimes pour communiquer sur le thème de la mobilité durable : visuels représentant la voirie, l’utilisation du vélo ou encore la pollution atmosphérique urbaine. Les répondants de l’étude attendent des administrations publiques locales qu’elles utilisent des visuels mettant en scène des solutions.

Les administrations locales doivent en revanche se méfier des communications humoristiques, pour lesquelles elles sont perçues moins légitimes que les associations.

Concernant les associations, on note un accueil pour l’utilisation du second degré. Les participants à l’étude attendent des ONG une communication portée sur une prise de position militante ou un impact local et quotidien. Le ton humoristique, voire caustique – jusqu’à plonger le public dans l’absurde – est bien accueilli. Mais même avec humour, la posture de donneur de leçon reste toutefois à proscrire. Bien que le rôle de ce type de structures soit souvent de dénoncer ou d’alerter, les images illustrant des solutions sont les plus appréciées.

Il s’avère en revanche beaucoup plus compliqué de communiquer pour les entreprises de droit privé, ces dernières n’étant pas perçues comme légitimes. Ce constat illustre la méfiance généralisée envers le domaine privé, notamment parce qu’il est communément jugé comme premier responsable du réchauffement climatique.

Dès lors, le plus judicieux pour une entreprise consistera à communiquer sur des solutions qui relèvent de son domaine d’activité. Avec des visuels montrant, par exemple, des aspects techniques (voiture électrique, laboratoires de recherche) qui témoignent de son engagement et de ses actions pour la planète. Attention toutefois à les utiliser avec parcimonie pour se prémunir de tout greenwashing.

Émotion… action !

Selon ce qui est représenté sur un visuel, les émotions varient. Sans surprise, les causes et leurs incidences sur l’environnement provoquent des émotions à portée négative : colère, dégoût, peur, mépris, tristesse et culpabilité. Les solutions provoquent quant à elles de la joie, de l’intérêt et de la surprise. Les visuels faisant appel à l’humour suscitent également un grand intérêt, mais sans pour autant inciter à agir.

Ce sont les images-chocs qui suscitent le moins d’intérêt. Cet effet s’expliquera par différents processus à l’œuvre selon le type de récepteur.

On le comprend, toutes les émotions ne conduisent pas aux mêmes envies en termes d’action. Pour une même action, l’envie de s’impliquer ne sera donc pas la même si l’on est joyeux ou en colère. Les émotions négatives incitent davantage à l’action individuelle quand les émotions positives donnent envie d’en parler, de les partager.

L’émetteur de la communication doit donc, en fonction de ses objectifs, s’attacher à susciter des émotions adaptées aux comportements ciblés : des émotions positives pour donner envie de s’informer, entraîner les autres ; des émotions négatives pour susciter l’envie d’agir.

Les résultats de cette étude ont confirmé qu’il est désormais temps de passer à de nouvelles formes de communication en matière d’environnement.

Après plus d’un quart de siècle d’information et de sensibilisation, tous les individus ne montrent pas le même niveau d’intérêt et d’implication vis-à-vis des enjeux écologiques ; il est temps aujourd’hui d’affiner les choix qui président à la communication en sélectionnant notamment des supports visuels en fonction de la cible visée. La dérive de l’ours polaire aura ainsi fait son œuvre, ouvrant de nouveaux possibles en matière de communication environnementale.

Mines d’or, jamais nous n’accepterons

Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/mines-dor-jamais-nous-naccepterons

Le samedi 16 septembre à 16h00 aura lieu, à Bayonne, une grande manifestation pour dire NON au projet de mines d’or en Pays Basque Nord. L’entreprise SudMine a en effet sollicité l’attribution d’un permis exclusif de recherche d’or et de substances connexes sur un territoire de 126 km². On se situe vraiment dans tout ce que ce système a de plus maladif. Cette addiction à une croissance sans fin, non pas destinée à mieux répondre aux besoins humains de toutes et de tous, mais à satisfaire l’accumulation sans borne de richesses aux mains de quelques-uns.

Les informations dont nous disposons sur la demande de permis déposée par Sud- Mine semblent indiquer que le ministère concerné serait enclin à répondre prochainement et favorablement à cette demande.

Être les plus nombreux-ses possible au rendez-vous du 16 septembre aidera l’entreprise Sudmine, porteuse du projet, et le gouvernement, qui peut accorder ou non le permis d’exploration demandé, à comprendre le plus tôt possible une chose simple, claire et sans aucune ambiguïté : jamais, au grand jamais, nous, populations du Pays Basque, habitant-e-s de ses sept provinces réunies, n’accepterons que ce projet puisse devenir réalité.

Des dégâts massifs en perspective

La filière aurifère est une des plus contaminantes qui soit, pour deux raisons très simples:

1) Dans les gisements, la teneur en or est extrêmement faible, avec une moyenne de 1 gramme par tonne dans les mines actuellement exploitées dans le monde. La teneur en cuivre qui est très faible également est tout de même de 1% ! Même les dites “terres rares” sont plus abondantes. On comprend d’emblée les milliers de tonnes de roche qu’il faudra creuser et traiter pour extraire l’or convoité.

2) La grande valeur de l’or provient notamment de sa stabilité physico-chimique exceptionnelle. Ce qui signifie accessoirement que le séparer de sa roche va exiger des méthodes particulièrement lourdes. C’est le cas pour celles mises en avant par SudMine, qui prétend qu’elle n’aura recours qu’à des procédés gravimétriques. Ceux-ci, qui sont les “moins pires” de l’industrie aurifère, exigent tout de même une quantité d’énergie électrique exceptionnellement importante (qui et comment fournira- t-on la puissance nécessaire dans la région de Kanbo à Sara, et au détriment de qui et de quoi ?) et un énorme volume d’eau, dont le recyclage ne peut être que partiel. Pire que ça, SudMine se laisse la possibilité d’aller chercher l’or dans les monts et gisements primaires, où l’or est contenu dans des sulfures. On aura alors besoin, en plus du broyage des roches, d’utiliser des substances chimiques particulièrement toxiques dont des cyanures, pour récupérer l’or présent dans ces minéraux à l’échelle atomique.

Pour quel intérêt ?

Mis à part le profit que les extracteurs comptent en retirer, on a du mal à saisir l’intérêt général et l’utilité réelle d’extraire de l’or aujourd’hui, qui pourrait justifier l’énorme coût naturel, socio-économique et humain que cela supposera dans cette bande de terre d’Iparralde.

Rappelons ici que cette dernière est le support de pas moins de trois AOP (piment d’Espelette, Ossau Iraty et porc basque Kintoa), des thermes de Cambo, de six captages de sources et d’eau de surface, de plusieurs sites Natura 2000 etc.

De nos jours, seuls 6 à 8% de l’or extrait est nécessaire aux besoins de l’industrie. Or, on en retire trois fois plus de la filière du recyclage. Donc à ce niveau, nul besoin d’extraire. En fait, la quasi totalité de l’or exploité alimentera la thésaurisation (lingots d’or, souvent moyen d’échapper à l’impôt, et toujours source de stérilisation de l’épargne, ne servant plus l’intérêt général), la consommation ostentatoire (bijoux et divers ustensiles en or), et enfin de 20 à 30% iront grossir les réserves des banques centrales pour permettre d’augmenter les capacités de garanties des nouveaux produits financiers et alimenter la fuite en avant du capitalisme financier, de la spéculation mondiale, bref préparer les krach mondiaux de demain.

De quel droit ?

On se situe vraiment là dans tout ce que ce système a de plus maladif. Cette addiction à une croissance sans fin, non pas destinée à mieux répondre aux besoins humains de toutes et de tous, mais à satisfaire l’accumulation sans borne de richesses aux mains de quelques uns (rappelons ici que selon le rapport que publie Oxfam International chaque année à l’occasion du sommet de Davos, 1% de la population mondiale détient plus de richesses que les 99% restant).

Tout cela est d’autant plus préoccupant que cette conduite addictive bouleverse les grands équilibres environnementaux et climatiques de notre planète, à un point tel qu’elle compromet gravement les conditions mêmes de vie des générations actuelles et à venir.

Cerise (d’Itxassou) sur le gâteau (basque), nous aurons évidemment du mal à comprendre ici pourquoi des Messieurs venus d’ailleurs, ces actionnaires de SudMine habitant partout en France sauf au Pays Basque, s’arrogeraient le droit de venir creuser nos terres quand toute la population locale est frontalement opposée à ce projet.

Non seulement les parlementaires concernés et les maires des 11 communes touchées ont émis un avis défavorable mais la Communauté d’agglomération Pays Basque, regroupant la totalité des 158 communes du Pays Basque nord, en a fait de même le 24 février 2017, sur proposition de son président Jean-René Etchegaray, dans une délibération votée à 220 voix pour et 2 contre.

Les 3 chambres consulaires officielles d’Iparralde (CCI, CMA et CA) se sont déclarées opposées à ce projet, tout comme la chambre d’agriculture alternative EHLG.

Les élus, la population (1000 manifestants anti-mines d’or dès le 11 février dans le village d’Espelette, on attend avec impatience les premiers sondages d’opinion), les milieux socio- professionnels et associations locales ont exprimé sans ambiguïté, de manière unanime ou ultra-majoritaire, leur refus de ce permis d’exploration, et à fortiori de toute exploitation de mines d’or.

Nous devons aujourd’hui nous manifester en masse le samedi 16 septembre pour :

  • que le permis d’exploration soit rejeté, tant qu’il est encore temps de le faire
  • exprimer clairement notre détermination à empêcher tout début d’exploration dans le cas où le gouvernement passerait outre la volonté de la population d’Iparralde et de ses représentant- e-s.

Trumpen abokatuek Greenpeace salatu dute Dakotako oliobidea dela eta

Xalba Ramirez
www.argia.eus/albistea/trumpen-abokatuek-greenpeace-salatu-dute-dakotako-oliobidea-dela-eta

Dakota Acces Pipeline oliobidea eraikitzen ari den enpresak Greenpeace eta beste talde ekologista batzuk salatu ditu 300 milioi dolar eskatuz. Trumpen abokatuak arduratu dira salaketa jartzeaz.

Terrorismoa, iruzurra eta difamazioa egitea akusatu die enpresak talde ekologistei. Enpresaren gaineko gezurrak zabaldu dituztelakoan salatu ditu, jendea engainatu eta diru laguntzak jasotzeko. “Mota guztietako aktibitate kriminalak” egitea leporatzen die konpainiak mugimendu ekologistei, “eko-terrorismotik” droga trafikoraino.

Energy Transfer Partners enpresak erabili duen abokatuen bufetea, Trump presidentearen bera da. Presidentearen eta enpresaren harreman estua salatu izan dute askotan; besteak beste, 500.000 dolarreko laguntza jarri zuen enpresak Trumpen kanpainaren alde.

Greenpeacek estortsio gisa hartu du salaketa, “korporazioen borrero eredua da hau, Trumpek bidea zabaltzen dien bitartean”.

Gatazka ugari sortu ditu oliobidearen proiektuak, izan ere, sioux komunitateen lurrak desjabetu eta euren bizi eredua arriskuan jarri ditu. Ekiditeko, erresistentzia eta protesta ugari antolatzen aritu dira azken urteetan. Errepresioa ere gogorra izan da, terrorismoaren kontrako legedia aplikatzeraino hainbat kasutan.