Articles du Vendredi : Sélection du 1er décembre 2017

Climat : « Nous n’avons plus le choix, 2018 sera l’année de vérité »

Lise Verbeke, Entretien avec Lucile Dufour, responsable politique internationale dans le réseau Action Climat.
www.franceculture.fr/environnement/climat-nous-navons-plus-le-choix-nous-sommes-au-pied-du-mur-2018-sera-lannee-de-verite

Après la COP23, une année 2018 « chargée » pour les négociateurs climat

AFP
www.ladepeche.fr/article/2017/11/17/2686608-bonn-fin-cop-climat-compliquee-defection-americaine.html

Jusqu’où interdire la voiture en ville ?

Jacques Henno
www.lesechos.fr/25/04/2017/LesEchos/22432-051-ECH_jusqu-ou-interdire-la-voiture-en-ville–.htm

Les contraintes militaires croissantes menacent la filière éolienne terrestre

Stéphane Mandard
www.lemonde.fr/energies/article/2017/10/13/les-eoliennes-dans-les-radars-de-l-armee_5200202_1653054.html

Naomi Klein: Orain da klima aldaketaz hitz egiteko momentua

Naomi Klein
www.mrafundazioa.eus/eu/artikuluak/naomi-klein-orain-da-klima-aldaketaz-hitz-egiteko-momentua

Climat : « Nous n’avons plus le choix, 2018 sera l’année de vérité »

Lise Verbeke, Entretien avec Lucile Dufour, responsable politique internationale dans le réseau Action Climat.
www.franceculture.fr/environnement/climat-nous-navons-plus-le-choix-nous-sommes-au-pied-du-mur-2018-sera-lannee-de-verite

Entretien | L’année 2018 s’annonce cruciale pour résoudre l’urgence climatique. Après la récente COP23 sans accord majeur, un sommet climat s’ouvrira à Paris le 12 décembre. Les ONG sont en première ligne pour faire pression sur les décideurs. Entretien avec l’une d’entre elles, Action Climat. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Il est temps je crois, d’ouvrir les yeux ». Jacques Chirac nous alertait ainsi en 2002, lors du sommet mondial du développement durable à Johannesburg, en Afrique du sud. Regardons-nous toujours ailleurs ? Non, l’urgence climatique est ancrée dans les esprits. Mais est-ce pour autant suivi de faits concrets ? Entretien avec Lucile Dufour, responsable politique internationale dans le réseau Action Climat.

La COP 23 s’est achevée il y a quelques semaines à Bonn. Quel bilan en tirez-vous ?

C’est un bilan en demi-teinte. Nous regrettons, en tant qu’ONG, qu’il n’y a pas eu de sursaut politique. Beaucoup de pays développés, comme l’Union Européenne, la France, sont restés cachés derrière des jeux de posture et n’ont pas mis sur la table de nouvelles propositions et des gages d’engagements plus ambitieux dans les mois et les années à venir.

Nous avons passé une bonne partie de la première semaine à débattre de sujets très importants et légitimes. Par exemple : que doivent mettre en place les États avant 2020 ?, c’est à dire avant que les engagements de l’accord de Paris ne soient mis en place. Nous n’avons que deux ou trois ans pour rectifier le tir et se remettre sur les rails d’une trajectoire de limitation du réchauffement bien en deçà de deux degrés. Et il se trouve que là-dessus, les pays développés ont bloqué les discussions. Cela a été la même chose sur la question des financements, des pays de l’Union Européenne se sont cachés derrière la posture américaine, qui est moins progressiste sur la question des financements, pour éviter de se mouiller.

Tout cela a été amplifié par le manque d’ambition dans les prises de paroles politiques. Quand on prend le discours d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, il n’y a pas eu de nouvelles annonces sur : comment mettre en œuvre à l’échelle nationale la transition énergétique. On n’a pas vu émerger de leadership fort, comme on l’attendait.

Quid des États-Unis, qui souhaitent se retirer de l’accord de Paris ?

La bonne nouvelle est que les États-Unis n’ont pas réussi à jouer l’élément perturbateur lors de cette COP. La société civile américaine, présente à Bonn, des entreprises, des maires, des gouverneurs, a montré qu’elle était toujours engagée pour appliquer l’accord de Paris. Cela s’est illustré à travers deux mouvements : « We are still in« , on est toujours engagé, et « America’s Plegde », qui est une alliance des grands gouverneurs pour le climat. Même s’il y a une volonté claire de détricotage de la part de l’administration Trump, cela n’empêche pas les villes de mettre des politiques climatiques en place. Il y a eu par exemple un plan climat annoncé à New York, qui vise une neutralité carbone en 2050. L’action peut continuer au niveau des États et c’est ce qui va compenser en partie le manque d’ambition au niveau du gouvernement américain.

Il y a en fait un énorme décalage entre le gouvernement de Trump et la volonté des citoyens américains, qui eux, ont bien compris que la transition est une opportunité économique. Actuellement, le secteur des énergies renouvelables créent des emplois douze fois plus vite que dans l’ensemble des autres secteurs de l’économie américaine.

Mais concernant les financements, c’est le président Trump qui détient le pouvoir de les accorder ou non ?

Les États-Unis ne représentent qu’une partie des financements promis au niveau mondial. Par exemple, concernant le fonds vert pour le climat, les États-Unis ont promis trois milliards de dollars. Un milliard a déjà été versé, donc il reste deux milliards. Sachant que la promesse globale de tous les États pour ce fonds est d’atteindre 100 milliards par an d’ici à 2020. Il faut souligner que pendant cette COP les promesses financières des États sont autour de 180 millions d’euros… ce qui est minime, par rapport à la promesse de départ.

Le 12 décembre, un sommet climat a lieu à Paris, 2018 sera chargée pour les négociateurs climat, c’est maintenant que tout se joue ?

Nous serons extrêmement vigilants pour le sommet du 12 décembre, car nous ne voulons pas que ce soit simplement un moment d’affichage et de communication. Il faut absolument qu’il y ait des propositions concrètes lors de ce sommet, la question du financement étant au cœur de cette réunion. Nous voulons que les États prennent des engagements clairs sur la fin du soutien aux énergies du passé – le charbon, le pétrole, le gaz – car c’est de l’argent public qui va encore soutenir des projets de ce type et amplifier le réchauffement. Il faut que les États se réveillent à ce sommet. Puis, vient 2018, qui est une année clé, on n’a plus le choix, on est au pied du mur, et 2018 sera un moment de vérité !

Il a été décidé lors de la COP 23 que chaque État devra faire le bilan en se posant trois questions en termes de lutte contre le changement climatique : Où en est-on ? Où est-ce qu’on devrait en être ? Et comment fait-on pour atteindre nos objectifs ? Les bases sont là, tout est écrit sur le papier. Les États ont toutes les cartes en main. Si l’on prend l’exemple de la France, on sait comment faire pour accélérer la transition énergétique. On sait qu’on peut réformer nos modèles agricoles, on sait comment réformer les modèles des transports.

Après la COP23, une année 2018 « chargée » pour les négociateurs climat

AFP
www.ladepeche.fr/article/2017/11/17/2686608-bonn-fin-cop-climat-compliquee-defection-americaine.html

Les délégués de près de 200 pays réunis à la 23e conférence climat de l’ONU se sont séparés samedi au petit matin au terme de deux semaines de travaux compliqués par la défection des Etats-Unis, et avant une année 2018 qui s’annonce chargée.

A Bonn, ils se sont mis d’accord sur la tenue d’un an de « dialogue », afin de pouvoir dresser fin 2018 un bilan collectif de leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’idée est d’encourager et aider les pays à revoir leurs engagements, à ce stade insuffisants pour permettre au monde de rester bien en-deça de 2°C de réchauffement comme le stipule l’accord de Paris de 2015.

Ce dialogue devra être « constructif et tourné vers les solutions », et ne viser personne, prévient la décision adoptée.

A Bonn, les négociateurs – délégation américaine incluse – ont aussi commencé à mettre en forme les règles de mise en oeuvre de l’accord de Paris, prévu pour s’appliquer à partir de 2020: comment les pays rendent compte de leurs actions, quel suivi pour l’aide financière promise par les pays riches, etc.

Mais rien n’a été tranché sur le fond: ce sera le rôle de la COP24, prévue en décembre 2018 à Katowice (Pologne).

« Et ça ne va pas être une mince affaire, car on s’attendait à beaucoup plus de progrès » à Bonn, souligne David Levai, de l’Institut des relations internationales (Iddri), relevant le « manque cruel de leadership » après la décision de Donald Trump de désengager son pays.

« On aura beaucoup de travail en 2018 », admet une négociatrice européenne.

Une fois de plus, pays en voie de développement et pays développés se sont opposés sur l’épineuse question des financements climatiques. Les premiers dénoncent notamment le manque de visibilité quant aux 100 mds de dollars annuels promis d’ici 2020 par les pays riches.

L’administration Trump, qui a confirmé son intention de quitter l’accord mais ne pourra le faire formellement avant fin 2020, a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne verserait pas les fonds promis par Barack Obama, notamment 2 milliards de dollars destinés au Fonds vert de l’ONU.

Une session de négociations intermédiaires est programmée pour mai 2018, et le dossier des finances, qui a fait durer les tractations jusqu’à samedi matin, devrait figurer au menu.

ONU et vie réelle

« Avec la sortie de Trump, les étoiles ne sont pas très alignées » pour le climat, dit Seyni Nafo, chef du groupe Afrique. « La position des Etats-Unis a une influence sur les pays développés et cela a des conséquences sur le positionnement des grands pays en développement. Chacun s’observe ».

« Je n’ai jamais vu une COP avec un taux d’adrénaline aussi bas », relevait un diplomate européen.

Mais Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l’accord de Paris, voit aussi des progrès. « Cette COP a été un moment de mélange complet entre gouvernements, autorités locales, entreprises, tous les acteurs », réunis non loin des halls de négociations.

Villes et Etats américains en particulier étaient venus en force.

Pour de nombreux défenseurs de l’action climatique, il faut désormais rapprocher le processus onusien et la « vie réelle », qui voit se multiplier innovations techniques et initiatives en faveur d’une transition vers les énergies vertes.

Le « dialogue » acté par la COP23 découle de cet esprit.

Parallèlement aux négociations, les mois à venir seront jalonnés d’événements destinés à partager les expériences et informer les pays.

A commencer par un sommet organisé le 12 décembre à Paris pour tenter d’avancer sur les financements.

Un « sommet de l’action climatique mondiale » réunira à San Francisco en septembre 2018 villes, scientifiques, citoyens, entreprises…

Car le monde ne fait pas assez, ont rappelé plusieurs rapports alarmants publiés pendant cette COP.

Les engagements actuels des Etats couvrent à peine un tiers des réductions de GES nécessaires. Et en 2017, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), responsables de l’essentiel du réchauffement, sont reparties à la hausse, après trois ans de stabilité.

A l’automne 2018, le GIEC, groupe d’experts climat de l’ONU, remettra un autre rapport probablement annonciateur de mauvaises nouvelles, sur l’objectif 1,5°C ardemment défendu par les pays les plus vulnérables et inscrit dans l’accord de Paris.

Vendredi, le groupe des petites îles a publié une déclaration exprimant sa « profonde préoccupation quant au rythme des efforts internationaux ».

Illustration de la bataille entre énergies qui se joue dans le monde, Washington avait organisé une réunion à Bonn, en marge des négociations, pour faire valoir le rôle des énergies fossiles.

Ce à quoi une vingtaine de pays ont répondu par une « alliance pour la sortie du charbon ». Mais ils ne représentent qu’une portion minime de la consommation mondiale de charbon.

Jusqu’où interdire la voiture en ville ?

Jacques Henno
www.lesechos.fr/25/04/2017/LesEchos/22432-051-ECH_jusqu-ou-interdire-la-voiture-en-ville–.htm

Architectes, urbanistes et collectivités locales imaginent des centres-villes « apaisés « , repensés autour des piétons, des vélos et où la voiture deviendrait un transport en commun.

Il n’est pas encore construit, mais il est déjà connu des urbanistes. Du haut de ses quelque 300 mètres, le gratte-ciel 4/C – du nom des deux rues de Seattle dont il occupera l’intersection – sera un des plus grands de la côte ouest des Etats-Unis. Surtout, ses quatre premiers étages seront occupés par des parkings… facilement convertibles en bureaux ou en logements. Au cas où, dans le futur, les citadins délaissent complètement la voiture individuelle au profit de la marche, de la bicyclette, des transports en commun ou des VTC (voitures de transport avec chauffeur).

Un peu partout dans le monde, des spécialistes commencent en effet à réfléchir à un monde « post car » – « sans voiture ». Le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) a investi l’équivalent de 1,5 million d’euros dans le projet Post Car World, qui consiste tout simplement à imaginer une Confédération helvétique sans voiture. A Paris, Forum Vies Mobiles, un think tank financé par la SNCF, vient de lancer Post-Car Ile-de France, une étude pour une région parisienne sans voiture individuelle.

A l’origine de ces travaux, un même constat : dans la plupart des très grandes villes européennes, la voiture régresse. « Depuis une dizaine d’années, nous assistons en Suisse à une baisse régulière du taux de motorisation des ménages urbains : aujourd’hui de 40 à 50 % d’entre eux ne possèdent pas de voiture », constate Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine à l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) et responsable de l’étude Post Car World. Même situation à Paris. « Depuis les années 2000, il y a un tassement de l’usage et du taux de propriété dans la capitale : moins d’un ménage sur deux possède une voiture et cette proportion continue de baisser », confirme Dominique Riou, du département mobilité de l’IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) de la région Ile-de-France. « Nous avons clairement deux modèles : les grandes villes, où le taux d’équipement stagne, voire baisse, comme à Paris; et les autres zones, où ce chiffre continue à progresser « , précise Anne Aguilera, chercheuse à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar).

Zéro véhicule individuel

Cette tendance suscite l’intérêt des pouvoirs publics mais aussi, bien sûr, des constructeurs automobiles. « Si nous regardons devant nous, il est clair que nous sommes à deux doigts d’une révolution dans la mobilité « , avait déclaré l’an dernier le PDG de Ford, Mark Fields, au Mobile World Congress de Barcelone. Le groupe américain a commandé au cabinet de design Ideo une étude sur les déplacements en ville, afin de pouvoir proposer de nouveaux services de mobilité. De leur côté, des ingénieurs maison ont développé le Carr-E, une petite plate-forme sur laquelle on peut monter pour se déplacer; on peut aussi lui demander de porter nos courses. L’engin se transporte à l’aide d’une poignée et se range dans le coffre d’une voiture, où il se recharge. Ford anticipe ainsi une ville du futur dont le centre ne sera plus accessible que par les transports en commun. Il faudra donc trouver une solution au problème du « dernier kilomètre » : comment rejoindre les bus, métros et autres tramways depuis son domicile, son travail ou depuis l’endroit où sera garée… sa voiture ?

Demain, en effet, même la voiture individuelle électrique risque d’être interdite en centre-ville. « Certes, en dessous de 50 kilomètres par heure, elle fait moins de bruit qu’un véhicule à essence, mais elle prend autant de place, crée autant de danger et réduit peu la pollution. Elle est même plus polluante qu’une voiture classique, quand il faut recharger les batteries en période de pic de consommation électrique, car on fait alors appel à des centrales thermiques d’appoint », rappelle Frédéric Héran, économiste et urbaniste à l’université de Lille-I, auteur du « Retour de la bicyclette? : une histoire des déplacements urbains en Europe » (La Découverte, 2015).

Tous les experts interrogés militent donc pour des centres-villes « apaisés », car repensés, d’ici à dix, vingt ou trente ans, autour des piétons (trottoirs élargis, carrefours sécurisés…), des cyclistes (feux de circulation réglés sur la vitesse des vélos, possibilité de ne pas marquer les stops…) ou des transports en commun. Un rêve qu’une petite ville espagnole, Pontevedra, près de Saint-Jacques-de-Compostelle, a réalisé, à son échelle (83.000 habitants) : en quinze ans, la circulation automobile y a été interdite, à l’exception des livraisons et des riverains. L’Institut Momentum, présidé par Yves Cochet, ancien député EELV, va encore plus loin et imagine une Ile-de-France redimensionnée en zones autonomes pour l’énergie et l’alimentation, et reliées entre elles par des autoroutes ferroviaires et cyclables. « Au sein de ces zones, on se déplacerait à pied, à vélo, sur des microlignes de train ou à l’aide de véhicules motorisés partagés », détaille Agnès Sinaï, fondatrice de l’institut.

Ce « véhicule motorisé partagé » sera une voiture plus productive, sans doute électrique et autonome, qui transportera plusieurs personnes à la fois; ses trajets seront optimisés pour récupérer en cours de route les différents passagers qui l’auront réservée. Bref, un VTC devenu TC (transport en commun) et autonome ! « La distinction entre mode de transport privé et mode de transport public va progressivement s’estomper », prévient Carlo Ratti, un architecte-ingénieur italien qui dirige le Senseable City Lab du MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Chaque véhicule « partagé » pourrait remplacer entre 10 et 30 voitures individuelles. Le Forum international des transports, affilié à l’OCDE, a réalisé une simulation sur Lisbonne, au Portugal : une flotte de taxis collectifs (6 places maximum) et de minibus (jusqu’à 16 places) connectés pourrait remplacer 97 % des véhicules circulant dans les rues. « Nos premières simulations montrent que, avec la généralisation des véhicules autonomes, les besoins en parking pourraient chuter de 70 % dans les zones urbaines « , ajoute Carlo Ratti. Reste à envisager, dans un tel scénario, la reconversion des chauffeurs de VTC et de TC, dont le travail aura disparu…

Et les livraisons ?

En ville, la baisse du nombre de voitures individuelles devrait réduire, à moyen et long terme, les embouteillages et donc faciliter les livraisons. Mais il est également possible de diminuer l’impact écologique des marchandises.

La relocalisation d’une partie de la production alimentaire permet de développer des marchés d’intérêt local et de réduire les distances parcourues.

Les péniches, qui empruntent les voies fluviales, peuvent livrer les marchandises au coeur des villes.

Le tram-fret, dérivé du tramway, est capable de circuler sur le réseau ferroviaire puis sur des voies de tramway en centre-ville. Il fonctionne déjà à Amsterdam.

Les espaces de logistique urbains (ELU) livrent les quartiers autour d’eux à l’aide de petits véhicules propres. Chronopost exploite depuis douze ans un ELU sous la place de la Concorde, à Paris.

Les vélos-cargos assurent le dernier segment de la livraison.

Les contraintes militaires croissantes menacent la filière éolienne terrestre

Stéphane Mandard
www.lemonde.fr/energies/article/2017/10/13/les-eoliennes-dans-les-radars-de-l-armee_5200202_1653054.html

La France possède le deuxième gisement éolien dʼEurope. Mais les contraintes militaires menacent les futurs projets et risquent de mettre en échec les objectifs de la loi de transition énergétique.

« La filière éolienne terrestre est mort-née. » Cʼest Jean-Yves Grandidier, patron du groupe Valorem, pionnier du secteur en France, qui le dit. Pour le cofondateur du syndicat professionnel France énergie éolienne (FEE), lʼobjectif de la loi de transition énergétique (parvenir, à lʼhorizon 2030, à couvrir 32 % de nos besoins par les énergies renouvelables, contre 16 % aujourdʼhui) est intenable. Pourquoi ? Parce que lʼéolien, qui représente aujourdʼhui environ 4 % de la production dʼélectricité, ne parviendra pas aux 20 % à 30 % nécessaires pour tenir cet objectif.

La faute à une multitude de contraintes (habitations, monuments, centrales nucléaires, zones Natura 2000, aéroports, radars météorologiques…) qui risquent de réduire comme peau de chagrin lʼespace autorisé pour le développement des éoliennes, alors même que le pays possède le deuxième gisement européen après le Royaume-Uni. Entre ceux qui leur reprochent dʼêtre trop bruyantes, de dénaturer le paysage, et ceux qui les accusent de tuer les oiseaux ou les chauves-souris, les opposants sont légion. Aujourdʼhui, 53 % des projets éoliens (soit 235) font lʼobjet dʼun recours en justice.

Mais, ce qui inquiète le plus les professionnels du secteur, ce sont les contraintes militaires. Secteur dʼentraînement ou réseau très basse altitude de la défense, zones de vols tactiques pour hélicoptères de combat, zones interdites ou dangereuses… FEE estime quʼenviron 6 500 MW de projets sont gelés par lʼarmée. Mais le pire est peut-être à venir, si lʼon en croit M. Grandidier.

Projet de décret

Dans un ouvrage à paraître jeudi 19 octobre (Le Vent nous portera, Gallimard, 189 p., 15 euros), écrit avec le journaliste Gilles Luneau, il montre, cartes à lʼappui, que les contraintes militaires et celles liées aux centrales nucléaires se sont multipliées. Elles interdisaient 12,3 % du territoire métropolitain au développement des éoliennes en 2013, 50,25 % en 2016 et ce pourcentage, une fois lʼensemble de ces obstacles pris en compte, pourrait monter à 86 % dans un proche avenir, transformant en « confettis » les territoires autorisés à en accueillir.

En cause, un projet dʼextension de la zone tampon autour des radars militaires dʼun rayon de 30 km (norme actuelle) à 70 km. Les éoliennes sont dans le collimateur de lʼarmée, car elles renvoient un signal qui, pour résumer, peut faire prendre à un radar des éoliennes pour des avions ou lʼempêcher de détecter un avion qui passerait derrière un champ dʼéoliennes. Un projet de décret, auquel Le Monde a eu accès, précise les règles dʼimplantation des éoliennes vis-à-vis des installations de la défense et des équipements de surveillance météorologique et de navigation aérienne.

Au départ appelé de leurs voeux par les professionnels de lʼéolien pour simplifier les procédures, ce texte est en train de se retourner contre eux. Ainsi, pour les éoliennes de plus de 180 mètres de hauteur en bout de pale (taille que le secteur estime nécessaire pour produire de lʼélectricité pas trop cher et en quantité suffisante et que lʼAllemagne a adoptée), lʼarmée plaide pour une « distance dʼintervisibilité ». Or, selon lʼOrganisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, une éolienne nʼest plus détectable par un radar quʼà une distance moyenne de 70 km. Afin de mieux évaluer les effets des éoliennes, la direction générale des armées a chargé lʼOffice national dʼétudes et de recherches aérospatiales de développer un logiciel de simulation dénommé Dempere – pour démonstrateur de

perturbations des éoliennes sur les radars électromagnétiques.

« Nous sommes face à un mur »

La première version, en cours dʼélaboration, a pris du retard et la deuxième phase dʼexpérimentation ne devrait pas débuter avant le premier semestre 2018. Dans lʼattente du logiciel, lʼarmée, qui se prévaut dʼavoir autorisé environ 90 % des permis de construire de parcs éoliens quʼon lui a soumis ces cinq dernières années, a prévenu quʼelle émettrait désormais des avis défavorables aux nouveaux projets.

Interrogé en 2016 par le sénateur (Les Républicains, Moselle) dʼalors Philippe Leroy, le ministère de la défense nʼen avait dʼailleurs pas fait mystère : « Les aménagements des espaces dʼentraînement et de détection radar que [le ministère a consentis] ont atteint un niveau de saturation des espaces qui rendra sensiblement plus difficile aux nouveaux projets dʼêtre approuvés. » Ce qui fait dire à Pierre Muller, président de la commission chantiers techniques à France énergie éolienne, que « la défense a aujourdʼhui droit de vie ou de mort sur les projets éoliens ».

Des solutions technologiques sont pourtant en cours dʼexpérimentation pour rendre les pales dʼéoliennes furtives, cʼest-à-dire indétectables, ou améliorer le traitement des signaux des radars. Mais elles sont souvent chères et « lʼarmée ne veut pas en entendre parler avant que Dempere soit opérationnel », relève Pierre Muller. « Nous sommes face à un mur », dit-il.

Une analyse que ne partage pas le général Pierre Reutter, le directeur de la circulation aérienne militaire, qui rend les avis sur les projets éoliens au nom du ministère de la défense. « Nous nʼavons pas de réponses dogmatiques, nous essayons dʼaccompagner le développement de lʼéolien dans un contexte de protection du territoire, explique-t-il. Or les éoliennes peuvent constituer un obstacle à la réalisation de nos missions en réduisant notre capacité de détection des menaces voire en les annihilant. Est-ce bien raisonnable aujourdʼhui ? »

Pour Pierre Muller, de FEE, qui côtoie le général Reutter trois à quatre fois par an lors de réunions techniques, « il y a incompatibilité entre les impératifs de la défense et la politique énergétique du gouvernement ».

Aussi, à lʼinstar de lʼensemble des professionnels du secteur, il réclame « un arbitrage et une commission interministérielle ». Un message qui semble être passé auprès du secrétaire dʼEtat à la transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu. Ce dernier doit installer, jeudi 19 octobre, un groupe de travail national pour clarifier les règles dans lʼéolien, dont fera partie le ministère de la défense.

« Lʼarmée étudie chaque dossier en prenant en compte les perturbations que génèrent les éoliennes sur les radars qui protègent notre territoire et les obstacles que ces dernières peuvent représenter dans ses zones dʼentraînement, confie au Monde Sébastien Lecornu. Je souhaite que lʼon puisse travailler à des logiques de compensation. Les terrains du ministère des armées peuvent peut-être permettre dʼinstaller des panneaux photovoltaïques pour aboutir à un accord gagnant-gagnant. » Ou quand les malheurs de lʼéolien font le bonheur du solaire.

Naomi Klein: Orain da klima aldaketaz hitz egiteko momentua

Naomi Klein
www.mrafundazioa.eus/eu/artikuluak/naomi-klein-orain-da-klima-aldaketaz-hitz-egiteko-momentua

Hau da klima aldaketaren eta injustizia sistemikoen inguruan hitz egiteko momentua. Injustizia sistemikoak dira desastre klimatikoak (Harvey, Maria, Jose eta Irma bezalako urakanak esaterako) giza hondamendi bihurtzen dituztenak.

Naomi Klein, Esto lo cambia todo: el capitalismo contra el clima liburuaren egilea (artikulua La Jornadan argitaratu zen gaztelaniaz).  Irakurri ere egile beraren beste artikulu hau: Aldaketa klimatikoa, sindikatuak eta ezkerraren ajenda bateratua

Harvey urakanari eta Houstongo uholdeei emandako kobertura mediatikoari arreta jarriz gero, ikus dezakegu prezipitazio mota horiek inoiz ikusi gabeko gisa azaltzen dizkigutela: inork ez zuenez aurreikusi, ezinezkoa izan zen modu egokian prestatzea.

Baina ez da hitz egiten fenomeno hauek gertatzearen eta gero eta maiztasun handiagoaz gertatzearen zergatiaz. Hau da, komunikabideek gutxitan aipatzen dute klima aldaketa gertaera hauek ematen direnean.

Komunikabide batek horrelako gertaera klimatiko bat ezerezetik etorriko balitz bezala tratatzen duenean, erabaki politiko argia ari dela hartzen

Diotenez ezbehar hauek ez politizatzeko gertatzen omen da, eta agian ulergarria izan daiteke. Baina kontuan izan behar da baita, komunikabide batek horrelako gertaera klimatiko bat ezerezetik etorriko balitz bezala tratatzen duenean, erabaki politiko argia ari dela hartzen: eztabaida ekiditea egia esatearen gainetik. Gertaera guzti hauek aspalditik aurreikusi dituzte klima aztertzen duten zientzialariek. Itsasoen beroketak ekaitzak areagotzen dituzte. Itsas mailaren igoerak ekaitzak lehen iristen ez ziren lekuetara iristea ahalbidetzen du. Tenperatura beroagoek prezipitazioak muturrekoagoak izatea dakar, euri edo elur prezipitazio gogorrek etendako lehorte epe luzeak.

Urtero lehorte, ekaitz edo tenperatura altuen datu errekorrak erregistratzea planetaren tenperatura gorantz doanaren seinale da, datu meteorologikoak erregistratzen hasi zirenean baino altuagoa. Harvey urakana bezalako fenomenoen jarraipena egin eta datu hauek ekiditean klima aztertzen duten zientzialariei ahotsa eman eta gauzak argi azaltzeko aukera galtzen da. Joera honek kazetaritzaren zeregin garrantzitsuenetako batean kale egitea suposatzen du: gertaerei testuinguru garrantzitsua ematea. Ikusle eta entzuleak fenomeno hauek funtsezko eragilerik ez dutenaren sentsazioa uzten zaie, eta hortik ondorioztatzen da kalteak ekiditeko ezin dela ezer egin.

Mundu perfektu batean eztabaida politikoa itxaronaldian utziko genuke larrialdi egoera pasa arte. Eta ondoren mundua salbu egonik, eztabaida luzea edukiko genuke, bizitako krisiak barne dituen inplikazio politikoen inguruko eztabaida informatua eta zuhurra. Nola eragiten die krisi honek eraikitzen ditugun azpiegiturei? Ze inplikazio du horniketarako energi iturria aukeratzean? Etorkizun zail baten aurrean, zein eragin izango dute gaixoen, pobreen eta adinekoen ahultasunak eraiki beharreko segurtasun sare ereduan?

Berain etxeak uztera behartuta egon diren milaka pertsonak ikusita, arazo klimatikoen eta migrazioaren arteko lotura ukaezinaren inguruko eztabaida beharrezkoa da. Eta eztabaida honek beste batera garamatza, migrazio politiken ingurukora. Estatu Batuak adibidez, milioika pertsona beraien bizilekuetatik kanpo mugitzearen atzean dauden arrazoi nagusien arduraren kuota handi bat dauka.

Baina ez gara bizi eztabaida hauek izaten uzten digun mundu batean. Alderantziz, beste krisi klimatiko bat aitzakia izan da politika oportunista eta eskuinekoak aurrera eramateko. Eta aurreikusi dezakegu Harvey eta beste antzeko hondamendietan berdin jokatuko dutela: Soluzio faltsu eta hondatzaileak saltzen saiatzen dira, esaterako polizia militarizatua, gas eta petroleo azpiegitura gehiago, eta zerbitzuen pribatizazioa. Honi aurre egiteko ongi informatutako jendea behar da, arrazoi nagusiei erreparatzen diena. Kutsadura, arrazakeria eta zerbitzu sozialak erlazionatzen dituena.

 

Beraien etxeak uztera behartuta egon diren milaka pertsonak ikusita, arazo klimatikoen eta migrazioaren arteko lotura ukaezinaren inguruko eztabaida beharrezkoa da

 

Azken hauek, geroz eta baliabide gutxiago jasotzen dituzten poliziara zuzenduriko diru partidak goraka doazen bitartean. Gure dagokigu emisioen murrizketarako soluzioak eskaintzea desberdintasun eta injustizia mota guztien aurka borrokatzen den bitartean.

Eta hau oraintxe egin beharrekoa da, bestela eragile krudelei atea irekita utziko diegu hondamendi hau beraien helburu dohakabeen lorpenerako erabiltzeko.

Egia da eztabaida hau sartzeko aukera oso estua dela. Eta jendea etxean giltzapetuta dagoen bitartean honi buruz hitz egitea egokia ez dela dirudien arren, hau da momentu bakarra klima aldaketaren inguruan hitz egiteko interesa dagoena.  Egoerak hobera egiten duenean hitz egiteko zain bagaude, komunikabideen interesa jada beste gai batzuetara desbideratuta egongo da. Houstongo gertaeretan zerbait ikasi badugu, testuinguru egokia eman eta ondorioak ateratzeko dugun denbora oso motza dela izan da. Ezin dugu aukera desprobetxatzen utzi.

Hondamendi hauen eragileen inguruan argi eta garbi hitz egitea, baita gertatzen ari den momentuan bertan ere, bizia galdu dutenei duintasuna emateko bide bakarra da, eta baita  biktimaz beteriko etorkizun bat saihesteko gure azken aukera ere.