Articles du Vendredi : Sélection du 19 janvier 2018

Notre-Dame-des-Landes : “L’abandon du projet de l’aéroport est le résultat d’une mobilisation humaine magnifique”

Weronika Zarachowicz
www.telerama.fr/monde/notre-dame-des-landes-labandon-du-projet-de-laeroport-est-le-resultat-dune-mobilisation-humaine,n5445714.php

Les inégalités explosent dans le monde, l’instabilité politique menace

Par Marie Charrel, Marie de Vergès et Philippe Escande
www.lemonde.fr/economie/article/2017/12/14/les-inegalites-explosent-dans-le-monde-l-instabilite-politique-menace_5229367_3234.html

« Les deux dangers qui menacent le plus la planète sont le changement climatique et les armes nucléaires »

Paul Quilès
https://reporterre.net/Les-deux-dangers-qui-menacent-le-plus-la-planete-sont-le-changement-climatique

A n’ouvrir qu’en cas d’apocalypse

Damien Dubuc
www.lemonde.fr/tant-de-temps/article/2017/11/15/a-n-ouvrir-qu-en-cas-d-apocalypse

Europako Parlamentuak agindu du etetea zabor nahasiz elikatutako erraustegientzako diru-laguntzak

Zero Waste Europe @zerowasteeurope
www.argia.eus/albistea/europako-parlamentuak-agindu-du-etetea-zabor-nahasiz-elikatutako-erraustegientzako-diru-laguntzak

Notre-Dame-des-Landes : “L’abandon du projet de l’aéroport est le résultat d’une mobilisation humaine magnifique”

Weronika Zarachowicz
www.telerama.fr/monde/notre-dame-des-landes-labandon-du-projet-de-laeroport-est-le-resultat-dune-mobilisation-humaine,n5445714.php

Selon Hervé Kempf rédacteur en chef de “Reporterre”, “Notre-Dame-des-Landes était devenu un symbole de l’opposition entre deux mondes”. L’expert en écologie retrace la spécificité du long combat mené sur place par les zadistes.  Finalement, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) ne verra donc pas le jour. Retour sur une décision historique, qui survient après une cinquantaine d’années de batailles, de tergiversations, avec Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, un magazine en ligne consacré à l’écologie, auteur entre autres de Notre-Dame-des-Landes, au Seuil (2014) et de Tout est prêt pour que tout empire, également au Seuil (2017).

Comment réagissez-vous à l’annonce de l’abandon du projet ?

C’est une excellente nouvelle ! A commencer pour la préservation de ce lieu magique –  de bocages, de zones humides, de champs, de bois, de lumière… Mais Notre-Dame-des-Landes est aussi un territoire où vivent des gens ordinaires, très attachants, que cette lutte exemplaire, qui dure depuis plusieurs décennies, a rendus forts, tenaces. L’abandon du projet de l’aéroport est le résultat de cette mobilisation humaine magnifique, et la victoire, au demeurant pacifique, d’une vision du monde, plus écologique, face à celle d’un ancien monde qui ne rêve que croissance et artificialisation.

Déjà, dans le livre que vous y avez consacré, vous souligniez que ce combat met aux prises deux visions du monde qui se disputent l’écriture de l’avenir…

Oui, plus généralement, NDDL était devenu un symbole de l’opposition entre deux mondes. D’une part, le monde de celles et ceux qui rêvent d’avions, de voitures, de parcs de loisirs, d’autoroutes comme si la question du changement climatique n’existait pas, et de l’autre, le monde de celles et ceux qui sont les « vrais » modernes et savent qu’on ne peut plus imaginer le destin humain sans le penser par rapport au climat, à l’écologie, à la biosphère.

Mais est-ce vraiment la vision du monde plus écologique qui l’a emporté ? Dans son discours, Edouard Philippe a aussi beaucoup parlé de développement du trafic aérien…

Effectivement, le Premier ministre n’est pas devenu miraculeusement opposé à la croissance, au développement aérien. Mais faisons bien la différence entre le discours et le fait. Le discours est celui d’Edouard Philippe, qui reste tout à fait cohérent avec sa vision du monde et cette contradiction du capitalisme actuel qui consiste à croire qu’on peut résoudre la question écologique sans toucher fondamentalement au système économique. Le fait concret, c’est que le gouvernement a dû abandonner le projet d’aéroport de NDDL. Une bataille est finie. Ce n’est pas la victoire définitive. Mais dans quel état d’abattement serions-nous aujourd’hui si ce projet avait été confirmé ? Cela voudrait dire que toutes les autres luttes, tous les autres espoirs, auraient été à nouveau foulés aux pieds et qu’on continuerait dans le grand délire dont Trump est le représentant aux Etats-Unis…

“On ne peut pas demander à Edouard Philippe de défendre une vision de l’utopie.”

Par ailleurs, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ne prennent pas les décisions ex-nihilo. Ils les prennent car il y a eu ces paysans, ces élus, ces associations, ces habitants de la ZAD (zone à défendre), ces citoyens qui se sont opposés à un nouvel aéroport. Le président et le Premier ministre ont décidé en fonction d’un rapport de force et d’une longue bataille faite de contre-expertises, de manifestations, de grèves de la faim, de résistances à l’évacuation policière, de tous ces actes multiples, tenaces, inflexibles. C’est en cela que NDDL est vraiment le symbole d’une bataille plus générale dans laquelle se reconnaissent des milliers de Français, bien au-delà des seuls habitants de la ZAD.

L’un des slogans de la ZAD est « ni travaux ni expulsion ». Edouard Philippe a été très clair, la ZAD est une « zone de non-droit », et non pas un laboratoire écologique et politique…

On ne peut pas demander à Edouard Philippe de défendre une vision de l’utopie, de la sobriété et d’autres types de relations humaines ! Mais j’ai trouvé son ton mesuré. La circulation doit revenir sur les routes, a-t-il dit. En fait, la circulation marche très bien sur les routes de la zone de NDDL, sauf sur la D281 qu’on appelle la route de la chicane, qui est une route étroite et qui n’a jamais été un grand axe de circulation. J’étais sur place il y a une dizaine de jours et j’ai eu l’impression que tout le monde ou presque était d’accord pour rouvrir cette route.

“Le projet d’aéroport est abandonné, il n’est donc plus légal, et peut-être les occupants illégaux peuvent-ils aussi devenir légaux.”

Le Premier ministre a aussi annoncé que les habitants illégaux devraient partir d’ici le printemps. C’est une bonne nouvelle. Ça veut dire que les quelque milliers de gendarmes et CRS qui sont remontés autour de NDDL ne vont pas envahir cette zone. On va donc prendre le temps de réfléchir, de parler avec celles et ceux qui vivent ici, qui y ont créé une activité, qui font de la culture, de la boulangerie, une belle bibliothèque, un atelier bois… et qui ont contribué à la décision d’Emmanuel Macron et Edouard Philippe ! On ne peut pas seulement les traiter comme des habitants en état de non-droit. Ils se sont rebellés, ils ont désobéi pacifiquement et ce qui était, auparavant, le non-droit, est devenu le droit. Le projet d’aéroport est abandonné, il n’est donc plus légal, et peut-être les occupants illégaux peuvent-ils aussi devenir légaux. J’espère qu’on continuera avec sagesse à faire en sorte que tout se passe bien, pourquoi pas avec l’accord de la Confédération paysanne, de la FNSEA, etc.

Pourquoi êtes-vous tant attaché à cette ZAD ?

Je ne connais pas d’autre lieu semblable, un tel creuset de résistances individuelles transformées en un collectif. Les gens que j’ai rencontrés là-bas sont d’une formidable force humaine, et tout cela a contribué à créer du commun au meilleur sens du terme. Il ne s’agit pas de dire que c’est un paradis, mais c’est un lieu où les gens ont pu sortir d’eux-mêmes et travailler ensemble, pour faire des choses bien, par-delà leurs différences. Et puis, à chaque fois que je quitte cette zone extraordinaire de bocages, ces changements de lumière, ce type de paysage qui existait partout dans la région mais devenu si rare avec l’artificialisation des sols et l’étalement urbain, je suis saisi par la même sensation. Je me retrouve sur l’espèce d’autoroute ou de voie rapide qui mène à Nantes, face à Ikea, Conforama, But et autres hangars qui se succèdent et j’ai l’impression de passer à travers le miroir. On change de monde. Savoir qu’il existe des lieux où des femmes et des hommes ont décidé de vivre différemment, de créer un équilibre harmonieux et prometteur, me fait du bien. Et je pense que c’est ce que ressentent beaucoup de gens en France, même s’ils ont suivi cette bataille de loin.

Les inégalités explosent dans le monde, l’instabilité politique menace

Par Marie Charrel, Marie de Vergès et Philippe Escande
www.lemonde.fr/economie/article/2017/12/14/les-inegalites-explosent-dans-le-monde-l-instabilite-politique-menace_5229367_3234.html

La parution dʼun rapport fruit du travail dʼune centaine dʼéconomistes de tous pays jette une lumière crue sur lʼun des thèmes majeurs de ce début de siècle. « Occupy Wall Street », « Nous sommes les 99 % »… Les mouvements de la société civile nés après la crise financière de 2007 vont trouver une nouvelle fois des arguments pour étayer leur cause et nourrir leur colère. La parution, jeudi 14 décembre, du premier rapport sur les inégalités mondiales, fruit du travail dʼune centaine dʼéconomistes de tous pays, réunis au sein de la World Wealth and Income Database (WID.world), jette une lumière crue sur lʼun des thèmes socio-économiques et politiques majeurs de ce début de siècle.  Le succès mondial du livre de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Editions du Seuil), paru en 2013 et vendu à plus de 2,5 millions dʼexemplaires, avait déjà révélé lʼampleur des interrogations sur le sujet partout dans le monde.  Le phénomène, sʼil est désormais bien documenté dans les pays développés,  lʼest assez peu dans les émergents. Certains dʼentre eux ont été incontestablement les grands gagnants de deux décennies dʼouverture des marchés. Mais on sait peu de chose des écarts de revenus et de patrimoine de leurs populations.  Le mérite du travail présenté aujourdʼhui est de sʼatteler à cette tâche. Pour lʼinstant, les seules informations dont on disposait étaient les enquêtes déclaratives auprès des ménages menées par les grandes institutions comme la Banque mondiale, les Nations unies (ONU) ou lʼOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le travail de fourmi des chercheurs du WID, coordonné par Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, a consisté à compléter ces informations avec celles du fisc et avec les comptabilités nationales, ce qui nʼavait jamais été fait auparavant. Il sʼagit de lʼenquête la plus fouillée sur une longue période (1980-2016) et un nombre élevé de pays – près de soixante-dix en ce qui concerne les revenus. Et en dépit de certaines lacunes (lʼAfrique) et approximations, elle permet dʼétudier la trajectoire de toutes les catégories de revenus et de patrimoine, et pas seulement celles des plus riches. Au-delà de lʼaccroissement global, qui trouve son origine dans la grande vague de libéralisation des années 1980-1990, suivie de lʼexplosion des échanges due à la mondialisation, la comparaison des différentes zones mondiales révèle des situations extrêmement hétérogènes, résultats de réponses culturelles et politiques très diverses.  Que lʼon voie dans cet envol des inégalités la rançon inévitable de lʼinnovation et de la prospérité économique quʼelle apporte, ou que lʼon sʼinterroge sur les déséquilibres économiques et politiques quʼil est susceptible de provoquer dans  nos sociétés, ces données exceptionnelles par leur ampleur posent les termes dʼun débat essentiel qui ne fait que commencer. Voici les principaux éléments du travail des économistes du WID.

Les inégalités de revenus ont augmenté partout…

Presque toutes les parties du globe ont connu une montée des inégalités de revenus lors des dernières décennies. Leur évolution peut se résumer en un graphique : la fameuse « courbe de lʼéléphant » (son tracé évoque la tête et la trompe du pachyderme), popularisée par lʼéconomiste Branko Milanovic et réactualisée dans le rapport. On y lit que, depuis les années 1980, le « top 1 % » des personnes les plus riches du monde a capté 27 % de la croissance du revenu, contre 12 % pour les 50 % les plus pauvres de la planète. Cette catégorie-là a tout de même vu ses revenus progresser du fait de lʼessor des pays émergents, la Chine au premier chef. Quant aux individus situés entre ces deux groupes – soit les classes moyennes occidentales essentiellement –, ils ont subi la plus faible croissance, voire la stagnation de leurs revenus entre 1980 et 2016. Au niveau mondial, la hausse des inégalités semble sʼêtre un peu tempérée à partir de 2007. Pour les auteurs du rapport, cette modération traduit la lente convergence des revenus moyens entre différentes parties du monde.

… Les inégalités de patrimoine aussi

Les inégalités ne se mesurent pas seulement en termes de revenu. Elles relèvent également du patrimoine détenu par les individus, à savoir les biens immobiliers, les actifs financiers ou encore les parts dʼentreprises. Dans le monde, le niveau de ces inégalités de patrimoine reste de 20 % à 30 % moins élevé que celui observé au début du XXe siècle. Néanmoins, il est reparti à la hausse depuis les années 1980 dans la plupart des pays, notamment aux Etats-Unis, où les 1 % les plus riches détiennent 39 % du patrimoine des ménages en 2014, contre 22 % en 1980. Le phénomène est en revanche moins marqué en France et au Royaume-Uni, où les inégalités de revenus sont moindres, et où les classes moyennes ont massivement eu accès à la propriété immobilière sur cette période, ce qui a limité le creusement des écarts.

Des situations très hétérogènes selon les pays

Le tableau reste contrasté entre les différentes régions du monde. En 2016, la part du revenu national allant aux 10 % les plus aisés était ainsi de 37 % en Europe contre 41 % en Chine, 47 % en Amérique du Nord, 55 % en Inde et au Brésil… La croissance des inégalités sʼest aussi effectuée à des rythmes différents selon les pays. Signe, selon les auteurs du rapport, « que les institutions et les politiques publiques jouent un rôle dans leur évolution ». Ainsi, les Etats-Unis et lʼEurope, malgré un niveau  dʼouverture commerciale comparable, nʼont pas du tout suivi la même trajectoire. Les niveaux dʼinégalités dans les deux régions étaient proches dans les années 1980. Mais celles-ci se sont ensuite creusées beaucoup plus vite et plus fortement aux Etats-Unis. Chez les émergents, lʼInde et la Chine ont aussi divergé : depuis les années 1980, la première a enregistré une hausse des inégalités bien plus marquée que la seconde.

Un transfert massif de la richesse publique vers le privé

Depuis les années 1980, la plupart des pays sont devenus plus riches… Mais leur gouvernement sʼest appauvri, et cʼest lʼun des moteurs de la hausse des inégalités. Pour le prouver, le rapport étudie la répartition du capital public et du capital privé, dont la somme représente tout ce qui est possédé dans un pays. « Depuis les années 1980, dʼimportants transferts du premier vers le second ont eu lieu presque partout », notent les auteurs. Pendant les « trente glorieuses », les actifs publics nets (logements, terrains, parts dans les entreprises publiques… une fois la dette publique retirée) des économies développées pesaient plus de 40 % du revenu national. Tout a changé dès les années 1970, sous lʼimpulsion des privatisations et de la hausse des emprunts publics. Résultat : le niveau des actifs publics nets est désormais négatif aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et à peine positif en France, en Allemagne et au Japon. En Russie et en Chine, la part est passée de 60 %-70 % dans les années 1980 à 20 %-30 % aujourdʼhui. Dans le même temps, le capital privé net a explosé, passant de 200 %-350 % du revenu national des économies riches dans les années 1970 à 400 %-700 % aujourdʼhui. « Cela restreint la capacité des gouvernements à redistribuer les revenus et à limiter la progression des inégalités », détaille le rapport. Seule exception : les pays ayant profité de leurs revenus pétroliers pour alimenter un grand fonds souverain, à lʼinstar de la Norvège.

LʼEurope est protégée par son modèle social

Plusieurs chapitres du rapport le soulignent : lʼEurope est la région où lʼécart entre les 0,001 % les plus riches et les 50 % les moins aisés sʼest le moins creusé. Cela tient beaucoup au modèle social instauré après la seconde guerre mondiale – fait dʼun système de redistribution généreux et dʼune fiscalité plus progressive –, à des politiques salariales plus favorables aux classes populaires et à un système dʼéducation relativement égalitaire. Les inégalités sʼy sont quand même un peu renforcées depuis 1970. Et la situation reste contrastée entre les pays nordiques, champions toutes catégories de lʼégalité, et dʼautres Etats comme lʼEspagne, toujours affectée par lʼexplosion de sa bulle immobilière en 2008.

Les Etats-Unis, le plus inégalitaire des pays riches

En 2014, le « top 1 % » des Américains les plus riches représentait plus de 20 % du revenu national contre 12,5 % pour les 50 % les plus pauvres. Ceux-là ont vu leurs revenus stagner depuis 1980, malgré une hausse de 60 % du salaire moyen (avant impôt). Au XXe siècle, la société américaine a pourtant été longtemps plus égalitaire que la vieille Europe. Un basculement sʼest opéré avec le vaste mouvement de dérégulation et de baisses dʼimpôts engagé sous la présidence de Ronald Reagan. Depuis, la progressivité de la fiscalité sʼest fortement réduite, le salaire minimal a été presque gelé et les inégalités dʼaccès à lʼéducation et à la santé ont atteint leur acmé. La croissance des revenus non salariaux (ceux du capital) contribue, depuis les années 2000, à renforcer ces inégalités.

Le Moyen-Orient, champion des inégalités

Les 10 % les plus aisés captent plus de 60 % du revenu national au Moyen- Orient. Les auteurs ont traité cette région comme un tout, compte tenu de sa relative homogénéité culturelle et dʼune population équivalente à celle de lʼEurope de lʼOuest. La rente pétrolière creuse les différences entre pays : les Etats du Golfe, riches en hydrocarbures, touchent la moitié du revenu régional, alors quʼils ne représentent que 15 % de la population. Ces pays sont eux-mêmes très inégalitaires, entre des citoyens nationaux bénéficiant de nombreux privilèges et une part croissante de travailleurs immigrés faiblement rémunérés.

En Russie, la fin du rideau de fer a profité aux plus riches

Après 1989, la chute du communisme sʼest accompagnée de transformations brutales en Russie : libéralisation des marchés de biens et de services, privatisations massives, inflation galopante. Les revenus moyens ont augmenté, mais aussi les inégalités, les oligarques ayant capté une partie des ressources, notamment pétrolières, tandis que les emplois précaires se sont développés. Résultat : la part du revenu national touchée par les 50 % les moins aisés est tombée de 30 % à 20 % depuis 1989, tandis que celle des 1 % les plus riches  est passée de 25 % à 45 %. Le manque de données incite néanmoins à la prudence : la période communiste sʼaccompagnait également de fortes inégalités non monétaires, plus difficiles à mesurer, en matière dʼaccès aux droits élémentaires, de mobilité et de qualité de vie.

LʼAfrique sʼest appauvrie par rapport aux autres continents

Une région a échappé au processus de convergence des revenus au niveau mondial : lʼAfrique subsaharienne, où le salaire moyen a progressé trois fois moins vite que la moyenne planétaire entre 1980 et 2016, conséquence de crises à la fois politiques et économiques. A lʼexception dʼune poignée de pays, les statistiques manquent pour mesurer le niveau des inégalités sur le continent. Mais les rares données disponibles mettent en exergue des disparités plus prégnantes que les précédentes estimations. Les inégalités sont extrêmes en Afrique du Sud, héritage, notamment, du régime dʼapartheid qui a longtemps prévalu.

La tendance va sʼaggraver si rien ne change

Sans réaction forte de la part des Etats, les inégalités continueront de se creuser au cours des prochaines décennies, avertissent les économistes. A ce rythme, calculent-ils, en 2050, la part de patrimoine des 0,1 % les plus riches (en Chine, au sein de lʼUnion européenne et aux Etats-Unis) sera aussi élevée que celle de la classe moyenne ! « Si, en revanche, les pays suivent la trajectoire modérée observée en Europe, les inégalités peuvent être réduites, tout comme la pauvreté », assurent-ils. Comment ? En instaurant une fiscalité plus progressive, suggèrent-ils, afin de réduire les inégalités après lʼimposition, et en décourageant lʼaccumulation de patrimoine par les plus riches. Mais aussi en facilitant lʼaccès à lʼéducation,  essentiel pour lʼobtention dʼemplois mieux rémunérés, et en augmentant les investissements dans le domaine de la santé.

« Les deux dangers qui menacent le plus la planète sont le changement climatique et les armes nucléaires »

Paul Quilès
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Le débat au sujet de l’arme nucléaire est tabou en France, malgré l’extrême menace qu’elle fait planer sur la planète. Le film « La Bombe et nous » repose la question de la bombe atomique, explique Paul Quilès.

Paul Quilès est ancien ministre de la Défense. Il a présidé la Commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale. Il préside Initiatives pour le désarmement nucléaire, et a publié Arrêtez la bombe ! (avec Bernard Norlain et Jean-Marie Collin).

La France est le pays où on ne parle pas de l’arme nucléaire. On débat de tous les aspects de la sécurité des citoyens – sécurité de l’emploi, sécurité sociale, sécurité policière, sécurité face au terrorisme. Mais pas de la sécurité du pays qui, nous dit-on, serait assurée par la dissuasion nucléaire.

La réflexion sur ce sujet est limitée à la convocation rituelle à chaque changement de président de la République d’un comité, composé de représentants des administrations et de quelques experts, pour analyser l’environnement stratégique et les menaces auxquelles est confrontée la France et en déduire les moyens nécessaires à ses armées et à sa politique de sécurité. L’intention est légitime. La plupart des grands pays procèdent ainsi.

Ce qui distingue la France est la démarche consistant à exclure systématiquement de l’analyse toute remise en cause non seulement de la doctrine de dissuasion nucléaire, mais encore de ses « composantes ». Il suffit de lire la lettre de mission du Président à la ministre des Armées, préalable à la mission des experts : « [Vos réflexions] devront veiller à la bonne articulation des différents volets de la politique nationale de défense et de sécurité avec la stratégie de dissuasion nucléaire dont j’ai décidé le maintien. »

Cette arme ne permet ni de prévenir ni de résoudre les conflits du monde actuel

Évacuer ainsi a priori toute discussion de ce sujet jugé tabou permet d’occulter aisément les paradoxes et contradictions qui caractérisent la réflexion stratégique française.

L’intérêt du film La Bombe et nous est de présenter, grâce à un montage efficace, des images fortes et des interviews exemptes de toute censure des partisans de l’arme nucléaire et de ceux qui dénoncent cette arme inutile et dangereuse. Refusant un positionnement uniquement protestataire, ce documentaire compile des témoignages de scientifiques, de militaires, d’historiens, d’hommes politiques et de simples citoyens engagés sur la question de la bombe atomique, afin de laisser le spectateur se faire sa propre opinion.

C’est pourquoi il m’a semblé intéressant d’animer plusieurs débats à l’issue de sa projection. C’est dans le même état d’esprit que je viens de publier un ouvrage de 40 citations de personnalités célèbres dans le monde en faveur du désarmement nucléaire [1]. On y retrouve d’anciens chefs d’État, des généraux, d’anciens ministres de la Défense ou des Affaires étrangères français ou étrangers, ou encore des scientifiques de renom. À sa lecture, on réalise combien le désarmement nucléaire n’est pas une lubie de quelques naïfs plus ou moins illuminés, mais une impérieuse nécessité soutenue par des femmes et des hommes qui ont exercé des responsabilités en relation directe avec l’arme nucléaire.

Le « Peace Boat » est un navire affrété par une ONG japonaise qui a fait le tour du monde avec à son bord huit survivants des bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les Hibakusha.

Une impérieuse nécessité, parce que cette arme ne permet ni de prévenir ni de résoudre les conflits du monde actuel. Au contraire, sa détention par quelques États incite d’autres pays à s’en doter, accroissant ainsi les tensions internationales, comme le prouve la crise coréenne. Au cours des cinquante dernières années, les incidents graves se sont multipliés, comme le rapporte le film. Si, par malheur, cette arme était utilisée, elle détruirait la planète plus sûrement encore que le changement climatique.

Le film La Bombe et nous rappelle que ces armes ont déjà tué par le passé entre 150.000 et 250.000 personnes lors des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, sans compter les nombreuses victimes des essais nucléaires, trop souvent passées sous silence. Larguée au-dessus d’une grande ville, une seule bombe atomique peut souffler, brûler et irradier des centaines de milliers, si ce n’est des millions de personnes innocentes. Les conséquences humanitaires à court et long terme pour les populations survivantes, blessées ou traumatisées, seraient incalculables. Et c’est sans compter sur les désastreuses conséquences climatiques globales d’un « hiver nucléaire » causé par des explosions nucléaires répétées.

Les pressions exercées par le lobby militaro-industriel

Le film donne la parole à un ancien ministre de la Défense britannique et à un général français qui dénoncent les pressions exercées par le lobby militaro-industriel pour toujours accroître les arsenaux nucléaires et construire des missiles toujours plus chers.

Le Prix Nobel de la Paix 2017 attribué à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican), qui fait suite à l’adoption par 122 pays de l’Assemblée générale des Nations unies du traité d’interdiction des armes nucléaires (soit les deux tiers des États représentés à l’ONU), montre l’inquiétude et la volonté d’agir grandissantes au sein de la communauté internationale. Son adoption est un pas en avant important, alors que piétinent les négociations sur le Traité de non-prolifération (TNP). Il permettra d’accroître la pression sur les États détenteurs de l’arme nucléaire et de stigmatiser ces armes comme l’ont été les armes chimiques et biologiques ainsi que les mines antipersonnel.

Face à cela, notre pays, qui dispose du troisième arsenal nucléaire le plus important au monde, devrait prendre conscience que seule une sécurité collective négociée de manière multilatérale à l’ONU assurera la sécurité internationale, et que le Président français aurait beaucoup à gagner à se positionner en chef de file d’un « nouveau monde » apaisé.

Les deux dangers les plus importants qui menacent la planète sont le changement climatique et les armes nucléaires. Mais le premier met en jeu de multiples facteurs dont une partie ne dépend pas de la volonté humaine. Le second dépend de la volonté politique des États détenteurs de l’arme nucléaire et des opinions publiques concernées.

Une salutaire prise de conscience de la gravité du premier est en cours. Il reste de toute urgence à prendre conscience du second : allez voir le film La Bombe et nous !

[1Quelques citations sur les armes nucléaires,de Paul Quilès, Publishroom, 96 pages, 7 euros.

A n’ouvrir qu’en cas d’apocalypse

Damien Dubuc
www.lemonde.fr/tant-de-temps/article/2017/11/15/a-n-ouvrir-qu-en-cas-d-apocalypse

« M » prend la mesure du temps et s’intéresse aux façons de le remonter, de le vivre, de le maîtriser… Ou d’en faire gagner aux survivants d’un cataclysme en leur offrant un manuel pour recréer la civilisation.

Que ferions-nous si nous étions les survivants d’un cataclysme ayant anéanti presque toute une civilisation ? Première piste, se rendre dans un temple en ruine de la culture : une librairie. Mais une cruelle désillusion nous attend, prévient l’astrobiologiste Lewis Dartnell : « A quoi une civilisation renaissante parviendrait-elle en essayant de se reconstruire à partir de la sagesse contenue dans les guides pratiques sur la gestion d’entreprise, les régimes minceur ou le langage corporel du sexe opposé ? Représentez-vous l’absurdité de ce cauchemar : un groupe de survivants découvrant quelques livres jaunis et qui, persuadés d’avoir mis la main sur un savoir scientifique de leurs ancêtres, se décideraient à recourir à l’homéopathie pour maîtriser une épidémie, ou à l’astrologie pour orchestrer leurs récoltes. L’essentiel de notre sagesse collective n’est pas accessible aux survivants. » Il y a urgence à compiler les savoirs les plus essentiels et à offrir aux générations futures une sauvegarde de notre culture.

Un livre d’un grand secours

Dès 1988, dans un article publié dans la revue Science, James Lovelock imaginait le Book for All Seasons. Le scientifique, qui a le premier avancé la controversée hypothèse Gaia, partait de cette réflexion : « En tant qu’individus, nous sommes incroyablement ignorants et incapables. Il n’y a peu de preuves que notre intelligence personnelle se soit accrue au cours des 5 000 dernières années. Le progrès des connaissances et la compréhension du monde qui nous entoure sont plus une propriété de la civilisation que des individus. [Or] à la différence des insectes sociaux qui trouvent les informations nécessaires à la survie de leur espèce, dans leurs gènes, les humains ne disposent d’aucune copie de secours sur laquelle s’appuyer si leur civilisation s’effondre. Ils devraient tout recommencer du début. »

Pour aider les générations futures à se tirer d’un tel mauvais pas et repartir du bon pied, Lovelock rêve donc d’un ouvrage qui serait « l’équivalent scientifique de la Bible », récapitulant les principes de base de la médecine, le fonctionnement de la vie dans l’univers. Il n’a toutefois jamais pris le temps de rédiger ce vade-mecum auquel nos descendants pourraient se référer pour court-circuiter l’histoire et accélérer la reconstitution d’une civilisation.

Lewis Dartnell s’est finalement attelé à la tâche. Le résultat prend la forme d’un simple livre. A ouvrir en cas d’apocalypse. Petite encyclopédie du savoir minimal pour reconstruire le monde n’a rien d’un exposé abstrait des grandes théories scientifiques. Il s’agit plutôt du mode d’emploi des technologies les plus indispensables. Rien à voir non plus avec les viatiques survivalistes, qui se bornent à présenter la meilleure façon de semer un ours trop affectueux ou à ne pas succomber dans d’atroces douleurs à l’ingurgitation d’une plante toxique qui ressemble vraiment, c’est trop bête, à sa cousine comestible.

Non, Dartnell, nous apprend à recréer des instruments de mesure (difficile d’aller bien loin quand on ne peut pas se situer dans le temps et dans l’espace), à ne pas laisser pourrir sur pied les récoltes, à tisser, à travailler l’argile, à fabriquer des explosifs pour pouvoir extraire les minéraux utiles… On y trouve aussi une sorte de kit du petit chimiste indispensable pour espérer transformer les matières premières en produits utiles. En somme, pour comprendre, et faire, tout ce qui apparaît aujourd’hui comme par magie sur les étals des supermarchés.

La tactique du tic-tac

Au début de la rédaction de son livre, Lewis Dartnell a pris contact avec la Long Now Foundation (LNF), qui planchait sur un projet assez similaire. Cette institution s’étant donné pour mission de penser le temps long, en contrepoint à la tyrannie du présent, il était logique qu’elle décide de mettre à l’abri notre héritage technologique et culturel.

Inspiré par Lovelock, Steward Brand, le fondateur de la LNF, évoque l’idée d’un manuel pour recréer la civilisation dès 2000 dans The Clock Of The Long Now : Time and Responsibility – un ouvrage dans lequel il expose le principe d’une horloge sonnant… tous les millénaires.

Puis, en 2011, son acolyte Kevin Kelly défend l’idée d’une « Bibliothèque de l’utilité ». Sur le modèle de la banque de semences placée dans un coffre-fort géant au Svalbard, cette bibliothèque doit contenir « des graines d’un savoir-faire utile afin de pouvoir recréer l’infrastructure et la technologie de la civilisation telles qu’elles existent aujourd’hui », précise le cofondateur du magazine Wired.

Depuis, le manuel de Brand et la bibliothèque de Kelly ont fusionné. Quelque 1 400 livres composent déjà la collection qui a trouvé sa place sur les étagères de The Interval, le QG de la LNF à San Francisco. A terme, 3 500 livres seront disponibles.

Des membres de la fondation, des auteurs de science-fiction, des artistes, des inventeurs ou des historiens ont été consultés. Chacun a suggéré sa liste d’ouvrages considérés comme indispensables. Le visiteur de The Interval peut consulter aussi bien les œuvres de Thucydide, de Machiavel ou les Méditations de Marc Aurèle qu’un traité comparant les mérites des variétés de bois de construction ou sur l’élevage des lapins. La saga Fondation d’Isaac Asimov côtoie des ouvrages de sémantique et le récit des expériences Biosphère (qui ont tenté, sans succès, de reproduire un système écologique artificiel en vase clos).

Après tout, pour coloniser Mars, les méthodes de fabrication artisanales seront peut-être aussi nécessaires que les ordinateurs quantiques. Au final, un vrai méli-mélo. Assumé. « Notre collection vise à présenter un éventail de points de vue aussi large que possible, dans la limite de quelques milliers de livres, afin que chacun puisse se forger une opinion, nous explique Alexander Rose, le directeur de la LNF. Nous souhaitons porter à la connaissance du public non seulement des informations pratiques mais aussi des connaissances qui éclairent le monde actuel et les conséquences des choix que nos sociétés font ou pourraient faire. »

Eviter le pire n’est pas sorcier

Les choix des happy few dispensant la bonne parole sont eux aussi contestables. La critique littéraire Maria Popova (membre de la LNF) a ainsi constaté que la liste soumise par Stewart Brand ne proposait qu’un seul livre, sur 76, écrit par une femme. Sans surprise, les titres retenus jusqu’à présent reflètent les centres d’intérêt et les préoccupations d’hommes blancs, souvent riches et vivant presque tous aux Etats-Unis. Bonjour la diversité.

La linguiste Laura Welcher, qui s’occupe de la bibliothèque, démine le terrain : « Une fois que nous aurons rempli les étagères, nous nous attendons à recevoir de nouvelles recommandations et nous imaginons de voter pour savoir quels ouvrages les nouveaux livres remplaceront. La collection n’est pas figée et la discussion portant sur le contenu du Manuel pourrait être un des traits les plus intéressants de cette aventure. »

Dans le fond, ni la LNF ni Lewis Dartnell n’envisagent sérieusement un effondrement. « Je n’ai jamais pensé que mon livre pourrait vraiment servir à rebooter la civilisation, clarifie le second. Mais je crois que l’hypothèse de la catastrophe offre un bon moyen d’explorer comment fonctionne notre monde en coulisse. Cette expérience de pensée permet de réfléchir à toutes ces choses de la vie quotidienne que nous tenons pour acquises – mais qui ont pourtant bien été conçues et produites. »

Qui pense vraiment au baril de pétrole qui a servi à la confection de ce plastique si fantastique ? Aux câbles par lesquels transitent les mails ? La fiction de la catastrophe et de la reconstruction est d’autant plus salutaire que « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie », ainsi que l’affirmait Arthur C. Clark.

La fée électricité enchante nos vies, les médicaments sont des potions qui soignent comme par miracle, les assistants numériques de nos smartphones répondent à nos questions tels des génies sortis de leurs lanternes. Il y a dès lors urgence à se désenvoûter pour ne plus marcher à la baguette.

 « En comprenant les technologies que nous utilisons, et d’où elles viennent, nous pouvons aussi envisager dès à présent des alternatives pour éviter l’apocalypse, poursuit Lewis Dartnell. Une telle réflexion peut notamment aider à nous prémunir contre une surexploitation de l’environnement ou une pandémie. » Se demander comment reconstruire la civilisation, c’est en fait se concentrer sur le moyen de ne pas la détruire.

« Les deux dangers qui menacent le plus la planète sont le changement climatique et les armes nucléaires »

Paul Quilès
https://reporterre.net/Les-deux-dangers-qui-menacent-le-plus-la-planete-sont-le-changement-climatique

Asteazkenean, 17, Europako Legebiltzarrak Energia  Berriztagarrien Zuzentaraua ekonomia zirkularrari egokitzea bozkatu du; horretako zorroztu ditu zabor eta hondakinak energi ekoizpenerako erabiltzeko irizpideak. Horrela Parlamentuaren osoko bilkurak berretsi du joan den azaroan ITRE batzordean erabakitakoa. Euskal Herrian, Bizkaiko Zabalgarbi erraustegiaren etekin ekonomikoetan izanen du eragina.

Estatuek bezala enpresek segurtatu beharko dute hondakinetatik energia ekoizteak zaintzen dituela hondakinen hierarkiaren printzipioak, horrela eragotziz zabor, hondakin eta horien eratorrien merkatuetan eragiten duten distortsioa. Estatuei eskatzen zaie maiztasun jakin batez berrikustea beren politikak eta edozein desbideratze ohartaraztea.

Are gehiago, estatuek bermatu beharko dute energia berriztagarrientzako inolako diru-laguntzarik ez dela izango oinarritzen baldin bada gaika sailkatu gabe bildutako hondakinetan. Honek esan nahi du orain zuzendu egin behar direla hondakin birziklagarriak erraustea sustatu duten diru-laguntza eskemak.

Janek Vahk Zero Waste Europeko politika eta garapen koordinatzaileak esan du: “Parlamentuak agindu garbi bat bidali die estatuei: hondakinen prebentzioak eta birziklatzeak izan behar dute lehentasunezko aukera energia berriztagarrientzako politikak garatzerakoan”.