Météo extrême: été de tous les records en Australie
AFP
www.goodplanet.info/actualite/2017/03/08/meteo-extreme-ete-de-records-australie/
Croissance, école, médias : trois propositions pour changer la donne
Hervé Kempf
https://reporterre.net/Croissance-ecole-medias-trois-propositions-pour-changer-la-donne
De Fillon à Macron : offensive générale contre le principe de précaution aux dépens de la santé publique
Sophie Chapelle
www.bastamag.net/De-Fillon-a-Macron-offensive-generale-contre-le-principe-de-precaution-aux
«¬Un million d’emplois pour le climat¬», c’est urgent !
Maxime Combes Économiste et membre d’Attac France
L’Humanité 12 Jeudi 2 février 2017
Pour un double dividende
Philippe Quirion Économiste, directeur de recherche au CNRS
L’Humanité 12 Jeudi 2 février 2017
Aldude, aldaketaren esperimentazioan
Joanes Etxebarria
http://iparraldekohitza.eus/2017/02/03/aldude-aldaketaren-esperimentazioan/
Météo extrême: été de tous les records en Australie
AFP
www.goodplanet.info/actualite/2017/03/08/meteo-extreme-ete-de-records-australie/
Chaleur intense, incendies de forêts, inondations: les épisodes météorologiques extrêmes se sont multipliés en Australie, qui a connu un été de tous les records. Et le changement climatique va aggraver le phénomène à l’avenir, préviennent les climatologues.
Plus de 205 records météorologiques ont été recensés durant les 90 jours de l’été austral, entre décembre et février, écrit le Climate Council, un organisme indépendant de recherches sur le climat, dans un rapport publié mardi.
Le centre et l’est de l’Australie ont connu des épisodes de chaleur intense et des feux de forêt tandis que l’ouest a été touché par de fortes pluies et des inondations, disent les chercheurs.
« Le changement climatique, provoqué largement par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, aggrave l’intensité des épisodes météorologiques extrêmes », explique le rapport.
« Les jours de chaleur extrême et les vagues de chaleur vont devenir de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses en Australie, ce qui va aggraver les risques pour les infrastructures essentielles (comme l’alimentation électrique), l’économie, le système de santé et l’écosystème ».
Selon le rapport semestriel du Bureau de la météorologie (CSIRO) publié en octobre, la température a augmenté d’environ un degré Celsius depuis 1910 sur le continent.
Il y a souvent des feux de forêts durant l’été en Australie mais le changement climatique, en provoquant la hausse des températures de l’air et de l’eau, aggrave les risques.
« En Australie, il est plus difficile de voir l’impact du changement climatique car nous avons un climat de toute façon très varié », a déclaré à l’AFP Will Steffen, scientifique membre du Climate Council. « Mais nos extrêmes sont devenus si extrêmes qu’on peut voir clairement l’influence du changement climatique. »
Ces phénomènes vont empirer « durant les 20 prochaines années », a-t-il poursuivi.
Du fait de sa population relativement faible eu égard à la taille de son territoire (24 millions d’habitants) et de sa très forte dépendance au charbon, l’Australie est un des pires émetteurs per capita de gaz à effet de serre.
Andrew Stock, spécialiste de l’énergie du Climate Council, a relevé pour sa part que les infrastructures énergétiques n’étaient pas adaptées aux épisodes météo extrêmes.
L’État d’Australie méridionale avait été entièrement privé d’électricité l’année dernière à la suite de vents violents et des pluies torrentielles.
Croissance, école, médias : trois propositions pour changer la donne
Hervé Kempf
https://reporterre.net/Croissance-ecole-medias-trois-propositions-pour-changer-la-donne
Il y a un an, Alain Caillé avait proposé aux « Convivialistes », un groupe d’intellectuels qu’il anime, d’avancer chacun trois propositions pour refonder la société. Elles ont été regroupées dans un ouvrage, Eléments d’une politique convivialiste. Voici celles de Hervé Kempf.
En finir avec le PIB
- En France comme dans le monde, l’économie s’est attribuée le monopole de l’action humaine efficiente. Elle impose son empire au moyen d’un outil qui présente la caractéristique d’être à la fois un concept surpuissant et un moyen opérationnel organisant l’action. Il s’agit de la « croissance », véritable totem – au sens où il n’est pas interrogé par ses fidèles, qui comptent l’ensemble des classes dirigeantes et quasiment tous leurs sujets. La croissance est présentée comme un impératif indépassable. On en oublie de dire de quoi il s’agit – la croissance du produit intérieur brut – et le discours commun substitue fréquemment le mot « croissance » au mot « économie », comme s’il s’agissait de la même chose. Or, depuis plus de deux décennies, un important travail théorique et pratique a montré tous les défauts de cet indicateur – notamment au regard de son incapacité à prendre en compte les effets écologiques de l’activité productrice, effets devenus aujourd’hui monstrueux. Des indicateurs de substitution ont été proposés.
- Proposition : abandonner l’indicateur de croissance de PIB comme guide de l’action publique.
La clé d’une école réussie : des effectifs réduits
- La société est rendue malade par le capitalisme en voie de décrépitude. Une part essentielle du mal réside dans le mépris avec lequel sont traitées l’enfance et la jeunesse. Une éducation à deux secteurs s’est mise en place : pour les enfants des riches, des écoles bien dotées et fortement encadrées (qui, d’ailleurs, ne visent pas tant l’émancipation des élèves que leur conformation au statut dirigeant auquel on les destine) et pour la masse, des écoles surchargées, aux enseignants dévalorisés et frustrés : il ne s’agit ici que d’assurer un « bagage scolaire » minimal, assurant autant que possible l’adaptation future à l’appareil productif, mais surtout la résignation des enfants ainsi conformés. La télévision et autres divertissements sportifs sont en revanche fortement développés et encouragés, afin d’anesthésier la conscience des masses populaires. Refaire une société conviviale dont les membres pourront accéder à leur pleine dignité suppose de miser sur la jeunesse et sur ce qu’on appelle l’école. Un pas essentiel sur ce chemin est d’assurer que les classes soient assez légères pour que le partage convivial du savoir et des pratiques collectives puisse se réaliser.
- Proposition : fixer à l’école primaire et secondaire un plafond de vingt-quatre élèves par classe.
Libérer l’information de l’oligarchie
- La culture commune est malade de la manipulation de l’opinion publique opérée par les grands médias et la publicité. Ceux-ci répandent en permanence et à grande échelle une pensée indiquant que la voie essentielle de réalisation de la personne est l’acquisition de biens et de services nouveaux, et qu’il n’y a pas d’autre voie de politique économique et sociale que la loi du marché et l’acceptation des inégalités. Tout ceci est permis par le fait que les grands médias audiovisuels (touchant la masse) et écrits (visant les classes moyennes supérieures et les classes dirigeantes) appartiennent à des membres de l’oligarchie, qu’il s’agisse d’entreprises ou de milliardaires à titre personnel. Dans les médias, un seul adage vaut : « Qui possède commande ». La propriété des médias assure donc à l’oligarchie un moyen essentiel de perpétuer sa domination sur les esprits et donc dans les faits. Pour permettre à la vitalité de la société civile et des alternatives conviviales d’occuper pleinement le terrain du débat public et de chambouler les consciences, il faut donc :
- Proposition : interdire la propriété de plus d’un média à une personne ou à une entreprise, et organiser un fonds mutualisé de soutien aux médias indépendants, sur le modèle du fonds de soutien à l’édition indépendante existant en Norvège.
De Fillon à Macron : offensive générale contre le principe de précaution aux dépens de la santé publique
Sophie Chapelle
www.bastamag.net/De-Fillon-a-Macron-offensive-generale-contre-le-principe-de-precaution-aux
Il y a bientôt vingt ans, le Conseil d’État s’appuyait sur le principe de précaution pour empêcher la culture de maïs transgénique en France. Depuis, le principe de précaution est invoqué pour tenter de freiner la banalisation de produits toxiques, des pesticides aux perturbateurs endocriniens, en passant par les nanoparticules. Ce principe est désormais la cible de François Fillon. De son côté, Emmanuel Macron affirme vouloir concilier le principe de précaution avec un « principe d’innovation », s’alignant ainsi sur les exigences de l’industrie chimique, pétrolière ou du tabac et de leurs lobbies. Une manière de neutraliser cet acquis essentiel pour l’environnement et la santé, au profit du libre-marché.
A chaque élection présidentielle, le principe de précaution est remis en débat. « Tous les candidats en parlent, soit pour dire n’importe quoi, soit pour l’attaquer », s’agace Arnaud Gossement, avocat environnementaliste et membre du think tank La Fabrique écologique. François Fillon, dans son programme, annonce vouloir « supprimer de notre Constitution un principe de précaution dévoyé et arbitraire ». Le principe de précaution avait pourtant intégré la Constitution en 2005, par Jacques Chirac alors que la droite était majoritaire au Parlement. « Il nous faut emprunter les voies de l’innovation et du progrès scientifique, ne pas renoncer aux projets d’avenir au nom du principe de précaution, qui sert aujourd’hui de prétexte à l’inaction », ajoute le candidat de la droite et du centre à la présidentielle [1].
« Le présenter ainsi, c’est ne pas avoir compris le principe de précaution qui se révèle être au contraire un principe d’action, réagit Arnaud Gossement. Lorsque l’on est en situation d’incertitude, le principe de précaution encourage la recherche scientifique pour progresser dans la connaissance des risques. » Des OGM aux pesticides, en passant par les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules ou les ondes électromagnétiques, si le principe de précaution réfrène l’activisme industriel en matière de nouvelles molécules et produits potentiellement toxiques, c’est au nom de la santé des Français et des générations futures. Le produit d’une taxe sur les émetteurs radiofréquence a par exemple été affecté au financement de projets de recherches sur les risques pour la santé dans ce domaine, gérés depuis 2011 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, souligne le ministère de l’Écologie [2].
Extrait ci-dessous du programme 2017 de François Fillon :
« Évaluation des risques » et « mesures proportionnées »
Si le principe de précaution est très souvent invoqué pour saisir les juges, notamment en matière environnementale et sanitaire, il n’est presque jamais retenu par ceux-ci. Une décision du Conseil d’État de 1998 demeure toutefois emblématique : alors que le ministère de l’Agriculture vient d’autoriser la mise en culture de trois variétés de maïs transgénique dans le catalogue officiel des variétés cultivées en France, le Conseil d’État, saisi par Greenpeace, se fonde sur le principe de précaution pour annuler cette décision [3]. « On applique le principe de précaution lorsqu’on n’a pas de littérature sur un risque », commente Arnaud Gossement. Dans ce cas, l’article 5 de la Charte de l’environnement, adossée à la Constitution depuis 2005, prévoit « la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation [d’un] dommage », lorsque celui-ci « pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement ». Si le principe de précaution avait été en vigueur pour l’amiante, plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées par cancers auraient pu être évitées.
Dans les années 90, les risques liés aux OGM étaient encore très peu documentés. La situation d’incertitude a donc conduit à l’application du principe de précaution. A l’inverse, lorsque le risque est documenté, c’est le « principe de prévention » qui doit être invoqué, comme c’est le cas dans le domaine de la sécurité routière par exemple. La loi de 2011 qui interdit la fracturation hydraulique en France se fonde ainsi sur le principe de prévention, et non pas de précaution, du fait des études existantes dans le secteur des gaz de schiste, et des risques inhérents à la pollution de l’eau et des sols. « Aujourd’hui, le principe de précaution n’est appliqué que dans des cas extrêmement rares car il y a très peu de domaines où l’on est dans une incertitude radicale », résume Arnaud Gossement.
L’offensive groupée des députés de la droite
François Fillon est loin d’être le seul élu à proposer la suppression du principe de précaution, ou à vouloir en restreindre l’application. Depuis quatre ans, les parlementaires de droite attaquent très régulièrement le principe de précaution. Une succession de propositions de loi déposées par des parlementaires de droite vont dans ce sens. Le 10 juillet 2013, plus de 80 députés menés par l’ancien ministre du budget Eric Woerth déposent une proposition de loi « visant à ôter au principe de précaution sa portée constitutionnelle ». Elle est suivie quatre mois plus tard par une proposition de loi du député Damien Abad « visant à équilibrer le principe de précaution avec le principe d’innovation ». Une semaine plus tard, une quarantaine de sénateurs déposent à l’initiative de Jean Bizet (UMP), une proposition de loi constitutionnelle visant « à modifier la charte de l’environnement pour exprimer plus clairement que le principe de précaution est aussi un principe d’innovation ». Le 14 octobre 2014, nouvelle offensive des députés Eric Woerth, Damien Abad et Bernard Accoyer pour remplacer le principe de précaution par un « principe d’innovation responsable ». A chaque fois, ces tentatives échouent.
« Il devient difficile, dans le débat public, de dire du mal de l’écologie. Ces élus le font donc différemment, par des messages vers leur électorat appréciant le fait qu’ils prennent position contre l’environnement », analyse Arnaud Gossement [4]. Le journaliste Roger Lenglet, auteur de plusieurs ouvrages sur des scandales sanitaires, déplore l’attitude de décideurs politiques « sous l’effet permanent de lobbyistes et de think tanks qui leur font croire que si l’on applique le principe de précaution, l’économie française sera paralysée. Les décideurs politiques pensent que les craintes sanitaires relèvent du domaine de l’irrationnel et des émotions populaires », confiait t-il à Basta !. « Dans la plupart des cas, leur niveau de culture en santé publique est nul. »
Macron pour un « principe d’innovation »
En France, le début de l’offensive contre le principe de précaution remonte à 2007 avec la création de la Commission Attali, chargée par Nicolas Sarkozy de fournir des propositions pour relancer la croissance. « Cette commission a eu un immense impact dans la pensée économique des dirigeants », note Arnaud Gossement, qui rappelle que la première mesure consistait à supprimer le principe de précaution [5]. A l’époque inspecteur des finances, Emmanuel Macron était rapporteur général adjoint de la commission Attali. « Depuis cette date, il n’est pas sorti de l’ambiguïté, observe Arnaud Gossement. Il affirme d’un côté ne pas vouloir supprimer le principe de précaution, tout en disant vouloir le concilier avec le principe d’innovation [6]. « Rebaptiser le principe de précaution, c’est vouloir supprimer son contenu, le neutraliser, alerte Arnaud Gossement. C’est plus fin que la charge de Fillon et c’est là qu’est le danger. »
Quelles seraient les conséquences, si cette offensive en faveur du « principe d’innovation » aboutissait ? « Ce serait une mauvaise nouvelle, d’abord parce que la France ne respecterait plus la norme européenne », analyse Arnaud Gossement. Le principe de précaution relève d’un droit de l’environnement qui est d’abord international et européen. L’avocat poursuit : « Face aux nouveaux risques, il est important d’avoir un principe directeur, un guide pour les pouvoirs publics ». Dans le cas de l’amiante par exemple, l’incertitude n’a pas pesé suffisamment face aux intérêts économiques. « On a attendu d’être certain des effets de l’amiante pour agir et l’interdire. C’est une culture du risque dont il faut se défaire. L’autre possibilité c’est d’agir dès qu’il y a une incertitude, comme le montre le rapport sur le principe de précaution remis en 1999 à Lionel Jospin [7]. »
Lobbies du tabac, du pétrole, de la chimie et des pesticides
Cette offensive groupée d’hommes politiques en faveur d’un « principe d’innovation » qui viendrait se substituer au principe de précaution n’est pas anodine. Dans son livre Intoxication [8], la journaliste Stéphane Horel rappelle que le principe d’innovation vient tout droit d’un think tank, l’European Risk Forum (ERF), qui regroupe une vingtaine d’entreprises du tabac, du pétrole, de la chimie et des pesticides (Lire notre entretien : « À Bruxelles, la vie des personnes est moins prioritaire que la bonne santé de l’industrie chimique »). Très actif dans la campagne contre le principe de précaution, cet organisme a publié en 2011 un livret consacré au sujet.
Si le public a une perception négative de certains produits – substances chimiques, pesticides, OGM, médicaments… – et invoque le principe de précaution de plus en plus souvent, ce serait parce que la « stigmatisation » de ces produits se banalise, « encouragée et amplifiée » par les médias, diagnostique ainsi l’ERF. Ce livret, selon Stéphane Horel, est « un concentré de dichotomies factices qui ont contaminé le débat public », dans lequel la raison est systématiquement opposée à l’émotion, alors même que les risques associés aux OGM, aux pesticides ou aux perturbateurs endocriniens sont précisément documentés.
« Notre seul joker contre le marché tout puissant »
L’offensive menée par les parlementaires en France se superpose parfois avec celle conduite par les multinationales. Le 17 octobre 2013, le Financial Times se faisait l’écho d’une lettre envoyée par douze PDG – dont ceux de Syngenta, Dow Chemical, BASF… – aux présidents de la Commission, du Conseil et du Parlement européens. Selon ces dirigeants, « l’équilibre nécessaire entre la précaution et la proportion est de plus en plus souvent remplacé par un simple recours au principe de précaution et un évitement du risque technologique ». Ils plaident pour l’adoption par l’Union européenne d’un « principe d’innovation » prévoyant, « lorsqu’une législation de précaution est envisagée, [que] son impact sur l’innovation [soit] aussi pris en compte ».
Dans la foulée, l’ERF publiait une batterie de documents concernant le « principe d’innovation », visant à « stimuler la croissance économique » [9]. On retrouve l’argumentaire employé dans les diverses propositions de loi déposées par les parlementaires LR (ex-UMP). Attaqué, malmené, le principe de précaution reste pourtant « notre seul joker éthique contre le libre-marché tout puissant », estime la journaliste Stéphane Horel. Un bien commun menacé, qui mérite que l’on continue à le défendre.
Notes
[1] Voir en page 2 du cahier de programme de François Fillon consacré à l’environnement et à la transition énergétique.
[2] Voir cette déclaration du ministère de l’Ecologie.
[3] Cf. CE, 25 septembre 1998, Greenpeace France, n° 194348.
[4] A ce titre, on pourrait encore ajouter la tribune commune publiée en décembre 2014 par Eric Woerth, Damien Abad, Bernard Accoyer et Benoist Apparu, qui y appellent une nouvelle fois à « réformer le principe de précaution (…) devenu l’étendard d’un certain obscurantisme adversaire du progrès ».
[5] Télécharger le rapport de la Commission Attali (voir pages 91 à 93). A noter que la proposition de loi constitutionnelle du 3 décembre 2013 « visant à modifier la Charte de l’environnement pour exprimer plus clairement que le principe de précaution est aussi un principe d’innovation » se réfère à la commission Attali.
[6] Dans ce tweet du 9 février 2017 par exemple, Emmanuel Macron affirme qu’« il faut sortir de l’idée qui veut que le principe de précaution empêche l’innovation. Ce n’est pas vrai ! ». Invité le même jour par le WWF France, il précise que s’il s’engage à maintenir le principe de précaution, il ne doit pas gêner l’innovation (voir cet article).
[7] Voir le rapport intitulé Le principe de précaution, co-écrit par Geneviève Viney et Philippe Kourilsky, remis au Premier ministre en octobre 1999.
[8] Paru aux Éditions la Découverte, 2015.
[9] Voir la rubrique du European Risk Forum consacrée au principe d’innovation.
La lutte contre le réchauffement climatique est-elle un levier de création d’emplois?
RAPPEL DES FAITS : La transition énergétique pose des questions environnementales, à la fois, économiques, industrielles et sociales. La création d’emplois est au coeur de ces multiples enjeux.
«¬Un million d’emplois pour le climat¬», c’est urgent !
Maxime Combes Économiste et membre d’Attac France
L’Humanité 12 Jeudi 2 février 2017
««Un-e salarié-e d’une centrale à charbon dans le nord de la France ne pourra pas travailler le lendemain en tant qu’installateur de panneaux photovoltaïques à Marseille. » Le rapport « Un million d’emplois pour le climat » (1), publié par des associations issues du mouvement social et écologique (Attac France, Réseau Action Climat, Emmaüs France, Mouvement national des chômeurs et précaires, etc.) et des syndicats (FSU, Solidaires, Confédération paysanne, etc.), fait de la reconversion sociale des secteurs concernés par la transition énergétique un jalon fondamental des transformations à opérer. Mettre les salarié-e-s devant des faits accomplis, comme c’est généralement le cas – à Fessenheim y compris – ne rime pas avec le principe d’une transition juste défendue par ce rapport. Les processus de reconversion doivent être pensés, organisés et planifiés. Le temps de formation des travailleurs concernés doit s’accompagner d’un revenu et d’une protection sociale équivalents à la période de travail précédente. Qu’on l’appelle « sécurité sociale professionnelle » ou d’un autre nom, il s’agit bien d’accompagner l’exigence d’un million d’emplois climatiques d’une nouvelle protection pour les salarié-e-s. Pour que la transition ne se fasse pas contre eux-elles, mais avec eux-elles. « Un voeu pieux », répondent les aigris, les pessimistes et ceux-celles qui ne veulent rien changer. Ce rapport et, au delà, la campagne d’interpellation lancée conjointement affirment justement que la transition écologique peut être créatrice de centaines de milliers d’emplois de qualité et qu’elle peut se faire avec celles et ceux qui travaillent dans les secteurs concernés par les reconversions industrielles. Ces reconversions ne doivent pas être subies, car menées en « situation de crise », mais, au contraire, elles peuvent être anticipées pour contribuer à améliorer la situation de celles et ceux qui, aujourd’hui, connaissent le chômage de masse, le « mal-emploi », la précarité (sociale et énergétique), la pauvreté, etc. Cela fait de nombreuses années que des organisations de la société civile engagées dans la lutte contre les dérèglements climatiques et la transition écologique portent d’ailleurs cette exigence de justice sociale, de transition juste et de bifurcation organisée de nos systèmes de production. Pour justement éviter que la « transition » ne s’apparente à une désindustrialisation non maîtrisée et à un abandon des territoires par les pouvoirs publics, tels qu’on a pu les observer dans le Michigan, l’Ohio, l’Indiana, la Pennsylvanie, ces États frappés de plein fouet par la crise de 2007-2008 et qui ont contribué à faire élire Donald Trump. Disons-le autrement : il n’y a pas d’emplois sur une planète morte. Réciproquement, c’est en créant massivement des emplois dans la transition qu’il sera possible de «sauver le climat ». Les pouvoirs publics, les citoyens, le monde privé sont donc invités à se donner les moyens pour qu’il n’y ait pas de chômeurs climatiques. Parce qu’il ne doit pas y avoir de chômeurs supplémentaires du fait de l’aggravation du dérèglement climatique et de ses conséquences sur certains secteurs économiques (agriculture, tourisme, etc.) et territoires (zones côtières, de montagne, etc.). Pas plus qu’il ne doit y en avoir du fait des politiques de transition écologique. En conjuguant ensemble justice sociale, action pour le climat et transition, et en montrant qu’il est possible de financer ces priorités – ce que fait le rapport en détail –, les promoteurs de cette campagne pour un million d’emplois pour le climat essaient au contraire de substituer de l’ambition et de la détermination à la morosité et la résignation de ces temps-ci. Pour retrouver un projet collectif qui fasse sens au plus grand nombre. C’est décisif pour notre avenir commun. (1) www.emplois-climat.fr
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Pour un double dividende
Philippe Quirion Économiste, directeur de recherche au CNRS
L’Humanité 12 Jeudi 2 février 2017
L’association NégaWatt (1) a présenté le 25 janvier le scénario énergétique du même nom, le plus ambitieux et le plus détaillé paru à ce jour pour la France. En mobilisant les économies d’énergies et les énergies renouvelables, il permettrait de diviser par sept les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et de sortir du nucléaire en 2035. La mise en oeuvre d’un tel scénario serait-elle créatrice ou destructrice d’emplois ? Afi n de répondre à cette question, j’ai quantifié l’effet qu’aurait l’application de ce scénario sur l’emploi en France, par rapport à la poursuite des tendances actuelles (le « scénario tendanciel »). La méthode retenue est la suivante : pour chacun de ces deux scénarios, j’estime les dépenses d’une série d’activités, comme le fret routier (qui décroît dans le scénario NégaWatt) ou le fret ferroviaire (qui, au contraire, s’accroît). Sur la base des comptes nationaux établis par l’Insee, je calcule ensuite le « contenu en emplois », c’est-à-dire le nombre d’emplois par million d’euros dépensé, ceci dans chaque activité. En multipliant, pour chaque activité, le contenu en emplois et la somme dépensée en plus ou en moins dans le scénario NégaWatt en comparaison avec le scénario tendanciel, j’obtiens l’e et « brut » sur l’emploi. Reste un point important : les deux scénarios n’ont aucune raison d’entraîner le même montant de dépenses chaque année. Si le scénario NégaWatt génère plus de dépenses, ceux qui payeront ce surcoût devront diminuer leur consommation de divers biens et services, réduisant l’emploi dans les branches qui produisent ces derniers ; dans le cas contraire, ce scénario libérera du pouvoir d’achat, d’où un « effet induit » positif sur l’emploi. L’application de cette méthode à la mise en oeuvre du scénario NégaWatt aboutit à un gain net d’environ 100 000 emplois en 2020, 400 000 en 2030 et 600 000 en 2050. Pourquoi ce résultat positif ? Simplement parce que les branches qui se développeraient en cas d’application du scénario NégaWatt sont généralement plus intensives en emplois que celles qui régresseraient. Ainsi, un million d’euros dépensé dans l’isolation des bâtiments crée environ 14 emplois contre à peine 5 dans l’achat de gaz ou d’électricité et moins de 2 dans l’achat de produits pétroliers. Un programme massif d’isolation des bâtiments crée donc beaucoup plus d’emplois qu’il n’en détruit dans les branches fournissant l’énergie de chauffage. De même, un million d’euros dépensé dans les transports en commun génère 17 emplois, contre 5 dans l’industrie automobile. Loin d’être concentrés sur quelques sites, ces emplois seraient répartis sur tout le territoire et dans divers secteurs d’activité, à commencer par l’isolation des bâtiments, les énergies renouvelables et les transports en commun : respectivement + 500 000, + 300 000 et + 200 000 emplois sur la période 2030-2050, par rapport au scénario tendanciel. Ce résultat positif est très proche de celui obtenu voici quelques années par une méthode différente : en utilisant le modèle néokeynésien Three-ME, une équipe de l’OFCE et de l’Ademe a évalué l’impact macroéconomique de la version précédente du scénario NégaWatt et conclu également à un gain net d’emplois, de l’ordre de 600 000 à l’horizon 2050. Cette convergence des résultats permet d’avoir confiance dans les résultats obtenus : ils ne dépendent pas d’une méthode particulière. Des points essentiels restent à quantifier : conditions de travail dans les emplois créés et détruits, besoin de formations et sécurisation des transitions professionnelles, égalité femmes/hommes dans les emplois créés et détruits… Reste que le potentiel d’un « double dividende » combinant préservation du climat et création d’emplois est bien là, ne pas le saisir constituerait un véritable gâchis.
- Site :org
Aldude, aldaketaren esperimentazioan
Joanes Etxebarria
http://iparraldekohitza.eus/2017/02/03/aldude-aldaketaren-esperimentazioan/
Azaroan hasi ziren Arrosa eta Urepele arteko garraio kolektibo berri bat esperimentatzen. Otsailean herritar guztientzat izanen da autobusa, zerbitzu publiko gisara.
Aldudeko ibarreko ate irekitzeak besta handiak izaten dira bi urtetatik behin. Baina bestaren gainetik kokatzen da, azken urteetan gutxienez, ibarraren geroaz gogoetatzeko nahia. 2012. urteko ate irekitzeetan, Aldude 2030 lelopean, ibarra dinamizatzeko ideia andana bat atera ziren. 2016koetan, berriz, Herrian laketu izenburupean, hiru lan ardatz finkatu zituzten, eta ekimenak gauzatzen hasi ziren Aldude, Banka eta Urepeleko herritar zein hautetsiak. Hiru ardatzetatik bat mugikortasuna izanik, hortik sortu zen AIBA Aldudeko Ibarra Beti Aitzina elkarteak kudeatzen duen garraio kolektiboa.
Lehen fasea diagnostiko bat egitea izan zen, “jakiteko nola ibiltzen den jendea, nondik heldu diren hemen lan egitera, hemendik nora joaten diren…”; eta “jendeen beharrak zoin diren” identifikatzea ondotik, Michel Ozafrain Bankako auzapezak oroitarazi duenez. Ondorio batzuk atera zituzten; besteak beste, jadanik dauden garraio kolektiboen inguruko informazio eskasia, autobus eta trenak gutxi erabiliak baitira. “Auto partekatzeen sustatzeko hasi gara egunero bidaia berdinak egiten dituzten jendeak zerrendatzen eta haien artean harremanetan ezartzen. Laster, aplikazio bat sortuko dugu preseski ibarrarentzat egina”, dio Priscilla Ludovico AIBA elkarteko animatzaileak. Mugikortasuna beste gisa batez plantatzeko bidean, haatik, autobus baten joan-jinak dira pariorik handiena.
AIBA elkarte bat denez eta garraioak kudeatzeko ahal mugatuak izaki, Aldude ibarreko lantegiekin egin partaidetza batera mugatu da, joan den azarotik hona, ibilgailuaren hedapena. Langileek soilik erabil dezakete oraingoz, garraio pribatu gisara. “Hogei bat erabiltzaile dira, eta bidaia bakoitzeko hiruzpalau pertsona dira”, laburbildu du, baikor, Ludovicok. Goizean bi bidaia eta arratsaldean beste hainbeste egiten ditu Battitta Maitia gidariak: “Behetik gora bai baina gainetik behera ez dut bidaiaririk goizez”. Astelehenean bi senpertar zeramatzan lanetik Arrosan utzi autora. “Langileek gogotik hartzen dute, usatuak dira. Baina besteen usaiak kanbiatzea besterik da”, ziurtatu du Ozafrainek. Horregatik, garraio pribatutik publikora jauzi eginen dute otsailean.
Desafio berriak
AIBA elkarteak ezin dezakeenez legez garraio publikorik kudeatu, Bankako Herriko Etxeak galdea egin eta kausitu du eskumen berri hori bereganatzea. Ez da ohikoa. “Departamentuan ez du herri batek ere garraioen eskumena”, ziurtatu du Ozafrainek; eta Frantziako Estatuan “bakarra” dela uste du, berriz, Ludovicok. Dena den, “deabruaren ardura” dela ohartua da Bankako auzapeza: “Eman dezagun Arrosatik Urepelera, zer gerta ere, herria da arduradun. Auzapezaren gain da ardura”. Parioak, hala ere, merezi du bi partaideen ustez. Ludovicok erabiltzailearentzat onurak zoin diren zehaztu du: “Ekonomikoa da, arrisku gutxiago bada, eta atsegina da: jendeen arteko harremanak sustatzen ditu”.
Auzapez gisara ardura handia duela ohartua bada ere, Ozafrainek dudarik ez du zerbaitetarako balio duela: “Baldin bada xantza bat HELEParekin esperientzia hori luzatzeko, behar da frogatu martxan dela, eta, hala izan dadin, denei eman behar zaie autobus hori hartzeko parada”. Diru iturriak mugatuak baitira. Esperimentazioaren finantzamendua, hasi zenetik eta hemendik sei hilabetera, Europak, Frantziako Estatuak eta eskualdeak ziurtatzen dute, ibarreko herrien ekarpenaz gain.
Desafioa handia izanen da, beraz, Ozafrainen ustez, ondoko hilabeteetan garraioen usaiak aldatzea, “zeren autoa hartzea nahi delarik nahi den lekura joateko, hori libertatea da”.