Articles du Vendredi : Sélection du 10 février 2017

En finir avec les idées reçues sur les changements climatiques(4/4)

5ème rapport du GIEC sur les changements climatiques et leurs évolutions futures / Les arguments climato-sceptiques réfutés en quelques mots puis en quelques lignes
http://leclimatchange.fr/questions-reponses/

L’abandon de l’écotaxe prive l’État de onze milliards d’euros, constate la Cour des comptes

Émilie Massemin
https://reporterre.net/L-abandon-de-l-ecotaxe-prive-l-Etat-de-onze-milliards-d-euros-constate-la-Cour

La transition énergétique selon BP

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/la-transition-energetique-selon-bp,78669

«Krisi ekologikoa zibilizazio krisi bihurtu da»

«Kolapso ekosoziala» du hizpide: planetaren muga fisikoak gainditu izanaren kausak eta ondorioak aztertu ditu Yayo Herrerok. Baina klima aldaketaz harago doa haren analisia: metabolismo ekonomikoez eta gatazka sozialez mintzo da.
www.berria.eus/paperekoa/1914/012/001/2017-02-05/krisi_ekologikoa_zibilizazio_krisi_bihurtu_da.htm

En finir avec les idées reçues sur les changements climatiques(4/4)

5ème rapport du GIEC sur les changements climatiques et leurs évolutions futures / Les arguments climato-sceptiques réfutés en quelques mots puis en quelques lignes
http://leclimatchange.fr/questions-reponses/

Le phénomène El Niño désigne un phénomène climatique particulier qui se caractérise par des températures de l’eau anormalement élevées dans la partie Est de l’océan Pacifique équatorial. Lorsque ce phénomène se manifeste, on assiste à la forte hausse des températures annuelles. Cependant ce phénomène ne perdure pas, d’où le terme d’«oscillation», et ne peut pas expliquer les tendances de long terme.

C’est la faute du méthane !

Bien que le méthane soit un gaz beaucoup plus puissant que le CO2 (par molécule) il y a au moins 200 fois plus de CO2 que de méthane dans l’atmosphère.

Bien que le méthane soit un gaz beaucoup plus puissant que le CO2 (par molécule) il y a au moins 200 fois plus de CO2 que de méthane dans l’atmosphère. Ainsi, la concentration de CO2 est de 390 ppm (parties par million) alors que celle du méthane est de 1,75 ppm. Les activités humaines ont conduit a doubler la concentration de méthane dans l’atmosphère, alors que celle du CO2 a augmenté d’environ un tiers. Même si l’accroissement du méthane dans l’atmosphère a contribué à augmenter l’effet de serre, cette augmentation est plus faible que celle due au CO2. C’est ce que montrent clairement les calculs, qui sont eux mêmes basés sur les mesures de l’absorption du rayonnement par les différents gaz.

Cependant, il ne faut pas négliger les effets du méthane.

Ce dernier a en effet un pouvoir de réchauffement (PRG) très élevé (28,5 fois plus réchauffant que le CO2 sur 100 ans ) et a la spécificité de concentrer son action dans les premières années après son émission.
La bonne nouvelle est que depuis le début des années 90, l’augmentation des concentrations de méthane dans l’atmosphère s’est fortement ralentie. Après être restées stables pendant une dizaine d’années, les concentrations sont reparties à la hausse en 2008 (Dlugokencky 2003).

Les causes des variations interannuelles de la concentration en méthane restent mal comprises.

Il n’y a pas à s’inquiéter, c’est un phénomène naturel, un cycle

Un cycle naturel répond à un forçage, une force motrice elle même naturelle. Or aucune force motrice connue, ne peut expliquer le réchauffement observé, si ce n’est les émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines.

Des épisodes de réchauffement/refroidissement, connus sous le nom d’événements de Dansgaard-Oeschger, sont observés dans les enregistrements de la dernière période glaciaire (entre -100 000 et -10 000 ans approximativement) avec une durée de retour de l’ordre de 1500 ans. Ils se caractérisent par un réchauffement rapide de l’Atlantique Nord accompagné d’un refroidissement plus lent de l’Antarctique et d’une migration des zones pluvieuses tropicales. Ainsi ces cycles montrent plutôt une réorganisation des gradients de température, et l’hypothèse la mieux étayée pour les expliquer est une variation de la circulation océanique et du transport de chaleur associé. A l’inverse, le réchauffement climatique observé actuellement concerne l’ensemble des deux hémisphères et notamment la totalité des océans de la planète, ce qui indique un déséquilibre énergétique global d’importance et pas seulement une réorganisation des transports de chaleur.

Le GIEC s’est trompé lors de son précédent rapport, sur la fonte des glaciers en Himalaya

La masse des glaciers se réduit rapidement partout dans le monde mais effectivement, le GIEC a commis une erreur dans son précédent rapport : une erreur (2035 au lieu de 2350) dans un paragraphe, sur un rapport de 3000 pages.

Une erreur s’est donc bien glissée dans le dernier rapport du GIEC, dans la section 10.6.2 ; erreur sur laquelle se sont précipités les climato-sceptiques pour discréditer l’ensemble du travail du GIEC.

Cette affirmation était erronée : «  la probabilité de voir les glaciers en Himalaya disparaître d’ici 2035 – voire avant – est très élevée si la Terre continue à se réchauffer à la vitesse actuelle ».

Il s’agissait néanmoins d’une seule erreur au milieu d’un rapport de 3000 pages, dans la partie traitant des impacts des changements climatiques.

C’est la faute de la chaleur urbaine

Bien que les zones urbaines soient sans conteste plus chaudes que les zones rurales avoisinantes, cela n’a que peu d’effets, voire aucun, sur la tendance au réchauffement global observée.

Lorsqu’ils compilent les enregistrements de température, les scientifiques du GISS (« Goddard Institute for Spatial Studies ») de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) tiennent compte de l’influence des Îlots de Chaleur Urbains (ICU). Ils comparent les tendances climatiques à long terme des zones urbaines à celles des zones rurales voisines. Ces procédures sont décrites en détail sur le site de la NASA (Hansen 2001). Leurs études révèlent que, dans la plupart des cas, le réchauffement urbain est modeste et d’amplitude comparable à celle de l’erreur sur la mesure. Ces résultats sont confirmés par un examen critique effectué par des confères du NCDC (le « National Climatic Data Center », Peterson 2003), qui ont mené une étude statistique sur les anomalies de température en zones rurales et urbaines et aboutissent à la conclusion que « contrairement à une opinion largement répandue, l’impact de l’urbanisation sur l’évolution annuelle des températures ne peut être statistiquement démontré. Les zones industrielles d’une ville sont certes nettement plus chaudes que les territoires ruraux, mais les observations météorologiques sont le plus souvent effectuées dans les parties froides des villes et non dans les zones industrielles. »

L’abandon de l’écotaxe prive l’État de onze milliards d’euros, constate la Cour des comptes

Émilie Massemin
https://reporterre.net/L-abandon-de-l-ecotaxe-prive-l-Etat-de-onze-milliards-d-euros-constate-la-Cour

Dans leur bilan annuel publié ce mercredi, les magistrats de la rue Cambon décortiquent le coûteux fiasco de l’écotaxe, le retard de développement du fret ferroviaire et la mauvaise gestion des déchets ménagers en Ile-de-France.

L’argent des contribuables est-il utilisé à bon escient ? Réponse ce mercredi 8 février, dans les 1.300 pages du rapport annuel de la Cour des comptes. Outre la formation professionnelle, l’indemnisation des victimes d’accidents médicaux ou encore la gestion de la ville de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) par le député-maire, Patrick Balkany, les magistrats de la rue Cambon se sont intéressés à l’abandon de l’écotaxe, au développement laborieux des autoroutes ferroviaires et au traitement des déchets ménagers en Île-de-France.

L’écotaxe poids-lourds : « Un échec stratégique, un abandon coûteux »

L’écotaxe devait être acquittée par les poids-lourds, notamment étrangers, sous la forme d’une taxe kilométrique sur 15.000 kilomètres de routes françaises. Elle devait rapporter près de 890 millions d’euros de recettes à l’État, dont 684 millions devaient financer les infrastructures nationales de transport, notamment le train. Las, le projet a déclenché la fureur du secteur agroalimentaire breton. Le 29 octobre 2013, trois jours après un grand rassemblement de « Bonnets rouges » au portique de Pont-de-Buis (Finistère), au cours duquel un manifestant a eu la main arrachée par la grenade lacrymogène d’un CRS, le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé la suspension de l’écotaxe. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, l’a définitivement enterrée le 9 octobre 2014.

Une décision condamnée avec sévérité par la Cour des comptes. Tranché sans « aucune analyse préalable », l’abandon de l’écotaxe a représenté un manque à gagner de 9.833 millions d’euros de recettes pour les administrations publiques entre juillet 2013 et janvier 2025, calculent les hauts fonctionnaires. Par ailleurs, l’État a dû verser 957 millions d’euros d’indemnités à Ecomouv’, le consortium à qui il avait confié la mise en œuvre du projet. 70 millions d’euros, engagés par les différents ministères pour piloter l’écotaxe, ont également été dépensés pour rien.

La Cour des comptes dénonce aussi un « gâchis patrimonial important ». Les portiques et autres équipements, d’une valeur de 652 millions d’euros, se déprécient très vite et leur réutilisation semble « illusoire » aux magistrats de la rue Cambon. Ils regrettent finalement « une occasion manquée » : « Outre l’effet de report attendu vers des modes de transport alternatifs, l’écotaxe poids-lourds pouvait constituer, à terme, un outil efficace de fiscalité environnementale, en incluant progressivement dans son barème le coût des externalités négatives produites par le transport routier des marchandises. »

Le Grenelle de l’environnement de 2008 et l’engagement national pour le fret ferroviaire de 2009 visaient à faire passer de 14 % à 22 % en 2022 la part du transport n’utilisant pas les voies routières et aériennes. Objectif : diminuer les nuisances liées aux camions sur les routes – « bruit, pollution, encombrement des réseaux routiers, risques liés au transport de produits dangereux », est-il énuméré dans le rapport.

Or, la France ne compte que deux autoroutes ferroviaires. La première, l’autoroute ferroviaire alpine (175 kilomètres), relie Aiton (Savoie) à Orbassano (Italie). Sa fréquentation « connaît une certaine stagnation » : « entre 50 et 60 camions dans chaque sens par jour ouvré », observent les magistrats de la rue Cambon. Elle ne représente qu’un peu plus de 2 % de l’ensemble des poids-lourds qui empruntent les tunnels alpins du Mont-Blanc et de Fréjus. En cause, « un problème de qualité de service » avec de trop nombreux retards et suppressions de trains. L’autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg (AFPL), un axe de 1.050 kilomètres reliant Le Boulou (Pyrénées-Orientales) à Bettembourg (Luxembourg), attire quant à lui 40.000 semi-remorques par an — un chiffre qui doit être comparé aux 630.000 camions faisant le même trajet par la route.

 

D’autres projets n’arrivent pas à se concrétiser. La SNCF s’est retirée d’un projet de liaison ferroviaire entre le port de Marseille et Avignon, abandonné depuis. Lancé en 2005, le projet d’une autoroute ferroviaire atlantique de 1.050 kilomètres de long, reliant Tarnos (Landes) à Dourges (Pas-de-Calais), a déjà englouti 52,2 millions d’investissements sans jamais voir le jour. La Cour des comptes explique cet échec par des avis réservés du Commissariat général à l’investissement et de l’Autorité environnementale, ainsi qu’une forte opposition des habitants de Tarnos.

Ces constatations décevantes semblent nourrir un certain fatalisme chez les magistrats de la rue Cambon. Victimes collatérales de l’abandon de l’écotaxe, les autoroutes ferroviaires françaises « ne bénéficient pas des puissantes incitations au transfert de la route au rail dont profitent leurs homologues suisses », soulignent-ils. Mais en-dehors de recommandations très précises pour l’autoroute alpine et l’AFPL, ils se contentent dans leurs conclusions d’« espérer » que les autoroutes ferroviaires « entrent dans une nouvelle phase » en dépit d’une « concurrence de la route toujours aussi vive » — 87 % du transport de marchandises se faisait encore par la route en 2015.

Un conteneur de verre à Paris.

Là encore, le tableau n’est guère encourageant. 5,52 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés ont été collectées en 2013 en Île-de-France, soit 15 % des déchets de France. Alors que, depuis 2008, l’Union européenne préconise de privilégier la prévention et le réemploi des déchets, la région continue à incinérer 62 % de ses rebuts et à en abandonner 9 % en décharge. « En 2014, 28 % seulement des 462 kilos de déchets produits par habitant de la région, soit 125 kilos, ont été orientés vers des filières de recyclage », pointe la Cour des comptes. Un niveau très éloigné des objectifs de 45 % de déchets recyclés fixés pour 2015 par le Grenelle de l’environnement, et plus encore des 55 % en 2020 et des 65 % en 2025 prévus par la loi relative à la transition énergétique de 2015.

Sur ce sujet, les recommandations des magistrats de la rue Cambon sont nombreuses : entre autres, moderniser les centres de tri, développer le tri des déchets et coordonner tous les acteurs au niveau régional. Le verdict de la Cour des comptes est très clair : « Les nouvelles cibles de performance visées par le législateur risquent de rester lettre morte à défaut de multiples adaptations de fond. »

La transition énergétique selon BP

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/la-transition-energetique-selon-bp,78669

L’énergéticien britannique a publié sa vision prospective sur l’énergie. Avec quelques surprises à la clé.

Quelques semaines après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), c’est au tour de BP de présenter sa vision à moyen terme des marchés de l’énergie. En fin de semaine dernière, le pétrogazier britannique a publié, Comme chaque année, ses prospectives à 2035. Un exercice traditionnel dont les résultats peuvent surprendre.

La surprise n’est pas à chercher dans le bouquet énergétique. Celui-ci, rappelle le BP Energy Outlook 2017, restera majoritairement fossile, mais moins carboné. Charbon, pétrole et gaz resteront les sources d’énergie les plus généreusement exploitées: 78% de l’énergie primaire en 2035, contre 85% en 2015. Avec une croissance soutenue, les énergies décarbonées (nucléaire et renouvelables) doubleront pratiquement leur part de marché, passant de 14% en 2015 à 22% en 2035.

On consomme mieux une énergie…

Globalement, la demande d’énergie va progresser, mais à un rythme moindre que ces 20 dernières années. Avec l’arrivée de 1,5 milliard d’habitants et la sortie de la pauvreté de 2 milliards, la demande en kilowattheures devrait bondir de 31% ces 20 prochaines années (contre 53% entre 1995 et 2015). Faible croissance, alors que le produit national brut mondial devrait pratiquement doubler. L’intensité énergétique devrait donc diminuer d’environ 2% par an: deux fois mieux que durant la période 1975-2005!

La Chine devrait poursuivre sur sa lancée post COP 21. Son appétit pour l’énergie ne devrait plus croître que de 2% par an (pour un PNB en croissance de 5% l’an): un rythme trois fois inférieur à celui de ces 20 dernières années. A cette chute de 3% par an de son intensité énergétique, l’empire du Milieu ajoute un changement de son bouquet énergétique. Engagé au milieu de la décennie, le déclin du charbon devrait s’accélérer. Il pourrait ne plus représenter que 40% de la production d’énergie primaire vers 2035, contre près de 80% dans les années 1990. En complément, les énergéticiens chinois parient sur le gaz naturel (dont la part va doubler en 20 ans) et surtout sur les énergies décarbonées, qui devraient fournir le tiers de l’énergie primaire en 2035: trois fois plus qu’en 2015.

… de moins en moins carbonée

Ce virement de bord du premier consommateur mondial d’énergie ne sera pas conséquences sur les marchés mondiaux. Pour la première fois, BP estime plausible que la consommation planétaire de charbon se stabilise vers 2035. Le développement des énergies renouvelable est aussi plus rapide que ne le pensaient, l’an dernier, les prospectivistes du géant des hydrocarbures. Dans l’opus 2017, ils revoient de 15% à la hausse le productible des énergies vertes pour 2035.

L’arrivée en trombe des véhicules électriques, hybrides, autonomes, interpelle les pétroliers. Avec quelle conséquence sur la demande en carburants liquides?, s’interrogent-ils. Tout dépend des parts de marché que s’octroiera chacune des nouvelles écuries automobiles. Globalement, le parc auto mondial devrait plus que doubler dans les deux prochaines décennies, dépassant les 2 milliards de véhicules. Mais là où 100 millions de voitures électriques réduisent de 1,4 million de barils/jour la demande d’essence et de gazole (soit 16%), le même parc de véhicules autonomes abattent seulement la consommation de pétrole de 0,4 million de barils/jour.

Quid des émissions de CO2? Là non plus, rien n’est encore écrit. Sans grande évolution de nos politiques et de nos comportements, les rejets carbonés imputables à notre consommation d’énergie bondiront d’une quinzaine de pourcents, plafonnant à un peu moins de 40 milliards de tonnes de CO2 par an. Une transition énergétique ambitieuse, comprenant une taxe carbone de 100 $/t, pourrait, a contrario, faire baisser les émissions de 12%, voire de 32%, en contraignant par exemple les électriciens à stocker le CO2 et les propriétaires à rénover leurs bâtiments anciens.

 

 

 

Evolution annuelle (2015-2035) en % Scénario BP transition lente Scénario BP transition rapide Scénario AIE 450 Scénario MIT 2° La révolution Greenpeace
Emissions CO2 -0,7% -2% -2% -2% -3,2%
Energie 0,9% 0,8% 0,4% 0,5% -0,1%
Intensité énergétique -2,4% -2,5% -3% -2,9% -3,5%
Intensité carbone -1,5% -2,7% -2,3% -2,5% -3,5%
% dans le bouquet
Pétrole & gaz 51% 48% 48% 46% 39%
ENR 16% 23% 17% 29% 38%

Source: BP

 

Ces résultats sont-ils comparables à ceux d’autres études prospectives? Dans l’ensemble, oui. AIE, MIT ou Greenpeace, la plupart des grandes études internationales comparables voient baisser le rythme de consommation, les intensités énergétique et carbone. Toutes aussi annoncent un recul des énergies fossiles et une montée en puissance rapide des renouvelables et, souvent, du nucléaire. Ce qui diffère le plus souvent, c’est l’évaluation de la chute des prix à venir des énergies renouvelables, la rapidité avec laquelle les technologies de rupture et les nouveaux comportements se banaliseront. Des questions dont les réponses sont, avant tout, politiques.

«Krisi ekologikoa zibilizazio krisi bihurtu da»

«Kolapso ekosoziala» du hizpide: planetaren muga fisikoak gainditu izanaren kausak eta ondorioak aztertu ditu Yayo Herrerok. Baina klima aldaketaz harago doa haren analisia: metabolismo ekonomikoez eta gatazka sozialez mintzo da.
www.berria.eus/paperekoa/1914/012/001/2017-02-05/krisi_ekologikoa_zibilizazio_krisi_bihurtu_da.htm

Ikasketaz antropologoa eta nekazaritza ingeniaria da Yayo Herrero (Madril, 1965), baina borroka ekofeministan egin du ibilbidea. Espainiako Ecologistas en Accion federazioko buru jardun ostean, FUHEM fundazioan dabil egun, iraunkortasuna eta hezkuntza uztartzen. La gran encrucijada (Bidegurutze handia) liburua argitaratu berri du, Fernando Prats arkitektoarekin eta Alicia Torrego fisikariarekin batera.
Azken deia manifestua da liburuaren abiapuntua; 2014an kolapso ekosozialaz ohartarazi zuen. Zertan datza kolapsoa?

70eko urteetan argitaratutako Meadows txostenak jada azaleratu zuen hazkunde ekonomiko etengabea bideraezina zela, baliabide fisikoak mugatuak direlako, eta planetako bizia leheneratzea ahalbidetzen duten ziklo naturalen erritmoa ez datorrelako bat kapitalismoaren metabolismoekin. Orduan ohartarazi zuten muga horiek gaindi zitezkeela, eta 40 urte geroago, gainditu egin ditugu. Batetik, hainbat baliabide agortu dira; horrek ez du esan nahi petrolioa edo mineralak amaitu direnik, baizik eta geratzen dena ateratzea oso zaila dela, eta ez duela merezi. Eta, bestetik, giza biziarentzat funtsezkoak diren hainbat dinamika —polinizazioa, fotosintesia, uraren oneratzea…— urritzen ari dira, klima aldaketaren eta bioaniztasun galeraren ondorioz. Kolapso egoeran, arriskua dago produzitzeko eta ekonomia antolatzeko moduak bat-batean erortzeko, eta hala, bizia iraunarazi ezin izateko.
Zein aldagai dago kolapso hori neurtzeko?

Asko dauzkagu: berotegi efektuko gasen isuriak, itsasoaren maila igotzea, muturreko gertaera klimatikoak areagotzea… Baina aldagai oinarrizkoena aztarna ekologikoa da: adierazten du pertsona, hiri edo herrialde batek zenbat lur eremu behar duen bere bizi estilo materiala mantentzeko. Adibidez: Espainiako Estatuko biztanleek batez beste kontsumitzen dutena mantentzeko, hiru planeta baino gehiago beharko genituzke. Gainera, hondatze ekologikoa justiziarekin lotzea ahalbidetzen digu aldagai horrek: erakusten digu leku batzuetan lurraldeak ematen diena baino askoz material, baliabide eta energia gehiagorekin bizi direla, eta, beraz, kanpotik ekarri behar dutela. Ekonomiaren eremu materialaren hazkundea beste pertsona eta lurralde batzuen bizkar egin da beti.

Liburuan ongizate iraunkor kontzeptua erabili duzue: aztarna ekologikoaren eta giza garapenaren indizearen uztartze bat da, planetaren mugak errespetatzen dituena. Halakorik lortu duen herrialderik ba al da?

Polemikoa izaten da, baina orain arte Kuba da bi aldagaiok ondo uztartu dituen herri bakarra. Izan ere, energia eta materialen bat-bateko kolapsoa izan duen bakarrenetakoa da. 1990eko urteetara arte, Kubaren ekonomia kanaberan oinarrituta egon zen: produktu agrokimiko gehien kontsumitzen zuen herrietako bat zen. Baina SESB erori zenean, eta blokeoarekin batera, produktu horien fluxua eten zen, eta, egoera berrira moldatzeko, aldaketa batzuk oso azkar egin behar izan zituzten: bizikleta pila bat hartu zituzten, garraio motorizatua asko murriztu zuten, eta horrek ekarri zuen bizitza hurbil eratzeko dinamikak areagotzea; elikagaiak bertan ekoitzi behar zituztenez, nekazaritza eraldatu behar izan zuten, eredu ekologikoago batera; jendeak lurra lantzen berriz ikasi behar izan zuenez, unibertsitateko ikasketak horretara bideratu zituzten… Ekologistok desiragarritzat duguna egin zuen gizarte hark, baina herritarrentzat ez zen trantsizio desiragarria izan. Ez zuten borondatez egin, baizik behartuta, eta sufrimendu handiz. Baina, aldi berean, giza garapenaren indize handiei eutsi zieten. Kuban urakanek ez dute sarraski handirik eragin, baina konpara dezagun hori Katrina AEBetara heldu zeneko egoerarekin: errepideetan pertsonek elkar hil zuten gasolinagatik, eta beltzen auzoak erabat abandonatu zituzten. Uste dut Kuba adibide ona dela aztertzeko nola kudea daitezkeen halako baliabide murrizketak elkartasunaren eta biziaren babesaren ikuspegitik.

Ongizatearen eredu dira Eskandinaviako herrialdeak, baina ongizate hori iraunkorra al da?

Ez, aztarna ekologiko itzela dutelako. Munduko beste leku batzuen gainean zamatu dute haien ongizatea: energiaren eta produktuen kontsumo oso altua dute, eta asko inportatu egiten dute. Begiratu Txinara: munduaren fabrika bihurtu da, baina kutsaduraren arazoa haiek jasaten dute.

Zein lotura dute erregai fosilek kapitalismoa hedatzearekin?

Erregai fosilek, batez ere petrolioak, ezaugarri garrantzitsu bat dute: itzulera energetikoaren tasa oso altua izan dute, XX. mendearen lehen erdian batik bat. Kalitate handiko petrolioa ateratzeko prozesuan, inbertitutako upel bakoitzeko beste 100-110 jasotzen zituzten. Kapitalismoak berezkoa du hedatzeko joera, eta hori gauzatzeko energia bektore bat behar du. Erregai fosilek ahalbidetu zuten metabolismo ekonomiko horiek eraikitzea, lurraldeko baliabideak baino askoz gehiago erabiltzea eta urrundik ekartzea, eskala handian ekoiztea, hiri erraldoiak sortzea… Bestela, nola bizi daitezke hiru milioi pertsona Madrilen, bizirik irauteko balio duen ezer ekoizten ez badu?

Itzulera tasa jaisten ari bada eta, gainera, erregai fosilak ez ateratzearen alde egin behar bada, nola kudeatu behar dira herritarren beharrizan energetikoak?

Nahi eta nahi ez, gutxiago kontsumitu beharko dugu. Ekonomiaren eremu materialaren desazkundea egitate bat bada —ez ekologistok gustuko dugun aukera bat, baizik eta seguru gertatuko den zerbait—, bi modutara jorra daiteke. Bat: trantsizio ekologistarako prozesu azkar bat egin daiteke, eta hor badaude proposamen zehatzak. Eta bi: dinamika ekofaxistak ager daitezke. Botere ekonomiko, politiko eta militarra dutenak planteatzen ari dira euren bizi estiloak mantentzea, milaka lagun beren habitatetatik kanporatzea dakarren arren. Zer gertatzen ari da errefuxiatuentzako eremuetan hotzez hiltzen ari direnekin? Sektore bat bere ongizatearen lubakian babesten ari da, eta beste batzuen biziak kolapsatuta daude jada. Eta ardura politikoa dutenek informazioa distortsionatu besterik ez dute egiten. Krisi ekologiko hau zibilizazio krisi bihurtu da, gehiengo sozialek ez daukatelako egoeraren larritasuna antzemateko tresnarik: politikoki eta sozialki oharkabean pasatzen ari da.

Energia berriztagarriak giltzarri dira, baina energia eolikoarekin lotutako hainbat proiekturen aurka agertu da mugimendu ekologista. Zergatik?

Berriztagarrietarako trantsizioak berekin ekarri behar du energia kontsumoa txikitzea, baina ez da beti ikuspegi horretatik planteatzen: berriztagarrien bidez bizimodu berdinak mantentzera begira egiten da. Hori fisikoki ezinezkoa da, eta, gainera, parke eolikoak edonon jartzen saiatzea dakar. Eta guk ez ditugu soilik eolikoak behar; emankortasuna berreskuratzeko zein ura filtratzeko gai diren lurrak ere behar ditugu, eta leku batzuetan eolikoak jartzeak eragina du inguruan. Ekologistak berriztagarrien alde gaude, baina ez zaigu iruditzen bizia iraunarazteko beharrezkoak diren naturaren beste ziklo batzuk suntsitzea zilegi denik ahalik eta energia gehiena sortzearren.

Energia ekoizteko prozesuak birlokalizatu beharko lirateke?

Bai, ezinbestekoa da enpresa handien oligopoliotik ateratzea. Bestalde, energiaren alorrean ere funtsezkoa da produkzioa kontsumoaren lekura hurbiltzea, nahiz eta kasu batzuetan azpiegitura batzuek tamaina handiagoa izan beharko duten, eraginkorrak izateko.

Horrez gain, bizitzeko beharrezkoak diren baliabideen kontrol publikoa hartu behar dugu; baina ez soilik estatuaren kontrola, edo, ez behintzat estatu eredu honetan, gobernuen eta enpresen arteko ate birakariekin.

Zein eragin izango du gutxiagorekin bizitzeak egunerokoan?

Ekonomiaren eremu materiala ekologistok nahiko genukeen bezala txikituko bagenu, dagokiena baino askoz gehiago kontsumitzen dutenek aldatu beharko dute neurri handiagoan euren eguneroko bizimodua; eta bizitzeko gutxienekoak ez dituztenek euren kontsumoa handitu. Aberastasuna banatzea oinarrizkoa da.
Nola imajinatzen duzu etorkizun hori?

Garraio kolektiboa erabiliz, oinez eta bizikletan gehiago ibiliz; tableta gutxiago eta sakelako arruntagoak erabiliz; hurbil landutako produktuekin elikatuz; neguan etxean arropa gehiago jantziz eta udan abanikoa maizago erabiliz —besterik da pobrezia energetikoaren auzia, pertsona batzuek ez baitute etxea pixka bat berotzeko baliabiderik—; gutxiago kontsumituz, gehiago iraungo duen arropa gutxiago erosiz, altzariak etengabe ez aldatuz; urtero beste kontinente batera ez bidaiatuz… 1989an Espainiako Estatuan, egun kontsumitzen den energia primarioaren erdia baino gutxiago kontsumitzen zen, eta ez zitzaigun iruditzen gure bizitzak miserableak zirenik. Eremu material batzuk gutxitzeko traba nagusia iruditeria da: barneratu behar dugu deserosotasun kuota jakin batzuk funtsezkoak direla munduan denok bizi ahal izateko.

Hiriak gako dira, gero eta jende gehiago pilatzen dutelako, gainera. Nola aldatu behar dira?

Oso zaila da megahiriak iraunkorrak izatea, batez ere zentroa eta periferiak oso definituta badauzkate. Kontrara gertatzen da, adibidez, Istanbulen: hamabost milioi biztanle ditu, baina auzo bakoitza mikrohiri bat da, eta herritar asko ez dira ia bere auzotik mugitzen, bertan aseta dituztelako behar guztiak; hiria beste modu batera pentsatuta dagoenez, energia eta materialen erabilera beste hiri handietan baino txikiagoa da. Edonola ere, zentzugabea da hiriek hazten jarraitzea; ertainak iraunkorragoak dira, eta giza eskalan egokiagoak: ibiltzea errazten dute, garraio kolektiboan mugitzea… Dena den, gauza asko egin daitezke hirietan, etxeetako energia kontsumoa gutxitzeko batik bat.

Hazkunde demografikoa ere eztabaidagai da. NBEren arabera, mende erdirako 9.600 milioi pertsona biziko dira planetan, eta kopurua 11.000ra iritsiko da. Hazkundea geldiarazi behar al da? Modu etikoan egin daiteke?

Oso eztabaida zaila da. Arrazoiak diost muga fisikoak dituen planeta batean gizaki kopurua ere ezin dela mugarik gabe hazi. Baina iruditzen zait jaiotze tasa txikitzeko mekanismoetan bainoago, aberastasuna birbanatzeko tresnetan pentsatzen hasi behar dugula, kontuan izanda egun planetako biztanleen %20k baino gutxiagok baliabideen %80 baino gehiago kontsumitzen dituztela. Ez da bidezkoa ume asko dituztenengan zentratzea: Alemanian jaiotako haur batek Somaliako hamabostek baino gehiago kontsumituko du, segur aski. Gainera, jaiotza kontrolaz hitz egiteak beldurra ematen du. Batetik, herri pobretuenetan sortzen direlako haur gehien, eta jardun eugenesikoak edo faxistak ekar ditzakeelako. Eta bestetik, gobernuek edo botere esparruek historikoki izan dituzten praktikak oso bortitzak izan direlako emakumeen gorputzekin: esterilizazio behartuak, haur bakarreko politikak… eta horien ondoriozko desorekak.

Gutxiagorekin bizitzeko erronka iruditerietan dagoela esan duzu. Eraldaketa horretarako baldintza sozialik ba al da?

Uste osoa daukat jende askok argi ikusiko lukeela, diskurtso masibo bat egingo balitz. Adibidez: duela urte batzuk Madrilen lehorte handi bat izan zen, eta ur mozketak egitea planteatu zen; aurretik, baina, kanpaina masibo bat egin zuten, ura aurrezteko beharraz ohartarazteko, eta etxeetako ur kontsumoa erradikalki jaitsi zen. Beraz, jendearengana heltzeko gaitasuna eta borondatea badago, egin daiteke. Arazoa da diskurtsoan jauzi kualitatibo bat emateko arazoak dauzkagula: ez dakigu nola heldu jende gehiagorengana. Gainera, auzi honek aurrez aurre ditu enpresa handien interesak; beraz, komeni da ezkutatzea.

Zuk esana da: «Lan desiraezinak daude, pertsona desiragarriek egiten dituzten arren». Enplegu desiraezinak defenditzen jarraitu behar al dute sindikatuek?

Interesgarria da eztabaida hori, sindikatuentzat ere ez baita batere erraza. XIX. mendeko sindikalismoa ez zen jaio lanpostuak defendatzeko, baizik eta indarrak metatzeko, langileen baldintzak hobetze aldera. Gerora, itun keynestarraren ondorioz, lanaren nozioa enplegura murriztu zuten, eta enplegua mantentzea lehenetsi zutenez, norabidea aldatu zuten: adibidez, langileentzako osasun baldintza onak eskatu ordez, lanean pozoitzen direnei gehiago ordaintzea eskatzen hasi ziren. Nire ustez, arazo global honen aurrean, sindikatuek lanpostu bakoitza zaintzeari utzi beharko liokete, lanpostuotan daudenen eta besteen bizi baldintzak hobetzeari begiratzeko. Izan ere, sektore batzuetan lana prekarizatzen ari da, ez politika ekologistak aplikatzeagatik, baizik eta kapitalismoaren dinamika sektoreok itotzen ari delako. Erronka da ondo pentsatzea berregituratu beharreko lanpostuetan dauden pertsonak nola babestu.