Articles du Vendredi : Sélection du 7 septembre 2012 !

Changement climatique : le prix des aliments de base pourrait doubler d’ici vingt ans

AFP
www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/05/rechauffement-climatique-le-prix-des-aliments-de-base-pourrait-doubler-d-ici-vingt-ans_1755698_3244.html

Le ministre du climat Danois : le changement climatique est une «menace grave» pour l’économie

Traduit de l’anglais par Jon
www.smh.com.au/environment/climate-change-serious-threat-to-economies-danish-minister-20120906-25fe4.html

L’extraterrestre de Roswell nie le réchauffement climatique…

Pierre Barthélémy (@PasseurSciences sur Twitter)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/08/01/rejet-science-theories-complot-climatosceptiques/

Il faut intéresser les plus modestes à une écologie en perte de vitesse

Géraud Guibert, membre du conseil national du Parti socialiste
www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/23/il-faut-interesser-les-plus-modestes-a-une-ecologie-en-perte-de-vitesse_1749080_3232.html

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Changement climatique : le prix des aliments de base pourrait doubler d’ici vingt ans

AFP
www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/05/rechauffement-climatique-le-prix-des-aliments-de-base-pourrait-doubler-d-ici-vingt-ans_1755698_3244.html

Avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes qui l’accompagnent (sécheresses, inondations et ouragans), les prix des aliments de base pourraient doubler dans les vingt prochaines années (par rapport à 2010), prévient l’organisation Oxfam dans un rapport publié mercredi 5 septembre 2012.

 

Oxfam juge que les effets du réchauffement sont “sous-estimés” car “les changements à évolution lente des températures moyennes et des schémas de précipitations”, globalement défavorables à l’agriculture, se doubleront de “pertes de cultures causées par des événements météorologiques extrêmes, plus fréquents et plus intenses”.

LE PRIX DU MAÏS POURRAIT GRIMPER DE 140 %

En 2030, estime l’ONG, le risque accru de sécheresse, semblable à celle qui sévit depuis juin notamment aux Etats-Unis – la plus grave depuis un demi-siècle – pourrait ainsi faire grimper le prix du maïs de “140 % par rapport au prix moyen des denrées alimentaires” à cette date. “Cette hausse s’ajoutera à la hausse déjà inévitable des prix des denrées alimentaires envisagée avec le changement climatique”, a insisté Clara Jamart, responsable des questions d’agriculture et d’alimentation d’Oxfam.

 

En Afrique australe, “sécheresses et inondations pourraient faire augmenter de 120 % le prix à la consommation du maïs et d’autres céréales secondaires”, montre encore l’étude. Rapporté au prix actuel, le sac de 25 kilos de farine de maïs (ration minimale d’une famille pour deux semaines) passerait de 18 à 40 dollars.

 

L’étude – “La Terre se réchauffe, les prix flambent” (titre original : “Extreme Weather, Extreme Prices”) – se fonde sur les travaux de l’Institute of Development Studies de l’université du Sussex (Grande-Bretagne) effectués pour le compte d’Oxfam.

 

Les chercheurs ont modélisé les scénarios d’événements extrêmes sur l’Afrique sub-saharienne et chacune des principales régions exportatrices du monde pour le riz, le maïs et le blé, afin d’estimer l’impact possible en 2030 sur les prix à l’export et les marchés intérieurs. À l’exportation, les prix du maïs augmenteraient de 177 %, ceux du blé de 120 %, ceux du riz raffiné de 107 %.

LES PLUS PAUVRES PAIERONT LE PRIX FORT

En outre, “la modélisation suggère qu’un ou plusieurs événements climatiques extrêmes survenus en une seule année pourraient donner lieu à des flambées des prix d’une ampleur comparable à vingt années de hausse des prix sur le long terme”, relèvent les auteurs. Ce sont “les populations les plus pauvres qui paieront cette flambée au prix fort : quand un ménage français consacre en moyenne 15 % de son budget à se nourrir, au Sahel cette part peut aller jusqu’à 50 ou 75 %”, relève Clara Jamart.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, mandaté par l’ONU) prévoit une augmentation des températures de 2,5 °C à 5 °C d’ici à la fin du siècle, accompagnée d’“événements climatiques extrêmes sans précédent”. En dépit de ses engagements, la communauté internationale ne parvient pas à juguler les émissions de CO2, responsables du réchauffement de l’atmosphère.

Le ministre du climat Danois : le changement climatique est une «menace grave» pour l’économie

Traduit de l’anglais par Jon
www.smh.com.au/environment/climate-change-serious-threat-to-economies-danish-minister-20120906-25fe4.html

La lutte contre le réchauffement climatique doit se hisser en haut de l’agenda politique mondial et l’Union européenne doit mener l’adoption de politiques respectueuses du climat, selon le ministre du climat du Danemark Martin Lidegaard.
«Le changement climatique n’est pas seulement un bombe à retardement environnementale, il s’agit d’une grave menace pour nos économies et notre bien-être,” écrit Lidegaard aujourd’hui dans une déclaration au cours d’une discussion en ligne organisée par le Forum du climat et de l’énergie du WWF . “Le mot d’ordre est très clair: nous devons agir maintenant.”
L’appel du Danemark à davantage d’efforts pour réduire les gaz à effet de serre, que les scientifiques accusent de provoquer le réchauffement climatique, est lancé car se tient une semaine de discussions informelles à Bangkok aujourd’hui afin de préparer le terrain pour le prochain sommet de l’Organisation des Nations Unies. Les entretiens ont été “embourbés dans la petite politique» et les gouvernements n’ont “toujours pas montré de l’ambition” selon la déclaration de Greenpeace dans un communiqué aujourd’hui.
Sans nouvelles mesures pour réduire la pollution, la planète pourrait se réchauffer de 2,6 à 4,1 degrés Celsius (de 4,7 à 7,4 degrés Fahrenheit), selon un rapport publié hier par Climate Action Tracker, un projet mené par trois groupes de recherche européens. Cela voudrait dire dépasser le seuil clé de 2 degrés Celsius au-dessus du niveau préindustriel, dont les scientifiques de l’ONU disent que cela pourrait provoquer des vagues de chaleur, des inondations et des tempêtes violentes.
Les politiques climatiques au cours des dernières années ont été paralysées par la récession et les inquiétudes qui en découlent que la lutte contre le réchauffement climatique serait « trop coûteuse, étant donné l’état des finances publiques et la croissance économique déprimée », selon Dimitra Mavraki, ancien conseiller au ministère de l’environnement grec.
Pas une option
“Notre expérience indique que le statu quo n’est pas une option pour que la reprise économique soit durable», écrit-elle dans le débat du Forum sur le climat et l’énergie . “Il y a donc un besoin d’un soutien politique clair pour les technologies sobres en carbone et un nouveau mix énergétique de l’UE. Pour moi, la seule façon de sortir est la promotion des sources d’énergie propre et autochtones, tels que les sources d’énergie renouvelables. “

 

 

 
Afin de réduire la pollution et la dépendance aux combustibles fossiles l’Europe a l’intention d’augmenter la part des énergies renouvelables à une moyenne de 20 % d’ici la fin de cette décennie, la réduction des gaz à effet de serre de 20 % en 2020 par rapport aux niveaux de 1990 et d’augmenter l’efficacité énergétique de 20 %.

Le ministre de l’Environnement Polonais Marcin Korolec a déclaré sur le forum que les politiciens ont “besoin de combiner l’agenda climatique avec le programme de croissance» pour ne pas risquer de perdre la course contre la montre.
“Les économies d’énergie, entraînant le développement des technologies vertes, et la consommation responsable [“les achats conscientisés”] sont précisément les bonnes choses à faire», a-t-il dit.

L’extraterrestre de Roswell nie le réchauffement climatique…

Pierre Barthélémy (@PasseurSciences sur Twitter)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/08/01/rejet-science-theories-complot-climatosceptiques/

Bon. Voilà. Le jour où la vérité éclate finit toujours par arriver. Alors, même si cela m’est difficile, j’ai un aveu à vous faire. Ou plutôt une série d’aveux. Je ne peux plus me taire. J’ai sans cesse dû retarder ce moment, sous la pression de ceux qui savaient (et ils sont plus nombreux que vous le croyez) et m’obligeaient à ne rien dire. J’ai bien essayé une fois de crier la vérité mais ceux qui contrôlent tout, dont je ne peux révéler le nom, veillaient au grain et ont transformé mon texte en une bouffonnerie que personne n’a crue. Cette fois, au moins pour quelques minutes, avant que ce blog et ses archives disparaissent, vous pourrez savoir, quel que soit le prix à payer. Car il faut absolument que vous l’appreniez si vous ne vous en doutez pas encore, une conspiration de scientifiques a pris le contrôle du monde, elle nous fait croire que l’homme est allé sur la Lune, que le tabac provoque le cancer, que le sida est dû à un virus, que les extraterrestres ne viennent pas régulièrement nous voir, que les températures de la planète se réchauffent et que l’homme en est responsable… Tout cela n’est que le résultat d’une vaste, d’une ignoble conspiration.

 

Ce qui précède est probablement le paragraphe que certaines personnes rêveraient de me voir écrire sérieusement et je ne doute pas qu’une partie d’entre elles le sortiront de son contexte afin de triompher sur les blogs où s’exprime leur goût pour le négationnisme scientifique ou pour les conspirations globales. Tout le problème pour eux, c’est qu’il ne s’agit que d’un bout de fiction. Rien n’y est vrai, à l’exception de ce lien, précisément, entre théories du complot et rejet des résultats de la science, en particulier dans le domaine du changement climatique. Un lien que vient de mettre en évidence une équipe de l’université d’Australie-Occidentale dans une étude que publiera prochainement la revue Psychological Science.

Il n’est guère sorcier de deviner qu’une organisation comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne peut qu’attirer la méfiance des partisans des thèses conspirationnistes. Par ailleurs, qu’un consensus scientifique rassemble plus de 95 % des chercheurs d’une discipline est tout aussi suspect aux yeux des complotistes, encore plus quand on sait que les grands instituts de recherche n’ont pas forcément les mêmes modèles, les mêmes jeux de données et travaillent indépendamment les uns des autres… Pour mettre en évidence le lien entre goût pour le conspirationnisme et rejet de la science, les chercheurs de l’université d’Australie-Occidentale sont allés là où ces deux concepts s’expriment le mieux, c’est-à-dire sur Internet. Ils ont fait publier un questionnaire approfondi sur huit blogs traitant du climat. Il faut noter au passage que les cinq blogs climatosceptiques auxquels ils ont proposé leur sondage ont tous refusé de collaborer..

Au total, 1 145 questionnaires complétés en intégralité ont été retenus (un seul par adresse IP) et les résultats sont assez éloquents. Celles et ceux qui ont une propension à s’approprier toute théorie complotiste sont aussi les mêmes qui vont rejeter entièrement des faits ou des consensus scientifiques. Les personnes croyant qu’un puissant groupe secret baptisé Nouvel Ordre mondial a pour but de supprimer les Etats souverains et de gouverner le monde, que les missions Apollo ne sont jamais allées sur la Lune mais ont été filmées à Hollywood, que le gouvernement américain a autorisé les attentats du 11-Septembre dans les buts, déterminés à l’avance, de faire la guerre en Afghanistan et en Irak et de limiter les libertés aux Etats-Unis, que la mort de la princesse Diana n’est pas accidentelle mais un meurtre prémédité par des membres de la famille royale britannique, que les militaires américains ont bel et bien trouvé les débris d’un engin extraterrestre à Roswell en 1947, etc, ces personnes-là ont nettement plus tendance que les autres à penser que le réchauffement climatique n’est pas une réalité, que le sida n’existe pas (ou bien qu’il n’est pas causé par le VIH) ou encore que le tabac ne provoque pas le cancer du poumon.

L’étude confirme aussi de manière très nette le clivage important, au sujet de la science climatique, entre les grands courants politiques américains, un clivage déjà mis en lumière par de nombreux sondages au fil des ans. Pour schématiser, les Républicains ont majoritairement tendance à penser que le réchauffement n’est pas scientifiquement avéré, qu’il ne s’agit donc pas d’un problème important, que les chercheurs ne sont même pas d’accord sur ses origines et que les médias en exagèrent les effets. Les Démocrates ont, en moyenne, des positions inverses et font davantage confiance aux résultats de la recherche. Dans leur livre Les marchands de doute, Naomi Oreskes et Eric Conway soulignent que les petits groupes néolibéraux qui ont semé le doute sur la réalité du réchauffement climatique (après avoir fait la même chose pour le lien tabac-cancer ou celui entre le trou de la couche d’ozone et les CFC) voient comme une menace toute découverte scientifique qui risque d’avoir pour conséquence une régulation du marché. Un article publié en 2008 par Environmental Politics a également montré que, sur 141 livres sur l’environnement publiés entre 1972 et 2005 avec une tonalité “sceptique”, 92 fois sur 100, le ou les auteurs étaient liés à un think tank conservateur…

L’étude à paraître dans Psychological Science parvient aux mêmes conclusions, car de nombreuses questions étaient posées aux internautes sur leur conception de l’économie et du rôle que l’Etat doit y tenir. Les plus ardents partisans de l’économie libérale et du laissez-faire sont aussi ceux qui se méfient le plus de la science climatique. Finalement, on s’aperçoit que théories du complot et rejet de la science s’appuient sur un socle psychologique commun : une suspicion automatique pour la version officielle. C’est comme une opposition de principe pour ce qui, au sein de la communauté scientifique, fait consensus, surtout quand ce consensus risque de mener à une intervention de l’Etat, à une réglementation perçue comme une restriction des libertés. Pour terminer, je rappellerai que le sénateur Républicain, James Inhofe, déjà distingué sur ce blog pour avoir dit que Dieu ne permettait pas le réchauffement climatique, ne vient-il pas de publier un livre sur le sujet intitulé The Greatest Hoax (Le plus grand canular), dont le sous-titre est très clair : “Comment la conspiration du réchauffement climatique menace votre avenir” ?

Il faut intéresser les plus modestes à une écologie en perte de vitesse

Géraud Guibert, membre du conseil national du Parti socialiste
www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/23/il-faut-interesser-les-plus-modestes-a-une-ecologie-en-perte-de-vitesse_1749080_3232.html

Il y a seulement quelques années, qui paraissent déjà bien lointaines, l’écologie était au coeur de l’actualité politique et économique. La communauté internationale, les Etats, la société civile se mobilisaient pour ce qui était considéré à la fois comme une nécessité absolue pour la planète et l’espèce humaine et une opportunité majeure pour sortir enfin de la crise économique quasi permanente que connaissent les pays développés depuis une quarantaine d’années.

Cet engouement a disparu, alors que les problèmes, le changement climatique, la surexploitation des ressources, l’effet des pollutions sur la santé, n’ont fait que s’aggraver. Dans notre pays, le Grenelle de l’environnement a entraîné une déception à la hauteur de l’espoir qu’il avait suscité.

L’écologie a été absente de la campagne présidentielle. Le score de la candidate officiellement étiquetée écologiste a été un des symptômes, parmi d’autres, de sa marginalisation, que ne suffisent pas à expliquer des erreurs de campagne et le vote utile. L’environnement est considéré par beaucoup comme une préoccupation lointaine alors que les suppressions d’emplois se multiplient et que l’activité économique stagne.

Cet effacement est invraisemblable compte tenu du potentiel d’emploi de l’économie verte, non seulement en matière d’innovation technologique, mais aussi et peut-être surtout dans les nouvelles organisations économiques qu’elle suggère. Elle s’explique par plusieurs nouveaux paradoxes, dont il est urgent de prendre conscience et d’en tirer les conséquences.

Le premier se situe au plan international : plus le consensus scientifique se confirme sur la gravité de la situation écologique et sur la responsabilité des hommes dans son origine, moins la communauté internationale paraît prête à agir.

Dans le domaine climatique, les dernières années ont confirmé de manière spectaculaire, et peu soulignée dans notre pays, la défaite des climatosceptiques, incapables de démontrer l’absence de responsabilité de l’homme dans les changements en cours et à venir. En matière sanitaire, des avancées majeures de la connaissance ont été mises au jour sur le rôle des nuisances, de celui des particules diesels dans l’accroissement des cancers aux graves conséquences des pesticides notamment sur la santé des agriculteurs, en passant par les effets de la malbouffe.

Pourtant, si certains pays agissent, la communauté internationale semble de moins en moins décidée à se mettre d’accord sur des politiques ambitieuses et coordonnées. Le multilatéralisme, très délabré, est incapable de déboucher sur de vraies avancées. Le rapport de force a basculé en faveur des pays émergents qui refusent de se laisser lier les mains par les pays développés.

Les décisions vont donc se prendre, demain encore plus qu’aujourd’hui, dans le cadre de grands ensembles régionaux plutôt que par la communauté internationale. Le choix stratégique repose donc notamment sur l’Europe. Notre continent a intérêt à accentuer l’effort de verdissement de son économie, ne serait-ce que pour prendre de l’avance dans la compétition mondiale. En contrepartie, pour éviter des délocalisations massives d’emplois, il est indispensable pour notre continent de définir et de mettre en oeuvre les moyens pour égaliser les conditions de la concurrence environnementale face au reste du monde, en tout cas pour les pays qui ne jouent pas le jeu. De ce point de vue, la proposition de François Hollande de taxe carbone aux frontières de l’Europe est essentielle.

Le deuxième paradoxe concerne les politiques publiques. Plus l’économie verte offre des perspectives séduisantes dans un contexte déprimé, en particulier en termes d’emplois, moins elle a, dans les pays industrialisés, de facilités à s’imposer comme une priorité de court terme.

En Europe, par exemple, la crise de la zone euro mobilise les énergies, et le soutien à la croissance est revenu à l’ordre du jour. Mais la définition du cadre de la relance économique a été le principal sujet de discussion, beaucoup plus que son contenu, alors que l’Europe de l’énergie reste encore à construire. Il en va de même sur les choix faits en matière de politique monétaire, qui ne montrent aucune sélectivité dans les secteurs à promouvoir.

Contrairement à ce qui s’entend parfois, la nouvelle économie verte ne peut, à ce stade, se développer et créer des emplois sans effort public, financier, réglementaire ou pour la formation aux métiers correspondants. Le plan automobile du gouvernement l’illustre fort bien : en s’attachant au développement des véhicules propres, qui aurait d’ailleurs pu être complété par une priorité explicite donnée à la recherche et au développement de moteurs basse consommation en carburant, il fait le choix de l’avenir sans se laisser aller aux facilités d’une relance générale du marché, qui montrerait très vite ses limites.

Dans un contexte de grave crise et de rareté des fonds publics, elle suppose de la part des pouvoirs publics des choix privilégiant la préparation de l’avenir plutôt que de conforter un modèle productif en voie d’être dépassé.

Le troisième paradoxe est économique et social. Compte tenu de la hausse des prix de l’énergie, l’investissement écologique est de plus en plus rentable mais a tendance à stagner, voire à régresser.

Le choix de l’avenir écologique suppose d’investir, dans des machines et des technologies propres, dans des logements bien isolés, pour économiser des charges de fonctionnement. Ces investissements sont bien souvent rentables, à long terme. Notre pays bénéficie en outre d’un fort taux d’épargne, permettant en théorie leur financement.

Encore faut-il que ceux qui en ont besoin, habitant dans des logements mal isolés et souvent locataires ou propriétaires aux revenus modestes, PME aux moyens limités, aient accès de manière suffisante à ces financements. C’est trop rarement le cas.

 

La transition écologique et énergétique, loin d’être seulement une évidence écologique, est d’abord une nécessité économique et une exigence sociale. C’est pourquoi il faut imaginer de nouveaux outils, fondés sur l’épargne et dirigés vers les catégories modestes. Pour cette même raison, l’instauration d’une fiscalité écologique plus ambitieuse est indispensable, mais elle doit s’opérer dans le cadre d’une réforme fiscale d’ensemble garantissant une plus grande égalité.

Tous ceux qui sont attachés à l’écologie, quelle que soit leur opinion politique, devraient la porter, la soutenir et contribuer à sa réalisation. Sinon, tout regain d’activité va se heurter au plafond de verre du coût de l’énergie, de l’épuisement des sols et des nuisances.

Et ce seraient au bout du compte les ménages modestes, qui par leurs factures d’eau, de gaz, d’électricité, de carburants ou de produits alimentaires, sans parler bien sûr de leur santé, qui en subiraient le plus fortement les effets, comme c’est hélas le cas aujourd’hui. Identifier et débattre de ces nouveaux paradoxes est la condition nécessaire pour s’y engager et fonder enfin l’écologie attractive, réaliste, humaniste et sociale dont nous avons besoin.