Articles du Vendredi : Sélection du 7 avril 2023

Les lobbies ont saboté une proposition de loi interdisant les écrans publicitaires
Mickaël Correia
www.mediapart.fr/journal/politique/050423/les-lobbies-ont-sabote-une-proposition-de-loi-interdisant-les-ecrans-publicitaires

Les députés Renaissance, Les Républicains et RN ont repris les argumentaires du lobby du secteur pour torpiller en commission un texte interdisant les écrans publicitaires. L’élu de la majorité Stéphane Buchou à la manœuvre de ce blocage est l’ex-directeur adjoint du premier réseau de panneaux numériques de France. 

Un dynamitage en règle. Façon puzzle. Le 28 mars dernier, la commission développement durable de l’Assemblée nationale a examiné une proposition de loi visant à interdire la publicité lumineuse et numérique dans l’espace public. Le texte est porté par les députées écologistes Lisa Belluco et Delphine Batho.

« En 2019 et 2020, une même proposition de loi a été retoquée, mais aujourd’hui nous sommes dans un contexte de crise énergétique, et nous avons un gouvernement qui parle sans cesse de sobriété, explique à Mediapart cette dernière. C’est donc une loi de bon sens, sachant que Réseau de transport d’électricité (RTE) et l’Union française de l’électricité appellent à une régulation de ces panneaux de pub numérique qui sont en plein boom. »

Selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique, le pays comptait 55 000 panneaux publicitaires digitaux en 2019. Leur nombre augmente de 20 % par an. Et la consommation électrique d’un écran digital de 2 m² est estimée entre 2 000 et 7 000 kWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’un ménage.

Dans son rapport (« Futurs énergétiques 2050 »), RTE a appelé à « la disparition progressive des écrans publicitaires » pour économiser l’énergie et limiter l’hyperconsommation.

« L’État demande aux Français des efforts de sobriété et, dans la rue, de plus en plus d’écrans publicitaires sont allumés. Par ailleurs, on sait que la diminution de la pression publicitaire entraîne une baisse de la surconsommation », souligne Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer chez Résistance à l’agression publicitaire.

Des éléments de langage du secteur publicitaire

Malgré ces impératifs liés à la sobriété énergétique et à l’urgence climatique, les député·es Renaissance, Les Républicains (LR) et Rassemblement national (RN) ont, de front, vidé de sa substance la proposition de loi lors du débat en commission.

Pour leur argumentaire contre l’interdiction de ces panneaux énergivores, les élu·es ont repris au mot près les éléments de langage du secteur publicitaire. Ce dernier, incarné par la FESPA – l’organisation professionnelle des métiers de la communication visuelle –, a envoyé directement dans la boîte mail des député·es un document de contre-argumentation qu’a pu consulter Mediapart.

D’autres éléments de langage des député·es anti-interdiction semblent pour leur part tout droit tirés d’une étude commandée en mars par l’Union de la publicité extérieure (UPE), organisation représentative de la profession.

Stéphane Buchou, député Renaissance de la Vendée, a ouvert les hostilités en arguant : « Il est faux de sous-entendre que la réglementation n’existerait pas dans ce secteur d’activité. Au contraire, la loi “climat et résilience” et le Code de l’environnement prévoient de nombreuses restrictions. »

Un argument que l’on peut lire à la fois dans le communiqué envoyé aux élu·es par la FESPA, qui insiste sur le fait que « le cadre règlementaire est déjà très complet et qu’il est inutile de créer, encore, de nouveaux textes », et dans l’étude de l’UPE : « La publicité extérieure a fait l’objet d’un encadrement réglementaire ininterrompu depuis une douzaine d’années. »

Des justifications copiées-collées du rapport de l’Union de la publicité extérieure.

Un autre élément contre la proposition de loi avancé par Stéphane Buchou comme par le député RN Daniel Grenon est que les écrans de pub numériques remplissent une fonction d’information municipale.

L’élu d’extrême droite a aussi déclaré durant le débat en commission que « 60 % du chiffre d’affaires des régies publicitaires profitent aux collectivités locales » et que « la publicité lumineuse représente environ 15 000 emplois en France ».

Trois justifications copiées-collées du rapport de l’UPE qui explicite qu’« une part importante du chiffre d’affaires de la publicité extérieure et de la presse correspond à des dépenses de communication locale » et que « la publicité extérieure consacre une partie significative de ses recettes aux acteurs locaux (i.e. ~ 55 % à ~ 65 %) », secteur qui « emploie directement ou indirectement plus de 15 000 salariés ».

Enfin, les députés Pierre Vatin (LR) et Romain Baubry (RN) ont clamé que grâce aux lampes LED, la filière était peu énergivore, la facture d’électricité due à la publicité lumineuse représentant à peine 0,028 % de la consommation totale du pays. Là encore, ces deux arguments figurent en toutes lettres dans le document de la FESPA reçu par les élu·es et dans l’étude commandée par l’UPE.

« C’était un vrai bingo de l’argumentaire habituel du lobby publicitaire sur le supposé faible impact climatique des écrans publicitaires », soutient Nicolas Nace, chargé de campagne sur la transition énergétique à Greenpeace.

Une étude de l’Ademe-Arcep publiée ce mois-ci démontre que pour diminuer notre empreinte carbone d’ici à 2050 tout en restant dans les clous climatiques, les écrans publicitaires doivent disparaître.

Un député ex-VRP des écrans publicitaires

L’argument phare de Stéphane Buchou, et qui a été martelé deux fois par l’élu durant l’examen du texte en commission, est que « les panneaux dits “quatre par trois”, qui utilisent beaucoup de papier, de colle, de solvant », auraient une « empreinte carbone » supérieure « par rapport à celle d’un écran numérique » qui nécessite « moins de déplacements » en voiture pour changer les affiches.

Cette justification se retrouve sur la page d’accueil du site de Cocktail Vision, une entreprise vendéenne se définissant comme le « premier réseau numérique publicitaire outdoor grand format de France ».

Le député Renaissance a été de 2009 à 2017 directeur adjoint de Cocktail Vision, « premier réseau numérique publicitaire outdoor grand format de France ».

On peut y lire : « Le bilan carbone du panneau lumineux est 7 fois moins élevé qu’un panneau d’affichage classique. » En 2020, alors qu’une même proposition de loi sur l’interdiction des panneaux publicitaires était en discussion à l’Assemblée, Cocktail Vision était monté au créneau dans la presse, en arguant que « les panneaux numériques sont autant de papier en moins, de colle, de véhicules sur les routes pour aller changer les affiches ».

Or le député de la Vendée, Stéphane Buchou, qui reprend cet élément de langage, a été d’octobre 2009 à juin 2017, année de son élection, directeur adjoint de Cocktail Vision.

Interrogé sur le fait qu’il reprenne les arguments de son ancien employeur sans se déporter du vote sur la proposition de loi, Stéphane Buchou avance à Mediapart : « J’ai eu une vie avant d’être député. J’ai quitté l’entreprise il y a 6 ans, cela fait de moi quelqu’un qui connaît le sujet, qui ramène son expertise au même titre qu’un élu acteur du soin est expert sur les questions de santé. Je suis parfaitement neutre dans ma façon de suivre ce dossier. »

Une proposition de loi vidée de sa substance

Cette offensive conjointe de Renaissance, LR et RN a accouché d’une proposition de loi entièrement remaniée dans laquelle l’article unique a été sapé à coups d’amendements de suppression. « Le texte a été vidé de sa substance et a été remplacé par cinq articles peu ambitieux qui mentionnent par exemple le fait d’étendre les aires de protection vis-à-vis de la pollution lumineuse », regrette Thomas Bourgenot de Résistance à l’agression publicitaire.

La proposition de loi aurait dû être examinée ce jeudi 6 avril, lors de la première niche parlementaire de cette législature pour les député·es écologistes. Mais en l’état du texte, le groupe EELV a décidé de ne pas présenter le texte en séance publique.

Qu’on se rassure. Clément Beaune, ministre des transports, a annoncé le 27 mars en fanfare une charte d’engagement publicitaire choc en matière de sobriété pour répondre au changement climatique. Désormais, les publicités lumineuses s’éteindront chaque soir dès que les gares, les métros ou les aéroports seront fermés. Les professionnels du secteur tremblent déjà.

Capitalisme : les impasses de la « redirection écologique »
Emmanuel Daniel
https://reporterre.net/Capitalisme-les-impasses-de-la-redirection-ecologique

Dans son livre « Politiser le renoncement », le professeur en redirection écologique Alexandre Monnin tente de répondre à une question : comment sortir des héritages nocifs légués par le capitalisme ?

Qu’ont en commun les centrales nucléaires, un champ rendu infertile par les pesticides, la succession de catastrophes climatiques et la chaîne logistique d’Amazon ? Ce sont des héritages que nous lègue le capitalisme et qui menacent l’habitabilité de la planète. Ces cadeaux empoisonnés, Alexandre Monnin, professeur notamment à l’ESC Clermont et auteur de Politiser le renoncement, les qualifie de « communs négatifs ».

On connaît déjà leur pendant positif que l’on nomme simplement communs, à savoir les « ressources partagées qui ont une utilité pour une communauté qui en prend soin ». Alexandre Monnin produit une lecture critique de cette notion et la prolonge. Il propose de prendre soin des « réalités dont personne ne veut » et « dont les effets sont jugés négatifs ». Et le spectre est large : « Smartphone et 5G, pétrole et énergies fossiles, supply chain (chaîne d’approvisionnement en français), modèle d’attractivité entre territoires, mesures néolibérales, doctrines économiques ou managériales hors-sol… »

Il distingue deux types de communs négatifs. Les dégâts déjà là, qu’il appelle « ruines ruinées » : les déchets, les pollutions ou encore les effets du dérèglement climatique. Et les dispositifs qui vont continuer à nous impacter négativement, les ruines « productives de nouvelles ruines » qu’il nomme « ruines ruineuses ». « Le plus ruineux aujourd’hui ce ne sont pas les mines à ciel ouvert […] mais les dispositifs qui commandent de les creuser, les modèles économiques qui les rendent profitables ou encore les chaînes d’approvisionnement en assurant l’export partout dans la planète », illustre le professeur.

« Tirer profit de la destruction »

Dans son livre éponyme, Alexandre Monnin nous invite « à politiser le renoncement ». C’est-à-dire identifier et nommer comme tels les communs négatifs et « la ruine dont ils sont porteurs » pour mieux décider du sort qu’on leur réserve ou, pour le dire autrement, prendre soin de ce qui nous nuit pour éviter qu’ils ne nous nuisent davantage. Car qu’on le veuille ou non, nous allons devoir vivre avec certains de ces legs. On ne fait pas disparaître des déchets nucléaires. Par contre on peut décider d’arrêter d’en produire. Il nous enjoint à ne pas laisser aux responsables du désastre la charge de s’en occuper. Cela peut paraître injuste d’avoir à prendre en charge ces ruines, imposées, mais il nous avertit des risques à ne pas le faire.

En effet, le « capitalisme du désastre » — expression qu’il emprunte à Naomi Klein, célèbre journaliste et essayiste canadienne — sait tout à fait « tirer profit de la destruction ». Alexandre Monnin mobilise le concept de « ruines anticipées » de Kasia Paprocki, professeur d’environnement à la London School of Economics, pour expliquer comment les capitalistes profitent des crises futures que portent en germe les ruines ruineuses. Le but étant d’imposer, au présent, des reculs sociaux ou l’abandon de certaines activités, zones ou populations considérées comme non viables.

Il cite l’exemple de la montée des eaux au Bangladesh qui illustre bien les enjeux autour d’une bonne définition de ce qui fait commun négatif. Des polders (étendue artificielle de terre sur l’eau financée par des agences internationales) sont construits pour faire face à la montée des eaux, mais ceux-ci aggravent le phénomène d’érosion et menacent l’activité agricole côtière. Du point de vue des populations locales, « il fait davantage sens de renoncer aux polders qu’à eux-mêmes ou à leurs modes de vie ». Du point de vue de la banque mondiale, à l’inverse, « les populations vivant de l’agriculture doivent abandonner cette activité, migrer et se reconvertir ».

Renoncer à certaines logiques capitalistes

C’est à nous de décider ce que nous voulons fermer, maintenir ou réparer si on veut éviter que les communs négatifs servent de prétexte pour nous imposer un présent et un futur encore plus détestable. Mais qui est-ce « nous » ? Quelle est l’échelle pertinente pour prendre en charge les communs négatifs et défendre les communs positifs ?

Qui doit décider de l’implantation et assumer les conséquences de la construction d’un centre de traitement des déchets ? Qui est à même d’assurer la préservation de la forêt amazonienne ? Cela fait partie des réflexions déployées dans ce livre.

Une autre piste de réflexion stimulante sur laquelle il nous emmène est celle du défi posé par l’attachement parfois vital d’une part croissante de la population à certains communs négatifs. Il donne l’exemple de l’azote, massivement utilisé dans l’agriculture avec des effets écologiques désastreux, mais dont l’arrêt brutal ferait courir des risques de famine. Il nous invite donc à penser ensemble le démantèlement des communs négatifs et le soin aux populations qui y sont attachés, volontairement ou non.

L’ouvrage commence par une critique sévère du capitalisme, ce qui est assez perturbant quand on sait que l’auteur est professeur en école de commerce et conseille des dirigeants d’entreprises du CAC 40. Bien qu’il présente les communs négatifs comme une production du capitalisme, il ne propose pas de renoncer à ce mode de production, mais seulement à « certaines de ces logiques et de ces logistiques ». Il met dos à dos le business as usual (capitalisme vert, RSE), qui nous condamne à moyen terme, et la sortie immédiate de ce qu’il appelle la technosphère « par analogie avec la biosphère ». Selon lui, le capitalisme ne peut pas être démantelé, et même s’il l’était, la rupture immédiate ne serait pas pour autant souhaitable en raison des « attachements vitaux » qui nous lient à la technosphère.

Une lecture aride

Il propose donc une troisième voie, déjà présentée dans un précédent ouvrage, plus compatible et cohérente avec ses fonctions : la redirection écologique. Il s’agit d’une forme de réformisme radical qui passe par un changement progressif s’appuyant sur les moyens techniques et organisationnels de la technosphère, mais en les réorientant. Il prône ainsi des mesures à « double détente », expression qu’il emprunte au sociologue étatsunien Ollin Wright qui les décrit comme « des solutions pratiques de court terme intégra[nt] des principes qui sur le long terme tendent à affaiblir la domination du capitalisme ». Il cite comme exemple la « fermeture des stations de ski confrontées au manque de neige » et « l’arrêt de la construction neuve et la bascule vers une économie de la maintenance et de la réhabilitation ».

L’ouvrage est globalement aride. Difficile d’en venir à bout sans le support d’un dictionnaire et, pour certains chapitres, d’une formation en philosophie. Si les questions qu’il soulève autour des communs négatifs ouvrent des pistes de réflexion stimulantes, les réponses politiques qu’il apporte sont peu convaincantes. L’idée d’une subversion des outils de la technosphère contre elle-même pourrait être défendable si nous avions un siècle devant nous, mais nous ne l’avons pas.

Certes, l’activité de certaines entreprises peut être redirigée, mais le capitalisme lui ne peut l’être. L’impératif de rentabilité et celui de préservation de l’habitabilité de la planète sont inconciliables. La redirection écologique propose de renoncer à tout ce qui nous nuit, sauf au capitalisme, la ruine ruineuse ultime. C’est peut-être pour cela que, comme il le dit au début de son ouvrage, ses thèses trouvent un écho grandissant dans les administrations et les « organisations ».



Hego Euskal Herriko ekonomiaren trantsizio ekosozialerako bide-orriaren proposamen bat
MRA-ELA – INGURU GAIAK 8
https://mrafundazioa.eus/eu/artikuluak/hego-euskal-herriko-ekonomiaren-trantsizio-ekosozialerako-bide-orriaren-proposamen-bat

Adrián Almazán eta Luis González Reyes-ek monetarista ez den analisi bat aurkezten dute, PWCren lanak ez bezala, ez baititu jasotzen pribilegio handieneko maila sozialekoen iritziak soilik. Autoreen analisiaren eta proposamenen abiapuntua ekonomiaren askoz ikuspegi holistikoagoa da. Bertan, gizartea eta natura txertatuta daude diagnosian (krisi ekologiko eta soziala) eta proposamenetan (justizia, berdintasuna, autonomia eta jasangarritasuna bateragarri egiteko desazkunde-egoerak). Ez da harritzekoa, beraz, bi lanek hain ondorio ezberdinak ateratzea.

(Dokumentu osoa irakurri edo deskargatu. Paperean eskuratzeko, fundazioa@ela.eus helbidera idatzi)

Azterlan honen hasierako ondorio bat, funtsezkoa, Hego Euskal Herriko ekonomiaren metabolismoa larriki zaurituta dagoela da. Sortzen dituen inpaktu ekologiko larriengatik jasanezina izateaz gain, ezinezkoa da etorkizun hurbilean mantentzea. Izan ere, garraioaren eta munduko merkatuaren mendekotasun handia duen metabolismo lineal, fosil eta estraktibista baten inguruan dago oinarrituta. Petrolioak eta elementu askok goia jo izanak eta salgai horiek eta beste batzuk gero eta leku ezegonkorragoetan lortu beharrak etorkizunik gabe uzten dute eredu hori. Paradoxa da EAE eta Nafarroa iraganean munduko lehiakortasun kapitalistarako arrakastazko leku bihurtu zituzten elementuek, industria sare sendo baten inguruan antolatuek (elikadurarena eta metalarena), orain oso espazio hauskor eta zaurgarri bilakatu dituztela.

Esparru kapitalistaren barruan ez dago irtenbiderik: energia eta material berriztaezinek iraungitze data dute dagoeneko. Eztabaidatu dugun bezalaxe, goi teknologiako energia berriztagarriek ezin dituzte fosilak ordezkatu, eta sistema sozioekonomiko honek ezin du zirkularra izan. Horri gehitu egin behar zaio gure gizarteen eta, hortaz, gure ekonomien ekodependentzia, dagoeneko azaltzen duena abian diren klima eta ekosistema krisia sortzen ari den desitxuratze sakona. Joera horrek gora egingo du datozen urteetan.

Hori ikusita, euskal metabolismoa desazkunderantz eraldatzeko hainbat ildo nagusi planteatu ditugu:

  • Materialen eta energiaren kontsumoa uzkurtzea, muga ekologikoen barruan egon arte, justizia globaleko irizpideei jarraituz. Horrek ondorioak dakartza hainbat ekoizpen sektoretan. Horietako bat da eraikuntzarena; izan ere, birgaitzerantz soilik zati batean eralda daiteke, jarduera bera murriztu egin behar baita. Beste adibide garbi batzuk dira garraioarena eta turismoarena.
  • Ekonomia zirkularra antolatzea. Ekonomia horretarako, ezinbestekoa da giza-metabolismoa ekosistema-metabolismoan txertatzea. Horrelako metabolismo batek ezin du industriala izan, agroekologikoa izan behar du. Hau da, hein handi batean elikaduraren inguruan ardaztutako ekonomia izan behar du, eta elikadura sektore eragile erabakigarri bihurtu beharko da. Hori lortzeko, nagusiki landakoa izango den gizarte baterantz jo behar dugu, konplexua den arren premiazkoa baita, baina, nolanahi ere, prozesu gisa ulertu behar da hori.
  • Eguzki energiaren askotariko modalitateak erabili beharko dira, zikloak ixteko aukera (edo horretara ahalik eta gehien hurbiltzekoa) ematen baitu. Hori probesteko, teknologia egiaz berriztagarriak eta emantzipatzaileak behar dira (R3E). Sektore hori ere, energiarena, sakonean berrantolatu behar da Hego Euskal Herriko ekonomian, eta egungo energia oligopolioak desmuntatu beharko dira.
  • Ekonomia zirkular eta eguzkikoa tokian tokikoa izan daiteke soilik. Horregatik, hipomugikortasuna da eraiki beharreko ekonomien ezaugarrietako bat. Horrek esan nahi du garraioaren eta turismoaren sektorea uzkurtu egin behar dela, biak baitira Hego Euskal Herriko egungo ekonomiarako erabakigarriak. Halaber, tokiko ekonomia baterako ezinbestekoa da industria biziberritzea, ekoizpen sare dibertsifikatua edukitzeko. Hori bai, material eta energia berriztagarrietan oinarritu behar da biziberritze hori, eta ez esportaziora bideratuta, eta, gainera, etekina produzitzeko dinamika kapitalistetatik askatu beharra dago.
  • Ekosistemen degradazioaren aurka, ezinbestekoa da haien funtzioak leheneratzea, haien beharra dugulako. Euskal ekonomia berriaren beste sektore traktore bat da, eta, bertan, basogintza erdigunean egon daiteke, ez soilik ekosistemak leheneratzeko gaitasuna duelako, baizik eta bestelako baliabideen iturria delako.
  • Ekonomia irauteko-ekonomietarantz berrantolatzea, erdigunean zainketa, bizitza sostengatzea eta oso feminizatuta dauden zaintza lanen banaketa jartzen dutenak.

Desazkunde-proiektu hori abian jartzea oso konplexua da, esan gabe doa. Eraldaketak gizarteak ahalik eta gutxien sufrituta antolatzeko, eta, aldi berean, gizarte justu, demokratiko eta jasangarrietarako bidea irekiz, hainbat aukera estrategiko daude.

Lehena eta nodala da autonomia soziala eraikitzea. Autonomia horrek eskatzen du herritarrak datozen hamarkadetan gai izan daitezen beren beharrak asetzeko merkatutik pasatu gabe eta Estatuaren mende egon gabe. Hau da, aurrera egin behar dugu desoldatapekotzean eta desmerkantilizazioan, lanean argudiatu dugunez, eta, aldi berean, bizitzak kolektiboki irautean oinarritutako antolakunde ekonomikoetan sostengatzeko aukera berreraiki behar da.

Soldata eta lan-baldintza onen aldeko borroka, edo gizartearen funtzionamendu demokratikoagoaren aldekoa, ezinbestekoak dira, baina ez dira nahikoak alternatibak eraikitzeko, esparru kapitalista gainditu ezean. Laburbiltzeko:, nahitaez egin behar da aurrera arlo hauetan: 1) ekoizpen bitartekoen kontrol soziala eta 2) merkatutik gero eta jarduera gehiago ateratzea. Bi ildo horietatik abiatuta soilik egin dezakegu aurrera autonomia soziala eraikitzen, erabakitzeko gaitasunean eta bizitza sozialaren oinarrizko prozesuen kontrol demokratikoan.

Ekoizpen-bitartekoetarako irispideari dagokionez, erabakigarria da ezagutza teknologikoa kontrolatzea. Era horretan soilik izan daitezke teknologiak egiazko gizarte demokratiko eta justuen ezaugarri. Horrek berekin dakar teknologiak soilak eta hurbilekoak izatea (hurbileko materialekin eta energiarekin fabrikatuak). Ikuspegi horretatik, ekoizpen deszentralizatua, kontsumitzen den lekutik hurbilagoko instalazio txikiagoak eskatzen dituena, aukera bat da herritarrek baliabidean era demokratikoan kontrola ditzaten.

Esan gabe doa, ordea, ez dela nahikoa ezagutza kontrolatzea, eta lurra, makinak eta azpiegiturak kontrolatu beharra dagoela. Horrek berekin dakar ondare handiak desjabetzea eta berreskuratzea.

Desmerkantilizazioari dagokionez, eraldaketaren oinarria da aurrera egitea soldatarik gabeko komunitateko lanetan, beharren zati bat asetzeko. Adibidez, autokontsumorako baratzeak, etxeko ur berorako panelak edo erabilera-eskubideko etxebizitzak, ekarpen ekonomikoak baldintzatu gabeko sarbidea dutenak.

Dena den, helmuga hori bateratu egin behar da egun hein handian soldatapekoa den populazioaren egungo beharrekin. Ezberdinkeria latza jasaten du populazio horrek, eta zerbitzu publikoen higadura. Halaber, hainbat ikerketak erakusten dutenez, ekonomia jasangarrirantz jotzean, epe laburrean behintzat, soldatapeko lan-orduak murriztu egingo lirateke . Horregatik, lan-ildo bat garatu da, etorkizuneko erronka ekologikoei gizartean justiziaz aurre egiteko lanaldia txikitzearen garrantzia azpimarratzen duen. Lanaldia murriztea ez da ulertu behar bere horretan ekonomiaren inpaktu ekologikoak mugatzeko aukera emango duen neurri gisa; izan ere, emaitzak kontraesankorrak dira (Kallis eta al, 2013; Shao eta Rodríguez-Labajos, 2016). Aitzitik, ekonomiaren berrantolaketa eta murrizketarekin batera doan justizia sozialeko politikatzat jo behar da. Ereduen arabera, neurri horiek arrakasta izan dezakete, lanaldia 30 edo 32 ordutara murriztuta enplegu berri asko sortuko litzateke, eta, aldi berean, irmoki egingo litzateke aurrera trantsizio ekosozial baterantz (González Reyes et al., 2019; Oteros et al., 2019). Beste era batera esanda, eraldaketa lana ahal beste bermatuz egin behar da. Hau da, desazkunderako trantsizioa ezin da aitzakia bihurtu soldatak eta baldintzak okertzeko, eta horretan saiatzen ari dira dagoeneko hainbat enpresa.

Enplegua banatzeko lanaldia murriztea politika garrantzitsua da, baina ez behar den bakarra. Ezinbestekoa da ere gizarte zerbitzuak indartzea, desmerkantilizazio prozesuan laguntzeko eta herritarrei beren osasun, hezkuntza eta bestelako beharrak estaltzen laguntzeko.

Bigarren ideia da ekoizpen-bitartekoak dauzkaten edo kudeatzen dituztenek metatutako aberastasuna birbanatzea. Ezin dugu alde batean utzi kapitalismoak azken bi mendeetan baina bereziki XX. mendearen erditik sortutako aberastasun erraldoia. Bertan sartzen dira sindikalismo klasikoaren berreskuratze estrategiak: fabrikak, espazioak, lurrak, jakintza eta abar berreskuratzea. Gainera, horrek erraztu egingo luke azpiegituretan eta etekinetan metatutako aberastasun komunak onura ekartzea berriz lurraldeari, merkantilizatu eta estatalizatu gabeko iraupenaren oinarri bihurtzeko.

Eraldaketa horiei aurre egiteko arazoetako bat da, besteak beste, Hego Euskal Herriko balantza fiskala argi eta garbi enpresa handien tributazioak orekatzen duela. Hortaz, euskal industria sarea desegiteak (edozein politika mota abian jartzen dela ere gertatuko dena) gizarte zerbitzuen galera handia ekar dezake, gobernuak zerga bilketarako gaitasuna galduko duelako. Horren aurrean, garrantzitsua da azpimarratzea neoliberalismoan mailaka egin den aldaketa, zeinagatik administrazioen aurrekontuaren sostengu handiena jada ez diren enpresak, bereziki handiak, baizik eta herritarrak, PFEZaren eta zeharkako zergen bitartez, adibidez, BEZa (Álvarez, 2022). Horregatik, trantsizio hori posible egiteko beste neurri bat da irmoki aurrera egitea fiskalitate progresiboago eta justuago baterantz. Halaber, hori osatu beharra dago autonomia soziala handituz eta, beraz, gizarte zerbitzuekiko mendekotasun txikiagoa edukiz, zeinak estatal izatetik komun izatera igaro daitezkeen. Noranzko horretan, beharrezkoa da eskubidea edo zainketak ondasun komun partekatu gisa ulertzea (Lloredo, 2020).

Hirugarrenik, enpresa ehunaren zati handi bat tamaina txikikoa izateak trantsizio programak erraztu ditzake. Egun dagoen kooperatiba esperientzia aberatsak ere bai. Arazo gehien enpresa handienetan dago, adibidez, Petronorren. Aitzitik, etekinak trantsizioan berrinbertitzeko gaitasun handiena eta eraikitako azpiegitura jarduera ekonomiko berrien lehengai bihurrarazteko potentzial handiena duten sektoreak dira.