Réponses aux climatosceptiques
RAC
https://reseauactionclimat.org/reponses-climatosceptiques
Article
Certaines contre-vérités sur les changements climatiques sèment la confusion. Voici nos réponses aux climatosceptiques.
« Le climat a déjà changé, ce n’est pas grave ! »
Réponse : Le climat a toujours changé, quel que soit le moteur de ses changements. Or aujourd’hui, la force motrice dominante provient des activités humaines.
Plusieurs forces différentes peuvent influencer le climat. Quand l’activité solaire augmente, la planète reçoit plus d’énergie et se réchauffe. Lorsque des volcans entrent en éruption, ils émettent des particules dans l’atmosphère qui renvoient la lumière du soleil et la planète se refroidit. Quand il y a plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la planète se réchauffe.
Aujourd’hui, la force motrice dominante provient des activités humaines et des émissions de gaz à effet de serre additionnelles provoquées par ces activités. Les changements climatiques passés ne nous disent pas que les humains ne peuvent pas influer sur le climat, au contraire, ils nous disent que le climat est très sensible aux gaz à effet de serre dont nous contribuons à fortement augmenter la présence dans l’atmosphère terrestre.
« Les températures n’augmentent plus depuis 1998 ! »
Réponse : Comparer les données climatiques par rapport à une seule année n’a pas de solidité statistique. Des périodes de référence plus longues (au moins 30 ans) permettent de mieux appréhender les phénomènes.
Même si la température moyenne globale augmente moins vite depuis 10 ans, la décennie 2000-2009 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850 ! Le 5è rapport du GIEC rappelle aussi que depuis 1980, chaque décennie a été significativement plus chaude que n’importe quelle décennie passée depuis 1850. De plus, l’explication du réchauffement climatique repose sur plusieurs facteurs. S’il est naturel de commencer par la température de l’air, un examen plus approfondi devrait aussi inclure la couverture neigeuse, la fonte des glaces, les températures au sol, au-dessus des mers et même celle de la mer elle-même. Aujourd’hui, chacun de ces indicateurs atteste d’un réchauffement global des températures.
« Avec l’hiver et le printemps froids que l’on vient de subir, on parle encore de réchauffement climatique !? »
Réponse : Une journée froide, ou une année froide en un lieu donné, n’a rien à voir avec les tendances de long terme (les variations du climat s’évaluent sur au moins 30 ans) qui montrent une hausse des températures à l’échelle planétaire.
La climatologie s’intéresse aux évolutions longues du système climatique, sur des périodes d’au moins 30 ans. De la même manière qu’à la plage, où il est difficile de savoir si la marée est montante ou descendante en observant les vagues pendant quelques minutes, on ne peut pas analyser les évolutions du climat seulement à partir des évolutions de quelques années.
Lorsqu’il analyse les tendances de long terme, le GIEC montre par exemple qu’entre 1880 et 2012, la température moyenne globale a augmenté de 0,85°C. De même, la période 1981-2010 a été la plus chaude depuis 1400 ans.
« Il faisait plus chaud au Moyen Âge »
Réponse : Les températures moyennes globales sont aujourd’hui plus élevées que celles connues au Moyen-Âge.
Même si dans certaines régions (dans l’Atlantique Nord par exemple) on a observé que la température au Moyen Âge était plus élevée qu’aujourd’hui, si l’on étudie les températures atmosphériques globales, on voit qu’il fut une période plus froide que la période actuelle.
De plus, des phénomènes naturels permettent d’expliquer la relative chaleur de l’époque : au Moyen Âge, l’activité volcanique (qui contribue à refroidir le climat) était très faible ; à l’inverse, l’activité solaire (qui réchauffe le climat lorsqu’elle est importante) était très forte. Ces phénomènes, bien connus, sont moins intenses aujourd’hui ; seules les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre permettent d’expliquer le réchauffement constaté depuis 1950.
« Le Groenland était vert, recouvert d’herbe (lorsqu’il a été découvert par les Vikings il y a 1000 ans) ! »
Réponse : Les carottages sur place montrent que la calotte glaciaire du Groenland existe depuis au moins 400000 ans !
Certaines régions côtières du sud du Groenland (littéralement la « Terre Verte ») sont plus froides aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 1000 ans, ce qui expliquerait que les Vikings y aient vu des zones « vertes ». Même si ce phénomène est vrai, cela ne contredit en rien le phénomène de réchauffement planétaire. Comme précisé dans l’argumentaire sur le Moyen Âge, on a observé dans certaines régions (l’Atlantique Nord) que la température était plus élevée au Moyen Âge qu’aujourd’hui. Mais si l’on observe les températures actuelles à l’échelle mondiale, elles sont globalement plus élevées qu’au Moyen Âge.
« Il n’y a pas de consensus scientifique sur le réchauffement climatique »
Réponse : 97 % des scientifiques de la planète compétents en matière climatique s’accordent à dire qu’il y a bien un réchauffement climatique et que ce phénomène est d’origine humaine.
Le fait que les activités humaines soient la cause du réchauffement planétaire est la position prise par les académies des sciences de 19 pays (dont la France), en plus des organismes scientifiques qui étudient la climatologie (dont le GIEC). Plus particulièrement, 97 % des climatologues actifs en recherche appuient le consensus.
« Le GIEC est trop alarmiste, son jugement est biaisé »
Réponse : Les publications officielles du GIEC sont une synthèse des connaissances scientifiques, qui incluent des publications qui font l’unanimité ainsi que celles qui sont contestées.
Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) a été créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies (PNUE) ; il représente tous les gouvernements. Il évalue et synthétise les travaux publiés de milliers de climatologues sous forme de rapports, analysant les tendances et prévisions mondiales en matière de changements climatiques. Un rapport du GIEC est donc une compilation des travaux scientifiques réalisés depuis le précédent rapport. Il fait la synthèse de nombreuses analyses et modélisations ; en cela il ne s’agit pas d’un travail partisan et orienté, mais bien d’une analyse pondérée.
« Les espèces (animales et végétales) vont s’adapter »
Réponse : On assiste déjà à l’extinction d’un grand nombre d’espèces, celles-ci ne pouvant pas s’adapter assez vite à des changements climatiques aussi rapides.
Historiquement, les extinctions massives d’espèces ont été très souvent causées par des changements climatiques trop rapides. Le mode d’adaptation le plus classique d’une espèce est la migration. Aujourd’hui, la vitesse à laquelle le climat évolue, ainsi que certaines activités humaines dévastatrices pour les habitats (changement d’usage des sols avec leur artificialisation par exemple) pourraient ne pas laisser suffisamment de temps aux espèces pour migrer et donc survivre aux changements imposés. Il faut généralement plusieurs milliers d’années pour que se consolide une biodiversité.
« Fixer des limites d’émission de CO2 est suicidaire dans le contexte économique »
Réponse : Le coût d’une action aujourd’hui (tant qu’il est encore temps) est minime, comparé à ce que les changements climatiques nous coûteront à l’avenir si on ne fait rien.
Agir aujourd’hui, c’est dépenser un petit peu pour ne pas avoir à le faire beaucoup ensuite pour panser les plaies des changements climatiques.
En effet, le coût de l’inaction serait bien supérieur au coût qu’aurait une politique volontariste de réduction des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui.
« Le responsable, c’est le Soleil ! »
Réponse : Durant les 35 dernières années, au cours desquelles le climat s’est réchauffé, l’activité du soleil a eu tendance à diminuer.
Le soleil « cause du réchauffement climatique » est l’un des mythes les plus tenaces et les plus communément répandus. Effectivement, sur les périodes passées, l’activité solaire a souvent influencé le climat. Mais si l’on tient compte des dernières décennies, les deux divergent. Le 5è rapport du GIEC montre comment les différentes variations naturelles, comme celles de l’activité solaire, peuvent expliquer les variations de températures constatées dans le passé, jusqu’à la moitié du XXè siècle. Mais depuis 1950, le réchauffement constaté est explicable principalement du fait des activités humaines.
« C’est la faute d’El Nino ! »
Réponse : El Niño est un phénomène influant sur la température moyenne globale, mais ce phénomène est éphémère et n’a donc pas d’impact sur la tendance de long terme.
Le phénomène El Niño désigne un phénomène climatique particulier qui se caractérise par des températures de l’eau anormalement élevées dans la partie est de l’océan Pacifique équatorial. Lorsque ce phénomène se manifeste, on assiste à une forte hausse des températures annuelles. Cependant, ce phénomène ne perdure pas (d’où le terme d’« oscillation »), et ne peut pas expliquer les tendances de long terme.
« C’est la faute de la chaleur urbaine »
Réponse : Bien que les zones urbaines soient sans conteste plus chaudes que les zones rurales avoisinantes, cela n’a que peu d’effets, voire aucun, sur la tendance au réchauffement global observée.
Lorsqu’ils compilent les enregistrements de température, les scientifiques tiennent compte de l’influence des Îlots de Chaleur Urbains (ICU). Ils comparent les tendances climatiques des zones urbaines à celles des zones rurales voisines et corrigent l’influence des ICU sur les mesures de température à long terme (Hansen 2001). Le GIEC conclut que les effets non corrigés des îlots de chaleur urbains n’affectent pas de plus de 10 % la tendance estimative moyenne de la température de l’air à la surface du globe à une échelle planétaire et centennale. Il tient compte de cet aléa dans la fourchette possible d’augmentation de la température pour la fin du XXIè siècle.
« Il n’y a pas à s’inquiéter, c’est un phénomène naturel, un cycle »
Réponse : Un cycle naturel répond à un forçage, une force motrice elle même naturelle. Or aucune force motrice connue ne peut expliquer le réchauffement observé, si ce n’est les émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines.
Des épisodes de réchauffement / refroidissement, connus sous le nom d’événements de Dansgaard-Oeschger, sont observés dans les enregistrements de la dernière période glaciaire (entre -100 000 et -10 000 ans approximativement) avec une durée de retour de l’ordre de 1500 ans. Ils se caractérisent par un réchauffement rapide de l’Atlantique Nord accompagné d’un refroidissement plus lent de l’Antarctique et d’une migration des zones pluvieuses tropicales. Ainsi ces cycles montrent plutôt une réorganisation des gradients de température, et l’hypothèse la mieux étayée pour les expliquer est une variation de la circulation océanique et du transport de chaleur associé.
A l’inverse, le réchauffement climatique observé depuis 1850 concerne l’ensemble des deux hémisphères et notamment la totalité des océans de la planète, ce qui indique un déséquilibre énergétique global d’importance et pas seulement une réorganisation des transports de chaleur ou un phénomène régional. Et ceci alors que les gaz à effet de serre, au cours de cette même période, ont eu nettement plus d’impacts que le rayonnement solaire, les aérosols (fines particules en suspension dans l’atmosphère) et les éruptions volcaniques.
« C’est la faute de la vapeur d’eau »
Réponse : La vapeur d’eau n’est pas un moteur des changements climatiques ; elle ne fait qu’y réagir, et peut l’amplifier.
Précisons ici le rôle croissant de la vapeur d’eau (H2O) qui, à cet état gazeux dans l’air, est de loin le plus important quantitativement des gaz à effet de serre. Mais son taux est contrôlé par la température (+7 % par °C) et non par les émissions directes d’H2O. Contrairement au CO2, elle se condense et retombe au sol sous forme de pluie ou de neige : sa durée de vie est donc courte. Cela fait que les panaches de fumée la contenant ou l’irrigation ont un rôle négligeable.
Avec le réchauffement (+0.85°C depuis 1880), l’air de la basse atmosphère (de 0 à 8 à 15 km d’altitude) contient plus d’humidité, ce qui provoque une absorption supplémentaire de rayons infrarouges et amplifie l’augmentation initiale de température provoquée par les gaz à effet de serre à longue durée de vie (CO2, CH4…). La vapeur d’eau de la basse atmosphère est donc un effet amplificateur du réchauffement et non sa cause. Celle de la haute atmosphère est un effet du méthane (CH4), deuxième gaz à effet de serre qualitativement le plus important après le CO2.
Par ailleurs, cet air plus chaud et plus humide confère une énergie accrue aux épisodes de précipitations qui deviennent plus intenses.
Les Français aspirent à changer de modèle de société mais sont pris dans des injonctions contradictoires
ADEME
https://infos.ademe.fr/lettre-strategie/les-francais-aspirent-a-changer-de-modele-de-societe-mais-sont-pris-dans-des-injonctions-contradictoires
Article
Les différents baromètres de l’ADEME montrent que les Français ont conscience de l’urgence climatique et de la nécessité de changer leurs modes de vie. Mais ce changement appelle une réorganisation en profondeur du modèle économique et politique.
Les Français se montrent très préoccupés par le changement climatique, dont la cause anthropique n’est plus à démontrer. En 2022, 81 % estiment que le réchauffement de la planète est causé par les activités humaines (c’est le plus haut niveau jamais atteint). L’incertitude sur les raisons du désordre climatique est passée de 49 % en 2001 à 18 % en 20221. Mais si les pratiques individuelles en faveur de l’environnement évoluent, les Français sont pris dans des injonctions contradictoires. Pour faciliter les changements de modes de vie, des transformations structurelles dans le modèle économique et politique sont nécessaires. Les Français attendent des pouvoirs publics et des entreprises qu’ils agissent davantage pour lutter contre le changement climatique.
Une prise de conscience de la nécessité de changer de modes de vie
Malgré « la hausse des prix » qui émerge comme une préoccupation à un niveau jamais atteint auparavant (+ 30 pts par rapport à 2021), la menace climatique demeure très présente dans les esprits. L’environnement se maintient au deuxième rang des enjeux les plus importants en France. Et l’effet de serre / le changement climatique atteint avec 43 % (+ 9 pts) un taux record en terme de préoccupation environnementale. D’ailleurs, les Français sont désormais 51 % à déclarer avoir subi « souvent ou parfois » les conséquences de désordres climatiques (contre 27 % en 2015). Le réchauffement climatique est désormais devenu une réalité tangible pour beaucoup.
Les Français se montrent globalement pessimistes vis-à-vis des conséquences du réchauffement climatique. 72 % considèrent que « les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles d’ici une cinquantaine d’années » (c’est + 8 pts par rapport à 2021 et le niveau le plus élevé observé dans ce baromètre). De même, à la question de savoir si le changement climatique restera limité à des niveaux raisonnables d’ici la fin du siècle, le degré d’optimisme a sensiblement diminué : de 40 % en 2014 à 33 % aujourd’hui. Pour limiter ce phénomène, la proposition « Il faudra modifier de façon importante nos modes de vie » recueille une large adhésion : 56 % en moyenne sur la période 2006-2021, contre 62 % cette année, loin devant la solution technologique (11 %) : « Le progrès technique permettra de trouver des solutions ».
De fait, des changements s’observent à l’échelle individuelle, concernant notamment la consommation et les économies d’énergie dans le logement.
À titre d’exemple, « baisser la température de son logement de deux ou trois degrés l’hiver ou limiter la climatisation à 26 °C » concernait moins de la moitié des répondants jusqu’en 2017. Aujourd’hui, cette pratique est déclarée par les deux tiers des personnes interrogées (67 %). De même, plus de la moitié déclare « consommer moins » (53 %, c’est 15 pts de plus qu’en 2017), ou limiter leur consommation de viande (51 %, soit + 9 pts en 5 ans). Par ailleurs, 49 % affirment limiter leurs achats de produits neufs, 42 % privilégier la seconde main ou l’occasion et 24 % préfèrent louer ou emprunter plutôt qu’acheter.
De manière générale, 76 % disent se mobiliser en faveur d’une consommation plus responsable (+ 4 pts par rapport à 2021) : 63 % indiquent avoir changé certaines pratiques au quotidien pour réduire l’impact de leur consommation et 13 % disent faire tout leur possible pour réduire leur impact et sensibiliser les autres.
Le souhait de vivre dans une société moins consumériste et de changer de modèle économique
Les baromètres montrent également une aspiration croissante à revoir le modèle économique dominant et à vivre dans une société où la consommation prendrait moins de place. En 2022, 78 % des Français expriment le souhait de voir la société se transformer, soit une progression de 5 points depuis l’année dernière. 40 % désirent un changement radical. Selon un autre sondage, 93 % désireraient revoir en partie ou complètement le système économique et sortir du mythe de la croissance infinie.
83 % voudraient vivre dans une société où la consommation prend moins de place, et 87 % estiment que plutôt que d’innover à tout prix, il faudrait revenir à l’essentiel et au bon sens.
Mais un paradoxe s’observe entre, d’un côté, des aspirations croissantes à changer de modèle économique et, de l’autre, des pratiques qui restent largement ancrées dans un modèle consumériste. La consommation exacerbe les injonctions contradictoires dans lesquelles évoluent les Français. La publicité, les offres promotionnelles, la mode, les évolutions technologiques les poussent à renouveler rapidement leurs biens et incitent à la consommation. Ainsi, 90 % des Français pensent que la société les pousse à acheter sans cesse (+ 2 pts par rapport à 2021), 85 % considèrent que les entreprises et les marques incitent à la surconsommation et 89 % que les publicités utilisent des techniques pour inciter à consommer toujours plus. 20 % des répondants déclarent avoir du mal à résister aux incitations commerciales.
Dans ce contexte, 83 % des Français pensent qu’il faudrait interdire la publicité concernant les produits ayant un fort impact sur l’environnement et 82 % qu’il faudrait davantage communiquer sur les produits durables. L’accès à la consommation et le pouvoir d’achat restent cependant des préoccupations importantes pour une majorité de Français, notamment dans le contexte d’inflation élevée qui a prévalu en 2022. Ainsi, à la question de savoir s’ils préféreraient une augmentation de leur temps libre ou de leur pouvoir d’achat (en situation d’emploi), 69 % privilégieraient une amélioration de leur pouvoir d’achat.
Faire évoluer les représentations sociales mais aussi les modèles de production, et ainsi ne plus faire de la consommation et de la production « en volume » une norme, constitue donc un enjeu clé. Pour cela, la transformation de l’offre est très attendue. Le prix constitue l’un des leviers principaux de la démocratisation d’une offre responsable, a fortiori dans le contexte économique actuel. 65 % ont le sentiment que « consommer responsable » coûte trop cher. Par ailleurs, 68 % considèrent qu’avec les produits qu’elles proposent aujourd’hui, les entreprises et leurs marques ne les aident pas à consommer responsable. 79 % attendent des marques qu’elles leur proposent des produits équivalents (en goût, texture, efficacité…) mais plus responsables. Toutefois, consommer responsable ce n’est pas seulement consommer mieux, c’est aussi consommer moins. Et c’est bien cette notion de sobriété que les répondants mettent derrière ce terme : pour 60 % d’entre eux, consommer responsable, c’est « ne plus consommer de produits ou services superflus ou réduire sa consommation en général » et, pour 34 %, c’est « consommer autrement via des produits écolabellisés, éthiques, locaux, moins polluants ». À cela s’ajoute le besoin de preuves (chiffres, labels officiels, etc.) pour croire à l’engagement des marques (relevé par 53 % des répondants).
Les Français expriment ainsi le besoin de changements structurels au niveau des modèles de production et de consommation. Tout ne peut reposer sur la responsabilité individuelle.
D’ailleurs, ils sont prêts à accepter des changements importants dans leurs modes de vie à condition que ces derniers soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société (pour 67 %) et qu’ils soient décidés collectivement (41 %). Ainsi, pour les Français, l’enjeu est de s’engager dans une démarche de long terme, partagée collectivement et juste socialement.
Le souhait de renouveler les orientations politiques et le modèle démocratique
Les Français souhaitent une société plus égalitaire, et une meilleure répartition de l’effort entre tous. Ils demandent à ce que les pouvoirs publics agissent davantage pour lutter contre le changement climatique mais ils aspirent également à plus d’horizontalité dans les décisions politiques.
Ainsi, 84 % souhaitent que les mêmes moyens déployés contre la Covid-19 le soient en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique (contre 77 % des répondants en mai 2020 et 81 % en 2021). De même, concernant la priorité du gouvernement vis-à-vis de la situation économique actuelle, le public maintient sa préférence pour une réorientation en profondeur de l’économie soutenant exclusivement les activités qui préservent l’environnement, la santé et la cohésion sociale (63 %, + 3 pts) plutôt qu’à une relance économique par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité (35 %).
Ces préoccupations s’expriment également au niveau local : 60 % des répondants estiment que la transition écologique constitue l’enjeu principal de la politique territoriale.
Interrogés sur les acteurs les plus efficaces pour résoudre le problème de changement climatique, les Français considèrent les États (48 %) comme les principaux acteurs, après chacun d’entre nous (53 %).
Mais quand il s’agit de les questionner sur ceux qui agissent le plus aujourd’hui, après la réponse « chacun d’entre nous » (44 %), ce sont les acteurs locaux qui arrivent en tête : les associations (31 %), les collectivités locales (28 %) puis les États (26 %). Les instances internationales (14 %) et les entreprises (14 %) sont considérées comme les acteurs agissant le moins aujourd’hui. Notons que la réponse « personne » atteint 21 %.
S’ils attendent que les acteurs publics et privés soient plus « moteurs » dans la lutte contre le réchauffement climatique, les Français sont prêts à accepter des mesures de politiques publiques fortes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. 9 Français sur 10 se montrent favorables à l’idée de « développer les énergies renouvelables » (ils étaient 77 % en 2014). « L’obligation pour les propriétaires de rénover et d’isoler les logements lors d’une vente ou une location » rencontre 74 % d’opinions favorables (+ 5 pts par rapport à 2021). « La taxation du transport aérien » voit son degré d’acceptation croître nettement, passant de 48 % en 2004 à 67 % en 2022. De même, « taxer davantage les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre » recueille 63 % d’avis favorables (+ 4 pts par rapport à 2021, mais c’est moins qu’en 2020). Par ailleurs, 53 % des personnes interrogées se montrent favorables à l’interdiction toute l’année de la circulation des véhicules les plus polluants sur une partie de la ville ou de l’agglomération en fonction de leur vignette CRIT’Air (- 4 pts). L’idée d’« abaisser la vitesse limite sur autoroute à 110 km/heure » reste minoritaire (46 %), mais augmente néanmoins de 4 points par rapport à l’année dernière. Enfin, si 51 % des Français estiment souhaitable d’augmenter la taxe carbone, cette proportion augmente à 72 % à condition que cela ne pénalise pas le pouvoir d’achat des ménages des classes moyennes et modestes, et que les recettes de la taxe soient utilisées pour financer des mesures de transition écologique. D’autres enquêtes soulignent également que la majorité des opposants à l’introduction d’une taxe carbone changerait d’avis si l’on conditionnait son introduction à une affectation spécifique des recettes fiscales. La capacité à mobiliser dans la transition suppose des règles justes, transparentes et fondées sur la conditionnalité1.
54 % des Français pensent qu’il faudrait davantage impliquer les citoyens dans les décisions qui concernent la collectivité. Concernant les opinions relatives au système politique idéal, les Français classent en dernière position le système actuel (« où les décisions sont prises par des professionnels élus de la politique »), mettant au premier rang la proposition d’un système où « les décisions sont prises en ayant recours régulièrement à des référendums recueillant la volonté de la population » (67 %, + 15 pts par rapport à 2021).
Cependant, malgré le souhait d’un renforcement de l’action des pouvoirs publics dans la lutte contre le changement climatique, l’opinion est plus partagée sur l’encadrement des actions individuelles.
Ainsi, 46 % (- 2 pts) considèrent que les politiques publiques doivent limiter les comportements individuels potentiellement nocifs pour l’environnement, alors qu’une proportion légèrement plus élevée (49 %, + 1 pt) préconise la préservation des libertés individuelles, même si celles-ci vont à l’encontre de la protection de l’environnement.
Les valeurs affirmées par les Français
L’Observatoire des perspectives utopiques permet d’explorer les représentations et les aspirations des Français dans différents domaines (modes de vie, travail, vie démocratique, engagement, rapport au progrès, écologie, etc.) et de dresser des pistes pour imaginer un modèle de société souhaité par le plus grand nombre. Trois systèmes utopiques sont explorés, sans être nommés, sous la forme de propositions décrivant leurs différentes facettes : l’utopie écologique, l’utopie sécuritaire, l’utopie techno-libérale.
Sur la base de la moyenne des notes données à chacune des propositions décrivant les trois sociétés idéales, l’utopie écologique apparaît comme l’utopie préférée de 51 % des Français interrogés. Elle est suivie par l’utopie identitaire-sécuritaire, avec 39 %. Loin derrière, l’utopie techno-libérale ferme la marche avec 11 %. Le pourcentage de répondants ayant affiché une préférence pour l’utopie écologique diminue sensiblement avec l’âge alors qu’elle augmente pour l’utopie identitaire-sécuritaire.
L’enquête montre que des éléments propres aux trois utopies pourraient faire consensus au sein de la population française et fonder un projet d’avenir fédérateur : l’adhésion au principe de liberté et de droits individuels, le désir de sécurité, l’appétence pour la proximité (à la fois par la relocalisation des activités économiques et par une consommation plus ancrée sur les territoires), le ralentissement des rythmes de vie, le « consommer moins mais mieux ».
- Les Français et les politiques climatiques, Les notes du Conseil d’analyse économique, n° 73, juillet 2022.
Energia berriztagarrien garatzeko baliabide eskasiak desazkundera behartzen gaitu
Nicolas GOÑI
www.argia.eus/argia-astekaria/2807/energia-berriztagarrien-garatzeko-baliabide-eskasiak-desazkundera-behartzen-gaitu
Article
Bukatzen zaigun 2022an trantsizio energetikoaren gaiak oldar berri bat hartu du, hornitze arazoek eta etorkizuneko klimaren zaporea zuen udak bultzaturik. Trantsizioa ezinbertzekoa bada ere, behar dituen baliabide mineralek asko mugatu dezakete, batez ere gaurko kontsumo maila aldaezintzat jotzen baldin bada. Energia iturrien ordezkatze hutsetik haratago, desazkundea jasangarria izan dadin, gure eredu industrialean erabaki sistemikoak hartu beharko ditugu.
Bukatzen ari zaigun urtean bi joera sakon gogortu zaizkigu Europan: energia kontuetan dugun burujabetza eza eta klima aldaketaren eraginen gogortzea, batez ere bero uhin eta lehorteei dagokienez. Bi joera horiek norabide bera argi erakusten digute: erregai fosilak erabiltzeari utzi behar diogu, bihar baino herenegun izan balitz hobe. Era berean eta logikoki, energia berriztagarrietan inbertitzeko deiak gero eta ugari eta ozenagoak dira. Petrolioa gure atzean utzi behar dugula berriztaezina delako (klima kaltetzeaz gain) begibistakoa bada ere, gutiago ezagutzen dira energia berriztagarrietara trantsizioa masiboki egitearen erronka materialak. Zehatzago, haize eiherak, eguzki panelak eta bateriak ekoizteko mineralak dira mugatuko gaituztenak.
Zein metal eta zertarako?
Goi-teknologiei buruzko ikuspegi kritikoa garatu du Phillipe Bihouix ingeniaria eta mineral baliabideetan adituak, « desmaterializazio » eta « deskarbonizazio » hitzen atzean dagoen materialtasuna eta berriztagaiztasuna ahaztuegiak direla azalduz. Ohartarazten digu duela 40 urtetik gaur arte, 30 metal gehiago erabiltzen direla ohizko ekoizpen industrialetan: kobaltoa, tantaloa, germanioa, titanioa, galioa, indioa… Batez ere gai elektronikoak ekoizteko erabiltzen dira, baita plastiko eta tinta berezietan ere. Birziklatzeko oso zailak dira, gehienetan aleaziotan eta kopuru ttikitan daudelako, edota kimikoki barreiaturik (beraz erauzteko energia asko behar dute).
Birziklatze arazoez aparte, metalak, erregai fosilak bezala, kopuru mugatuan aurkitzen dira: erauzketa maximoa pasa ondoren, gero eta energia gehiago behar da gero eta kopuru ttikiagoak – eta kalitate txarragokoak – meategietatik ateratzeko.
Simon Michaux geometalurgia irakaslea da Finlandiako Geologia Ikerketa Zentroan. Joan den abuztuan emandako energia berriztagarrientzako metalei buruzko mintzaldian azaldu zuen azken 60 urteetan hiru fase ikusten dituela mineralen eta erregai fosilen prezioan, eta haustura esanguratsuena 2005ean kokatzen duela: ordutik goiti, petrolio konbentzionalaren ekoizpena –ordurarte beti emendatzen zena– maila berean gelditzen hasi zen, baina eskaerak gora jarraituz prezioak igo ziren, eta horiekin batera mineral guzien ustiatzeko kostuak, eta hortik haien prezioak ere. Hori 2008ko finantza krisiak ez zuen “zuzendu”, arazoa egiturazkoa dela erakutsiz, eta ez espekulazioarena. Trantsizio energetiko osoa egin nahiz gero (hots, gaurko erregai fosilak energia berriztagarriez ordezkatu), ondoko metalak eskasa larrian lirateke: kobrea (frogatutako erreserbak behar dugun kopuruaren %20 baizik ez dira), nikela eta litioa (beharraren %10 baizik ez), kobaltoa, grafitoa eta banadioa (%3.5 inguru bakarrik).
Konklusio horretara ere heldu da Antonio Turiel fisikari eta CSICeko ikerlaria, eta “zero isurtze” edo “karbono neutraltasun” ekimenaren egingarritasun fisikoa zalantzan jartzen du. The oil crash webgunean iaz idatzitako Algunas preguntas incomodas (“Galdera deseroso zenbait”) artikuluan ohartarazten zuen ekimen horren helburuak betetzeko 2040rako aurreikusten dela litio ekoizpenak bider 42 egitea, grafitoarenak bider 25, kobaltoarenak 21, nikelarenak bider 19 eta lur arraroenak bider 7. Zehatzago, ekoizpena maila horietara igo behar dela dio Nazioarteko Energia Erakundeak –ez baitezpada igoko denik, ordea–.
Era berean birziklapena maila handian martxan jarri (Bihouixek zehaztu bezala, hori ez da kontu erraza), edota “erreserba estrategikoak” osatu behar direla dio, gertatuko liratekeen hornitze etendurei aurre egiteko. Turielen iritziz, horrek atea zabaltzen dio baliabideen akaparatzeari. Hilabete hasieran emandako “Energiaren eta materialen krisia” mintzaldian azaltzen zuen uranioaren ekoizpen gailurra 2016an jo zela, eta ordutik ekoizpena %24 jeitsi dela. Erregai fosilekin batera, 2018 eta 2020 urteen artean gure energiaren %89 ematen duten iturrien erauzketa gailurra gainditu dugu. Oraindik goiti, gero eta gutiago izanen dugu eskura 2020ko udaberrian aipatzen zen “biharko mundua” eraikitzeko.
Birziklatu bai, sinplifikatu, aurreztu eta beharrak berrikusi ere bai
Nolazpait erran genezake trantsizio energetikoari esker petrolioa eskuratzeko gatazka gutiago izanen direla, eta horien ordez litio, grafito, kobalto edota kobre meategiak jabetzeko gatazkak ikusi ditzakegula, baldin eta energia berriztagarria ekoiztearekin batera ez bada baliabideak aurrezteko neurririk hartzen maila globalean.
Michauxren arabera, erregai fosilek elikatutako ekoizpen sistema hamarkada gutitan eta guztiontzako energia berriztagarrien bidez ordezkatzea ezinezkoa dugu, ez baitago denborarik ezta baliabide fisiko aski ere. Erregai fosilak erabiltzeari uzteko, ekosistema industrial osoa birdiseinatu, horri tresna berriak eman eta berreraiki beharko da. Gerta litekeena da baliabide guzien eskaera globala azkarki jaistea. Bere hitzetan, “honek gizarte hitzarmen –social contract– eta gobernatze sistema oso ezberdinak eskatzen ditu, gaurkoari alderatuz”, gizarte mailako galderak irekita utziz.
Low tech ekimenaren ardatz dira energia beharrak minimizatzea, baliabide urriak ahalik eta gutien erabiltzea, inguruneari edo belaunaldi berriei kalte izkuturik ez egitea
Turielek modu esplizituagoan erraten du desazkundea ezinbertzekoa dela, eta gizarte mailan hautatzea dagokigula: edo prestatu gabe jarraitu eta desazkundeak modu kaotikoan eraman gaitzala itxaron; edo aitzindu eta beharrak eta ekoizpen sistemak sakonki birpentsatu modu demokratikoan.
Goi-teknologien narratibaren aurka, Bihouixek behe-teknologien –low-tech– aldeko apustua egin behar dugula dio. Iraganeko teknikak berreskuratzetik haratago, behe-teknologien helburua ahalik eta “teknologizazio” gutien duten berrikuntzak garatzea da, ekoizteko eta erabiltzeko energia minimizatuz, baliabide urriak ahalik eta gutien erabiliz, eta inguruneari edo belaunaldi berriei kalte izkuturik egin gabe. Nola? Gai iraunkorrak eta konpongarriak ekoitziz, benetako ekonomia zirkularra garatuz, berrerabilpena eta birziklatzea erraztuz, eta lan duinean oinarrituz. Teknologiatik haratago, behe-teknologien ekimena sistemikoa da. Aitzindu gabeko desazkundea baino etorkizun erakargarriagoa, dudarik gabe.