Climat : la convention citoyenne remet un bonnet d’âne au gouvernement
Greenpeace
https://greenpeacefr
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Réunis une dernière fois, les citoyens et citoyennes tirés au sort il y a maintenant plus d’un an et demi ont très sévèrement évalué la prise en compte de leurs recommandations par le gouvernement, en particulier à travers le projet de loi “Climat et résilience”.
Pour Greenpeace France, ce verdict est plus que cinglant pour Emmanuel Macron qui s’était personnellement impliqué en recevant les membres de la CCC à l’Elysée en juin dernier et en promettant le désormais célèbre “sans filtre” qui n’a jamais existé que dans la communication présidentielle.
La dernière chance de la loi “climat et résilience“ est désormais d’être radicalement revue à la hausse par les parlementaires dès son passage en commission.
“On ne peut pas demander à des citoyens et citoyennes de s’impliquer pendant des mois sur un sujet aussi crucial et attendre d’eux d’adhérer à la manipulation qui en est faite”, analyse Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques pour Greenpeace France.
Pour les membres de la Convention citoyenne, la prise en compte par le gouvernement de leurs propositions est notée de seulement 3,3 sur 10.
“Cette gifle illustre la déconnexion profonde qui existe entre Emmanuel Macron et la population sur les enjeux écologiques. La raison d’être de ce panel de citoyennes et citoyens tirés au sort était de proposer une feuille de route marquée par une forte acceptabilité sociale, tant sur le rythme de la transition à mettre en œuvre que sur le contenu des mesures attendues. Elle a été réduite en confettis. Contrairement à une idée reçue, cette expérience a montré que la transition écologique souffrait d’abord d’un problème d’acceptabilité gouvernementale. L’efficacité éventuelle de la nouvelle loi climat dépend dorénavant d’un sursaut des député·es de la majorité, qui doivent profiter de son examen pour engager les réformes radicales requises par l’urgence climatique“.
Pour Greenpeace France, le projet de loi “Climat et résilience” est très loin d’être suffisant pour engager la rupture nécessaire afin d’enrayer la crise climatique et nous ramener sur une trajectoire cohérente avec les objectifs de l’Accord de Paris. Comme le démontre en détails une étude récente du cabinet d’expertise Carbone 4 [1], il ne permettra pas de faire baisser nos émissions de GES de 40% d’ici 2030, et encore moins d’atteindre le nouvel objectif européen (55% de réduction de GES) alors que la science recommande une réduction de 65%.
Ce manque d’ambition a été pointé du doigt par de multiples études et rapports (CNTE, CESE, HCC), y compris gouvernementales (rapport BCG ou étude d’impact), tandis que le Conseil d’Etat a rendu un avis très critique sur le plan juridique.
‘ Une alerte rouge pour la planète ‘
t Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/une-alerte-rouge-pour-la-planete
Article
Selon un rapport des Nations-Unies du 26 février, les pays sont « très loin du compte » pour limiter le réchauffement de la planète en dessous de 1,5°C. Il est urgent pour les plus gros émetteurs de se fixer des objectifs de réduction des émissions à court-terme.
Cinq ans après la signature de l’Accord de Paris, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) a publié un rapport intermédiaire de synthèse sur les « contributions déterminées au niveau national ».
Elles correspondent aux engagements volontaires des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Selon l’article 4 de l’Accord de Paris, ces contributions doivent être mises à jour tous les cinq ans et doivent permettre une hausse de l’ambition des États dans leurs objectifs climatiques. A moins d’un an de la COP 26, seuls 75 pays (sur les 197 signataires à l’Accord de Paris) avaient soumis leurs nouvelles contributions.
Un constat sans appel
Alors que le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a affirmé qu’il fallait réduire nos émissions de 45 % d’ici à 2030 pour rester en dessous des fameux 1,5°C, l’impact combiné des contributions actuelles ne permettraient de réduire les émissions que de 0,5 % d’ici à 2030. Largement insuffisant donc.
Si ce rapport est sans appel sur la nécessité d’augmenter les contributions nationales dans le court terme, au-delà des annonces à long-terme (la plupart des pays comptent atteindre la neutralité carbone autour des années 2050/60), les chiffres sont également à prendre avec des pincettes. En effet, le rapport ne porte que sur les contributions soumises aux Nations Unies avant le 31 décembre 2020 et qui ne correspondent qu’à 30 % des émissions globales. Autrement dit, les potentielles contributions à venir des plus gros émetteurs (Chine, États-Unis, Canada, Inde, Indonésie) ne sont pas inclues.
Or, il s’agit du nerf de la guerre : sans les efforts des plus gros émetteurs, la réduction des émissions globales ne sera jamais possible. Les États-Unis devraient annoncer le 22 avril prochain une nouvelle contribution nationale ambitieuse. Celle de la Chine, qui a annoncé à la fin de l’année dernière vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, est attendue lors de la publication de son prochain plan quinquennal. Reste à savoir si l’annonce des États-Unis poussera d’autres pays, comme le Canada par exemple, à se fixer des objectifs plus ambitieux.
Au-delà de l’absence de 113 pays responsables de 70 % des émissions globales, le rapport illustre également le manque d’ambition de certains grands émetteurs qui, loin d’afficher des objectifs plus importants en matière de réduction des émissions, tentent au contraire de favoriser le statu quo. Le Brésil et le Mexique ont ainsi publié des contributions nationales moins ambitieuses que celles déposées il y a 5 ans. Le Japon, la Russie, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou encore la Corée du Sud jouent quant à eux la carte du statu quo en conservant les mêmes objectifs. Au sein des membres du G20, seuls l’Union Européenne, la Grande-Bretagne et l’Argentine ont relevé leurs objectifs.
A l’approche de la COP 26, qui doit se tenir en novembre prochain à Glasgow, la pression s’accroit pour que les plus gros émetteurs relèvent leurs objectifs de réduction des émissions. Une version définitive du rapport, qui prendra en compte les nouvelles contributions nationales annoncées en 2021, sera publiée avant la COP 26. D’ici-là, il est urgent que les pays se mobilisent pour s’engager à des objectifs ambitieux de court-terme (d’ici à 2030) afin de pouvoir respecter l’Accord de Paris.
Entreprises du CAC40 : un modèle insoutenable pour la planète
Oxfam
www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/entreprises-du-cac40-un-modele-insoutenable-pour-la-planete
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En amont du débat parlementaire autour de la Loi Climat et Résilience, Oxfam France publie un rapport intitulé « CAC degrés de trop : le modèle insoutenable des grandes entreprises françaises ». Il révèle que, malgré les engagements des entreprises, le niveau d’émissions du CAC40 nous conduit tout droit vers un réchauffement climatique de + 3,5 °C d’ici 2100, une température bien au-delà de l’objectif de 1,5 °C inscrit dans l’Accord de Paris.
Des résultats inédits
Grâce aux données fournies par le cabinet Carbon4 Finance, Oxfam France dévoile pour la première fois l’intégralité de l’empreinte carbone des plus grandes entreprises françaises et leur trajectoire climatique, qui prend en compte leurs émissions actuelles et leurs engagements stratégiques.
Parmi les entreprises étudiées, 4 d’entre elles (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Total) ont, chacune prise séparément, une empreinte carbone supérieure à celle de la France.
L’étude révèle qu’en moyenne, à chaque fois qu’elles réalisent 1 000 euros de chiffre d’affaires, l’empreinte carbone des entreprises du CAC40 s’élève à 4,1 tonnes de CO2eq, soit l’équivalent des émissions générées par un aller-retour Paris-Sydney en avion.
Pour Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et climat pour Oxfam France et auteur du rapport « Face au défi du changement climatique, l’Etat et les citoyen.ne.s ne sont pas les uniques responsables. Les grandes entreprises françaises ont un impact considérable sur le climat. Derrière une belle communication verte, c’est un modèle économique insoutenable qui perdure. Au nom de la recherche du profit à court-terme, les grandes entreprises sacrifient les investissements nécessaires pour réaliser la transition écologique. Les citoyens, qui sont aussi des clients, des salariés et des épargnants de ces grandes entreprises, exigent de plus en plus qu’elles agissent pour la planète. » (Télécharger le rapport)
Aucun secteur épargné par le court-termisme
Bien qu’aucun secteur d’activité ne soit aligné avec l’Accord de Paris, des disparités existent. Sur 35 entreprises analysées, seules 3 (EDF, Schneider Electric et Legrand) ont une empreinte carbone et des engagements susceptibles de les faire rester dans une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur à 2°C. 22 entreprises ont une trajectoire associée à un réchauffement entre 2°C et 4°C. 10 entreprises (dont 3 banques ainsi que Total, TechnipFMC et Dassault Aviation) sont sur une trajectoire climatique supérieure à +4°C.
Par ailleurs, les engagements pris dans la lutte contre le changement climatique sont très insuffisants : seulement 8 d’entre elles se sont dotées d’une stratégie de réduction de l’ensemble de leurs émissions absolues de gaz à effets de serre.
Pire, aucune entreprise ne met sur la table les investissements nécessaires pour entamer une transition écologique crédible. En cause ? La pression des actionnaires sur l’entreprise pour obtenir des rendements et dividendes toujours plus élevés, toujours plus rapidement, prive les entreprises de leur capacité d’investir dans la transition écologique. Une gestion à long-terme devrait donc être mise en place afin que les intérêts de l’entreprise et ceux de la planète convergent.
Pour Alexandre Poidatz « Les entreprises ont tout à gagner à identifier et prévenir dès maintenant les risques associés au changement climatique : si les montants des investissements dans la transition semblent importants, le coût de l’inaction l’est encore plus. Retarder la transition, c’est aussi faire payer les salariés : il faut anticiper et planifier dès aujourd’hui un accompagnement vers les métiers de la transition. »
Des conséquences catastrophiques.
Sans changement rapide, les conséquences de ces stratégies économiques qui entrainerait un réchauffement climatique de +3,5°C seraient catastrophiques partout sur la planète, y compris en France.
Un réchauffement climatique de +3,5°C aurait des conséquences dévastatrices : une augmentation de plus de 40% des feux de forêt ; le niveau de la mer grimperait en moyenne de 40 centimètres à un mètre le long des côtes françaises ; les inondations surviendraient plus de cinq fois par an à Nantes, Bayonne et Dieppe ; les vagues de chaleur en région parisienne s’étendraient de 21 à 94 jours (contre 7 aujourd’hui), l’Ile de Ré serait coupée en deux.
Des solutions connues
La loi française n’oblige toujours pas les entreprises à fournir un rapport exhaustif de l’ensemble de leurs émissions de gaz à effet de serre, ou à les réduire lorsqu’elles sont réalisées en dehors du territoire français. Alors que les 150 citoyen-ne-s proposaient de conditionner les aides publiques aux entreprises à une réduction de leur empreinte carbone, le gouvernement refuse depuis plus de six mois tous les amendements sur ce sujet. Sans surprise, le projet de loi Climat et Résilience ne prévoit par ailleurs aucune obligation de diminution de l’empreinte carbone des entreprises.
Oxfam France propose ainsi d’intégrer au sein du projet de loi Climat et Résilience une obligation pour les grandes entreprises de publier :
- leur empreinte carbone totale, condition nécessaire pour que soit pris en compte leur responsabilité climatique ;
• une trajectoire de réduction de leur empreinte carbone contraignante, sous peine de sanction financière ; - un plan d’investissement, qui devra assurer la cohérence entre l’objectif et les moyens mis en œuvre.
Une telle obligation renforcerait la résilience des entreprises et favoriserait une transition plus juste pour les salariés.
Le rapport est à retrouver dans son intégralité sur ce lien
Ces nouveaux chiffres complètent l’étude d’Oxfam France sur l’empreinte carbone des banques françaises réalisée en octobre 2020
Le contenu exhaustif (53 pages en anglais) de la méthodologie est disponible ici
Les commentaires des entreprises sont disponibles ici
Vivre et se loger au Pays (I)
Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/vivre-et-se-loger-au-pays-i
Article
Année décisive pour la “mère des batailles en termes d’aménagement du territoire”, 2020 devrait voir l’adoption du premier Plan local de l’habitat englobant l’ensemble du Pays Basque nord. Voici une réflexion stratégique sur la crise du logement et du foncier en Iparralde, ses conséquences pour la population locale, et les pistes pour la maîtriser.
Quand j’ai commencé à militer à la fin des années 70, un slogan couvrait certains murs d’Iparralde : “Herrian lan eta bizi!” Vivre et travailler au Pays, tel était le leitmotiv de ceux qui voulaient alors combattre l’exode des jeunes partant chercher un emploi ailleurs. Les stratégies en découlant furent l’investissement du terrain économique, la création des coopératives, la défense de l’agriculture paysanne, l’orientation d’une partie de l’épargne locale vers la création et le développement des entreprises du territoire, la lutte contre le tout tourisme, le travail pour le développement de filières universitaires locales, etc. Pour un jeune Basque des années 2020, le paradigme a changé : il n’est pas plus exposé au risque du chômage que la grande majorité de la jeunesse du reste de l’Hexagone, loin de là. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a aujourd’hui les moyens et la garantie de pouvoir continuer à vivre au Pays. L’explosion des prix du foncier et l’envolée des loyers compromettent gravement son droit à pouvoir vivre sur le territoire qui l’a vu naître. Et cela ne concerne pas seulement la jeunesse, mais également les gens subissant des pertes de revenus, pour cause de départ à la retraite, de licenciement, de divorce, d’accidents de la vie en tout genre, etc. Il y a tout à parier que les années à venir voient les murs d’Iparralde se couvrir d’un autre slogan “Vivre et se loger au Pays !” “Herrian bizi eta aloitu!”.
Spirale infernale
La Côte basque, minuscule en Iparralde, est l’objet d’une pression foncière exponentielle, qui déborde désormais sur tout le rétro-littoral, entre la Côte et l’intérieur. Le foncier y devient rare, et la demande, notamment alimentée par la fameuse “attractivité” du territoire(1) est sans cesse grandissante. Du coup, les constructions ont beau se multiplier, cela ne diminue pas le prix du m² ou des loyers. On peut même se demander si cela n’a pas comme seul effet d’accroître la demande et du coup de surenchérir au final les prix qu’on voudrait faire baisser en augmentant l’offre. Les prix des logements ont en effet grimpé de 20% entre 2015 et 2018, alors que cette période suivait un pic de la production de logements (de 2.800 à 3.000 par an pour une population de 303.000 habitants à la même époque). L’attachement culturel à la maison individuelle, la multiplication des divorces, un taux de résidences secondaires deux fois supérieur à la moyenne française et aquitaine, les locations saisonnières et désormais le phénomène des plateformes internet de location touristique de type Airbnb qui ont crû de 30% entre 2017 et 2020, viennent considérablement aggraver le problème. Résultat : le prix moyen d’achat du m2 en Iparralde était de 4.300 euros en 2018 et n’a cessé de monter depuis. Le loyer moyen dans le parc locatif privé est de 651 euros sur la bande littorale basque élargie à l’intérieur jusqu’à Labastide-Clairence, Cambo, Espelette, plus Saint-Palais, Mauléon et Saint-Jean-Pied-de-Port, soit une zone de 84 communes (étude Audap de décembre 2020). Il monte à 725 euros sur les communes du littoral hors Bayonne et Anglet et du rétro-littoral (bande incluant Ustaritz ou Saint- Pée-sur-Nivelle). Rappelons ici que le Smic mensuel net est de 1.230,61 euros et donc que le loyer moyen sur le littoral basque coûte 59% d’un Smic net! Il y a deux ans d’attente pour obtenir un logement social (Sud-Ouest du 23-01-2021) et 70% de la population d’Iparralde y est éligible, alors que la plupart des communes n’atteignent même pas les 25% de logements sociaux exigés par la loi SRU pour l’horizon 2025.
Il peut y avoir 50 à 60 demandes pour un T2 ou un T3 à la location et si l’on veut l’avoir, il vaut donc mieux réagir dans l’heure suivant la parution de l’annonce. Encore faut-il, pour que sa demande soit sérieusement examinée, fournir à l’agence ou au propriétaire la preuve qu’on a un CDI, qu’on touche deux à trois fois l’équivalent du loyer, pouvoir payer deux mois de garantie et avoir en plus des personnes se portant garantes ! Autant dire que tout cela commence à laisser pas mal de monde au bord du chemin…
Volonté affichée du président de la CAPB
Face à un problème d’une telle ampleur et d’un tel impact sur la vie même des gens, il est indispensable que les pouvoirs publics agissent de tout leur poids pour contrer les tendances mortifères de la “main invisible du marché”. Le président de la CAPB et maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, contrairement à son concurrent malheureux Henri Etcheto, a au moins le mérite d’avoir compris que les réponses à cette crise du logement passaient par des outils inter-communautaires, à l’échelle du Pays Basque nord. Le président de la Communauté Pays Basque va plus loin dans une interview au journal Sud-Ouest du 23 janvier, en plaidant clairement pour un encadrement des loyers. “On a une telle rareté du foncier que les prix de cession ne cessent d’augmenter et avec eux, ceux de la location. On va arriver dans une situation où les gens ne pourront plus acheter ni louer. Dans notre secteur, 80% de la production de logements ne s’adressent pas à notre population. Elle n’en a pas les moyens. La production est plutôt tournée vers des acheteurs extérieurs. Si on laisse les choses se faire selon la loi de l’offre et de la demande, nous aurons avec la location les déboires que nous connaissons avec l’accession à la propriété. On ne pourra pas se passer de l’encadrement des loyers. La loi Elan n’est pas allée au bout des choses. Nous avons 24 communes officiellement en zone tendue, mais l’Agglomération ne peut pas prétendre à l’encadrement des loyers pour une raison incongrue. La loi fixait quatre critères pour en bénéficier. Nous ne satisfaisions pas à l’un d’eux, car nous avons un volume de production de logements trop important ! C’est pour le moins paradoxal. Il faut faire évoluer la loi (…) l’encadrement des loyers ne suffira pas. Je pense notamment aux locations saisonnières qui perturbent les marchés de l’accession comme du locatif(…).”
Mettre le PLH en phase avec les discours volontaristes
Mais on ne peut se contenter d’attendre de nouveaux outils législatifs, dont on ne sait pas s’ils verront le jour et encore moins à quel horizon. Au vu de l’importance et de l’urgence du problème, il faut activer tous les outils existant à notre portée pour en limiter l’impact sur notre territoire et sur notre population. Justement, montrant tout l’intérêt qu’il y avait à créer une communauté d’agglomération englobant tout Iparralde, pour la première fois, un Plan local de l’Habitat est élaboré à l’échelle de l’ensemble du Pays Basque nord, dressant un diagnostic global du problème du foncier et du logement sur notre territoire et fixant un certain nombre d’objectifs stratégiques avec lesquels nous ne pouvons qu’être d’accord, dont celui de “développer une offre davantage maîtrisée en volume et en qualité, financièrement plus accessible pour les ménages locaux, confortant les centralités, et mieux répartie notamment pour accompagner le développement du Pays Basque intérieur dans sa diversité”.
Pourtant, l’un des meilleurs spécialistes d’Iparralde de ces questions, Peio Etcheverry-Aintchart, se montrait dans ces mêmes colonnes d’Enbata, particulièrement sceptique sur le fait que les orientations opérationnelles et les actions proposées par le PLH soumis à l’avis des conseils municipaux d’Iparralde, permettent de remplir cet objectif stratégique : “Dans le contexte actuel, laisser ce projet, puis les SCOT et autres PLUi qui seront forcément à l’avenant, serait une irresponsabilité sociale et environnementale, et serait fuir ce qui me paraît être aujourd’hui la mère des batailles en termes d’aménagement du territoire.”
Acte politique fort de Saint-Pierre-d’Irube
Contrairement à la majorité des conseils municipaux qui se sont exprimés jusqu’à aujourd’hui pour approuver le PLH, parfois avec certaines réserves ou préconisations ; le conseil municipal de Saint-Pierre-d’Irube a lui, sur proposition de son maire Alain Iriart, émis un avis défavorable sur le PLH proposé, assorti d’un scénario alternatif. Enbata a décidé de publier cette délibération municipale particulièrement pédagogique et pertinente (dans sa version papier, disponible dans les maisons de la presse). Elle alerte sur le fait que la production prévue de 2.656 logements par an ne répondra qu’à hauteur de 29% aux besoins des ménages locaux et que les résidences secondaires constitueront 32% des constructions de logements neufs.
Elle propose notamment de rabaisser l’objectif de construction neuves à 2.000 logements par an ; de porter la part de logement accessible et solidaire (location et accession sociale) à hauteur de 55 à 60% du volume global de logements neufs (au lieu de 45%) ; de diviser par cinq le nombre de résidences secondaires prévues par an (178 au lieu de 892) ; de rénover les logements vacants ou anciens en réorientant les aides financières sous condition de location en résidence principale, avec un objectif de 1.400 à 1.500 logements par an…
Cet avis de Saint-Pierre-d’Irube est un acte politique fort, volontariste, qui ne peut qu’alimenter dans le bon sens le débat devant permettre de rehausser très fortement l’ambition du PLH — et par voie de conséquence de conditionner dans le bon sens les autres documents qui l’accompagnent (PCAET, PDU) ou le compléteront (SCOT, PLUi).
Cette demande d’un PLH bien plus volontariste doit, à mon sens, être appuyée par l’ensemble des mouvements sociaux et écologiques d’Iparralde.
Le scénario alternatif qu’il propose ne répond pas pour autant, lui non plus, à toutes les questions posées par l’actuelle crise du foncier et du logement. Je pense notamment au problème des locations saisonnières et des effets pervers du système Airbnb, et surtout à l’encadrement indispensable et total de l’accession sociale à la propriété, par des mécanismes de type BRS (bail réel solidaire) ou bail à long terme, comme l’évoque Alain Iriart lui même dans l’interview qu’il donne à Enbata.
Sans cela, nous construirons nos réponses sur du sable et au bout des dix ans prévus par la loi ELAN, les logements sociaux, financés avec l’argent public, iront rejoindre le marché normal et alimenter la spéculation immobilière et empirer le problème.
Quelle stratégie sur le foncier et le logement ?
Le PLH le plus volontariste ne suffira pas à lui seul à résoudre la crise actuelle et à venir du foncier et du logement en Iparralde.
Quels moyens réels a-t-il par exemple pour concrétiser un objectif opérationnel, tel que celui de la division par cinq du nombre prévu de constructions de résidences secondaires ?
Sur ce terrain plus que jamais, il nous faut penser une articulation entre travail institutionnel et lutte de masse, rôle des mouvements sociaux et de la mobilisation populaire. Il nous faut penser et construire une véritable stratégie, où chaque acteur, chaque mouvement puisse trouver sa place, son rôle spécifique et complémentaire, et que tous ensemble, nous puissions peser réellement sur le cours des choses, nous puissions desserrer la pression foncière et immobilière qui compromet notre possibilité même de vivre en Euskal Herri.
Nous devons mettre en place, au plus vite, les stratégies efficaces et gagnantes qui nous permettent tout simplement de vivre et se loger au Pays.
J’essaierai dans ma prochaine chronique de poursuivre cette réflexion et de formuler des propositions concrètes dans une telle perspective.[1]
(1) “Attractivité” que certains rêvent toujours d’accentuer avec leur phantasme de voie nouvelle LGV Bordeaux- Hendaye.
Komunitateak sozioekologiatik ehuntzen
Oihane Arretxea Bereziartua
www.argia.eus/albistea/komunitateak-sozioekologiatik-ehuntzen
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Komunitateak eta bizi eredu berriak ehunduz jardunaldia antolatu zuten otsailaren 26an Gasteizko Oihaneder Euskararen Etxean, UEUk hainbat ikerketa talderekin elkarlanean –AFIT, NOR, Ekopol, Parte-Hartuz–. Hiru mahai-inguru antolatu zituzten, bizi dugun osasun krisialdiak talde eta eragileetan izan duen eragina ezagutzeko asmoz, eta beren artean sortzen diren aliantza eta harremanak azaleratzeko. Bigarren mahai-inguruak sozioekologia ekarri zuen erdigunera eta gonbidatuak Zaldibar Argitu, Bizi! eta Larreko Mahaia izan ziren.
Jarunaldiko lehen mahai-inguruak zaintza izan zuen hizpide. Hemen duzue eskuragarri solasaldiaren inguruan egindako kronika: Komunitateak zaintzatik ehuntzen.
Zalbibar Argitu plataformako Jokin Bergara, Bizi! Mugimenduko Antton Harignordoquy (bideokonferentziaz) eta Larreako Mahaiko Lorea Flores izan ziren mahaian sozioekologiaz hausnartzeko. Andere Ormazabal Politika eta Administrazio Zientza saileko kideak dinamizatu zuen solasaldia.
Ekologismoarekin lotutako esperientziak bildu nahi izan zituzten solasaldi honetan. Ondorengo galdera sortari erantzun behar izan zieten parte-hartzaileek: Aniztasuna al dago zuen talde eta ekimenetan? Zein da sozioekologiari egiten diozuen ekarpena? Aliantzak sortzen al dituzue? Zer eragin izan du pandemiak zuen jardunean? Zeintzuk dira zuen erronkak?
Bizi! Mugimendua: “beste mundu bat posible dela erakutsi nahi dugu”
2009an sortu zen Bizi!, Kopenhageko klima aldaketari buruzko Nazio Batuen Konferentziaren mobilizazioen inguruan. Urgentzia klimatikoa eta justizia soziala lotzen dituzte haien jardunean eta horretarako desobedientzia zibila erabiltzen dute, baina bortizkeriarik gabe, estrategikoki, epe luzean gehiago irabazten dutela uste baitute. Harignordoquyk zioen moduan, “erradikalak eta pragmatikoak” dira legeak urratzen dituztelako eta gauzak aldatzeko neurri zehatzak proposatzen dituztelako. Jendartea eta planeta errespetatzen dituen eredu bat eraiki nahi dute, “beste mundu bat posible dela erakutsi nahi dugu, eta nolabait eraikitzen ari dela, alternatiba anitz abiatuta dira jadanik”.
700 kide dira guztira baina horietatik 40 arduratzen dira koordinaketaz, eta zehazten duenez, “hogei gizonezko eta hogei emakumezko egon behar dute beti, parekotasuna errespetatzea arau bat da”. Adinari dagokionez, gazteenak 20 urte ditu eta zaharrenak 60 urte pasata. Bestela, “gehiengoa zuria” da. Ipar Euskal Herrian zentratzen dute haien jarduna baina lurralde guztiak ordezkatuta egon daitezen saiatzen dira.
“Barrura begira lan egiteko modua anitz landu dugu”, adierazi zuen Harignordoquyk. “Ekintza erakargarriak egiten saiatzen gara, pentsatuak, umoretsuak eta eraginkorrak”, komunikabideak mugituko dituzten ekintzak bilatzen dituzte. Gainera, udalei proposamenak egiten dizkiete klima aldaketari dagokionez hartu ditzaketen neurrien inguruko txostenak eginez. Bestaldetik, Bizi!-k zubi-lana ere egiten du kanpotik Euskal Herrira bizitzera etorri den jendearen eta euskal gizartearen artean: euskara irakatsiz eta abertzaletasuna transmitituz.
Aliantzei dagokionez, “mundializazioari aurre egiteko modurik onena lurraldea dela uste dugu, eta beraz, Euskal Herria burujabea proposatzen dugu”, horretarako jende askorekin ari dira proposamen hori osatzen. “Gizarteko zenbait esparrutan oraindik ekologistak gaizki ikusiak gara. Sektore militante batzuetatik etsaigo bat sentitzen dugu batzuetan, batez ere bortizkeria ez erabiltzearen gure hautuagatik”, adierazi zuen Bizi!-ko kideak.
Larreako Mahaia bere horretan aliantza
“Gipuzkoako mugimendu sozial, politiko, sindikal eta ekologistako kideak gara” azaldu zuen Floresek. Larrialdi ekologikoari aurre egiteko mahaia da, hainbat eragilek osatutako elkargune bat. 2019ko irailean klima aldaketaren aurkako greba orokorrean aurkeztu zuten mahaia. Errauskailuaren aurkako mugimendua indarra galtzen ari zen eta diskurtso ekologista berritzeko, indartzeko eta zabaltzeko beharra zegoen. Gazteengana iristeko espazio gisa ere baliatu nahi zuten. “Gipuzkoan kokatu beharra zegoen, sistema aldatzea beharrezkoa da baina gure auzo, herri eta hirietatik”.
Eragileei erreparatuz gero, anitza da Larreako Mahaia. Normalean, “betiko” ekologisten perfila 40 urtetik gorako gizonezkoak izaten dira. Fridays for Future bezalako taldeetan ordea, 30 urtetik beherako neska gazteak daude, eta gainera ez dira euskaldunak, adierazi zuen Floresek.
Maila teorikoan ez dute ekarpen berezirik egin, orain arte egindako lana beste eragile batzuen lehenagoko proposamenetatik egin baitute. Saretze aldetik ordea, ekarpen handia egin dute haien iritziz. Esaterako, eragileen sareak haien proposamenaren zabalpena ekarri du, hain zuzen, Bizkaiara eta Arabara ere iritsi baitira.
Osasun krisialdi hasi zenean, “maila pertsonalean lan karga handitu egin” zela dio Floresek. Ikasleen kasuan adibidez, askok militantzia eremu hau alde batera utzi zutela azaldu zuen. Bestaldetik, osasun krisialdiak oztopoak ere sortu dizkie: “Pandemiak zaildu egin du elkartzea eta konturatu gara ez garela hain eraginkorrak teknologia berrien bidez”. Ondoko galdera ere luzatu zuen: “Protestarako eskubidea urratu da, zer egin behar dugu hori bermatzeko?”.
Mahai hau bere horretan aliantza bat dela azaldu zuen Floresek. “Diskurtso eta eragile anitzak ditugu” eta horrek zailtasunak ere ekartzen dituela azpimarratu zuen.
Zenbait eragilerekin tentsioak sortu dira, batzuetan diskurtsoek bat egiten ez dutelako. Elkarte ekologistak, sindikatuak eta ikasle zein gazte mugimenduak elkartu dira Larrean eta eragile ezberdinak elkartu izanak mobilizazio handiak egiteko aukera handia ematen die.
“Saretzeak, sektore ezberdinak biltzeak, potentzialidade handia dauka diskurtsoak indartzeko”. Euskal Herri osorako elkargune baten beharra identifikatzen dute, ikuspegi sozioekologikotik Euskal Herriaz eztabaidatzeko. Beste alde batetik, hondakinen kudeaketa erronka handitzat daukatela azpimarratu zuen. Hala eta guztiz ere, “hondakinen kudeaketaz hitz egitea katearen azken katebegiaz hitz egitea da”, gogorarazi zuenez. “Alternatibak proposatu behar dira” eta horretan lan handia dagoela identifikatzen dute. “Argi daukagu askotan proiektuak gelditzera goazela baina hori alternatibak proposatzearekin konbinatu behar da”. Nolako Euskal Herria nahi dugun pentsatu beharra dagoela mahaigaineratu zuen ere.
Zaldibar Argitu ehuntze komunitarioa indartuz
2020ko otsailaren 6an Zaldibarko zabortegian gertatutako ezbeharraren harira sortu zen plataforma hau. “Koiuntura politikoari erantzuten dion kolektiboa da”, gertakari bati erantzuten dio. Bergarak aipatu zuenez, lehendik zegoen ehundura sozial batetik sortu zen eta horrek azkar erantzuteko ahalmena eman zien. Helburua amorrua bideratzen saiatzea zen, bereziki, amorrua mobilizatzea. Hasieran, hamaika puntutako programa bat definitu zuten bertan, eta ” kutsu ezkertiar eta ekologista bat” nabaritu daiteke.
Otsailaren 14ean manifestazio bat deitu zuten Eibarren. Mobilizazio jendetsua eta oso anitza izan zen adinari, jatorriari eta ideologiari dagokionez. Pixkanaka asanbladak sortu zirenean, hasierako zalapartarekin jende asko gerturatu zen. Hala ere, euskara “ardatzetako bat” izan zela aipatu zuen plataformako kideak eta horregatik, zenbait pertsonak bertaratzeari utzi ziotela.
Ehuntze komunitarioan eragin handia izan du plataformak. “Kanpo etsaia sortzean barne kohesioa indartzen da”, hori oso argi geratu zitzaien. “Garrantzi handia eman diogu sektore sozial desberdinen batura bilatzeari eta batez ere kultura sektorea herri mugimenduaren zentrora ekartzeari”. Artearen bidez mezua zabaldu nahi izan dute, eta kulturaren bitartez mezu emozionala ere lantzea izan da asmoa.
Horrez gain, “giza hondamendi eta hondamendi ekologikoa salatzeaz gain, hondakin industrialaren gaia agerian jarri nahi izan dugu eta erantzukizunak eskatu”, Bergararen hitzetan.
Plazara ateratzea eta Eusko Jaurlaritzari konfrontazio politikoa egitea zen haien apustua eta horretarako, komunikabideei begirako plangintza eraginkor bat egin zuten: “Mezu berdina emango dugu behin eta berriro eragina izan dezan”. Hala ere, morboaren bila etorri direnak ere izan dituztela aipatu zuen Bergarak.
Bestalde, Euskal Herriko Eskubide Sozialen Kartarekin eta zeinbait sindikaturekin (ELA, LAB eta CCOO) aliantzak sortu zituzten. Aliantza “interesgarriak eta estrategikoak” direla dio, besteak beste, baliabide eta azpiegiturak dituztelako. Esaterako, martxoak 12rako etenaldi herritarra antolatzeko asmoa zeukaten, baina pandemiaren hasiera zela eta bertan behera geratu zen.
Eusko Jaurlaritzarekin konfrontazio handia daukate eta beraz, hauekin ez dute inolako aliantzarik sortu. Hala ere, “alderdi politikoekin harreman fluido bat izatea beharrezkoa” zela azpimarratu zuen, erantzun efektiboak emateko “ezinbestekotzat” dutelako. “Denbora aurka daukagu eta botere politikoa lortzea ezinbestekoa da”. Beste alde batetik, “gutxiagorekin bizitzeko kontzientziazioa” egiteko beharra dagoela azpimarratu zuen.
Amaieran, mahai-ingurua parte hartzaileagoa egiteko asmoz hausnarketarako eta galderak pentsatzeko tartea utzi ziguten entzuleei. Alboko kideekin solasaldia komentatzeari ekin genion eta minutu gutxira gogoetak partekatzen hasi ginen. Fridays for Future-eko neska gazte horiek euskaldunak ez izatearen arrazoiaz galdetu zuen entzule batek. “Gaur egun ekologismoa politikoki zuzena da, euskal ekologismoa ez ordea” aipatu zuen batek. Gazteek, ekologismoan erreferente globalak dituztela ondorioztatu genuen, Greta Thunberg da horren adibide argiena. “Fridays for Future bezalako ekimenetan parte hartzen duten gazteak ez du bere burua euskal herritartzat” ala “balio kontua ere bada”, gehitu zuten beste parte hartzaile batzuek. Amaierako hausnarketarako tartea ez zen gehiegi luzatu baina gogoeta interesgarriak eman zion itxiera goizeko saioari.