Articles du Vendredi : Sélection du 5 février 2021


Multiplication des canicules et des épisodes de sécheresse, nuits « tropicales »… Ce qu’il faut retenir des projections de Météo France jusqu’à 2100 s
France Télévisions
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La hausse moyenne des températures pourrait dépasser les 4 °C en France d’ici à la fin du siècle, voire 6 °C dans certaines régions, si rien n’est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

L’alerte est signée Météo France. Si rien n’est fait rapidement pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la France est menacée d’un réchauffement climatique de près de 4 °C en moyenne d’ici à la fin du siècle, selon des projections publiées lundi 1er février par l’institut français de météorologie. Ce chiffre dépasse nettement les objectifs de l’accord de Paris, qui prévoit de limiter le réchauffement « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », si possible sous 1,5 °C.

Multiplication des canicules, nuits « tropicales », épisodes de sécheresse en hausse, fin des vagues de froid… Voici ce qu’il faut retenir de ces simulations réalisées par Météo France, l’Institut Pierre Simon Laplace et le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique, à partir de trois scénarios modélisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Dans le pire scénario, une hausse qui pourrait dépasser les 4 °C

Au niveau national, le réchauffement est contenu à une hausse d’environ 1 °C jusqu’en 2040, dans les trois scénarios étudiés (qui varient selon la maîtrise ou non des gaz à effet de serre). Les trajectoires divergent ensuite fortement. Si la hausse est stabilisée autour de +1 °C dans un scénario d’émissions maîtrisées, l’augmentation atteint +2,2 °C en moyenne dans le scénario intermédiaire et s’envole à +3,9 °C en moyenne (et +4,5 °C au pire) dans le scénario de fortes émissions. Le réchauffement sera « plus marqué en montagne : Alpes et Pyrénées notamment », écrit Météo France. Il sera également plus sensible dans le sud-est de la France, mais en revanche moins fort dans le Nord-Ouest.

De plus en plus de vagues de chaleur

« Le nombre de vagues de chaleur estivales, annonce Météo France, augmente régulièrement au cours du siècle, en moyenne jusqu’à 10 à 20 jours supplémentaires près des côtes de l’Atlantique et de la Manche et de 20 à 35 jours, soit une augmentation d’un facteur 3 à plus de 10 [dans l’ensemble de la France]. Le quart sud-est de la France est la zone la plus exposée à l’augmentation de cet aléa. »

Selon le pire des scénarios, le nombre de jours de vagues de chaleur (plus de cinq jours consécutifs à plus de 5 °C au-dessus de la moyenne) pourrait donc être multiplié par 10. Et même dans l’hypothèse d’émissions maîtrisées, ce nombre pourrait doubler.

Les records absolus enregistrés lors de la canicule de l’été 2019 seraient ainsi souvent dépassés, avec une augmentation des températures estivales moyennes de 6 °C. « Il a été montré que les vagues de chaleur de l’été 2019 qui ont provoqué des températures inédites de 46 °C dans le sud de la France et voisines de 43 °C sur la région parisienne étaient une conséquence directe du changement climatique », rappelle Virginie Schwarz, la PDG de Météo France, dans sa présentation du rapport.

Des « nuits tropicales » sauf en montagne et sur le littoral de la Manche

Cap sur les Alpes ou vers la mer du Nord ? Parmi les autres conséquences du réchauffement, l’augmentation du nombre de nuits qualifiées de « tropicales », c’est-à-dire le « nombre de nuits avec des températures minimales quotidiennes supérieures à 20 °C ». « L’augmentation du nombre de jours de nuits tropicales sera déjà importante dès l’horizon proche sur le sud de la France (littoral méditerranéen, vallée du Rhône et Midi toulousain) », détaillent les experts dans le pire scénario.

« En milieu de siècle, les zones urbaines telles que Paris, Lyon et la vallée de la Garonne sont touchées. En fin de siècle, seules les zones de montagne et le littoral de la Manche restent quasi épargnés tandis que l’augmentation atteint 90 jours (trois mois) sur les zones les plus exposées », prévoient les chercheurs, toujours dans ce scénario extrême. Ils rappellent aussi que ces « nuits tropicales » mettent à mal la récupération du corps humain.

Des épisodes de sécheresse en nette hausse

De leur côté, les épisodes de sécheresse augmentent de 30 à 50% dans les scénarios moyen et haut. Selon l’un des scénarios, on va observer « un allongement des périodes de sécheresse météorologique estivales concernant principalement les régions méditerranéennes et la façade ouest à l’horizon ‘fin de siècle’ d’une intensité notable de 5 à 10 jours supplémentaires de manière générale ». Météo France rappelle que dans le climat récent (1976-2005), « le nombre maximum de jours secs consécutifs en été est assez variable selon les régions, allant de 10 à 15 jours sur un grand tiers nord-est et les abords des Pyrénées jusqu’à 25 à 30 jours sur le pourtour méditerranéen ».

Dans les décennies à venir, le sud de la France pourrait donc connaître des périodes de sécheresse de plus d’un mois, avec un fort « impact sur l’agriculture, le risque de feux de forêt et la biodiversité en général ». Et ce, même si l’évolution du régime de précipitations est plus difficile à prévoir. Il est attendu en légère hausse en hiver, mais en nette baisse en été (plus de 20% dans le pire scénario).

La neige, un souvenir ?

A contrario, la neige et le gel pourraient passer au rang de souvenirs (sans parler des sports d’hiver). Les projections régionalisées montrent en effet une hausse de la température annuelle moyenne jusqu’à 6 °C sur certaines zones des Alpes et des Pyrénées. « En fin de siècle, on constate que la diminution des jours de vagues de froid se retrouve dans les trois scénarios », écrivent les chercheurs. Dans le pire scénario, « la survenue d’un événement de type vague de froid devient proche en moyenne de 1 jour par an, voire moins ». Idem pour les journées de gel, qui pourront « devenir des évènements rares ». Dans le pire scénario, « le nombre de jours de gelée diminue sensiblement (…). En fin de siècle, la diminution atteint en moyenne une vingtaine de journées dans le Sud-Ouest et de l’ordre de 40 jours dans l’Est et 60 jours en montagne ».  Pour rappel, sur la période 1976-2005, « les gelées étaient fréquentes sur la plupart du territoire, excepté le littoral méditerranéen et océanique, de l’ordre de 20 à 40 jours en plaine, jusqu’à 60 jours dans le Grand-Est, voire 100 jours en montagne ». Il ne resterait donc plus que 40 jours de gel en altitude en 2100, avec l’accélération de la fonte des glaciers, dont bon nombre devraient disparaître à cet horizon.

 

Les animaux à l’heure du changement climatique
Jean-Pierre Tamisier
www.sudouest.fr/2021/01/31/les-animaux-a-l-heure-du-changement-climatique-8350311-6983.amp.html

HEGALALDIA L’association constate, à son échelle, les conséquences du changement climatique.

L’association de protection de la nature Hegalaldia, qui assure la gestion, à Ustaritz, du seul centre de soins pour la faune sauvage des Pyrénées- Atlantiques, enregistre les variations de comportement de certaines espèces, à l’heure du réchauffement climatique. « Nous l’observons notamment chez les hérissons, indique Stefan, un des responsables de l’association. Les successions de vague de froid et de radoucissement perturbent leur hibernation. Ils se réveillent à des périodes inhabituelles. » Autre constat, lié cette fois aux pluies récentes, des rapaces sont en quête de batraciens qui sont en période de reproduction et traversent pour cela les routes à la recherche de plans d’eau. Il leur arrive alors de se faire écraser. Certains rapaces y trouvent une opportunité de nourriture et subissent le même sort. Très agiles par temps sec, ils le sont beaucoup moins avec le plumage humide. Un milan royal a ainsi été victime de ce phénomène ce week-end à Mauléon. Il a été recueilli par Hegalaldia. Toutefois, avec le confinement, l’association a observé que beaucoup moins d’oiseaux nocturnes, chouettes, hulottes et autres sont blessés par des voitures. En cette période, malgré un climat tempétueux, Hegalaldia n’a pas noté une recrudescence d’oiseaux marins à secourir. « On constate, en revanche, depuis un certain temps, qu’il s’agit d’oiseaux marins très dénutris. On trouve des Guillemots de Troïl qui ne pèsent plus que 400 ou 450 grammes. Et lorsque nous faisons des autopsies d’oiseaux comme le Fulmar boréal, on trouve systématiquement du plastique. »

Ne pas soigner chez soi

Que ce soit sur la plage ou à l’intérieur des terres, qu’il s’agisse d’oiseaux ou de tout autre animal blessé, Hegalaldia demande à ne pas les recueillir chez soi. « On a eu le cas d’un hérisson qu’une personne a gardé six mois pour le soigner, sans y parvenir. Lorsqu’elle nous l’a apporté, il était obèse et souffrait d’escarres. Nous avons aussi eu le cas d’oiseaux avec des fractures qui s’étaient consolidées, mais mal. Il est alors très difficile de réopérer pour rebriser le membre affecté afin de le remettre en place. »

Hegalaldia est ouvert 7 jours sur 7, 365 jours par an. Contact : 06 76 83 13 31 ou 05 59 43 08 51.

42% des personnes dont le lieu de travail est situé à moins de 1 km de leur domicile s’y rendent en voiture
Olivier Razemon
www.lemonde.fr/blog/transports/2021/01/24/42-des-personnes-qui-travaillent-a-moins-de-1-km-de-chez-eux-sy-rendent-en-voiture/

C’est toujours la même consternation quand paraissent les statistiques de l’Insee sur les déplacements quotidiens. Selon ce document issu des recensements annuels et rendu public le 19 janvier, 42% des personnes dont le lieu d’emploi est situé à moins d’un kilomètre de chez eux prennent le plus souvent leur voiture pour s’y rendre. Presque autant circulent à pied, et les autres à vélo ou en transports publics. Lorsque la distance est comprise entre 1 et 2 km, la voiture convainc 56% des personnes. Entre 2 et 3 km, 63%, etc. Dans l’ensemble, 60% des déplacements domicile-travail de moins de 5 km se font en voiture. Un kilomètre se parcourt en dix minutes à pied, en trois ou quatre minutes à vélo, et parfois beaucoup plus, en fonction de la voirie et du stationnement, en voiture…

Précisons que ces chiffres sont calculés à partir des recensements de 2015 à 2020, réalisés en janvier-février de chaque année, donc dans tous les cas avant le début de l’épidémie de covid et les bouleversements dans les mobilités qu’elle a provoqués.

La voiture pour un kilomètre, mais qui sont ces gens? Des êtres inconscients qui négligent l’exercice physique quitte à risquer les maladies liées à la sédentarité? Des égoïstes qui aiment perdre leur temps dans l’habitacle et les bouchons, dépenser du carburant, enrichir les monarchies du Golfe, mettre en danger les piétons, dissuader les autres de se déplacer à pied ou à vélo?

L’Insee cherche des explications. 22% de ces 42%, soit 109000 personnes, « déclarent avoir plusieurs lieux de travail ». Dès lors, « pour ces actifs, utiliser la voiture est très probablement lié à l’exercice d’activités plus éloignées ». Tous les jours, ou pas. Pour interpréter le comportement des 385000 autres, l’Insee avance l’hypothèse de « la succession d’activités différentes lors d’un même trajet (par exemple, accompagner des enfants à l’école avant de se rendre à son lieu de travail) ».

Le bon prétexte. Le raisonnement a été maintes fois déployé et cette succession d’activités (baptisée « déplacements chaînés ») suscite des argumentations alambiquées: « Je prends la voiture car je dépose les enfants, et je dépose les enfants car je suis en voiture ». C’est dommage, car la capacité cardiovasculaire des enfants d’aujourd’hui est un quart plus faible que celle des enfants d’il y a 40 ans. Les femmes, peut-on lire parfois, seraient particulièrement concernées par les « trajets chaînés ». Sauf que les hommes (63%), davantage que les femmes (58%), montent en voiture pour faire moins de 5 km.

Ou alors, imagine l’Insee, ces 385000 personnes ont des problèmes de santé? Forcément, quand on ne bouge pas… Mais encore, « tout simplement », avancent les statisticiens, cet usage immodéré du véhicule motorisé encombrant se ferait « par choix ou habitude ».

Manque d’imagination et d’aménagements. Un élément est toutefois négligé par l’Insee: l’état de la voirie. Dans de nombreuses communes, les trottoirs sont inexistants, les trajets à vélo anxiogènes, les transports publics peu fréquents ou peu fiables, tandis que le système routier est, cela semble une évidence à tout le monde, parfaitement équipé, entretenu, signalé. La « force de l’habitude » n’est pas tant celle des usagers que celle des aménageurs, incapables d’imaginer autre chose qu’un environnement routier.

Prendre des habitudes. L’édition 2021 des statistiques de l’Insee souligne ainsi, en creux, le « potentiel énorme », selon l’expression consacrée, des moyens de transports alternatifs: marche, trottinette, vélo, bus, etc. Ce sont certes des courts trajets qui, peut-on croire, ne changeront pas la face du monde. Mais prendre l’habitude de se déplacer à pied ou à vélo, c’est descendre de ce piédestal qu’est l’habitacle protecteur, considérer différemment ses trajets, la géographie environnante et l’objet voiture, et finalement apprendre à n’utiliser celui-ci que lorsqu’il est indispensable.

Classes sociales. Le document de l’Insee précise aussi que ce sont les artisans (77%), les agriculteurs (73%) puis les ouvriers (66%) qui utilisent le plus la voiture pour faire moins de 5 km. « Seulement » 49% des cadres sont dans cette situation.

Ces chiffres peuvent s’expliquer par le besoin qu’ont certaines professions de transporter des objets, mais aussi par l’aménagement des communes et quartiers où vivent et travaillent les cadres, les horaires de travail, ou encore la pression sociale. En outre, alors que les cadres passent leurs journées postés devant un ordinateur ou dans des réunions « en présentiel », d’autres professions pratiquent de toute façon une activité physique durant leurs heures de travail.

Palmarès des villes. Enfin, l’Insee publie les « parts modales » (parts de marché, en quelque sorte) des différents moyens de transport dans les 20 villes de plus de 150000 habitants. Le palmarès des villes les plus arpentées à vélo rappelle celui du Baromètre des villes cyclables: Strasbourg, Grenoble, Bordeaux, puis Rennes et Nantes. La marche est négligée à Toulouse, choisie à Lyon. Les deux-roues motorisés assourdissent les passants à Nice, Marseille, Toulon, Paris. La voiture est reine à Nîmes, Le Havre, Reims, Toulon, minoritaire à Lyon, Grenoble, Strasbourg, marginale à Paris. Les transports publics l’emportent largement à Paris et tiennent la route à Lyon ou Lille, beaucoup moins à Nîmes ou Angers.

Société du tout-voiture. Chacun trouvera dans ces statistiques de quoi alimenter le même constat: contrairement à ce que voudrait faire croire le lobby automobile, nous sommes toujours dans la société du tout-voiture. Les modes de transport alternatifs disposent d’une belle marge de progression, aussi bien dans les villes, dans leurs périphéries qu’à la campagne, quel que soit l’âge, la profession et le sexe.

NB: Les méthodes de l’institut ont été critiquées, dans le passé, car le « lieu de travail » pris en compte était arbitrairement fixé au centre géographique de la commune concernée. Dès lors, la distance effective pouvait, d’un point à l’autre de communes étendues telles que Arles, Montauban, Marseille ou Toulouse, dépasser amplement le kilomètre.

Pour lever le flou, les statisticiens ont clarifié, dans leur édition 2021 des statistiques, leur manière de travailler. Ils ont restreint leurs observations « aux 1,2 million d’actifs dont la géolocalisation du lieu de travail est certaine et dont la distance domicile-travail est d’au plus un kilomètre ». Et c’est là que tombe le chiffre implacable: « 42 % d’entre eux, soit 494000 actifs, utilisent la voiture pour aller travailler. »

Virus du Covid : l’humanité est son écosystème
Yves Sciama
https://reporterre.net/Virus-du-Covid-l-humanite-est-son-ecosysteme

Covid-19 nous semble cruel, habile ou déroutant, mais ses apparents caprices résultent simplement de la reproduction incessante du virus responsable de la maladie, le Sars-CoV2. Pour maximiser sa transmissibilité, il s’adapte constamment à l’environnement le plus favorable pour lui, les humains… En bref, il a le comportement écologique des organismes vivants.

Qu’est-ce qui fait courir le Sars-CoV2 ? Comment s’explique son comportement ? La question peut se poser, à entendre moult experts. « On a affaire à un virus diabolique et beaucoup plus intelligent qu’on ne le pense » estime ainsi le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique. D’autres parlent de sa capacité « à exploiter nos moindres failles ». Ces métaphores capturent certes l’imagination mais n’éclairent guère les choses. Car prêter une conscience malfaisante à un virus ne permet pas de comprendre sa logique, ni les scénarios possibles de son évolution.

« En biologie, on adore raconter des histoires et anthropomorphiser », confesse Samuel Alizon directeur de recherche au CNRS et auteur de Évolution, écologie et pandémies. Faire dialoguer Pasteur et Darwin, qui vient d’être réédité en poche (Seuil, 2020). « Mais il faut bien être conscient des limites de l’analogie, et toujours garder à l’esprit que ce sont les règles de l’évolution qui mènent le jeu. » Car si le Covid-19, qui est une maladie, peut parfois nous sembler cruel, habile ou déroutant, ses apparents caprices résultent de la reproduction aveugle d’un virus, le Sars-CoV2. Cette petite machine à se multiplier est évidemment dépourvue de conscience, de sentiments et de préméditation. Pourquoi alors, demandera-t-on, ses brusques changements de comportements ? Pourquoi avoir « sauté » de l’animal sauvage auquel il était adapté à l’humain ? Pourquoi cette expansion explosive en une seule année ? Et ces mutants plus contagieux ou plus résistants aux vaccins ?

Toutes ces transformations sont en réalité le jeu normal de l’évolution des organismes, évolution accélérée dans le cas d’un microbe, au cycle de vie très court et à la population innombrable. Car ce virus n’est rien d’autre qu’un organisme, une sorte d’espèce invasive, qui prend pied dans un nouvel environnement complexe — le corps humain. Et comme pour tout être vivant, sans exception, le succès biologique pour un virus consiste à maximiser sa reproduction et à occuper tout son environnement – car c’est ainsi que les êtres vivants minimisent le risque d’extinction face aux prédateurs et aux catastrophes qui les menacent toujours.

Pour maximiser cette reproduction, le virus s’adapte constamment à son environnement, améliorant sans cesse sa biologie. Il le fait sans intentionnalité : son adaptation est le produit de mutations aléatoires, d’erreurs de copie lorsqu’il se reproduit. Dès son entrée dans une cellule, le Sars-CoV2 fait en effet un millier de copies de lui-même en moins de dix heures, rappelle l’évolutionniste Franck Courchamp dans un article passionnant et plein de verve, puis ces nouveaux virus sortent de la cellule et vont propager l’infection plus loin. Certaines de ces copies, inévitablement, comportent de petites erreurs ; et l’immense majorité des mutants disparaissent car les virus « ordinaires » leur sont supérieurs. Mais de temps à autre, une mutation crée un virus mieux adapté — par exemple qui entre plus facilement dans les cellules, ou qui échappe mieux au système immunitaire humain. C’est alors lui qui élimine ses rivaux, et le nouveau virus « amélioré » devient la norme. Vu de l’extérieur, le virus semble avoir manœuvré à son avantage, et il est tentant de décrire les choses ainsi. En réalité, l’évolution a tout simplement fait son travail.

Si ce virus nous a « sauté dessus », c’est que nos comportements lui en ont fourni l’occasion

On comprend immédiatement l’avantage biologique qu’il y a pour un virus à acquérir la capacité d’infecter des humains, s’il vient par exemple d’une obscure espèce de chauve-souris localisée dans les forêts d’une lointaine région chinoise. « Rentrer » dans l’humanité, faire de celle-ci son « environnement, son écosystème et sa ressource », comme l’écrit Franck Courchamp, c’est s’ouvrir un immense territoire biologique à coloniser, un territoire constitué de milliards d’individus répandus aux quatre coins de la planète et dans tous les milieux !

Il n’en reste pas moins que si ce virus nous a « sauté dessus », c’est que nos comportements lui en ont fourni l’occasion, notamment notre incessante conquête de nouveaux milieux naturels.

L’humanité s’était du reste longtemps tenue à distance des forêts tropicales précisément à cause des nombreuses maladies qu’on y contractait. Samuel Alizon souligne :

On voit rarement ces sauts d’espèces car ils ont une probabilité assez forte de s’éteindre sans causer d’épidémie. Mais si on multiplie les contacts entre les humains et la faune sauvage, ou entre les animaux d’élevage (constamment manipulés par les humains) et cette faune, on augmente le nombre de contacts entre des virus mutés et des humains. »

Et donc la probabilité du passage à l’humain d’un virus animal.

L’extraordinaire vitesse de propagation du Sars-CoV, qui a conquis les cinq continents en quelques semaines, s’explique quant à elle davantage par les propriétés de l’habitat du virus, à savoir l’humanité, que par les caractéristiques du virus lui-même. Certes, celui-ci est transmissible par les gouttelettes et les aérosols, un mode de propagation très efficace. Mais c’est surtout l’extraordinaire accroissement des transports à la fois intercontinentaux et domestiques (il y a eu 4,4 milliards de passagers aériens en 2019), ainsi que l’urbanisation, énorme multiplicateur des contacts interhumains, qui ont permis la conquête du monde par le virus. Et qui fait que même les territoires qui semblent parvenir à s’en débarrasser, comme ce fut le cas de la Chine ou de la Nouvelle-Zélande, sont régulièrement l’objet de flambées importées.

La multiplication des variants, elle aussi, s’explique par des règles écologiques de base. Dans une population d’hôtes restreinte, par exemple les chauves-souris, ou une petite communauté d’humains, les mutations sont rares. Mais le Sars-CoV2 infecte désormais environ cent millions d’humains. Dès lors, le nombre de mutations augmente de façon exponentielle, et des variants mieux adaptés apparaissent. Dans un entretien, le bioinformaticien sud-africain Tulio de Oliveira soulignait que le point commun entre Londres, Le Cap et Manaus — où sont apparus les trois variants les plus préoccupants — est qu’elles sont des villes « profondément touchées par la première vague de l’infection ». Tandis que l’on voit bien qu’il n’y a pas eu de variants vietnamiens ou coréens — les pays qui ont bien géré l’épidémie.

L’apparition de mutants plus transmissibles (variant britannique) ou de mutants capables de réinfecter des humains déjà tombés malades (variant sud-africain ou brésilien) est parfaitement conforme à la théorie de l’évolution. Tout virus qui acquiert la capacité de se transmettre plus rapidement, dans la compétition qui l’oppose aux virus « ordinaires » pour coloniser les corps des humains, a une longueur d’avance, grâce à laquelle il finit par s’imposer. Le Sars-CoV2 l’a fait comme prévu, même si c’est « avec une efficacité stupéfiante » pour Christian Drosten, le principal spécialiste allemand des coronavirus.

« Il y a deux évolutions possibles : la coexistence pacifique… ou la course aux armements »

Mais alors pourquoi le virus nous rend-il malades, parfois fatalement ? N’est-ce pas pour lui tuer la poule aux œufs d’or ? Souvenons-nous que toute mutation qui augmente le succès reproducteur du virus sera sélectionnée par l’évolution. Cela peut être le cas de certains symptômes favorisant la transmission, par exemple la toux et les éternuements, pour les virus respiratoires, ou la diarrhée, pour les virus digestifs… Le plus souvent, le fait que l’humain soit malade n’est pas « utile » au virus. La maladie résulte simplement de la colonisation et de la destruction rapide d’un grand nombre de cellules de certains organes par le virus, contraint de se reproduire rapidement pour éviter d’être rattrapé par le système immunitaire. Parfois, comme cela arrive avec le Covid, le système immunitaire débordé déclenche une riposte plus létale que l’action du virus lui-même. Au fond, c’est la transmissibilité qui est sélectionnée par l’évolution, tandis que la virulence n’est qu’une conséquence plus ou moins indésirable de cette dernière.

Faut-il en déduire que la virulence s’atténue naturellement avec le temps par le jeu des mutations, et que le Covid va peu à peu devenir inoffensif jusqu’à se transformer en un banal rhume (comme d’autres coronavirus humains) ? Les biologistes ont longtemps pensé que c’était la trajectoire logique des pathogènes. « En pratique, on a bien vu que ça ne marche pas, explique Samuel Alizon. Le [VIH|virus de l’immunodéficience humaine], par exemple, a plutôt augmenté sa virulence depuis son apparition chez l’humain. Même chose pour la tuberculose. En fait, aujourd’hui, on considère qu’il y a deux évolutions possibles : la coexistence pacifique… ou la course aux armements. » Et le Sars-CoV2, qui est un virus récent et encore imparfaitement adapté, pourrait devenir plus virulent, dans son effort pour devenir plus transmissible.

Quid des traitements et des vaccins ? Comment peuvent-ils influer sur l’évolution des virus et en particulier du Sars-CoV2 ? « Exactement de la même manière qu’un pesticide influe sur l’évolution d’un ravageur, répond Samuel Alizon. En générant des résistances ; même si les vaccins les provoquent moins rapidement que les traitements. » Ainsi à chaque nouvelle molécule antivirale, dans le cas du VIH, des résistances sont apparues en quelques mois, et il a fallu en combiner trois pour tenir enfin le virus en respect. Il faut donc s’attendre, en cas d’apparition d’antiviraux efficaces contre le Sars-CoV2, à devoir développer des stratégies de combinaisons ou d’alternances de traitements pour éviter que le virus ne parvienne à leur échapper.

Dans la classique coévolution entre les hôtes et leurs virus, sorte de « course aux armements » qui oppose l’humanité au Sars-CoV2, il y a cependant une nouveauté notable : l’apparition des vaccins à ARN. Ceux-ci permettent en principe de s’adapter très rapidement à d’éventuelles mutations du virus, en ayant une composition facilement modifiable. « On a donc désormais des vaccins qui évoluent, face à l’évolution des virus », s’amuse Samuel Alizon.

Cela permettra-t-il à Homo sapiens de gagner la course aux armements ? C’est probable — même si connaître les lois de l’évolution ne permet pas de la prédire. Il y a un risque : celui de baisser la garde et de laisser filer l’épidémie, dans l’espoir que l’arrivée des vaccins suffira à tout régler. Cela reviendrait à offrir au virus des dizaines de millions de corps humains supplémentaires où concocter des mutations imprévisibles… dont on ne peut affirmer que l’humanité saura les gérer.

Mendeko Afera: Justiziak Frantses Estatua kondenatzen du klimaren arloan geldirik egotea gatik!
Eragileen plaza
www.argia.eus/plaza/bizi-mugimendua/mendeko-afera-justiziak-frantses-estatua-kondenatzen-du-klimaren-arloan-geldirik-egotea-gatik

2021eko otsail honetan, Parisko Auzitegi Administratiboak Klima aldaketaren borrokaren arloan, frantses Estatua “eskasia hobendunarentzat” kondenatu du. Lehen aldikotz, auzi batek ezagutzen du frantses Estatuaren ardura krisi klimatikoan eta haren geldirik egotea kondenatzen du! Horren bidez, arrazoin emaiten du “Mendeko Afera” den heletegia bultzatu duten 2 milioi pasa herritarrei eta 4 GKE-ri (Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam eta Fondation Nicolas Hulot (FNH)).

Bizik garaipen erraldoi hori txalotzen du eta pozten da azken hilabeteetan klima aldaketaren kontrako borrokak hartzen duen bihurgun juridikoaz, besteak beste, premiazko beharraren eta adierazpen askatasunaren izenean baieztatu diren hobengabetzeak, presidente-potreten deslotzeen kasuan, edo Estatu mailako auzitegi gorena den Estatu Kontseiluko galdea frantses Estatuari, 3 hilabete barne azken honek bere berotegi efektuko gasen murriztearen ibilbidea 2030ari buruz errespetatua izaiten ahalko dela justifikatzeko.

Estatuak, ekintza klimatikoen arloan duen eskastasunaren gatik, abisu bat ukan du, eta urritasun hori gaur egun agerian da. Alabaina, Gobernua  bozkaraztear den Klima eta Erresilientzia, etortzekotan den legearen edukia ikertuz geroz, nahiz eta azken honen xedea Klimaren Aldeko Herritar Akordioaren proposamenen berriz hartzea izan, arras anbiziorik gabeko legea da.

Mendeko Aferaren baitan iragan den gaurko kondenak, buruzagi politikoen geldirik egotea salatzeko herritarrek burutu ekintzak indartzen eta bidezko egiten ditu.

Bizik orroitarazten du, klimaren arloan geldirik egoteaz hobendun diren lurraldeko hautetsiak ber maneran kondenagarriak direla. Hemen Ipar Euskal Herrian, 46 Herriko Etxe engaiatu dira Metamorfosi Ekologikoaren Itunarekiko. “Maider Arosteguy, Biarritzeko auzapezak, ez ditu bere engaiamenduak errespetatzen eta Ingurumenaren Kodea nahitara urratzen du, Kennedy hiribidearen arraberritze lanetan bizikletentzat ez duelarik egokitze izpirik aintzin ikusten, jakinez Euskal Kostan, garraioek dutela Berotegi Efektuko Gasen isurketen arloan lehen postua okupatzen” gaitzesten du Emmanuelle Tosini-k Biziren bozeramaileak.

Justiziak baieztatzen du ezin girela gobernua ekiten hastea itxoiten egoten ahalHorretarako Bizik gomita luzatzen du herritar, justizia eta politika mailako presioaren atxikitzerat, klima arloko ekintzen, legearen eta Estatuek eta tokiko hautetsiek izenpetu engaiamenduen errespetuaren fermuki eskatzeko.