Le réchauffement climatique deux fois plus élevé en Europe qu’ailleurs dans le monde
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Selon l’ONU, la hausse des températures en Europe a été plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire au cours des trente dernières années
La hausse des températures en Europe a été plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire au cours des trente dernières années, a indiqué l’ONU ce mercredi 2 novembre.
Les températures en Europe ont subi une élévation considérable au cours de la période 1991-2021, avec un réchauffement d’environ +0,5 °C par décennie, révèle un rapport sur le climat en Europe élaboré par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies et le service européen sur le changement climatique Copernicus. « Il s’agit du réchauffement le plus rapide des six régions définies par l’OMM », a souligné le secrétaire général de l’OMM, le Finlandais Petteri Taalas.
L’Arctique, qui dans son ensemble se réchauffe plus rapidement que l’Europe, n’est pas considérée comme une région à part entière par l’organisation.
En conséquence du rapide réchauffement en Europe, les glaciers alpins ont perdu 30 mètres d’épaisseur entre 1997 et 2021. La calotte glaciaire du Groenland fond progressivement, contribuant à accélérer l’élévation du niveau de la mer. Au cours de l’été 2021, le Groenland a pour la première fois enregistré de la pluie à son point le plus élevé.
« En 2021, une série d’événements météorologiques et climatiques extrêmes se sont produits. Les inondations qui ont provoqué un nombre sans précédent de morts et de dégâts en Europe occidentale et centrale en juillet, et les incendies qui ont dévasté l’Europe du Sud-Est cet été, resteront dans la mémoire et dans les archives climatologiques internationales », a fait remarquer Petteri Taalas
Des raisons d’espérer ?
Ces phénomènes météorologiques et climatiques à fort impact ont provoqué des centaines de décès en Europe, touché directement plus d’un demi-million de personnes et causé 50 milliards de dollars de dommages, selon l’OMM.
Le rapport a été publié à quelques jours de l’ouverture de la COP27, la conférence de l’ONU sur le climat qui se tient du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte.
Une nouvelle évaluation anticipe un réchauffement climatique plus grave que prévu sur la France, avec en 2100 3,8 °C de plus en moyenne qu’au début du XXe siècle si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à leur niveau actuel
L’accord de Paris sur le climat conclu en 2015 fixe pour objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C et si possible à 1,5 °C. Mais les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d’un réchauffement de 2,6 °C d’ici la fin du siècle.
Et dans toutes les régions d’Europe, l’élévation des températures sera plus forte que la moyenne planétaire, comme on a pu l’observer jusqu’ici, prévient l’OMM, un phénomène laissant présager chaleurs, feux de forêt, inondations…
Toutes les nouvelles ne sont cependant pas mauvaises, assure l’organisation qui souligne que plusieurs pays européens parviennent très bien à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Dans l’Union européenne, ces émissions ont déjà diminué de 31 % entre 1990 et 2020, l’objectif étant une réduction nette de 55 % à l’horizon 2030. Et environ 75 % de sa population est protégée des catastrophes par des systèmes d’alerte précoce efficaces. « Enfin, ses plans d’action contre les canicules ont permis de sauver de nombreuses vies », fait valoir l’OMM.
Cher Bruno Le Maire…
Mickaël Correia
www.mediapart.fr/journal/ecologie/121022/cher-bruno-le-maire
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Dans une lettre aux Français postée sur les réseaux sociaux, le ministre chargé de l’économie a pointé les sarcasmes qu’il subit après avoir déclaré porter un col roulé, fustigeant rien de moins qu’« un drame de notre vie démocratique ». Mais le vrai drame démocratique réside dans son obstination à ne pas enclencher la transition climatique. Et à défendre les intérêts privés de TotalEnergies, au détriment des travailleurs, comme du climat.
Cher Bruno Le Maire,
Il y a quelques jours, dans une lettre poignante postée sur Facebook et sur Instagram, vous pointiez les sarcasmes que vous subissez après avoir déclaré porter un col roulé pour « faire des économies d’énergie, faire preuve de sobriété ».
En tant que ministre chargé de l’économie, vous asseniez dans cette missive adressée aux Français·es : « Vous aimeriez discuter de nos choix énergétiques, de sobriété, de transition climatique ? Moi aussi. Mais vous ne m’entendrez pas, car ma parole sera recouverte par le bruit. »
Puis, tout en vous drapant dans une position de victime, vous concluiez que ces critiques à votre égard n’étaient rien de moins qu’« un drame de notre vie démocratique ».
Mais le drame de notre vie démocratique, c’est que les Français·es se sont fait confisquer tout débat public sur nos choix énergétiques, Emmanuel Macron ayant décidé seul, et sans aucune réelle consultation démocratique, de relancer l’industrie du nucléaire.
Le drame de notre vie démocratique, c’est de réduire la sobriété au fait de porter un col roulé ou de baisser le chauffage, alors que le terme sous-tend un impératif de justice sociale, dans un pays qui dénombre 12 millions de précaires énergétiques, et de réorganisation de notre économie tenant compte des limites de notre planète.
Le drame de notre vie démocratique, c’est de n’avoir toujours pas enclenché la transition climatique alors que l’État français est déjà doublement condamné en justice pour inaction en la matière et qu’entre le premier semestre de 2021 et celui de 2022, nos émissions nationales de gaz à effet de serre n’ont diminué que de 0,6 %.
Le drame de notre vie démocratique, c’est d’avoir accordé, en tant que ministre, 23 milliards d’euros aux industries automobile et aéronautique en 2020.
Le drame de notre vie démocratique, c’est d’avoir lancé, toujours en tant que ministre, un plan de relance qui a octroyé 100 milliards d’euros aux entreprises sans les conditionner au respect de l’objectif fixé par l’accord de Paris de limiter le réchauffement à + 1,5 °C.
Le drame de notre vie démocratique, c’est d’avoir tellement procrastiné que, à rebours de l’urgence climatique, le gouvernement prévoit le redémarrage d’une centrale à charbon, tout en lançant la construction d’un terminal au Havre pour importer du gaz de schiste, et signé cet été un contrat avec les Émirats arabes unis pour se fournir en diesel.
Le drame de notre vie démocratique, c’est de s’obstiner à renier le terme même de superprofits quand TotalEnergies, le premier pollueur climatique du pays qui émet autant de CO2 que l’ensemble des Français·es, engrange un bénéfice record de 14 milliards d’euros.
Le drame de notre vie démocratique, enfin, c’est de voir dans la lutte syndicale des salarié·es de TotalEnergies non pas un moyen de penser avec les travailleurs et travailleuses la fin des activités climaticides de cette multinationale, mais une nouvelle occasion de défendre les intérêts privés de la firme. Au détriment du monde du travail. Et du climat.
Climat : les COP servent-elles encore à quelque chose ?
Violaine Colmet Daâge
https://reporterre.net
Climat : les COP servent-elles encore à quelque chose ?
Violaine Colmet Daâge
https://reporterre.net/Climat-les-COP-servent-elles-encore-a-quelque-chose
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La COP27 va s’ouvrir le 6 novembre en Egypte pour deux semaines. Reporterre revient sur les conférences sur le climat les plus marquantes et sur leurs limites : sont-elles encore utiles ?
Greta Thunberg n’ira pas à Charm-El-Cheikh. À quelques jours de la COP27 qui se déroulera sur le sol égyptien du 6 au 18 novembre, l’activiste suédoise a dénoncé « une opportunité pour les dirigeants […] d’obtenir de l’attention pour toutes sortes de greenwashing ou d’opérations de communication pour prétendre agir contre la crise climatique ». Le secrétaire général de l’ONU António Guterres n’est guère plus enthousiaste : « Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale. Nous avons besoin d’action climatique sur tous les fronts et nous en avons besoin maintenant », a-t-il dit fin octobre [1]. Avant de dénoncer les « engagements pitoyables » des États dans la lutte contre le changement climatique.
En effet, depuis trente ans, alors que les réunions s’enchaînent, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître : en 2021, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint un nouveau record (414,7 parties par million (ppm) en moyenne). Fin 2021, la COP26 s’est achevée sur les larmes et les excuses de son président Alok Sharma qui dévoilait un Pacte de Glasgow décevant, fruit de deux semaines de négociations intenses. Sans cesse décevantes, les COP sont-elles vraiment utiles ?
1 – Des engagements forts lors de la COP3 et de la COP21
Les conférences des parties (COP) rythment les négociations internationales sur le climat depuis trente ans. Chaque année, les représentants des 197 États signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques et leur délégation prennent part aux négociations, sous l’œil de nombreux observateurs. « C’est le seul espace où tous les acteurs se retrouvent ensemble à la table des négociations », dit à Reporterre Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace. « Les États les plus vulnérables au changement climatique discutent avec les nations les plus émettrices. Le changement climatique implique des conflictualités intenses. Ce canal de communication important doit rester ouvert. »
L’évènement est parfois porteur. En 1997, lors de la COP3, à Kyoto (Japon), les pays développés se sont engagés à réduire de 5 % leurs émissions de gaz à effet de serre en signant le protocole dit de Kyoto. Certes, les États-Unis n’ont jamais ratifié l’accord et la Chine alors considérée comme en voie de développement a émergé comme un nouvel émetteur majeur de gaz à effet de serre. Mais des jalons ont été posés. Souvent qualifiée d’échec, « la COP de Copenhague de 2009 a pourtant permis de poser certains principes, assure Lola Vallejo, directrice du programme climat du Réseau Action Climat. Les pays développés ont promis de mobiliser 100 milliards d’euros par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Est née aussi l’idée de créer un fonds vert pour le climat destiné à financer les projets d’adaptation au changement climatique, ainsi que le principe de “contribution déterminée au niveau national” » [2]. La conférence de Copenhague a aussi posé le niveau de réchauffement de 2°C comme un seuil à ne pas franchir.
Bien plus ambitieuse, la COP21 s’est traduite en 2015 par la signature de l’Accord de Paris, le premier traité engageant l’ensemble des États à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Objectif : limiter le réchauffement climatique bien en deçà des 2 °C, et si possible de 1,5 °C. Le traité stipule aussi que la neutralité carbone doit être atteinte dans la seconde moitié du siècle et invite les États à rehausser leurs ambitions tous les cinq ans.
2 – Des promesses non tenues
Si certains engagements sont ambitieux, « il existe un fossé entre la réalité physique et humaine du changement climatique et les engagements qui sont pris lors des COP, analyse Clément Sénéchal. Et cela apparaît d’autant plus clairement que le changement climatique s’accélère. On a l’impression d’un instrument conservateur qui peine à faire sa place. »
Dans son évaluation annuelle, l’ONU a indiqué que les engagements pris par les États aboutiraient à « 66 % de chances de limiter le réchauffement à environ 2,6 °C à la fin du siècle ». Car ces engagements ne correspondent pour l’heure qu’à une baisse des émissions mondiales de 5 %. Elles devraient diminuer de 30 % d’ici 2030 pour tenir l’objectif des 2 °C, et de 45 % pour celui de 1,5 °C.
En 2021, face à l’insuffisance des engagements pris par les États, le Pacte de Glasgow leur a laissé une année supplémentaire. Seuls vingt-quatre pays ont joué le jeu, déplore l’ONU. « Les progrès réalisés depuis la COP26 représentent un recul d’environ 0,5 gigatonne d’équivalent CO2 (Gt eq CO2) par an, résultant principalement […] de l’Australie, du Brésil, de l’Indonésie et la République de Corée », est-il précisé dans l’analyse des contributions publiée début novembre. Pour contenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C, ces nouvelles contributions auraient dû atteindre 23 Gt eq CO2 !
3 – Les législations nationales doivent ensuite prendre le relais
« Ce n’est pas lors des COP en tant que telles que les Etats décident des réductions de leurs émissions, explique Alexandra Deprez, spécialiste en gouvernance internationale pour l’Iddri. Ils le font en amont, dans un contexte politique domestique qui leur est particulier et où doit être retranscrite la mise en oeuvre. » Si les États-Unis ont promulgué le plus grand plan jamais engagé pour le climat, le pays n’est toujours pas en mesure d’atteindre ses objectifs de réduction de 50 à 52 % des émissions pour 2030. De même, l’Australie qui a voté une nouvelle loi climat à la faveur d’un changement de gouvernement continue pourtant de soutenir des projets sur le charbon et le gaz.
Et en France ? Alors que l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % à l’horizon 2030, seul un objectif de réduction de 40 % des émissions de GES est inscrit dans la loi française. « La loi Climat Énergie de 2019 était l’occasion de rehausser l’ambition de la France », de même que la loi Climat et résilience de 2021. Mais, dénonce Clément Sénéchal, « tous les amendements qui permettaient d’insérer cet objectif dans la loi ont été considérés comme des cavaliers législatifs et n’ont donc même pas été discutés au Parlement ». Dans un jugement rendu fin 2021, la France a même été condamnée par le tribunal administatif de Paris pour ne pas avoir rempli ses engagements. Comment demander aux pays en développement de faire des efforts quand les pays riches, ayant historiquement davantage contribué aux émissions de gaz à effet de serre, ne remplissent pas leur part du contrat ?
4 – Les politiques énergétiques : un sujet tabou
Pour Nicolas Haeringer, de l’association 350.org, il existe un autre angle mort : « La question des politiques énergétiques — et de l’extraction des hydrocarbures — ne fait pas partie du mandat des COP. Ces questions restent discutées au niveau national. » Dans son rapport de 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a clairement indiqué qu’il fallait cesser le déploiement de nouveaux projets pétroliers afin d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris. « Continuer ces projets, c’est délibérément choisir de ne pas respecter l’Accord de Paris », dénonce l’activiste.
Les pays sont de plus en plus accros aux énergies fossiles. La production d’énergie fossile (charbon, gaz et pétrole) a même bondi en 2022. Et celle de pétrole n’a jamais été aussi élevée.
Les subventions pour ces productions restent massives. Lors de la COP26, pour la première fois, le Pacte de Glasgow a appellé « à intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». Les deux COP à venir risquent de rester timides sur le sujet : l’Égypte pourrait vouloir protéger ses productions de gaz et de pétrole de même que les Émirats arabes unis leur production de pétrole, observe Nicolas Haeringer.
5 – Des COP sous pression des multinationales ?
Autre point de tension pour les activistes, la présence envahissante du secteur privé et des lobbies. À l’instar du festival d’Avignon, deux espaces cohabitent : un in où l’on négocie les termes de l’accord, et un off — sorte de « foire expo du climat ». « Cela décrédibilise les COP », juge Clément Sénéchal. Le fait que Coca cola soit sponsor officiel de l’évènement a profondément choqué l’opinion publique. Pour Nicolas Haeringer, l’accès aux entreprises climaticides devrait être interdit, « comme l’OMS l’avait fait pour l’industrie du tabac ».
D’autant que de nombreux acteurs privés profitent des COP pour communiquer sur leurs engagements climatiques. De l’écoblanchiment, selon certains observateurs. Alexandra Deprez explique ainsi que « les entreprises peuvent choisir de compenser leurs émissions en achetant des crédits carbone ou en misant sur la séquestration du carbone sans opérer de réelles réductions des émissions ».
Réparer ses appareils électroménagers : où en est la lutte contre l’obsolescence programmée ?
Maÿlis Dudouet
https://basta.media/obslescence-programmee-indice-de-reparabilite-bibliotheque-des-objets-de-Montreuil-comment-reparer-son-electromenager
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En attendant les lentes avancées politiques en faveur de la réparabilité des équipements électroménagers, des associations pallient les lacunes des fabricants, comme la Bibliothèque des objets de Montreuil. C’est aussi là que se joue la sobriété.
« C’est le génie de la réparation, rien ne lui résiste », sourit Delphine, qui repart avec son vélo fraîchement réparé. Une autre femme s’avance à son tour vers Michel, qui remonte ses lunettes. À 61 ans, cet ancien employé du monde de la communication a opéré une reconversion à 180 degrés : il est devenu réparateur d’objets en tous genres et officie à la Bibliothèque des objets de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le lieu a ouvert en avril dernier dans les locaux d’un ancien centre de santé municipal.
Autre patient du jour pour Michel : un aspirateur d’âge non identifié. Sa propriétaire, Sylvie, ne garde pas un souvenir précis de la date d’achat. Tout ce qu’elle sait, c’est que l’appareil ne fonctionne plus. Michel décide de débrancher la créature pour en examiner les entrailles. La Montreuilloise observe la scène, concentrée sur les tentatives d’ouverture au tournevis, que ponctuent des recherches de tutos YouTube élaborés par d’autres réparateurs.
C’est aujourd’hui un genre particulier d’atelier qui est proposé : la coréparation. Le principe : réparer un objet défectueux en présence du propriétaire, moyennant une adhésion à la Bibliothèque des objets (entre un et dix euros selon les revenus) et un tarif libre aux frais de chacun après réparation.
En somme, deux cerveaux, un objet, et beaucoup de patience. De quoi initier les plus frileux à réparer leurs équipements du quotidien. La quantité de déchets électriques et électroniques ménagers rejetés par habitant avoisinait les 11,6 kilos en 2019, selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), soit 779 785 tonnes de déchets.
Réparer plus est bon pour la planète comme pour le portefeuille : cela permettrait de jeter moins et d’économiser l’achat d’un appareil neuf – ainsi que l’énergie pour le produire.
« On arrive à réparer 70 % des objets »
L’organisme public qu’est l’Ademe multiplie d’ailleurs les documentations en faveur de la réparation, parmi lesquelles un « guide d’initiation à la réparation ». L’agence accompagne également les chambres de métiers et de l’artisanat avec l’élaboration d’un annuaire des réparateurs à partir d’un label dédié (Répar’acteurs).
« On ne s’intéresse pas à traiter les déchets inutilement produits, mais à éviter leur production en amont », détaille Sylvain Mustaki, fondateur et président de l’Observatoire du partage, l’association qui porte le projet de la Bibliothèque des objets. Ses adhérents peuvent aussi emprunter à la semaine les objets dont ils ont besoin, pour des sommes allant de 5 à 30 euros selon la valeur de l’appareil. À l’entrée du local de Montreuil, une initiative appelée « Regenbox » permet de vérifier si vos piles alcalines classiques sont réutilisables, et de les recharger gratuitement (nul besoin d’être rechargeable pour cela).
« Ça me fait mal au cœur de voir des objets jetés dans la nature. Pourtant, c’est souvent facilement réparable, à condition d’avoir les bons outils, souligne Michel. Ici on arrive à réparer 70 % des objets. Un fil détaché, un fusible fondu, une perte de contact, c’est souvent peu de chose et on leur donne une seconde vie. »
À force, le bricoleur a pu constater les astuces des constructeurs pour rendre les objets irréparables, des « petites choses qui font que les appareils sont piégés ». « Parfois, on ne peut pas les ouvrir parce qu’il faut des outils très spécifiques, explique-t-il. Pour d’autres, comme dans les tours d’ordinateur, des pièces sont soudées ou sont devenues difficiles d’accès. »
Même avec persévérance et volonté, la réparation a donc parfois ses limites. « Une bouilloire est plus simple à réparer qu’une machine à laver », résume Sylvain Mustaki. L’atelier de Michel s’occupe seulement du petit électroménager.
Des indices pour mesurer si un appareil est réparable
D’autres militants des objets durables misent donc sur la loi pour lutter contre l’obsolescence programmée. En France, certains appareils sont dotés d’un indice de réparabilité depuis l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) le 1er janvier 2021. Cet indice prend la forme d’une note sur 10 établie par le fabricant. Il est défini selon différents critères élaborés par le ministère de la Transition écologique. Parmi les éléments pris en compte, il y a la documentation technique, la disponibilité des pièces, mais aussi la démontabilité ou encore le prix des pièces détachées. La mesure est restreinte à cinq types d’équipements : lave-linge à hublot, téléviseur, ordinateur portable, smartphone et tondeuse à gazon électrique. Elle devrait s’étendre à quatre autres catégories (autres types de lave-linge, lave-vaisselle, aspirateur, nettoyeur haute pression) dès le 4 novembre prochain.
Ronan Groussier, de l’association Halte à l’obsolescence programmée (Hop), a passé l’indice à la loupe. Il est l’un des rédacteurs du rapport d’enquête publié en mars 2022 sur ce sujet. Il souligne le « manque de transparence de l’indice ». « On demande à ce que les fiches de calcul remplies par les fabricants soient rendues publiques et que les engagements pris, comme la durée de disponibilité d’une pièce, qui leur permettent d’obtenir des points soient également disponibles dans la documentation », explique-t-il.
Ces corrections seront peut-être intégrées à son successeur amélioré, l’indice de durabilité. Prévu pour entrer en vigueur en 2024, ce dernier comprendra de nouveaux critères de notation, dont la fiabilité. « La fiabilité, c’est la possibilité pour mon produit de durer le plus longtemps possible tant qu’il n’est pas tombé en panne. Et la réparabilité, c’est la possibilité de prolonger sa durée de vie une fois la panne arrivée », détaille Ronan Groussier, dont l’association participe au groupe de travail d’élaboration de l’indice de durabilité.
C’est à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) d’effectuer les contrôles de l’indice de réparabilité. La sanction en cas de non-respect de l’obligation d’information n’est pas très dissuasive : elle est passible depuis le 1er janvier 2022 d’une amende qui peut aller jusqu’à 3000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une entreprise.
En 2021, la DGCCRF a réalisé une enquête sur la fiabilité des informations communiquées aux consommateurs avant l’entrée en vigueur des sanctions. Sur 329 établissements contrôlés, les autorités ont constaté que plus de la moitié ne respectaient pas les exigences de l’indice de réparabilité (absence d’affichage, mauvaise couleur du pictogramme), « et ce, qu’il s’agisse de magasins physiques ou de sites internet. » À l’époque, ces derniers avaient été notifiés d’un simple rappel à la réglementation. Ils peuvent aujourd’hui être sanctionnés.
Des sanctions menacent désormais les fabricants
Les pouvoirs publics ont pris un virage en 2015. À cette période, l’État a tenté d’encadrer les pratiques déloyales des constructeurs au travers d’une première définition de l’obsolescence programmée, élaborée dans la loi « relative à la transition énergétique pour la croissance verte ». La définition a été par la suite intégrée en 2016 dans le Code de la consommation. L’obsolescence programmée y est définie comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ».
En 2021, la loi y a ajouté l’aspect de l’obsolescence logicielle (pour les outils numériques tels que smartphones, ordinateurs et tablettes) : « Est interdite la pratique de l’obsolescence programmée qui se définit par le recours à des techniques, y compris logicielles, par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie. »
Désormais les sanctions pénales pour les pratiques d’obsolescence programmée s’élèvent à deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros. L’association Hop n’est pas étrangère à la reformulation de la loi. Pour elle, la question de l’encadrement juridique est un enjeu vital dans la lutte contre le phénomène. « On s’est aperçu que la définition juridique de 2015 de l’obsolescence programmée était difficilement mobilisable parce que dure à prouver, détaille Ronan Groussier. À l’époque, il fallait démontrer une double intentionnalité, à savoir que le fabricant avait intentionnellement mis en place des pratiques qui réduisaient la durée de vie de son objet et qu’en plus, il l’avait fait dans l’optique de faire racheter son produit. »
En 2017, l’association Hop avait par exemple déposé plainte contre Apple, qui s’est soldée par une victoire en demi-teinte. Selon l’association, Apple bridait délibérément les performances d’anciens modèles d’iPhones, via des mises à jour, pour pousser les utilisateurs à acquérir des modèles plus récents. « Nous n’avons pas vraiment gagné, rapporte le responsable de Hop. Apple a payé une amende en 2020, mais c’était une transaction pénale. Ils ont préféré arrêter les poursuites et n’ont pas été condamnés. C’est à la suite de cette affaire qu’on a dit que le délit d’obsolescence programmée, tel qu’il était alors formulé, ne suffisait pas. Le procureur avait réorienté les poursuites sous forme de pratiques commerciales frauduleuses parce que l’angle de l’obsolescence programmée était trop compliqué », se souvient Ronan Groussier. Le spécialiste craint aujourd’hui que les fabricants contournent leurs obligations en organisant des circuits fermés de réparation, dans lesquels ils détiendraient le monopole sur le prix des pièces et le service de remplacement.
Les choses avancent aussi à l’échelle européenne. En mars 2022, la Commission européenne a notamment rendu publique une proposition de directive pour « renforcer la protection des consommateurs contre les pratiques commerciales déloyales qui empêchent les achats durables telles que les pratiques d’obsolescence précoce ».
Il faudra encore attendre un moment pour que le projet se transforme en une législation applicable dans tous les pays de l’Union européenne. Les choses vont plus vite dans l’atelier de Michel. Au terme d’une heure et demie, il peut poser un diagnostic sur l’aspirateur de Sylvie. « Il manque une pièce, conclut-il. Il suffit d’en racheter une. »
Ekotopaketak
Iñaki Barcena
www.argia.eus/argia-astekaria/2798/ekotopaketakhttps://www.argia.eus/argia-astekaria/2798/ekotopaketak
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Aurtengo irailari agurra eman genion “Sastraka” Portugaleteko gaztetxetik, toki okupatu aparta benetan, eta egia esan gure amets eta gogoak betetzen ari ziren. Zortzi hilabeteko prosezu ilusionagarri baten ostean fruituak heldu ziren. Ibaizabaleko ezkerraldean 500 lagun bildu ginen eta aukera izan genuen solasaldi, txango, eztabaida, agerraldi, kantaldi edota bertso saioetan parte hartzeko. Asteburu osoan berton otorduak prestatu eta lo egiteko aukera ere izan zen, jende piloaren lan-kolektiboari esker.
Erandion gas itogarrien aurka edo Belaguako esparru naturalaren defentsan, duela 50 urte baino gehiago hasitako euskal ekologisten ibilbideak 2022ko jardunaldi hauetan mugarri berri bat ezagutu du, oparoa dudarik gabe.
Ekin, saretu, eraiki. Eibarren urte hasierako bilerak hasi zirenean bildutako ekologisten asmoa argia zen. 2020 eta 2021eko neguetan antolatu ziren ALDAKETALDIAk, Bizkaian eta Gipuzkoan batez ere, bide eredugarria markatu zuen ekologisten ekimen bateratuetan aritzeko eta elkar ezagutzeko. Orain salto handiago bat egin behar zen Hegoalde osora zabalduz, eta EKOTOPAKETAK antolatzeari ekin genion.
Prosezu horretan antolatzaileek arreta berezia jarri nahi izan dute Portugaleteko hitzorduan talde, kanpaina eta ekimen ekologista oro gonbidatuak egoteko, eta hiru eguneko programan ahalegin berezia egin zen ahots eta aurpegi anitzak biltzeko, elkarren arteko ezagutza eta sareak bultzatzeko asmoz.
Batzuen ustez euskal ekologismoa oso barreiaturik dago, txoko ugaritan atomizaturik, talde txikietan, eta muskulu bateratu bat beharko luke krisi ekosozialari irmoki erantzuteko. Beste batzuek, aldiz, tokian tokiko erantzun horietan ikusten dugu dibertsitatearen indarra eta erasoei erantzuteko ahalmena. Hori bai, denek ikusten dugu elkarren artean saretzeko eta koordinatzeko beharra. Are gehiago, elkarrekin mobilizatu eta sareak tenkatuz gero, posible litzateke eragile berri bat martxan jartzea, abiatutako prosezu horren ondorioz.
Haziak. Urriaren 2ko igande goizeko asanbladan ehundik gora lagun batzartu ginen eta dinamizazio egoki bati esker banaka (paperetan), talde txikitan eta ertainetan edo borobil oso zabal batean, adin, sexu eta herrialde desberdinetik etorritakoek gure iritziak trukatzeko aukera izan genuen. Borobilean egonik, bakoitzari hazi eskukada bat banatu ziguten eta zirkuluka uraz zein eguzkiaz zaintzeko agindu genion elkarri. Euskal ekologismoaren garai berria dator.