Articles du Vendredi : Sélection du 4 juin 2021


L’oxygène est en baisse dans les lacs
ATS
www.tdg.ch/loxygene-est-en-baisse-dans-les-lacs-953332314873

À cause de la hausse des températures, la concentration d’oxygène dans les eaux de surface des lacs a baissé de 6% en moyenne, en profondeur, le recul est de 20%, selon une étude.

Avec le réchauffement climatique, les lacs sont toujours moins bien oxygénés, selon une étude internationale avec participation suisse. Le recul est de trois à neuf fois plus important que dans les mers, selon cette recherche publiée dans la revue Nature.

L’équipe dirigée par Kevin Rose, du Rensselaer Polytechnic Institute (USA), a analysé les données de températures et de concentrations d’oxygène portant sur 393 lacs de latitudes moyennes en Europe et aux États-Unis entre 1941 et 2017.

Son constat: au cours de cette période, la concentration d’oxygène dans les eaux de surface a baissé de 6% en moyenne. En profondeur, le recul est de 20%. Les lacs de Zurich, de Bienne, de Neuchâtel et de Walenstadt ont été pris en considération dans l’étude.

Températures plus élevées

Les scientifiques attribuent ce phénomène aux températures plus élevées. Après le brassage hivernal qui fait descendre les eaux de surface riches en oxygène en profondeur et remonter des eaux riches en nutriments, une stratification thermique se produit durant l’été, avec une couche supérieure chaude.

Or cette stratification intervient toujours plus tôt dans l’année, et les organismes ont donc davantage de temps pour consommer l’oxygène disponible, a expliqué Martin Schmid, co-auteur de ces travaux à l’Institut de recherche sur l’eau Eawag, à Keystone-ATS.

C’est problématique, car il peut se former des zones exemptes d’oxygène où les organismes vivants ne peuvent survivre. C’est le cas par exemple au niveau des sédiments, ce qui met en péril les œufs des poissons et les larves d’insectes, précise le chercheur.

A la Maison de la résistance de Bure, ‘ la lutte antinucléaire continue ‘
Pérrine Mouterde
www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/31/a-la-maison-de-la-resistance-de-bure-la-lutte-antinucleaire-continue_6082202_3244.html

Le mouvement d’opposition au stockage souterrain, né à la fin des années 1980, se renouvelle.

Certains ont passé la matinée à tronçonner du bois, d’autres coupent des choux et des carottes. La cuisine est végane, pour convenir au plus grand nombre. Ce midi de la fin mai, la grande table de la Maison de la résistance affiche complet. Une vingtaine de militants sont installés ou de passage dans cette vaste ferme achetée en 2004 et située à Bure, un village de 83 habitants du sud de la Meuse. D’autres vivent dans une ancienne gare et dans des maisons collectives des villages alentour.

A l’approche du procès de sept opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, qui doivent être jugés pour association de malfaiteurs à partir de mardi 1er juin, les militants se préparent à accueillir des soutiens venus de toute la France. Devant le tribunal de BarleDuc, ils ont aussi prévu trois jours de manifestations, débats et ateliers. Un moyen d’exprimer leur solidarité avec les prévenus mais aussi de montrer « que malgré la répression, la lutte continue ».

Ce mouvement d’opposition est né à la fin des années 1980, lorsque la possibilité d’un stockage souterrain des déchets radioactifs commence à être étudiée. Dix ans plus tard, le site de Bure est désigné pour accueillir un laboratoire d’études sur l’enfouissement profond, dont la construction commence en 2000. Si le projet Cigéo voit le jour, les déchets les plus dangereux de l’industrie nucléaire, qui resteront radioactifs jusqu’à des centaines de milliers d’années, seront ensevelis dans des galeries creusées dans l’argile, à 500 mètres de profondeur.

 

 

« Lutte intersectionnelle »

En trois décennies, la mobilisation a évolué, fluctué, connu des hauts et des bas. Les années 2017-2019 ont été rudes et conflictuelles, reconnaissent les militants : une procédure judiciaire a été lancée et le bois Lejuc, occupé pendant près de deux ans, a été évacué. La réaction policière est forte : des dizaines de personnes placées sur écoute, de nombreux lieux perquisitionnés, des opposants historiques interdits de territoire…

A cette époque, ils ne sont souvent qu’une poignée dans la cuisine de la Maison de la résistance. « La lutte avait touché le fond, raconte « Spatule », un militant de 33 ans [tous ont souhaité rester anonymes]. Par moments, c’était une libération d’aller voir un peu ailleurs. » « La mobilisation ne s’est jamais tarie mais elle s’était beaucoup externalisée », complète Juliette Geoffroy, porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs.

En 2019, c’est à Paris que se crée un collectif féministe et antinucléaire, les Bombes atomiques. Le temps d’un week-end, il organise un campement près de Bure : près de 500 personnes en « mixité choisie » – sans hommes cisgenres – manifestent en direction du laboratoire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). « C’était inespéré qu’il y ait de nouveau du mouvement ici », assure Agathe, une membre du collectif.

Dans le sillage de cet événement, de nouvelles personnes s’installent, investissent les lieux. Des collectifs décoloniaux s’emparent de la question de l’extraction des minerais. Achille, 48 ans, est, lui, arrivé « par le filon queer ». Si l’opposition au nucléaire est un dénominateur commun, d’autres raisons poussent les militants à rejoindre ce mouvement. Corto, un Belge d’une trentaine d’années, dit être venu chercher une forme différente d’organisation collective. « La lutte est de plus en plus intersectionnelle, les gens viennent avec des enjeux différents », confirme une militante. Jean-Pierre Simon, un agriculteur de 61 ans opposant de la première heure, voit ces nouveaux venus arriver par vagues depuis 2015. « Il y a ceux qui transitent, qui cherchent des repères ; parfois certains ont fait du mal à la lutte. Mais il faut accueillir tout le monde, en ça aussi ce lieu est un laboratoire ! » Depuis 2020, il met des parcelles à disposition du collectif Les Semeuses, qui a lancé un projet de maraîchage. Les fraises poussent au milieu des cailloux et la production est vendue à prix libre.

Devant le tribunal, les Bombes atomiques ont prévu une lecture collective de l’avis critique rendu en janvier par l’Autorité environnementale sur le projet Cigéo, un texte technique d’une cinquantaine de pages. « Plutôt que celui des opposants, c’est le procès de Cigéo qu’il faudrait faire », estime Corinne François, de Bure Stop 55. L’Andra espère voir son utilité publique reconnue d’ici à 2022. Si toutes les autorisations étaient accordées, le centre d’enfouissement pourrait être mis en service à l’horizon 2035. Et s’il n’aboutissait pas, que faire des déchets ? Pour les militants de Bure, la priorité est de cesser d’en produire, avant de créer les conditions d’un choix collectif concernant la « moins mauvaise solution » pour les gérer. « Le projet Cigéo a déjà pris du retard… Si on continue à le ralentir, il va finir par s’arrêter tout seul parce qu’il sera devenu obsolète et ne sera pas viable économiquement », espère « Spatule ».

Au Pays basque, les résidences secondaires mangent les terres agricoles
Chloé Rébillard
https://reporterre.net/Au-Pays-basque-les-residences-secondaires-mangent-les-terres-agricoles

Les habitants des littoraux basques s’insurgent contre l’emprise croissante des propriétaires de résidences secondaires. Elle entraine une spéculation immobilière qui chasse les habitants et stimule l’artificialisation des terres.

La question du logement fait un retour remarqué sur les planches de la côte basque. Depuis quelques semaines, les dénonciations d’une spéculation immobilière hors de contrôle se multiplient : actions avec banderoles devant des agences immobilières par des groupes abertzales, constitution d’un nouveau mouvement baptisé BAM sur la question (Baiona Angelu Miarritz – Bayonne Anglet Biarritz), tags anonymes ou défilé humoristique de « riches » demandant plus de résidences secondaires dans le cortège du 1ᵉʳ mai à l’appel de Bizi. Le non-accès au logement est (re)devenu un sujet central, et la côte basque n’est pas une exception.

Les littoraux attractifs, qu’ils soient bretons, corses ou proches du bassin d’Arcachon, connaissent le même phénomène. Et si celui-ci n’est pas nouveau, il s’est amplifié avec le Covid-19 et la volonté des habitants à hauts revenus des métropoles de se mettre au vert. Selon les derniers chiffres, au Pays basque nord (partie située en France, dans les Pyrénées-Atlantiques, du Pays basque), sur les 198 000 logements que compte le territoire, plus de 40 000 sont des résidences secondaires et environ 12 000 sont des logements vacants, c’est-à-dire non-occupés sur l’année. La ville de Guéthary décroche la palme avec un logement sur deux concerné, devant Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz qui dépassent les 40 % de secondaire. Ailleurs en France, d’autres communes atteignent le chiffre de 70 % du parc de logement en secondaire.

Les aspects sociaux de ce phénomène, et notamment l’expulsion des populations vivant sur place, attisent le plus le ressentiment, mais les conséquences écologiques inquiètent également. Pour Txetx Etcheverry, militant écologiste fondateur de Bizi, « ces questions du logement sont typiquement des batailles où justice sociale et urgence climatique et écologique se rencontrent, sont indissociables. »

Ruée sur le littoral

Premier responsable de la flambée des prix, le foncier proche du littoral est l’objet de toutes les convoitises. Cela crée une concurrence entre la construction immobilière, les espaces agricoles qui se réduisent et les espaces naturels.

Pour Isabelle Capdeville, administratrice de Lurzaindia, une structure qui défend la terre agricole et l’agriculture paysanne au Pays basque, « le foncier agricole, c’est la dernière roue du carrosse, tout le monde se sert ». Récemment, la justice a tranché en faveur de Lurzaindia dans le différend qui l’opposait à la commune d’Arbonne à propos de l’implantation d’un lotissement de dix logements sur des terres agricoles. Une victoire en demi-teinte pour Johanne Foirien, l’une des paysannes de Lurzaindia : « On a gagné au niveau juridique mais on a perdu dans la pratique puisque les maisons sont en train de se construire, les terres sont déjà perdues. » Lurzaindia combat aussi la spéculation immobilière : « Les délégués cantonaux de Lurzaindia ont aussi un travail de surveillance. Quand ils voient des terres qui se vendent à des prix parfois dix fois supérieurs à ce qu’elles devraient se vendre, ils demandent à la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) de préempter pour réviser le prix à la baisse. »

Avec la montée des prix au Pays basque, la structure est de plus en plus confrontée à ces cas où des propriétaires de terrains agricoles cherchent à les vendre à des prix incompatibles avec leur destination. Isabelle Capdeville revient sur un cas qui a attiré leur attention : « À La Bastide-Clairence, un bien a été remis en vente après deux ans, en ayant pris 78 % de plus ! Il y a trente-huit hectares de terres et une maison. Le propriétaire l’a séparé en deux, il veut vendre trente-trois hectares de terre d’un côté à 155 000 euros, il me semble, et la maison avec cinq hectares de l’autre à 420 000 euros. » Lurzaindia a saisi la Safer afin que celle-ci revoie le prix. Pour l’administratrice, une vente à prix aussi élevé empêche de garder une fonction agricole. La maison pourrait ainsi devenir un gîte avec des artificialisations annexes comme la construction d’une piscine ou d’un parking.

Un constat que d’autres ont fait ailleurs. Yves Lebahy est un géographe breton engagé qui se bat depuis des années contre la spécialisation des littoraux, notamment de sa région, en espaces dédiés à « une économie de villégiature ». Il a participé à des réflexions autour de ces questions et en est persuadé, « il faut que l’agriculture, notamment littorale, subsiste et offre du travail au plus grand nombre. Cela fait partie de l’équilibre d’une société. Ces espaces à monofonction sont une hérésie, il faut garder une vitalité des milieux pour des circuits courts de production. »

Espace VIP et jets privés

L’artificialisation des terres est l’un des postes importants d’émissions de gaz à effet de serre (GES), mais maintenir des logements fermés toute une partie de l’année aggrave également ces émissions. Chassés par l’installation de populations à plus hauts revenus, les habitants locaux partent du littoral vers les zones rétro-littorales, parfois loin dans les terres, Comme l’explique Txetx Etcheverry, « construire, ça veut dire envoyer les gens de plus en plus loin de la côte basque qui est de plus en plus saturée et où il y a de moins en moins d’endroits pour construire. Qui dit de plus en plus loin, dit des mobilités pendulaires. Or, aujourd’hui cela signifie des mobilités en voiture car il y a très peu de transports en commun. Des mobilités ultra-carbonées qui augmentent sans arrêt. »

Sur la côte, le premier responsable d’émissions de GES est le secteur du transport et les files de voitures qui rejoignent les côtes y contribuent fortement. Txetx Etcheverry pointe un autre problème lié aux mobilités : « Les personnes qui viennent, pour certaines le font en avion et même en jet privé. On assiste à une explosion des jets privés. Il y a quelques années, l’aéroport de Biarritz a dû agrandir le coin VIP pour l’accueil des jets des personnes qui viennent passer le week-end dans leur résidence secondaire. »

Pour Yves Lebahy, il faut revoir l’idée selon laquelle, le tourisme fait vivre les territoires : « Quand la crise du covid s’est déclenchée, cela a montré la fragilité de cette économie de villégiature. Des pans entiers du tourisme ont été mis en carafe, ce qui montre bien qu’elle n’est pas viable, elle est ponctuelle. C’est une économie consommatrice : d’espaces, de paysages, mais aussi des sociétés. On ne peut rien construire de stable sur une économie de villégiature. » Pour lui, elle doit rester une économie d’appoint, en complément des autres activités d’un territoire. Pour cela il propose de repenser les « biens communs ».

Du côté du Pays basque, la coalition de partis de gauche Euskal Herria Bai (EH Bai, Pays basque Oui) mène depuis longtemps la bataille du logement. Peio Etcheverry-Ainchart, historien membre d’EH Bai s’est intéressé au sujet depuis plus de vingt ans. Il dénonce la logique actuelle qui veut que, face au manque de logements pour les habitants, on construise toujours plus : « On doit se poser la question du mode de production pour créer de nouveaux logements. La solution ne peut être de construire car cela signifie artificialiser des sols pour les bâtiments, pour le stationnement, pour les réseaux afin de relier ces zones à l’emploi. Le logement est construit à un endroit et l’emploi à un autre. Entre les deux il faut utiliser la voiture. »

« On a de quoi loger tout le monde. Sauf qu’il y a 42 % de résidences secondaires. »

Le Plan local de l’habitat (PLH) voté au début de l’année 2021 par la communauté d’agglomération Pays basque (CAPB) va dans ce sens : il prévoit la construction de 2 600 nouveaux logements par an sur les six prochaines années soit 15 600 d’ici 2026. « Nous disons qu’il ne faut pas construire davantage, poursuit-il. Ces logements-là ne manquent pas, c’est faux. Si on regarde Biarritz c’est 30 000 habitants pour 26 000 logements. On a largement de quoi loger tout le monde. Sauf qu’il y a 42 % de résidences secondaires et 6-7 % de logements vacants. Près de la moitié des logements sont vides alors que dans le même temps on recherche du foncier pour construire davantage. Dans un contexte d’urgence climatique est-ce qu’il est normal qu’on aille artificialiser toujours plus de sols pour préserver le droit de quelques privilégiés à avoir un deuxième ou un troisième logement ? »

Un constat partagé par Txetx Etcheverry. Mais comment remettre sur le marché des logements laissés vides tout ou une partie de l’année ? Les dispositifs légaux ne sont pas adaptés. Des mouvements tentent de faire émerger des idées de nouvelles lois. En Bretagne et en Corse, ils proposent un statut de résident. D’autres réfléchissent à faire évoluer la fiscalité pour surtaxer les résidences secondaires. Pour le moment, une loi permet de surtaxer jusqu’à 60 % la part communale de la taxe foncière. Mais alors qu’elle est appliquée depuis 2015, elle n’a pas permis de remettre sur le marché locatif les habitations concernées car cela ne représente au maximum que quelques centaines d’euros par an. Pour les militants, la bataille du logement ne fait que commencer.

L’industrie mondiale bientôt à sec ?
Géographies en mouvement / Renaud Duterme
https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/300521/lindustrie-mondiale-bientot-sec

Un évènement climatique extrême qui perturbe toute une chaîne d’approvisionnement industrielle mondiale. Événement passé inaperçu et pourtant révélateur de notre interdépendance géographique et industrielle. Après l’épisode du blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs géant… La sécheresse à Taïwan…

On sait l’eau indispensable aux activités agricoles, et donc à l’alimentation de nos sociétés. On aurait tort d’oublier que cet élément est tout autant nécessaire à nombre d’activités et infrastructures faisant partie intégrante de nos sociétés industrielles. Ces dernières années, de nombreux épiphénomènes sont là pour nous le rappeler.

 

 

Sécheresses et effet domino

Début 2021, Taïwan connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, aucun typhon n’a touché le pays l’année précédente. Cet évènement, a priori sans importance pour les Occidentaux, a des répercussions toujours à l’œuvre au moment d’écrire ces lignes. L’île-État au large de la Chine conçoit en effet plus des deux tiers des puces électroniques indispensables à la fabrication d’ordinateurs, de smartphones, de consoles de jeux et de certaines automobiles. Or, la fabrication de ces puces nécessite des quantités astronomiques d’eau : jusqu’à 150 000 tonnes par jour rien que pour le leader du secteur[1]. Plusieurs usines se retrouvent contraintes de limiter la production, décision problématique dans un contexte d’accroissement de la demande en raison de la relance chinoise et du bond en avant qu’a fait la numérisation de nos sociétés. Conséquence : certaines chaînes de production en Europe se retrouvent à l’arrêt, faute de pièces.

Ces puces ne sont pas les seuls éléments partie prenante de notre quotidien et dont la production nécessite d’énormes quantités d’eau. C’est la quasi-totalité des composants et de leurs matières premières qui dépendent d’un approvisionnement hydraulique constant, que ce soit pour l’extraction, le raffinage, la fabrication, le refroidissement ou encore le nettoyage. La majorité des mines et usines sont ainsi très aquavores et peuvent se retrouver vulnérables en cas de sécheresse ou d’épuisement des ressources hydriques.

Partons dans le nord du Chili, à Chuquicamata, où se trouve la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde. Ce site concentre 13% des réserves mondiales de cuivre. Ce mastodonte, situé dans une des zones les plus arides de la planète, a besoin de 2 000 litres d’eau chaque seconde. En raison de l’absence de précipitations, ce sont les réserves souterraines de la région et les zones humides qui approvisionnent la mine[2]. Cette exploitation à outrance hypothèque à moyen et long terme non seulement des écosystèmes et lieux de vie aux alentours, mais également la viabilité de la mine elle-même. Élément pour le moins interpelant dans un pays qui fournit près de 30% du cuivre brut au niveau mondial[3].

Cette situation, qui risque d’être l’apanage de nombreux autres sites miniers, pourrait être aggravée par deux facteurs. D’une part le réchauffement climatique qui, au regard des différentes prévisions du GIEC, va accentuer les épisodes de sécheresses dans de vastes endroits du monde, souvent parmi des régions déjà en stress hydrique.  D’autre part, l’épuisement des gisements miniers. Déclin qui s’accompagne d’une diminution de la qualité des réserves restantes (moins accessibles, plus mélangées, plus compliquées à raffiner, etc.), ce qui signifie généralement qu’une plus grande quantité d’énergie et d’eau est nécessaire pour l’exploiter[4].

Et l’énergie dans tout ça ?

Ce qui précède est également vrai pour les ressources énergétiques non renouvelables. S’ensuit un processus s’autoalimentant où les besoins en ressources, énergie et eau augmentent en parallèle [5]. Les pétroles de roche-mère sont emblématiques à cet égard. La fracturation hydraulique est très gourmande en eau et peut conduire à des impasses dans un avenir proche pour de nombreux puits situés dans des zones déficitaires en précipitations.

La production d’électricité peut également se voir perturbée en cas de diminution des régimes de pluies. Les barrages hydroélectriques constituent un bon exemple puisqu’ils dépendent de rivières et de fleuves ayant un débit important. Or, la sécheresse, la diminution du manteau neigeux en haute altitude, la réduction de la surface des glaciers, la hausse de l’évapotranspiration, ainsi que l’augmentation des prélèvements (notamment pour l’agriculture) font peser de plus en plus de menaces sur de nombreux bassins versants, provoquant ici ou là un arrêt forcé des barrages et, donc, de la production électrique.

En 2016, le Venezuela a subi des restrictions d’approvisionnement électrique en raison d’une forte baisse du niveau d’eau du barrage de Guri, situé dans le nord-est du pays et fournissant plus des trois-quarts de l’électricité du pays. Cette baisse résultait d’une sécheresse prolongée vraisemblablement causée par un épisode El-niño particulièrement virulent.

En Californie, la production d’électricité par les barrages hydrauliques a connu ces dernières années une importante baisse en raison de sécheresses successives survenant de plus en plus tôt dans l’année. Et l’année 2021 semble déjà l’une des pires.

Plus préoccupant, les centrales nucléaires qui ont besoin d’un approvisionnement constant en eau pour leur fonctionnement et leur refroidissement. Une baisse du débit de la Meuse a déjà provoqué un arrêt forcé des réacteurs de la centrale de Chooz, dans les Ardennes, lors de l’été 2020. Cette situation est de moins en moins exceptionnelle au regard de la multiplication des épisodes caniculaires de ces dernières années. Et que dire du parc nucléaire français situé dans la moitié sud du pays ?

Jusqu’ici tout va bien…

Les éternels optimistes soulignent, avec raison, que ces évènements n’ont pas eu de conséquences catastrophiques et que les pays dans lesquels ils se sont produits ont plutôt fait preuve de résilience. C’est une bonne nouvelle.

Mais l’intérêt de les rappeler est d’abord de souligner les fragilités de nos sociétés hyper connectées et hyper industrialisées, en particulier dans un contexte de raréfaction généralisée de nombreuses ressources simultanément. Plus que les évènements en tant que tels, c’est l’augmentation de leur fréquence qui doit nous interroger.

Ensuite, ils illustrent le fait que de nombreuses promesses quant aux défis écologiques à venir (accroissement du parc de voitures électriques, numérisation à outrance, tout au renouvelable, etc.) risquent de s’avérer difficiles à tenir compte tenu des contraintes géographiques et géologiques qu’elles imposent.

Face à cela, il faudra bien intégrer la nécessité absolue de réduction drastique de la production et de la consommation si l’on veut éviter que les ruptures à venir se transforment en perturbations généralisées.

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[1] https://www.courrierinternational.com/article/electronique-une-secheresse-historique-taiwan-menace-daggraver-la-penurie-de-puces

[2] https://boutique.arte.tv/detail/la-face-cachee-des-energies-vertes

[3] https://atlas.cid.harvard.edu/

[4] Richard Heinberg, La fin de la croissance, éditions Demi-Lune, 2011.

[5] On parle de Peak Everything. Pour en savoir plus, se rapporter aux travaux de Richard Heinberg et de Philippe Bihouix.

Alda: Kolektiboan irtenbidea emanaz jendarte herrikoiak bakarka dituen eguneroko arazoei
OlatuKoop sarea
www.argia.eus/albistea/alda-kolektiboan-irtenbidea-emanaz-jendarte-herrikoiak-bakarka-dituen-eguneroko-arazoei

Manu Robles-Arangiz Fundazioak sustatu duen Alda proiektuak egoitza ireki berri du Baionan, maiatzaren 30ean. Usaiazko eragile sozialak eta elkarteak ez direla klase herrikoiarengana iristen ikusita, AEBetako Community organizing antolaketa metodoa ezartzea du asmo, jendarte herrikoiaren eguneroko bizitzako arazo zehatzak konpontzetik hasita, auzoetan herritar sareak sortzeko, eta epe ertain-luzera herritar horiek trantsizio ekologikoaren eta justizia sozialaren lanketan inplikatzeko. Alda elkarteak dagoeneko baditu hiruhilero atez ate banatzen duen kazeta, 1.000 jenderengana iritsi nahi duen inkesta, maiatzaren 29an inauguratu berri duten lokala… eta beren arazo zehatzei irtenbidea bilatzeko Aldarengana jo duten gero eta kasu gehiago.

Manu Robles-Arangiz Fundazioko Ipar Euskal Herriko hainbat langilek, orain Alda elkarteari eskaintzen dizkiete hainbat lanordu. Azaldu digutenez, duela bi urte hasi zituzten lehen gogoetak: “Ohartu ginen gure usaiako elkarte eta militante mugimenduetan jendarte herrikoia ez genuela ontsa unkitzen. Jendarte herrikoiarekin esan nahi dugu ahal guttirekin, irabazi guttirekin bizi den jendea”. Haien analisia berretsi zien Frantzian piztu zen jaka horien mugimenduak: “Hor jendeak adierazi baitzuen lehen aldikotz joanak zirela manifestazio batera, lehen aldikotz mobilizatu zirela”.

Community organizing metodoa

Beste esperientzia batzuetatik ikasteari ekin zioten eta Amerikako Estatu Batuetan egiten den Community organizing deitzen den lan eta antolaketa metodoa dute eredu: “Auzo herrikoietan erabiltzen den antolaketa metodo bat da eta labur esanda, auzoetako sindikatu lana da.

Auzoetan jendea antolatzea, sindikatuek dituzten metodoak erabiliz, baina lan mundutik kanpo diren gaien lantzeko: etxebizitza, garraioa, aisialdia…”.

Egiten duten irakurketa da jendarte herrikoiak ez daudela kolektiboki antolatuta, “jendarte horiek antolatzen zituzten egiturak desagertu dira, eta orain jende horiek gehienetan bakartuak dira, ez dute jenderik edo mugimendurik edo sarerik haien inguruan, arazoak dituztelarik haien laguntzeko. Bakardade handia bizi dute”.

Alda sortu dutenak lehendik dira militante, batez ere trantsizio ekologikoa eta justizia soziala lantzen dute, “baina ohartzen gara ez garela joan behar lan egitera jende horiengana jadanik prest den gure diskurtsoarekin. Jendeen beharretatik abiatu behar dugu, orain arte ez baitugu lortu jende horiekin harremana egitea eta jende horrekin lan egiteko eta harreman bat sortzeko haien arazoetatik eta beharretatik abiatu behar gara. Erakutsi behar diegu elkarrekin antolatuz gauzak aldatzen ahal direla. Gero, emeki-emeki, partekatuko dugun praktikari esker, egingo ditugun gauzei esker eta egiteko manerari esker, beste gaiak gero etorriko dira. Sozial ikuspuntutik hasi behar gara eta gero etorriko dira beste gauzak”.

1.000 jenderengana heldu nahi duen kale inkesta

2020an hasi ziren buru-belarri Alda proiektua pentsatzen eta 2020ko urrian sortu dute elkartea. “Abiatu genuen lehen lana auzoetan inkesta bat egitea izan da, jendeengana joanez, auzoak eta auzoetako jendea hobeki ezagutzeko”. 10-15 minutu eskatzen duen galdetegiaren bidez ezagutzen dute zein diren herritarren arazoak, laguntza behar dutelarik norengana jotzen duten, auzoa nola ikusten duten… karrikan eta merkatuetan egiten dute topo jendeekin, eta iraila bitartean 1.000 jenderen informazioa jaso nahi dute.

Inkesta eta oro-har lanketa Baionan zentratu dute, hasteko: “Beranduago Ipar Euskal Herrian zabalduko dugu, baina lehenik elkarteak sortu behar du, mugimenduak ere bai, eta handitu, eta gero zabalduko da”.

Alda kazeta

Baionako auzoen kazeta bat ere sortu dute, hiruhilero ateratzen dutena: “Lehen zenbakia urtarrilan atera genuen, bigarrena apiril hondarrean. 20.000 aletan inprimatzen dugu eta banaketa bolondresen bidez egiten dugu etxez etxe, baina ez dugu gutunontzietan uzten, eraikinean sartu eta apartamentu bakoitzaren ate aitzinean baizik”.

Aldizkari honen helburua auzoen berri ematea da, “zeren eta gehienetan ez dira ageri usaiako prentsan, edo ageri direlarik gehienetan da informazio negatiboari lotuta. Gure helburua auzoen berri ematea da, salatu behar diren gaien salatzeko, baita informazio positiboen berri emateko ere: elkarte bat aurkezteko, adibidez”. Artikulu gehienak jendeengandik jasotako informazioetatik edo gaietatik ateratzen dituzte: “Jendearen bozgorailu izan nahi dugu”.

Auzoen analisia eta norbanakoen arazoei erantzuna

Estatistika iturrietan oinarrituta, auzoen analisi teorikoa ere egiten dute. Baina apirila hondarretik, Aldaren eguneroko martxa aldatu da, jendea hasi delako haiekin harremanetan jartzen, laguntza eske eta eguneroko lan bihurtu da jende horien arazoak konpontzea: “Jendea hasi da ohartzen Alda existitzen dela eta bere helburua dela jendearen eguneroko bizian gauzak hobetzea. Gehienetan etxebizitzari lotuak diren arazoengatik jartzen dira gurekin harremanetan”.

Bi adibide eman dituzte, Aldaren lana azaltzeko: “Kasu batean, autoaren asegurantza hilabetean 159 € pagatzen zuen 1,290 €ko lansaria duen pertsona batek. Gure inguruan aditu baten informazioa galdeginez lagundu dugu pertsona hori gutun baten egiten bere asegurantzari, aldaketa baten eskatzeko eta lortu du, eta orain asegurantza hilabetean 70 € gutiago pagatzen du. Honek erakusten du antolaketa kolektiboak eta saretzeak zer egiten duen posible, izan ere, pertsona horrek bakarrik, informazio falta dela-eta edo hizkuntza arazoa dela-eta, ezin aldatuko zuen”. Beste pertsona batek arazo larriak zituen etxebizitzan hezetasunarekin, ura sartzen zitzaion: “Lagundu dugu bere jabearekin hitzordu bat ukaiten eta jabeak onar dezan beregain hartu behar duela horren konponketa”.

Orain arte Aldara jo duten kasuak indibidualak dira, ez dira gai kolektiboak, “baina orain arte bakarrik ziren jende horiek ikusten dute antolatuz eta saretuz ez daudela bakarrik eta gauzak aldatu ahal direla antolaketa kolektiboaren bidez”.

Aurrera begira

Pandemiaren baldintzak ez dira egokiak izan orain arte Community organizing metodoa plantan ezartzeko, baina urrian hasi nahi dute auzo batean. Eta bestalde, etxebizitzaren gaia lantzen ari dira: “Aurten arrunt pilpilean da etxebizitzaren gaia, besteak beste Euskal Hirigune Elkargoa etxebizitzari buruzko politika definitzen ari baita eta mugimendu anitz gai horren bueltan ari baita lanean. Gai horretan kanpaina bat prestatzen ari gara, jadanik etxebizitza ukaiteko zailtasunak bizi dituzten jendeen boza entzunarazteko”.

Hasi, Manu Robles-Arangiz Fundazioko Ipar Euskal Herriko taldearen zati baten lanorduekin hasi da Alda: “Aurrera begira helburua da Alda bere kideen kotizazioez autofinantzatzea. Momentukoz 50 kide gara”.

Manu Robles-Arangiz Fundazioa

Zer egiten du: Langile mugimenduaren balioak garatu eta sustatzeko trebakuntza eta argitalpenak. Memoria zabaldu, zaindu eta gorde, ELAren artxibo historikoan. Ipar Euskal Herrian, mugimendu desberdinentzat egoitza interasoziatiboa dugu, Enbata aldizkaria daramagu eta alternatiben eraikuntza sustatzen dugu (EHLG, Eusko, I-Ener, Enargia…) baita auzo txiroenetan ere (Alda!).