Articles du Vendredi : Sélection du 4 février 2022


En Europe, les catastrophes climatiques ont fait 140 000 morts en 40 ans
RFI
www.rfi.fr/fr/science/20220203-en-europe-les-catastrophes-climatiques-ont-fait-140-000-morts-en-40-ans

Selon un bilan publié ce jeudi par l’Agence européenne de l’environnement (AEE), les catastrophes climatiques de ces 40 dernières années ont causé en Europe plus de 140 000 morts et 510 milliards d’euros de dégâts.

Inondations, feux de forêt, canicules ou à l’inverse vagues de froid. Des événements météorologiques extrêmes dont l’Agence européenne de l’environnement s’est attachée à déterminer le coût, à la fois humain et financier, ces 40 dernières années dans un travail inédit.

Premier enseignement : ce sont les canicules les plus meurtrières. À elle seule, celle de 2003 a tué 80 000 personnes dans 32 pays européens, dont les 27 membres de l’UE ainsi que la Turquie et le Royaume-Uni.

À l’inverse, les événements les plus coûteux sont paradoxalement parmi les moins meurtriers. Les inondations ont ainsi causé 225 milliards d’euros de dégâts sur la période, soit 44% de la facture totale, devant les tempêtes : 34%.

En tête des pays européens, l’Allemagne a le plus souffert, avec 42 000 morts et des pertes financières s’élevant à 107 milliards d’euros. Suivent la France, avec 26 700 morts et 99 milliards d’euros de dommages, et l’Italie avec 21 600 morts et 90 milliards d’euros.

Un coût qui va s’alourdir

Tous ces chiffres, rassemblés dans un rapport, permettent également de tirer deux conclusions. Tout d’abord, la fréquence de la plupart de ces catastrophes va augmenter et les événements vont devenir plus graves dans les années à venir. En cause, le dérèglement climatique avec en premier lieu des sécheresses plus nombreuses, non seulement en Méditerranée, mais dans la plupart des régions d’Europe.

Ensuite, les auteurs insistent sur la nécessité de s’adapter à ces changements. Si la canicule de 2003 a été particulièrement meurtrière, cela n’a pas été le cas de celles qui ont suivi. Car des mesures avaient été prises pour protéger les plus fragiles. Des mesures aussi bien individuelles qu’étatiques essentielles pour limiter le plus possible les dommages à venir.

Taxonomie européenne : le gaz et le nucléaire classés en énergie verte, «des milliards en moins pour la transition écologique »
Aurore Coulaud
www.liberation.fr/environnement/taxonomie-des-energies-au-lieu-de-rompre-avec-notre-dependance-au-gaz-fossile-on-fait-linverse

Neil Makaroff, responsable des politiques européennes de Réseau Action Climat, décrit comme une aberration la proposition de la Commission de définir en énergie de transition le gaz fossile et le nucléaire, qui pourront bénéficier des aides à la transition écologique.

Après beaucoup de débats et de dissensions chez les 27 Etats membres de l’Union, la Commission européenne a publié ce mercredi sa proposition relative à la taxonomie, afin de mieux orienter le financement d’activités contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. La proposition inclut notamment le gaz fossile et l’énergie nucléaire comme des énergies de «transition», c’est-à-dire qui permettent de passer d’une production d’électricité très carbonée à une électricité neutre en CO2 dans des «conditions claires et strictes».

Lesquelles fixent, «pour les activités nucléaires, qu’elles satisfassent à des exigences de sûreté nucléaire et environnementale ; et, pour les activités gazières, qu’elles contribuent au délaissement du charbon au profit de sources d’énergie renouvelables», détaille la Commission.

En respectant ces critères, le gaz et le nucléaire sont, de fait, placés provisoirement au même niveau que l’éolien ou le solaire, considérés comme des énergies «vertes» et «durables» sur le plan environnemental, et pourront donc bénéficier de l’argent public et privé destiné à la transition écologique. Une aberration pour Neil Makaroff, responsable des politiques européennes de Réseau Action Climat.

Que pensez-vous de la décision de la Commission européenne?

C’est une erreur fondamentale de classer le gaz fossile et le nucléaire comme des énergies de transition car elles ne respectent pas les critères de durabilité de la taxonomie. Le gaz a supplanté le charbon : c’est désormais la première source d’émission de gaz à effet de serre du secteur de l’électricité en Europe. Quant au nucléaire, il pose des problèmes en termes de sûreté et de déchets. Sachant qu’il faut quinze ans pour construire une centrale, la notion d’énergie de transition est d’autant plus contestable. Continuer à investir dans ces infrastructures, c’est faire dérailler notre trajectoire climatique européenne. Pourtant, dans le cadre du Green Deal, l’Europe s’est engagée à réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55% d’ici 2030 (par rapport à 1990), ce qui implique de baisser sa consommation de gaz de 25% d’ici 2030. On est en pleine contradiction.

Une énergie de transition, qu’est-ce que ça veut dire concrètement?

Les critères établis par la Commission européenne visent à classer «vert» le gaz et le nucléaire de façon provisoire. Dans la pratique, on pourra donc déposer un permis de construire pour des centrales nucléaires jusqu’en 2045. Pour le gaz, les centrales qui émettront moins de 270 grammes de CO2 par kilowatt-heure – les plus performantes, mais qui restent très émettrices – pourront bénéficier de ce label vert européen jusqu’en 2030. Et elles ne s’arrêteront pas après cette date… Elles continueront de fonctionner car, une fois construites, leur durée de vie est de l’ordre de vingt ou trente ans. Au lieu de rompre avec notre dépendance au gaz fossile et baisser notre consommation, on fait l’inverse.

Quelles dérives peut-on craindre?

En intégrant ces deux énergies dans la taxonomie, cela leur permettra d’obtenir des sources d’investissements supplémentaires publics et privés à l’échelle européenne.

Classer le nucléaire et le gaz comme des énergies vertes revient à détourner des milliards d’euros dédiés à la transition écologique, normalement en faveur de la mobilité à faible émission ou à la rénovation thermique… vers des énergies polluantes.

C’est une opération de greenwashing dangereuse pour le climat. Et cela se fera au détriment du développement des énergies renouvelables, qui risque de prendre un retard considérable.

La France a mené une offensive en faveur de cette proposition…

La France a un double discours. A la COP26, Emmanuel Macron a mentionné qu’il fallait sortir des énergies fossiles. Parallèlement, il a mené des négociations avec plusieurs Etats, dont la Pologne, pour intégrer le gaz et le nucléaire dans la taxonomie européenne.

Pourquoi ? Car sans le soutien des pays favorables au gaz, la France n’aurait pas pu obtenir la classification du nucléaire en label vert. Il en va de la survie de l’industrie du nucléaire en France. Le chef de l’Etat n’a jamais fait mystère de son soutien à l’atome.

Cependant, la proposition n’a pas encore été votée…

Le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne disposent de quatre mois pour examiner la proposition et pour exprimer des objections à son égard. La bataille n’est donc pas finie.

Beaucoup d’Etats membres comme l’Espagne, le Portugal, le Luxembourg, le Danemark et l’Autriche se sont levés contre la décision d’intégrer le gaz ou le nucléaire dans la taxonomie européenne.

On a une majorité solide d’Etats membres en faveur de cette décision européenne au Conseil, surtout sous l’influence de la France qui en a la présidence. C’est au Parlement où tout va se jouer. Les députés sont très divisés sur la question et il y a des chances que la majorité (fixée à 353, hors abstention) d’entre eux vote contre ce label vert.

L’Autriche a pris les devants et a d’ores et déjà annoncé son intention de porter plainte contre cette proposition…

C’est un ultime recours. L’Autriche va traîner la Commission devant la Cour de justice européenne. Elle estime que cette proposition ne respecte pas les critères de la taxonomie européenne. Que le gaz et le nucléaire n’y ont pas leur place. Mais c’est une longue bataille juridique qui reste incertaine.

Du XIXe siècle à Zemmour, l’écofascisme contamine le débat politique
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/Du-XIXe-siecle-a-Zemmour-l-ecofascisme-contamine-le-debat-politique

[2/2 La menace écofasciste] – L’écofascime est déjà une réalité. En Europe comme en France, l’extrême droite accapare les fondements de l’écologie pour justifier ses discours identitaires et nationalistes. Qui sont les écofascistes ? Pourquoi s’approprient-ils l’écologie ? Une alliance avec Éric Zemmour est-elle possible ? Reporterre a mené l’enquête, en deux parties. Partie 1 — Écofascisme : comment l’extrême droite veut récupérer l’écologie

L’essor actuel de l’écofascisme découle d’une bataille idéologique, à l’œuvre depuis des décennies, pour imposer ses thèmes de prédilection et rapprocher l’extrême droite de l’écologie. Au sein des milieux écologistes et émancipateurs, on a tendance à minimiser cette lame de fond et à n’y voir qu’un mouvement condamné à la marginalité. On aurait tort. La confusion inédite qui règne aujourd’hui pourrait changer la donne. « Dans le clair-obscur surgissent les monstres », écrivait Antonio Gramsci.

Reporterre revient dans cet article sur trois éléments qui invitent à prendre au sérieux « le péril vert brun » : son corpus idéologique et ses racines profondes, sa porosité avec certains courants de l’écologie politique et enfin la candidature d’Éric Zemmour, qui pourrait parvenir à opérer la jonction entre le mouvement fasciste traditionnel et ses nouvelles composantes.

En premier lieu, il faut rappeler que le fascisme [1] et l’écologie ont souvent cultivé des liaisons dangereuses. « Dans l’histoire, l’écologie n’a pas forcément été synonyme d’émancipation, elle contient aussi en elle les germes d’une pensée profondément réactionnaire avec l’éloge d’une nature jugée immuable, le contrôle de la natalité ou le rejet des minorités », dit à Reporterre l’historien Stéphane François.

« Écofascisme » est une expression inventée par Pentti Linkola, un écrivain finlandais qui prônait la désindustrialisation, l’immigration zéro et la réduction de la population pour protéger la planète. L’auteur, mort en 2020, qualifiait la démocratie de « religion de la mort » et défendait la mise en place de mesures autoritaires pour maintenir la vie humaine sur Terre.

Une histoire ancienne

La pensée écofasciste est le fruit d’un bricolage idéologique qui trouve ses fondements dès le XIXe siècle. Elle reprend à son compte les analyses de l’économiste Thomas Malthus, qui faisait de la surpopulation la principale cause du problème écologique. Ce dernier préconisait une régulation volontaire des naissances, notamment au sein des classes populaires, et l’arrêt de toute aide aux nécessiteux pour « éviter la fin prématurée de l’espèce humaine ».

L’écofascisme puise aussi sa source dans le folklore du mouvement völkisch en Allemagne, qui mêlait environnementalisme et nationalisme xénophobe. Deux penseurs, Ernst Moritz Arndt et Wilhelm Heinrich Riehl, ont nourri cet imaginaire. Dès 1815, ils se prononçaient contre l’exploitation à courte vue des forêts et des sols et flattaient, en parallèle, la pureté raciale du peuple teuton, prétendument envahi par les Juifs et les Slaves. L’amour de la terre se liait alors à l’antisémitisme, et le mysticisme de la nature au populisme ethnocentrique.

Ernst Haeckel, le biologiste qui a inventé le mot « écologie » en 1866, fut lui-même un partisan du mouvement völkish. « Les racines du fascisme plongent profondément dans la pensée écologiste du XIXe siècle », explique ainsi l’historien Paul Guillibert dans un article paru dans la revue Mouvements. À un moment de l’histoire, ces deux courants — l’écologie et l’idéologie fasciste — se sont entremêlés. Ils ont d’ailleurs donné naissance à « l’aile verte » du parti nazi. Composée principalement de Walther Darré, Fritz Todt, Alwin Seifert et Rudolf Hess, cette fraction écologiste obtint, avant son éviction en 1942, de nombreuses avancées en matière d’environnement, y compris la création de plusieurs milliers de fermes agroécologiques en Allemagne.

Leur écologie était historiquement liée à l’idée d’enracinement, ils défendaient le mot d’ordre nazi « Blut und Boden » (« le sang et le sol »), qui visait à définir une communauté politique racialement homogène sur un territoire délimité par des frontières naturelles.

Une idéologie partie à « la conquête des esprits »

Cette forme d’écologie n’a pas disparu avec la fin du nazisme, bien au contraire : certains cadres dénazifiés, comme le pasteur Werner Georg Haverbeck et Renate Riemeck, médiéviste et ancienne secrétaire du SS Johann von Leers, en firent de nouveau la promotion dans les années 1970. À la même époque, en France, un ancien SS, Robert Dun (de son vrai nom Maurice Martin), a été l’un des pionniers de cette forme d’écologie. De même, en 1995, le militant antisémite et rescapé de la collaboration avec les nazis, Henry Coston, publiait à son compte un libelle intitulé Non ! L’écologie n’est pas de gauche.

La pensée écofasciste a retrouvé dès les années 1980 un terrain fertile, notamment en France. Avec le concours de la Nouvelle Droite et de l’idéologue déterminant Alain de Benoist. Ces courants ont mené ce qu’ils appellent « une lutte métapolitique », un combat culturel extraparlementaire qui considère la transformation idéologique comme une précondition au changement politique.

Selon la chercheuse Lise Benoist, contactée par Reporterre, « ces métapoliticiens se revendiquent “gramscistes de droite”, ils partent à la conquête des esprits et s’opposent férocement à une hégémonie culturelle qu’ils jugent à gauche ». En quarante ans, ces idéologues ont creusé peu à peu leur sillon et ont réussi à imposer dans le débat public leur obsession identitaire, qu’ils ont reliée aux questions écologiques. Ils ont notamment introduit le thème de la décroissance à l’extrême droite et construit une nouvelle doctrine autour de l’écologie de la frontière.

Dans son récent livre La grande confusion, le sociologue Philippe Corcuff estime qu’ils ont gagné la bataille des idées. Ils ont réussi à « désagréger des repères politiques antérieurement stabilisés » et « développé des passerelles discursives entre des courants que l’on pouvait juger auparavant antagonistes ».

Une porosité avec les courants plus classiques de l’écologie

La profondeur historique et l’ossature théorique de l’écofascisme est une des premières raisons qui peut nous pousser à nous inquiéter. « Elle pourrait entraîner une reconfiguration idéologique du fascisme », alerte Antoine Dubiau, l’animateur du blog Perspectives printanières. Le deuxième élément particulièrement déstabilisant est de remarquer que ces courants écofascistes ne sont pas toujours si isolés qu’on le croit et pas forcément coupés des courants de l’écologie politique.

On peut citer, là aussi, de nombreux exemples. Comme le raconte l’historien Stéphane François, dans son livre Les vert-bruns, certains ex-cadres nazis ont participé à la création des Grünen en Allemagne. Aux États-Unis, des écofascistes ont également infiltré le mouvement biorégionaliste. L’idéologue d’extrême droite Alain de Benoist avait des liens avec Edward « Teddy » Goldsmith, le fondateur de la revue britannique The Ecologist. L’une des théoriciennes de l’antispécisme, Maximiani Portas, plus connue sous le nom de Savitri Devi, était à la fois une ardente néonazie et une militante écologiste radicale qui a inspiré de nombreux hippies après les années 1968. Le fondateur du groupe Earth First !, Dave Foreman, est aussi une personnalité sulfureuse : il estimait que l’immigration de masse était la cause majeure de la détérioration écologique.

« Une écologie enracinée défend aussi bien le territoire local, l’héritage européen et la nécessité du noyau familial hétérosexuel »

La France n’est pas épargnée par ces liens nauséabonds. On retrouve des personnes proches des courants écofascistes dans le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d’Antoine Waechter.

Cet ex-candidat à la présidentielle défend une écologie ni de droite ni de gauche et vante le localisme, les terroirs en citant parfois d’anciens vichystes comme Yann Fouéré. Des membres de la Nouvelle Droite sont entrés dans son parti, tel le militant identitaire Laurent Ozon, qui animait la revue Le Recours aux forêts ou encore Fabien Niezgoda et l’essayiste François Bousquet, qui dirige la revue Éléments.

« Ils se retrouvent sur une critique du capitalisme mondialisé, de la marchandisation de la nature et de l’aliénation des formes de vie moderne, raconte la chercheuse Lise Benoist. C’est une base commune pour une écologie enracinée, qui défend aussi bien le territoire local, l’héritage européen et la nécessité du noyau familial hétérosexuel. »

En septembre 2020, la chercheuse, qui travaille avec Andreas Malm et le Zetkin Collective, avait pu s’introduire dans un colloque de l’extrême droite organisé à la Maison de la chimie, à Paris, et intitulé « La Nature comme socle ». Elle décrivait un événement incongru avec des stands où les livres d’Alain de Benoist côtoyaient ceux de Pablo Servigne sur l’effondrement.

« Les écologistes ont un gros travail de clarification idéologique à mener s’ils veulent éviter que certains milieux d’extrême droite se réapproprient leurs batailles, estime Antoine Dubiau, du blog Perspectives printanières. C’est une menace à prendre très au sérieux. La façon dont nous parlons de l’écologie aujourd’hui, de la nature ou de la démographie peut parfois être soluble dans une conception fascisante. Il faut fermer les brèches à travers lesquels ces militants pourraient s’engouffrer pour éviter toute tentative de capture. »

Cette perspective nécessiterait un travail intellectuel important, pour repolitiser et redéfinir les concepts propres à l’écologie. Un constat partagé par le philosophe Pierre Madelin dans la revue Terrestres : « Nous ne sommes pas suffisamment préparés à combattre cette alliance criminelle entre le brun et le vert, ni conceptuellement ni politiquement. »

L’alliance carbofascisme — écofascisme

Il y a pourtant urgence. La candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle française pourrait rebattre les cartes. Évidemment, le polémiste d’extrême droite n’a que faire de l’écologie, comme l’a montré Reporterre, mais il charrie autour de lui une nébuleuse proche du survivalisme. Récemment, Streetpress a révélé comment un groupe d’extrême droite, soutien actif d’Éric Zemmour, s’entraînait au tir sur des caricatures racistes de juifs, de musulmans et de Noirs dans une forêt de l’ouest de la France. Le groupe se fait appeler la « Famille Gallicane ». Composé de plusieurs dizaines de membres actifs, il rassemble quelques centaines de sympathisants. Dans leur cercle de discussion, ces adhérents font l’apologie du terroriste Brenton Tarrant — auteur des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019 —, qui se réclamait de l’écofascisme et appelait à se communautariser. « Le seul élément vraiment saillant de leur doctrine, ce sont les références récurrentes au survivalisme, dit à Reporterre Mathieu Molard, le rédacteur en chef de Streetpress. La Famille Gallicane, comme de nombreux groupuscules radicaux en France, se revendique de ce mouvement populaire aux États-Unis, dont les adeptes s’entraînent à survivre et s’arment en prévision d’une catastrophe ou d’un effondrement de notre civilisation. »
Une alliance pourrait donc se dessiner entre ces différents groupuscules survivalistes ou écofascistes et le mouvement autour de la candidature d’Éric Zemmour. Cela ne serait d’ailleurs pas complètement inédit. Aux États-Unis, le climatoscepticisme de Donald Trump n’a pas empêché certains de ses soutiens de flirter avec les tenants de l’écofascisme. Par exemple, l’auteur Mike Ma, qui s’en réclame, écrivait pour le site ultranationaliste de l’ancien conseiller spécial de la Maison Blanche, Steve Bannon. Donald Trump était aussi très proche de John Tanton, un milliardaire engagé à la fois pour la protection de l’environnement et contre l’immigration, qui dirigeait avant sa mort, en 2019, la Federation for American Immigration Reform. De nombreux survivalistes aux États-Unis ont soutenu Donald Trump aux dernières élections. On en retrouve d’ailleurs plusieurs parmi les inculpés de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.

En France, la question reste pour l’instant en suspens. L’alliance n’est pas encore effective, mais appelle à la plus grande vigilance. Comme l’annonçait déjà André Gorz dès les années 1970, « la grande bataille a commencé. Ce sera leur écologie ou la nôtre ».

Aldaketaldia 2022
Manifestua
https://sites.google.com/view/aldaketaldia2022/manifestua

Hamarkada erabakigarria norabidea errotik aldatzeko

Aro aldaketa bat bizitzen ari gara: Datu eta ebidentzia zientifiko ugarik adierazten dute aro baten amaieraren aurrean aurkitzen garela, hau da, oparotasunaren arotik (baliabide ugari eta itxuran mugagabeak) MUGAK (energetikoak, materialak, biolodgikoak…) gero eta presenteago egongo diren arora. Eta hori, gainera, ekologikoki hondatuago eta hauskorrago den planeta batean gertatzen ari da, klima aldaketak eta beste zenbait gertaerek (biodibertsitatearen gainbehera, zoru eta uraren kutsadura, ekosistemek eskainitako zerbitzuen degradazioa…) frogatzen duten bezala.

Baina, kapitalismoak ezin ditu mugak onartu. Hazkunde etengabea bere ADNaren sakon-sakonean dago, eta hori lortzen ez duenean krisian sartzen da. Horregatik, dena hazkundearen izenean egiten da. Eta, kontuan izan behar dugu, hazkunde ekonomikoa erabat lotuta dagoela energia eta materialen hazkundearekin, eta hori eragindako inpaktu ekologikoarekin (aztarna ekologikoarekin).

Eta gure agintariek, oro har, muga horien aurrean, ez ikusiarena egiten dute, eta beti ateratzen dute “txisteratik” etengabeko hazkundearekin jarraitzeko aukera emango digun iraultza industrial eta teknologiko “berriren” bat. Oraingoa, “garapen berde eta digitalean” (beraientzat, garapen=hazkunde) oinarrituko omen da. Euskadin, adibidez, horri “Basque green deal” deitu diote, eta “garapen iraunkorra eta inklusibora” bideratuta egongo dela azpimarratu dute. Baina, hitzetatik haratago ez da inondik inora iraunkorra ezta inklusiboa izango.

Berde eta digitalez, iraunkor eta inklusiboz hitz egiten duten bitartean guk Euskal Herrian, funtsean, betiko jokabidea ikusten ari gara: etengabe hazkundearen aldeko azeleragailutik oina lehenbailehen altxatu beharrean, AHTa bezalako azpiegitura faraonikoak (Europako Kontuen Epaitegiaren arabera, kilometroko 37 miloi euro xahutuko dira) bultzatzen jarraitzen dute, garraio pribatua sustatzen duten bide azkarrak eraikitzen eta planifikatzen (Super Sur edo Ibaipekoa Bizkaian), erraustegi (Bergara, Zumarraga…) eta zabortegi (Lemoa, Artxanda…) berrien aldeko apustua egiten, enpresa handien onurarako energia berriztagarrien megaproiektuak laguntzen, hidrogeno berdearen izenean miloi askoko funts publikoak Petronor bezalako enpresetara bideratzen, Baztango Lekarozen Araztogia izeneko proiektu turistiko erraldoi eta jasanezinaren alde egiten…

Larrialde ekologikoa GUREAN hasten da!!!

Ezin dugu denbora gehiago galdu aldarrikapen hutsaletan eta aldaketa kosmetikoetan berdez margoztuta baldin badaude ere. Ezinbestekoa da errotiko aldaketa horri ekitea, eta hazkunde mugagabearen paradigmatik aldentzea, bizitzaren babesa erdigunean jarriz (ez, orain bezala, akzionisten etekin gose mugagabean) eta abian ipiniz iraunkortasunean, justizia sozialean eta demokrazia parte-hartzailean oinarritzen diren trantsizio ekosozialak.

Natura bizigarrian, bizitza duinak denontzat!!!

Bidezko garapen iraunkorraren aldeko benetako aurrerapausoak eman nahi izanez gero, agintariek sekulako aukera izan zuten COVID19 osteko Euskal Herriko ekonomia ekologikoaren alde” izeneko EHUko manifestuan aipatzen ziren lerro nagusiak jarraitzeko. Hala ere, euskal komunitate zientifiko eta akademikoaren adierazpen horri uko egin, eta, ohikoa den bezala, Petronor (EAEko enpresa kutsatzaileena dena) eta Iberdrolaren (elektrizitatearen pezoiaren igoera itzelaren aurrean pobrezia energetikoari bizkarra eman eta sekulako negozioa egiten ari dena).

Trantsizio ekosozial horietarako, ezinbestekoa da, “Euskal Herrian, 2030erako desazkunde justurako txoke plan orokorra” onartzea eta egikaritzeko beharrezkoak diren epeak, neurriak eta finantzazioa zehaztea. Izan ere, herrialde aberatsotan behintzat, beharrezkoa da energiaren eta materialen produkzioa, kontsumoa eta garraioa nabarmen murriztea, eta ondorioz hondakin gutxiago sortzea. Gure herrialdean klima aldaketari modu eraginkorrean aurre egiteak, adibidez, 2030erako CO2ren isurketen %65 murriztea eskatzen du. Soilik horrelako txoke plan batek lortu dezake helburu hori.

Pertsona guztiok bizitza duina izateko dugun eskubidea errespetatu nahi badugu, plana sozialki justua izan behar da eta demokrazia ahalik eta zabalenean oinarritu behar da, horixe baita berme bakarra gehiengo sozialen interesen izenean egin dadin. Horregatik, guztiz arbuiagarria da EAEn “atzeko atetik” sartu berri duten Tapia legea izenekoa. Nafarroako UGEP (Udalez Gaindiko Eragina duten Proiektu Sektorialak) legearen bide beretik, Tapia legeak udalen autonomia urratu eta herritarron iritziak erabat zokoratzen ditu.

Inposizio gehiagorik ez: Tapia legea eta UGEPak, EZ!!!