Articles du Vendredi : Sélection du 28 septembre 2012 !

Les changements climatiques nous coûtent déjà cher

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/les-changements-climatiques-nous-coutent-deja-cher,30854

La lutte contre l’obsolescence programmée enfin lancée

Magali Reinert
Novethic -24-09-2012

OGM : les vrais et faux arguments du Pr Gilles-Eric Séralini

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/25/ogm-les-vrais-et-faux-arguments-du-professeur-seralini_1765303_3244.html – 25-09-2012

Non à la dictature de l’austérité

Alain Lipietz, ex-député européen (Verts), Noël Mamère, député (EELV) de Gironde
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/19/non-a-la-dictature-de-l-austerite_1762330_3232.html 19-09-2012

Les changements climatiques nous coûtent déjà cher

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/les-changements-climatiques-nous-coutent-deja-cher,30854

Les effets du réchauffement, combinés aux retombées sanitaires de notre système énergétique commencent à peser sur la croissance économique.

L’avantage avec les changements climatiques, c’est que cela s’étend sur des temps longs. L’évolution des températures est estimée au regard de celles mesurées au milieu du XVIIIe siècle. Les projections du Groupe international d‘experts sur l’évolution du climat (Giec) nous mènent en 2100, voire parfois plus loin encore. Bref, les vivants du moment ont du mal à se sentir concernés par un phénomène invisible —croient-ils— et dont les effets ne se feront sentir que dans deux ou trois générations. Pas besoin, donc, de se presser.

Et si tout ça n’était qu’un problème de mise en perspective? C’est ce que se sont dit les nombreux auteurs du Climate Vulnerability Monitor. Publié aujourd’hui par le DARA (une ONG espagnole) and Climate Vulnerable Forum (un partenariat de 20 pays établi en 2009), ce rapport de plus de 340 pages dresse une cartographie des risques générés, dès à présent, par les conséquences du réchauffement.

Jusque-là, point de scoop. Cela fait belle lurette que les climatologues nous ont alertés sur les effets de la fonte des glaces telluriques (inondations, glissements de terrain), des bouleversements météorologiques (stress hydrique), de l’élévation des températures (changements de végétations et de culture, vagues de chaleur) ou de la montée du niveau de la mer (impacts sur l’urbanisation, les infrastructures ou la gestion de l’eau potable), etc. La nouveauté est ailleurs.

En se basant sur une abondante littérature économique et scientifique, les auteurs évaluent l’impact économique de notre boulimie carbonique. Et les chiffres sont d’une brutalité toute mathématique.

400.000 personnes par an sont les victimes, directes ou indirectes, de maladies imputables ou favorisées par les changements climatiques (diarrhées, paludisme, méningite). En émettant des centaines de millions de tonnes de soufre et de particules fines, notre système énergétique est à l’origine de 4,5 millions de décès par an. D’un autre côté, l’accroissement des jours de canicule réduit progressivement la productivité dans de nombreux pays.

En cumulant tous ces coûts, le montant de l’addition commence à devenir lourd. Le rapport estime que l’échec des actions contre le changement climatique coûte déjà à l’économie mondiale 1,6% de son PIB, soit 1.200 milliards de dollars (933 milliards d’euros) par an de prospérité. Mais les pays les plus pauvres sont les plus fortement touchés: 7% de leur PIB sont, en moyenne, engloutis par les conséquences du Global Warming. Et cela n’est qu’un début.

Car, au rythme où progressent les émissions mondiales de gaz à effet de serre (+3%/an en cette période de crise), les températures et la pollution liée au carbone —climatisation oblige— vont rogner davantage la croissance économique mondiale. Plus de 3% du PIB annuel de la planète pourraient être détruits vers 2030, estiment les rapporteurs.

Si les économies des pays les plus pauvres seront les plus durement touchées, les nations les plus industrialisées ne seront pas épargnées. Dans moins de 20 ans, la Chine subira de très lourdes pertes, faute de s’être adaptée à la nouvelle donne climatique: plus de 1.200 Md$/an (933.000 Md€) de dégâts environnementaux et sanitaires, soulignent les auteurs. Pour les mêmes raisons, les Etats-Unis devraient voir leur richesse diminuer de 2%.

Il y a 6 ans, l’économiste britannique Nicholas Stern estimait qu’il suffirait de consacrer 1% du PIB mondial à la lutte contre les changements climatiques, pendant un demi-siècle, pour stabiliser la concentration de GES à un niveau non dangereux. Une donnée qu’il convient probablement d’actualiser d’urgence.


La lutte contre l’obsolescence programmée enfin lancée

Magali Reinert
Novethic -24-09-2012

Alors que Benoît Hamon, ministre délégué à la Consommation, s’est engagé à lutter contre l’obsolescence programmée, ONG et experts ne manquent pas d’idées à lui soumettre,
comme allonger la durée de garantie à dix ans ou imposer la disponibilité des pièces de rechange.
La sortie de l’iPhone 5 relance le débat sur l’obsolescence programmée. Avec sa nouvelle connectique, le dernier téléphone intelligant d’Apple disqualifie « les chargeurs de 183 millions d’iPhone, 73 millions d’iPad et 275 millions d’iPod vendus dans le monde », s’insurgent les Amis de la terre. L’association écologiste dénonce un « scandale écologique » et propose l’adoption d’une loi pour allonger la durée de garantie de deux à dix ans.

Un nouveau « modèle économique » du numérique

Sans aller aussi loin, le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon s’est néanmoins engagé à « lutter contre l’obsolescence programmée dans le domaine du numérique. » Le 12 septembre, le ministre a ainsi déclaré à la revue 60 millions de consommateurs : « acheter un appareil qui est destiné à être totalement démodé un an plus tard pose d’autant plus question lorsque le constructeur a lui-même organisé cette obsolescence. » Benoît Hamon a même précisé travailler avec la ministre déléguée à l’Économie numérique Fleur Pellerin sur un « modèle économique » du numérique, constatant ” un renouvellement excessif des terminaux mobiles pose des questions environnementales et pèse sur notre balance commerciale. »
Publiée en août 2012, une étude de l’Ademe sur la durée de vie des équipements électriques et électroniques arrive à point nommé pour inspirer le ministre. Concernant les téléphones mobiles, le rapport propose en particulier de dissocier la vente des appareils et le service de téléphonie pour sortir du turnover forcené encouragé par les opérateurs. L’utilisation d’un téléphone portable est en moyenne de deux ans, autrement dit la durée d’un abonnement, alors que les appareils ont une durée de vie moyenne de dix ans.

Certes, dans le domaine numérique, outre les incompatibilités techniques entretenues par les industriels, les sauts technologiques conditionnent souvent le renouvellement des équipements. L’Ademe reconnaît ainsi que la notion de durée de vie est « complexe », allant bien au-delà du « fonctionnement potentiel du produit déterminé lors de la conception ». Et de constater l’absence d’une « définition harmonisée » de la notion de durée de vie.

Il n’existe aucune législation relative à une durée de vie minimale des produits

À part les lampes, il n’existe à l’heure actuelle aucune législation relative à une durée de vie minimale des produits, ni de normes européennes permettant de la mesurer. Des initiatives commencent cependant à voir le jour dans le cadre de l’affichage environnemental. Au-delà d’une durée de vie minimale, l’Ademe insiste sur d’autres critères comme la durée de garantie ou la réparation des produits.

 

L’agence fait ainsi écho aux revendications des Amis de la terre en soulignant l’entente entre ONG environnementales et associations de consommateurs pour corréler la durée de garantie avec la durée d’usage. Pour l’électroménager, la garantie est généralement d’un ou deux ans, extensible à cinq ans, pour une utilisation plutôt proche de dix ans. L’idée derrière l’allongement de la garantie est d’obliger le constructeur à améliorer la robustesse de ses produits. Mais la garantie faisant partie intégrante de la politique commerciale des fabricants, ces derniers ne veulent pour l’instant pas entendre parler d’une réglementation contraignante. Prudente, l’Ademe préfère insister sur le soutien aux marchés de la réparation et de l’occasion.

Blue Angel, le seul écolabel qui s’intéresse à la durée de vie

À quand donc leboncoin.fr financé pour sa mission d’intérêt général ? Ou l’ouverture de formation de réparateurs ? S’il n’est pas facile d’intervenir dans des secteurs peu structurés, voire informels, des mesures concrètes existent comme obliger la disponibilité des pièces de rechange. L’Ademe pointe également l’intérêt des labels environnementaux. Aujourd’hui, un seul écolabel s’intéresse à la question de la durée de vie : Blue Angel, le plus ancien label écologique du monde, exige en effet que la livraison de pièces de rechange soit garantie pendant 5 ans au moins après l’arrêt de la production.Finalement, l’Ademe n’est pas si loin des Amis de la terre lorsqu’ils défendent « une économie de la fonctionnalité » : « Une société dans laquelle la durée de vie des produits serait rallongée entraînerait certes une baisse de la production mais engendrerait le développement d’une logique d’usage et de service. » Poussant la logique vertueuse, l’ONG envisage la création d’emplois de proximité diminuant « les menaces de délocalisation basées sur le moins disant social. »

OGM : les vrais et faux arguments du Pr Gilles-Eric Séralini

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/25/ogm-les-vrais-et-faux-arguments-du-professeur-seralini_1765303_3244.html – 25-09-2012

Un maïs transgénique (NK603) tolérant à l’herbicide Roundup provoquant chez le rat, associé ou non à son herbicide, une incidence accrue des tumeurs mammaires, des troubles hépatiques et rénaux, et réduisant l’espérance de vie des animaux ?

Les travaux conduits par le biologiste français Gilles-Eric Séralini (université de Caen), récemment publiés dans la revue Food and Chemical Toxicology, s’attirent, sans surprises, de nombreuses critiques. Certaines sont le fait du jeu normal de la science ; d’autres émanent à l’évidence d’intérêts économiques contrariés. Tour d’horizon des arguments utilisés de part et d’autre de la polémique.

Aucune étude de nourrissage de longue durée par des OGM n’aurait jamais été menée auparavant.

L’expérience de M. Séralini, menée sur deux ans, a été présentée comme une première – les tests toxicologiques réglementaires étant conduits sur quatre-vingt-dix jours seulement. Or une synthèse de la littérature scientifique, réalisée par Chelsea Snell (université de Nottingham, Royaume-Uni) et six autres chercheurs, publiée en janvier dans la revue Food and Chemical Toxicology, a recensé 24 études menées sur plus de 90 jours. Toutes sont sorties dans des publications soumises à la revue par les pairs (c’est-à-dire à une expertise préalable à la publication). La plupart ont été financées par des structures publiques.

Parmi elles, deux études de nourrissage avec du soja tolérant au Roundup ont, par exemple, été menées en 2008 sur plus de cent semaines : une sur la souris et une autre sur le rat. D’autres ont été conduites sur des durées intermédiaires, de 240 à 455 jours. Aucune d’elles n’a montré d’effets secondaires majeurs. Deux suggèrent des effets ténus sur le foie ou le pancréas.

De plus, parmi les 24 études recensées, 12 (dites “multigénérationnelles”) ont testé, sur plusieurs mois, l’effet de divers OGM sur différentes espèces (bovins, ovins, rongeurs, oiseaux).

Outre celle que vient de publier M. Séralini et son équipe, aucune étude n’a cependant jamais été spécifiquement menée sur le maïs NK 603 associé ou non à son herbicide-compagnon, sur une durée de deux ans.

  • La souche de rat utilisée ne conviendrait pas.

Les rats choisis par Gilles-Eric Séralini et ses coauteurs – de la souche dite de “Sprague-Dawley” – sont parmi les plus couramment employés par les toxicologues. C’est précisément la souche qui a été utilisée par Monsanto dans les tests réglementaires, menés en 2004 sur 90 jours, pour tester le même maïs.

Cependant, ces rats sont connus pour développer fréquemment des tumeurs mammaires et sont plutôt utilisés dans des expériences de quatre-vingt-dix jours, au cours de la période de leur vie où ils ne développent pas ces pathologies.

“Pour les souches avec un faible taux de survie, comme les rats de Sprague-Dawley, des nombres d’individus plus élevés peuvent être nécessaires, typiquement 65 animaux par sexe et par groupe, pour maximiser la durée des expériences”, précise ainsi un récent document-guide de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).

  • La puissance statistique de l’expérience serait trop faible.

Le principal reproche fait à l’étude de Gilles-Eric Séralini est celui de la signification statistique de ses résultats. Deux cents rats ont bien été choisis dans l’expérience mais ils ont été divisés en 10 groupes de 20 rongeurs (soit 10 animaux par sexe et par groupe).

Un unique groupe témoin, nourri avec un maïs classique, a été comparé à neuf groupes, chacun soumis à un régime alimentaire différent : trois doses de NK603 seul, trois doses de NK603 cultivé avec Roundup et trois doses de Roundup sans le maïs transgénique. “Avec dix rats du même sexe par groupe, il faudrait des effets extrêmement massifs pour que le résultat soit significatif, explique le biostatisticien Marc Lavielle (Inria), membre du Haut Conseil des biotechnologies (HCB). Pour détecter des effets plus subtils que ceux de l’arsenic à haute dose, il faut simplement plus de rats. C’est le même reproche que l’on peut faire à Monsanto.”

  • Les résultats seraient erronés, car les effets observés ne sont pas proportionnels à la quantité d’OGM consommée.

La proportionnalité de l’effet à la dose reçue est l’un des plus vieux principes de la toxicologie : “C’est la dose qui fait le poison.” Un grand nombre de travaux publiés ces dernières années, rassemblés dans une vaste synthèse publiée dans Endocrine Reviews (Le Monde du 27 mars), montre sans ambiguïté qu’il est dépassé : dans certains cas – lorsque les molécules testées interfèrent avec le système hormonal –, les effets observés peuvent être plus importants à faibles qu’à plus hautes doses.

  • Les auteurs seraient en conflit d’intérêts.

Certains reprochent à M. Séralini de ne pas faire état d’un conflit d’intérêts potentiel : parmi ses financeurs, des sociétés de la grande distribution ont investi le créneau du “garanti sans OGM”. Cependant, nombre de détracteurs de M. Séralini ne déclarent pas non plus tous leurs conflits d’intérêts.

Ainsi, l’analyse conduite par Mme Snell – qui concluait à l’absence de nécessité de procéder à des tests supérieurs à quatre-vingt-dix jours sur les OGM – ne mentionne aucun conflit d’intérêts alors que deux de ses coauteurs étaient consultants au moment de la publication et qu’un autre est co-inventeur d’un brevet déposé avec Syngenta…

En outre, tous les tests toxicologiques réglementaires – ceux qui sont versés aux dossiers d’homologation – sont financés ou menés par les firmes elles-mêmes. Ce qui, en général, ne dérange pas les promoteurs des biotechnologies.

Non à la dictature de l’austérité

Alain Lipietz, ex-député européen (Verts), Noël Mamère, député (EELV) de Gironde
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/19/non-a-la-dictature-de-l-austerite_1762330_3232.html 19-09-2012

Une nouvelle fois, la France et l’Europe se trouvent, à propos du traité budgétaire (TSCG), face à l’un de ces débats biaisés où l’on est sommé de voter “pour l’Europe” sans poser la question “Mais quelle Europe ?”.

Combien d’Européens ont ainsi voté pour Maastricht en 1992 et contre le traité constitutionnel en 2005 parce qu’ils estiment avoir été trompés en 1992, combien de socialistes français s’apprêtent à voter pour le TSCG alors qu’ils ont refusé de voter pour le Mécanisme européen de stabilité (MES), au nom d’arguments qui auraient dû les conduire à voter l’inverse !

Pourtant, le diagnostic est unanime : si l’Europe souffre plus que d’autres de la crise mondiale, c’est faute de s’être dotée de structures fédérales de solidarité contrôlées.

Le MES est un pas en avant.

Le TSCG au contraire est à la fois anti-fédéraliste, antisocial, antiécologiste.

Encore faut-il le lire !

Il cristallise deux idées.

La première est juste : dès qu’existe un mécanisme de solidarité budgétaire (le MES), il est normal que le tout (l’Europe) ait un droit de contrôle contre les imprudences de chacune des parties (les Etats).

Mais la seconde idée est inacceptable : elle fixe une règle d’équilibre budgétaire structurel à 0,5 % près. Cette règle est aussi “stupide” que le disait le président de la Commission européenne, Romano Prodi, en 2005, à propos de la règle des 3 % de déficit maximum.

Elle est stupide d’abord parce que nous sommes dans une crise structurelle majeure et non pas dans une fluctuation cyclique. Nous devons reconstruire tout le modèle énergétique de l’UE, une bonne partie de son système de transports et de son parc immobilier, dans un délai que les experts du climat fixent à un horizon de dix ans. Nous sommes dans la situation d’un pays qui se reconstruit après une guerre et s’endette légitimement pour deux décennies, ou d’un jeune ménage qui s’endette pendant vingt ans pour acheter son logement, d’une entreprise pour construire une nouvelle usine. Voter le TSCG, c’est voter qu’il n’y aura pas d’investissements massifs pour une “transition verte”. Ce qui pour l’Europe signifie une montée vertigineuse du chômage.

Toute l’expérience de cet été nous montre que la communauté financière se défie de l’Europe chaque fois que l’Allemagne recule devant l’application des décisions de juillet, chaque fois qu’elle conteste les promesses de rachat des dettes par la Banque centrale européenne et insiste sur le scénario “stupide” : austérité d’abord, solidarité plus tard.

La dictature de l’austérité ne conduit qu’à la récession et au chômage, en barrant la route à la transition verte, et cela inquiète autant la finance mondiale que cela horrifie les peuples européens.

Plus subtilement encore, le TSCG s’oppose au fédéralisme politique.

“Fédéralisme” signifie que la majorité des élus du “tout” peut décider des orientations à appliquer dans chacune des parties, les élus des parties gardant une marge de décision à l’intérieur de règles de coordination. En France, comme dans les pays fédéraux, il y a des règles qui s’appliquent aux budgets des collectivités locales : le budget de fonctionnement d’une collectivité doit être en équilibre, le budget d’investissement est libre de se financer par l’emprunt, dans certaines limites.

Mais cette règle s’oppose au TSCG qui, lui, impose au budget total (investissements d’avenir compris) d’être en équilibre. Même les députés européens n’auraient pas le droit de décider que les réformes structurelles appelées par la conversion verte exigent, pour un certain temps, un certain niveau d’endettement. Nous ne sommes pas encore une Europe fédérale, et pour faire avaler la solidarité budgétaire, ne faut-il pas convaincre les “Etats-fourmis”, qui ne veulent plus être solidaires des “Etats-cigales” que seraient la Grèce ou l’Espagne ? Ainsi, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande ont remis en cause les décisions solidaires de juillet, en arguant du refus supposé, par les “cigales”, des contraintes budgétaires.

Faudra-t-il attendre, pour que les “Etats-fourmis” acceptent la solidarité, qu’ils subissent eux-mêmes le contrecoup de la tragédie sociale et humaine qu’entraîne en Europe du Sud leur position rigoriste ?

Il n’est pas impossible que ce seuil soit atteint avant 2013. Ne serait-il pas plus intelligent de dire : “Non, mais nous sommes prêts à négocier des règles de coordination intelligentes ?” Telle est la responsabilité des députés français, comme de tous les Européens qui auront à voter le TSCG.