Emmanuel Macron à New-York : le champion du mépris et du bla-bla a encore frappé
Attac France
https://france.attac.org/se-mobiliser/justice-sociale-et-climatique/article/emmanuel-macron-a-new-york-le-champion-du-mepris-et-du-bla-bla-a-encore-frappe
Article
C’est avec mépris et arrogance qu’Emmanuel Macron a répondu depuis New-York à l’impressionnante mobilisation internationale de la jeunesse pour le climat. Loin d’en prendre la mesure, le chef de l’État se limite à faire le service après-vente d’une politique climatique française qui fait, au mieux, du surplace. A nouveau, tant sur les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre que sur le commerce international, ou la construction d’infrastructures carbonées, Emmanuel Macron énonce à New York le contraire de ce qu’il fait à Paris. S’y ajoutent une diversion sur la lutte contre la déforestation, et une réaction indigne au recours juridique formé par 16 jeunes, dont Greta Thunberg, envers l’inaction climatique de cinq pays, dont la France.
« Qu’ils aillent manifester en Pologne et ramasser des détritus sur des plages en Corse et dans la rivières » : un Président ne devrait pas dire ça. Quel mépris et quelle arrogance quand on constate le niveau d’engagement et de détermination d’une jeunesse soucieuse de son avenir et de la planète, et désireuse de voir enfin des décideurs politiques et économiques arrêter de prendre des décisions contraires avec la lutte contre les dérèglements climatiques ? Ces petites phrases méprisantes ne sont pas des erreurs de communication : visiblement, Emmanuel Macron et son gouvernement n’apprécient pas de voir un mouvement climat qui dresse un bilan à charge de sa politique climatique faite de « petits pas et grands renoncements ».
« Je n’ai pas le sentiment que la France bloque » affirme-t-il en réponse au recours juridique formé par 16 jeunes du monde entier devant le comité des droits de l’enfant de l’ONU contre la France et quatre autre pays (France, Allemagne, Argentine, Brésil et Turquie). Le recours est pourtant étayé par des centaines de pages d’études scientifiques peu suspectes de « positions très radicales« , selon les propos caricaturaux utilisés par Emmanuel Macron envers Greta Thunberg.
Que dit le recours ? Que la France est au 8e rang des pays ayant le plus relâchés de carbone depuis 1850, ayant à ce titre une responsabilité majeure dans le réchauffement actuel. Que les émissions françaises actuelles nourrissent un réchauffement de 3°C à 4°C et que la France émettra en 2030 10 fois plus que sa juste part dans un scénario où le réchauffement global serait inférieur à 1,5°C. Enfin, s’appuyant sur le rapport du Haut Conseil pour le climat installé par Emmanuel Macron lui-même, le recours, données à l’appui, secteur par secteur, précise que « le retard de la France dans la décarbonisation est incompatible avec l’objectif de 1,5°C annoncé à Paris et avec le leadership climatique international de la France ». Voilà des faits, rien que des faits, auxquels Emmanuel Macron ne daigne pas répondre.
Bis repetita, Macron dit à New York le contraire de ce qu’il fait à Paris
Ce n’est d’ailleurs que du bout des lèvres qu’Emmanuel Macron a consenti à soutenir un objectif climatique européen de 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 par rapport à 1990, au lieu des 40% actuels. C’était pourtant le minimum exigible alors qu’à la fois Angela Merkel et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont appuyé les premières cette exigence de cohérence minimale avec les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris dont Macron se veut le garant. Alors que bon nombre de scientifiques et d’ONG expliquent qu’il faudrait aller encore plus loin (- 65%), Emmanuel Macron s’est bien gardé d’annoncer comment mettre en œuvre un tel objectif en France : la Loi énergie-climat, qui doit être votée de façon définitive ce 26 septembre au Sénat, limite l’ambition à 40%. Pourquoi ne pas faire à Paris ce que l’on annonce à New-York ?
A New-York, Emmanuel Macron a également déclaré qu’il n’était plus possible d’avoir « un agenda commercial contraire à notre agenda climatique ». A peu de mots près, voilà un engagement qu’il avait déjà énoncé devant l’Assemblée générale de l’ONU en 2018. Pourquoi alors avoir entre temps fait voter le CETA pendant l’été ? En septembre 2017, la commission d’experts qu’il avait lui-même établie n’a-t-elle pas déjà jugé cet accord de commerce et d’investissement comme incompatible avec la lutte contre les dérèglements climatiques ? Si cet engagement est sérieux, il suffit donc qu’Emmanuel Macron demande à son gouvernement de retirer le projet de loi portant ratification du CETA qui est à l’ordre du jour du Sénat. Ainsi s’ouvrirait à l’échelle européenne une possibilité de renégociation du mandat commercial européen. Si, par contre, le Parlement français venait à ratifier le CETA, il refermerait cette opportunité et ferait à Paris l’inverse de ce que Macron énonce à New-York. Quant à l’idée, évoquée par Emmanuel Macron, selon laquelle la « compensation » pourrait résoudre le dilemme « climat-commerce », c’est une illusion que de nombreuses études récentes sur les résultats de la compensation carbone viennent de balayer.
Diversion sur la déforestation
A New-York, Emmanuel Macron a fait la promotion d’une nouvelle (sic) alliance internationale pour protéger les forêts tropicales, aux contours flous et à la réalité de l’action non déterminée. Cette alliance additionne des promesses financières (100 millions de dollars pour la France) tout en omettant de s’attaquer aux vecteurs de déforestation dont les pays les plus riches, UE et France comprises, sont responsables : quand des États prendront-ils enfin des mesures pour ne plus importer de produits source de déforestation ? Quand prendront-ils des mesures pour sanctionner les entreprises qui sont responsables de cette déforestation importée ? A l’émotion internationale suscitée par les feux de forêts en Amazonie et ailleurs, devrait répondre une action résolue des pouvoirs publics plutôt que la mise en place d’une nouvelle alliance internationale sans arme pour s’attaquer aux racines de la déforestation. Quant à Emmanuel Macron, il pourrait qu’il commence donc par sanctuariser les forêts de Guyane plutôt qu’étendre l’emprise des permis d’exploration minière et, en même temps, qu’il revienne sur l’autorisation délivrée à Total d’importer des quantités importantes d’huile de palme issues de la déforestation en Indonésie.
L’illusion des financements climat et de la finance verte
En 2009, à Copenhague, les pays riches s’étaient engagés à dégager 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour financer les politiques climatiques (atténuation et adaptation) des pays dits « en développement ». Dix ans plus tard, on en est encore loin : les estimations de l’OCDE, discutables du point de vue de la méthodologie suivie, indiquent un montant total de 72 milliards pour 2017. Que la France ait doublé sa contribution au Fonds Vert et garantisse que 80% du total sera délivré sous forme de dons au bénéfice des pays les plus vulnérables est sans doute une bonne nouvelle.
Mais il serait temps que cela se traduise au sein de l’Agence française de développement qui procède très majoritairement par des prêts, plutôt que des dons. Plus largement, il serait temps que les banques publiques françaises deviennent réellement « zéro-fossiles » et débloquent les financements nouveaux, additionnels, prévisibles qui sont nécessaires. A l’échelle internationale, quand un dollar est investi dans les énergies renouvelables, presque 3 dollars le sont dans les énergies fossiles. Le ratio est encore plus dégradé au sein des banques françaises puisque ce rapport va de 1 à 3,5.
« Ne pas continuer à financer des infrastructures carbonées ». Chiche ?
Pour « nous mettre en cohérence avec nos actions », Emmanuel Macron a même annoncé vouloir « arrêter de financer les projets d’infrastructure qui augmentent les émissions de CO2 ». « En France ou à l’étranger ». « Si elles polluent, nous ne les financerons pas » a-t-il poursuivi, reprenant là une des exigences anciennes et permanentes du mouvement pour la justice climatique. En France, il revient donc à Emmanuel Macron et son gouvernement de stopper la construction des autoroutes prévues par la Loi d’orientation sur les mobilités (le GCO à Strasbourg, le contournement de Rouen, l’A69 entre Castres et Toulouse, etc), de ne plus soutenir le projet destructeur de terres agricoles Europacity, ou encore la construction du Terminal 4 de Roissy.
Du « dire » au « faire » il y a un pas. Emmanuel Macron ne l’a pour l’instant jamais franchi, restant cantonné à des discours et promesses sans lendemain. Il en va pourtant de la crédibilité en politique et, plus important, de l’efficacité de la lutte contre le réchauffement climatique à laquelle appelle le mouvement climat, notamment les jeunes mobilisés par millions. Ils l’affirment clairement : il n’y aura pas de politique climatique à la hauteur des enjeux sans remise en cause des logiques néolibérales, productivistes et consuméristes actuellement à l’œuvre. A chaque fois, jusqu’ici, Emmanuel Macron a préféré préserver ses dernières lorsqu’il s’est agi de choisir. Le mouvement climat a annoncé vouloir rester mobilisé jusqu’à ce que cela change. Voilà un engagement sain qui consiste à aller à la racine des choses et qu’il faut soutenir. Qu’Emmanuel Macron le veuille ou non.
Pour aller plus loin :
- Notre décryptage des enjeux du sommet de New-York : sommet pour le climat de l’ONU : quels enjeux ? Quelles perspectives ?
- Notre rapport : Amazonie, quelle politique commerciale et quelles régulations des multinationales pour s’attaquer aux racines du problème ?
- Notre Rapport : La « finance verte » est-elle vraiment verte ?
- Déclaration endossée par des centaines d’organisations et personnalités exigeant une interdiction mondiale de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels
- Déclaration endossée par organisations du monde entier : L’accord de partenariat entre le Forum économique mondial (FEM) et l’ONU est une menace dangereuse pour le système onusien
Une stratégie imposée par la force
Alternatiba
https://alternatiba.eu/2019/09/strategie-imposee-par-la-force/
Article
Samedi 21 septembre, à Paris, la Marche pour le climat et la justice sociale a été perturbée par des affrontements violents, pour la première fois depuis le début de la dynamique des marches. Nous avons immédiatement dénoncé les violences complètement disproportionnées de la police à l’égard des manifestant-e-s. Mais ce jour-là, nous avons tou.te.s aussi subi les agissements d’une minorité qui a imposé son choix tactique à l’ensemble de la mobilisation.
Les contre-vérités de Demos Kratos sur le mouvement climat
ANV-COP21
https://anv-cop21.org/contre-verites-de-demos-kratos-mouvement-climat
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Dans une réponse à la vidéo de Julien Malara de la chaîne Demos Kratos, des membres d’ANV-COP21, Alternatiba et des Amis de la Terre qui militent depuis plusieurs années dans le mouvement rectifient les fausses affirmations du youtubeur, et rappellent quelques fondamentaux du mouvement.
Alternatiba, ANV-COP21 et les Amis de la Terre, comme l’ensemble du mouvement climat, sont actuellement traversés par de multiples questionnements stratégiques. Dans ce contexte, un regard critique sur nos propres mouvements est le bienvenu. C’est ce à quoi s’est essayé récemment le youtubeur Julien Malara de la chaîne Demos Kratos dans sa vidéo “Non-violence : peut-on être populaire et radical ?” [1]. Sa vidéo présente néanmoins le gros souci de critiquer ANV-COP21, Alternatiba et les Amis de la Terre en les présentant pour ce qu’ils ne sont pas. En effet, de nombreuses choses complètement fausses sont affirmées par ce youtubeur au sujet de ces trois mouvements.
Ce texte est à la fois une réponse à Julien Malara et un apport à toutes les personnes qui ont rejoint nos mouvements ces derniers temps. Alternatiba et ANV-COP21 ont en effet grandi très vite, accueillant de nombreuses jeunes personnes pour une première expérience militante, sans qu’elles en connaissent l’origine, l’historique et le logiciel politique.
Ainsi, les fausses affirmations que Julien Malara enchaîne dans sa vidéo sont l’occasion de revenir sur quelques fondamentaux de nos mouvements.
À propos de la COP21 et de la ligne stratégique principale de nos mouvements
Julien Malara décrit dans sa vidéo une stratégie fantaisiste qu’il fait passer pour être celle des 3 mouvements qui ont organisé les Camps Climat en 2016, 2017 et 2019 : Alternatiba, ANV-COP21 et les Amis de la Terre.
Il se concentre plus particulièrement sur ANV-COP21. D’après lui, « la stratégie d’ANV-COP21, elle a été on va dire mise en place autour de 2016, après la COP21, justement, au moment où on avait encore espoir que l’Accord de Paris de la COP21 allait tout changer, que les États allaient peut-être rester sous la barre des 2°C wouah youpla boum ».
L’espoir, en 2016, que la COP21 allait tout changer ? Pour comprendre pourquoi cette affirmation est très loin de la réalité, et pour comprendre d’où vient ce préjugé selon lequel nos mouvements se contenteraient de demander gentiment aux dirigeant-e-s de changer le système (préjugé régulièrement repris par divers youtubeurs ces temps-ci), il faut revenir dix ans en arrière, à un moment fondateur de ce qui deviendra le mouvement climat que l’on connaît aujourd’hui.
2009 est en effet une année fortement marquée par les enjeux climatiques, car doit se tenir en décembre la COP15 à Copenhague, le sommet de l’ONU pour lequel les pays du monde entier se sont fixés comme objectif de signer un accord international sur le climat. Cette perspective suscite des mobilisations citoyennes importantes, et notamment une convergence inédite entre des mouvements écologistes et des mouvements de solidarité internationale, ainsi qu’un moment de prise de conscience très fort autour de l’idée que la bataille climatique conditionne nombre d’autres batailles, comme celle de la paix, de la démocratie, de la justice sociale et de la solidarité internationale. À cette époque, Alternatiba et ANV-COP21 n’existent pas encore, et le mouvement basque Bizi ! est en train de se créer, précisément dans cette dynamique de mobilisation internationale.
Les mobilisations sont alors massivement orientées vers une demande adressée aux gouvernements d’un accord international, contraignant, juste et ambitieux, pour limiter le dérèglement climatique. Et beaucoup de gens pensent alors que c’est possible. Mais la COP15 aboutit finalement à un échec, sans accord, ce qui suscite une énorme déception. Dans les années qui suivent, la mobilisation inédite qui s’était lancée en amont et autour de la COP15 s’effondre quasiment entièrement, pour devenir presque inexistante en 2012, qui est en France probablement le creux le plus bas de la vague.
Mais en 2012, nous apprenons aussi que cet objectif d’un accord international est à nouveau de mise pour la COP21 prévue pour 2015. Avec le rapport du GIEC annoncé pour la rentrée 2013, cela fixe un calendrier propice, aux yeux des militant-e-s de Bizi! notamment, pour relancer une dynamique de mobilisation citoyenne pour le climat. Mais, comme d’autres militant-e-s, nous tirons des leçons de Copenhague. Une idée devient centrale pour une partie significative du mouvement militant : ne pas construire la mobilisation sur des demandes aux gouvernements, pour éviter un phénomène de reflux comme celui que nous avons connu après la COP15. Il s’agit au contraire de lancer des dynamiques qui pourront continuer de se renforcer après la COP21. La COP21 ne doit pas être l’objectif, mais le prétexte, le point d’appui.
Non, on ne peut pas se contenter de demander aux gouvernements d’agir ! Et contrairement à ce que laisse entendre Julien Malara, cela fait déjà 7 ans que cette idée est centrale dans le courant militant qui a suscité la création d’Alternatiba et ANV-COP21.
Et c’est effectivement dans cet état d’esprit que Bizi! commence, dès 2012, un travail volontariste pour relancer une dynamique de mobilisation. À l’époque, il y a un fatalisme ambiant assez fort autour de l’idée qu’il est impossible de mobiliser sur le climat : sujet qui semble pour la plupart des gens trop abstrait, lointain, impalpable et qui provoque pour celles et ceux qui en comprennent la gravité davantage un sentiment de sidération, d’impuissance et de résignation qu’une volonté d’agir.
La stratégie de Bizi! commence par l’organisation du premier Village des alternatives Alternatiba, qui a lieu à Bayonne en octobre 2013, dix jours après la publication du rapport du GIEC, et qui prend à contre-pied ces obstacles psychologiques. Le concept d’Alternatiba consiste à transformer le temps d’un jour ou deux tout un centre-ville, libéré des voitures, en espaces d’exposition, d’ateliers, de démonstration, de toutes les alternatives qui existent déjà. Il s’agit de combattre le sentiment de sidération et de résignation face au dérèglement climatique en montrant que les alternatives existent, qu’elles sont très nombreuses, qu’elles sont déjà expérimentées sur nos propres territoires, et qu’elles créent une société plus désirable. Des alternatives bien concrètes, qu’on peut voir, tester, toucher, goûter, expérimenter. Il s’agit de sortir du fatalisme en projetant une vision positive et désirable de ce que peut être une société basée sur ces alternatives, écologiquement pertinentes, mais également porteuses de sens au travers de valeurs de coopération, d’échange et de solidarité. Il s’agit de renforcer et d’enclencher des dynamiques citoyennes nouvelles pour les développer plus massivement, autour du fil conducteur du climat. On est alors bien conscients que ce concept ne va pas tout régler, mais qu’il constitue une nouvelle porte d’entrée, un élément d’un puzzle à nombreuses pièces, et surtout un élément déclencheur d’une nouvelle dynamique.
Ce premier Village mobilise 12 000 personnes, ce qui, à l’époque, est énorme pour une mobilisation sur le thème du climat (c’est la plus grosse depuis Copenhague !), et provoque un électrochoc. Au cours des années 2014 et 2015, des groupes de nombreux autres territoires se créent pour organiser à leur tour leur propre Village des alternatives. En deux ans, 99 Villages sont organisés jusqu’à la COP21 de 2015, et une nouvelle dynamique de mobilisation voit effectivement le jour, déjouant les pronostics de nombreuses personnes qui ne le croyaient pas possible.
Bien qu’elle se lance dans la perspective de la COP21, cette dynamique va se construire en opposition complète à l’idée qu’il faudrait attendre que la solution vienne du sommet pour le climat, contrairement à ce que dit Julien Malara au sujet de nos mouvements. Car parmi les idées centrales d’Alternatiba, il y a bien le fait de ne pas se contenter d’interpeller les dirigeant-e-s et d’attendre que la solution vienne “d’en haut”, mais d’agir également directement sur nos territoires pour développer ces alternatives et commencer sans plus attendre à construire une société écologiquement soutenable et socialement juste.
La Charte des Alternatiba [2] le précise sans ambiguïté : “Les alternatives existent, elles ne demandent qu’à être renforcées, développées, multipliées ! Nous pouvons ainsi continuer à changer concrètement les choses chacun-e à notre niveau, et également renforcer la dynamique, la prise de conscience, le rapport de force permettant d’avancer vers les bonnes prises de décisions tant au niveau local qu’au niveau global.”
Le jour même de la naissance d’Alternatiba, nous le disons de la manière suivante : “Cette journée se conclut sur un appel à lancer des Alternatiba partout, en France, en Europe, dans la perspective du sommet COP21 qui va se tenir fin 2015 à Paris, et que chacun fasse ces Villages d’une part pour interpeller les décideurs d’en haut, mais également pour montrer que la transition, le changement, est possible dès aujourd’hui, d’en bas, et qu’on peut tous en être les acteurs. Donc c’est ce double message que devront porter les Alternatiba”[3].
La logique d’Alternatiba est effectivement double : il faut interpeller les dirigeant-e-s, certes, mais il ne faut pas s’en contenter. Il faut développer les alternatives collectives sur nos territoires, certes, mais il faut aussi construire un rapport de force à une échelle plus globale. C’est d’ailleurs l’idée qu’il faut agir par nous-mêmes, directement, collectivement, qui va le plus porter la dynamique Alternatiba, en attirant de nombreuses personnes qui sont, déjà à l’époque, bien avant la vidéo de Demos Kratos, très sceptiques sur ce qu’il y aurait à attendre des gouvernements.
Un an et demi plus tard, alors que les Villages Alternatiba se multiplient, on retrouve cette logique dans le premier Tour Alternatiba organisé pendant tout l’été 2015, un tour de France et des pays frontaliers sur des vélos collectifs, lancé pour encourager et susciter la création de nouvelles dynamiques militantes locales alors que la COP21 approche : “Le Tour Alternatiba appelle en effet les populations à développer massivement ces nombreuses alternatives concrètes pour freiner sans plus attendre le changement climatique en cours. Cela permettra en outre de délivrer le message suivant aux chefs d’Etat qui se retrouveront fin 2015 à Paris à l’occasion de la COP21 : « la transition est en route, nous l’avons enclenchée, alors qu’attendez-vous pour faire de même ? » [4]
Là encore, c’est cette logique qui vise à articuler l’engagement citoyen à l’échelle locale et à l’échelle globale qui est à l’œuvre.
2015, c’est également la création du mouvement Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21), dont l’équipe nationale fusionnera plus tard avec celle d’Alternatiba. Car si les alternatives sont indispensables, il s’agit également de mener des actions d’opposition et de résistance, comme précisé dans l’appel fondateur d’ANV-COP21 : “Le changement climatique ne tombe pas du ciel ! Il est produit par toutes les multinationales qui continuent d’extraire les ressources fossiles du sol, et qui développent de surcroît les fausses solutions qui risquent d’empirer la situation ! Il est produit par l’inaction des politiques et le travail de sape des lobbies ! (…) Aujourd’hui, c’est d’un grand mouvement pour la justice climatique dont nous avons besoin, non-violent et déterminé, radical et populaire.” [5]
Pendant ces deux années 2014 et 2015, Alternatiba, rejoint en cours de route par ANV-COP21, ne se contentent pas de préparer telle ou telle mobilisation pour la COP21, mais construisent un mouvement citoyen qui a sa propre logique, et pour qui la COP21 n’est qu’un temps fort et non un aboutissement. Et encore moins la solution.
Au dernier jour de la COP21, le 12 décembre 2015, nous résistons aux pressions des autorités qui utilisent l’état d’urgence pour interdire tout rassemblement pour le climat, en maintenant une mobilisation que nous organisons sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel, reprise par le gouvernement comme symbole de la COP21.
Avec “l’espoir que l’Accord de Paris de la COP21 allait tout changer” ? Tout au contraire, nous dénonçons le jour même de l’Accord de Paris les gouvernements qui “ont failli à leur mission, ont trahi leur mandat de conclure un accord qui permette de stabiliser le climat”, nous rappelons que “pour ne pas brûler la planète, il faut laisser 80% des réserves d’énergies fossiles dans le sol. Et puisque les gouvernements ne sont pas capables de le faire, nous allons devoir l’empêcher, nous-mêmes, en bloquant un maximum de projets de gaz, de pétrole, de charbon, de sables bitumineux, de gaz de schistes, et sans oublier les fausses solutions comme le nucléaire, les agro-carburants, la géo-ingénierie. Car le changement climatique ne tombe pas du ciel, ce n’est pas une fatalité : il est produit par ce système, il est produit par ces compagnies qui sacrifient les conditions de vie civilisée sur terre pour le profit éphémère de quelques-uns. Il faut que nous entrions en désobéissance civile. Il faut que nous menions des actions non-violentes déterminées : s’interposer physiquement, sans haine, sans armes, sans violence. Mais s’interposer avec détermination, à visage découvert, et sans reculer, sans jamais baisser les bras.”[6].
Sur un plateau de télévision en direct, nous dénonçons l’Accord de Paris comme un « crime contre l’humanité »[7]. Nous dénonçons les engagements pris par les États, qui nous conduisent à un réchauffement d’au moins +3°C, avec une banderole enflammée qui indique « COP21 => +3°C ». Et nous déclarons notamment, devant 20 000 personnes rassemblées au Champ de Mars malgré l’état d’urgence, que « face au manque d’ambition et de mesures concrètes des gouvernements, c’est désormais à la société civile de gagner des batailles décisives sur le climat dans les quelques années à venir »[8].
Trois jours plus tard, le temps d’analyser un peu plus en détails l’issue de la COP21, Alternatiba envoie un nouveau communiqué de presse titré « L’Accord de Paris ne stabilisera pas le climat »[9].
Nous n’avons jamais été dupes quant à ce qu’il y aurait à attendre des États, comme nous l’écrivons par exemple dans la présentation de l’appel fondateur d’ANV-COP21 : « L’Accord de Paris (…) ne contient aucune mesure concrète et juridiquement contraignante pour que ces objectifs soient atteints. En conséquence, les plus grandes multinationales extractivistes continuent d’exploiter les ressources fossiles (…) aggravant le dérèglement climatique. Nous ne pouvons pas, en tant que citoyen·ne·s, nous contenter d’attendre que la solution vienne d’en haut et espérer que la situation s’arrange d’elle-même. Il faut agir directement, s’opposer et s’interposer aux projets destructeurs du climat, tout en construisant les alternatives qui existent déjà sur nos territoires. »[10]
Julien Malara enfonce donc une porte grande ouverte quand il insiste encore en affirmant « il faut qu’on prenne conscience qu’on n’a plus des années et des années pour sensibiliser les gens, pour attendre que nos représentants politiques décident d’eux-mêmes de sauver la planète », ou quand il poursuit en disant que « croire qu’on changera le système en faisant pression sur des représentants politiques, c’est illusoire ».
L’idée n’a pas besoin d’être martelée avec autant d’insistance en ce qui nous concerne : nous sommes d’accord, et nous n’avons jamais dit le contraire.
Sur la stratégie non-violente et la simul’action
La stratégie non-violente est un autre sujet sur lequel Julien Malara manque cruellement de rigueur. Il prétend ainsi qu’il y avait au Camp Climat « des formations qui expliquaient que si on chante assez fort devant les réunions des politiciens ça leur fera pression et donc ils accepteront de respecter l’Accord de Paris et donc de sauver la planète ».
Il faudrait effectivement être particulièrement naïf pour croire qu’en chantant fort on pourrait convaincre les politiciens. Évidemment, ce n’est pas du tout ce que nous disons. À ce stade, ce n’est même plus de la caricature, mais de la pure invention. Et nous invitons Julien Malara à nous préciser de quelle formation il parle, qu’on aille vérifier auprès des formatrices et formateurs concerné-e-s, par acquis de conscience.
Cette vision complètement naïve et occultant la nécessité d’un rapport de force n’a rien à voir avec les actions que nous menons. Est-ce qu’on chante dans nos actions ? Oui, ça nous arrive assez souvent. Mais est-ce que notre mode d’action consiste à chanter ? Évidemment, non.
Dans la simulation d’action de masse organisée à la fin du Camp Climat, la “simul’action”, il y a des franchissements de lignes de police et de barrières par exemple, des blocages humains, des intrusions dans des bâtiments, des déploiements de banderoles en hauteur, etc. Mais pour mieux faire croire à son propos, Julien Malara isole un moment de la simul’action où l’on voit des gens qui scandent un slogan, laissant croire que l’action consiste réellement à se contenter de crier un slogan. Or ce groupe d’activistes avait pour mission de faire un leurre pour permettre à d’autres plus petits groupes de franchir les barrières, ce qu’ils ont fait.
Il y a beaucoup d’autres choses fausses ou déformées qui sont dites au sujet de la simul’action, par exemple quand Julien Malara raconte un moment où les “activistes” n’ont pas pu entrer dans un des bâtiments visés, afin de répéter que notre mode d’action consiste simplement à chanter, alors que juste avant, ces mêmes “activistes” ont réussi à entrer dans un autre bâtiment pour interrompre le “sommet” visé, après avoir franchi des lignes de police.
Mais plus globalement, il est regrettable que la vidéo s’attarde autant sur la simul’action, en tirant des conclusions comme si c’était une vraie action mûrement réfléchie et organisée. Au contraire, il s’agit d’un exercice, basé sur un scénario et des contraintes logistiques peu réalistes, mais qui permet de se tester, de faire des erreurs et d’en tirer des apprentissages. Ajoutons simplement que l’équipe d’organisation ne s’est pas auto-congratulée en célébrant “un succès”, comme le dit Julien Malara. Notre méthode consiste bien sûr à se féliciter des réussites mais aussi et surtout à débriefer, à dresser un bilan critique afin de rendre plus efficaces les actions qui suivront, ce qui a été fait dans les heures suivantes avec l’ensemble des participant-e-s.
Pour résumer en quelques lignes ce qu’est réellement la stratégie non-violente que nous développons, rappelons que pour ANV-COP21, comme pour Alternatiba ou les Amis de la Terre, la pertinence de la stratégie non-violente repose sur un grand éventail de formes d’actions, comme nous l’écrivons dans l’appel fondateur d’ANV-COP21 : “qu’il s’agisse d’actions symboliques, artistiques ou humoristiques, ou d’actions directes d’interposition, d’occupation ou de blocage, d’actions constructives ou d’actions de non-coopération et de boycott, l’action non-violente peut être l’instrument du changement capable de réunir la population dans toute sa diversité”[11]. Comme nous l’expliquons dans nos formations, toutes ces formes d’actions ont des atouts différents et des limites spécifiques, et aucune n’est suffisante en soi ; mais elles peuvent s’articuler de manière très complémentaire. Pour s’opposer efficacement, il faut aussi pouvoir proposer de manière crédible. Pour boycotter massivement, il faut aussi pouvoir s’appuyer sur des alternatives massives. Pour développer des alternatives à grande échelle, il faut aussi pouvoir empêcher des projets destructeurs. Pour mener des actions radicales et résister à la répression, il faut aussi avoir le soutien d’un plus grand nombre de gens, que nous mobilisons avec des actions moins radicales, etc. Ce faisant, la stratégie non-violente permet en outre de proposer des niveaux d’engagement très variables pour une grande diversité de personnes, y compris qui ne sont pas encore militantes ou engagées, et qui peuvent tout juste commencer à prendre conscience de la réelle nature de l’urgence et de la gravité de la situation.
Et oui, cette stratégie vise effectivement à contribuer à la construction “d’un grand mouvement pour la justice climatique, non-violent et déterminé, radical et populaire”[12].
Julien Malara pense qu’il n’est pas possible d’être à la fois radical et populaire, et il a le droit de le penser. Mais le fait de caricaturer notre stratégie, pour ensuite en démonter la caricature, fausse le raisonnement et rend la critique complètement vaine et stérile.
Diversité des stratégies
Julien Malara occulte également la diversité des stratégies existantes quand il dit : “on sait que l’Accord de Paris a été largement bafoué, donc que les 3 ans de désobéissance civile non-violente n’ont pas eu l’effet escompté. (…) Votre stratégie, notre stratégie de non-violence, qu’on avait tous accepté à peu près pendant 3 ans, n’a pas fonctionné, ou n’a pas assez fonctionné, assez vite. Or, on est dans l’urgence, là”.
Il est d’abord faux de dire que tout le monde a accepté la stratégie non-violente ou de désobéissance civile. Il y a d’abord toutes les organisations légalistes, soit la majorité des mouvements, qui ne pratiquent pas la désobéissance civile. Et il y a une multitude de courants prônant ou pratiquant la violence ou la diversité des tactiques violentes/non-violentes, qui se développent depuis des années, et qui ne sont pas parvenus à renverser le système. Mais surtout, il n’y a jamais eu jusqu’ici de mouvement populaire pour le climat capable de déployer une stratégie non-violente efficace à échelle nationale. Car cela prend du temps et, si nous atteignons actuellement un niveau d’intérêt et d’engagement important dans la stratégie non-violente, c’était loin d’être acquis en 2015 au lancement d’ANV-COP21. Il suffit de se rappeler à quel point la question du climat était encore négligée il y a peu par les médias, y compris par les youtubeurs.
Nous sommes en revanche parfaitement d’accord avec Julien Malara quand il dit : « la situation est catastrophique, il faut aller plus loin, plus vite, plus fort ».
Cependant, un mouvement organisé, ça se construit progressivement, sur des années. Et la conscience de l’urgence, qui nous tord le ventre à nous aussi et que nous ne cessons de rappeler à chacune de nos interventions, ne change rien à cette réalité implacable. Nous faisons grandir ce mouvement aussi vite que nous le pouvons. Par rapport à l’urgence climatique, rien n’est assez rapide. Malheureusement, on ne peut pas rattraper des décennies de retard en 3 ou 4 ans. Mais pour un mouvement citoyen qui est parti de rien, il y a quelques années à peine, nous avons aussi réussi à constituer une force nouvelle en un temps relativement court.
Nous continuons de lutter tout en sachant que nous perdons des batailles tragiques à chaque dixième de degré supplémentaire que nous franchissons. Mais nous partageons toutes et tous, toutes tendances militantes confondues, l’échec de cette course de vitesse face au dérèglement climatique. Et rien n’indique que faire usage de violence nous permette d’aller plus vite, d’être plus radical et plus efficace.
Questionnements stratégiques
La troisième grande idée sur laquelle Julien Malara insiste dans sa vidéo, c’est que « ANV-COP21, Alternatiba et les Amis de la Terre, ils ne veulent pas remettre en cause leur stratégie. »
Pour en convaincre ses spectateurs, il invente de toutes pièces une discussion que Didier Lestrade est supposé avoir eue avec nous. Après avoir diffusé l’extrait d’une vidéo dans laquelle Didier Lestrade dit que « le basculement est si proche (…) qu’il faut peut-être radicaliser les actions », idée avec laquelle nous sommes tout à fait d’accord, Julien Malara invente la suite : « et tu sentais qu’Alternatiba, ANV-COP21, les Amis de la Terre ils étaient pas trop chauds quoi, genre, heu, « non mais quand même, heu, est-ce qu’il ne faut pas être non-violents avant tout ? », et Didier Lestrade qui leur répondait « non, on s’en fout, la stratégie on la verra après, nous on avait un objectif, on a choisi des stratégies plus violentes, heu, regardez, vous, votre objectif, et déterminez vos stratégies en fonction de ça ». Sauf que l’association s’appelle Action Non-Violente COP21, ce qui veut dire qu’ils ont déjà choisi leur stratégie avant même de réfléchir à l’objectif ».
Cette discussion n’a jamais existé ! Caricaturer les propos d’autrui, ce n’est déjà pas très constructif, mais inventer de toutes pièces des discussions qui n’ont jamais eu lieu, c’est incompréhensible de la part d’un youtubeur qui entend se présenter comme un média.
D’autre part, prétendre que nous aurions choisi la stratégie non-violente avant de définir notre objectif est une invention sans aucun fondement. Le raisonnement utilisé par le youtubeur de Demos Kratos est d’ailleurs absurde : il voudrait nous convaincre que, si l’on s’appelle “Action Non-Violente COP21”, c’est qu’on aurait choisi la stratégie non-violente de manière dogmatique, sans s’être posé la question de notre objectif. Affirmation loufoque : c’est bien l’inverse qui s’est produit !
Comme on peut le voir dans l’entretien que Julien Malara a lui-même réalisé au Camp Climat et qu’il intègre dans sa vidéo, nous expliquons un raisonnement tout à fait différent. Nous disons qu’il faut changer le système radicalement, et qu’il faut le faire avec les gens (c’est l’objectif) ; donc qu’il faut être à la fois radical et populaire ; or ce sont les stratégies non-violentes qui nous semblent les plus adaptées à faire cette synthèse radicale et populaire, notamment car elles permettent de faire participer des personnes aux profils très variés (enfants, familles, personnes âgées…) ; donc on choisit la stratégie non-violente[12].
Le choix de la stratégie non-violente découle donc bien d’un objectif ; il n’y a rien de dogmatique là-dedans.
Mais plutôt que de tenir compte des arguments que nous avançons réellement, Julien Malara choisit de tout caricaturer et même d’inventer. Et plutôt que de distinguer où se situent les vrais désaccords et les divergences stratégiques, il préfère prétendre qu’on refuse le débat et la remise en cause stratégique.
Quelles sont les conditions du débat ?
Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que Julien Malara a filmé la formation “Quelle stratégie pour relever le défi climatique ?” qui était animée en plénière au Camp Climat 2019, et qu’il n’en tient pourtant pas du tout compte dans sa vidéo.
Or on explique justement dans cette formation l’insuffisance de la COP21, la nécessité de combattre le système, d’instaurer un rapport de force, ce qu’est la stratégie non-violente, ses différents registres d’action, etc. plein de choses qui sont à l’opposé de ce que Julien Malara dit de nous.
Pourquoi le youtubeur de Demos Kratos ne tient-il donc aucun compte de ce qu’on a réellement dit ? Et pourquoi essaie-t-il de faire croire que nous disons le contraire de ce que nous disons réellement ?
C’est bien dommage, car nous sommes effectivement à un moment de débat très important sur les stratégies qui sont à l’œuvre. Nous avons l’impératif d’être beaucoup plus efficaces que nous ne le sommes actuellement. Car nous manquons cruellement du rapport de force nécessaire pour empêcher la destruction de l’écosystème planétaire qui est en cours et qui s’accélère.
Mais quelles discussions et quels débats peut-on envisager si on se permet de déformer les propos des autres ? Si on s’autorise à prêter à nos interlocutrices des intentions qu’elles n’ont jamais eues, et des propos qu’elles n’ont jamais tenus ?
Pour questionner nos stratégies, il faut commencer par en faire des analyses qui soient justes. Pour débattre, il faut poser des bases saines, et exposer des faits réels. Pas d’intox, pas de fake news, pas de caricatures.
De ce que Julien Malara dit de nos mouvements, plein de choses sont fausses, et rien n’est sourcé. Il y a simplement le lien vers le site internet du Camp Climat, dans lequel on ne trouve évidemment aucune trace des descriptions fantaisistes qu’il fait de nos mouvements dans sa vidéo.
Nous sommes ouvert-e-s au débat, à la réflexion, à la discussion, nous passons beaucoup de temps à confronter nos idées aux autres et à échanger avec de nombreux mouvements, mais nous tenons à ce que ça soit fait de manière honnête et constructive.
Barth Camedescasse, Boris Cousin, Cécile Marchand, Fanny Delahalle, Jon Palais, Khaled Gaiji, Malika Peyraut, Margot Neyton, Pauline Boyer, Rémi Donaint, Stéphanie Carré, Sylvine Bouffaron, Yannick Montaulieu
1 Vidéo de Demos Kratos Non-violence : peut-on être populaire et radical ?, publiée le 27 août 2019
3 Alternatiba – le film, à 29’24
4 Le Tour Alternatiba s’est lancé sous le soleil et les applaudissements!, 5 juin 2015
5 Appel fondateur d’ANV-COP21 “Debout et déterminé-e-s pour le climat”
6 Nous n’avons pas de vidéo en ligne sur le discours intégral, mais nous en avons l’enregistrement audio et la transcription, que nous pouvons transmettre à Julien Malara au cas où il souhaite faire un travail documenté pour une prochaine vidéo
7 Vidéo extraite du direct de BFM TV, 12 décembre 2015, à 4’40
8 Article d’Alternatiba et ANV-COP21 du 12 décembre 2015 “20 000 personnes décrètent l’état d’urgence climatique”
9 Article d’Alternatiba L’Accord de Paris ne stabilisera pas le climat, 15 décembre 2015
10 Présentation de l’Appel fondateur d’ANV-COP21
11 Appel fondateur d’ANV-COP21 “Debout et déterminé-e-s pour le climat”
12 Appel fondateur d’ANV-COP21 “Debout et déterminé-e-s pour le climat”
13 Voir le passage de la vidéo de Demos Kratos Non-violence : peut-on être populaire et radical ?, de 4’26 à 5’37
Klima larrialdi egoera deklaratu du Eusko Legebiltzarrak
Argia
www.argia.eus/albistea/klima-larrialdi-egoera-ezarri-du-eusko-legebiltzarrak
Article
EAEko legebiltzarrak konpromisoa hartu du klima larrialdiari aurre egiteko ekimenak eta aurrekontuak sustatzeko, « premiaz jardute aldera ». Erabakia aho batez hartu dute talde parlamentario guztiek ostegunean egindako saioan.
Berotegi-efektua eragiten duten gasen bilakaerari buruz EH Bilduk aurkezturiko mozioaren lehen puntuan –erdibideko zuzenketa adostu dute talde guztiek– Eusko Legebiltzarrak « larrialdi klimatiko egoera » deklaratu du ostegun goizean Gasteizen egindako osoko bilkuran.
Hala, Eusko Jaurlaritzak uztailean egin bezala eta hainbat udalek ere emandako urratsei segituz, Araba, Bizkaia eta Gipuzkoako ordezkari autonomikoak biltzen dituen erakundeak larrialdi klimatikoaren aurrean pauso bat eman du.
Onartutako testuan, talde parlamentarioek Eusko Jaurlaritzari eskatu diote 2020ko aurrekontuetan « ikuspegi klimatikoa » txertatu dezala eta bultza ditzala politika eraginkorrak « karbono neutraltasuna » 2040ra aurreratzeko –orain arteko planek 2050 urtea dute jomuga–.
Mikel Otero EH Bilduko eledunak azaldu duenez, azken urteetan gas isuriek ez dute behera egin, alderantziz, handitu egin dira, zehazki 2016 eta 2017 urteetan CO2 isurketak %5,45 hazi dira eta kezkatzeko moduko datuak dira horiek, 2050erako karbono neutraltasuna lortzeko data aurreratuz gero, urtean %8ko jaitsiera izan beharko lukeelako joerak: « Larrialdi klimatikoa ez da ingurumen arazo bat, lehen mailako arazo sozial eta ekonomiko bat da », ondorioztatu du.
Adierazpena aho batez onartu bada ere, kritikarako tartea izan da eztabaidan eta EH Bilduk mahai gainean « plangintza sinesgarririk » ez edukitzea egotzi dio Eusko Jaurlaritzari. Elkarrekin Podemosek, bere aldetik, « mezu nahasgarriak » ematea leporatu dio Arriola sailburuari, aditzera emanez duela egun batzuk esandakoa, « suizida » izango litzatekeela gure jarduera ekonomikoa aldatzea. « Albiste txar bat daukat, ezer ez egitea ez da aukera bat », esan du Jose Ramon Becerrak.
Euskal sozialistek onartu dute jadanik « aitzakiarik ez » dagoela arazoari aurre egiteko eta EAJko Irune Berasaluzek « zintzotasunez eta seriotasunez » jardun beharra azpimarratu du.
Adierazpenaren azken puntuan Eusko Legebiltzarrak Jaurlaritzari eskatu dio larrialdi klimatikoari aurre egiteko neurriak beste erakundeekin eta herritarrekin adostu ditzala, « parte-hartze prozesu sozial zabalen bidez ».