« Hérodote » explore la géopolitique du dérèglement climatique en Europe
Marc Semo
www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/27/herodote-explore-la-geopolitique-du-dereglement-climatique-en-europe_6336275_3232.html
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La revue de géographie et de géopolitique consacre un numéro dense aux effets politiques du changement climatique sur le Vieux Continent.
La revue des revues. Le Vieux Continent se réchauffe plus qu’initialement prévu par les projections des climatologues, et surtout plus vite que le reste du monde. Les aléas et les phénomènes extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes) deviennent toujours plus fréquents, avec des effets géopolitiques inédits. Si la question des ressources en eau n’avait jamais été cruciale dans une France riche en fleuves et plutôt bien arrosée, elle le devient aujourd’hui. Le pays se trouve confronté à la fois à des inondations catastrophiques, à l’instar de celles du Pas-de-Calais en 2022 et 2023, mais aussi à la sécheresse dans le Sud. En outre, militants écologistes et agriculteurs s’affrontent sur la question des mégabassines ou des barrages. Les autres Etats européens se retrouvent peu ou prou dans des situations similaires. « Nous sommes à un moment où les conséquences géopolitiques du dérèglement climatique sont encore gérables, sinon maîtrisables, mais le temps est désormais compté et sans doute plus court que celui annoncé par les experts pour éviter des aléas climatiques aux effets redoutables », écrit la géographe Béatrice Giblin dans l’éditorial de ce numéro dense d’Hérodote consacré à la géopolitique du dérèglement climatique en Europe. Le prochain numéro de la revue, promis d’ici à la fin de l’année, devrait élargir la problématique au reste du monde.
Le vent en poupe
L’aggravation des conséquences du dérèglement climatique provoque des effets politiques qui ne sont pas ceux auxquels on pouvait s’attendre. Les divers partis verts des Vingt-Sept, comme l’ont montré les élections européennes de juin, s’y avèrent plutôt à la peine. En revanche, les formations populistes de tous poils ont partout le vent en poupe, prospérant notamment sur le rejet de supposés excès des normes du Green Deal européen et de ceux qu’ils pourfendent, comme les « Khmers verts ». Face à la révolte des agriculteurs, en France, de même qu’aux Pays-Bas ou en Allemagne, les gouvernements ont fait marche arrière sur nombre des mesures relatives à la réduction de la consommation des pesticides ou visant à la neutralité carbone.
La difficulté de concilier ambition écologique, défis de compétitivité et objectifs sociaux se fera toujours plus vive. Révélateur, à cet égard, est l’Energiewende, le tournant de la politique énergétique allemande, amorcé au début des années 2000 et accéléré par Angela Merkel en 2011, après l’accident de la centrale japonaise de Fukushima afin de sortir totalement du nucléaire. C’est chose faite, comme promis, mais, malgré les investissements massifs dans les énergies renouvelables, leur caractère intermittent a obligé le pays à conserver des centrales à charbon et à lignite qui assurent, bon an mal an, au moins un tiers des besoins. Et l’émission de CO2 par habitant outre-Rhin est le double de celle de la France.
«Penser l’avenir en parlant des choses qui n’existent pas»
Eve Szeftel
www.liberation.fr/societe/ville/penser-lavenir-en-parlant-des-choses-qui-nexistent-pas-20240927_JXB2S3CAJJF4LIWSEK3OAN7VAU
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Mobilisation d’artistes, fictions collectives, ateliers d’écoute… Pour son cinquième séminaire annuel, fin août à Cherbourg, la Plateforme d’observation des programmes et stratégies urbaines a réuni praticiens, élus et chercheurs pour tenter d’imaginer le monde d’après.
A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.
Comment «embarquer» la société tout entière dans la transition écologique ? Et quel meilleur lieu pour réfléchir à cette question clé – et qui a pris une acuité encore plus grande depuis les dernières élections, marquées par la progression de partis sinon climatosceptiques, du moins rétifs à l’écologie politique – qu’une salle d’embarquement ? La Plateforme d’observation des programmes et stratégies urbaines (Popsu) avait choisi de tenir son cinquième séminaire annuel à Cherbourg, dans l’ancienne gare maritime transatlantique – grandiose nef art déco inaugurée en 1933. Et pas n’importe où au sein de cette halle de 280 mètres de long : dans la grande salle boisée où embarquèrent des milliers de migrants pour le Nouveau Monde dont quelques-uns (les moins chanceux) à bord du Titanic.
Thème de cette université estivale réunissant, comme chaque fin d’été, praticiens, élus et chercheurs autour des questions d’aménagement du territoire : «Sciences-fictions : récits et légendes des transitions». Le choix du thème peut surprendre : le réchauffement climatique et les dérèglements qu’il entraîne ne relèvent pas de la science-fiction : ils sont documentés depuis des années, notamment par les différents rapports du Giec. Et la nécessité d’adapter les villes et les comportements n’est aujourd’hui plus discutée. Pourtant, si «l’état présent est l’affaire d’un diagnostic déjà robuste, sur le «monde d’après», rien n’est dit», relevait la sociologue Marie-Christine Jaillet lors du forum de Popsu Transitions à Nantes, en mars.
A quoi ressemblera – ou devrait ressembler – le monde d’après ? «Ce n’est pas à la recherche de dire ce qu’il sera, tant il relève de choix politiques et idéologiques», poursuivait la responsable scientifique du programme, mais il est nécessaire de proposer «un récit pour donner sens», et qui soit mobilisateur. «C’est grâce aux fictions collectives que l’humanité s’est établie, pour penser l’avenir en apprenant à parler des choses qui n’existent pas», a souligné de son côté Jean-Marc Offner, le président du Conseil stratégique de Popsu, en introduisant les trois journées de débat. Se plaçant sous le double patronage d’Italo Calvino (les Villes invisibles) et Cornelius Castoriadis (l’Institution imaginaire de la société), il a appelé à inventer des «récits pour agir», à élaborer des «représentations heuristiques, des imaginaires opératoires, des utopies aptes à élargir le champ des possibles».
Imaginaire encore puissant
Certains récits ont vécu, comme la foi dans une croissance et un progrès illimités qui a soutenu le processus de métropolisation, à qui l’on oppose aujourd’hui la «démétropolisation». D’autres continuent à faire autorité malgré leurs limites : il en va ainsi de la «fracture territoriale» et du discours qui l’accompagne, celui de l’abandon des classes populaires des périphéries, victimes de la désertion des services publics. Marc Dumont, responsable de la plateforme Popsu à Lille, conduit une enquête sur les jeunes dans la métropole du nord de la France. Premier constat : «l’injustice spatiale» qu’éprouvent certains n’est pas liée à une offre insuffisante d’équipements ou de transports, mais à quelque chose de plus impalpable : le manque de reconnaissance, le sentiment d’invisibilisation. «La justice n’est pas seulement liée au manque, c’est aussi un sujet de reconnaissance», a expliqué le chercheur qui animait l’atelier «Dis-moi où tu habites et je te dirais qui tu es» consacré à la dimension spatiale des inégalités sociales. En termes de politique publique, cela signifie «mieux accompagner, mieux écouter, mieux relier»… plutôt que de construire un city stade pour les jeunes face à la gendarmerie comme à Saint-Eloy-les-Mines, dans le Puy-de-Dôme. Dans ce village dont la chercheuse Hélène Mainet a fait son terrain d’étude, «il n’y a rien pour nous», disent les jeunes. A part le bal de Saint-Gervais, qui réunit tout de même 700 personnes sur le dancefloor plusieurs fois l’an.
Maire de Vorey-sur-Arzon – où la Caravane des ruralités lancée par le lancée par le GIP EPAU en 2023 a fait étape –, Cécile Gallien partage ce constat : bien que sa commune de Haute-Loire ait la chance d’être bien desservie par le train (13 arrêts par jour), «on continue à prendre la voiture, car la voiture, c’est la liberté». Face à cet imaginaire encore puissant, les injonctions à passer à l’électrique ou à moins polluer peuvent être mal vécues : «C’est comme si on disait aux habitants du périurbain «range ta chambre !»» résume Jean-Marc Offner. Or les habitants des pavillons qui, tels Zadig, cultivent leur jardin, n’ont pas de leçons à recevoir.
«On ne peut pas dire qu’il ne se fait rien»
Sur un plan politique, la disqualification de ce mode de vie nourrit le vote en faveur du Rassemblement national, trop heureux de pouvoir s’ériger en défenseur des habitants d’un «périurbain» largement réifié. «Il ne sert à rien de disqualifier ce discours. Il vaut mieux tenter de proposer un discours alternatif», juge Marie-Christine Jaillet. Le socialiste Rémi Branco s’y est attelé. Fin août, il a lancé l’Appel des territoires, déjà signé par une centaine d’élus ruraux soucieux de parler de nouveau «au peuple de la bagnole, aux prisonniers de la cuve de fioul, aux patients abandonnés, au monde agricole en déprise» comme à ceux «pour qui l’entraide et le respect du vivant ne sont pas un effort mais une évidence du quotidien».
Ainsi, de nouveaux récits sont à bâtir pour mieux refléter le vécu et les pratiques des habitants des «périurbains» – et faire un sort, enfin, au mythe de la fracture territoriale. A condition, a mis en garde l’autrice de science-fiction Ketty Steward lors d’une table ronde animée par Libération, à ce que le récit ne se substitue pas à l’action. «Le récit peut venir après, pour satisfaire un besoin de sens», suggère l’écrivaine.
Une idée qui a fait son chemin sur le campus : pourquoi, au lieu de se projeter dans un futur angoissant (le scénario catastrophe, parlant dans cette ville proche de la centrale de Flamanville), ne pas tout simplement commencer par raconter ce qui se fait ? De toute façon, ainsi que Martine Drozdz l’a rappelé dans sa conférence finale intitulée «La nuit où le futur a attaqué», la catastrophe a déjà eu lieu – voir Fukushima.
«On n’est peut-être pas à la hauteur des enjeux, mais il se fait des choses, on ne peut pas dire qu’il ne se fait rien», a conclu Marie-Christine Jaillet. A bas bruit, dans l’ordinaire du quotidien, s’inventent des pratiques de sobriété et des modes de vie qu’il serait bon de documenter, de représenter. La chercheuse appelle la communauté Popsu à «réfléchir à de nouvelles médiations pour raconter ce qui se fait». Cela pourrait passer par «la mobilisation d’artistes pour mettre en récit nos travaux, y compris pour donner une autre intelligibilité de ce qui se passe, contre les catégories médiatiques» – et les récits dominants.
Un autre monde est possible ? Non, sauf à suivre l’exemple des Barbapapa, et abandonner notre Terre polluée pour vivre sur une autre planète. Il n’y a pas de planète de rechange mais des possibles à foison.
Des géants pétroliers européens dissimulent leurs émissions de CO2
Yann Philippin, Alexandre Brutelle et Léopold Salzenstein (EIF)
www.mediapart.fr/journal/ecologie/270924/des-geants-petroliers-europeens-dissimulent-leurs-emissions-de-co2
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Le pétrole, lorsqu’il remonte à la surface, est accompagné d’un gaz que les compagnies pétrolières brûlent en toute opacité, alors qu’elles pourraient le transformer. Les conséquences sanitaires et environnementales de cette pratique dite du torchage sont catastrophiques.
Ils brûlent le ciel, l’environnement et la santé humaine. Les géants pétroliers d’Europe occidentale, TotalEnergies, Perenco, BP, Eni et Shell font partie des dix plus gros pollueurs en Afrique et au Moyen-Orient en ce qui concerne la pratique dite du torchage de gaz. C’est ce que révèle l’enquête « Burning Skies », menée par Mediapart et treize médias internationaux, coordonnés par le collectif de journalistes Environmental Investigative Forum (EIF) et le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC).
Le torchage consiste à brûler l’excès de gaz naturel qui s’échappe notamment des champs de pétrole et de gaz. Cette pratique a de graves conséquences sur l’environnement et les populations locales. C’est aussi l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur, avec un impact sévère sur le changement climatique.
Le torchage a émis en 2023 l’équivalent de 381 millions de tonnes de CO2 en 2023, selon la Banque mondiale. Cela représente 1 % des émissions mondiales, plus que celles de la France (315 millions).
Mais les flammes toxiques des majors pétrolières restaient jusqu’à présent dans l’ombre, à cause de l’opacité entretenue par les entreprises. Certaines d’entre elles déclarent volontairement leurs émissions liées au torchage, mais uniquement au niveau mondial, sans aucun détail supplémentaire.
Pour la première fois, la série d’enquêtes « Burning Skies » déchire le rideau de fumée mis en place par les géants du pétrole, et dévoile leurs responsabilités individuelles.
Grâce à des données satellitaires fournies par le Groupe d’observation de la Terre du Payne Institute for Public Policy et l’ONG environnementale SkyTruth, nous sommes parvenus, dans dix-huit pays d’Afrique et du Moyen-Orient, à estimer les émissions de gaz à effet de serre des flammes émises par 665 infrastructures pétrolières et gazières, de 2012 à 2022. Et à attribuer ces émissions aux entreprises qui les opèrent, pour chaque champ d’hydrocarbures, pipeline ou raffinerie.
Les compagnies pétrolières ont, d’après nos estimations, émis l’équivalent d’environ 1,4 milliard de tonnes de CO2 dans ces dix-huit pays en seulement onze ans. Les industriels européens sont ceux qui polluent le plus, avec 33 % des émissions, suivis par les pétroliers du Moyen-Orient (31 %) et d’Amérique du Nord (14 %).
Il y a cinq majors européennes dans le top dix : le britannique BP se classe deuxième avec l’équivalent de 133 millions de tonnes de CO2 émis entre 2012 et 2022, suivi par l’italien Eni (3e, 121 millions), le français TotalEnergies (5e, 63 millions), le franco-britannique Perenco (6e, 50 millions) et le néerlando-britannique Shell (7e, 47 millions).
Le géant pétrolier américain ExxonMobil se classe quatrième, avec environ 90 millions de tonnes de CO2. Le plus gros pollueur est, de loin, la compagnie publique algérienne Sonatrach, avec l’équivalent de 235 millions de tonnes de CO2 en une décennie, presque quatre fois plus que TotalEnergies. Contacté, Sonatrach n’a pas répondu.
Les producteurs d’hydrocarbures ont également tendance à sous-estimer leur responsabilité. L’un des exemples les plus frappants est le champ de Rumaila, dans le sud de l’Irak, le plus polluant de notre enquête avec plus de 105 millions de tonnes de CO2 émis de 2012 à 2022. BP ne compte pas ces émissions dans son bilan, alors qu’il possède 47,63 % de Rumaila et qu’il est répertorié comme opérateur dans le registre pétrolier irakien.
Nous avons également observé des divergences entre les résultats de notre enquête et les déclarations de certaines majors européennes, ce qui suggère qu’elles sous-déclarent leurs émissions.
En ce qui concerne BP, les émissions que nous avons calculées pour seulement dix-huit pays d’Afrique et du Moyen-Orient sont deux fois supérieures à celles déclarées par l’entreprise au niveau mondial. Pour l’italienne Eni, c’est 2,8 fois plus, et 1,25 fois plus pour le géant américain ExxonMobil. Les chiffres publiés par TotalEnergies posent eux aussi question.
Contacté par l’EIC, BP n’a pas répondu sur ce point précis. Eni met en cause la fiabilité de nos données satellitaires et affirme que nous aurions commis des erreurs de périmètre, mais sans préciser lesquelles. ExxonMobil n’a pas répondu.
Énorme gaspillage
Lorsque l’on extrait du pétrole, celui-ci est souvent accompagné de gaz à la surface. C’est cet excès de gaz naturel, principalement composé de méthane, qu’il faut évacuer. Dans certains cas, c’est indispensable pour éviter des explosions.
La première solution est de rejeter le gaz dans l’air (une technique appelée « venting »). Une pratique catastrophique, car le méthane a un pouvoir réchauffant 84 fois supérieur à celui du CO2 sur vingt ans.
Le torchage, ou « flaring », qui consiste à brûler le méthane, est meilleur pour le climat, car la majeure partie du gaz est convertie en CO2. Mais les flammes génèrent malgré tout d’énormes niveaux d’émissions, et rejettent un cocktail toxique de composés chimiques et de particules fines, dont les effets nocifs sont scientifiquement documentés.
Ces composés polluent l’air, les sols et l’eau, donc l’environnement. Ils mettent également en danger la santé de millions de personnes, provoquant des maladies respiratoires et cutanées, des cancers et des naissances prématurées (lire l’encadré).
Le torchage rend malade et tue
C’est une réalité que les géants du pétrole ne veulent pas voir : le torchage provoque une hausse des maladies chez les riverains de leurs puits de pétrole. Les fumées du gaz brûlé contiennent en effet des particules fines, comme la suie, et des composés chimiques cancérogènes, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et le benzène.
Les médecins des régions concernées observent depuis longtemps un nombre de cas anormalement élevé de maladies respiratoires et de peau, mais aussi de pathologies plus graves.
« Une fois dans les poumons, les substances se fixent aux globules rouges du sang et pénètrent dans les cellules du corps et peuvent les endommager, ce qui entraîne des cancers, des maladies cardiaques et des défaillances d’organes », explique Bieye Briggs, médecin hospitalier à Port Harcourt, au Nigeria.
Plusieurs études récentes en ont apporté la preuve. Une vaste étude épidémiologique de 2022 menée par la Banque mondiale a établi une corrélation entre les volumes de gaz brûlé et l’incidence de maladies respiratoires chez les enfants. Une autre étude, menée aux États-Unis et publiée en 2022 dans le Journal of Public Economics, conclut même à un « lien causal », et précise que les risques pour la santé sont mesurables jusqu’à 90 kilomètres des torchères.
En Irak, où les volumes de torchage sont énormes, un rapport du ministère de la santé, révélé par la BBC, conclut que les cas de cancer ont augmenté de 20 % entre 2015 et 2018 dans la région pétrolière de Bassorah à cause de la pollution de l’air. La situation y est si grave que David Boyd, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme et l’environnement, a qualifié les environs des torchères de « zones de sacrifice modernes, où le profit et les intérêts privés passent avant la santé humaine ».
Nos partenaires Daraj, NRC, SourceMaterial, Oxpeckers et Mongabay ont visité sept pays pour rendre compte de l’impact terrible du torchage sur les populations locales, exposées aux flammes toxiques de TotalEnergies, BP, Eni ou Shell.
TotalEnergies s’est refusé à tout commentaire sur le sujet. Dans sa réponse à l’EIC, Shell met en cause… les populations locales, qui se seraient installées illégalement sur ses concessions. « Un grand nombre de nos sites pétroliers et gaziers n’étaient pas situés dans des zones densément peuplées à l’origine. Nous continuons à travailler avec les gouvernements et les autres parties prenantes pour décourager les communautés de s’installer de façon illicite dans les zones d’opération. »
Malgré les promesses des gouvernements et des compagnies pétrolières, la lutte contre le torchage est un échec. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, publié en juin, les émissions ont augmenté de 7 % en 2023, et il n’y a pas eu de diminution depuis 2010. Il faut agir « d’urgence », et « cela place le fardeau de la responsabilité sur les opérateurs », insiste le rapport.
C’est d’autant plus problématique que le torchage est un énorme gaspillage. Le gaz est brûlé pour rien, alors que des technologies matures permettent de le réinjecter dans le sol ou de le récupérer pour produire de l’électricité. Les pays d’Afrique et du Moyen-Orient, étudiés dans notre enquête, souffrent justement de pénuries de courant. Les volumes torchés chaque année suffiraient à alimenter en électricité l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.
Les majors auraient largement les moyens de régler le problème. Selon la Banque mondiale et l’Environmental Impact Assessment (EIA), il suffirait d’investir 200 milliards de dollars pour réduire les émissions de méthane brut et mettre fin au torchage qui n’est pas strictement indispensable à la sécurité. Cela représente seulement 5 % du résultat d’exploitation cumulé des entreprises du secteur (4 000 milliards de dollars en 2022).
Les grandes compagnies pétrolières ont rénové certaines installations, mais elles rechignent toujours à investir à grande échelle. Parce que le torchage coûte moins cher, et que la récupération du gaz peut réduire la production de pétrole.
Un règlement européen laxiste
En effet, « le flux qui atteint la torche est variable, donc difficile à gérer. Il faut un flux constant pour produire de l’électricité », explique José Antonio García Fernández, professeur de génie chimique à l’École d’ingénierie de Bilbao. « Or, lorsque nous avons enquêté sur le torchage en Irak avec la BBC, un ingénieur nous a dit qu’en raison de ces problèmes de pression, il faut réduire la production de pétrole pour récupérer un maximum de gaz, mais les compagnies pétrolières ont choisi de préserver la production », raconte Aidan Farrow, scientifique au centre de recherche international de l’ONG Greenpeace.
Selon Farrow, l’échec dans la lutte contre le torchage vient principalement de « l’absence de législations ambitieuses et réellement appliquées ». Ce que confirme notre enquête « Burning Skies ».
Au cours de la dernière décennie, les compagnies pétrolières ont émis environ de 451 millions de tonnes de CO2 dans neuf pays africains où cette pratique est soit interdite par la loi, soit autorisée seulement à titre exceptionnel : République du Congo, Angola, Cameroun, Gabon, Nigeria, Ghana, Guinée équatoriale, Mozambique et Algérie. Plus de la moitié de ces volumes (263 millions de tonnes) ont été émis par des majors pétrolières occidentales comme TotalEnergies et BP, selon nos estimations.
Ces pays en développement restent laxistes envers les compagnies pétrolières, en contradiction avec l’esprit de leurs propres lois. La situation n’est pas meilleure dans les pays où le torchage n’est pas ou mal réglementé, comme l’Irak et les Émirats arabes unis.
L’Union européenne, premier importateur d’hydrocarbures au monde, a longtemps fermé les yeux sur ce phénomène. Un nouveau règlement européen est finalement entré en vigueur le 4 août 2024, mais il est considéré comme décevant par les militants écologistes.
Le règlement interdit à la fois le « venting » et le torchage sur le territoire de l’UE, sauf exceptionnellement pour des raisons de sécurité. Mais le texte est beaucoup plus laxiste sur les importations. Il va être interdit de vendre en Europe du pétrole et du gaz dont l’intensité en méthane est trop élevée, mais seulement à partir d’août 2030, et selon des critères encore inconnus, à définir d’ici à 2029. En clair, il n’y a aucune garantie que l’UE imposera que les hydrocarbures importés doivent être aussi propres que ceux produits sur son territoire.
Aujourd’hui, la lutte contre le torchage repose en grande partie sur les initiatives lancées par la Banque mondiale sur la base du volontariat, et dont l’efficacité est très discutable.
Le Partenariat mondial pour la réduction du torchage et du méthane (GFMR), lancé en 2023 lors de la COP28, rassemble des gouvernements, des organisations internationales et des compagnies pétrolières, qui se sont engagés à fournir 255 millions de dollars de financement. Mais ce n’est qu’une infime fraction des 100 milliards de dollars nécessaires, selon la Banque mondiale elle-même, pour mettre fin au « torchage de routine », c’est-à-dire le fait de brûler du gaz en continu, et pas seulement pour des raisons de sécurité.
Le programme phare de la Banque mondiale, baptisé Zero Routine Flaring by 2030 Initiative (ZRF), lancé en 2015, rassemble, lui aussi, des gouvernements et des compagnies pétrolières (dont la plupart des majors épinglées par notre enquête), qui se sont engagés à mettre fin au torchage de routine d’ici à 2030.
Mais dans leurs déclarations, les sept compagnies européennes membres de la ZRF (TotalEnergies, BP, Eni, Equinor, Repsol, Shell, et Wintershall) considèrent, en moyenne, que seulement 32 % de leur torchage était « routinier » en 2022. C’est d’autant plus surprenant que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et la Banque mondiale considèrent que ce taux est deux fois plus élevé au niveau mondial (respectivement 66 % et 70 %).
Les différences entre les déclarations des compagnies sont si énormes que cela jette un très sérieux doute sur l’exactitude de leur méthodologie. Le britannique BP estime son torchage de routine à 1,7 %, tandis que l’italien ENI et l’espagnol Repsol déclarent un taux supérieur à 50 %.
L’absence de méthodologie commune est tout à l’avantage des majors. « Nous avons besoin de réaliser des mesures et une surveillance directe, et nous avons tous les outils pour le faire aujourd’hui, commente Daniel Zavala-Araiza, chercheur à l’ONG Environmental Defense Fund et à l’université d’Utrecht. Et au-delà de ce problème de définition du torchage de routine, c’est le torchage dans son ensemble qui doit être considérablement réduit. »
Deux études scientifiques récentes montrent par ailleurs que les émissions du torchage seraient très supérieures aux chiffres officiels. La méthodologie de la Banque mondiale (que nous avons également utilisée) considère que 98 % du méthane est brûlé par les torchères. Les compagnies ont tout intérêt dans leur communication à ce que ce chiffre soit le plus élevé possible : comme le méthane a un effet réchauffant beaucoup plus élevé que le CO2, si la torchère brûle moins de gaz, les émissions augmentent. Seulement, une étude publiée en 2022 dans Science, menée dans trois régions productrices de pétrole des États-Unis, a conclu que les torchères brûlent seulement 91 % du gaz. Elles émettent donc beaucoup plus de méthane brut, ce qui induit que les émissions totales de gaz à effet de serre sont 30 % plus élevées qu’avec le taux officiel. « Dans d’autres pays à travers le monde, les torchères sont encore moins efficaces, brûlant moins de 91 % du gaz, prévient Daniel Zavala-Araiza, chercheur à l’European Defense Fund. De plus, il arrive que les torchères soient éteintes et rejettent du méthane pur, sans que les entreprises signalent ces incidents. »
« Il est important de réduire le torchage et que les fuites de méthane soient réduites, mais je doute que le problème puisse être résolu avec des investissements et de la technologie, indique Aidan Farrow, scientifique à Greenpeace. Le problème du torchage montre que nous devons réduire de façon très importante la consommation de combustibles fossiles. »
Bero latzaren aurrean hiriak birnaturalizatzeko beharra
Garazi Zabaleta
www.argia.eus/albistea/bero-latzaren-aurrean-hiriak-birnaturalizatzeko-beharra
Article
Euskal Herriaren zatirik handiena klima zonalde epelean kokatuta egon arren, Arabako eta Nafarroako hegoaldean ez ezik, edonora hedatzen dira udako bero bolada latzak. Eta, dirudienez, klima aldaketarekin okerrera eginen du egoerak –edo egiten ari da, honezkero?–. Hirietan, gainera, zailagoa izaten da bero egun horiei aurre egiteko gune freskoak topatzea. Hain zuzen, gai horri lotuta dago Iñigo Azkarate arkitektoaren doktoretza tesia: estres termikoari aurre egiteko, hirietan zuhaitzek dakartzaten onurak aztertu ditu, arreta bereziki Bilbon jarrita.
Beroa gurea ere bada. Abuztuaren 11n Euskal Herrian izan ditugun tenperatura historikoak dira horren lekuko: Bizkaian, Gueñes herrian 44,2ºC markatzera iritsi zen termometroa; Araban, Laudion, 42,8ºC neurtu zituzten; Bilbon ere 40ºC-tik gora egin zituen; eta, Donostian, berriz, 39ºC. Iruñean 40,6ºC pasatxo neurtu zituzten, 2012ko udako errekorra berdinduta. Eta Ipar Euskal Herrian ere antzeko datuak jaso zituzten, Kanbon, esaterako, 40,1ºC egin zituen.
“Klima aldetik, gure hiriak ez dira egoera latzena dutenak, baina hemen ere izaten ditugu bero-bolada handiak, eta, zentzu horretan, Bilbo da urbanizatutako azalera handiena duena, eta horrek bero-irla efektua sortzeko aukerak handitzen ditu”, adierazi du Iñigo Azkaratek. Hiriguneetan eta asko urbanizatutako tokietan gertatzen den tenperaturaren igoera fokalizatuari esaten zaio bero-irla efektua, hurbileko landa-inguruarekin kontrastean. Arkitektoak nabarmendu duenez, dena den, berez, barrualdeko hiriek dute bero-boladak jasateko aukera handiagoa, Iruñeak eta Gasteizek, kasu.
Estres termikoa
Pertsonentzat erosoa den egoeratik aldentzen den pertzepzio termikoari esaten zaio “estres termiko”, eta hotzarekin ere erlazionatuta egon daitekeen arren, gurean, beroari lotuta doa gehienetan. Azkaratek azaldu duenez, PET indizea (ingelesezko Physiological Equivalent Temperature) da estres termikoa neurtzeko gehien darabiltena: “Batezbesteko tenperatura erradiatzailea da indize horretan eragin handiena duena, alegia, eguzkiaren erradiazioa, baina airearen tenperatura, hezetasun maila eta abiadura ere kontuan izaten dira”.
Erradiazioa bi motakoa izan daiteke: uhin laburrekoa, alegia, eguzkitik zuzenean datorrena edo hainbat materialetan islatzen dena; eta uhin luzekoa, materialek errebotatu ez, baina xurgatu egiten dutena, gerora, energia hori pixkanaka emititzeko. Itzala sortzea da estres termikoari aurre egiteko modu eraginkorrena, baina itzala zerk eta nola sortzen duen kontuan izan behar da. Itzala sortzea da estres termikoari aurre egiteko modu eraginkorrena, baina itzala zerk eta nola sortzen duen ere kontuan izan behar dela nabarmendu du arkitektoak: “Hirietan eta herrietan itzala ematen duten elementu nagusiak eraikinak dira. Berez, ona izan daiteke itzal hori, baina, paraleloki, galerak ere sor ditzake. Zergatik? Eraikin horiek egiteko erabili diren materialen arabera, itzala eman bitartean beroa pilatu ere egin dezakete, eta gero, pilatutako bero hori emititu”. Eraikina zenbat eta altuagoa izan, itzal handiagoa emanen du, baina, aldi berean, pilatutako beroa ahitzeko ere denbora gehiago beharko du. “Beraz, denak du bere alde ona eta txarra, kontuan izan beharrekoa”, gehitu du ikerlariak.
25ºC-ko aldea
Egiazko faktore metereologikoak erabilita, estimazioak eta neurketak egin dituzte Azkaratek eta bere taldeak, batezbesteko tenperatura erradiatzailea aztertzeko. Tenperatura hori 45-50ºC ingurukoa denean, bero egoeratzat hartzen da. Bilbon, udan, eguerdiko orduetan, 60ºC-tik gorako tenperaturak jaso dituzte, eta neurketa bidez egiaztatu dute zuhaitz baten itzalean 20ºC edo 25ºC gutxiago daudela. “Desberdintasun ikaragarria da, 60ºC-tik 35ºC-ra jaistea zuhaitz baten itzaletan”, dio.
Arbolak, itzalaren izarrak
Zuhaitzen itzalen onurak aztertzean, horien zenbait faktore izan dituzte kontuan: “Zuhaitzen itzala bere bolumenak eta hostoketa ezaugarriek baldintzatuta dago beti. Zenbat eta hostoketa sarriagoa izan, baxuagoa da transmisibilitatea”. Eguzki erradiazioa eteteaz gain, bestelako abantailak ere badituzte zuhaitzek, besteak beste, bapore transpirazioaren bitartez giroa freskatzeko duten gaitasuna. Hala ere, zuhaitzek ere badute txanponaren beste aldea, gehiegi baldin badaude, kaleek eta eraikinek xurgatu eta pilatu duten beroa ahitzeko oztopo izan daitezkeelako. “Horregatik da garrantzitsua zuhaitzak estrategikoki eta plangintza bidez kokatzea”, esan du arkitektoak.
Kaleetan hostoa galtzen duten bertako zuhaitzak jarrita, udan itzala eta neguan eguzkia sartzea bermatzen da
Bertako zuhaitz espezieak aztertu dituzte ikerketan, gure ingurune fisiko eta klimatikora egokituak daudelako. “Lehen pausoa zuhaitz hostozabalak aukeratzea izan da, eta horien barruan, neguan hostoa galtzen dutenak”. Zergatik?
Bada, kantauri isurialdeko kliman, udan beroa eteteko itzala behar den bezala, neguan eguzkiaren erradiazoa ere beharrezkoa delako, hotza leuntzeko. Emaitza onak ematen dituzten bertako espezieen artean daude hainbat astigar mota, ezkiak eta platanusak, besteak beste. “Kalean jar daitezkeen espezie egokiak dira horiek, ez da kasualitatea horiek izatea nagusi gure hirietan”.
Azkaratek azaldu duenez, zailagoa da estuak diren kaleei zerbitzu ematea, tamaina handiagoko espezieak sartzeko oztopoengatik. “Baina berdeguneetan eta espazio zabalagoetan haritzak, pagoak, arteak, lizarrak eta horrelakoek ere oso emaitza onak ematen dituzte”, gehitu du. Bertako espezieetatik hasi dira, baina klima aldatzen eta berotzen badoa, ez dute baztertzen bertakoak ez baina portaera ona duten beste espezie batzuk ere ekartzeko aukera: “Zaindu beharko litzateke espezie horiek eragin negatiborik ez izatea inguruan, inbaditzaileak ez izatea, hemen bizitzeko eta ugaltzeko aukera izatea… ezin dugu etengabe kanpotik ekarri behar den espezie bat bertakotu”.
Berlinek 2.500 parke publiko baino gehiago ditu. Hiriaren azaleraren herena gune berdeek hartzen dute; guztira 300 kilometro koadro inguru. Parkerik handiena, Tiegarten, 210 hektareako gune berdea da, eta basoetan bizi diren zenbait animalia espezie aurki daitezke bertan, oreinak eta basurdeak kasu. Jörg Kantel-en argazkian ikusten den Tempelhofer Feld parkea da beste gune berde berezi bat: izen bereko aireportua 2008an itxi zuten eta 386 hektareako gune irekia berreskuratu zuen hiriak. Motordun ibilgailurik gabeko parke publiko horretan hainbat gune berde daude eta beste jarduera askorekin batera, hiri baratzeak lantzen dituzte.
Hormigoia eta asfaltoa saihestea, hobe
Hiri asko hasiak dira aterpe klimatikoen mapak diseinatzen eta planteatzen, baita Euskal Herrian ere. Bilbo da adibide bat. 2022ko udan 130 babesleku klimatiko aurkeztu zituen udalak, eta beste hiri eta herri askotan ere antzeko proposamenak egin dituzte. Barruko babesleku klimatikoak –liburutegi, kirol ekipamendu, museo, garraiobideen geltoki…– eta kanpokoak –berdeguneak, itzalguneak, ura duten espazioak…–daude tartean. Aterpe klimatikoen mapetan aurrerapenak egon arren, Baso Biziak plataformako Edu Zabala kideak aurtengo udan salatu du barruko aterpe klimatiko asko itxita egon direla udako egunik beroenetan, eta bertako langileek ez dutela gaiarekiko inongo formakuntzarik jaso. Planak paper hutsean ez gelditzeko, baliabide pertsonal eta ekonomikoak jartzea ezinbestekoa dela gogorarazi du.
Aterpe klimatikoez eta zuhaitzekin itzala sortzeaz gain, hiriek epe motz edo ertainera begira har dezaketen beste neurri bat kaleen eta bertako altzarien materialari buruzkoa da. “Material zehatz batek erradiazioa isolatzeko duen gaitasuna da albedoa. Zenbat eta albedo baxuagoa, material hori gehiago berotuko da”, azaldu du arkitektoak. Albedoarekin batera, materialen emisibilitatea ere kontuan hartzekoa da, alegia, materialak xurgatutako energia emititzeko duen gaitasuna. “Albedo txikiko eta emisibilitate handiko materialak saihestu behar dira, material hotzagoak erabilita”.
Adibide zehatzetara etorrita, gure hirietan asko ikusten diren eta beroarekin oso gaizki funtzionatzen duten bi material aipatu ditu Azkaratek: asfaltoa eta hormigoia. “Beste material ‘zeramikoago’ batzuk askoz aproposagoak dira, edo ura filtratzen uzten duten materialak… hor ere badago bide bat oraindik gutxi garatu dena, baina gauzak hobetzeko aukera ematen duena”. Asfaltoa eta hormigoia baino material egokiagoak dira harria, zeramika edo egurra, besteak beste, eta horien koloreak ere badu eraginik: zenbat eta azalera argiagoa, bero gutxiago xurgatuko dute.
Hirien birnaturalizazioa, etorkizunerako gako
Estres termikoari aurre egiteko hiri eredu perfektua zein litzatekeen galdetuta, Azkaratek azpimarratu du eraikuntza, urbanizazio eta eremu naturalen arteko oreka zaindu behar dela: “Hiriak, kaleak eta espazio publikoak pertsonentzat izan behar dute, ezinbestekoa da haien beharrak jartzea erdigunean. Azalera larregi izan ditugu beste elementu batzuei bideratuta, eta justu estres termikoari begira oso gaizki funtzionatzen dutenak”. Etxegintzaren booma ekarri du gogora, hiri eta herriak urbanizazioekin eta zementuarekin “kolonizatu” zirenekoa, eremu naturalen kalterako.
Kontrako norabidean joan beharko lirateke hirigintza eta arkitektura, Azkarateren ustez, etorkizun hobea bermatze aldera: “Hirien birnaturalizaziora jo behar genuke, zuhaitzen onurak ez baitira estres termikoari soilik begirakoak. Psikologikoki, klimari begira, eta kutsadura akustikoari begira ere onurak dakartzate”. Baina berdeguneak sortzearen abantaila horiek beste irizpide batzuekin talka egin dezaketela ere nabarmendu du: “Garraio sistema publikoa garatzeko, ordea, egokiagoak dira hiri dentsoak”. Hainbat alorren arteko oreka bilatzea izanen da erronka. “Berdeguneak sortzea eta horien artean pertsonek egunero egiten dituzten ibilbideetan termikoki babestutako guneak bultzatzea da helburua. Babes klimatikoak sortzea, itzal planak abian jartzea…”, aipatu ditu, besteak beste, epe luzera begirako neurrien artean.
Bide horretan, oso lagungarria litzateke, arkitektoaren ustez, Europatik araudiak ezartzea. “Momentuz, irizpideak soilik ezarri dira Europar Batasunetik, ez dago estres termikoari lotutako ezer araututa. Garai batean ez zegoen zaratarekin lotutako ezer arautua, baina orain, hirigintza planetan beti dago azterketa akustikoa, horretara ohitu egin gara. Faktore berriak ezartzea posible da, eta onuragarria litzateke”, aldarrikatu du.