Canicules mortelles en Inde et au Pakistan : ce n’est que le début
Bon Pote
https://bonpote.com/canicules-mortelles-en-inde-et-au-pakistan-ce-nest-que-le-debut
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Depuis plus d’un mois maintenant, l’Inde et le Pakistan subissent des vagues de chaleur à répétition. L’Inde a enregistré la pire canicule au mois de mars depuis 122 ans, le Pakistan a atteint 51°C le 14 mai, soit la température la plus élevée enregistrée pour l’année 2022.
Alors que plus d’un milliard de personnes sont concernées, cela n’a pas l’air de choquer grand monde en Occident, où la majorité des médias continuent d’adopter une posture Don’t Look up. Comme si le changement climatique ne concernait que ces pays lointains et qu’il n’avait aucune conséquence en France. Pis, lorsque ces canicules sont évoquées, c’est bien souvent avec des images de personnes s’amusant à la mer ou d’enfants courant dans des fontaines, tout sourire. Malheureusement, la réalité est tout autre et les conséquences sont d’ores et déjà catastrophiques.
Canicules en Inde et au Pakistan : que se passe-t-il ?
Qu’il fasse chaud en Inde n’a rien d’extraordinaire. Qu’il fasse très chaud et sur plusieurs semaines est une tout autre histoire. Les très fortes chaleurs ont commencé dès le 11 mars dans la partie nord de l’Inde, en raison de conditions anticycloniques sur les parties occidentales du Rajasthan et en raison de l’absence de pluie. Ce fut non seulement le mois de mars le plus chaud depuis 122 ans (selon l’IMD, le département météorologique indien), mais il fait très chaud depuis maintenant plus d’un mois, quasiment sans aucun répit.
La vague de chaleur s’est prolongée en avril et a même été plus intense en ce début de mois de mai, avec des écarts de 4.5 à 8.5°C au-dessus de la normale. Rappelons que la définition d’une canicule change selon les pays, et les régions. L’IMD considère qu’une zone connaît une vague de chaleur si les températures maximales dépassent 40°C dans les régions de plaine, ou au moins 30°C dans les régions de montagne, pendant au moins deux jours consécutifs.
Est-ce significatif ? Sans aucun doute possible. Si cela avait été en Antarctique, 5 ou 7°C de plus est plutôt banal. Mais en Inde, de telles valeurs représentent le premier centile de la distribution. Ces vagues de chaleur sont donc exceptionnelles pour deux raisons : leur intensité, mais aussi et surtout leur durée.
Une situation similaire au Pakistan
Les épisodes caniculaires sont tout aussi extraordinaires au Pakistan. Le mois d’avril a été extrêmement chaud et sec, le plus chaud depuis 61 ans. D’après le Pakistan Meteorological Department, la température moyenne nationale a été de 28,36°C, soit 4,05°C de plus que la norme 1961-1990 (plus de 3°C de plus que la norme 1991-2020). C’est le mois d’avril le plus chaud jamais enregistré, avec une marge énorme : presque 1°C de plus qu’en avril 2010, le deuxième plus chaud.
Les 12, 13 et 14 mai, la température a atteint 50 degrés à Jacobabad et des températures très proches à plusieurs endroits dans le pays. Lorsque l’on sait que dans le nord-ouest de l’Inde comme au Pakistan, la phase humide de la mousson n’arrive généralement pas avant fin juin ou mi-juillet, on ne peut qu’espérer que la température baisse dans les prochains jours…
On ne peut être plus clair que Christophe Cassou, auteur principal du dernier rapport du GIEC, lorsqu’il déclare que « nous vivons un avant-goût de notre futur climatique. Pour que l’exceptionnel ne devienne pas la norme, il faut réduire nos émissions de gaz a effet de serre de manière immédiate, soutenue dans le temps et dans tous les secteurs… Pas dans 3 ans, maintenant !«
En plus de la baisse des émissions, l’adaptation jouera un rôle absolument central lors des prochaines années et décennies à venir. Il est trop tard pour penser que l’atténuation des émissions puisse suffire. Mais cela ne doit pas faire oublier le très fort sentiment d’injustice climatique de ce qui arrive actuellement en Inde et au Pakistan. C’est ce que rappelle Chandni Singh , autrice principale du dernier rapport du GIEC : « les émetteurs historiques de gaz à effet de serre doivent redoubler d’efforts car, dans des pays comme l’Inde et le Pakistan, nous atteignons réellement les limites de l’adaptation à la chaleur« . Rappelons que l’Inde représente à peine 3% des émissions historiques, et le Pakistan moins d’1%. Ces pays payent et paieront entre autres les excès des pays du Nord, ainsi que les décisions égoïstes et socialement injustes de leurs dirigeants respectifs.
J’aimerais conclure cet article par une question. Je n’ai pas l’impression qu’une majorité de Françaises et Français se rendent compte que nous sommes en train de rendre des régions du monde d’ores et déjà inhabitables, alors que nous ne sommes qu’à +1.1°C de réchauffement mondial. Voulez-vous vraiment voir à quoi ressemble un monde à +2°C ?
Le CNRS a envoyé un manuel à 1000 politiques pour les former sur les enjeux climatiques
Laurie Debove
https://lareleveetlapeste.fr/le-cnrs-a-envoye-un-manuel-a-1000-politiques-pour-les-former-sur-les-enjeux-climatiques
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« Le dernier rapport du GIEC est très clair. Nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025. Il faut bien comprendre : on n’a pas 3 ans pour agir mais 40 ans de retard ! Pourtant, penser que tout est foutu n’a aucun sens. Plus tard on va agir et moins on aura d’options pour éviter les catastrophes ni les dégâts irréversibles et il y en a déjà. Le GIEC l’a bien rappelé : nous avons notre avenir climatique entre les mains. » décrypte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
Face aux ravages du climatoscepticisme, le CNRS a sorti un livre au titre évocateur « Tout comprendre (ou presque) sur le climat ». Afin que les politiques s’emparent enfin des enjeux climatiques, le Président du CNRS en a envoyé 1000 à tous les députés, sénateurs et présidents de Région en France. Un succès littéraire qui s’infiltre jusque dans les plus grands groupes du CAC40, le but : lever les blocages pour amorcer un changement sociétal à la hauteur de la gravité de la situation.
Le CNRS avait repéré des sites climato-sceptiques extrêmement bien référencés sur Google et a décidé de prendre les choses en main. Après réflexion, ils ont fait appel au vulgarisateur scientifique Thomas Wagner, plus connu sous le nom de BonPote, pour faire une série d’articles répondant aux préjugés et idées reçues sur le climat.
« Le 1er article m’a demandé 1 mois de travail et a été relu par Jean Jouzel lui-même. J’ai lu les blogs climatosceptiques pour voir les arguments qui revenaient le plus souvent, et on est parti d’une idée pour la démystifier. L’apport du CNRS a été de préciser comment étaient calculés les mesures, la méthode scientifique pour chaque sujet. Certains sujets étaient plus éprouvants que d’autres, notamment celui sur les canicules où j’ai réalisé à quel point on n’est pas prêts et qu’on ne fait rien pour inverser la tendance… » raconte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
Forts du succès de cette série, Anne Brès, responsable de la communication de l’Institut des sciences de l’Univers au CNRS (CNRS-INSU), a alors proposé d’en faire un livre, toujours en collaboration avec le vulgarisateur scientifique BonPote, l’illustratrice Claire Marc et Anne Brès, sous la houlette du CNRS.
Paru en mars 2022, il se nomme « Tout Comprendre (ou Presque) sur le climat ». Déjà écoulé à 15 000 exemplaires, le but du livre est de faire de l’éducation et de la vulgarisation scientifique pour toucher le plus grand nombre de personnes possible et qu’elles se forment sur les sujets climatiques. Le Président du CNRS a également pris la décision de l’envoyer à 1000 députés français et européens.
« L’étape zéro face à ce qui nous arrive, c’est d’en avoir conscience et c’est malheureusement très très loin d’avoir été intégré par la majorité de la population. Niveau politique, il s’agit de réaliser que les sujets écologiques sont vitaux et pas assez traités et/ou financés. Les moyens alloués à la recherche baissent, ceux de surveillance des aléas climatiques aussi alors qu’ils augmentent en fréquence et en intensité. Et quand on voit certains politiques tenir une posture climato-sceptique assumée comme Anne-Laure Blin des Républicains, on réalise à quel point le chemin est long ! » explique Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
L’idée fait des émules : l’activiste Guillermo Fernandez et la présidente du conseil suisse ont acheté 50 exemplaires du livre pour les donner à leurs députés. Deux groupes du CAC40, dont le nom sera bientôt dévoilé, en ont acheté également. Face à la demande, le livre va également être traduit en anglais, tout comme le site BonPote.
« C’est génial, ça veut dire que des individus convaincus du problème s’accrochent pour faire bouger les choses en interne dans des secteurs ayant un impact écologique dantesque. Le dérèglement climatique devient un sujet incontournable, mais tout n’est pas gagné. Je pense aux ordres de grandeur tous les jours, je vois encore des influenceurs proposer des concours pour gagner des voyages en avion qui ont toujours 100 fois plus d’audience que les articles sur le dernier rapport du GIEC. Quand j’ai proposé de baisser la vitesse sur les autoroutes, j’ai reçu une menace de mort : les tensions sont de plus en plus vives. » explique Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
De fait, l’ancien ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari est un symbole du problème à lui seul. Alors que les transports représentent 31% des émissions de GES en France, il a préféré « troller les ONGs comme Greenpeace durant son mandat et fait la publicité de taxis volants et de l’avion vert, plutôt que d’investir dans des transports en commun pour tous et réduire l’impact de la voiture individuelle » énumère BonPote.
L’annonce de sa nomination en tant qu’administrateur du conseil d’administration de la société privée de voitures de luxe à hydrogène, Hopium, alors que Djebbari a lancé le plan hydrogène de 7 milliards d’euros d’investissements publics a créé la polémique. Un exemple de pantouflage flagrant, malgré tout validé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui a tout de même refusé que l’ex-ministre devienne vice-président exécutif chargé du pôle spatial de l’armateur CMA/CGM.
Face à des politiques qui privilégient leur intérêt personnel avant l’intérêt général et à la faible place du climat dans les débats télévisés lors de la présidentielle, le désespoir peut vite arriver. Mais pour Thomas Wagner, pas question de se résigner.
« Le dernier rapport du GIEC est très clair. Nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025. Il faut bien comprendre : on n’a pas 3 ans pour agir mais 40 ans de retard ! Pourtant, penser que tout est foutu n’a aucun sens. Plus tard on va agir et moins on aura d’options pour éviter les catastrophes ni les dégâts irréversibles et il y en a déjà. Le GIEC l’a bien rappelé : nous avons notre avenir climatique entre les mains. » décrypte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
Son combat : atteindre un point de bascule social qui fait qu’une partie suffisante de la population se sent suffisamment engagée pour que les pouvoirs publics ne puissent plus ignorer l’urgence climatique et aient enfin une vision à long terme. A ses yeux, la nomination des ministres de la transition écologique et énergétique, ayant toutes deux un profil néolibéral et technoscientiste, prouvent que l’illusion de la croissance verte imprègne encore trop les politiques « alors que la littérature scientifique sur le sujet nous dit que le découplage PIB/énergie est extrêmement difficile voire impossible ».
Surtout, la justice sociale est une condition sine qua none, inscrite noir sur blanc dans le deuxième volet pour les décideurs du rapport du GIEC, pour parvenir à limiter les dégâts. Un angle mort catastrophique de la politique française, à de rares exceptions près.
« Il faut en finir avec les préjugés et idées préconçues. L’innovation n’est pas forcément synonyme de progrès, et l’optimisation fiscale qui fait perdre de l’argent à l’hôpital public non plus ! Etre écolo ou décroissant ne veut pas dire qu’on s’oppose aux technologies, on souhaite simplement une plannification pour aller vers une société écologique maximisant le bien-être de toute sa population et éviter des inégalités trop fortes vectrices de crise sociale, tout le monde devrait vouloir ça. » conclut Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste
Planification écologique : le gouvernement à trous
Mickaël Correia, Jade Lindgaard et Amélie Poinssot
www.mediapart.fr/journal/france/230522/planification-ecologique-le-gouvernement-trous
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Emmanuel Macron avait promis, pendant l’entre-deux-tours, un grand tournant écologique. Si une première ministre a été nommée pour mettre en œuvre une « planification écologique et énergétique », le nouvel organigramme fait apparaître de gros trous et quelques pedigrees étonnants.
La politique qu’il mènerait dans les cinq ans à venir « sera écologique, ou ne sera pas », avait promis Emmanuel Macron lors de son meeting d’entre-deux-tours à Marseille. Il promettait, entre autres, la rénovation thermique de « 700 000 logements par an tous les cinq ans qui viennent ». Il jurait, aussi, de développer « des moyens de se déplacer en train, en vélo, en voiture électrique pour tous », de mettre « davantage de transports en commun » et allait même jusqu’à annoncer « une stratégie complètement nouvelle avec le ferroviaire et le fluvial » pour sortir du tout-camion dans le transport de marchandises.
Dès le 19 mai, pour son premier déplacement en tant que première ministre aux Mureaux (Yvelines), Élisabeth Borne a déclaré qu’elle voulait mettre le climat « au cœur de toutes les politiques ». « Compte tenu de la marche qu’il y a à faire, c’est une transformation radicale de tout : notre façon de produire, [de] se déplacer, [de] se loger, a-t-elle indiqué. Si on veut gagner cette bataille, il faut que tous les choix qu’on fait intègrent cette dimension. »
Problème : deux ministères manquent à l’appel. Dans le nouvel exécutif formé vendredi 20 mai, il n’y a ni ministre du logement ni ministre des transports. Secteurs clefs d’une transition écologique, quelle qu’elle soit, ces portefeuilles ne sont même pas attribués à un poste de ministre délégué ou de secrétaire d’État.
Ils entreront dans le giron d’Amélie de Montchalin, nommée ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Vaste ministère, donc, occupé par une personne qui ne s’est, jusqu’à présent, jamais distinguée par un engagement écologique.
Le CV d’Amélie de Montchalin montre en effet qu’elle a plutôt travaillé pour des intérêts adverses. Cette économiste néolibérale qui a été salariée chez BNP-Paribas – l’une des banques européennes qui finance le secteur des énergies fossiles – s’est illustrée comme députée LREM de l’Essonne autant comme une ardente défenseuse de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) que par son vote en 2018 à l’Assemblée contre l’interdiction des glyphosates.
Deux secteurs clés absents
Le secteur des transports pèse 31 % dans les émissions de gaz à effet de serre, celui du bâtiment, 17 %. Ce sont donc deux secteurs clés pour amorcer la lutte contre les dérèglements climatiques. Ce sont aussi des secteurs où les connaissances et le savoir-faire, mais aussi l’existant, permettraient de réduire déjà considérablement les émissions carbone : rénovation thermique des bâtiments, autonomie énergétique pour toute nouvelle construction, maillage plus dense de transports collectifs, réhabilitation de lignes ferroviaires abandonnées…
Ce sont, enfin, des secteurs marqués par l’injustice sociale dans un pays où 1 % des plus riches ont une empreinte carbone huit fois supérieure à la moitié la plus pauvre des Français. Selon la fondation Abbé-Pierre, la France compte douze millions de précaires énergétiques, c’est-à-dire les ménages qui peinent à payer leurs factures d’électricité et de chauffage.
Chauffage à partir de gaz ou d’électricité, carburant des voitures individuelles dans des territoires enclavés : quand les prix de l’énergie flambent, ce sont les plus précaires qui sont les plus touchés. Or d’après le ministère de l’économie, la fiscalité carbone pèse encore proportionnellement quatre fois plus sur les 20 % de foyers les plus précaires que sur les 20 % de ménages les plus riches.
Une agriculture à l’écart de l’écologie
L’effacement de ces deux portefeuilles cruciaux, cependant, n’est pas la seule bizarrerie de ce nouvel exécutif annoncé comme celui de la « planification écologique ». Côté agriculture – secteur responsable de 19 % des gaz à effet de serre –, le ministère est renommé « agriculture et souveraineté alimentaire ». Cette appropriation, à la lumière de la guerre en Ukraine, d’un terme né bien avant le deuxième quinquennat Macron – concept issu des luttes paysannes et des cercles altermondialistes dans les années 1990 – cache mal le fait que ce ministère reste à l’écart, à ce stade, de la transition écologique affichée par ce gouvernement.
Le nouvel exécutif fait l’impasse, au passage, sur l’effondrement de la biodiversité. C’est pourtant un élément majeur des bouleversements écologiques en cours et, outre la lutte contre l’artificialisation des sols, la diminution de l’usage des produits phytosanitaires en agriculture en est l’un des leviers. Emmanuel Macron lui-même avait promis, dès 2017, l’interdiction du glyphosate « dans les trois ans ».
À ce jour, cet insecticide fait toujours l’objet d’un usage massif en agriculture, et les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles ont même été provisoirement réintroduits dans la culture de betteraves à l’été 2020. Le président tiendra-t-il ses promesses sous ce deuxième mandat… ? Le nouveau ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, qui a travaillé pour la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher – département de la Beauce acquis aux céréaliers de l’agro-industrie –, n’a pas encore affiché ses objectifs en la matière.
La première visite estampillée « écologie » du nouvel exécutif, ce lundi 23 mai, est à cet égard révélatrice : la première ministre Élisabeth Borne, Amélie de Montchalin et la ministre en charge de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, se sont rendues au Muséum national d’histoire naturelle de Paris pour échanger « avec des associations françaises engagées pour la protection de la biodiversité ». Marc Fesneau n’était pas présent.
Des dates tests
Trois dates vont très vite concrétiser la politique écologique de ce quinquennat. La remise d’une nouvelle copie pour la déclinaison française de la Politique agricole commune (PAC), tout d’abord. Le projet présenté cet hiver par le ministère de l’agriculture a en effet été retoqué par Bruxelles. La déclinaison française n’était pas conforme avec plusieurs engagements environnementaux de l’UE : elle s’alignait sur le moins-disant environnemental du syndicat d’exploitants agricoles FNSEA. Le gouvernement français doit remettre une copie à Bruxelles dans les prochaines semaines.
Le débat budgétaire de l’automne, ensuite. Emmanuel Macron s’est engagé durant la campagne à investir 10 milliards d’euros par an de plus pour la rénovation énergétique des logements, la mobilité bas carbone ou encore accompagner la transition écologique de l’agriculture. Le débat budgétaire pour les finances 2023 sera l’occasion de mettre en œuvre cette promesse, même si l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) estime la somme annoncée encore trop insuffisante pour l’action climatique.
La loi de programmation énergie-climat prévue pour 2023, enfin. Ce sera le grand texte du début du quinquennat en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. Son adoption mi-2023 doit permettre de rehausser l’ambition climatique du pays et sera ensuite traduite en mesures concrètes dans la nouvelle stratégie énergie-climat. Cette stratégie comprend à la fois la programmation pluriannuelle de l’énergie et du climat (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation aux changements climatiques (PNACC). Autant de dimensions pour une planification énergétique.
Un énorme retard climatique
Sur l’ensemble de ces dossiers, la France a pourtant aggravé, sous le premier quinquennat Macron, son énorme retard. Elle est le seul pays européen à n’avoir pas atteint ses objectifs en termes d’énergies renouvelables en 2020. Et selon un récent rapport de la Cour des comptes européenne, la France accorde encore davantage de subventions aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables.
Par ailleurs, le dispositif MaPrimeRénov’, mis en place en 2020 pour aider les Français à isoler leur habitat, n’améliore pas assez le bilan carbone des bâtiments. C’est la Cour des comptes qui, sur ce sujet, a relevé l’an dernier que seuls 2 500 logements étaient sortis du statut de passoire thermique, au lieu des 80 000 prévus en 2021.
Quant au mix énergétique nécessaire pour faire face aux bouleversements climatiques, il est permis de douter, à cette heure, des ambitions du nouveau gouvernement. Ancienne des milieux d’affaires des industries automobiles et fossiles, Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre en charge de la transition énergétique, possède un avis plus que tranché sur le nucléaire. Elle a qualifié en octobre dernier sur France Inter de « menteurs » ceux qui ne voient pas en l’atome une énergie incontournable pour faire face au chaos climatique – jetant au passage à la poubelle tous les scénarios scientifiques qui démontrent qu’un mix énergétique 100 % renouvelable est soutenable.
Sa nomination sied parfaitement à l’ambition atomique de ce deuxième quinquennat Macron qui débutera sur une rupture historique : la décision de relancer la construction de réacteurs nucléaires pour la première fois depuis la fin des années 1990. Cette décision intervient alors qu’EDF rencontre de graves difficultés techniques et financières, sur ses EPR en projet, mais aussi sur ses centrales existantes.
La moitié du parc nucléaire français est actuellement à l’arrêt, avec seulement 28 des 56 réacteurs en activité. Douze d’entre eux sont atteints par de graves problèmes de corrosion sur des tuyaux importants pour la sûreté des centrales. Les températures caniculaires rendent par ailleurs plus difficile le refroidissement des réacteurs, au risque de devoir arrêter d’autres installations cet été. La planification des six futurs réacteurs EPR2 va donc se heurter d’emblée à une difficile réalité industrielle, économique, et aux vastes enjeux environnementaux.
« Les personnalités choisies sont dénuées de poids politique, a réagi Greenpeace vendredi dans un communiqué. Ils et elles sont des macronistes pur jus, sans toujours avoir une expérience spécifique de leur sujet ni vision des enjeux globaux, si ce n’est une croyance aveugle dans les chimères de la croissance verte et des technologies qui n’existent pas.(…) Cette composition est donc un signe que le Président de la République manque de crédibilité, malgré les éléments de langage et le ripolinage écologique qu’il ne cesse d’asséner. »
Les jeux ne sont pas faits cependant. À trois semaines des élections législatives, ce gouvernement a peut-être une espérance de vie très limitée. Après de très nombreuses critiques venues depuis vendredi du côté des secteurs du logement et des transports, le nouvel exécutif en tout cas n’a pas voulu fermer la porte.
« Il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement, sous la supervision de la ministre Amélie de Montchalin directement placée sous la première ministre », a assuré la porte-parole Olivia Grégoire lundi, à l’issue du premier conseil des ministres.
Barne desplazatuen kopurua inoizko handiena izan zen 2021ean
Igor Susaeta
www.berria.eus/albisteak/213617/barne-desplazatuen-kopurua-inoizko-handiena-izan-zen-2021ean.htm
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Bi GKEren ikerketa baten arabera, barne desplazatuak 59,1 milioi izan ziren iaz. Gatazkek 53,2 eragin zituzten, eta klima larrialdiarekin lotutako hondamendi naturalek 5,9. Ukrainako gerra dela eta, aurreikusten dute aurtengo datuak are okerragoak izatea.
Inoiz baino barne desplazatu gehiago izan ziren iaz: 59,1 milioi. Errefuxiatuentzako Norvegiako Kontseilua (NRC) eta Barne Desplazamenduen Behatokia (IDMC) GKE gobernuz kanpoko erakundeek kaleratutako azken txostenaren arabera, desplazamendu horietako gehienak gatazkek eragin zituzten, baita klima larrialdiaren ondorio diren hondamendiek ere. Ohartarazpen bat ere egin dute: Ukrainako gerra dela eta, kopuru hori txiki geratu daiteke aurten. Izan ere, zortzi milioi barne desplazatu eragin ditu oraingoz
Barne desplazatuak duela hamar urte erregistratutakoak halako bi dira, txostenean nabarmendu dutenez. «Desplazamenduak handitzen ari dira tamainan, konplexutasunean, larritasunean eta iraupenean», azaldu du IDMCko zuzendari Alexandra Bilakek, ikerketaren aurkezpenean. «Estatistikak dauzkagunetik, iazkoa da urterik okerrena», erantsi du NRCko buru Jan Egelandek.
Zehaztu dute 59,1 milioi horietatik 53,5ek gatazkek eragindako indarkeriarengatik utzi behar izan zituztela haien etxeak —2020ean baino %10ek gehiagok—, eta hondamendi naturalek 5,9 milioi barne desplazatu eragin zituztela; iaz baino %15 gutxiago.
Herrialdeei dagokienez, gatazkek 6,7 milioi barne desplazatu eragin zituzten Sirian, 5,3 Kongoko Errepublika Demokratikoan, 5,2 Kolonbian, eta 4,4 Afganistanen. Txostenak dioenez, molde horretako barne desplazamenduen %80 Afrikan gertatzen dira, hondamendi naturalek eragindakoen %57, bestalde,
Asia-Pazifikoan; hain zuzen, 1,4 milioi Afganistanen —azken hilabeteetako lehorteek gogor jo dute herrialdea—, 943.000 Txinan, eta 700.000 Filipinetan.
Bi arrazoiengatik desplazatuak
«Gauzak okertzen ari dira ez soilik Ukrainan, baita Afrikako Adarrean, Kongoko Errepublika Demokratikoan edo Latinoamerikan ere», gogoratu du NRCkoak. Txostenean azpimarratu dute, gainera, toki batzuetan bai gatazkengatik, bai klima larrialdiak eragindako hondamendiengatik gertatzen direla barne desplazamenduak; esaterako, Somalian, Afganistanen, Hego Sudanen, Mozambiken eta Myanmarren.