Articles du Vendredi : Sélection du 27 mai 2022

Canicules mortelles en Inde et au Pakistan : ce n’est que le début
Bon Pote
https://bonpote.com/canicules-mortelles-en-inde-et-au-pakistan-ce-nest-que-le-debut

Depuis plus d’un mois maintenant, l’Inde et le Pakistan subissent des vagues de chaleur à répétition. L’Inde a enregistré la pire canicule au mois de mars depuis 122 ans, le Pakistan a atteint 51°C le 14 mai, soit la température la plus élevée enregistrée pour l’année 2022.

Alors que plus d’un milliard de personnes sont concernées, cela n’a pas l’air de choquer grand monde en Occident, où la majorité des médias continuent d’adopter une posture Don’t Look up. Comme si le changement climatique ne concernait que ces pays lointains et qu’il n’avait aucune conséquence en France. Pis, lorsque ces canicules sont évoquées, c’est bien souvent avec des images de personnes s’amusant à la mer ou d’enfants courant dans des fontaines, tout sourire. Malheureusement, la réalité est tout autre et les conséquences sont d’ores et déjà catastrophiques.

Canicules en Inde et au Pakistan : que se passe-t-il ?

Qu’il fasse chaud en Inde n’a rien d’extraordinaire. Qu’il fasse très chaud et sur plusieurs semaines est une tout autre histoire. Les très fortes chaleurs ont commencé dès le 11 mars dans la partie nord de l’Inde, en raison de conditions anticycloniques sur les parties occidentales du Rajasthan et en raison de l’absence de pluie. Ce fut non seulement le mois de mars le plus chaud depuis 122 ans (selon l’IMD, le département météorologique indien), mais il fait très chaud depuis maintenant plus d’un mois, quasiment sans aucun répit.

La vague de chaleur s’est prolongée en avril et a même été plus intense en ce début de mois de mai, avec des écarts de 4.5 à 8.5°C au-dessus de la normale. Rappelons que la définition d’une canicule change selon les pays, et les régions. L’IMD considère qu’une zone connaît une vague de chaleur si les températures maximales dépassent 40°C dans les régions de plaine, ou au moins 30°C dans les régions de montagne, pendant au moins deux jours consécutifs.

Est-ce significatif ? Sans aucun doute possible. Si cela avait été en Antarctique, 5 ou 7°C de plus est plutôt banal. Mais en Inde, de telles valeurs représentent le premier centile de la distribution. Ces vagues de chaleur sont donc exceptionnelles pour deux raisons : leur intensité, mais aussi et surtout leur durée.

Une situation similaire au Pakistan

Les épisodes caniculaires sont tout aussi extraordinaires au Pakistan. Le mois d’avril a été extrêmement chaud et sec, le plus chaud depuis 61 ans. D’après le Pakistan Meteorological Department, la température moyenne nationale a été de 28,36°C, soit 4,05°C de plus que la norme 1961-1990 (plus de 3°C de plus que la norme 1991-2020). C’est le mois d’avril le plus chaud jamais enregistré, avec une marge énorme : presque 1°C de plus qu’en avril 2010, le deuxième plus chaud.

Les 12, 13 et 14 mai, la température a atteint 50 degrés à Jacobabad et des températures très proches à plusieurs endroits dans le pays. Lorsque l’on sait que dans le nord-ouest de l’Inde comme au Pakistan, la phase humide de la mousson n’arrive généralement pas avant fin juin ou mi-juillet, on ne peut qu’espérer que la température baisse dans les prochains jours…

Mais quelles sont exactement les conséquences de telles vagues de chaleur ?

Conséquence 1 : le « thermomètre mouillé » (wet bulb temperature)

Le plus redouté n’est pas la chaleur indiquée, mais la température thermomètre mouillé maximale. Elle combine la chaleur et l’humidité pour indiquer la quantité d’évaporation dans l’air. Lorsque la température au thermomètre mouillé dépasse environ 30°C, nous sommes incapables de réduire notre température par la transpiration et nous souffrons d’un coup de chaleur mortel au bout de quelques heures (généralement entre 4 et 6 heures). Que vous ayez de l’eau avec vous ne changera rien au résultat.

Attention : c’est une notion compliquée, hétérogène, qui n’a pas la même définition selon la région dans laquelle vous l’utilisez. De plus, depuis au moins un mois, le chiffre de 35°C est avancé un peu partout dans la presse française, alors que les dernières études montrent que la létalité adviendrait plutôt autour de 31°C.

Bien sûr, ce qui vient d’être dit est le cas pour les personnes en bonne santé. Vous pouvez avoir de graves problèmes de santé ou mourir avec une température humide moins importante. En effet, 28 degrés peuvent suffire, comme lors des canicules européennes et russes de 2003 et 2010 qui firent des dizaines de milliers de morts.

 

 

NB1 : L’humidex est également un calcul intéressant (à ne pas confondre avec le thermomètre humide qui est une mesure via un psychromètre.)

NB2 : le GIEC utilise la notion de « Heat Index » (HI). Comme pour les canicules, le Heat Index diffère selon les zones géographiques (donc n’a pas une valeur internationale qui s’appliquerait partout). On retrouve dans le chapitre 12 du dernier rapport du GIEC une illustration des zones à risque, où nous retrouvons l’Inde et le Pakistan

Conséquence 2 : le travail… et la santé

Le marché du travail indien est très loin d’être adapté aux aléas climatiques présents et à venir. Sophie Landrin, correspondante pour le Monde en Inde, apporte quelques précisions sur les travailleurs lors de la canicule :

« Au contraire, les gens continuent de travailler, malgré les conditions extrêmes, car la majorité des travailleurs ne sont pas salariés. Ils appartiennent à ce qu’on appelle le « secteur informel », sans assurance, sans contrat de travail. S’ils ne travaillent pas, ils ne sont pas indemnisés. Lors des première et deuxième vagues de Covid-19, ils avaient dû regagner leur village, malgré l’arrêt des transports, car ils ne pouvaient plus travailler, ni se loger ou se nourrir ».

Traduisez : travaillez, ou vous n’aurez pas d’argent pour acheter votre nourriture. Travaillez, ou mourrez. Ce sont dans ces conditions que des dizaines de millions d’indiens vont travailler dans les usines, dans le bâtiment, dans les champs, etc. Ils ne peuvent pas non plus compter sur la climatisation : environ 12% de la population a accès à la climatisation, en très grande majorité les plus aisés.

Deux conséquences majeures à cela. La première, c’est que l’Inde perd plus de 100 milliards d’heures de travail par an à cause des vagues de chaleur. C’est de très loin le pays le plus concerné par le sujet, et les chiffres anticipés par un réchauffement de +2°C ou +4°C sont vertigineux.

La deuxième conséquence est bien sûr la santé des travailleurs et travailleuses. Quand vous êtes obligé(e) de travailler sous 45°C car vous n’avez pas le choix, cela vient irrémédiablement avec des effets sanitaires immédiats multiples : hyperthermie, coups de chaleur, déshydratation, diminution de la capacité cognitive, accidents, troubles psychiatriques, etc. Pour les personnes qui auront la chance de pouvoir aller à l’hôpital, il faudra ensuite espérer que les hôpitaux puissent anticiper et supporter le recours accru aux soins.

Conséquence 3 : l’agriculture

L’agriculture est l’un des secteurs les plus directement touchés par les canicules et les sécheresses. 39% de la population pakistanaise travaille dans le secteur, pour 18.5% du PIB. En Inde, plus de la moitié de la population y travaille, pour environ 23% du PIB. Outre les conséquences que ces canicules peuvent avoir sur le PIB, ce sont surtout les effets sur les cultures qui sont à craindre, dans une région du monde où beaucoup dépendent de la récolte de blé pour se nourrir. Selon les témoignages, nous trouvons des agriculteurs qui ont perdu entre 10 et 50% de leur récolte à cause de la canicule.

Alors que les autorités indiennes avait déclaré lors du mois d’avril que le pays n’était pas au bord de l’insécurité alimentaire, le discours a totalement changé ce samedi 14 mai : « l’Inde a interdit les exportations de blé sur lesquelles le monde comptait pour atténuer les contraintes d’approvisionnement provoquées par la guerre en Ukraine, affirmant que la sécurité alimentaire du pays est menacée ».

Javier Blas, spécialiste des matières premières chez Bloomberg, anticipe une forte inflation : « avant l’interdiction d’exporter, l’Inde devait figurer parmi les 10 premiers exportateurs de blé pour la saison 2022-23. La suppression de tout (ou partie) des exportations de blé prévues par l’Inde crée un trou massif dans l’offre et la demande mondiales. Les prix du blé vont encore augmenter, et rapidement« 

Ces annonces, bien que soumises à conditions, rappellent qu’une décision politique peut mettre un terme à des exportations… et donc des importations d’autres pays. Des décennies de mondialisation n’ont pas préparé les pays à supporter les aléas climatiques et leurs conséquences. Que se passera-t-il si aucune décision n’est prise pour renforcer la sécurité alimentaire des pays et que le monde se réchauffe à +1.5°C, 2°C, voire 3°C ?

Conséquence 4 : relance de la production de charbon ou blackout

L’une des solutions les plus courantes pour supporter la chaleur de la canicule est d’allumer la climatisation. Mais cela n’est pas sans conséquences, surtout dans un pays comme l’Inde. Presque 80% du mix électrique vient d’énergies fossiles, et un peu plus de 70% du charbon. Les autorités n’ayant pas anticipé que les vagues de chaleur allaient durer aussi longtemps, la forte demande d’électricité a épuisé les stocks de charbon et les coupures de courant sont très fréquentes depuis deux mois dans le pays, parfois pour plusieurs heures. Nous ne parlons pas de quelques foyers, mais de deux tiers des foyers, soit des centaines de millions de personnes.

Pour répondre à l’explosion de la demande d’électricité, Coal India a relancé la production à des niveaux records. Si vous avez l’image d’un serpent qui se mort la queue en tête, c’est tout à fait normal. C’est ce qu’il se passe quand on gère en catastrophe et sans planification un système électrique et plus globalement un système énergétique. On prend des décisions en urgence qui peuvent potentiellement venir aggraver le changement climatique et donc amplifier les aléas et les catastrophes climatiques.

Conséquence 5 : les effets combinés

L’un des risques identifié de la poursuite du réchauffement climatique, c’est que chaque région pourrait subir de façon différenciée plus d’évènements climatiques extrêmes, parfois combinés, et avec des conséquences multiples. Cela a plus de chance d’arriver avec un réchauffement à +2°C que 1,5°C (et d’autant plus avec des niveaux de réchauffement supplémentaires). Traduisez « combinés » par ‘plusieurs en même temps’ (canicule, suivi de mégafeux par exemple, comme au Canada en juin 2021).

Il est arrivé plusieurs cas similaires au Pakistan depuis deux mois. Avec la canicule, les glaciers fondent beaucoup plus vite que prévu et peuvent mener à des effets en cascade. C’est ce qu’il s’est passé avec plusieurs ruptures de lacs glaciaires, dont celui qui était sur le glacier Shisper.

C’est une zone surveillée par les scientifiques car ces inondations brutales peuvent non seulement avoir des conséquences économiques et sociales, mais aussi mortelles, avec des milliers de personnes risquant d’être prises dans des crues.

L’une des autres conséquences est l’augmentation du nombre de mégafeux. Selon le Forest Survey of India, les dernières années ont observé une augmentation du nombre de mégafeux, et 2022 ne fera pas exception. Ces feux ont provoqué des dizaines d’incendies agricoles, où les cultures de blé ont été détruites. Une partie des forêts de la fameuse « compensation carbone » sont également parties en fumée dans le nord du pays. Un bon rappel pour les entreprises et Etats qui souhaitent ne rien changer et planter des arbres pour compenser : cela ne suffira pas.

Est-ce que c’est de la faute du changement climatique ?

La question qui revient toujours : est-ce la faute du changement climatique ? En lisant les réactions depuis plus d’un mois, la mauvaise nouvelle c’est qu’il y a des climatosceptiques dans tous les pays qui viennent vous expliquer que cela n’a rien à voir et que des canicules et des sécheresses, il y en a toujours eu.

L’équipe du World Weather Attribution (WWA) devrait rendre son rapport définitif dans les deux semaines pour savoir si les canicules sont bien la conséquence du changement climatique anthropique. Mais que cela soit attribué de façon certaine ou non, nous savons qu’il y a déjà un réchauffement climatique d’origine humaine qui rend les canicules plus fréquentes et plus intenses. Cela ne fait aucun doute, c’est documenté dans plusieurs rapports, dont le dernier rapport du GIEC.

MàJ 24/005 : le WWA a publié son rapport, et l’étude confirme que la vague de chaleur qui frappe l’Inde et le Pakistan depuis début mars a été rendue trente fois plus probable par le changement climatique.

A quel point ces canicules ont été mortelles ?

C’est la question la plus difficile qui soit sur le sujet des canicules : à quel point sont-elles mortelles. Tout d’abord, il est important de se rappeler que la météorologie d’une vague de chaleur ne détermine pas son impact. De nombreux facteurs socio-économiques influenceront les perturbations causées par une canicule, notamment la densité de population, les conditions de logement et les systèmes d’alerte précoce.

A l’instar de la canicule de 2003 en France, cela peut prendre des années avant d’avoir une estimation finale et fiable. C’est d’autant plus le cas pour des pays comme l’Inde et le Pakistan, où nous manquons de chiffres officiels pour évaluer le nombre de morts. Concernant la fiabilité des annonces du gouvernement indien, je n’ai personnellement pas une très grande confiance. Un exemple ? L’Organisation mondiale de la santé estime qu’au moins 4 millions d’Indiens sont morts de la Covid, bien au-delà du chiffre officiel d’un peu moins de 524 000 morts. Sans surprise, le gouvernement de Modi conteste ces chiffres…

Dans le cas des canicules actuelles, il est extrêmement difficile d’obtenir des chiffres fiables. Le gouvernement indien a officiellement reconnu une dizaine de morts, certains journaux indiens des dizaines, la presse internationale entre quelques dizaines et centaines… et parfois sans aucune source !

Autre difficulté à prendre compte : l’Inde ne compte parmi les décès dus aux coups de chaleur que les décès médicalement certifiés.

Même si la dernière décennie a enregistré un nombre records de morts à cause des canicules, il y a tout de même une meilleure gestion des canicules depuis 2015 (plus de 2000 morts), ce qui vient atténuer le nombre potentiels de morts. Mais cela ne veut absolument rien dire de l’avenir, et le nombre de morts dépendra grandement des actions prises par le gouvernement indien en termes de prévention et d’adaptation aux canicules.

L’Inde pourra-t-elle toujours s’adapter aux canicules à venir ?

Avant de conclure, il est intéressant de voir ce à quoi l’Inde peut s’attendre, en fonction du réchauffement mondial à venir.

Premièrement, l’Inde n’est qu’à +1 degré de réchauffement aujourd’hui (+1.1°C à l’échelle mondiale, +1.8°C pour la France). Sur la trajectoire actuelle de nos émissions (SSP2-4.5), l’Inde se dirige vers un réchauffement d’environ 3,5°C d’ici la fin du siècle, et environ +2°C d’ici 2040.

Sauf miracle, la Terre va continuer à se réchauffer lors des (au moins) deux prochaines décennies. Dans la mesure où les canicules actuelles testent déjà les limites physiologiques des Indiens et Pakistanais, il sera important de suivre les décisions politiques d’atténuation et d’adaptation aux aléas climatiques. Les décisions prises aujourd’hui par les deux gouvernements ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Il est cependant important de se souvenir que l’Inde et le Pakistan payent les décisions égoïstes des pays du Nord, qui sont historiquement responsables du changement climatique. Le GIEC l’a rappelé dans le 2e volet sur l’adaptation : « Les limites « strictes » de l’adaptation ont été atteintes dans certains écosystèmes (confiance élevée). Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et les dommages vont augmenter et d’autres systèmes humains et naturels atteindront les limites de l’adaptation (confiance élevée)« . En d’autres termes : des populations ne pourront plus s’adapter, et devront migrer, ou mourir.

Le mot de la fin

On ne peut être plus clair que Christophe Cassou, auteur principal du dernier rapport du GIEC, lorsqu’il déclare que « nous vivons un avant-goût de notre futur climatique. Pour que l’exceptionnel ne devienne pas la norme, il faut réduire nos émissions de gaz a effet de serre de manière immédiate, soutenue dans le temps et dans tous les secteurs… Pas dans 3 ans, maintenant !« 

En plus de la baisse des émissions, l’adaptation jouera un rôle absolument central lors des prochaines années et décennies à venir. Il est trop tard pour penser que l’atténuation des émissions puisse suffire. Mais cela ne doit pas faire oublier le très fort sentiment d’injustice climatique de ce qui arrive actuellement en Inde et au Pakistan. C’est ce que rappelle Chandni Singh , autrice principale du dernier rapport du GIEC : « les émetteurs historiques de gaz à effet de serre doivent redoubler d’efforts car, dans des pays comme l’Inde et le Pakistan, nous atteignons réellement les limites de l’adaptation à la chaleur« . Rappelons que l’Inde représente à peine 3% des émissions historiques, et le Pakistan moins d’1%. Ces pays payent et paieront entre autres les excès des pays du Nord, ainsi que les décisions égoïstes et socialement injustes de leurs dirigeants respectifs.

J’aimerais conclure cet article par une question. Je n’ai pas l’impression qu’une majorité de Françaises et Français se rendent compte que nous sommes en train de rendre des régions du monde d’ores et déjà inhabitables, alors que nous ne sommes qu’à +1.1°C de réchauffement mondial. Voulez-vous vraiment voir à quoi ressemble un monde à +2°C ?

Le CNRS a envoyé un manuel à 1000 politiques pour les former sur les enjeux climatiques
Laurie Debove
https://lareleveetlapeste.fr/le-cnrs-a-envoye-un-manuel-a-1000-politiques-pour-les-former-sur-les-enjeux-climatiques

« Le dernier rapport du GIEC est très clair. Nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025. Il faut bien comprendre : on n’a pas 3 ans pour agir mais 40 ans de retard ! Pourtant, penser que tout est foutu n’a aucun sens. Plus tard on va agir et moins on aura d’options pour éviter les catastrophes ni les dégâts irréversibles et il y en a déjà. Le GIEC l’a bien rappelé : nous avons notre avenir climatique entre les mains. » décrypte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

Face aux ravages du climatoscepticisme, le CNRS a sorti un livre au titre évocateur « Tout comprendre (ou presque) sur le climat ». Afin que les politiques s’emparent enfin des enjeux climatiques, le Président du CNRS en a envoyé 1000 à tous les députés, sénateurs et présidents de Région en France. Un succès littéraire qui s’infiltre jusque dans les plus grands groupes du CAC40, le but : lever les blocages pour amorcer un changement sociétal à la hauteur de la gravité de la situation.

Le CNRS avait repéré des sites climato-sceptiques extrêmement bien référencés sur Google et a décidé de prendre les choses en main. Après réflexion, ils ont fait appel au vulgarisateur scientifique Thomas Wagner, plus connu sous le nom de BonPote, pour faire une série d’articles répondant aux préjugés et idées reçues sur le climat.

« Le 1er article m’a demandé 1 mois de travail et a été relu par Jean Jouzel lui-même. J’ai lu les blogs climatosceptiques pour voir les arguments qui revenaient le plus souvent, et on est parti d’une idée pour la démystifier. L’apport du CNRS a été de préciser comment étaient calculés les mesures, la méthode scientifique pour chaque sujet. Certains sujets étaient plus éprouvants que d’autres, notamment celui sur les canicules où j’ai réalisé à quel point on n’est pas prêts et qu’on ne fait rien pour inverser la tendance… » raconte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

Forts du succès de cette série, Anne Brès, responsable de la communication de l’Institut des sciences de l’Univers au CNRS (CNRS-INSU), a alors proposé d’en faire un livre, toujours en collaboration avec le vulgarisateur scientifique BonPote, l’illustratrice Claire Marc et Anne Brès, sous la houlette du CNRS.

Paru en mars 2022, il se nomme « Tout Comprendre (ou Presque) sur le climat ». Déjà écoulé à 15 000 exemplaires, le but du livre est de faire de l’éducation et de la vulgarisation scientifique pour toucher le plus grand nombre de personnes possible et qu’elles se forment sur les sujets climatiques. Le Président du CNRS a également pris la décision de l’envoyer à 1000 députés français et européens.

« L’étape zéro face à ce qui nous arrive, c’est d’en avoir conscience et c’est malheureusement très très loin d’avoir été intégré par la majorité de la population. Niveau politique, il s’agit de réaliser que les sujets écologiques sont vitaux et pas assez traités et/ou financés. Les moyens alloués à la recherche baissent, ceux de surveillance des aléas climatiques aussi alors qu’ils augmentent en fréquence et en intensité. Et quand on voit certains politiques tenir une posture climato-sceptique assumée comme Anne-Laure Blin des Républicains, on réalise à quel point le chemin est long ! » explique Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

L’idée fait des émules : l’activiste Guillermo Fernandez et la présidente du conseil suisse ont acheté 50 exemplaires du livre pour les donner à leurs députés. Deux groupes du CAC40, dont le nom sera bientôt dévoilé, en ont acheté également. Face à la demande, le livre va également être traduit en anglais, tout comme le site BonPote.

« C’est génial, ça veut dire que des individus convaincus du problème s’accrochent pour faire bouger les choses en interne dans des secteurs ayant un impact écologique dantesque. Le dérèglement climatique devient un sujet incontournable, mais tout n’est pas gagné. Je pense aux ordres de grandeur tous les jours, je vois encore des influenceurs proposer des concours pour gagner des voyages en avion qui ont toujours 100 fois plus d’audience que les articles sur le dernier rapport du GIEC. Quand j’ai proposé de baisser la vitesse sur les autoroutes, j’ai reçu une menace de mort : les tensions sont de plus en plus vives. » explique Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

De fait, l’ancien ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari est un symbole du problème à lui seul. Alors que les transports représentent 31% des émissions de GES en France, il a préféré « troller les ONGs comme Greenpeace durant son mandat et fait la publicité de taxis volants et de l’avion vert, plutôt que d’investir dans des transports en commun pour tous et réduire l’impact de la voiture individuelle » énumère BonPote.

L’annonce de sa nomination en tant qu’administrateur du conseil d’administration de la société privée de voitures de luxe à hydrogène, Hopium, alors que Djebbari a lancé le plan hydrogène de 7 milliards d’euros d’investissements publics a créé la polémique. Un exemple de pantouflage flagrant, malgré tout validé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui a tout de même refusé que l’ex-ministre devienne vice-président exécutif chargé du pôle spatial de l’armateur CMA/CGM.

Face à des politiques qui privilégient leur intérêt personnel avant l’intérêt général et à la faible place du climat dans les débats télévisés lors de la présidentielle, le désespoir peut vite arriver. Mais pour Thomas Wagner, pas question de se résigner.

« Le dernier rapport du GIEC est très clair. Nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025. Il faut bien comprendre : on n’a pas 3 ans pour agir mais 40 ans de retard ! Pourtant, penser que tout est foutu n’a aucun sens. Plus tard on va agir et moins on aura d’options pour éviter les catastrophes ni les dégâts irréversibles et il y en a déjà. Le GIEC l’a bien rappelé : nous avons notre avenir climatique entre les mains. » décrypte Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

Son combat : atteindre un point de bascule social qui fait qu’une partie suffisante de la population se sent suffisamment engagée pour que les pouvoirs publics ne puissent plus ignorer l’urgence climatique et aient enfin une vision à long terme. A ses yeux, la nomination des ministres de la transition écologique et énergétique, ayant toutes deux un profil néolibéral et technoscientiste, prouvent que l’illusion de la croissance verte imprègne encore trop les politiques « alors que la littérature scientifique sur le sujet nous dit que le découplage PIB/énergie est extrêmement difficile voire impossible ».

Surtout, la justice sociale est une condition sine qua none, inscrite noir sur blanc dans le deuxième volet pour les décideurs du rapport du GIEC, pour parvenir à limiter les dégâts. Un angle mort catastrophique de la politique française, à de rares exceptions près.

« Il faut en finir avec les préjugés et idées préconçues. L’innovation n’est pas forcément synonyme de progrès, et l’optimisation fiscale qui fait perdre de l’argent à l’hôpital public non plus ! Etre écolo ou décroissant ne veut pas dire qu’on s’oppose aux technologies, on souhaite simplement une plannification pour aller vers une société écologique maximisant le bien-être de toute sa population et éviter des inégalités trop fortes vectrices de crise sociale, tout le monde devrait vouloir ça. » conclut Thomas Wagner, aka BonPote, pour La Relève et La Peste

Planification écologique : le gouvernement à trous
Mickaël Correia, Jade Lindgaard et Amélie Poinssot
www.mediapart.fr/journal/france/230522/planification-ecologique-le-gouvernement-trous

Emmanuel Macron avait promis, pendant l’entre-deux-tours, un grand tournant écologique. Si une première ministre a été nommée pour mettre en œuvre une « planification écologique et énergétique », le nouvel organigramme fait apparaître de gros trous et quelques pedigrees étonnants.

La politique qu’il mènerait dans les cinq ans à venir « sera écologique, ou ne sera pas », avait promis Emmanuel Macron lors de son meeting d’entre-deux-tours à Marseille. Il promettait, entre autres, la rénovation thermique de « 700 000 logements par an tous les cinq ans qui viennent ». Il jurait, aussi, de développer « des moyens de se déplacer en train, en vélo, en voiture électrique pour tous », de mettre « davantage de transports en commun » et allait même jusqu’à annoncer « une stratégie complètement nouvelle avec le ferroviaire et le fluvial » pour sortir du tout-camion dans le transport de marchandises.

Dès le 19 mai, pour son premier déplacement en tant que première ministre aux Mureaux (Yvelines), Élisabeth Borne a déclaré qu’elle voulait mettre le climat « au cœur de toutes les politiques ». « Compte tenu de la marche qu’il y a à faire, c’est une transformation radicale de tout : notre façon de produire, [de] se déplacer, [de] se loger, a-t-elle indiqué. Si on veut gagner cette bataille, il faut que tous les choix qu’on fait intègrent cette dimension. »

Problème : deux ministères manquent à l’appel. Dans le nouvel exécutif formé vendredi 20 mai, il n’y a ni ministre du logement ni ministre des transports. Secteurs clefs d’une transition écologique, quelle qu’elle soit, ces portefeuilles ne sont même pas attribués à un poste de ministre délégué ou de secrétaire d’État.

Ils entreront dans le giron d’Amélie de Montchalin, nommée ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Vaste ministère, donc, occupé par une personne qui ne s’est, jusqu’à présent, jamais distinguée par un engagement écologique.

Le CV d’Amélie de Montchalin montre en effet qu’elle a plutôt travaillé pour des intérêts adverses. Cette économiste néolibérale qui a été salariée chez  BNP-Paribas – l’une des banques européennes qui finance le secteur des énergies fossiles – s’est illustrée comme députée LREM de l’Essonne autant comme une ardente défenseuse de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) que par son vote en 2018 à l’Assemblée contre l’interdiction des glyphosates.

Deux secteurs clés absents

Le secteur des transports pèse 31 % dans les émissions de gaz à effet de serre, celui du bâtiment, 17 %. Ce sont donc deux secteurs clés pour amorcer la lutte contre les dérèglements climatiques. Ce sont aussi des secteurs où les connaissances et le savoir-faire, mais aussi l’existant, permettraient de réduire déjà considérablement les émissions carbone : rénovation thermique des bâtiments, autonomie énergétique pour toute nouvelle construction, maillage plus dense de transports collectifs, réhabilitation de lignes ferroviaires abandonnées…

Ce sont, enfin, des secteurs marqués par l’injustice sociale dans un pays où 1 % des plus riches ont une empreinte carbone huit fois supérieure à la moitié la plus pauvre des Français. Selon la fondation Abbé-Pierre, la France compte douze millions de précaires énergétiques, c’est-à-dire les ménages qui peinent à payer leurs factures d’électricité et de chauffage.

Chauffage à partir de gaz ou d’électricité, carburant des voitures individuelles dans des territoires enclavés : quand les prix de l’énergie flambent, ce sont les plus précaires qui sont les plus touchés. Or d’après le ministère de l’économie, la fiscalité carbone pèse encore proportionnellement quatre fois plus sur les 20 % de foyers les plus précaires que sur les 20 % de ménages les plus riches.

Une agriculture à l’écart de l’écologie

L’effacement de ces deux portefeuilles cruciaux, cependant, n’est pas la seule bizarrerie de ce nouvel exécutif annoncé comme celui de la « planification écologique ». Côté agriculture – secteur responsable de 19 % des gaz à effet de serre –, le ministère est renommé « agriculture et souveraineté alimentaire ». Cette appropriation, à la lumière de la guerre en Ukraine, d’un terme né bien avant le deuxième quinquennat Macron – concept issu des luttes paysannes et des cercles altermondialistes dans les années 1990 – cache mal le fait que ce ministère reste à l’écart, à ce stade, de la transition écologique affichée par ce gouvernement.

Le nouvel exécutif fait l’impasse, au passage, sur l’effondrement de la biodiversité. C’est pourtant un élément majeur des bouleversements écologiques en cours et, outre la lutte contre l’artificialisation des sols, la diminution de l’usage des produits phytosanitaires en agriculture en est l’un des leviers. Emmanuel Macron lui-même avait promis, dès 2017, l’interdiction du glyphosate « dans les trois ans ».

À ce jour, cet insecticide fait toujours l’objet d’un usage massif en agriculture, et les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles ont même été provisoirement réintroduits dans la culture de betteraves à l’été 2020. Le président tiendra-t-il ses promesses sous ce deuxième mandat… ? Le nouveau ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, qui a travaillé pour la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher – département de la Beauce acquis aux céréaliers de l’agro-industrie –, n’a pas encore affiché ses objectifs en la matière.

La première visite estampillée « écologie » du nouvel exécutif, ce lundi 23 mai, est à cet égard révélatrice : la première ministre Élisabeth Borne, Amélie de Montchalin et la ministre en charge de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, se sont rendues au Muséum national d’histoire naturelle de Paris pour échanger « avec des associations françaises engagées pour la protection de la biodiversité ». Marc Fesneau n’était pas présent.

Des dates tests

Trois dates vont très vite concrétiser la politique écologique de ce quinquennat. La remise d’une nouvelle copie pour la déclinaison française de la Politique agricole commune (PAC), tout d’abord. Le projet présenté cet hiver par le ministère de l’agriculture a en effet été retoqué par Bruxelles. La déclinaison française n’était pas conforme avec plusieurs engagements environnementaux de l’UE : elle s’alignait sur le moins-disant environnemental du syndicat d’exploitants agricoles FNSEA. Le gouvernement français doit remettre une copie à Bruxelles dans les prochaines semaines.

Le débat budgétaire de l’automne, ensuite. Emmanuel Macron s’est engagé durant la campagne à investir 10 milliards d’euros par an de plus pour la rénovation énergétique des logements, la mobilité bas carbone ou encore accompagner la transition écologique de l’agriculture. Le débat budgétaire pour les finances 2023 sera l’occasion de mettre en œuvre cette promesse, même si l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) estime la somme annoncée encore trop insuffisante pour l’action climatique.

La loi de programmation énergie-climat prévue pour 2023, enfin. Ce sera le grand texte du début du quinquennat en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. Son adoption mi-2023 doit permettre de rehausser l’ambition climatique du pays et sera ensuite traduite en mesures concrètes dans la nouvelle stratégie énergie-climat. Cette stratégie comprend à la fois la programmation pluriannuelle de l’énergie et du climat (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation aux changements climatiques (PNACC). Autant de dimensions pour une planification énergétique.

Un énorme retard climatique

Sur l’ensemble de ces dossiers, la France a pourtant aggravé, sous le premier quinquennat Macron, son énorme retard. Elle est le seul pays européen à n’avoir pas atteint ses objectifs en termes d’énergies renouvelables en 2020. Et selon un récent rapport de la Cour des comptes européenne, la France accorde encore davantage de subventions aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables.

Par ailleurs, le dispositif MaPrimeRénov’, mis en place en 2020 pour aider les Français à isoler leur habitat, n’améliore pas assez le bilan carbone des bâtiments. C’est la Cour des comptes qui, sur ce sujet, a relevé l’an dernier que seuls 2 500 logements étaient sortis du statut de passoire thermique, au lieu des 80 000 prévus en 2021.

Quant au mix énergétique nécessaire pour faire face aux bouleversements climatiques, il est permis de douter, à cette heure, des ambitions du nouveau gouvernement. Ancienne des milieux d’affaires des industries automobiles et fossiles, Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre en charge de la transition énergétique, possède un avis plus que tranché sur le nucléaire. Elle a qualifié en octobre dernier sur France Inter de « menteurs » ceux qui ne voient pas en l’atome une énergie incontournable pour faire face au chaos climatique – jetant au passage à la poubelle tous les scénarios scientifiques qui démontrent qu’un mix énergétique 100 % renouvelable est soutenable.

Sa nomination sied parfaitement à l’ambition atomique de ce deuxième quinquennat Macron qui débutera sur une rupture historique : la décision de relancer la construction de réacteurs nucléaires pour la première fois depuis la fin des années 1990. Cette décision intervient alors qu’EDF rencontre de graves difficultés techniques et financières, sur ses EPR en projet, mais aussi sur ses centrales existantes.

La moitié du parc nucléaire français est actuellement à l’arrêt, avec seulement 28 des 56 réacteurs en activité. Douze d’entre eux sont atteints par de graves problèmes de corrosion sur des tuyaux importants pour la sûreté des centrales. Les températures caniculaires rendent par ailleurs plus difficile le refroidissement des réacteurs, au risque de devoir arrêter d’autres installations cet été. La planification des six futurs réacteurs EPR2 va donc se heurter d’emblée à une difficile réalité industrielle, économique, et aux vastes enjeux environnementaux.

« Les personnalités choisies sont dénuées de poids politique, a réagi Greenpeace vendredi dans un communiqué. Ils et elles sont des macronistes pur jus, sans toujours avoir une expérience spécifique de leur sujet ni vision des enjeux globaux, si ce n’est une croyance aveugle dans les chimères de la croissance verte et des technologies qui n’existent pas.(…) Cette composition est donc un signe que le Président de la République manque de crédibilité, malgré les éléments de langage et le ripolinage écologique qu’il ne cesse d’asséner. »

Les jeux ne sont pas faits cependant. À trois semaines des élections législatives, ce gouvernement a peut-être une espérance de vie très limitée. Après de très nombreuses critiques venues depuis vendredi du côté des secteurs du logement et des transports, le nouvel exécutif en tout cas n’a pas voulu fermer la porte.

« Il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement, sous la supervision de la ministre Amélie de Montchalin directement placée sous la première ministre », a assuré la porte-parole Olivia Grégoire lundi, à l’issue du premier conseil des ministres.

Barne desplazatuen kopurua inoizko handiena izan zen 2021ean
Igor Susaeta
www.berria.eus/albisteak/213617/barne-desplazatuen-kopurua-inoizko-handiena-izan-zen-2021ean.htm

Bi GKEren ikerketa baten arabera, barne desplazatuak 59,1 milioi izan ziren iaz. Gatazkek 53,2 eragin zituzten, eta klima larrialdiarekin lotutako hondamendi naturalek 5,9. Ukrainako gerra dela eta, aurreikusten dute aurtengo datuak are okerragoak izatea.

Inoiz baino barne desplazatu gehiago izan ziren iaz: 59,1 milioi. Errefuxiatuentzako Norvegiako Kontseilua (NRC) eta Barne Desplazamenduen Behatokia (IDMC) GKE gobernuz kanpoko erakundeek kaleratutako azken txostenaren arabera, desplazamendu horietako gehienak gatazkek eragin zituzten, baita klima larrialdiaren ondorio diren hondamendiek ere. Ohartarazpen bat ere egin dute: Ukrainako gerra dela eta, kopuru hori txiki geratu daiteke aurten. Izan ere, zortzi milioi barne desplazatu eragin ditu oraingoz

Barne desplazatuak duela hamar urte erregistratutakoak halako bi dira, txostenean nabarmendu dutenez. «Desplazamenduak handitzen ari dira tamainan, konplexutasunean, larritasunean eta iraupenean», azaldu du IDMCko zuzendari Alexandra Bilakek, ikerketaren aurkezpenean. «Estatistikak dauzkagunetik, iazkoa da urterik okerrena», erantsi du NRCko buru Jan Egelandek.

Zehaztu dute 59,1 milioi horietatik 53,5ek gatazkek eragindako indarkeriarengatik utzi behar izan zituztela haien etxeak —2020ean baino %10ek gehiagok—, eta hondamendi naturalek 5,9 milioi barne desplazatu eragin zituztela; iaz baino %15 gutxiago.

Herrialdeei dagokienez, gatazkek 6,7 milioi barne desplazatu eragin zituzten Sirian, 5,3 Kongoko Errepublika Demokratikoan, 5,2 Kolonbian, eta 4,4 Afganistanen. Txostenak dioenez, molde horretako barne desplazamenduen %80 Afrikan gertatzen dira, hondamendi naturalek eragindakoen %57, bestalde,
Asia-Pazifikoan; hain zuzen, 1,4 milioi Afganistanen —azken hilabeteetako lehorteek gogor jo dute herrialdea—, 943.000 Txinan, eta 700.000 Filipinetan.

Bi arrazoiengatik desplazatuak

«Gauzak okertzen ari dira ez soilik Ukrainan, baita Afrikako Adarrean, Kongoko Errepublika Demokratikoan edo Latinoamerikan ere», gogoratu du NRCkoak. Txostenean azpimarratu dute, gainera, toki batzuetan bai gatazkengatik, bai klima larrialdiak eragindako hondamendiengatik gertatzen direla barne desplazamenduak; esaterako, Somalian, Afganistanen, Hego Sudanen, Mozambiken eta Myanmarren.