Articles du Vendredi : Sélection du 26 octobre 2018


Macron l’avait promis, il ne le fait pas : le budget n’a pas d’évaluation climatique
Émilie Massemin
https://reporterre.net/Macron-l-avait-promis-il-ne-le-fait-pas-le-budget-n-a-pas-d-evaluation

Lundi 15 octobre, le projet de loi de finances 2019 est entré en discussion à l’Assemblée nationale. Lors du One Planet Summit de 2017, Emmanuel Macron et Nicolas Hulot avaient promis qu’il intégrerait les engagements climatiques de la France. Un an après, il n’en est rien.

Le projet de loi de finances (PLF) 2019 (PLF 2019) est-il compatible avec les engagements climatiques de la France ? Alors que le texte est entré en discussion à l’Assemblée nationale lundi 15 octobre, la réponse est… qu’on n’en sait rien. « On n’a pas de document synthétique qui nous permette de voir d’un côté les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, chiffrés notamment dans la stratégie nationale bas carbone [SNBC], et de l’autre l’évolution de la fiscalité, la disparition des niches fiscales anti-écologiques et les investissements pro et anti-climat », déplore Kevin Puisieux, responsable économie et finance à la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), contacté par Reporterre. « Aujourd’hui, nous n’avons pas de ce document synthétique mais les équipes de Brune Poirson sont très mobilisées pour retracer le lien entre la SNBC et le PLF 2019 d’ici la fin de l’année. Car on aurait besoin de ce document synthétique pour suivre les dépenses réalisées en faveur de la transition énergétique », assure à Reporterre Bénédicte Peyrol, députée (La République en marche – LREM) de la troisième circonscription de l’Allier, co-autrice d’un rapport du comité pour l’économie verte consacré à la fiscalité environnementale.

Pourtant, lors du One Planet Summit en décembre 2017, l’exécutif s’était engagé à deux reprises à décarboner ses futurs budgets à la hauteur de ses engagements. Pendant ce sommet avait été lancée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) l’initiative « Paris Collaborative on Green Budgeting », destinée à bâtir une méthodologie pour aider les gouvernements à aligner leurs budgets avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. « Nous y contribuerons évidemment, pour montrer la répartition du budget chaque année en fonction des objectifs climatiques », avait annoncé le président de la République, Emmanuel Macron, dans son discours de clôture. Coprésident d’un des quatre groupes de travail de la matinée, le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait promis de mener ce travail dès le projet de loi de finances 2019, sans attendre le dévoilement de la boîte à outils de l’organisation internationale. « Comme ce n’était pas dans un discours, c’est passé inaperçu pour beaucoup et nous avons davantage retenu l’engagement formel de la France de travailler à une méthodologie dans le cadre de l’OCDE. Mais il l’a bien annoncé », écrit à Reporterre Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat (RAC).

« Le dossier est coincé entre le ministère de la Transition écologique et solidaire et Bercy »

Aujourd’hui, une fois constatée l’absence de document synthétique final, il est difficile de savoir exactement où en est ce processus. Côté OCDE, « cela ne fait que commencer, indique M. Puisieux. En mai, ils en étaient encore à définir un début de position et les directions de l’organisation avaient du mal à s’entendre entre elles. Soyons francs, il va falloir plusieurs années pour que cette organisation multilatérale s’accorde sur des définitions communes, décide si le travail doit être mené sur tout le budget ligne par ligne ou seulement par blocs et s’entende sur ce qui est vert et ce qui ne l’est pas ». Côté français, le grand flou règne sur qui est chargé de projet et qui en surveille l’avancement. Contactée par Reporterre, l’OCDE a commencé par dire qu’elle pensait qu’il était peut-être trop tôt pour que l’Hexagone ait intégré des idées de budgétisation verte dans son PLF 2019. Puis, trois jours plus tard et après avoir lu le texte, un de ses porte-parole a indiqué que « la France avait déjà pris des mesures concrètes pour se rapprocher de l’objectif de budgétisation verte. Par exemple, le gouvernement a mis en place une structure de reporting complète permettant de mener une analyse économique du climat et sa stratégie pour réduire les émissions de carbone est soutenue par une analyse économique du climat qui accompagne le budget général ». Mais le service presse du ministère de l’Économie et des Finances, qui pourtant pilote l’élaboration du budget, n’avait pas entendu parler de cette démarche et a fini par renvoyer Reporterre à l’hôtel de Roquelaure, siège du ministère de la Transition écologique, qui n’avait pas répondu à nos questions lundi soir.

« Le dossier est coincé entre le ministère de la Transition écologique et solidaire et Bercy, explique M. Puisieux. À Bercy, c’est le bureau de l’environnement qui suit, mais son agenda est très très long. » De manière générale, le troisième — et non le moindre — artisan du projet de loi de finances, le Premier ministre, renâcle dès qu’il s’agit de renforcer la fiscalité écologique, d’après le responsable économie et finances de la FNH. « Il y a un gros verrou au niveau de Matignon. Par exemple, une taxe sur les hydrofluorocarbures [HFC, des gaz notamment utilisés dans les systèmes de réfrigération, les aérosols et la fabrication de mousses isolantes et qui engendrent un effet de serre extrêmement puissant] avait été proposée, qui aurait pu être soutenue par la majorité à l’Assemblée nationale. Mais Matignon a dit non, et le rapporteur général a suivi. »

La question sociale ne doit pas être évacuée

Il reste donc du pain sur la planche avant de confronter le budget de la France et ses objectifs climatiques. Mais, mettre des colonnes de chiffres côte à côte ne doit pas être une fin en soi, prévient Mme Créach. « Si on aboutit seulement à un document qui dit qu’il y a des incohérences dans le budget… on le sait déjà. Un rapport de la Cour des comptes a soulevé une incohérence entre le fait de consacrer de l’argent à la rénovation énergétique à travers le crédit d’impôt pour la transition énergétique [CITE] et de continuer à favoriser les secteurs les plus polluants par le biais de niches fiscales accordées aux énergies fossiles. » Le RAC a lui-même lancé un observatoire climat-énergie pour contrôler que la France respecte bien ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, inscrits dans la SNBC et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Résultat, en 2017, nous avons émis 6,7 % de gaz à effet de serre de plus que prévu.

« La question est alors de savoir comment se remettre dans les clous. Parce qu’à chaque fois qu’on dévie des objectifs, il ne se passe rien, poursuit Mme Créach. Nous souhaitons que dès l’année prochaine, l’Élysée ou Matignon impose à chaque ministère de définir une feuille de route budgétaire et réglementaire tenant compte du climat. » « On reste cantonné au périmètre de ce qu’on considère comme logiquement lié à l’environnement mais on n’a pas le début d’une analyse de l’impact climatique des autres politiques, abonde M. Puisieux. Par exemple, chaque année, on dépense dix milliards d’euros pour orienter l’épargne privée vers une cinquantaine de niches fiscales. Or, il n’a jamais été évoqué qu’on puisse passer au scanner du climat cette énorme dépense. » Enfin, la question sociale ne doit pas être évacuée, insiste le responsable économie et finance de la FNH. En effet, aujourd’hui, la majeure partie de la hausse des recettes de la taxe carbone sert à financer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), ce cadeau fiscal accordé aux entreprises sans contrepartie. « Or, des millions de Français vont être mis en difficulté par la hausse du prix des carburants. L’argent récolté doit aider ces gens soit à changer de mode de transport, soit à rénover leur logement pour dépenser moins en chauffage. » « Plus la fiscalité verte augmente et moins les solutions pour la transition énergétique sont soutenues, moins cette fiscalité verte sera bien vécue », alerte Mme Créach.

QUELLES SONT LES MESURES ENVIRONNEMENTALES DU PLF 2019 ?

Ces propositions sont issues du projet de loi dévoilé le 24 septembre dernier par le gouvernement. Il a déjà été quelque peu modifié par la commission des finances de l’Assemblée nationale.

  • Énergies fossiles
    • Poursuite de la hausse de trajectoire de la taxe carbone et de la convergence de la fiscalité entre le diesel et l’essence. Cela se traduira par une hausse de la fiscalité de 6,50 centimes d’euro par litre pour le diesel et de 2,9 centimes d’euro par litre pour l’essence.
    • Suppression de la niche fiscale sur le gazole non routier dont bénéficient certains secteurs d’activités comme le bâtiment ou la logistique. Gain espéré pour l’État, un milliard d’euros dès 2019.
  • Rénovation énergétique des bâtiments
    • Proprogation du crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), jusqu’en 2019, avec un budget en baisse (800 millions d’euros). Report d’un an de sa transformation en prime.
    • Prorogation de l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) simplifié jusqu’à fin 2021.
    • Augmentation du montant moyen du « chèque énergie » de 150 à 200 euros par an en 2019.
    • « Sécurisation » des financements de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) afin de poursuivre l’objectif de 75.000 rénovations thermiques par an.
  • Énergies renouvelables
    • Investissements de 7,3 milliards d’euros en 2019 dans des projets d’énergies renouvelables à travers le compte d’affectation spéciale « Transition énergétique », soit une hausse de 1,3 %.
  • Transports
    • Maintien de la prime à la conversion de 1.000 euros, doublée pour les ménages non imposables.
    • Maintien aussi de la prime à l’achat d’un véhicule électrique (6.000 euros). Objectif du gouvernement, se débarrasser des 500.000 véhicules polluants d’ici la fin du quinquennat.
  • Déchets
    • Refonte de la composante « déchets » de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP-d) incluant une trajectoire de hausse sur les déchets stockés ou incinérés et la réduction à 5,5 % du taux de TVA applicable à certaines opérations de prévention et de valorisation des déchets.

CumEx files : les cinq leçons d’un scandale fiscal
Christian Chavagneux, Editorialiste
www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/cumex-files-cinq-lecons-dun-scandale-fiscal/00086611

Une vingtaine de grands médias européens ont révélé un nouveau scandale de fraude fiscale ayant pris sa source en Allemagne avant de se répandre en Europe. Les « CumEx files » analysés en France par Le Monde racontent comment un ensemble de traders, banquiers et avocats ont fraudé le paiement d’impôts sur les dividendes en brouillant les pistes des véritables détenteurs des actions et en se faisant rembourser des impôts non versés. La fraude aurait permis de détourner 55 milliards d’euros en Europe.

De ces nouvelles révélations, on peut tirer cinq leçons importantes pour lutter contre ces pratiques qui minent les démocraties.

1/ La fraude fiscale est d’abord un phénomène juridique

La fraude fiscale renvoie bien entendu à une dimension budgétaire et donc économique. Mais cette affaire vient encore une fois démontrer qu’elle prospère d’abord et avant tout sur un terreau juridique : sans professionnels du droit, pas de fraude fiscale.

La fraude fiscale met en jeu des transferts fictifs de droits de propriété

Le principe est simple : toute fraude repose sur la possibilité de découpler le lieu et la nature d’une transaction économique (toucher des dividendes, des intérêts, un salaire, faire des profits…) de l’identité de celui qui l’enregistre dans un lieu où elle sera (peu ou pas) contrôlée et (peu ou pas) taxée. On parle ici de transferts artificiels d’activité résultant d’un transfert artificiel de droits de propriété.

Les paradis fiscaux servent à frauder les administrations fiscales parce que, usant de leur souveraineté étatique, ils rédigent des lois qui autorisent ces transferts fictifs de droits de propriété. Les montages révélés par les CumEx files n’impliquent pas explicitement des paradis fiscaux, mais ils utilisent des techniques juridico-financières pour brouiller l’identité de détenteurs d’actions recevant des dividendes. Les économistes sont utiles pour comprendre la fraude fiscale, mais il faut des également des juristes – des économistes formés au droit ou des juristes formés à l’économie, une denrée rare avec les parcours spécialisés des différentes disciplines – pour forger les armes antifraude.

2/ Les intermédiaires jouent un rôle clé

Encore une fois, les CumEx files montrent que la fraude fiscale ne s’étend que grâce à un ensemble de professionnels de la finance, du droit et du chiffre. Avocats et banquiers sont pointés du doigt – BNP, Société générale et Crédit agricole dans le cas français, sans oublier l’inénarrable Deutsche Bank, qui ne sera décidément passée à côté d’aucun comportement gris –, mais sont rarement sanctionnés.

Avocats et banquiers sont pointés du doigt mais rarement sanctionnés

Là encore, les Etats peinent à embarrasser leurs champions bancaires nationaux qui, ne se livrant pas à ce genre de pratiques gratuitement, y gagnent de beaux profits. Lutter contre les paradis fiscaux sans sanctionner ces intermédiaires laisse le travail inachevé.

3/ Les innovations financières sont des armes d’opacité

Les innovations financières prennent la forme de nouveaux produits, de nouveaux acteurs ou de nouvelles règles. Dans tous les cas, elles jouent un rôle très ambivalent. Lorsque les financiers inventent le livret d’épargne, la carte à puce ou le distributeur de billets de banque, ils font un travail utile, contrôlé et ne produisant pas de risques tels qu’ils puissent être sources de crise financière. En revanche, les innovations financières des vingt dernières années ont présenté trois caractéristiques nuisibles.

La première est d’être des armes de concurrence massive. Elles sont inventées et mises en œuvre d’abord et avant tout pour gagner un avantage sur les concurrents. Elles sont l’outil d’un jeu à somme nulle qui sert en premier lieu à des transferts de revenus.

L’une des caractéristiques des innovations financières est d’offrir des services de contournement réglementaire, légal ou fiscal

La deuxième est qu’elles sont systématiquement établies pour naviguer par beau temps. Elles offrent des moyens de placement ou de gestion des risques qui paraissent toujours formidables,  mais conduisent à sous-estimer les risques et contribuent à créer un sentiment d’euphorie financière.

La troisième repose sur leur capacité à offrir des services de contournement réglementaire, légal ou fiscal. C’est justement ce à quoi ont servi les « inventions » des pratiques CumEx, dont l’enquête nous dit qu’elles proviennent à l’origine de Hanno Berger, un ancien haut fonctionnaire du fisc allemand et contrôleur de la Bourse et des banques…

Une finance saine, transparente et fiscalement irréprochable réclame une supervision intrusive des innovations financières.

4/ Optimisation et fraude ont des frontières floues

« L’arbitrage de dividendes » consiste à prêter ses actions à une banque juste avant de toucher les dividendes, puis les récupérer après, dividendes inclus mais sans avoir à payer d’impôts dessus. Les CumEx Files nous révèle qu’il s’agit  d’une pratique d’optimisation fiscale plutôt répandue, moins en France que dans d’autres pays européens, mais qui nous fait perdre tout de même, selon l’estimation du Monde, 3 milliards de recettes fiscales par an.

Rien d’illégal ? Le fisc français le dira, Gérald Darmanin ayant promis d’être « intraitable »

Réclamer ensuite un crédit d’impôt sur des impôts non payés transforme l’optimisation en fraude. Mais on voit que la limite entre optimisation et « optimisation agressive », comme on dit dans les instances internationales, est ténue. La pratique est utilisée par les investisseurs étrangers qui détiennent des actions du CAC 40 : le petit jeu de l’arbitrage leur permet d’échapper à la taxe de 15 % sur les dividendes perçus, qu’ils auraient dû acquitter.

Rien d’illégal ? Le fisc français le dira, Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics ayant promis des vérifications et d’être « intraitable » sur le sujet. Et s’ils étaient privés de cette manne fiscale, les investisseurs étrangers vendraient-ils leurs actions du CAC ?

5/ Le chacun pour soi des Etats

Depuis la crise démarrée en 2007-2008, les Etats coopèrent par l’intermédiaire de l’OCDE pour remettre en cause les pratiques fiscalement dommageables des acteurs privés. Mais la tentation du chacun pour soi est toujours là. Elle a empêché pour l’instant l’OCDE d’arriver à un compromis sur la taxation des entreprises du numérique, ainsi que sur la remise en cause totale des pratiques fiscales douteuses des multinationales, faute d’accord sur qui pourrait récupérer la base taxable perdue jusqu’alors.

Si on peut récupérer de l’argent sur le dos des autres, allons-y !

Le Monde souligne également que, découvrant la fraude dont il était victime, le fisc allemand a mis du temps à prévenir les autres pays européens, que le fisc danois a « oublié » de prévenir la France… En clair : si on peut récupérer de l’argent sur le dos des autres, allons-y ! Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de coopération entre Etats européens. Mais qu’elle trouve rapidement ses limites.

Il faudra sûrement encore d’autres scandales, d’autres révélations et d’autres indignations pour aller jusqu’au bout de lutte entamée ces dernières années contre l’évitement fiscal. Les journalistes et les organisations non gouvernementales (ONG), organisés de manière mondialisée comme les pratiques qu’ils combattent, y auront largement contribué.

Le prochain krach financier est imminent, et il pourrait avoir pour déclencheur la crise des ressources en Chine.
Insurge Intelligence, Nafeez Ahmed, le 12 septembre 2018
www.les-crises.fr/le-prochain-krach-financier-est-imminent-et-il-pourrait-avoir-pour-declencheur-la-crise-des-ressources-en-chine-par-nafeez-ahmed

En trois décennies, la valeur énergétique des réserves intérieures chinoises de pétrole, de gaz et de charbon, a chuté de moitié. Le ralentissement économique de la Chine pourrait être l’un des principaux déclencheurs de la crise financière mondiale à venir. Cependant, l’un de ses principaux facteurs – la diminution de la production intérieure chinoise d’énergie peu coûteuse – est mal compris des économistes orthodoxes.

Tous les regards sont tournés vers la Chine au moment où le monde se prépare à une nouvelle récession économique mondiale prédite par de plus en plus d’analystes financiers.

Dans une interview accordée à la BBC à l’occasion du 10e anniversaire de la crise financière mondiale, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a décrit la Chine comme « l’un des plus grands risques » pour la stabilité financière mondiale.

« Le secteur financier chinois s’est développé très rapidement, et ce sur des bases qui ressemblent fortement à celles de la dernière crise financière », a-t-il mis en garde :

« Est-ce que quelque chose comme ça pourrait se produire de nouveau ?… Est-ce qu’il pourrait y avoir un déclencheur de crise ? – si nous sommes trop sûrs de nous, bien sûr, c’est possible. »

Depuis 2007, la dette de la Chine a quadruplé. Selon le FMI, elle représente au total aujourd’hui environ 234 % du PIB brut, et pourrait atteindre 300 % d’ici 2022. Le journaliste financier britannique Harvey Jones fait état d’une série d’observations de plusieurs économistes qui mettent essentiellement en garde contre le fait que les données officielles pourraient ne pas refléter la décélération réelle de l’économie de la Chine.

On espère vivement qu’il ne s’agit là que d’un phénomène temporaire, la Chine opérant actuellement la transition depuis une économie axée sur la production industrielle et les exportations vers la consommation intérieure et les services.

Dans le même temps, le taux de croissance annuel de la Chine continue de baisser. Le Foreign Office britannique (FCO) suit de près les difficultés économiques de la Chine et, lors d’une série de réunions d’information mensuelles cette année, il a dressé un tableau de ce qui semble être un déclin inévitable.

Le mois dernier, le China Economics Network [Réseau économique de Chine, NdT] du FCO, basé à l’ambassade britannique de Pékin, a signalé que l’économie chinoise s’était « encore affaiblie… avec des indicateurs en baisse générale ».

Le rapport l’a constaté : « L’investissement, la production industrielle et les ventes au détail ont tous fléchi, malgré les mesures incitatives », et a noté que les mesures chinoises très énergiques pour soutenir la croissance économique étaient en perte de vitesse.

Le ralentissement économique de la Chine coïncide d’ailleurs avec les anticipations selon lesquelles le plus long mouvement de hausse du marché boursier de Wall Street pourrait bientôt prendre fin.

Mark Newton est un ancien de Wall Street, ancien analyste technique en chef du fonds spéculatif de plusieurs milliards de dollars Greywolf Capital, et auparavant stratège technique de Morgan Stanley.

Newton pronostique que le marché boursier américain est sur le point d’atteindre un pic qui sera suivi d’une chute massive de 40 à 50 % à partir du printemps 2019 ou au plus tard en 2020. Il a expliqué que :

« Techniquement, des signes avant-coureurs ont commencé à apparaître. Il s’agit d’une divergence négative du momentum (un indicateur qui peut signaler un renversement de tendance en attente), ce qui s’était déjà produit avant les pics des principaux marchés, dont ceux des années 2000 et 2007. »

Les prévisions de Newton sont similaires à celles de l’économiste américain Robert Aliber, professeur à la Booth School of Business de l’Université de Chicago. Plus tôt cette année, INSURGE [une plate-forme de journalisme d’investigation qui fonctionne avec une financement participatif, NdT] a rendu compte en exclusivité de la prévision par Aliber d’un krack boursier (40-50% en 2018 ou peu après), sur la base des analyses des crises bancaires précédentes.

La vulnérabilité des économies américaine et chinoise – sans parler de la kyrielle d’autres faiblesses dans de nombreux autres pays, depuis le Brexit jusqu’à l’Italie en passant par la Turquie – démontre que, quel que soit le déclencheur réel, l’impact qui en résultera aura probablement un effet domino sur de nombreuses autres faiblesses liées les unes aux autres. Cela pourrait bien conduire à un scénario de krach financier mondial bien pire que celui qui a commencé en 2008.

Mais les analystes financiers ont complètement oublié un moteur biophysique plus profond de la chute économique de la Chine : l’énergie.

En octobre dernier, INSURGE a attiré l’attention sur une nouvelle étude scientifique menée par l’Université Chinoise du Pétrole de Pékin, qui a révélé que la Chine est sur le point d’atteindre le pic de sa production pétrolière dès 2018. Faute de trouver un approvisionnement alternatif en « nouvelles ressources énergétiques abondantes », prévient l’étude, le pic de production pétrolière de 2018 – pétrole conventionnel plus non conventionnel – sapera la croissance économique continue de la Chine et « remettra en cause le développement durable de la société chinoise ».

Ces conclusions ont été corroborées par un nouvel article publié en février dernier dans la revue Energy, également dirigée par une équipe de l’Université chinoise du pétrole. L’étude fait appel à la mesure du Taux de Retour Énergétique (TRE), qui est le ratio – simple mais efficace – entre la quantité d’énergie consommée pour l’extraction et une quantité d’énergie extraite. L’équipe a tenté d’affiner le calcul du TRE, notant que les calculs standard de ce rendement se basent sur l’énergie produite au niveau du puits rapportée à celle utilisée pour l’extraire, alors qu’une mesure plus précise prendrait en compte l’énergie disponible au « point de consommation » (après non seulement extraction, mais aussi transformation et transport jusqu’au point d’utilisation concrète).

En utilisant cette approche du TRE, l’étude constate que sur une période d’environ trois décennies (entre 1987 et 2012), le rendement de l’extraction des combustibles fossiles domestiques de la Chine a diminué de plus de moitié, passant de 11:1 à 5:1 [C’est-à-dire qu’il faut désormais consommer une tonne de pétrole pour en extraire 5, NdT].

Cela signifie que de plus en plus d’énergie est consommée pour extraire une quantité décroissante d’énergie : un processus qui sape progressivement le rythme de la croissance économique.

Un constat similaire vaut pour la consommation de charbon de la Chine : « En 1987, les secteurs de production d’énergie consommaient en moyenne 1 tonne équivalent charbon standard (TEC) d’énergie pour produire 10,01 TEC d’énergie nette. Mais en 2012, ce rapport est tombé à 4,25. » L’étude utilise ces données pour simuler l’impact sur le PIB de la Chine et conclut que la baisse du PIB de la Chine est directement liée à la baisse du TRE, c’est-à-dire de la valeur énergétique de ses ressources intérieures en hydrocarbures.

Mais la Chine n’est pas la seule à connaître un déclin de son TRE. Il s’agit d’un phénomène mondial, qui a récemment été noté dans un rapport scientifique aux Nations unies que j’ai couvert pour VICE [un média canadien en ligne, NdT], qui a averti que l’économie mondiale dans son ensemble entrait dans une ère nouvelle de déclin de qualité des ressources.

Cela ne signifie pas que nous sommes « à court » de combustibles fossiles – mais cela signifie qu’à mesure que la qualité des ressources de ces combustibles diminue, nous augmentons les coûts qui pèsent sur notre environnement et nos systèmes de production, qui tous deux ont un impact croissant sur la vitalité de l’économie mondiale.

Tant que les grandes institutions économiques resteront aveugles aux fondements biophysiques fondamentaux de l’économie, comme Charles Hall et Kent Klitgaard l’ont magistralement exprimé dans leur ouvrage phare, Energy and the Wealth of Nations : An Introduction to BioPhysical Economics [L’énergie et la richesse des nations : Une introduction à l’économie biophysique, NdT], ils resteront dans l’ignorance des raisons structurelles fondamentales pour lesquelles la configuration actuelle du capitalisme mondial est si sujette à des crises et à des effondrements récurrents.

Nafeez Ahmed est le fondateur d’INSURGE Intelligence. Il est journaliste d’investigation depuis 17 ans, anciennement au journal The Guardian, où il a rendu compte de la géopolitique des crises sociales, économiques et environnementales. Nafeez couvre le ‘changement global du système’ pour la chaîne ‘Motherboard’ du média canadien VICE, et la géopolitique régionale pour Middle East Eye. Il publie dans The Independent on Sunday, The Independent, The Scotsman, Sydney Morning Herald, The Age, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, New York Observer, The New Statesman, Prospect, Le Monde diplomatique, etc. Il a remporté à deux reprises le Project Censored Award pour ses reportages d’investigation. Il est apparu deux fois dans la liste des 1 000 plus londoniens les plus influents du Evening Standard et a remporté le prix Naples, le prix littéraire le plus prestigieux d’Italie créé par le Président de la République. Nafeez est également un universitaire interdisciplinaire largement publié et cité qui applique l’analyse de systèmes complexes pour étudier la violence écologique et politique.

Lordon, Casaux, Ziegler, etc. : faut-il être anticapitaliste pour « sauver la planète » ?
Jean Gadrey
https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2018/10/16/lordon-casaux-ziegler-etc-faut-il-etre-anticapitaliste-pour-sauver-la-planete

 

Frédéric Lordon vient de poster sur son blog un texte qui condamne « sans appel » divers appels qui ont circulé récemment, en particulier sur le climat. Ce texte s’intitule « Appels sans suite ». En voici trois courts passages pour ceux et celles qui ne l’auraient pas lu (mais ils ou elles devraient le faire) : « Que faire quand les choses vont mal ? Des appels bien sûr. Pour demander qu’elles aillent mieux, naturellement. C’est important que les choses aillent mieux… » … « On se demande combien de temps encore il faudra pour que ces appels à sauver la planète deviennent capables d’autre chose que de paroles sans suite, de propos en l’air et de mots qui n’engagent à rien — pas même à articuler le nom de la cause : capitalisme. »… … « Ce qui détruit la planète, ça n’est pas l’« homme » : c’est le capitalisme. On comprend que de partout, entre niaiserie humaniste des uns et refus catégorique des autres, on peine à se rendre à cette idée qui, si elle était prise au sérieux, serait, en effet, de quelque conséquence. »

Il se trouve que, comme signataire de certains de ces appels, je suis concerné par ce réquisitoire, que je prends d’ailleurs au sérieux en dépit de son ton polémique, qui fait partie des charmes d’écriture de Frédéric Lordon. J’ai un peu de mal à me situer entre la niaiserie humaniste et le refus catégorique de prendre parti sur le capitalisme…

Lordon n’est pas le seul à sembler faire du combat explicite contre le capitalisme la précondition ou le cadre nécessaire de toute mobilisation pour sauver le climat, ou ce qui peut encore l’être.

C’est ainsi que Jean Ziegler estime pour sa part que « Pour sauver la planète, il faut détruire le capitalisme » et que Nicolas Casaux, que je ne connaissais pas avant de le découvrir sur Facebook, s’en prend aux nombreux jeunes youtubeurs talentueux qui se sont engagés collectivement pour le climat (et dont la vidéo a été vue à ce jour plus de 9 millions de fois !). Il écrit ainsi : « nos youtubeurs… embrayent directement sur divers problèmes plus ou moins spécifiques… sans poser de diagnostic, sans déterminer la cause des problèmes, sans cibler le système économique dominant — le capitalisme. »

J’explique en deux temps mon désaccord (partiel) avec ces points de vue, en privilégiant l’analyse de Frédéric Lordon qui est la plus complète et la plus radicale. Je serai bref sur le rôle du capitalisme dans l’effondrement écologique en cours, un peu plus explicite sur la condamnation sans appel de ces appels divers et de diverses autres initiatives, dont celles qui concernent la décroissance ou la post-croissance. Il faut d’ailleurs reconnaître à Lordon une certaine constance dans son manque d’appétence pour la critique de la croissance : « C’est d’ailleurs là le mot magique : pour ne pas avoir à dire « capitalisme », il suffit de dire « décroissance » ou, si la chose sent encore un peu trop le macramé, « post-croissance ». Brillant comme d’hab. mais pas forcément juste, j’y viens.

LE CAPITALISME, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE LA PLANÈTE ? OUI

Sur ce premier point, je vais faire court car je m’en suis souvent expliqué ici et là, notamment dans ce billet de blog de 2010, qui m’a valu quelques réserves des plus sociaux-démocrates de mes amis (ils se reconnaîtront) : « Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ? ». J’y présentais « neuf caractéristiques structurelles du capitalisme qui font douter de sa capacité à nous sortir de la zone des tempêtes à répétition. » et je concluais ainsi : « il me semble que ceux mes amis qui pensent qu’un capitalisme régulé pourrait faire l’affaire devraient tenter soit de répondre aux questions qui précèdent, soit de m’expliquer en quoi elles sont mal posées. »

Je suis donc d’accord avec Lordon, Ziegler, Casaux et d’autres sur l’énorme responsabilité (dans l’effondrement écologique mais aussi dans d’autres domaines) du capitalisme et de ses acteurs, et plus encore du capitalisme financier dont Lordon est l’un des meilleurs analystes. Il y a certes cet argument : on a connu, dans l’histoire, des systèmes non capitalistes tout aussi productivistes et destructeurs des écosystèmes. Exact, mais… il n’y en a plus… Une variante : certaines grandes entreprises publiques (non capitalistes) ont été ou sont encore clairement « climaticides », de même que certaines collectivités locales qui encouragent et financent de « grands projets inutiles », des aéroports par exemple, etc. C’est vrai, mais on peut rétorquer que le capitalisme néolibéral, avec ses lobbies, ses moyens de corruption, sa capacité à faire élire certains de ses meilleurs avocats et à orienter les grands médias (qu’il possède), est très largement à la manœuvre dans ces orientations publiques.

On peut donc passer au point suivant.

FAUT-IL ÊTRE EXPLICITEMENT ET PRIORITAIREMENT ANTICAPITALISTE POUR « SAUVER LA PLANÈTE » ?

Pour moi, cette option désigne une stratégie d’une part perdante, d’autre part contradictoire avec ce que Frédéric Lordon lui-même écrivait dans son livre de 2009 « la crise de trop », qui est toujours pour moi une grande référence, je reste un étudiant de la « Lordon School of Economics »… Dans ce livre, les perspectives d’un dépassement du capitalisme ne sont évoquées qu’à l’extrême fin, dans une « projection » fort intéressante intitulée « Et pourquoi pas plus loin ? ». Mais le gros des propositions pour sortir de la crise, rassemblées dans les parties I (« Arraisonner la finance ») et II (« Défaire le capitalisme antisalarial » [traduisez : capitalisme actionnarial et financier]), est constitué de « réformes » certes ambitieuses mais qui ne consistent en rien à se débarrasser du capitalisme. Je cite : « à défaut du grand saut postcapitaliste, une transformation suffisamment profonde des structures actionnariales et concurrentielles serait déjà à même de produire le renversement non pas du capitalisme tout court, mais de ce capitalisme-là, le capitalisme antisalarial » (p. 160). Et, deux pages avant : « Le parti que je prends ici tient l’hypothèse que la sortie du capitalisme, dût-on le regretter, est l’issue la moins probable de la crise actuelle ». Positions que je partage depuis longtemps.

Ce qui me sépare des points de vue critiques des « appels » en tout genre sur le climat ou sur le dogme de la croissance, ou de la critique des youtubeurs par Casaux, ne réside pas dans la portée, assez faible, de ces appels que je signe parfois. Non, ce qui me sépare est qu’il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à des initiateurs/trices ou signataires de ces textes, ou aux youtubeurs, de ne pas désigner explicitement le capitalisme comme adversaire principal. La seule question que je me pose avant de signer ou pas est : la cause ou les causes que ce texte met en avant, et ce qu’il revendique, invitent-ils ou non à agir en vue d’une réforme significative du « système » actuel dans ce qu’il a de plus détestable ? Ce n’est guère différent de mon attitude à l’égard de ce que Lordon propose pour « arraisonner la finance ».

Prenons l’exemple de l’appel « nous voulons des coquelicots » (encore un que j’ai signé, en me déplaçant jusqu’à une mairie le 5 octobre pour le faire connaître). J’imagine que ça fait bien rigoler Lordon, Casaux et d’autres, qui doivent trouver ça au mieux « fleur bleue », si j’ose dire. Or de quoi est-il question : d’interdire les pesticides de synthèse, en tentant de mobiliser bien au-delà des cercles écolos usuels. Difficile de trouver plus clairement « anticapitaliste » : les multinationales des pesticides sont les premières cibles, avec l’agrobusiness. C’est assez comparable à l’interdiction des produits toxiques… des banques.

Pourtant, le capitalisme n’est pas désigné en tant que tel dans l’appel. Ni dans les innombrables actions de désobéissance civique menées pour mettre fin aux paradis fiscaux ou aux investissements « climaticides » des banques.

Depuis plus de quinze ans que j’ai quitté la recherche, je baigne dans des réseaux associatifs militants et je vois autrement les possibilités de s’en prendre au « système » en le mettant en difficulté par tous les bouts possibles, partout où il s’en prend à des biens communs auxquels les gens tiennent. Parmi ces biens communs à reconquérir en les « sortant du capitalisme financier », on trouve la monnaie et le climat, mais aussi la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, une alimentation saine, la qualité de l’air en ville, les terres arables et les sols vivants, les forêts, etc.

Mon hypothèse est, d’une part, que le néolibéralisme et le capitalisme financier ont plus à craindre de ces nouveaux mouvements sociaux autour de biens communs multiples que des discours anticapitalistes. Et que, d’autre part, la prise de conscience de la nocivité du « système » du capitalisme financier et de ses multinationales a plus de chances de se développer au cours de ces mouvements qu’en l’exigeant comme préalable à l’action.

Quant aux « appels », un peu d’observation de ce qu’ils produisent est utile. Pour certains, rien de significatif, c’est vrai. Mais d’autres produisent du débat public et de l’action collective, par exemple le 8 septembre et le 13 octobre dernier à propos du climat. Et ce que j’ai vu, en participant à des réunions de préparation des actions (300 personnes à Lille pour préparer une marche qui a rassemblé 5000 personnes), c’est la forte présence de personnes, souvent jeunes, qui n’avaient jamais milité nulle part. Et qui sont souvent venues à la suite de ces « appels », dans la mesure où ils ont été relayés sur le terrain.

ANNEXE : voici un court extrait d’une interview de Christophe Bonneuil (Basta, 16 octobre), avec laquelle je suis en phase.

« Après l’effacement de tant de systèmes politiques au cours des 50 derniers siècles et alors que de toutes parts nous parviennent des rapports sur les bouleversements qui affectent la Terre, n’est-il pas téméraire de considérer le capitalisme industriel et consumériste comme immortel ? Étant donné qu’il est la cause du dérèglement planétaire, il me semble plutôt intéressant de penser son effondrement, voire même de le préparer !

Comment ?

En multipliant par exemple les actes de non-coopération avec le modèle consumériste, en résistant aux dérives fascisantes ou aux oppressions que la crise écologique ne manque pas de favoriser, en s’opposant aux projets inutiles et à la poursuite de l’extraction des énergies fossiles comme des minerais, en renforçant les alternatives qui émergent. A l’image du « dernier homme » post-apocalyptique et individualiste hollywoodien, je préfère plutôt l’image des collectifs qui participent à l’effondrement d’un vieux monde productiviste : ceux qui bloquent les mines et font chuter le cours des actions des multinationales, ceux qui réinventent des communs – du mouvement de la transition aux zones à défendre. Une autre fin du monde est possible ! »

 

Klima aldaketari buruzko nazioarteko konferentzia egingo dute martxoan Donostian
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Guztira, alor horretako berrogeita hamar aditu inguru eta Lurraren berotzearen aurka lanean ari diren hainbat pertsona elkartuko dira Gipuzkoako hiriburuan.

Change the Change klima aldaketari buruzko kongresua egingo dute 2019ko martxoaren 6tik 8ra bitartean Donostian. Guztira, alor horretako 50 aditu inguru eta Lurraren berotzearen aurka lanean ari diren hainbat pertsona elkartuko dira Gipuzkoako hiriburuan. Eusko Jaurlaritzako Ingurumen, Lurralde Plangintza eta Etxebizitza Sailak bultzatu du kongresua, Trantsizio Ekologikorako Ministerioaren, Gipuzkoako Diputazioaren eta Donostiako Udalaren laguntzarekin. Antolatzaileen aurreikuspenen arabera, enpresa, unibertsitate, ikerketa eta teknologia zentroetako, gobernuz kanpoko erakundeetako eta erakunde sozialetako 600 ordezkari bilduko dira bertan. Kongresuan, gai hauek jorratuko dituzte: “Planetaren osasuna: ekintzarako zientzia”, “hiri zein eskualde ingurunea”, “hiriak”, “jasangarritasuna”, “energia trantsizioa”, “ekonomia”, “hezkuntza, kultura eta gizartea” eta “emakumeen lidergoa”.