Articles du Vendredi : Sélection du 25 septembre 2020


Australie, Russie, Brésil… : depuis un an, des incendies ravageurs liés au réchauffement climatique
AFP
www.sudouest.fr/2020/09/18/australie-russie-bresil-depuis-un-an-des-incendies-ravageurs-lies-au-rechauffement-climatique-7861714-706.amp.html

Depuis un an, des incendies liés aux activités humaines et au réchauffement climatique ont détruit des millions d’hectares de forêt sur toute la planète. Comme aux États-Unis où des incendies font rage dans l’ouest, plusieurs pays ont été récemment ravagés par des feux attribués à l’impact du réchauffement climatique mais aussi à des brûlis qui échappent à tout contrôle.

Brésil

Entre janvier et août, les incendies de forêt ont concerné 121 318 km2 au Brésil, dont 34 373 km2 dans la région amazonienne et 18 646 km2 dans le Pantanal, plus grande zone humide de la planète, selon l’Inpe, un organisme gouvernemental. Les feux débutent chaque année en juin/juillet avec la saison sèche et durent jusqu’en octobre. Ils sont dus essentiellement aux brûlis traditionnels, qui souvent deviennent hors de contrôle, comme cette année au Pantanal en raison d’une sécheresse exceptionnelle. Egalement en cause, l’élimination des restes des abattages d’arbres de l’année précédente, surtout en Amazonie, où pratiquement tous les feux sont illégaux. En 2019, la recrudescence des incendies en Amazonie avait provoqué une vive émotion dans le monde, suscitant des critiques de la politique environnementale du président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Ce dernier a déclaré mi-août que les incendies ravageant la forêt amazonienne étaient un « mensonge ».

Argentine

Frappé par une terrible sécheresse, le delta du fleuve argentin Parana, un des plus puissants et riche en biodiversité du monde, est en proie depuis le début de l’année à des incendies sans précédent.

Au total, les feux ont affecté onze provinces argentines sur 23, détruisant quelque 120 000 hectares. Selon le ministère de l’Environnement, 95% des feux de forêt sont dus à l’homme: mégots de cigarettes mal éteints, feux de camp, terres abandonnées et brûlis. Le manque de précipitations, les températures élevées, le faible taux d’humidité ou encore les vents forts contribuent à leur propagation.

Australie

Entre fin 2019 et début 2020, des feux de forêt ont ravagé en Australie une zone frappée par la sécheresse plus vaste que le Portugal, tuant une trentaine de personnes et déplaçant ou tuant près de trois milliards d’animaux. Il s’agit des feux de brousse les plus étendus et les plus longs de l’histoire moderne du pays. Leur gravité est due selon les scientifiques à l’impact du réchauffement climatique. Cette crise a déclenché des nouveaux appels exhortant le gouvernement conservateur à agir rapidement contre le réchauffement, dont une réduction de la dépendance du pays au charbon. L’Australie a connu en 2019 son année la plus chaude et la plus sèche d’après les statistiques disponibles, avec un record de 41,9 degrés en décembre.

Russie

Cet été le service de protection aérienne des forêts a lutté contre au moins 197 incendies sur le territoire russe, sur plus de 43 000 hectares, principalement dans la région de Iakoutie. Plus de 380 000 autres hectares ravagés par les flammes n’étaient pas concernés par la lutte contre les incendies, la politique gouvernementale consistant à ne pas combattre les foyers dans des zones trop isolées à travers les immenses forêts inhabitées de Sibérie. Cette politique avait suscité des critiques l’été dernier, lorsque la fumée avait atteint certaines des villes les plus peuplées de Sibérie. Le président Vladimir Poutine avait finalement envoyé l’armée éteindre les incendies, alors que plus de 3,2 millions d’hectares brûlaient.

Selon le service européen Copernicus sur le changement climatique, les gigantesques incendies cet été en Sibérie ont été favorisés par des températures record dépassant en moyenne de plus de 5°C les normales de saison, ainsi que par des sols moins humides que la normale. Ils ont provoqué des émissions record de CO2, gaz à effet de serre.

Indonésie

L’Indonésie, où de vastes incendies ont ravagé en 2019 les forêts des îles de Sumatra et Bornéo (1,6 million d’hectares détruits), générant fumées toxiques et émanations de gaz à effet de serre massives, a déployé cette année des dizaines de milliers de personnes et des avions bombardiers d’eau contre les premiers feux.

Les incendies sont souvent déclenchés pour préparer des parcelles pour l’agriculture, comme les plantations d’huile de palme, mais finissent par échapper à tout contrôle.

Les 1 % les plus riches sont les premiers responsables du changement climatique
Reporterre
https://reporterre.net/Les-1-les-plus-riches-sont-les-premiers-responsables-du-changement-climatique

Les 25 dernières années ont été marquées par une croissance sans précédent des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Sur cette période, les 1 % les plus riches de la population mondiale ont été responsables de plus du double des émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité (environ 3,1 milliards de personnes). Et la France n’échappe pas à cette tendance, montre le nouveau rapport Combattre les inégalités des émissions de CO2 d’Oxfam, issu de recherches menées avec le Stockholm Environment Institute (SEI).

Le rapport présente une analyse des émissions liées à la consommation de différents groupes de revenus entre 1990 et 2015, 25 années au cours desquelles l’humanité a doublé la quantité de dioxyde de carbone émise dans l’atmosphère. En voici les résultats :

  • Au niveau mondial, les 10 % les plus riches de l’humanité ont été à l’origine de plus de la moitié (52 %) des émissions cumulées entre 1990 et 2015. Et les 1 % les plus riches représentaient à eux seuls plus de 15 % des émissions cumulées pendant cette période, soit plus que les émissions totales cumulées de l’ensemble des citoyen-ne-s de l’Union européenne (UE), et deux fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité (7 %).
  • Au cours de ces 25 années, les 10 % les plus riches de la planète ont ainsi consommé un tiers (31%) du budget carbone mondial encore disponible pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, alors que les 50 % les plus pauvres n’avaient consommé que 4 % du budget carbone.
  • Les inégalités sont telles que les 10 % les plus riches épuiseraient à eux seuls ce budget d’ici 2033, et ce même si les émissions du reste de la population mondiale devenaient nulles dès demain.
  • La période comprise entre 1990 et 2015 a connu une croissance annuelle de près de 60 % des émissions mondiales de CO2. Les 5 % les plus riches étaient responsables de plus d’un tiers (37 %) de la croissance totale des émissions.
  • En France, les inégalités sont aussi très marquées : sur la période 1990-2015, les 10% les plus riches ont été responsables de plus d’un quart des émissions cumulées de CO2 (27%), soit presque autant que la moitié la plus pauvre de la population française (28%). Et en 2015, l’empreinte carbone moyenne des 1 % les plus riches était 13 fois plus élevée que celle des 50% les plus pauvres (50,7 tonnes de CO2 par an contre 3,9 tonnes de CO2)

Pour Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat chez Oxfam France, « la surconsommation d’une minorité aisée alimente la crise climatique, mais ce sont les communautés pauvres et les jeunes générations qui en paient le prix fort. »

Marchons pour réduire le trafic aérien
Par Un collectif
www.liberation.fr/debats/2020/09/16/marchons-pour-reduire-le-trafic-aerien_1799545

Devant l’urgence climatique, des personnalités civiles, scientifiques et militants se rassembleront, partout en France, le 3 octobre pour défendre une réduction du trafic aérien et un plan de reconversion du secteur pensé avec les salariés.

Tribune. L’impact de l’aviation civile sur le dérèglement climatique est nettement sous-évalué. Les chiffres habituellement retenus omettent les gaz autres que le CO2. La filière est ainsi responsable de plus de 7% de l’empreinte carbone de la France, comme le montrent les estimations de BL Evolution. Leur étude, publiée en juillet, «Climat, pouvons-nous (encore) prendre l’avion ?» pose une question à laquelle il est urgent de répondre collectivement. Quand prendre l’avion pour effectuer un trajet est en moyenne 14 à 40 fois plus polluant qu’utiliser le train, il est clair que ce mode de transport nous éloigne des objectifs fixés par l’accord de Paris.

D’autant plus quand on voit les objectifs de croissance du secteur : depuis plusieurs décennies, le trafic aérien double tous les quinze ans et les projets de construction de nouvelles infrastructures aéroportuaires se multiplient dans le monde. En France, des projets comme l’extension du terminal 2 à Nice ou du terminal 4 à Roissy prévoient une augmentation respective du trafic de l’aéroport de plus de 50% d’ici 2030 et de 38% d’ici 2037.

Le progrès au service d’une illusion verte

Poussés dans leurs retranchements, les acteurs du secteur proposent des pistes pour continuer à voler. «L’avion vert» mise sur de nouveaux gains d’efficacité qui permettraient de rendre l’aviation plus «écologique». Mais ce graal est un mythe : «Le transport aérien fait partie des quelques secteurs pour lesquels il n’existe pas, à court ni moyen termes, d’alternative technologique « décarbonée »»? conclut un rapport du Shift Project.

La trajectoire actuelle, rendue acceptable par l’idée de «croissance verte», nous emmène en réalité vers une augmentation des émissions du secteur aérien qui consommerait à lui seul l’équivalent du budget carbone de la France en 2050. Alors que fait-on ? On arrête de manger, de se chauffer et de se vêtir pour qu’une minorité de la population continue de voler ?

La réduction du trafic aérien

Comme le montrent bien les différents scénarios du rapport de BL Evolution, le seul moyen de s’aligner sur l’accord de Paris est de diminuer drastiquement le trafic aérien. En France, la moitié des déplacements par avion est le fait de 2% de personnes. Les mesures nécessaires à la diminution du trafic ne concerneront donc que les personnes qui ont les moyens et l’habitude de prendre l’avion. Car si les déplacements en avion sont devenus légèrement plus accessibles, prendre l’avion reste un marqueur social fort, confirmant la corrélation entre empreinte carbone individuelle et niveau de vie.

Des mesures sont à mettre en place dès maintenant pour emprunter cette voie. Réduire le trafic, c’est réduire le nombre d’avions en vol et donc cesser d’augmenter la capacité d’accueil des aéroports. Un arrêt des projets de construction, d’extension et d’aménagement des aéroports doit être décidé dès maintenant. Les vols pour lesquels une alternative existe en train en moins de cinq heures (a minima) doivent être supprimés, et l’offre de train de jour et de nuit améliorée et renforcée pour accompagner ce changement et son extension progressive.

Les avantages financiers mis en place pour inciter les gens à prendre l’avion doivent être retirés. L’exonération de taxe du kérosène peut et doit être supprimée au niveau national, et la TVA sur les billets ramenée au taux normal de 20%. Les subventions régionales et locales aux aéroports et aux compagnies aériennes doivent également être supprimées et redirigées vers des secteurs d’intérêt collectif. Ces mesures permettraient de rétablir un peu de justice fiscale en faisant cesser l’effort économique fourni par toute la population pour maintenir une minorité de personnes dans les airs. Elles auront également un impact énorme sur l’amélioration de la qualité de vie et la santé des riverains d’aéroports et des populations survolées qui souffrent quotidiennement des nuisances de ce mode de transport.

La question de la régulation voire l’interdiction des jets privés et des vols d’affaires se pose également. L’exemple de la ligne Nice-Monte-Carlo qui fait en six minutes ce que le train fait en vingt et une minutes, et ce 48 fois par jour, illustre combien ces derniers cristallisent injustice sociale et climatique.

Un plan de reconversion

La réduction du trafic aérien aura un impact sur les emplois disponibles dans ce secteur. Ces emplois sont aujourd’hui soumis à des décisions politiques et économiques sans concertation avec les salariés, comme les plans sociaux massifs à Air France, à Airbus et chez de nombreux sous-traitants, malgré le plan d’aide gouvernemental.

Or, les salariés sont les plus à même de préparer la reconversion de leur secteur d’activité. Nous demandons un plan de reconversion de l’industrie et des emplois du secteur de l’aéronautique où les employés, élus et citoyens dialoguent ensemble pour penser la réorganisation de notre système de mobilité intégré à la réalité de nos territoires. Le savoir-faire des salariés doit être déployé dans des secteurs compatibles avec une société soutenable : développer la relocalisation des emplois avec le tissage d’un réseau local, redynamiser le tourisme local, les mobilités douces, la sobriété énergétique, développer le réseau ferroviaire avec la réhabilitation des trains de nuit intégrés dans un réseau européen et rendre ces transports accessibles à tout le monde. Davantage de ressources humaines et financières doivent être allouées à la conception de bateaux à voile et de dirigeables, et à d’autres solutions d’avenir permettant de réellement réduire l’impact du trafic aérien.

Une mobilisation de Bayonne à Paris

Parce que nous n’avons pas d’autre choix devant l’urgence climatique, nous marcherons le 3 octobre vers les aéroports, dans la non-violence et le respect des personnes, pour demander la réduction du trafic aérien et la mise en place d’un plan de reconversion et de formation pour les employés du secteur. A travers des marches, des vélorutions, des rassemblements, des occupations d’aéroports et des actions déterminées, nous nous réapproprierons cet espace. A Bayonne, Bordeaux, Clermont, Lille, Marseille, Nantes, Nice, Paris, et bien d’autres villes, nous marcherons pour la justice économique, sociale et climatique afin de ne laisser personne sur le carreau ! Bien plus qu’un voyage, nous proposons un aller simple pour une aventure qui va mobiliser notre imagination, notre audace, notre intelligence collective et émotionnelle : créer une société soutenable et juste.

Les premiers signataires: Kévin Jean, enseignant-chercheur en épidémiologie, initiateur de «l’Appel des 1 000 scientifiques à la désobéissance civile», Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, Priscillia Ludosky, gilet jaune, cofondatrice de la Ligue citoyenne, Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation, réalisatrice, Frédéric Boone, Initiateur de «l’Appel des 1 000 scientifiques à la désobéissance civile» et enseignant-chercheur membre de l’Atécopol, Corinne Morel-Darleux, autrice et conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes, Geneviève Azam, économiste, Dominique Bourg, professeur honoraire à l’université de Lausanne, Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise, Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Ecologie-les Verts, Leïla Chaibi, eurodéputée La France insoumise, Dominique Potier, député PS, Marie Toussaint, eurodéputée Europe Ecologie-les Verts, François Ruffin, député La France insoumise, Picardie Debout, Jean-Luc Mélenchon, député La France insoumise, Caroline Fiat, députée La France insoumise, Mathilde Panot, députée La France insoumise, Ugo Bernalicis, député La France insoumise, Vincent Verzat, youtubeur militant, Roxane Nonque, fondatrice du média et agence Dearlobbies, Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, Cécilia Rinaudo, coordinatrice de Notre Affaire à tous, Eric Piolle, maire Europe Ecologie-les Verts de Grenoble, Maxime Combes, économiste, Julian Carrey, enseignant-chercheur membre de l’Atécopol, Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement, collectif «Oui au train de nuit», Réseau Action Climat, Résistance climatique, Association TaCa, collectif «Citoyen 06», association OYE 349. La liste complète des signataires est à retrouver sur https://alternatiba.eu/2020/09/tribune-avions-au-sol-3-octobre/

La ‘ génération climat ‘ tente de se réinventer
Audrey Garric
www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/20/apres-deux-ans-de-greves-scolaires-la-generation-climat-tente-de-se-reinventer_6049400_3244.html

Après deux ans de grèves scolaires, le mouvement lancé par Greta Thunberg maintient la pression sur les Etats

Pour les jeunes mobilisés pour le climat, la date du 20 août revêt une double importance. D’abord, parce qu’elle marque, jour pour jour, les deux ans de leur mouvement « Fridays for Future » (« les vendredis pour le futur »). Le 20 août 2018, une jeune Suédoise alors inconnue, Greta Thunberg, débutait une grève scolaire devant le Parlement de Stockholm pour demander aux dirigeants des actions urgentes contre le dérèglement climatique. Depuis, des millions d’étudiants, de lycéens et de collégiens lui ont emboîté le pas, boycottant massivement leurs cours pour descendre dans la rue. Ensuite, parce que l’égérie de la lutte contre le réchauffement de la planète, accompagnée par trois autres figures de proue du mouvement, devait rencontrer, jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel – dont le pays assure pendant six mois la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) – avec une longue liste de revendications. Une manière de montrer que malgré la crise sanitaire du Covid19, la mobilisation inédite de la « génération climat » ne faiblit pas. Les quatre jeunes femmes, Greta Thunberg, l’Allemande Luisa Neubauer, et les Belges Anuna de Wever et Adélaïde Charlier, se sont vu accorder une audience de 1 h 30 avec la chancelière, à Berlin. Elles doivent lui remettre une lettre ouverte, envoyée le 16 juillet aux vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE et aux présidents des institutions européennes, qui a recueilli 125 000 signatures, dont celles de climatologues, d’économistes, de militants ou encore de stars. Dans leur tribune, les militantes demandent aux dirigeants, comme elles en ont désormais l’habitude, de traiter la crise climatique et écologique véritablement comme une crise. Mais pour la première fois, elles listent aussi des mesures précises à engager immédiatement. Parmi elles : l’arrêt de tous les investissements et des subventions dans les énergies fossiles, la reconnaissance d’un crime international d’écocide, la mise en place de budgets carbone annuels contraignants pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ainsi que l’adoption de politiques climatiques qui réduisent toutes les formes d’inégalités et protègent les plus vulnérables. « Les changements nécessaires pour sauver l’humanité peuvent sembler très irréalistes. Mais il est beaucoup plus irréaliste de croire que notre société serait capable de survivre au réchauffement climatique que nous allons connaître, ainsi qu’aux autres conséquences écologiques désastreuses qui seront entraînées par le statu quo actuel », expliquent les activistes. Pour les jeunes femmes, les dirigeants se bercent d’illusions et « perdent un temps précieux » en croyant que nous sommes sur la bonne trajectoire pour réduire les émissions. « La seule solution est de changer de système », assènent-elles.

 

 

« Champions de la Terre »

Pour cela, l’Europe a un rôle à jouer, notamment du fait de sa responsabilité historique dans le dérèglement climatique. « Avec le Covid19, le climat a été relégué au second plan alors que c’est la plus grande crise à laquelle l’humanité fait face, regrette Adélaïde Charlier. Nous voulons nous assurer que le climat reste la priorité d’Angela Merkel et que la relance ne marquera pas un retour à la normale. » Deux dossiers majeurs sont sur la table de la chancelière : la relève de l’objectif européen de réduction des émissions d’ici à 2030 et les négociations qui se poursuivent sur le budget européen pour la période 2021-2027, alors que le Parlement réclame notamment des augmentations pour le climat. La crise sanitaire, toutefois, n’est pas la seule responsable du retard de l’action climatique. Depuis 2018 et le début du mouvement « Fridays for future », « nous avons perdu deux nouvelles années cruciales en raison de l’inaction politique », condamnent Greta Thunberg et ses camarades dans une tribune au Guardian publiée le 19 août. Pendant ces deux années, l’humanité a continué à émettre plus de 80 milliards de tonnes de CO2 et les catastrophes (incendies, canicules, ouragans, etc.) se sont multipliées à travers le monde, entraînant la perte de nombreuses vies. « Lorsqu’il faut agir, nous sommes toujours dans un état de déni », écrivent les grévistes du climat dans le Guardian. Selon les Nations unies (ONU), respecter l’accord de Paris sur le climat implique que les pays triplent leurs efforts afin de ne pas dépasser 2 °C de hausse globale des températures moyennes, et les multiplient par cinq pour ne pas aller au-delà de 1,5 °C. Or, les Etats ne parviennent toujours pas à s’entendre pour rehausser collectivement leur ambition. Pour autant, le mouvement « Fridays for future », qui s’est vu décerner par l’ONU le titre de « champion de la Terre » en septembre 2019, n’a pas été inutile. Il a permis de mobiliser une partie de la jeunesse – même s’il s’agit surtout, pour l’Europe, de jeunes aisés et éduqués – qui n’avait jusqu’alors jamais manifesté. Lors des trois journées de grève internationale de 2019, ils étaient 1,8 million à défiler le 15 mars, 2 millions le 24 mai et plus de 4 millions le 20 septembre, selon les chiffres des organisateurs. « Fridays for future » a aussi aidé à la prise de conscience de l’urgence climatique dans une partie de la population.

Maintenir la pression

Les jeunes militants, dont le mouvement se veut apolitique, sont également parvenus à inscrire la question climatique à l’agenda politique de nombreux pays. Le sujet s’est imposé lors des élections européennes et américaines et le Parlement européen a déclaré l’urgence climatique et environnementale l’an passé, de même que certains pays et collectivités. « Ces jeunes ont eu accès à de nombreux responsables politiques de premier plan, même si parfois ces derniers étaient surtout intéressés par faire des selfies avec Greta Thunberg, note Katrin Uba, professeure associée à l’université d’Uppsala (Suède), qui étudie le mouvement Fridays for future. Cependant, je ne vois pas encore de politiques claires qui répondent directement aux demandes de Fridays for future. » De quoi pousser les jeunes à maintenir la pression. Il leur faut désormais se réinventer dans un monde bouleversé par le Covid19. Si la pandémie leur a porté un coup, en les empêchant de défiler toutes les semaines et en reléguant le climat au second plan, les militants sont tant bien que mal parvenus à faire exister le mouvement pendant le confinement. Ils ont poursuivi la grève en ligne chaque vendredi, organisé des conférences d’experts sur Internet, manifesté localement en petits comités ou mené des actions symboliques, à l’image de militants allemands qui ont déposé des milliers de pancartes devant leur Parlement. « Les mouvements sociaux ont des hauts et des bas, par cycles. Le Covid19 a, du moins temporairement, entraîné un bas, explique Joost de Moor, chercheur post-doctorant à l’université de Stockholm, qui travaille sur le militantisme climatique. Mais le caractère générationnel de Fridays for future, qui fait que ses jeunes membres s’identifient comme ceux qui souffriront si la crise climatique reste non résolue, pourrait constituer une base solide pour entraîner leur engagement à long terme sur le sujet. »

Rob Hopkins ‘ Nous allons vivre une transformation écologique remarquable ‘
Nicolas Truong
www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/22/nous-allons-connaitre-les-dix-annees-de-transformation-ecologique-les-plus-remarquables-de-l-histoire_6049616_3451060.html

Pour l’écologiste britannique, initiateur du mouvement Villes en transition, la France peut être à l’avant-garde d’une « révolution de l’imagination » qui fabriquerait un monde plus « résilient », notamment porté par les jeunes générations

Ancien professeur de permaculture, Rob Hopkins est, depuis 2005, l’initiateur du mouvement international Villes en transition et le cofondateur de Transition Town Totnes, à Totnes, en Angleterre, première ville en transition officielle où les potagers d’agriculture urbaine voisinent avec des coopératives de produits bio, mais où la monnaie locale – le Totnes Pound – s’est arrêtée en 2019. Alors qu’il publie Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? (Actes Sud, 336 p., 23 euros) et qu’il est devenu l’un des militants écologiques anglo-saxons les plus sollicités à l’étranger, Rob Hopkins analyse l’essor du phénomène des écolieux et explique que « les dix années à venir doivent être pour la France des années de profond changement ».

Des éco-hameaux aux villes « en transition » : partout, des initiatives s’inventent et de nouveaux lieux se créent. De quelle façon ce mouvement s’est-il développé en France ?

Il ne faut pas sous-estimer, me semble-t-il, l’impact de Demain, le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent (2015), qui a largement contribué à diffuser ces idées. Je rencontre beaucoup de gens dont les projets ont été clairement suscités par le film et les débats qui, très souvent, succèdent à ses projections. Son impact a été considérable et je dois dire que le Britannique que je suis en est quelque peu jaloux : nous n’avons jamais eu un film de ce genre chez nous ! C’est lui qui a fait connaître au très grand nombre l’idée de transition, et avec une efficacité ébouriffante.

Le terme même de transition, je le relève, est d’ailleurs bien plus utilisé en France qu’au Royaume-Uni. En Grande-Bretagne, il renvoie le plus souvent au mouvement de transition lui-même, alors qu’en France il est utilisé de façon plus large, en référence à « toutes ces choses dont on parle dans Demain ». En France, les maires ont plus de pouvoir qu’au Royaume-Uni. Ils peuvent donc lancer des expériences très concrètes. Je me rends dans des villes dont les maires ne cachent pas leur excitation à l’idée de mettre en œuvre la transition et, ce faisant, de montrer l’exemple à l’échelle nationale.

L’expérience de la ville de Totnes, dans le Devon, dont vous êtes l’un des initiateurs, est devenue une référence de la transition écologique. Quels en sont les succès comme les échecs ?

Il ne faut pas mettre trop de pression sur Totnes. C’est un endroit merveilleux, mais ce n’est pas Shangri-La [lieu imaginaire et utopique situé au Tibet et cadre du roman Les Horizons perdus, de James Hilton, en 1933] ! Le mouvement de transition y a réalisé un travail proprement incroyable ces onze dernières années ; de nombreux projets importants y ont été lancés, qui ont inspiré beaucoup de gens, dans le monde entier. Mais il est impossible de déterminer quel sera l’impact du Covid-19…

Comment ces groupes locaux parviendront-ils de nouveau à organiser de grands rassemblements ? Quelles sont les dynamiques désormais à l’œuvre au quotidien ? Et l’impact de telles initiatives ne serait-il pas plus notable si les pouvoirs publics soutenaient cet activisme local comme ils soutiennent les grands groupes industriels ? Tous les groupes, quels qu’ils soient, traversent des phases de dynamisme et de fatigue, et je crois qu’à l’heure actuelle les groupes concernés à Totnes sont un peu fatigués. Ce qui n’est guère surprenant au regard de tout ce qui y a été réalisé au fil des années. Peut-être le temps est-il venu pour Totnes de souffler un peu et de passer le relais.

Comprenez-vous que, face à la dévastation planétaire, certains militants souhaitent défendre une « écologie sans transition », sans compromis ni compromission ?

Je le comprends parfaitement et je suis solidaire de nombre de ces mouvements. Nous devons absolument prononcer un grand et beau « non », un grand « non » intrépide faisant obstacle à un nouveau mode de développement totalement lié aux émissions carbone, qui détruit la biodiversité, discrimine des populations déjà défavorisées et sape les fondements de la démocratie. Nous avons absolument besoin de dire non à cela, et j’ai un profond respect pour tous ceux qui le font. Mon épouse est très impliquée dans le mouvement Extinction Rebellion et a déjà été arrêtée quatre fois pour avoir manifesté pacifiquement.

Mais nous avons absolument besoin, dans le même temps, d’un grand et beau « oui », d’un grand « oui » intrépide. Nous avons besoin de construire, sans en attendre la permission, une nouvelle économie. Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait conflit entre ces deux attitudes.

Pour la militante et écrivaine américaine Joanna Macy, nous devons nous comporter à l’endroit du vieux paradigme comme des professionnels du soin travaillant dans un hospice, et à l’égard du nouveau comme des sages-femmes. J’aime assez cette idée. Et beaucoup de gens procèdent ainsi. J’en connais beaucoup qui militent aussi bien dans les rangs d’Extinction Rebellion qu’au sein du mouvement de transition. Les deux choses sont parfaitement complémentaires, me semble-t-il. Etre en permanence dans la confrontation ne va pas sans risques élevés de surmenage. Consacrer du temps à l’élaboration de nouveaux systèmes, de nouveaux projets agroalimentaires et de nouveaux réseaux, de nouvelles économies, etc., peut donc être de ce point de vue très régénérant !

Pourquoi les communautés et les villes « résilientes » seraient-elles bénéfiques pour la santé physique et mentale des individus ?

Les professionnels du secteur médical sont nombreux à le deviner, et dans des proportions fascinantes. Nous assistons à une épidémie de solitude, d’angoisse et de dépression. Nous vivons à une époque où la santé mentale est menacée à grande échelle.

Cela a été clairement démontré par des recherches : les villes qui disposent de plus d’espaces verts, de plus d’arbres, où l’air est plus sain, où les rues sont agencées de manière à éveiller la curiosité des passants créent les conditions d’une meilleure santé physique et mentale.

Pouvoir vivre dans des villes où il ne serait pas nécessaire d’avoir un véhicule, où les rues seraient aux piétons et non aux voitures, serait immensément bénéfique à la santé mentale de la population. Nous savons que les gens qui sont hospitalisés se remettent plus rapidement lorsque leur chambre donne sur des espaces verts ou sur des arbres. Et que tout ce qui suscite au quotidien l’admiration, l’émerveillement, comme peut le faire la nature, est bon pour la santé mentale. Nous savons aussi que moins une société est inégalitaire, meilleurs sont les indicateurs en matière de santé physique et mentale.

Est-il important de réinvestir les rituels ?

Les rituels partagés sont essentiels, et il est vital d’en créer de nouveaux, de maintenir vivaces les anciens, ou de les réinterpréter afin de les actualiser. En Angleterre, nous avons une fête traditionnelle – le Wassail –, lors de laquelle les gens se regroupent autour des pommiers et les honorent en chantant, dans l’espoir de s’assurer de bonnes récoltes l’année suivante. Dans le quartier de Willesden, à Londres, un groupe a réinventé cette tradition : une fois l’an, ses membres rendent visite aux commerçants indépendants du quartier et s’adressent à eux en chantant, en leur souhaitant le meilleur pour l’année à venir. Voilà une belle réinterprétation moderne d’une ancienne tradition.

Les élections municipales françaises ont marqué le basculement de grandes villes du côté de l’écologie. La transition est-elle en marche ?

Ces résultats électoraux témoignent d’une évolution en cours tout à fait excitante. Ils laissent entendre que les idées de la transition, que le travail de longue haleine des mouvements agro-écologiques, des mouvements en faveur de la justice sociale et de l’énergie renouvelable gagnent véritablement en attrait.

Le temps est désormais venu des grandes idées, des grandes réflexions et des grandes initiatives. Nous avons besoin d’hommes et de femmes politiques maîtrisant aussi l’art de raconter, en mesure de faire comprendre aux gens à quel point leur cadre de vie serait merveilleux s’ils se confrontaient aux défis de la crise écologique.

Nous avons besoin d’hommes et de femmes politiques « ayant un rêve », capables de faire naître dans les cœurs et les âmes, à travers leurs mots et leurs actes, un désir profond d’un avenir plus viable.

Les dix années à venir doivent être, pour la France, des années de profond changement – des années de décarbonisation, et à un rythme encore jamais vu. Ces années devront aussi être celles de très nets progrès en matière d’égalité, de réinvention du système éducatif, de transformation du système agroalimentaire, d’un transfert du pouvoir économique aux collectivités locales et économies régionales. Les résultats des récentes élections municipales rendent toutes ces évolutions plus probables encore. Si nous parvenons au fil des dix années à venir à réaliser tout ce qu’il nous faut mettre en œuvre, nous nous retournerons sur cette période avec le sentiment d’avoir vécu une véritable révolution de l’imagination. Les générations futures célébreront alors tout ce qui aura été mené à bien.

La transition est-elle en cours ? Vivons-nous un basculement majeur ? Je le crois. Bien sûr, ce n’est toujours qu’après coup qu’on réalise qu’il y a eu un point de bascule. Et il est certain que notre époque peut nous faire emprunter des chemins très différents, dont certains très funestes. Mais je constate – et ces résultats électoraux en témoignent – beaucoup d’engagements passionnés, particulièrement chez les jeunes, qui se concrétisent dans d’innombrables projets et initiatives de terrain. Ma conviction est que nous sommes sur le point de connaître les dix années de transformation les plus remarquables de l’histoire. Et j’ai hâte.


«Independentziarik ezin da eraiki jendearen beharrak ase gabe»
Iker Tubia
www.berria.eus/paperekoa/1886/040/001/2020-09-23/independentziarik-ezin-da-eraiki-jendearen-beharrak-ase-gabe.htm

Enpresa handientzat lan egiteari utzi, eta denda txiki batean ari da Moreno. Uste du ekologismo integralik gabe ez dela etorkizunik, eta burujabe izateko bidean Kurdistango sindikatu konfederala du eredu.

Xaboiak saltzen ditu. Pedro A. Morenok (Madril, 1988) ontzirik gabeko drogeria naturala saltzen duen denda batean aritzen da Iruñeko Arrotxapea auzoan. Bihar Alde Zaharrera igoko da Ecologismo integral (Ekologismo integrala) liburua aurkezteko. Katakrak liburu dendan izanen da, 19:00etan.

Orain denak dira berdeak; hori esaten dute, behinik behin. Zer deritzozu?

Ekologismoa boladan dago, beste pentsamendu korronte batzuk bezala, baina ekologista izateko desazkundearen zalea izan beharra dagoela uste dut: argi esan behar da munduko baliabide naturalen %80 ezin dituztela herritarren %20k kontsumitu. Iparraldearen eta Hegoaldearen artean desoreka izugarria dago, eta horrek migratzera bultzatzen du jendea. Migrazioaren aferari heltzeko, pribilegioak galdu behar ditugula onartu behar dugu.

Sozialberde kontzeptuaz mintzo da Geroa alderdi sortu berria.

Geroa Baik BPGaren hazkundea zabaltzeko duen kontzeptua bateraezina da horrekin, baina Equoren berde ikuspegia ere ezinezkoa da. Logika ekologista ezin da planteatu megalopoliak edo produktibismoa indargabetzen ez badira, eta, horretarako, kapitalismoa baliogabetu behar da. Sozialekologiko, sozial-liberal… ezkerreko poltsikotik atera daitezkeen kontzeptuak dira.

Eta ezkerrean nola ikusten duzu ekologismoa?

Atzenduta. Adibidez, ezker abertzale ofizial zein ez-ofizialean ez da gai garrantzitsua. Nuklearren kontrako mugimendua egon da, baina ez zaio ongi bizitzearen kontzeptuari heldu. Ulertu behar dugu desazkunderik gabe herri honek ez duela etorkizunik. Gure aitona-amonak Zaragozara joaten ziren ezkon bidaian. Horra itzuli behar da.

Iraganera itzuli nahi izatea leporatuko dizute.

Ezin dugu aurrera begiratu iraganera begiratzen ez badugu. Ekofaxismoa eta eskuin muturra hor ditugu; Iparraldean ere indarra hartzen ari dira. Edo atzera begiratzen dugu, edo aurrean eskuin muturra izanen dugu. Krisi testuinguruan ezin dugu baztertu Euskal Herriko eskuin mutur bat sortzea, Kataluniako Som Catalans bezalakoa.

Izenburuari erreferentzia eginez, ekologismoa garatu liteke ez bada modu integralean?

Genero, klase eta identitate nazionalen ikuspegitik garatu behar da. Ekologiaz ari garenean, kontuan izan behar ditugu identitate nazionalak, iparralde-hegoalde justizia eta desazkundea gerra gehiago ez sortzeko tresna gisa. Bestela jai dugu. Liberala edo sozial-liberala dena ezin da ekologista izan.

Gai honetan irakasbiderik utzi al du pandemiak?

Egoerak ez du joko zelaia askorik aldatu. Jendearen onena eta txarrena ikusi da. Txarrena: balkoietako poliziak. Onena: hiritarren arteko babes sareak eta logika aldatzeko beharra ikusi dutenak. Nire dendara jende gehiago dator orain. Geroz eta lan gutxiago badago, pentsatu beharko genuke agian guk sortu beharko genukeela lana, kapitalismoaren menpe ez bizitzeko. Independentziarik ezin da eraiki jendearen urdaila eta beharrak ase gabe.

Zure herriko zinegotzi izan zinen, baina orain diozu erakundeetan ez dagoela zer eginik. Deus ez?

Ezin duzu deus egin, soilik astindu. Erakundeek ematen dizuten bakarra hedabideen ahotsa da. Espainiako bandera kenduta isuna jasoko duzu, baina horrek aldatzen du jendearen bizitza? Ekintza sinbolikoak dira. Zinegotzi nintzenean, elkarrizketetan esan nuenaren %90 ezin izan nuen egin. Ecoembes edo FCC etortzen zaizkizu gogorarazteko urteetako kontratuak dituztela udalarekin. Erabat lotuta zaude.

Kaletik zer egin daiteke?

Kanpotik sor daitezke marjina independenteagoak; adibidez, kooperatibak. Gero, behar duzu IFK bat eta haien logikei segitu; horregatik, sindikatuaren figura planteatzen dut: estatuaren kontrako oskol juridiko bat. Kontsumo eta ekoizpen taldeak bilduko lirateke hor, eta eztabaidatuko lukete konfederalismo demokratiko bat galdegiteko, estatuaren kontrabotere egitura bat sortuz. Euskal Herrirako harreman marko propioa sortzea da helburua.

Proposamen zabala egin duzu liburuan. Nondik hasi daiteke?

Errazena kontsumo eta ekoizpen txikiko taldeak sortzea da, behar oinarrizkoenak asetzen dituztenak. Dagoeneko martxan dauden ekonomia sozialeko proiektuak saretu nahi ditugu Euskal Herriko Ekosarean. Garrantzitsuena markoak dira: kanpotik egitea eta egungo ekonomia eredutik aldentzea.

Iruñea toki egokia da?

Hiria bakarrik ez, Nafarroa bikaina da: aukera asko daude 1512an galdutako subiranotasun politikoa berreskuratzeko ekologiaren eta elikadura subiranotasunaren bidez.