Déménager l’aéroport de Nantes : « un choix raisonné et responsable »
Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire ;
Jean-Marc Ayrault, député et maire de Nantes, président de Nantes Métropole ;
Daniel Delaveau, maire de Rennes, président de Rennes Métropole ;
Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne ;
Patrick Mareschal, président du conseil général de la Loire-Atlantique.
Le Monde du 14.02.2011
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes révèle un économisme délirant
Yvon Quiniou, philosophe et soutien du Front de gauche, a publié récemment L’ambition morale de la politique. Changer l’homme ? (L’Harmattan, 2010).
Le Monde du 15.02.2011
Notre Dame des Landes : Vinci peut toujours peindre son aéroport en vert, nous n’en voulons pas !
Sylvain Angerand
www.amisdelaterre.org/Notre-Dame-des-Landes-Vinci-peut.html – 15.02.2011
L’effet rebond pénalise les économies
d’énergie et le climat
Audrey Garric
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/02/24/lefficacite-energetique-peut-nuire-a-la-lutte-pour-leclimat/
– 24.02.2011
France nature environnement a joué la provoc’ pour alerter
Bruno Genty
www.rue89.com/planete89/2011/02/24/france-nature-environnement-a-joue-la-provoc-pouralerter-
192101 – 24.02.2011
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Déménager l’aéroport de Nantes : « un choix raisonné et responsable »
Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire ;
Jean-Marc Ayrault, député et maire de Nantes, président de Nantes Métropole ;
Daniel Delaveau, maire de Rennes, président de Rennes Métropole ;
Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne ;
Patrick Mareschal, président du conseil général de la Loire-Atlantique.
Le Monde du 14.02.2011
Les adversaires au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur le site de Notre-Dame-des-Landes font semblant de croire que l’on peut s’accommoder facilement de la situation actuelle en niant les questions d’aménagement du territoire, les questions d’emploi, les questions de sécurité et les questions écologiques.
Ces partisans de l’immobilisme utilisent symboliquement ce projet pour condamner le transport aérien, semblant ne pas se souvenir que les champs concernés sont précisément acquis depuis plus de trente ans par le conseil général de Loire-Atlantique dans cette perspective ; semblant considérer que le trafic aérien est la cause unique et majeure du réchauffement climatique mais surtout, plus radicalement, pour promouvoir un modèle social basé sur le refus de toute forme de progrès et le repli sur soi. Nous pensons l’inverse !
Nous sommes partisans d’un développement durable, maîtrisé, raisonné, d’un modèle de croissance équilibré qui porte nos valeurs de solidarité. Nous faisons partie de ceux qui, politiquement, concrètement et quotidiennement, sont engagés dans cette voie à travers l’ensemble des politiques publiques. Nous ne pouvons admettre une logique de régression qui pénaliserait les régions où nous vivons et travaillons, leurs habitants, leurs entreprises et leur avenir et celui de notre pays.
Nous comprenons les motivations des riverains directement concernés par la réalisation de l’aéroport du Grand-Ouest. Ils défendent légitimement leurs intérêts. Mais nous ne comprenons pas celles des composantes parfois radicales qui réfutent ce projet et en font l’unique objet de leur ressentiment. L’excès ne fait parfois que desservir la cause que l’on veut défendre. Il est facile de porter un jugement sommaire et sans appel sur des équipements sans être en position de responsabilité et sans prendre la vraie mesure des enjeux, au point de faire de la concentration et la densification du trafic aérien sur Orly et Roissy la panacée.
Ce projet de transfert de l’aéroport est un choix raisonné et responsable. Oslo l’a déjà fait. Pourquoi pas nous ? Il répond à la sécurité des Nantais : le survol à basse altitude de l’agglomération nantaise n’est ni responsable ni défendable. Ce projet prend en compte l’avenir d’un bassin d’emploi et les enjeux de l’aménagement du territoire.
Pour accueillir des entreprises, lutter contre le chômage, nous devons mettre tous les atouts de notre côté. Les avions ne vont pas s’arrêter de voler demain. L’accessibilité aérienne est un facteur majeur de développement économique. La libération d’une centaine d’hectares sur le site de l’ancien aéroport va servir au renforcement du pôle Airbus Nantes-Saint-Nazaire, qui vient d’annoncer l’embauche de 200 personnes et lance la fabrication de l’A350 en matériaux composites, appareil qui réduit de moitié sa consommation.
L’aéroport du Grand-Ouest, c’est une responsabilité environnementale assumée qui se traduit par une politique industrielle et d’aménagement durable de l’espace Loire-Bretagne que nous portons ensemble.
Nous avons travaillé main dans la main avec l’ensemble des acteurs du territoire afin d’obtenir la ligne à grande vitesse Ouest, nous travaillons pour l’amélioration de la desserte ferroviaire Nantes-Rennes et pour que l’interconnexion qui permettra de nous relier au futur réseau grande vitesse européen Sud voie le jour. Elle permettra de se rendre de Brest à Turin ou de Brest à Madrid en passant par Nantes et Poitiers en desservant le futur aéroport. Nantes sera la capitale verte de l’Europe en 2013. Rennes a eu l’audace de construire un métro.
Nantes a été la première ville de France à réintroduire le tramway et la région Pays de la Loire est la première région de France à construire un tram-train sur le réseau TER. La suite de ces intuitions fondatrices, c’est que cet aéroport constituera le seul aéroport français labellisé haute qualité environnementale (HQE).
Les caractéristiques du projet de l’aéroport du Grand-Ouest en matière de protection de l’environnement, de maîtrise de l’énergie, de politique industrielle ambitieuse et raisonnée créatrice de croissance et d’emplois, d’aménagement du territoire en font un projet exemplaire qui doit garantir notre avenir. Voilà pourquoi, en toute conscience, nous portons ce projet.
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes révèle un économisme délirant
Yvon Quiniou, philosophe et soutien du Front de gauche, a publié récemment L’ambition morale de la politique. Changer l’homme ? (L’Harmattan, 2010).
Le Monde du 15.02.2011
Le texte des élus régionaux défendant la création de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes publié dans Le Monde daté 15 février est d’une grande faiblesse intellectuelle et, surtout, idéologique.
Intellectuellement (ou techniquement) il ne signale pas que l’aéroport de Nantes n’est pas saturé et que le risque lié aujourd’hui au survol de la ville de Nantes a toujours existé, sans susciter jusqu’alors de scandale particulier, et qu’il vaut pour bien d’autres aéroports en France. On ne voit pas non plus le rôle que peut jouer l’installation d’un métro à Rennes dans cette défense… sauf à ajouter, d’une manière tout aussi incongrue, qu’on a amélioré le transport maritime pour accéder à telle ou telle île de la région ! Enfin, il occulte l’augmentation du trafic routier que cela provoquera inévitablement pour y accéder, quelles que soient les dessertes ferroviaires prévues.
Mais c’est surtout sur le plan idéologique qu’il est défaillant. D’abord, il ne dit mot de la rupture du contrat avec Europe Ecologie-Les Verts aux élections régionales, qui exigeait que la région ne s’associe pas aux investissements lourds que ce projet va entraîner, alors que bien d’autres priorités sociales devraient être prises en compte, ce qui pose le problème, en termes de moralité politique, de la fidélité à la parole donnée.
Et avant tout, il est révélateur de cette incapacité d’une partie de la gauche, dite « socialiste », de saisir l’importance majeure de la cause écologique et de la prendre en compte réellement, hors de calculs électoralistes. Car c’est bien au nom de la croissance, du désenclavement et de l’ouverture économique sur le monde (avec profits pour les entreprises capitalistes à l’appui) que ce projet est conçu, dans la ligne des décisions antérieures de la droite régionale et gouvernementale.
CROISSANCE « SÉLECTIVE »
Or c’est là une folie, celle d’entreprendre pour entreprendre, sans se soucier des effets négatifs sur l’environnement, et donc à terme sur l’homme, de ce que l’on entreprend, effets négatifs dont on sait que le transport aérien est une source importante par la dépense énergétique considérable qu’il suppose.
D’ailleurs, l’idée de croissance est au cœur de ce texte, alors que l’on commence à comprendre, grâce à différents théoriciens de la décroissance (comme Paul Ariès ou Serge Latouche, précédés par Félix Guattari), qu’il faut en remettre en cause le principe, pour des raisons qui tiennent au souci prioritaire de l’humain et de la qualité de son existence physique, mais aussi psychique et sociale, qu’une politique digne de ce nom, à ambition morale, doit intégrer. Du coup, ce n’est pas de « développement durable » qu’il faut parler mais de croissance « sélective », exigeant qu’on arrête certaines formes de production si elles apparaissent nuisibles, voire qu’on relocalise certaines formes d’économie, en jetant un regard critique sur cette mondialisation débridée à laquelle nous assistons aujourd’hui et qui n’a d’autre but que de servir les intérêts du capitalisme international, en saccageant au passage la planète.
Ce n’est pas là refuser le progrès, comme le suggèrent Jacques Auxiette et ses amis, mais en réinterroger le sens en refusant de l’identifier sommairement au développement aveugle et purement quantitatif de la production économique, censée être la solution de tous nos problèmes, y compris celui de l’emploi, alors que ce dernier dépend avant tout du partage du travail, de sa maîtrise démocratique et de la répartition des richesses.
Car l’idée de progrès en politique implique un jugement de valeur : ce n’est pas un fait que l’on constate comme l’accroissement des sciences et des techniques. Il faut donc indiquer au nom de quelles normes de vie, individuelle et sociale, on veut tel ou tel progrès. Je crains fort que cette réflexion, qui touche à la philosophie politique et morale, fasse défaut aux hommes politiques de droite et de la gauche sociale-libérale et que ceux-ci, comme le regrettait récemment Edgar Morin, ne se cultivent guère sur le plan théorique, alors que la politique a toujours plus besoin de savoir, intellectuellement et moralement, où elle va.
Sur cette base et au-delà d’une éventuelle soumission (inconsciente ?) à la marche capitaliste de l’économie, j’y vois une fuite en avant dans un économisme délirant, à savoir dans une valorisation excessive de la production matérielle et de la consommation qui lui est liée, oubliant que l’économie n’est qu’un moyen et pas une fin, que la vraie vie de l’homme est au-delà, ce que Marx nous avait déjà dit il y a plus d’un siècle et que la gauche de la gauche a enfin compris !
2 commentaires du site du Monde : Mark 21/02/11 – 17h57
Cet été nous serons 7 milliards sur terre, 9 milliards dans 35 ans! Nous avons de + en + de rapports personnels et de travail avec le reste du monde et v.v. On voit arriver des Chinois, nombreux et vite prospères, des Africains, des Américains (du Nord et du Sud). Tous gardent des liens au-delà des océans, et je n’ai pas vu d’avion à moitié vide depuis des années ! Heathrow est saturé, Roissy est bloqué, aussi attaqué que N.D. des Landes, Orly finira par disparaître … comment fait-on ?
Christian B. 21/02/11 – 14h07
Tout à fait d’accord avec cette analyse qui aurait pu être également étendue à l’autoroute Bordeaux-Pau! Au-delà du non-sens écologique sur lequel tous les esprits avisés s’accordent, la question est de savoir s’il faudra attendre le fiasco économique prévisible pour se rendre compte de cette aberration.
Notre Dame des Landes : Vinci peut toujours peindre son aéroport en vert, nous n’en voulons pas !
Sylvain Angerand
www.amisdelaterre.org/Notre-Dame-des-Landes-Vinci-peut.html – 15.02.2011
L’aéroport de Notre Dame des Landes, au nord de Nantes, est sans doute l’un des projets les plus symboliques des renoncements du Grenelle de l’environnement et l’un des plus contestés. Pour convaincre les citoyens de l’intérêt de ce nouvel aéroport, Vinci, l’entreprise qui a obtenu la concession d’exploitation, a imaginé tout une série de mesures présentées dans un document que nous nous sommes procuré. Les Amis de la Terre et le Mouvement des objecteurs de croissance dévoilent quelques uns de ces coups de pinceaux verts et appellent à rejoindre le collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes.
A la mémoire du bocage
La construction de l’aéroport et de ses infrastructures entrainerait le bétonnage de près de 2 000 hectares de terres agricoles fertiles et la destruction d’un bocage d’une qualité écologique exceptionnelle. Dans un département où l’accès à la terre est difficile pour de jeunes agriculteurs et où la demande en produits biologiques explose, les promoteurs de ce projet cherchent à justifier l’injustifiable. Vinci propose ainsi dans son cahier des charges de créer un « observatoire agricole » qui aura pour mission l’élaboration « d’un document témoin sur l’histoire du site ». Et pourquoi pas laisser une souche d’arbre dans le hall des passagers avec une plaque « A la mémoire du bocage » ? L’entreprise ne s’arrête pas là et garantit aux agriculteurs du coin qu’ils pourront vendre leurs produits dans « les restaurants et les boutiques de l’aérogare ». En prime, les voyageurs auront même droit à une « ferme de démonstration en face des parkings » et à un « parcours pédagogique imaginé par le concessionnaire ». Comble du cynisme et de la récupération, Vinci propose de créer une AMAP, Association pour le maintien de l’agriculture paysanne : « Le concessionnaire souhaite encourager l’agriculture durable en initiant la vente de paniers bio aux salariés de la plateforme. L’aéroport peut être un lieu de collecte pour tous les salariés ». Enfin, Vinci conclut sa récitation des fondamentaux du développement durable en n’oubliant pas le volet social assumé par la « création de jardins collectifs […] où travailleront des personnes en réinsertion».
Thierry Brulavoine du Mouvement des objecteurs de croissance explique : « Avec un pétrole dont le prix ne cessera de grimper, les politiques doivent cesser de faire l’autruche. Une croissance infinie, fut-elle verte, dans un monde aux ressources limitées est une redoutable folie. Il est urgent de ralentir et de mettre en oeuvre des alternatives ».
Le piège de la compensation
La création de mesures compensatoires comme la plantation d’arbres, la restauration de mares ou l’appui à la conversion des agriculteurs vers l’agriculture biologique ne sont pas des alternatives. Elles ne font que parachever l’exercice de verdissement de ce projet d’aéroport comme l’explique Sylvain Angerand des Amis de la Terre : « La généralisation des mécanismes de compensation, pour le carbone ou la biodiversité, est un alibi pour ne pas questionner l’utilité sociale et écologique des grands projets d’infrastructures. Les politiques continuent de construire des autoroutes et des aéroports mais désormais ils sont écologiques grâce à la compensation : une scandaleuse déformation de la loi sur la Nature de 1976 ».
Appel à la résistance et à la mobilisation
Pour dénoncer les manœuvres de Vinci et bloquer ce projet, un collectif de citoyen(ne)s s’est mis en place et appelle à la mobilisation. Un rassemblement est prévu devant la mairie de Notre Dame des Landes le samedi 19 février à partir de 10h00 pour le lancement de la caravane de la résistance et d’un jeûne à durée indéterminée. La caravane partira ensuite le samedi, le 26 février, vers Nantes, dans le cadre d’une marche de résistance Pour son passage à Nantes, et dans un esprit de convergence des luttes, [1] puis continuera sa route dans d’autres villes qui soutiennent financièrement le projet d’aéroport. Yoann Morice, paysan et membre du collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes conclut : « Une vaste zone d’autonomie(s) et de résistance(s) sur les terres du projet est en train de se créer, nous appelons à amplifier cette occupation : l’aéroport ne passera pas grâce à notre résistance active ! Nous invitons chaque citoyen(ne) à rejoindre le collectif de lutte, non-violent mais radicalement opposé à l’aéroport de Notre Dame des Landes ».
[1] la caravane sera rejointe par les militants du collectif anti- LOPPSI 2 : http://anti-loppsi2-nantes.tk/
L’effet rebond (*) pénalise les économies
d’énergie et le climat
Audrey Garric
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/02/24/lefficacite-energetique-peut-nuire-a-la-lutte-pour-leclimat/
– 24.02.2011
Des ampoules basse consommation que l’on éteint moins fréquemment. Des voitures économes en carburant que l’on conduit davantage. Un chauffage que l’on pousse plus après avoir mieux isolé son logement. Les exemples de ce genre sont nombreux. Et pourraient contrecarrer les tentatives de lutte contre le changement climatique. C’est ce que l’on appelle l’effet rebond, c’est-à-dire la réduction voire l’annulation des économies d’énergie par des modifications du comportement de la société, directes mais aussi indirectes – par exemple en abaissant les coûts de l’énergie et donc en augmentant la demande et la consommation. Ce phénomène, observé depuis quelques années, est confirmé par de récentes études sur le sujet.
Dans une large enquête, le think tank américain Breakthrough Institute avait conclu que l’effet rebond pouvait avoir un impact sérieux sur la réduction des émissions de carbone. “A chaque fois que nous progressons de deux pas du point de vue de l’efficience énergétique et donc la réduction des coûts, l’effet rebond signifie un recul en arrière d’un pas ou plus, allant parfois jusqu’à ruiner les gains réalisés au départ”, assure l’auteur principal du rapport, Jesse Jenkins, cité par le Guardian. Ainsi, à une échelle micro-économique, entre 10 et 30% des économies d’énergie réalisées grâce à des voitures ou des logements performants seraient perdues.
Les causes d’un tel contre-effet ne sont pas parfaitement claires. Les raisons sont peut-être à chercher du côté du principe de la consommation, qui nous fait utiliser davantage un produit ou un service qui coûte moins cher. Ou du côté de la conscience, qui tolèrerait une action néfaste pour l’environnement sous prétexte que l’on a réalisé des efforts par ailleurs. Ainsi, Steve Sorrell, expert en énergie à l’Université du Sussex, a passé au crible trois actions d’économie d’énergie : baisser son chauffage de 1°C, remplacer les courts trajets en voiture par de la marche ou du vélo et gaspiller un tiers de moins de nourriture. Selon le chercheur, si vous menez ces trois actions mais consacrez l’argent économisé à vos dépenses habituelles, l’effet de rebond sera de 34%, c’est-à-dire une annulation d’autant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre réalisée.
Pour le chauffage des logements, en particulier, de nombreuses raisons pourraient expliquer pourquoi la limitation de l’intensité énergétique ne débouche pas sur les économies attendues. “Souvent, les logements ne fonctionnent pas comme prévu, en partie parce que leurs occupants se comportent de manière plus complexe que ce à quoi s’attendaient les designers. Ils vont par exemple ouvrir les fenêtres, laisser les portes ouvertes, générer de la chaleur corporelle ou installer des écrans plasma”, livre Kathryn Janda, auteur d’un récent rapport sur la consommation d’énergie pour le Centre de recherche sur l’énergie au Royaume-Uni.
Que conclure de ces études ? S’il faut bien évidemment poursuivre nos efforts pour améliorer l’efficience énergétique de nos infrastructures et réduire nos émissions carbonées, nous devons réaliser ces efforts dans une optique plus globale de réduction de notre consommation, motivée par les retombées environnementales aussi bien que les gains économiques, pour réellement lutter contre le changement climatique.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous conscience de cet effet rebond et que faites-vous pour le limiter ?
(*)DEFINITION :
D’une manière très générale, l’effet rebond peut être défini comme « l’augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une technologie, ces limites pouvant être monétaires, temporelles, sociales, physiques, liées à l’effort, au danger, à l’organisation…» [1] Il en découle le corollaire suivant : les économies d’énergie ou de ressources initialement prévues par l’utilisation d’une nouvelle technologie sont partiellement ou complètement compensées suite à une adaptation du comportement de la société.
2 commentaires du blog :
Nico
J’ai du mal à croire à cet effet rebond, en tous cas au travers des exemples donnés…
Une ampoule basse consommation consomme ~8-10 fois moins que les anciennes ampoules. Est-ce qu’on laisse pour autant les lumières 10 fois plus longtemps allumées?
Les trajets que nous faisons sont très réguliers, travail, école, courses, vacances, … Est-ce qu’une voiture consommant moins change quoi que ce soit à ces trajets?
Un logement mieux isolé est un logement où moins d’air froid entre (et moins d’air chaud sort), pourquoi pousserait-on son chauffage? Au contraire…
Une chose est sûre, étude ou pas, les technologies sont uniquement un allié de l’éducation, car c’est bien cette dernière qui nous apprend à éteindre la lumière en quittant la pièce, ou l’eau pendant qu’on se brosse les dents.
Une chose est sûre, c’est qu’il y a depuis quelques années une énorme prise de conscience, collective, et que cela va dans la bonne direction.
@Nico: l’effet rebond n’est pad une “croyance”; c’est un fait étudié et prouvé depuis de nombreuses années, dans tous les domaines : si on ne joue que sur l’efficacité, la hausse de consommation finit par effacer les gains réalisés par cette amélioration du rendement.
On consomme moins “par unité” mais on consomme/pollue plus en valeur absolue.
Les voitures d’aujourd’hui sont bien plus “vertes” que les voitures des années 30. Mais les gains technologiques sur les moteurs font que l’on roule plus vite, plus de kilomètre et que plus de monde a une voiture. Au final, 1à fois plus de voiture roulant 100 fois plus polluent plus que peu de voiture consommant beaucoup.
l’effet rebond est plus ou moins fort, parfois il est même inexistant ou négatif, tout dépend du type de bien et du type de courbe de la demande – il y a de nombreuses théories économiques là-dessus depuis longtemps.
Mais ce n’est pas une croyance.
La conclusion, c’est qu’il ne faut pas “seulement” travailler sur les améliorations de rendement, il faut surtout travailler à la réduction de la demande. Car réduire le rendement avec une demande forte, c’est avoir un effet rebond qui annule les effets sur l’environnement de vos gains.
France nature environnement a joué la provoc’ pour alerter
Bruno Genty
www.rue89.com/planete89/2011/02/24/france-nature-environnement-a-joue-la-provoc-pouralerter-
192101 – 24.02.2011
La campagne de communication sur l’agriculture [2] de France nature environnement (FNE [3]) a fait grand bruit. Le ton en était délibérément percutant.
C’était la condition sine qua non pour qu’une publicité fonctionne – « un style contemporain que l’on trouve dans d’autres campagnes de communication, y compris dans certaines campagnes de communication de l’Etat » comme l’a rappelé Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie.
Plusieurs ministres et le président de la République ont réagi à notre campagne [4]. Lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture, Nicolas Sarkozy nous a reproché [5] d’avoir mené une campagne « particulièrement déplacée » et « détestable ».
Non, monsieur le président de la République, il n’est pas détestable de demander la mise en œuvre entière et rapide des engagements « agriculture » de ce Grenelle de l’environnement que vous avez initié. Nous avons toujours été loyaux à ces engagements qui constituent pour nous des compromis, que nous avons dû faire accepter à nos militants, difficilement parfois.
Sur l’agriculture, la compétitivité l’emporte sur l’environnement
Depuis un peu plus d’un an, sur de multiples sujets, nous observons un net recul : on repousse, on temporise, on recule sur certains aspects. Il est devenu impossible d’évoquer l’environnement dans les discussions portant sur l’agriculture sans que l’on nous rétorque que la compétitivité est prioritaire.
Pour la mise en œuvre du plan Ecophyto [5], sur la réduction des pesticides, il nous a fallu nous battre pour que les traitements des semences, un point pourtant essentiel, ne soient pas oubliés. Le crédit d’impôt promis pour l’agriculture de haute valeur environnementale [6] n’a finalement jamais été mis en place, ce qui compromet la mise en œuvre de cette certification.
Enfin, un amendement dans la loi de modernisation de l’agriculture [7] a permis de faciliter les regroupements d’élevages sans garanties au regard de leur impact sur l’environnement, ce qui va à contresens de la lutte contre la prolifération des algues vertes.
Notre devoir est de refuser cette situation. Notre responsabilité est de relancer le processus. L’article 2 de la Charte de l’environnement [8], adossée à la Constitution de la République, stipule :
« Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement. »
Cela ne nous semble pas « particulièrement déplacé » d’alerter nos concitoyens des excès de l’agriculture industrielle et nous assumons ce devoir, quitte à recevoir en retour une volée d’invectives.
Engager un débat contradictoire, c’est confronter plusieurs points de vue, ce n’est pas « opposer les Français les uns aux autres ». C’est un des principes de la démocratie. C’est un des fondements du droit d’expression.
Notre campagne ne dénonce pas les agriculteurs
France nature environnement est une grande organisation citoyenne et démocratique qui se doit de proposer, de participer mais aussi de revendiquer et d’essayer de « faire bouger les lignes ».
Ce buzz médiatique a permis d’interpeller l’opinion publique sur des revendications que FNE et ses quelque 3 000 associations défendent depuis des décennies. Nous voulions donner à tous les clés du débat sur l’agriculture.
C’est chose faite.
Nous l’avons répété avec sincérité : notre campagne ne dénonce pas les agriculteurs mais les conséquences des excès de l’agriculture industrielle sur l’environnement et la santé.
Lorsque nous demandons un étiquetage des viandes issues d’animaux qui ne sont pas nourris avec des OGM [9], nous défendons les nombreux éleveurs à l’herbe de ce pays. Si nous n’intervenons pas, ces éleveurs risquent à terme d’en pâtir.
Les consommateurs, eux, continueront à manquer d’informations sur le contenu de leurs assiettes.
Appliquons pleinement et rapidement les engagements Grenelle
En procédant de la sorte, en demandant la réduction des importations de nutriments OGM, nous défendons les intérêts économiques de la France.
Aujourd’hui, des décisions s’imposent pour appliquer pleinement et rapidement les engagements « agriculture » du Grenelle.
En particulier :
• mettre en œuvre des mesures pour l’étiquetage des viandes issues d’animaux nourris sans OGM;
• ouvrir un débat au Parlement sur la base d’un rapport du ministre de l’Agriculture sur l’état d’avancement du plan Ecophyto 2018 ;
• dans les zones affectées par les algues vertes, ne plus autoriser la moindre extension du cheptel global et prendre les mesures permettant d’atteindre la réduction, d’ici 2014, de 40% des effluents arrivant à la mer ;
• apporter une aide financière aux agriculteurs engagés dans des pratiques particulièrement respectueuses de l’environnement.
Plusieurs grandes organisations agricoles nous ont écrit ces derniers jours pour nous dire qu’elles souhaitaient, comme nous, poursuivre le dialogue, contrairement à ce qu’ont laissé entendre le ministre de l’agriculture et le président de la République.
Notre cabas est un excellent lobbyiste
De la fourche à la fourchette, chacun doit s’impliquer pour que nous changions enfin de modèle agricole. L’appui et l’engagement des pouvoirs publics et des parlementaires sont indispensables. Si nous obtenons des avancées, nous serons les premiers à nous en féliciter publiquement.
Je pense aussi bien sûr à la grande distribution [10]. Elle ne peut plus pousser à la standardisation des produits et casser les prix avec une politique d’importation très contestable.
Enfin, rien ne changera, si nous, consommateurs, ne changeons pas notre façon d’acheter. Notre cabas est un excellent lobbyiste.
De notre côté, nous, bénévoles de France nature environnement, nous engageons à peser de tout notre poids pour que ces changements de pratiques se traduisent par un soutien aux agriculteurs qui les mettent en œuvre.
[1] http://www.rue89.com/planete89
[2] http://www.rue89.com/tag/agriculture
[3] http://www.fne.asso.fr/
[4] http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/02/16/une-campagne-ecologiste-divise-jusque-dans-les-rangs-du-gouvernement_1481208_3224.html
[5] http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/salon-de-l-agriculture-nicolas-sarkozy-retrouve-la-campagne-19-02-2011-1212425.php
[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/Haute_Valeur_Environnementale
[7] http://agriculture.gouv.fr/lmap
[8] http://www.legifrance.gouv.fr/html/constitution/const03.htm
[9] http://www.rue89.com/tag/ogm
[10] http://www.rue89.com/tag/grande-distribution