Bac de philo : la copie d’une activiste non violente
Pauline Boyer
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« Est-il juste de défendre ses droits par tous les moyens ? » Tel a été l’un des sujets du bac de philo 2022. Reporterre a donné carte blanche à Pauline Boyer, activiste climat optant pour la non-violence, pour y répondre.
Pauline Boyer est activiste pour le climat et coautrice du Manifeste pour la non-violence.
« Vous avez 24 heures pour vous organiser. Dans le cas contraire, vous assisterez à une exécution capitale à laquelle je ne prendrai aucun plaisir mais devant laquelle je ne reculerai pas. Je n’ai pas le choix. Vous ne nous laissez pas le choix. Le deal est simple, autant qu’historique. » [1] Virgil Solal coupe la liaison avec la police après avoir réclamé 20 milliards d’euros de caution pour la remise en liberté du PDG de Total qu’il a kidnappé, ainsi que l’arrêt des projets d’extraction d’énergies fossiles et le financement de la transition énergétique.
Ce soldat des forces spéciales, écoterroriste à la tête de « Greenwar », mis en scène dans le livre Impact, est animé par la rage provoquée par le décès sa fille mort-née à cause de la pollution atmosphérique et veut sauver la planète. Ce palpitant thriller d’Olivier Norek s’articule autour de la question des moyens utilisés pour défendre nos droits. Mettons de côté le possible désir de vengeance de Virgil Solal et concentrons-nous sur sa détermination à stopper les émissions de gaz à effet de serre pour sauver l’humanité du chaos climatique. La fin justifie-t-elle les moyens, au sein de sociétés dont les lois n’évoluent pas aussi vite que le dérèglement climatique et ne permettent pas d’empêcher la destruction de la biodiversité, et de bafouer les droits humains ?
« Défendre nos droits est une nécessité vitale. »
Pouvons-nous prendre une vie pour en sauver d’autres ? Deux vies ? Une poignée ? Lesquelles ? Les puissants ont usé cette excuse jusqu’à la moelle pour mener bien des guerres et perpétrer des génocides. S’autoriser à commettre l’acte de tuer « pour faire le bien » revient à s’arroger un pouvoir démiurgique [2], incrusté dans la violence du système actuel. C’est chercher la justice en utilisant un schéma de pensée qui ne peut générer que l’injustice. C’est renoncer à la liberté et aux droits humains, bafoués dans la façon même de résoudre le problème.
« L’atmosphère du meurtre quotidien efface aussitôt le but même de la lutte, car on prend l’habitude de tuer, de ne plus estimer la vie humaine, en contradiction avec le but poursuivi : le bien public, le bien des hommes. L’habitude de tuer ne peut produire que des meurtriers », relatait Simone Weil après son expérience de la guerre d’Espagne [3].
La violence engendre de la souffrance, de la haine, de la vengeance. Cabossant toujours plus nos sociétés, elle coupe des liens là où il est vital d’en créer, met en place des dictatures sous prétexte de libérer les peuples. Seul un long et fastidieux processus réparateur peut ensuite guérir les individus et régénérer le collectif. Onze ans après la conférence internationale d’Aiete et l’annonce de l’arrêt définitif de la lutte armée par le groupe armé ETA, le processus de paix au Pays basque patine encore. De nombreuses familles de victimes et ex-membres d’ETA souffrent encore aujourd’hui des conséquences de la lutte armée.
Plutôt que d’éliminer des têtes, viser le cœur : c’est le but des luttes non violentes
Pour autant, lorsque les lois échouent à protéger nos droits, la passivité ne doit pas être une option. Défendre nos droits est une nécessité vitale. Il s’agit donc de trouver les meilleurs moyens d’agir, afin d’établir des lois qui serviront l’intérêt général et seront respectées. Plutôt que d’éliminer des têtes derrière lesquelles se cachent des milliers d’autres, et de participer à la surenchère de la violence, la proposition est de viser le cœur. C’est le but des luttes non violentes.
Rendre détestable l’idée d’occuper un poste dans une industrie polluante, rendre illégitime tout projet détruisant la vie, tout en semant les graines d’un monde en paix permettant le vivre ensemble, condition indispensable au respect de nos droits. À l’opposé d’une contre-violence, la non-violence suppose de faire face à la violence pour la confronter en l’abordant d’une tout autre manière pour l’éradiquer à la racine.
« Désobéir aux lois injustes permet leur questionnement. »
La palette d’actions non violentes s’étend à l’infini autour d’une colonne vertébrale : le respect de la vie sous toutes ses formes. Elles permettent de manier les forces de persuasion et de contrainte en faisant preuve de ruse et de malice pour créer des rapports de force pour remporter des victoires, tout en préfigurant dans leurs méthodes les interactions d’un monde pacifié. La non-violence exige de s’exposer à la violence pour générer les conflits nécessaires à la réparation des injustices, parfois en s’interposant avec nos corps jusqu’à la désobéissance civile. Désobéir aux lois injustes permet leur questionnement et leur évolution pour recréer des espaces balisés à l’intérieur desquels la liberté et les droits de chacun et chacune peuvent être respectés.
Des milliers de citoyen·nes sont engagés dans des campagnes non violentes offensives et remportent des victoires, y compris contre Total, tels l’abandon de la construction d’un centre de recherche Total au milieu du campus Polytechnique ou de son projet de forage dans les eaux profondes du récif de l’Amazone.
Depuis des mois, des activistes s’activent à saboter la construction du plus grand pipeline chauffé au monde dans l’est de l’Afrique, Eacop, un projet dangereux et anachronique de la multinationale. Ils et elles sapent avec une détermination sans faille les piliers du projet : vingt banques et sept assureurs se sont déjà désistés. Un recours juridique est lancé. Dix mille personnes ont écrit à leur banque à ce sujet. Une messe a été célébrée contre Eacop. Les intrusions d’activistes dans des conférences internes de Total se succèdent avec le slogan : « Partout où vous serez, on sera ». La dernière AG de Total a été bloquée par le mouvement climat…
Ces actions bouleversent les consciences, dévoilent les clivages dans la vision de nos sociétés et mettent en lumière la différence entre légalité et légitimité. Elles portent en elles le respect du vivant et la possibilité d’un monde plus juste, en utilisant la force sans la violence, pour avoir le maximum d’impacts.
Notes
[1] Olivier Norek, Impact, Michel Lafon, 2020.
[2] Divin.
[3] Simone Weil, L’Iliade ou le poème de la force, Rivages poche, 2014.
« Dans un monde en crise, il faut se préparer à une rupture d’approvisionnement alimentaire »
Amélie Quentel
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Il va falloir repenser une partie circuit court et circuit long par territoire, diversifier les productions, reconstruire nos infrastructures nourricières qu’on a laissées se détricoter, comme les légumeries, des outils de transformation et de distribution, installer des paysans après les avoir formés, arrêter l’artificialisation des sols c’est à dire la destruction des terres qui doivent rester nourricières pour des raisons de sécurité.
Engagé sur les questions de résilience alimentaire territoriale depuis plus de 20 ans, le locavore Stéphane Linou forme les élus pour qu’ils intègrent le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire dans les plans communaux de sauvegarde. Pour lui, il ne s’agit pas d’être catastrophiste mais de faire de la prévention pour protéger les populations. La sécurité alimentaire est un sujet primordial qui a été trop longtemps négligé dans une société de la surconsommation.
LR&LP : La FAO a lancé l’alerte sur la crise alimentaire à venir. Quelle est votre analyse de la situation actuelle quand on voit que l’Inde a stoppé les exportations de blé à cause des températures extrêmes ? Est-on dans une situation similaire à celle de 2008 ?
Au menu des emmerdes, nous n’en sommes qu’à l’apéro. Depuis 2008, on n’a pas reterritorialisé la production et la consommation alimentaire. On est toujours sur la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo qui est qu’on se spécialise par territoire, et on fait une confiance infinie au transport qui ne coûte jusqu’à présent quasiment rien.
Cette spécialisation territoriale n’a pas été infléchie alors qu’il y avait des alertes sur la finance aveugle. En 2008, c’était pourtant l’occasion de s’éloigner davantage de la finance pour revenir à une économie réelle, liée à la production et aux choses que l’on voit et qu’on peut cartographier sur les territoires, pour assurer un minimum de nourriture, pour chaque territoire, s’il y avait un problème sur les flux qui équilibrent artificiellement au niveau alimentaire les territoires.
Malgré les émeutes de la faim qu’il y a eu, notamment au Maghreb suite à l’augmentation du prix des céréales, qui se sont transformées par des révoltes et des printemps arabes, on n’a pas retenu la leçon et on n’a pas accompagné les pays très dépendants des importations de céréales à développer davantage leur propre agriculture.
Et on voit que lorsqu’il y a un problème sur les perfusions et les flux, comme c’est le cas actuellement avec l’Ukraine et la Russie, les pays non producteurs connaissent à nouveau des troubles à l’ordre public.
Non seulement on n’a pas retenu la leçon, mais on s’est encore plus engouffré dans le système Ricardo, et là on voit qu’en plus de ça, se rajoute le dérèglement climatique qui fait que la pluviométrie et les températures extrêmes détruisent les récoltes, et enlèvent de la quantité de nourriture sur l’échiquier mondial.
Et les régimes alimentaires n’ont pas évolué non plus, ils ne se sont pas adaptés pour s’éloigner d’une alimentation sur-carnée dans nos pays et on ne s’est pas éloignés non plus des cultures énergétiques et notamment des agrocarburants qui fait que « manger ou conduire, il faudra choisir » ! On ne peut pas donner à manger aux gens si auparavant on a donné à manger à sa voiture, ce sont les lois de la physique.
C’est une non-prévision, une non-anticipation et quelque part une irresponsabilité politique d’avoir laissé filer tout ça au marché aveugle sans mettre en place des mesures barrières alimentaires par territoire. Et ça, c’est impardonnable.
LR&LP : Justement, quelles sont ces mesures barrières à mettre en place sur les territoires ?
Le 12 novembre 2021, la Commission Européenne a publié un rapport visant à garantir l’approvisionnement et la sécurité alimentaires en temps de crise, adressé aux instances européennes dont le Parlement, le Conseil de l’Europe, le Comité de Région et aux CESE (Conseils Économique Social et Environnemental).
Leur constat, c’est que pendant le Covid on a vu les risques : il a failli y avoir des ruptures d’approvisionnement. Il nous a manqué des masques mais niveau alimentation c’était aussi tendu, donc il faut se préparer. Des cyberattaques systémiques et des pandémies, il y en aura d’autres et pas des petites, donc il faut que les États s’organisent sans mélanger les compétences de l’UE et des pays, et préparent leurs populations, c’est écrit noir sur blanc, c’est à dire les former à une rupture d’approvisionnement alimentaire, mais également préparent les collectivités locales et le secteur privé pour, comme quand Windows plante, basculer en « mode sans échec ».
Basculer en mode dégradé où il pourrait y avoir une base de système alimentaire par territoire qui assure l’essentiel, ce n’est pas sexy, tout n’est pas là, mais l’essentiel fonctionne.
Il va falloir repenser une partie circuit court et circuit long par territoire, diversifier les productions, reconstruire nos infrastructures nourricières qu’on a laissées se détricoter, comme les légumeries, des outils de transformation et de distribution, installer des paysans après les avoir formés, arrêter l’artificialisation des sols c’est à dire la destruction des terres qui doivent rester nourricières pour des raisons de sécurité.
Cela peut partir d’une commune ou s’élargir à un territoire intercommunal ou une agglomération. Sur une commune par exemple, et c’est ce que je suggère aux collectivités locales lorsque je les forme gratuitement, si une mairie enrichit son plan communal de sauvegarde avec le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire hé bien cette commune met en place des mesures de prévention et de protection pour limiter les effets de ce risque s’il se réalise, par exemple si la pandémie revient en force et que les transporteurs ne peuvent plus bouger.
Aujourd’hui, la loi Matras stipule qu’à partir du moment où une commune a un plan communal de sauvegarde, alors l’intercommunalité dont elle dépend doit également mettre en place un plan intercommunal de sauvegarde.
Cela veut dire que l’alimentation et la production alimentaire, concernées par le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire qu’une commune aurait choisi d’intégrer dans son Plan Communal de Sauvegarde, pourraient être abordées au niveau intercommunal et notamment avec les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT), mais aussi avec les Plans Climat Air Energie Territoire, et avec les Plans Locaux d’Urbanisme Intercommunaux.
D’une idée, de quelque chose qui n’est pas obligatoire comme un Projet Alimentaire Territorial, on peut arriver au P de Plan Alimentaire Territorial. Le mot planification n’est pas un gros mot ! On ne revient pas aux Soviets, c’est tout simplement refaire de la politique, refaire du temps long et on ne peut pas faire du temps long sans plan. Ceux qui sont contre la planification sont contre la politique donc pour le marché total et débridé, pour tout et n’importe quoi.
LR&LP : La commune du Pays Basque Biriatou est la première en France à avoir intégré à ce fameux Plan communal de sauvegarde le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire, pouvez-vous nous dire ce que cela inclut pour la commune ?
En avril 2021, à la demande de la maire de Biriatou, qui avait assisté à une de mes conférences avant la pandémie, je suis venu former les élus de cette commune.
Suite à cette formation, ils ont décidé, et c’est effectivement la première commune de France à le faire, d’enrichir leur plan communal de sauvegarde avec le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire.
Ils ont instauré tout un tas d’actions : généraliser les potagers, mettre en lien les personnes âgées qui ont mal au dos et un jardin en friche avec des jeunes prêts à cultiver, réserver des terres agricoles pour l’agriculture nourricière locale, mettre en place des ateliers cuisine, et un permis de végétaliser.
Ils portent ce sujet au niveau de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque pour inspirer les autres communes, et vont d’ailleurs participer au défi Locavore pour la TV, donc ils vont se mettre en scène pour réaliser un défi de repas de fête local, chic et pas cher, et bas carbone ! Moins de 51km autour de l’assiette à vol d’oiseau et moins de 9,50 euros par personne.
Ce menu doit correspondre aux Accords de Paris qu’on a signés : la neutralité carbone en 2050 correspond à 2 tonnes de budget CO2 par an et par personne pour tout faire. Aujourd’hui, on en est à 10 tonnes par personne et par an en France, on a donc signé pour diviser par 5 notre consommation de carbone. Et on sait encore moins ce que cela représente dans l’assiette. Donc je me suis dit qu’il fallait l’incarner. Le menu total équivaut donc à moins de 1,6kg de budget carbone individuel.
Ce défi convivial permet de réaliser ce qu’on sait faire et ce qui nous manque, ce qu’il faudrait mettre en place et comment. Pour moi, c’est un peu l’assiette de la sécurité civile.
La résilience alimentaire des territoires est une question d’ordre public : c’est la souveraineté alimentaire couplée à la préparation des populations et il n’y a que la sécurité civile qui peut nous permettre d’y arriver. Tout le monde respecte les pompiers et les maires, donc pour s’organiser et s’adapter aux emmerdes en escadrille qui nous arrivent dessus il va falloir s’appuyer sur les personnes en qui on a le plus confiance : les maires et les pompiers.
LR&LP : Vous avez initié un projet de résolution avec la sénatrice Françoise Laborde qui n’a pas été retenu à seulement 16 voix près, quelles sont les législations en cours au niveau national pour accélérer la résilience alimentaire de la France ?
L’ancienne sénatrice de la Haute-Garonne Françoise Laborde suivait mes travaux depuis longtemps. J’étais allé la voir durant mon enquête pour mon master spécialisé en gestion des risques sur les territoires, et je prenais la température de ce sujet auprès des décideurs.
Lorsque je suis allé voir Mme Laborde, elle a découvert le sujet qui l’a intéressé et a promis d’en faire quelque chose au Sénat. Elle a tenu parole et a posé une question d’actualité au mois de mai 2019 au Ministre de l’Intérieur de l’époque, M Castaner, qui a répondu que la probabilité d’une telle rupture est faible mais que le risque est majeur. Si ça devait arriver, la France compte sur son dispositif ORSEC. Or, ce dispositif marche bien pour des problèmes limités dans le temps et limités dans l’espace, pas pour des problèmes d’ordre systémique.
Face à cette réponse, la Sénatrice a donc déposé un projet de résolution, nommé d’après mon livre-enquête, avec des propositions rappelant que le plan ORSEC c’est bien mais qu’il faut préparer les populations, enrichir la loi de programmation militaire en enrichissant le secteur d’activité d’importance vitale de l’alimentation au foncier et aux semences.
L’alimentation fait bien partie d’un des 12 secteurs d’importance vitale mais n’est pas concernée dans tout son spectre : le foncier agricole n’est pas encore considéré comme stratégique pour la nation. On accorde aujourd’hui plus d’importance aux terres rares qu’aux terres nourricières qui ne sont pas protégées !
Il faut aussi enrichir la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 pour que le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire soit enfin reconnu et que les communes et intercommunalités puissent l’inclure dans leur document de gestion des risques.
Avec cette proposition de résolution, c’était la première fois qu’était abordé au Sénat le sujet de la non-résilience alimentaire des territoires, et surtout articulé avec la sécurité civile, la sécurité intérieure et la sécurité nationale ! Cela n’a d’ailleurs encore jamais été abordé à l’Assemblée Nationale.
Il y a eu débat, on a fait bouger les lignes, mais le plus intéressant c’est que le groupe parlementaire EnMarche a voté pour et a expliqué pourquoi : l’hypersophistication de nos systèmes d’approvisionnement alimentaires, la raréfaction de l’eau, le réchauffement climatique, notre extrême dépendance aux énergies fossiles font que les risques de pénurie alimentaire ne s’arrêtent pas aux pays défavorisés et concernent également les nôtres.
Le Covid a exposé ces vulnérabilités, où le Président a lui-même rappelé dans son allocution de mars 2020 que déléguer notre alimentation à d’autres est pure folie.
Avec le plan de relance, une enveloppe de 80 millions d’euros a été donnée pour le développement des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) qui n’avaient jusque-là pas les moyens de fonctionner. Cela a boosté ces PAT mais l’enjeu, comme le porte le Sénateur Marchand qui a fait leur évaluation nationale, c’est qu’ils aient les moyens de fonctionner, donc que cette somme devienne annuelle, et que les collectivités puissent prendre la compétence alimentation.
Et là, il pourra enfin y avoir une forme de planification pour atteindre des objectifs : pas le 100% d’autonomie alimentaire qui n’est plus possible et forcément souhaitable, mais au moins qu’on puisse créer un service minimum alimentaire territorialisé.
Cette première évaluation nationale des PAT par le sénateur est assez intéressante car les intervenants ont tous dit que c’est un socle intéressant pour traiter aussi les questions du climat, et fédérer les initiatives de la société civile qui existent déjà sur le sujet.
Un décret d’application à paraître précise que le risque de rupture sera inclus dans les futurs plans communaux de sauvegarde. Si cela se fait, cela permettrait d’inverser le regard, de partir des risques et des ressources avant de faire l’aménagement du territoire, et exclurait les projets à la con et inutiles issus des 30 Glorieuses comme les supermarchés supplémentaires, artificialiser pour rien, etc. On va peut-être regarder à nouveau chaque territoire comme le lieu où il y a des ressources foncières et vivrières et pas des opportunités financières.
Ici, c’est bien de prévention dont il s’agit. Je suis un pessimiste actif. Le coup est déjà parti mais ce n’est pas une raison pour rien faire. Je préfère mettre mon énergie sur l’augmentation de l’épaisseur du matelas que sur la limitation de la hauteur de chute, même si les deux comptent. »
Zientzialari talde batek ohartarazi du aldaketa «eraldatzaileak» behar direla klima larrialdiaren aurka
Jone Arruabarrena
www.berria.eus/albisteak/214176/zientzialari-talde-batek-ohartarazi-du-aldaketa-eraldatzaileak-behar-direla-klima-larrialdiaren-aurka.htm
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‘BioScience’ aldizkarian argitaratutako artikulu batean, adierazi dute gaur egungo neurriak «erreformistak» direla, eta ez dutela behar adina denbora izango eraginkorrak izateko.
Gaur egun klima larrialdira egokitzeko hartu dituzten neurriak «motelegiak» dira, eta ez dute behar adina denborarik izango benetako eraginkortasuna izateko. Hala ohartarazi du zientzialari talde batek, BioScience aldizkarian argitaratutako artikulu batean. Larrialdiari aurre egiteko, adierazi dute beharrezkoa dela aldaketa «sakon eta premiazkoak» egitea ekonomian eta gizartean, eta, horretarako, Parisko akordioaren antzerako itun bat proposatu dute. Unai Pascual Basque Centre for Climate Changeko Ikerbasque irakaslea, BC3ko ikertzailea eta IPBES NBEko Ekosistema eta Biodibertsitaterako Gobernuarteko Plataformako kidea da artikuluaren egileetako bat.
Artikuluak helburu argia dauka: «Naturaren aldeko akordio bat, Pariskoaren ildotik». Hain zuzen, aurten Kunmingen (Txina) egingo den batzarrean lortu nahi dute itun hori. Horretan, 196 herrialderako ordezkariak bilduko dira, «biodibertsitatea defendatzeko arnas luzeko helburu batzuk finkatzeko» asmoarekin.
Izan ere, artikuluan adierazi dute gaur egun ingurumenaren inguruan proposatzen diren politikak «erreformazko aldaketetan» oinarritzen direla: «Gaur egungo egitura, eta helburu ekonomiko eta sozialekin bat datozen ekintzak baino ez dira proposatzen, hala nola energia eraginkortasuna areagotzea, zalantzan jarri gabe hazkuntza ekonomiko esponentzial jarraituaren paradigma».
Neurri horiek hartzearekin batera, aldaketa «eraldatzaileak» ere galdegin dituzte. «Harrigarriki, Nazio Batuen Klima Aldaketari buruzko Esparru Hitzarmena eta Biodibertsitateari buruzko Nazio Batuen Hitzarmena atzeratuak doaz, ikusirik nola ebidentzia zientifikoek garbi erakusten duten beharrezkoa dela klima aldaketa, biodibertsitatea eta gizartea ikuspegi bakarrean integratuko dituen ikuspegi bat erabakiak hartzeko», adierazi du Pascualek.