Articles du Vendredi : Sélection du 24 janvier 2020


Feuille de route climat : la France abaisse ses ambitions sur les émissions de CO2
Concepcion Alvarez, @conce1
www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/feuille-de-route-climat-reculer-pour-mieux-sauter-148124.html

Le gouvernement vient de publier sa Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et sa Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), toutes deux révisées à l’aune de l’objectif de neutralité carbone en 2050 fixé par la France. Ces documents, qui jouent le rôle de boussole climatique, sont mis en consultation publique jusqu’au 19 février mais font d’ores et déjà l’objet de critiques. Incapable de tenir ses engagements, la France a décidé de revoir à la hausse ses émissions de CO2 autorisés jusqu’en 2023.

Dans sa Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) révisée, mise en consultation jusqu’au 19 février (1), l’exécutif a choisi de relever le deuxième budget carbone de la France pour la prochaine période 2019-2023. En clair, cela va permettre à la France d’émettre plus de CO2 que prévu, alors que la tendance devrait être à la baisse. “Comme prévu, la feuille de route climat du gouvernement prévoit une hausse du budget carbone 2019-2023, malgré l’avis du Haut conseil pour le climat, regrette Anne Bringault, coordinatrice des ONG sur la transition énergétique au Réseau Action Climat (RAC). C’est un très mauvais signal pour respecter l’Accord de Paris.

Tout l’effort est concentré sur 2024-2028

Cette annonce n’est pas une surprise. Dans sa réponse au rapport du Haut conseil pour le climat, dévoilée la semaine dernière, Édouard Philippe avait déjà fait savoir que “dans un souci de sincérité“, le budget carbone 2019-2023 sera bien augmenté. Dans le détail, il passe à 422 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne par an, contre 398 millions prévus initialement en 2015.

En cause, un dépassement qui aurait pu atteindre les 6 % alors que le premier budget carbone avait déjà été dépassé de 3,7 %. “Cela conduit donc à réviser dans la présente stratégie le niveau global du deuxième budget carbone ainsi que sa répartition sectorielle, en ligne avec le nouveau scénario de référence et dans un souci de transparence, sans remettre en cause la capacité de la France à tenir ses engagements européens et internationaux”, précise le document.

Sauf que cet ajustement est prévu pour être compensé au cours du troisième budget carbone, qui couvre la période 2024-2028. Celui-ci reste quasi inchangé par rapport à la première SNBC de 2015 à 359 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne annuelle. Cela signifie qu’entre 2024 et 2028, il faudra baisser nos émissions de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent, contre 41 millions prévus initialement, soit une baisse de 50 % supplémentaire. Un effort qui semble peu réaliste. À titre de comparaison, entre 2015 et 2018, nous avons réduit nos émissions de seulement 13 millions de tonnes.

14 réacteurs fermés et six nouveaux

De son côté, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) révisée (2) acte la baisse de la part du nucléaire à 50 % dans le mix électrique d’ici 2035 et la fermeture de 14 réacteurs, dont ceux de la centrale de Fessenheim. “Le principe général sera l’arrêt des 12 réacteurs (hors Fessenheim) au plus tard à l’échéance de leur cinquième visite décennale“, précise le document, et “sauf exceptions, la décroissance du parc nucléaire ne devra conduire à l’arrêt complet d’aucun site nucléaire.” La PPE ouvre par ailleurs la voie à la construction de six nouveaux EPR.

“La PPE est fidèle au principe de ce gouvernement : ‘make nucléaire great again'”, regrette Alix Mazounie de Greenpeace. Le texte prévoit également une baisse de la consommation finale d’énergie de 16,5 % en 2028 par rapport à 2012 contre 14 % dans les versions précédentes, ce qui va dans le bon sens. Reste que l’objectif est d’atteindre -20 % en 2030 et que le fossé va être également difficile à combler en seulement deux ans.

Enfin, le gel de la taxe carbone, qui a donné naissance au mouvement des Gilets jaunes, est confirmé.  Il est précisé que “certaines [mesures] doivent être prises pour encourager les économies d’énergies et atteindre les objectifs climatiques, afin notamment de compenser le gel de la trajectoire de la taxe carbone initialement prévue“.

(1) Voir la SNBC révisée

(2) Voir la PPE révisée

Faire durer les grèves : les leçons de l’histoire
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/Faire-durer-les-greves-les-lecons-de-l-histoire

La grève contre le projet de réforme des retraites marque le pas après plus de quarante jours. La faute à l’étranglement financier des militants, malgré les caisses de grève. Longtemps pourtant, dans l’histoire du mouvement ouvrier, l’autonomie alimentaire a permis d’arracher de grandes victoires sociales.

À l’allégresse des premiers jours succède la fatigue. Lundi 20 janvier, la grève a été suspendue à la RATP sur une majorité de lignes de métro. À la SNCF, le taux de grévistes n’a jamais été aussi bas depuis plusieurs semaines. L’absence de débouchés, les violences policières et l’obstination du gouvernement à imposer sa réforme sont autant de raisons qui poussent au fléchissement du mouvement. Après plus de quarante jours de grève, la précarité ronge aussi les esprits. Elle bouche l’horizon. Dans les cortèges et sur les piquets de grève, une question taraude : comment subvenir aux besoins élémentaires et continuer à se nourrir, à se chauffer et se loger sans salaire ? Comment payer les factures ?

Si la grève actuelle a entraîné un sursaut de solidarité, avec la multiplication des caisses de soutien, elle a également révélé notre dépendance vis-à-vis du salariat, dans une société de plus en plus urbaine et marchande. Coupé du monde rural et enchaîné au crédit, il est devenu très difficile de se libérer du travail et de s’émanciper. « Sans salaire à la fin du mois, nous n’avons plus rien. Nous sommes dépossédés de nos moyens de subsistance et avons perdu toute forme d’autonomie matérielle », dit à Reporterre, le chercheur François Jarrige.

Dans un entretien avec Libération, l’historien Gérard Noiriel le reconnaît aussi : « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous permettre d’organiser des grèves longues. » Les crédits à la consommation et l’accès à la propriété nous ont enfermés dans un modèle où nous vivons « sous perfusion ». Le mouvement social en est fragilisé et l’expérience d’une vie, hors du rythme saccadé de l’usine ou de l’entreprise, est rendue plus complexe.

 « Les usines étaient enchâssées dans le milieu rural »

Il n’en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où les ouvriers avaient les moyens de tenir la grève. Grâce, notamment, à leur lien avec la campagne et les paysans. Leur enracinement leur offrait une meilleure capacité de résistance. Les statistiques en témoignent. De 16 jours jusqu’aux années 1930, la durée moyenne des grèves a chuté à 2,5 jours après la Seconde Guerre mondiale. Le chiffre n’a pas cessé, depuis, de baisser. « Les conflits sociaux dans le secteur privé sont désormais très courts et les grèves de plusieurs jours extrêmement rares, constate l’historien Stéphane Sirot. Elles ont laissé place à d’autres pratiques plus ponctuelles, comme la journée d’action et le débrayage, qui consiste à bloquer seulement quelques heures, voire quelques minutes la chaîne. »

Dans le livre Construire l’autonomie, qui rassemble les articles de la revue libertaire Offensive, les auteurs remarquent que ces dernières décennies, « nos vies se sont encombrées d’objets ». La croissance de nos besoins a entraîné une forme d’aliénation. « Nombre d’employés endettés ont déjà dépensé leur paye à peine virée sur leur compte : crédit maison, crédit auto, crédit canapé, découvert bancaire, carte bleue à débit différé… Qui aujourd’hui peut suspendre son activité salariée du jour au lendemain ? » se demandent-ils. L’étau nous enserre. « Le mode de vie petit-bourgeois a envahi nos imaginaires, estime Stéphane Sirot. Nous avons gagné en confort mais perdu en conflictualité. Nous sommes plus fragiles et dépendants de la paye du patron. »

Distribution de pains lors de la grève de Fougères, en 1906 et 1907.

Au début du siècle, les ouvriers en lutte prenaient la clé des champs. La possession personnelle d’une parcelle de terre cultivable était alors une formidable caisse de grève : elle fournissait de quoi vivre à celles et ceux qui n’avaient plus de gagne-pain. Elle permettait d’échapper à la menace du dénuement. Les ouvriers attendaient d’ailleurs l’été pour faire grève. « Ils calquaient le temps de la grève à celui des récoltes, raconte l’historien François Jarrige. Ils compensaient leur perte de salaire en surinvestissant davantage l’activité agricole. »

Reporterre vous propose de replonger dans cette histoire méconnue, inscrite dans les grands récits de lutte. « Les historiens se sont beaucoup intéressés aux discours émis lors les grèves et aux raisons qui poussaient à la mobilisation, moins à leurs conditions pratiques et à la possibilité de leur pérennité », souligne François Jarrige. Une question pourtant essentielle et intrinsèquement liée à l’écologie. « Pour être libre politiquement, il faut être autonome matériellement. »

Cet enjeu avait été bien pris en compte par les ouvriers de l’époque. La souveraineté alimentaire était alors une « arme capitale de la lutte », comme l’affirmaient en 1905 les ouvriers de Longwy, en Lorraine. « Les repas pris en commun entretiennent l’enthousiasme et exaltent la solidarité ouvrière », écrivait le théoricien du socialisme Paul Lafargue dans L’Humanité, le 6 juin 1908. En 1901, à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire, la grève a duré plus de quatre mois. Pour tenir, il fallait fournir 20.000 repas chaque jour aux grévistes privés de revenu. Des équipes partaient s’approvisionner à la campagne. D’autres négociaient des prix bas avec les commerçants. Des collecteurs de denrées allaient chez les agriculteurs avec une voiture à bras pour recueillir des dons.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, « les usines étaient enchâssées dans le milieu rural, rappelle l’historienne Mathilde Larrère. La coupure entre les mondes ouvrier et paysan s’est opérée très lentement ».

En Picardie, comme dans le Var ou le pays de Montbéliard, des ouvriers continuaient à habiter à la campagne. Leur femme exploitait une petite ferme et les hommes se mettaient au travail agricole en revenant de l’usine.

Les maçons de la Creuse, devenus célèbres à partir du milieu du XIXe siècle grâce au député Martin Nadaud, faisaient des allers-retours entre Paris et leurs villages. Ils revenaient pour les moissons ou pour battre les récoltes. Dans son livre, Les luttes et les rêves, une histoire populaire de la France, Michelle Zancarini-Fournel note aussi que « le tissage, l’industrie de la pipe ou l’industrie horlogère dans la montagne jurassienne réalisent l’association entre l’étable et l’établi ». La chercheuse raconte comment, dans le Var, les vignerons se faisaient embaucher à l’arsenal de Toulon de 7 heures à 17 heures avant d’aller tailler leurs vignes. Ils prenaient « des permissions congés » pour les vendanges.

« Aujourd’hui, ce n’est pas Carrefour qui aiderait les grévistes »

Les bassins miniers se trouvaient également à la campagne. Avant que le métier se professionnalise et se transmette de père en fils, les mineurs étaient tous paysans. Ils compensaient le temps mort de l’activité agricole en allant chercher du charbon dans les entrailles de la terre. D’ailleurs, rien ne les prédestinait à s’embaucher à la mine. En fouillant les archives, Michelle Zancarini-Fournel a montré l’hostilité des premiers travailleurs à descendre dans les profondeurs.

Je n’avais pas du tout vocation pour cet étrange métier de mineur. Je tenais peut-être de mon hérédité paysanne léguée par ma mère mon penchant pour la terre, alors qu’aucun atavisme ancestral ne me poussait à aller chercher le charbon à 400 mètres dans le sous-sol.

À l’inverse du salariat, la polyactivité, à la fin du XIXe siècle, apportait au petit peuple une plus grande liberté. Une marge de manœuvre plus importante pour revendiquer. «  La remarquable combativité des bouchonniers du Var, en 1869, s’explique en partie par les bénéfices qu’ils tirent de la culture de parcelles de terre et de la possibilité pour eux d’œuvrer en tant que journaliers agricoles ou bûcherons », analyse ainsi Stephane Sirot. Au cours de la lutte, une cuisine commune fournissait 300 repas par jour. La grève a duré plusieurs mois.

En reportage à Montceau-les-Mines, en 1901, André Bourgeois, l’envoyé spécial des Cahiers de la quinzaine, une revue dirigée alors par Charles Péguy, relevait aussi que les mineurs en grève « jouissaient de quelque aisance ». Ils possédaient la plupart leur maison et un jardin, « d’où ils tiraient légumes et fruits, des lapins, une douzaine de poules, sept ou huit canards. Ils pouvaient tenir plusieurs mois sans paye », écrivait-il.

Soupe communiste lors d’un grève des ardoisiers de Trélazé, près d’Angers (Maine-et-Loire).

D’autant plus, qu’à l’époque, se développait sur tout le territoire une forte solidarité. Au XIXe siècle, peu de grèves se décrétaient nationalement, elles répondaient d’abord à des enjeux locaux. « Pour garder leur clientèle, les petits commerçants et les artisans devaient soutenir la grève, raconte Mathilde Larrère. Il y avait moins d’individualisme. Tout le monde se connaissait. Aujourd’hui, ce n’est pas Carrefour ou Intermarché qui aideraient les grévistes ! »

Un premier tournant a néanmoins eu lieu à la fin du XIXe siècle. « Le capitalisme industriel avait besoin de fixer sa main-d’œuvre. La polyactivité empêchait de développer des modes d’organisation rationalisée et elle permettait aux classes populaires de fuir l’usine », explique François Jarrige.

Il a donc fallu l’établir et briser des modes de vie autonomes pour mieux contrôler la population. Paradoxalement, ce mouvement s’est fait en lien avec les tenants du marxisme, qui pensaient qu’une conscience de classe ouvrière était nécessaire à l’avènement du « Grand Soir ».

Pour ne pas être complètement dépendants des patrons et pouvoir continuer à revendiquer, les ouvriers ont cependant développé, à l’époque, des subterfuges. La fin du XIXe siècle marque l’apparition des « soupes communistes » : des restaurants collectifs se montent dans les villages et les usines en grève. On distribue de la nourriture dans les bourses du travail. Hasard étonnant, celle de Saint-Claude, dans le Jura, sert aujourd’hui à une Amap. À Paris, la fameuse coopérative La Bellevilloise aidait les soupes communistes de la capitale en vendant les denrées à prix coûtant.

« Les ouvriers en grève vivaient la sobriété volontaire »

Gérées par et pour les ouvriers, ces soupes dites « communistes » étaient l’inverse « des soupes populaires », organisées par l’Église ou l’État par souci de charité. Elles avaient pour but l’émancipation des travailleurs. Il faut imaginer qu’à l’époque, le nombre de grévistes connaissait une forte poussée. On comptait, selon les statistiques de l’Office du travail, 222.700 grévistes en 1900, 271.000 en 1904, 430.000 en 1906.

Grâce aux soupes communistes, « on mangeait bien et on mangeait bon, et surtout on mangeait chaud. Tout cela était appréciable pour tenir jusqu’au bout. […] Les grévistes ne mouraient pas de faim », témoignait en 1907 l’anarchiste Georges Yvetot, lors de la grève des travailleurs de la chaussure à Fougères (Ille-et-Vilaine). 4.200 soupes étaient servies chaque jour pendant plus de trois mois.

« A Fougèr’s, il existe / Les soupes communistes,  / Nos patrons sont vexés / De les voir fonctionner / Ma foi, s’ils s’en désolent,  / Les ouvriers s’consolent / Qu’ils viennent tous y goûter ;  / Ils seront épatés »    Chanson d’un ouvrier cordonnier à Fougères

Les ouvriers pratiquaient aussi ce qu’ils appelaient « l’exode d’enfant ».

Pour avoir moins de bouches à nourrir en ville pendant les grèves, ils envoyaient leur progéniture à la campagne chez des proches ou des soutiens politiques. À Graulhet, dans le Tarn, en 1909, la grève des tanneurs a duré 147 jours. Des milliers d’enfants ont quitté la ville pour être nourris chez des paysans. « Ils ont été accompagnés en défilé à la gare, c’était toute une cérémonie », relate François Jarrige.

Jean Jaurès à Fougères, en février 1907.

Pour le chercheur, « les ouvriers en grève vivaient à l’époque une forme de sobriété volontaire. Ils faisaient perdurer la grève grâce à un réseau de solidarité et d’entraide » qui rendait cette « parenthèse de pauvreté » moins pesante.

Ces histoires font directement écho à ce qui se vit aujourd’hui à proximité de certains territoires en lutte comme Notre-Dame-des-Landes. Des opposants à l’aéroport utilisent désormais les terres de la Zad pour fournir en légumes les piquets de grève et alimenter les combats en ville. À Rennes,des réseaux de ravitaillement ont également vu le jour. Partout en France, des agriculteurs de la Confédération paysanne ont distribué, en décembre 2019, des paniers aux grévistes. Une manière de faire revivre ces longues traditions de lutte.

« L’autonomie peut nous paraître lointaine et inaccessible mais il faut imaginer que c’était le quotidien de milliers d’hommes et de femmes au début du XXe siècle, dit François Jarrige. Certains de nos acquis sociaux sont directement liés à l’endurance des grévistes. « Le fait que ces batailles aient déjà existé doit nous inspirer », estime-t-il. Il ne tient qu’à nous de faire réapparaître ces pratiques et de renouer avec l’autonomie. Nous devons reconnecter le mouvement social au milieu qui le nourrit. C’est, à mon sens, le défi de l’écologie politique. »

Mégafeux en Australie : un « tipping point » climatique, en live
TANURO Daniel
www.europe-solidaire.org/spip.php?article51797

L’expression « tipping point » désigne le point de basculement d’un système d’un régime d’équilibre à un autre, le moment où il n’est plus possible d’empêcher des changements quantitatifs accumulés d’entraîner un changement qualitatif. Elle est employée dans des domaines très divers, depuis l’étude des populations jusqu’au changement climatique, en passant par les sciences sociales.

 Le spectre de la « planète étuve »

L’évolution de la calotte glaciaire du Groenland donne un important exemple de « tipping point » dans le domaine climatique. On sait que la disparition de toute la glace accumulée sur l’île ferait monter le niveau des océans de sept mètres environ. Les spécialistes constatent que la fonte s’accélère de façon inquiétante [1], mais la calotte ne semble pas encore être entrée dans un processus de dislocation irréversible. Selon le GIEC, son « tipping point » se situerait entre 1,5°C et 2°C de réchauffement. Au rythme actuel des émissions, nous entrerons dans la zone dangereuse vers 2040…

Récemment, des scientifiques ont insisté sur le fait que des « tipping points » peuvent s’enchaîner par le truchement des rétroactions positives (les effets du réchauffement qui augmentent le réchauffement). [2] Selon leurs travaux, la disparition de la calotte groenlandaise déversera de telles quantités d’eau douce dans la mer que les courants océaniques au sein de l’Océan atlantique seront perturbés. Comme certains de ces courants déterminent le climat dans le bassin de l’Amazone, la forêt dans cette région céderait rapidement la place à une savane. Ce changement constituerait un deuxième « tipping point ».

Une savane absorbe évidemment beaucoup moins de CO2 qu’une forêt. Par conséquent, la concentration atmosphérique en CO2 augmenterait fortement. Il en résulterait une nouvelle augmentation du réchauffement, de sorte qu’un troisième « tipping point » pourrait être franchi. Selon les chercheurs, il pourrait s’agir de la dislocation de deux gigantesques massifs de glaciers, le Thwaites sur la côte Ouest et le Totten sur la côte Est de l’Antarctique. On sait qu’ils sont fragilisés (selon certains scientifiques, le Thwaites a déjà franchi le point de non-retour) [3]. On sait aussi que leur disparition ferait monter le niveau des mers de sept mètres environ – autant que la disparition des glaces groenlandaises.

Sept mètres + sept mètres : nous voilà déjà, en trois « tipping points », à quatorze mètres de hausse du niveau des mers.

Et ce n’est pas tout : fonte du pergélisol, intensification qualitative du phénomène El Niño, débâcle d’autres parties de la calotte antarctique, etc : les « tipping points « pourraient se succéder. Que se passerait-il alors ? Selon ces chercheurs, ce petit jeu de dominos climatique pousserait la Terre assez rapidement dans un régime de « planète étuve », avec une température moyenne de surface 4 à 5°C plus chaude qu’aujourd’hui. Notre globe n’a plus connu de telles conditions depuis le Pliocène, il y a 1,4 millions d’années (bien avant l’apparition d’Homo sapiens). A l’époque, le niveau des océans était 20 à 30 mètres plus haut qu’aujourd’hui.

L’expression « planète étuve » fait un peu science-fiction, mais la communauté scientifique prend très au sérieux ce scénario dans lequel des « rétroactions positives » font s’enchaîner des « tipping points ».

Le processus déboucherait assez rapidement sur un monde extrêmement différent de celui que nous connaissons et que nos ancêtres ont connu. Un monde qui serait à coup sûr très appauvri du point de vue de sa richesse biologique. Homo sapiens y survivra peut-être, mais deux choses sont certaines : 1) il n’y aura pas de place pour 7 à 8 milliards d’êtres humains ; 2) les plus pauvres paieront la note, alors qu’ils et elles sont les moins responsables de la destruction écologique.

 Un « tipping point » en direct

Le rapport de tout cela avec les mégafeux qui dévorent l’Australie ? C’est très simple : d’une part, il ne fait aucun doute que cette catastrophe est un résultat du changement climatique (dès 1986, des spécialistes australiens tiraient la sonnette d’alarme face au danger, mais en vain ; ce qui se passe aujourd’hui correspond, hélas, à leurs projections) [4] ; d’autre part, il est probable que ces feux terribles constituent en eux-mêmes un « tipping point » – un moment d’accélération de la crise écologique globale.

Sur le plan de la biodiversité, la question est déjà tranchée : plus d’un milliard d’animaux ont péri dans les flammes, les rescapés survivront difficilement dans des habitats profondément modifiés, l’incendie a d’ores et déjà supprimé plusieurs espèces de plantes et d’animaux, et certains écosystèmes uniques (comme des vestiges de la forêt primaire qui couvrait le Gondwana il y a 2,5 milliards d’années ! [5]) ne se reconstitueront pas. C’est la définition même d’un « tipping point ».

Sur le plan climatique, la question est plus complexe, car certains phénomènes jouent dans des sens opposés, comme nous allons le voir.

Auparavant, il y a lieu d’y insister : il ne faut pas perdre de vue que la combustion des combustibles fossiles est et reste de loin la cause majeure du basculement climatique. Les émissions de CO2 dues aux feux ont été estimées à 6,73 Gt entre le 1er janvier et le 30 novembre 2019. En comparaison, les émissions dues à la combustion des combustibles fossiles étaient de 37,1 Gt en 2018 (33,1 Gt en 2010).

Les émissions dues aux feux ne sont pourtant pas négligeables. A titre d’exemple, elles sont supérieures à celles des Etats-Unis, qui émettent un peu plus de 5Gt de CO2/an en brûlant des combustibles fossiles. [6] Le système climatique étant proche du « tipping point » groenlandais, le fait que les gigantesques mégafeux australiens réduisent la marge de manœuvre nous séparant de l’effet domino décrit ci-dessus n’est pas un détail.

Les feux dégagent de grandes quantités de CO2, de carbone noir et d’aérosols. Envoyés dans l’atmosphère à haute altitude, ces différents éléments n’ont pas les mêmes effets sur le climat : le CO2 et le carbone noir contribuent au réchauffement, tandis que les aérosols ont un effet refroidissant, car ils réfléchissent le rayonnement solaire (la même chose se produit lors des éruptions volcaniques). Seulement, les aérosols retomberont après quelques mois, tandis que le CO2 s’accumulera dans l’air pendant plus d’un siècle. A terme, donc, l’effet réchauffant l’emportera.

Les fumées ont un autre effet réchauffant. En effet, les suies et les aérosols retombent au sol, parfois à très grande distance de l’Australie. Récemment, on a observé des dépôts de suie brunâtre sur les glaciers de Nouvelle Zélande, et il y en aurait jusque dans l’Antarctique. Or, la neige et la glace souillée de la sorte voient leur albédo diminuer [7], de sorte que leur fonte s’accélère.

Une inconnue majeure est l’impact de la catastrophe sur la survie des forêts à moyen terme. L’Australie connaît des feux chaque année. Jusqu’ici les forêts ont résisté et se sont régénérées. Les eucalyptus, notamment, sont des plantes très résistantes au feu. Mais, d’une part, les feux actuels sont sans aucun précédent, d’autre part le réchauffement et la sécheresse risquent de rendre la régénération plus difficile, voire impossible. Une forêt à maturité peut résister longtemps au stress hydrique, mais celui-ci rend très difficile la croissance et la survie des jeunes plants poussant sur un sol nu, dans une atmosphère rendue plus sèche par la disparition des forêts, où les incendies deviennent du coup plus probable. L’Australie est dans un cycle pluriannuel de sécheresses [8]. Dans ce contexte, des spécialistes craignent qu’une bonne partie des forêts ne se régénèrera pas et sera remplacée par des formations arbustives, qui contiennent nettement moins de CO2. [9]

Les optimistes diront que l’Australie possède surtout des sols sablonneux, calcaires, gréseux et argileux, plutôt clairs, et que ces sols réfléchissent une plus grande partie du rayonnement solaire quand il y pousse des broussailles que quand ils sont couverts de forêts. Une forêt de feuillus forme en effet une masse sombre qui ne réfléchit que 15% à 20% du rayonnement – deux fois moins environ qu’un sol clair. Mais il est douteux que cet effet refroidissant d’un albédo accru compensera l’effet réchauffant du CO2 envoyé dans l’atmosphère par la destruction de millions d’hectares de forêts.

 Pauvres forêts !

Dans le monde en général, beaucoup de forêts se portent mal. Spontanés ou provoqués, les incendies tendent à se multiplier et le réchauffement les rend de plus en plus redoutables et difficiles à maîtriser. On l’a vu récemment en Californie, en Bolivie, en Equateur, en Indonésie, au Congo, au Mexique et dans la région méditerranéenne (cf. Le terrible incendie qui a fait plus de 80 morts en Grèce en 2018)… Aux incendies s’ajoutent, dans le Sud global, les déforestations provoquées par la frénésie extractiviste des capitalistes du bois, de la pâte, de l’élevage, du soja, de l’huile de palme, ainsi que de l’exploitation minière, pétrolière ou hydroélectrique.

Dans les pays développés des zones tempérées, la surface forestière augmente depuis plusieurs décennies. Cependant, depuis plusieurs années, la santé des arbres tend à décliner, du fait notamment des canicules plus sévères. Les incendies se sont d’ailleurs multipliés jusque dans des régions très septentrionales, telles que la Suède, le Canada, la Sibérie. Selon certains scientifiques, les salissures dues aux feux, très inhabituels dans ces régions, ont d’ailleurs été un facteur significatif de la fonte record de la calotte glaciaire du Groenland, en 2012. [10]

Si les émissions de CO2 continuent d’augmenter, il est certain que les incendies de forêt se multiplieront. Dans quelle proportion ? Des scientifiques californiens estiment que la relation entre hausse de température et incendies n’est pas linéaire mais exponentielle. [11] Comme on le sait, les plans climat des gouvernement nationaux (les « contributions nationalement déterminées ») nous entraînent vers un réchauffement supérieur à 3°C à la fin du siècle. Selon le GIEC, pour un tel réchauffement, la fréquence des incendies augmentera sur plus de 60% de la surface du globe. Récemment, des scientifiques brésilien·ne·s et étasunien·ne•s sont arrivé·e·s à la conclusion que, à politique inchangée, l’Amazonie, d’ici trente ans, pourra connaitre le sort qui est celui de l’Australie aujourd’hui. [12]

Il est hélas à craindre que ces avertissements ne seront pas plus entendus que ceux qui ont été lancés il y a trente ans par les scientifiques australiens quand ils mettaient en garde contre la probabilité que le réchauffement provoque des incendies de plus en plus graves.

La cause de cette surdité, en effet, ne tombe pas du ciel : elle est le produit du fait que les gouvernements sont à la solde des intérêts capitalistes, donc de l’accumulation du capital qui résulte inévitablement de la concurrence pour le marché entre les propriétaires privés des moyens de production. Or, c’est précisément cette dynamique d’accumulation sans fin qui est la cause du basculement climatique.

 Un climato-négationnisme systématique

Parmi ces gouvernements capitalistes, celui de l’Australie joue un rôle particulièrement cynique, criminel. Le pays est un des plus gros émetteurs de CO2/habitant/an (plus de 15t, davantage que les Etats-Unis – seuls les monarchies du Golfe font pire). Mais, depuis le début des négociations climatiques, en 1992, les responsables politiques des partis au pouvoir ont le pied sur le frein des mesures à prendre.

Dès la négociation du protocole de Kyoto, en 1996-97, l’Australie décida de n’accepter aucune réduction d’émission qui aurait un impact négatif quelconque sur la compétitivité du pays. Le pays se montra donc très favorable à l’achat de « crédits d’émissions ». Sur le plan national, il se contenta pour l’essentiel de planter des arbres et de freiner la déforestation (pour ne pas parler de la prime offerte pour l’abattage des dromadaires – importés au 19e siècle – sous prétexte que ces animaux sont de gros producteurs de méthane).

Cette orientation a été maintenue systématiquement jusqu’aujourd’hui. Dans le cadre de l’accord de Paris, l’Australie s’est engagée à réduire ses émissions de 26 à 28% d’ici 2030. Pour rappel, à cette échéance, respecter l’objectif de 1,5°C maximum sans « dépassement temporaire » nécessite une réduction mondiale des émissions nettes de 58% en moyenne. Vu ses responsabilités historiques, la contribution de l’Australie devrait être de 70% environ…

Le gouvernement australien ne se contente pas de pousser à fond sur le frein quand on parle de réduire les émissions : en plus, il triche, en actionnant ses deux gadgets favoris : les absorptions naturelles de CO2 et les achats de crédits de carbone.

D’une part, le mode de calcul des émissions a été modifié pour accroître l’estimation des quantités de CO2 absorbées par les forêts. Cette modification a eu pour double résultat que le volume des émissions sous le précédent gouvernement travailliste est réévalué à la hausse, puis diminue très légèrement depuis que le gouvernement conservateur est aux manettes. Mais attention : les émissions dues aux incendies ne sont pas comptabilisées. [13]

D’autre part, les représentants australiens à la COP25 se sont battus avec le Brésil, la Chine et l’Inde pour que les stocks invendus de crédits de carbone générés dans le cadre du protocole de Kyoto restent échangeables dans le cadre du « nouveau mécanisme de marché » prévu à l’article 6 de l’accord de Paris. Or, il a été démontré que 2% à peine de ces crédits correspondaient vraiment à des réductions effectives. [14]

 L’Australie, fournisseur privilégié de l’atelier capitaliste du monde

L’explication du positionnement climatique de l’Australie est à chercher du côté de la place particulière que sa classe dominante a choisi d’occuper dans la division internationale du travail. Pays occidental impérialiste et riche, gouverné par des blancs, l’Australie n’est pas une nation industrielle mais un exportateur de matières premières : produits agricoles, charbon, gaz, fer et autres minerais que sa position géographique lui permet de valoriser dans le commerce avec la Chine. C’est ce rôle de fournisseur privilégié de « l’atelier du monde” qui a permis à l’Australie d’être un des rares pays largement épargnés par la crise de 2008.

En dépit de quelques nuances, les deux principaux partis (travaillistes et conservateurs) sont fondamentalement au service de ce système et des politiques qu’il requiert. Il faut être particulièrement compétitif pour fournir la Chine en matières premières, car la concurrence est rude avec des pays du Sud « émergents ». Il faut donc être particulièrement néolibéral.

Les conséquences sont là, dans tous les domaines. Energétique : 80% de l’électricité est produite à partir du charbon (la ressource solaire est pourtant abondante !). Social : entre 2003 et 2015, la richesse moyenne des 20 % des ménages les plus riches a augmenté de 53 %, celle des 20 % des ménages les moins riches a chuté de 9 %. Environnemental : les ressources naturelles sont offertes au privé (notamment l’eau ; considérée comme « ressource minière » elle a été introduite en bourse). [15] Démocratique : le pouvoir australien mène une politique particulièrement immonde de refoulement des migrant·e·s [16] et il est en première ligne dans la répression des syndicats, des journalistes et des mouvements « écosociaux » qui contestent la destruction de l’environnement. [17] Scientifique : le fait que le gouvernement a offert 4 millions de dollars australiens au climat-négationniste Bjørn Lomborg et lui en aurait offert encore plus pour s’installer à l’Université de Perth, un projet auquel il a dû renoncer suite à la levée de boucliers des scientifiques… [18]

L’emprise du grand capital extractiviste sur la vie politique australienne est bien illustrée par la dernière campagne électorale. Le magnat du charbon Clive Palmer (climato-négationniste notoire, célèbre notamment pour son projet d’extension d’un terminal charbonnier qui endommagerait gravement la grande barrière de corail) a investi des sommes énormes (53,6 millions AUS$, plus que les conservateurs et les travaillistes réunis !) dans la création d’un pseudo-parti politique, dans le seul but de prendre des voix au parti travailliste et d’assurer ainsi la victoire de Scott Morrison, qui est totalement dévoué à ses projets. [19]

 Vers un « tipping point » politique et social ?

La « gestion » des mégafeux est à l’image de cette politique vendue au grand capital jusqu’à la moelle. La liste des méfaits du gouvernement dans cette crise est en effet si longue qu’on ne peut les citer tous dans le cadre de cet article. Morrison se prélassait à Hawaï pendant que son pays était en flammes. Les services de lutte contre l’incendie sont composés uniquement de volontaires et sous-équipés. La désinvolture du pouvoir est directement responsable du fait qu’au moins 23 personnes sont mortes, que plus de 2.000 ménages ont perdu leur maison, que plus de 250.000 habitant·e·s ont été déplacé·e·s, que cinq millions de gens inhalent des fumées toxiques et que des milliers de personnes terrorisées ont dû se réfugier sur les plages parce qu’elles étaient encerclées par des murs de flammes dépassant 70m de haut.

Comme l’écrit un journaliste néo-zélandais, un tel bilan ne sort pas de nulle part : il exprime un profond mépris envers la « populace ». Marie-Antoinette disait des Français affamés en 1789 qu’ils n’avaient qu’à manger de la brioche s’ils n’avaient pas de pain, Morrison semble penser que la retransmission des matchs de cricket à la télé et le feu d’artifice du nouvel-an (maintenu à Sidney au milieu de la catastrophe !) amèneront la masse des gens à continuer de marcher comme des somnambules vers le cataclysme climatique, sans tirer les leçons politiques du désastre, sans réaliser que cette politique mène tout droit à un scénario où les riches se tireront d’affaire tandis que les autres crèveront la gueule ouverte. [20]

La notion de « tipping point » s’applique aussi en sciences sociales, disions-nous au début de cet article. Espérons que l’ampleur de la catastrophe marque le début d’un basculement de l’opinion publique australienne. Espérons que la majorité sociale se batte pour que les responsables économiques et leurs laquais politiques paient la facture, qui promet d’être salée [21]. Espérons qu’émerge une alliance de forces capable de mettre à l’ordre du jour la rupture avec le productivisme, l’extractivisme, le néolibéralisme, le racisme (contre les migrant·e·s et contre les Aborigènes) et l’idéologie de domination (sur la nature et sur les femmes). La toxicité de ce nexus mortifère n’est plus à démontrer. Un autre monde, non capitaliste, est non seulement possible : il est de plus en plus urgemment nécessaire. Luttons sans frontières pour son avènement.

P.-S.

  • Article publié sur le site de la Gauche anticapitaliste (Belgique) :

Notes

[1] En dix ans, elle a été multipliée par quatre : Michael BEVIS et al. « Accelerating changes in ice mass within Greenland, and the ice sheet’s sensitivity to atmospheric forcing », PNAS 5/2/2019.

[2] Ce scénario est décrit par Will STEFFEN et al. (Aug. 2018) « Trajectories of the Earth System in the Anthropocene », PNAS, Aug. 2018 :
https://www.pnas.org/content/115/33/8252

[3New York Time s, 13/5/2014. Ian JOUGHIN et al., « Marine Ice Sheet Collapse Potentially Under Way for the Thwaites Glacier Basin, West Antarctica », Science 16/5/2014, Vol. 344 ; Issue 6185.

[4The Guardian, 16 Nov 2019

[5] Le Monde, 03 décembre 2019. Le Gondwana est le continent unique qui existait et dont ont dérivé les continents actuels.

[6] Les émissions dues aux feux étaient un peu supérieures à 8Gt en 2003, selon les données du programme européen Copernicus. On observe une certaine tendance à la baisse (l’Australie changera la donne !) mais il ne faut pas mal l’interpréter : elle découle du fait que les forêts sont remplacées par des cultures ou des pâturages.

[7] L’albédo désigne la proportion du rayonnement solaire réfléchie par une surface. Il est de zéro pour une surface noire et proche de un pour une surface très blanche.

[8] Le climat de l’Australie et celui de la Corne de l’Afrique sont influencés par une oscillation pluriannuelle (le « dipôle de l’Océan indien ») qui tend à rendre alternativement le temps plus chaud et plus humide à l’Ouest, moins chaud et plus sec à l’Est. Il semble que le changement climatique accentue ce phénomène.

[9] Cf les avis collectés par Bob Berwyn pour Insideclimate news, 20/1/2020.

[10] Inside Climate News, 23 août 2018.

[11] Williams, A. P. & al.. (2019). « Observed impacts of anthropogenic climate change on wildfire in California ». Earth’s Future, 7, 892–910.
https://doi.org/ 10.1029/2019EF001210

[12] Congresso em foco, 10 jan 2020

[13The Guardian, 22/12/2017

[14] « How additional is the Clean Development Mechanism ? », Öko-Institut E.V, Berlin 2016

[15] L’Australie est le pays qui est allé le plus loin dans la privatisation et la « financiarisation » de l’eau (dont le prix est fixé quotidiennement sur les marchés). Des centaines d’agriculteurs ont dû arrêter leur activité : pas d’argent, pas d’eau pour irriguer tes cultures… mais l’agrobusiness accapare les terres et l’eau pour irriguer les monocultures d’amandes et spéculer sur les prix. En 10 ans le commerce de l’eau est devenu le nouvel eldorado, avec un chiffre d’affaire de 2 milliards d’euros par an. Certains ménages consacrent jusqu’à 25% de leur revenu à acheter de l’eau. Voir le reportage d’Arte « Main basse sur l’eau » :
https://www.youtube.com/.

[16] Le premier ministre actuel, Scott Morrison, s’est illustré précédemment comme ministre de l’immigration. A ce poste, il a encore perfectionné le système australien d’enfermement des migrant·e·s dans des camps offshore, où iels survivent dans des conditions atroces. Rappelons que ce système est cité en exemple par l’ex-secrétaire d’Etat belge à l’immigration, le fasciste Théo Francken.

[17] Selon un projet de loi débattu en Tasmanie et que l’Etat fédéral souhaite généraliser, les activistes environnementaux pourraient se voir infliger des peines allant jusqu’à 21 ans de prison. Lire « Australia is committing Climate suicide », NYT 3/1/2020.

[18Science, 12/5/2015 :
https://www.sciencemag.org/

[19] New Daily, 25/10/2019.

[20] James Plested, Red Flag, 06 January 2020. Disponible sur ESSF (article 51776), Intense Bushfire : Australia’s dark age of climate catastrophe :
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article51776

[21] Mi-décembre, les compagnies d’assurance faisaient déjà face à une ardoise de 240 millions de dollars australiens. BBC News 20/12/2019

reconnecter le mouvement social au milieu qui le nourrit. C’est, à mon sens, le défi de l’écologie politique. »

Egunero 12.500.000.000 ordu zaintza lan egiten dituzte kobratu gabe mundu osoko emakumeek
Lander Arbelaitz Mitxelena
www.argia.eus/albistea/22-gizonek-afrika-osoko-emakume-guztiek-baino-gehiago-daukate-oxfamen-arabera

Kapitalismoa bere gordinean. Aberastasunaren banaketa oso desorekatuta dago eta batez ere milioika emakumeek kobratu gabe egiten duten lanean oinarritzen da ekonomia globala. Ondorio hori atera daiteke Oxfamek, Davoseko bilkuraren aurretik atera ohi duen aurtengo txostena irakurrita. Jarraian bertatik ateratako hainbat datu.

  • Munduko 22 gizon aberatsenek Afrika osoko emakume guztiek batera baino gehiago daukate.
  • Egunero 12.500.000.000 ordu zaintza lan egiten dituzte kobratu gabe mundu osoko emakumeek eta neska gazteek.
  • Lan horrek munduko ekonomiari egiten dion ekarpena eguneko 10.8 bilioi dolarrekoa da, teknologia industria globalaren tamaina baina hiru aldiz handiagoa.
  • Munduko %1 aberatsenak %0,5 zerga gehiago ordaintzea lortuko balitz, hezkuntza, osasuna edo haur eta zaharren zaintzaren sektoreetan hamar urtetarako 117 milioi lanpostu sortzeko behar den inbertsioa lortuko litzateke.
  • 2019an, 2.153 super aberatsek 4.600.000.000 pertsonak baino aberastasun gehiago zeukaten.
  • Munduko %1 aberatsenak herritarren %88,4ak batera baino aberastasun gehiago dauka.
  • Ehunekoak zenbakitara ekarrita, 7.800.000 aberatsenek 6.900.000.000 pertsonak baino gehiago daukate.
  • Nekazal komunitateetako eta diru sarrera baxuetako eremuetako emakumeek kobratzen ez duten 14 orduko lana egiten dute egunero, komunitate beretako gizonek baino bost aldiz gehiago.
  • Munduan etxean lan egiten duten 67.000.000 langileetatik %80 emakumeak dira.
  • Etxeko langileen %90ak ez du gizarte segurantza sistemara sarbiderik.
  • Mundu mailan, gizonek emakumeek baino %50 aberastasun gehiago daukate.
  • Gobernuetako ministroen %18 eta Parlamentuetako kideen %24 dira emakumeak. Honen ondorioz, emakumeak askotan erabakiak hartzeko guneetatik kanpo daude.