Articles du Vendredi : Sélection du 24 février 2012

Choix de vie

Patrick Baronnet, www.heol2.org
Enbata-Alda ! du 23.02.2012

Penser l’après-pétrole

Benoît thevard, ingénieur des mines, conseil en énergie et stratégies post-carbone des territoires
Enbata-Alda ! du 23.02.2012

Tribune Énergie « Le nucléaire est un pari perdant »

Stéphane Hessel, diplomate, ambassadeur et ancien résistant français
www.dna.fr/politique/2012/02/17/le-nucleaire-est-un-pari-perdant

Le risque nucléaire, “le problème actuel le plus préoccupant”

Pierre Le Hir
Le Monde du 12.02.2012

Rio+20 et économie verte

Invitation d’Attac France et de l’Aitec adressée à toutes les organisations parties prenantes du collectif Urgence Climatique Justice Sociale, ainsi qu’à tous les associations, syndicats, réseaux et collectifs citoyens, désireux de prendre des initiatives relativement à Rio+20 et “l’économie verte”.

«L’Europe est en train de saigner la Grèce,
alors qu’elle aurait les moyens de la secourir»

Dominique PLIHON, Economiste
Le JPB du 18.02.2012

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Choix de vie

Patrick Baronnet, www.heol2.org
Enbata-Alda ! du 23.02.2012

Qu’est-ce qu’une maison autonome ? Une maison où les habitants ont décidé de vivre en accord avec les lois de la vie et de consommer totalement (ou presque) à partir des énergies du soleil, du vent, de la terre et du feu tant au niveau de l’habitat, que de la gestion de l’énergie, de l’eau de l’alimentation et de la santé. Ses habitants ont fait le choix de réduire leur pollution à (presque) rien, de réduire au mieux l’utilisation de l’argent: euro ou dollar pour ne pas encourager la destruction de l’humain et de son environnement. Ils ont fait le choix de se désolidariser des grandes distributions qui ont détruit le tissu humain, le tout dans un souci, non de repli sur soi mais au contraire d’une conscience aigüe de la citoyenneté.
Comment êtes vous venu à réfléchir, rechercher et vivre sur et par l’autonomie et ce mode de vie alternatif ? C’est tout simplement une réflexion précoce, progressive et assidue qui a mené notre conscience à ne plus être complice d’une organisation (devenue mondiale) dégradante pour l’Homme et la Planète et de proposer des solutions constructives, plutôt que des rester dans la révolte ou le catastrophisme.
Comment présenter “un mode de vie autonome” sans faire peur quand “vivre sans eau publique, ni pétrole, ni électricité, ni supermarché” peut paraître dans les sociétés occidentales comme étant impossible ? La meilleure chose est de nous regarder dans le blanc des yeux, mon épouse, moi-même ainsi que nos 4 enfants qui en diront plus long sur notre joie de vivre, notre humour et notre culture ou faire partie des 70 000 visiteurs qui ont été bouleversés par un bonheur accessible à tous, pourvu d’oser vivre sa vie. Ce que nous vivons est possible: la preuve. Ce que nous vivons en tant qu’Occidentaux n’est plus possible La preuve est criante et fait souffrir ceux qui dépendent de notre mode de vie car nous avons du sang sur les mains, bien malgré nous.
Votre mode de vie semblant être un mode à généraliser dans un futur proche, quels sont les pas qui peuvent être d’ores et déjà mis en place par les citoyens souhaitant “limiter leur dépendance” ? La première chose est de ne plus croire les médias qui mentent, d’échanger avec ses amis, de manger moins de viande pour libérer 2/3 des terres agricoles afin de nourrir tout le monde et si possible cultiver soi même, en groupe ou par quartier ses propres légumes biologiques pour être en bonne santé. C’est de s’engager dans des associations, rire, chanter, danser pour que l’enthousiasme nous donne l’énergie de notre propre changement qui changera le Monde Un mot de présentation du projet “Oasis en tous lieux” de Pierre Rabhi dont vous êtes un membre actif… Les “Oasis en tous Lieux” vont se réunir chez nous en juin, humbles lieux comme le nôtre, qui tentent de vivre en cohérence avec leurs idées, d’expérimenter des techniques à la mesure de l’homme, de vivre “ensemble” … pas toujours facile mais tellement épanouissant et d’intervenir par le témoignage de lieux “pilote”. Ils souhaitent inviter chacun à vivre sa vie et non celle qu’une petite minorité nous impose et chercher de manière créative et libre, des audaces nouvelles pour Incarner l’Utopie: plus raisonnable que l’incohérence de nos gouvernances et plus enthousiasmante pour nos têtes et nos coeurs. «La maison autonome» : Projection + Débat avec Patrick Baronnet le vendredi 9 mars à 20h00 à Mouguerre (Salle Haitz Ondoan, centre du village).

Penser l’après-pétrole

Benoît thevard, ingénieur des mines, conseil en énergie et stratégies post-carbone des territoires
Enbata-Alda ! du 23.02.2012

Les générations actuelles vivront dans un monde radicalement différent de celui de leurs parents et de leurs grands parents. En effet, notre dépendance au pétrole est totale et pourtant de nombreux indicateurs montrent que la fin du pétrole abondant et peu cher est imminente. A quinze jour de sa conférence à Ainiza Monjolose, co-organisée par EHLG, Bizi! et la Fondation MRA, Benoît Thévard, ingénieur conseil, répond aux questions d’Alda! sur les bouleversements prévisibles dûs à cette pénurie à venir et les adaptations possibles et souhaitables dès aujourd’hui. Quels sont les dangers liés à notre extrême dépendance au pétrole ? Quand on parle du pétrole on pense immédiatement au prix de l’essence à la pompe, à nos trajets quotidiens en voiture, etc. Mais en fait, pour avoir une vision plus réaliste de notre dépendance, il faudrait se poser la question suivante : «Quel est le bien ou le service qui est actuellement indépendant du pétrole ?». La réponse la plus proche de la réalité est «aucun !». En effet, tout bien ou service, à un moment donné, a eu besoin du pétrole. Même si on parle de plus en plus d’une économie dématérialisée (via l’usage d’internet), l’ampoule d’éclairage, le chauffage et l’ordinateur du bureau ont eu besoin du pétrole… Comme tout ce qui nous entoure a eu soit pour la fabrication, soit pour le transport, etc. besoin du pétrole, de près ou de loin ! Toute variation du prix du pétrole représente un risque important pour le fonctionnement de l’économie dominante : si le prix du pétrole augmente, le reste des prix aussi augmente. Ce qui dans les secteurs essentiels à la vie des citoyens (alimentation, santé et habitat) pose un problème majeur. Ainsi dès que le prix du pétrole augmente, le coût des besoins vitaux augmentera et la consommation qui leur est reliée aura des prix à la hausse. Quand on parle de l’avenir du pétrole, on parle de «la fin du pétrole bon marché» ou de «la fin du pétrole tout court» ? Comment avoir l’heure juste dans un monde où on fait comme si le pétrole abondant et pas cher était infini ? Effectivement, dans le domaine du pétrole, il faut connaître les ordres de grandeur et savoir ce qu’ils représentent par rapport à l’avenir. Ainsi, on ne peut nier qu’il y a encore beaucoup de réserves de pétrole dans le sous-sol : la moitié de ce qui a existé. La question à se poser, et à suivre, concerne la capacité de production en temps réel de l’industrie pétrolière afin d’alimenter une demande au quotidien pour les industries et habitants, et ainsi assurer le fonctionnement de nos sociétés. En effet, la moitié des réserves de pétrole ayant existée qui a été consommée concernait le pétrole le plus facile à extraire (pétrole liquide, de surface, sous pression, dont le raffinage était assez simple). Aujourd’hui le pétrole est en off shore profond (4km sous l’eau auquel il faut ajouter 2 ou 3km à creuser sous terre…), soit sous forme de sable bitumineux, d’huiles de schistes, etc. Les gisements conventionnels sont bel et bien en fin de course et en phase d’épuisement. Ainsi, actuellement, les gisements qu’on exploite sont plus coûteux. Ce qui est en jeu est donc la capacité technique des industries à produire toujours plus vite et en plus grande quantité le pétrole nécessaire pour répondre à la demande croissante ! Il y a donc un vrai problème de rythme et de débit dans la production du pétrole : la production baisse, les coûts de production augmentent, la demande augmente… les prix pétroliers aussi ! L’économie n’arrive plus à suivre. D’autre part, on peut aussi parler de la disponibilité physique du pétrole, qui dans le cas de la France est à 99% importé. Les pays producteurs de pétrole connaissent une croissance et deviennent plus grands consommateurs de pétrole ce qui met de la tension au niveau des exportations. Est-ce que la France a des garanties d’être approvisionnée dans les quantités souhaitées ? Quels sont les bouleversements prévisibles liés à cette pénurie à venir ? Depuis 2004 on a une tension sur le marché du pétrole : la production du pétrole conventionnel stagne. Les coûts de production augmentent aussi : de plus en plus d’énergie est nécessaire pour exploiter le pétrole. .. c’est le serpent qui se mord la queue. Pour exploiter le pétrole il faut plus d’énergie, et le pétrole étant plus cher, le coût d’exploitation du pétrole augmente. Toute tension supplémentaire sur le pétrole (comme lors de l’explosion de la bulle spéculative en 2008) entraîne une explosion du prix du baril… qui à la longue entraîne une récession économique, donc une baisse de la consommation du pétrole et, par conséquent, une diminution de son prix. Ainsi, si l’on suit la courbe d’évolution du prix du pétrole dans le temps on aura des «plateaux ondulants» : une suite de croissance et de récession économiques corrélée au prix du pétrole… C’est le modèle économique dépendant du pétrole depuis le XIXè siècle qui est en jeu. Comment faire face à ce changement à venir et quelles sont les adaptations possibles et souhaitables dès aujourd’hui? Il faut voir si les alternatives au pétrole sont en mesure de compenser «dans les délais» ce que nous apporte le pétrole en terme de quantité, d’usage et de prix… Le nucléaire n’a qu’un usage électrique. Ainsi, l’usage de l’électrique dans le transport implique le renouvellement de l’intégralité du parc automobile, de bus, etc. ainsi que celui des moyens logistiques (dépendants des énergies fossiles à prix bas) permettant à la société de fonctionner… L’organisation physique de la société actuelle fait en sorte que l’électricité ne pourra pas remplacer les avions transportant l’alimentation, les engrais ou tout le matériel «jetable» et les médicaments liés au domaine de la santé. Il faudra changer de modes de vie ! Certains se contentent du «déni de la réalité», mais il vaut mieux être conscient que l’avenir n’est pas aussi radieux que voulu, et se mettre à trouver d’ores et déjà des solutions ensemble pour s’y préparer. Acceptons la situation telle qu’elle est, arrêtons de croire à la technologie et à la solution miracle ! Tant qu’on espère de ce domaine, on n’avance pas ! Or, on n’aura pas le temps, ni la finance, ni l’énergie fossile nécessaire pour transformer la logistique mondiale et conserver notre mode de vie actuel. Admettons notre vulnérabilité ! Préparons-nous aux changements économiques à venir : la logique de la croissance ne fonctionne plus car on n’aura plus l’énergie nécessaire pour la tenir et les conséquences de cette logique sur le basculement climatique ne seront pas assumables. Il faut se recentrer sur l’essentiel : les besoins fondamentaux/vitaux dont on ne peut pas se passer (manger, boire, avoir un toit, assurer l’hygiène, se chauffer, s’habiller,…). Et voir les ressources locales pouvant être affectées à la réponse à ces besoins essentiels ! Comme tous ces besoins dépendent du pétrole ils seront de toute façon remis en cause dès l’instant qu’il n’y en aura plus ! Il faudra donc une mobilisation de la société civile, des élus, etc. En effet, il faudra voir comment trouver des solutions locales aux besoins primaires (alimentation, santé et habitat) et aux fonctions support (transport, économie et énergie) avec les citoyens et les élus. La résilience, la capacité d’un système subir un choc ou un changement perturbant à s’y adapter, à se réorganiser tout en continuant à fonctionner et en gardant son identité nous aidera dans ce domaine. C’est une qualité fondamentale dans la mesure où nous allons vivre des changements. Faire en sorte que notre organisation soit résiliente : susceptible de vivre changements et se réorganiser sera essentiel! Malheureusement nous ne sommes pas résilients, mais résistants ! On est capable de tenir un moment, on est solide, stable via un système centralisé… mais on n’est pas adaptable… Dans une période de changement, c’est un problème, un point faible ! Il faut changer ça et nos territoires doivent être résilients, plus adaptés aux changements qu’on sera amené à vivre ! J’aurai l’occasion de développer quelques pistes de solution lors de ma conférence au Pays Basque, le 8 mars à Ainiza à 20h30.

Tribune Énergie « Le nucléaire est un pari perdant »

Stéphane Hessel, diplomate, ambassadeur et ancien résistant français
www.dna.fr/politique/2012/02/17/le-nucleaire-est-un-pari-perdant

« Enfin ! Enfin le sujet est mis sur la table. Enfin il est sorti de sa cache, tiré de son tabou, porté à la lumière. « Il » ? Le nucléaire. Pourquoi est-il si important que le nucléaire soit une thématique débattue, un enjeu clairement compris ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une énergie anodine.
Une menace pour nous tous
Il représente bien au contraire une menace pour nous tous, citoyens, citoyennes, qui vivons – sans en avoir le choix – au contact de ces installations potentiellement mortifères. Parce que le nucléaire est aussi un pari perdant sur l’enjeu majeur de notre siècle : les changements climatiques. S’abriter derrière la fausse idée que l’atome a la capacité d’entraver la course folle vers les bouleversements climatiques, c’est vivre dans une dangereuse illusion.
En faisant le choix du nucléaire, nos dirigeants nationaux ont engagé notre avenir pour des décennies entières – sans nous consulter. Ils ont réquisitionné une thématique cruciale et se permettent de prendre les décisions seuls.
Chers amis, aujourd’hui, reprenons notre voix ! N’abandonnons plus cette question capitale entre les mains de quelques dizaines de représentants de l’État ou décideurs privés. Il faut se réapproprier cette question et, au-delà du simple débat, exiger de nos dirigeants, élus pour nous représenter, qu’ils nous représentent effectivement.
L’insurrection démocratique est un devoir inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, et affirmé dans notre Constitution. Aujourd’hui, insurgeons-nous, mobilisons-nous, exigeons ensemble et publiquement la sortie du nucléaire, cette énergie qui nous condamne. Réclamons à notre prochain président de nous mener vers la voie de demain : celle de la transition énergétique. Pour que chacun d’entre nous ait accès à l’énergie, et pour que cette énergie soit respectueuse de l’Homme comme de l’environnement dans lequel il vit. »

Le risque nucléaire, “le problème actuel le plus préoccupant”

Pierre Le Hir
Le Monde du 12.02.2012

Fukushima n’aurait-il rien changé ? Le poids de l’atome est-il si grand en France, sa présence si incontestable que, moins d’un an après la catastrophe japonaise du 11 mars 2011, la plus grave de l’histoire du nucléaire après celle de Tchernobyl, l’onde de peur qui a parcouru la planète n’ait pas de résonance dans l’Hexagone ?
“On ne la fermera pas, cette centrale, il n’en est pas question !”, a martelé, le 9 février, Nicolas Sarkozy devant les salariés du site nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), le plus ancien de France et, à ce titre, la bête noire des écologistes. “Cette centrale ne fermera pas au seul motif de l’idéologie ou de la transaction politique. Ce serait profondément contraire à l’intérêt de la France”, a ajouté le chef de l’Etat. Comme si, oui, Fukushima n’avait rien changé.
Et pourtant. Pour près d’un Français sur cinq, les risques nucléaires constituent désormais “le problème actuel le plus préoccupant”. Loin, certes, derrière le chômage, la crise financière et le couple misère-exclusion. Mais devant l’insécurité, la dégradation de l’environnement ou les bouleversements climatiques. Jusqu’alors, le danger nucléaire ne tourmentait que moins d’un Français sur dix, à égalité avec les accidents de la route.
L’irruption de l’atome au quatrième rang des motifs d’inquiétude des Français, dans un contexte surdéterminé par la crise économique, est l’un des enseignements marquants de l’édition 2012 du Baromètre de la perception des risques et de la sécurité, établi depuis plus de vingt ans par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les données qu’il présente ont été collectées en septembre et octobre 2011, un peu plus de six mois après la catastrophe japonaise.
“A l’évidence, l’accident de Fukushima a provoqué un choc dans l’opinion”, commentent les auteurs de l’étude, Marie-Hélène El Jammal et François Rollinger. D’autres chiffres en témoignent. Jamais les Français n’ont été aussi nombreux à juger le risque des centrales nucléaires “élevé” (ils sont plus d’un sur deux à le penser). A contrario, jamais ils n’ont été si peu nombreux à “accorder leur confiance aux autorités” pour les en protéger (moins d’un sur quatre). Qu’il s’agisse de crainte ou de défiance, “tous les indicateurs relatifs aux centrales nucléaires atteignent des niveaux historiques”, souligne François Rollinger.
“Fukushima a marqué une évolution très nette. Est-ce pour autant une rupture durable ? Notre prochain baromètre annuel le dira”, nuance Marie-Hélène El Jammal. De fait, le drame japonais a exacerbé des peurs préexistantes, davantage qu’il ne les a fait surgir. S’appuyant sur une enquête réalisée en juin 2011 pour Le Monde, à l’échelle de l’Europe, Laure Bonneval et Cécile Lacroix-Lanoë, chargées d’études à l’IFOP, estiment qu’il a eu pour effet de “cristalliser des tendances déjà à l’oeuvre dans l’opinion”. A leurs yeux, “il serait fallacieux de croire que la catastrophe de Fukushima a retourné des opinions publiques qui auraient été massivement en faveur de l’énergie nucléaire”.
Fukushima semble en fait avoir conforté, en Europe, le contraste entre deux blocs. D’un côté, les Français et les Britanniques, plus nombreux à être partisans du nucléaire qu’à s’y opposer, à une majorité il est vrai très relative (en France, 32 % pour, contre 20 % contre, la plupart des sondés se disant hésitants ou sans opinion). De l’autre, les Allemands et les Italiens, dont une majorité absolue s’y déclare hostile. Entre les deux, les Espagnols, répartis à parts égales entre pro- et antinucléaires.
C’est qu’en France, pays le plus nucléarisé de l’Union européenne avec 58 des 143 réacteurs européens disséminés sur son territoire, l’atome a une longue histoire. Elle remonte à 1944 – la seconde guerre mondiale n’était pas encore terminée – et à la conviction du général de Gaulle que, grâce à lui, la France pouvait retrouver son “statut de grande puissance à la table des négociations”.
Les propos tenus par Nicolas Sarkozy à Fessenheim ne font que perpétuer cet héritage. Emancipée de ses origines militaires – sans s’en être tout à fait libérée -, la filière électronucléaire a, depuis, incarné la grandeur de la France en même temps qu’elle assurait son indépendance énergétique. Pendant des décennies, droite et gauche lui ont apporté un soutien indéfectible, avant de diverger très récemment sur la place de l’atome.
En dépit de cette culture historique du nucléaire en France, Fukushima a modifié la donne. Certes moins radicalement qu’en Allemagne, en Belgique et en Suisse, qui ont décidé de renoncer totalement à l’atome. Ou qu’en Italie, où par référendum la population s’est opposée, à près de 95 %, à la construction de nouveaux réacteurs dans la péninsule. Mais de façon claire néanmoins. Interrogés en juin 2011 par l’IFOP, pour Le Journal du dimanche, plus de trois Français sur quatre se disent désormais favorables à l’abandon – progressif ou rapide – du nucléaire. Les femmes sont même plus de huit sur dix à le souhaiter.
Difficile, pour autant, de savoir si l’atome influera sur le vote des Français. Seule certitude : la question de la sortie du nucléaire et de la transition énergétique a pris dans la campagne présidentielle française une place qu’elle n’aurait pas occupée sans le coup de semonce japonais. Au point d’être quasiment le seul sujet environnemental sur lequel ont pris position toutes les formations politiques.
“Avant Fukushima, les centrales nucléaires avaient une image banalisée. Le public leur associait des risques comparables à ceux de l’industrie chimique”, observe François Rollinger. La perception n’est plus la même aujourd’hui. Car, à la différence du cauchemar de Tchernobyl, que l’on avait pu mettre sur le compte d’une technologie soviétique obsolète (le réacteur ukrainien sinistré ne possédait pas d’enceinte de confinement), la tragédie de Fukushima a frappé un pays technologiquement très avancé, dont le savoir-faire nucléaire n’a rien à envier à celui de la France.
Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste, n’a-t-il pas convenu que “personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais un accident grave en France” ? Mieux, ou pis, le patron de l’IRSN, Jacques Repussard, n’a-t-il pas dit que Fukushima obligeait à “imaginer l’inimaginable” ? Une formule à double tranchant, dont la vertu est de ne fixer aucune limite à l’exigence de sûreté, mais qui porte en elle-même l’aveu de l’impuissance à atteindre cet objectif, l’impensable ne pouvant, par définition, être pensé avant qu’il se matérialise.
“De façon très explicite chez les défenseurs de l’atome, plus diffuse chez les autres, le nucléaire, considéré comme une menace quand il est mis en oeuvre dans les pays en développement, est associé, dans les pays développés, à la modernité”, observe la sociologue Christine Castelain-Meunier (CNRS-Ecole des hautes études en sciences sociale). Singulièrement en France, note-t-elle, où il est du ressort du “patriotisme” et de la “fierté nationale”. Or, constate-t-elle, Fukushima a fissuré “l’amalgame entre nucléaire et modernité”.
C’est peut-être, plus profondément, le mythe de la puissance nucléaire, du pouvoir sur la nature conféré par la maîtrise de la fission des particules primordiales qui se lézarde. Dans leur volonté de dompter la matière – “canaliser les forces naturelles dans le monde de l’artifice humain”, disait la philosophe allemande Hannah Arendt -, les hommes en ont appelé aux dieux, aux Titans et aux forces cosmologiques.
A Tchernobyl, les employés déjeunaient, à la cantine, sous un vitrail représentant Prométhée, dont une statue, les bras levés vers le ciel pour s’emparer du feu de l’Olympe et l’offrir aux humains, se dresse aujourd’hui à l’entrée de la centrale. Les physiciens rassemblés dans le projet international de réacteur à fusion thermonucléaire ITER (“le chemin” en latin) promettent, tels des démiurges, de “mettre le Soleil en boîte”. Et, en France, la conception d’un centre d’enfouissement de déchets radioactifs vient d’être confiée au groupement Gaiya, comme s’il y fallait la protection de la Terre-mère.
Après Fukushima, les mortels se retrouvent livrés à eux-mêmes, face à leurs choix. Dans un pays où ce modèle n’a jamais été soumis au vote, par référendum par exemple, “les citoyens veulent aujourd’hui être associés à un débat démocratique sur les choix énergétiques et la place du nucléaire, relèvent Marie-Hélène El Jammal et François Rollinger. Ils aspirent à devenir eux-mêmes des acteurs de la maîtrise des risques.” Le dogme du nucléaire salvateur est ébranlé. L’atome démythifié.

Rio+20 et économie verte

Invitation d’Attac France et de l’Aitec adressée à toutes les organisations parties prenantes du collectif Urgence Climatique Justice Sociale, ainsi qu’à tous les associations, syndicats, réseaux et collectifs citoyens, désireux de prendre des initiatives relativement à Rio+20 et “l’économie verte”.

Le sommet de la Terre à Rio de Janeiro (20 – 22 juin) entend faire de la promotion de l’économie verte la solution aux multiples dimensions de la crise que traverse le capitalisme et la mise en pratique des objectifs de développement durable issus de la conférence de Rio en 1992. Un sommet des peuples (15 – 23 juin) se tiendra au même moment à Rio, ainsi que des mobilisations dans les différents pays.
La publication en 2011 par le PNUE et l’OCDE de rapports sur l’économie verte, renseignent précisément sur le contenu d’une telle entreprise, tout comme le premier brouillon issu du secrétariat des Nations Unies en vue de Rio 2012.
Alors que le concept de développement soutenable exprimait un compromis entre les exigences écologiques de durabilité, celles de justice sociale et celles du développement, compromis qui s’est avéré insoutenable, la promotion de l’économie verte exprime un renoncement à placer les choix politiques, la justice sociale et la durabilité au dessus des logiques économiques et financières de rentabilité.
Le deuxième objectif du sommet, la gouvernance mondiale, et les propositions actuellement discutées, expriment ce même renoncement.
Leur économie verte abandonne tout objectif social, de création d’emplois et de choix d’investissement aux marchés et au secteur privé et conduit à une financiarisation accélérée des ressources naturelles.
Elle prive les populations des possibilités et capacités de prendre les décisions nécessaires pour s’engager sur un chemin de transition démocratiquement défini, juste socialement et soutenable sur le plan écologique. Alors que les crises financières et économiques font des ravages, étendre l’emprise de la finance sur les éléments essentiels à la vie est criminel.
L’économie verte dont il est question n’est pas seulement du greenwashing ou du capitalisme reverdi, comme nous les connaissons déjà : c’est l’inclusion dans le cycle du capital des processus biologiques qui sous des formes diverses assurent les grands cycles écologiques et la reproduction de la vie. Cela passe par une tentative d’appropriation, de manipulation technologique à grande échelle et de financiarisation des «services écosystémiques» produits par la nature, devenue entreprise productive.
Face à la crise énergétique et à l’épuisement des ressources non renouvelables, la biomasse devient le nouvel eldorado pour poursuivre le même modèle. Ces ressources biologiques sont aujourd’hui essentiellement concentrées dans les pays du Sud. Elles dessinent une nouvelle géographie des richesses. Sous prétexte de développement, les plus grandes multinationales et les groupes financiers tentent d’en prendre le contrôle, en vue de leur exploitation ou de leur conservation. Leur économie verte galvanise l’avidité des 1% et étouffe les aspirations des 99%.
Partout sur la planète, des populations se lèvent contre cette marchandisation et financiarisation sans fin de la nature et des sociétés.
C’est pourquoi, une campagne internationale contre cette économie verte vient d’être lancée. Cette campagne a vocation à se décliner dans chaque pays et à permettre l’expression d’alternatives et de propositions. Construire une économie qui permette d’engager une transition, d’assurer la justice sociale et la soutenabilité écologique, la création massive d’emplois décents, une agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire, qui permette de sortir d’une guerre sans fin pour l’accès, le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles, de penser le système économique comme un sous-système de la biosphère et un sous-système des sociétés, a peu à voir avec leur économie verte. (…)

«L’Europe est en train de saigner la Grèce,
alors qu’elle aurait les moyens de la secourir»

Dominique PLIHON, Economiste
Le JPB du 18.02.2012

Professeur d’économie financière à Paris XIII et président du conseil scientifique d’Attac, Dominique Plihon a donné jeudi soir à la Maison pour tous d’Anglet une conférence-débat sur le thème “La dette publique, une dette légitime ?”. Petit cours de rattrapage.
De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque la “crise de la dette” ?
De la crise de la dette publique, celle des Etats, aussi appelée “dette souveraine”. Elle est exacerbée par le fait qu’il y a eu avant, en 2007-2008, une autre crise, celle de la dette privée ou “des subprimes”, arrivée en Europe après les Etats-Unis. Pour soutenir les banques et l’économie, des plans d’aide aux banques ont été réalisés par les Etats, ce qui a accru fortement leurs dettes publiques. En France, elle est passée, en pourcentage du PIB [produit intérieur brut, valeur totale de la richesse produite par un pays, ndlr], de 60 à 90 % aujourd’hui.
Comment se décompose la dette publique dans l’Hexagone ?
La dette publique française est d’environ 1 700 milliards d’euros, dont 85 % pour l’Etat. Le reste des emprunts se répartit entre les collectivités (villes, départements, régions) et un tout petit peu la protection sociale. Le déficit public de l’Etat français, qui était de 200 milliards d’euros en 2011, donne lieu à un endettement supplémentaire chaque année. Sur ces 200 milliards, le poste “charge de la dette” (remboursement des emprunts et intérêts à payer) représente la principale dépense, avec environ 130 milliards.
D’où vient cet endettement ?
A Attac, et avec le collectif des Economistes atterrés, nous tentons de déconstruire l’idéologie dominante affirmant que la dette se creuse car on dépense trop. C’est faux. La dette publique est passée de 20 % du PIB dans les années 1980 à 90 % aujourd’hui, alors que dans le même temps, le ratio des dépenses de l’Etat par rapport au PIB – environ 53 % – n’a pas augmenté.
Quelle est donc, selon vous, la cause réelle de ce creusement ?
Il faut prendre le problème par l’autre côté, celui des recettes. La deuxième cause, c’est l’endettement des Etats sur les marchés.
Commençons par la baisse des recettes…
Il y a eu une contre-réforme fiscale dans les années 1980, que l’on qualifie de politique “néolibérale”, reposant sur l’idée que trop d’impôts tuaient l’activité. Entre 1985 et 2010, les impôts totaux en pourcentage du PIB ont ainsi diminué de 18,4 % à 14,5 %. La première source d’augmentation du déficit, c’est donc le manque à gagner fiscal.
Quels impôts ont été réduits ?
Les impôts sur les hauts revenus ont baissé. Dans certains pays, la tranche supérieure était taxée jusqu’à 80 %. En France, elle est aujourd’hui à 41 %. La deuxième source, ce sont les niches fiscales accordées. Il y en a 400 en France. La plupart permettent de réduire l’impôt sur les sociétés. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a estimé qu’elles coûtaient entre 70 et 100 milliards par an. L’impôt sur les sociétés est actuellement de 33,3 % en France, contre 50 % il y a 20 ans. Et malgré ça, le taux officiel des 40 plus importantes sociétés françaises (celles du CAC 40, Total, Bouygues, BNP…) est de 8 %.
L’exemple le plus criant, c’est la société Total, qui jusqu’à maintenant ne payait pas d’impôts ! Cette année, elle va payer 300 millions. Alors qu’elle fait 12 milliards de bénéfices…
Pour en arriver à un taux zéro d’imposition, dans l’exemple de Total, les seules niches fiscales ne sont pas suffisantes…
L’autre source de manque à gagner, c’est l’évasion fiscale, qui concerne très largement les multinationales du CAC 40. Elles vont (dé)localiser leurs bénéfices dans des paradis fiscaux (Luxembourg, Andorre, Monaco, Liechtenstein…) où elles ne paient pas d’impôts. Quand on arrive à Jersey, dans les îles anglo-normandes, on se retrouve dans un petit port avec face à soi des immeubles. A l’intérieur, pour cinq appartements, il y a 300 boîtes aux lettres. Celles d’entreprises qui y ont domicilié leurs opérations… Il y a aussi l’attitude scandaleuse de certains pays comme l’Irlande, où l’impôt sur les sociétés est de 12,5 %. C’est ce qu’on appelle du “dumping fiscal”.
Combien représente l’évasion fiscale ?
Environ 40 milliards d’euros par an. Si on y ajoute les 70 à 100 milliards des niches, cela fait entre 110 et 140 milliards. Soit une bonne partie du déficit de l’Etat.
La deuxième cause de ce déficit est d’après vous “l’endettement sur les marchés”. Tout d’abord, que recouvre cette notion floue de “marchés”. A-t-elle un visage ?
Il s’agit d’un ensemble d’acteurs sur les marchés qui achètent la dette. Les principaux sont les banques (BNP Paribas, Société générale, HSBC…) et les investisseurs internationaux (fonds de pension ou sociétés d’assurances type Axa). La caractéristique de la dette française est d’être détenue à 70 % par des investisseurs étrangers, ce qui rend l’Etat français d’autant plus vulnérable.
En quoi “l’endettement sur les marchés” pose-t-il un problème ?
L’Etat français s’est mis sous la coupe des marchés en allant de plus en plus s’endetter à leurs conditions, c’est-à-dire, en échange de la mise en place d’une politique qui leur plaît : pas d’impôt, et une réduction du poids de l’Etat.
D’où les politiques dites d’austérité actuellement mises en œuvre en Europe.
Ce que veulent les investisseurs, c’est que les Etats ne soient pas endettés, pour être sûrs qu’ils puissent rembourser. Ils veulent les obliger à une austérité dans leurs dépenses alors que celles-ci ne sont pas en cause. Quand l’Etat français perd son triple A, c’est que les agences de notation estiment que la politique de rigueur n’est pas assez forte et qu’elles hypothèquent ses capacités futures à rembourser.
Que viennent faire là-dedans les agences de notation ?
Les deux grosses agences de notations, Moody’s et Standard & Poor’s (S&P), existent depuis le XIXe. Elles évaluaient jusqu’ici les titres des sociétés privées. Dans les années 1990, il a été décidé qu’elles devenaient des acteurs officiels pour noter la dette des Etats. Il y a aujourd’hui plusieurs scandales autour de cela. Moody’s et S&P sont américaines, ce qui veut dire que des intérêts américains décident de ce qui est bien ou pas pour la France. D’autre part, dans leur évaluation, ces agences prennent les mêmes critères que pour Total. Et elles disent aux Etats ce qu’ils doivent faire. Or, ces derniers ne sont pas des entreprises. Les agences outrepassent leur rôle. C’est un abus de pouvoir, antidémocratique.
Que prônez-vous à la place de l’austérité ?
De raisonner comme un médecin, de faire un diagnostic et de proposer un remède. Pas de donner dans la saignée. Aujourd’hui, on saigne le peuple grec. C’est injuste, mais aussi inefficace car cela plonge l’Europe dans la récession. La croissance (du PIB) de la Grèce a baissé de 7 % l’an dernier. Moins on crée de richesse, moins on peut rembourser. C’est un cercle vicieux. Cette attitude est criminelle et irresponsable.
La Grèce est un petit pays, auquel l’Europe a les moyens de venir en aide. A court terme, il faut l’annulation totale de la dette grecque.
Peut-on annuler une dette comme cela ?
Aujourd’hui, il est admis par tout le monde que la Grèce ne pourra pas rembourser sa dette. On est sur une annulation de 50 %, même si nous, nous irions jusqu’à 100 %. Le cas échéant, que se passera-t-il pour les créanciers, essentiellement des banques européennes (BNP, Deutsche Bank, Santander…) ? Prenons les banques françaises : ce sera une perte pour elles, avec une diminution de leurs fonds propres (actionnariat et profits intégrés dans leurs comptes). Soit elles supportent le choc, soit l’Etat intervient en les recapitalisant. Nous y voyons l’opportunité pour lui de les nationaliser.
Ce faisant, l’Etat français va accroître son propre déficit public.
C’est ici qu’intervient la Banque centrale européenne (BCE), en rachetant les dettes supplémentaires des Etats. Elle fait de la création monétaire, fait “marcher la planche à billet”. Certains disent que cela engendrera de l’inflation. Mais en fait, non, car nous sommes en récession et qu’il ne faudra pas que nous perdions de la compétitivité. Aujourd’hui, la BCE ne fait pas de création monétaire car le traité de Maastricht le lui interdit. Toutes les grosses banques centrales dans le monde le font (Réserve fédérale américaine, Angleterre, Japon).
Cette nationalisation serait-elle provisoire ou définitive ?
A Attac, nous pensons qu’il faut constituer en Europe un pôle public bancaire, destiné à des projets de long terme, pour lesquels le secteur privé ne prête pas, comme la transition écologique (ferroutage, énergies alternatives…).
Revenons aux 200 milliards de déficit public français. Quel remède préconisez-vous à partir du diagnostic des causes du mal ?
Déjà, si la BCE rachète une partie de la dette publique, cela fera baisser les taux d’intérêts (auxquels les “marchés” prêtent). Cela cassera la domination des marchés. Aux Etats-Unis, ils le font. En Europe, nous sommes les plus néolibéraux du monde ! Nous ajoutons à cela une réforme de la fiscalité, en rendant à l’Etat les recettes qu’il a perdues (hausse des impôts sur les hauts revenus, 50 milliards sur les 70 à 100 milliards de niches fiscales). Nous proposons également le “serpent fiscal européen”. L’idée serait que les pays européens se mettent d’accord pour que la taxation sur les sociétés aille de 33 à 50 %.
Quid des paradis fiscaux ?
Au G20 de Londres en 2009, Sarkozy a dit que le problème était réglé. Pour être un “bon” paradis fiscal, il fallait conclure une dizaine d’accord d’échanges d’information avec d’autres Etats. C’est comme ça que Monaco est devenu un “bon” paradis fiscal, un “territoire coopératif”… Nous, nous disons qu’il faut généraliser la loi votée par les autorités américaines au début des années 2000 et qui permet la transparence totale. Si l’opinion publique sait que la BNP, par exemple, est dans un paradis fiscal, elle ferait pression pour que cette banque s’en retire. Et les paradis fiscaux se videraient.
Il y a quelques années, on ne parlait pas autant de la dette alors qu’elle existait déjà. L’endettement est-il toujours une mauvaise chose ?
Ici, nous venons de créer un comité local du Collectif pour un audit citoyen de la dette, le CAC 40-64. Il s’agit de distinguer la mauvaise dette publique, celle qui nous apparaît illégitime – car provenant de cadeaux fiscaux aux sociétés et aux revenus les plus élevés – de la bonne, qui permet un investissement supplémentaire, dans les écoles, crèches, routes, infrastructures…