Les glaces du Groenland plus sensibles au réchauffement que prévu
AFP
Le Monde du 12.03.2012
Mobiliser la société face au pic pétrolier
Pierre René Bauquis, Yves Cochet, Jean-Marc Jancovici, Jean Laherrère, Yves Mathieu
Le Monde du 22.03.2012
La bataille des gaz de schiste ne fait que commencer
Geneviève Azam, Emmanuel Poilane, Martine Laplante, Sandrine Mathy
Le Monde du 21.03.2012
Transition écologique et sociale : les syndicats sont dans le coup
Jean Gadrey
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2012/03/04/transition-ecologique-et-sociale-les-syndicats-sont-dans-le-coup/ – 04.03.2012
Durban, un bilan au-delà de l’arène officielle (2/2)-La justice climatique en quête d’une stratégie globale
Maxime Combes
www.mouvements.info/Durban-un-bilan-au-dela-de-l-arene.html – Mouvements, 28.02.2012
Les glaces du Groenland plus sensibles au réchauffement que prévu
AFP
Le Monde du 12.03.2012
La calotte glaciaire du Groenland, dont la fonte contribue à la montée du niveau de la mer, est plus sensible au réchauffement climatique que ce qui était admis jusqu’ici, suggère une étude publiée dimanche 11 mars dans la revue scientifique Nature Climate Change.
De précédentes études avaient établi un seuil de réchauffement de +3,1 °C par rapport à l’époque pré-industrielle au-delà duquel les glaces qui recouvrent le Groenland pourraient avoir totalement fondu, d’ici des millénaires. Cette nouvelle étude, à partir de simulations numériques, abaisse ce seuil à +1,6 °C (dans une plage allant de +0,8 °C à +3,2 °C), sachant que la planète s’est déjà réchauffée de 0,8 °C depuis le milieu du XVIIIe siècle.
Le temps que prendrait une fonte totale de la calotte (ou inlandsis) du Groenland dépend de la durée et de l’ampleur du dépassement de ce seuil : elle pourrait avoir disparu en deux mille ans en cas de réchauffement de +8 °C mais en cinquante mille ans en cas de hausse contenue à +2 °C, selon les chercheurs de l’Institut de Potsdam (PIK) et de l’université Complutense de Madrid. Limiter la hausse à 2 °C est l’objectif que s’est fixé la communauté internationale mais, au regard des émissions actuelles de gaz à effet de serre, le monde semble davantage être sur une trajectoire de +3 à +4 °C.
« IRRÉVERSIBLE »
Le Groenland constitue, après l’Antarctique, la seconde retenue d’eau sur terre. Une fonte importante de la calotte glaciaire, qui recouvre environ 80 % du territoire, pourrait contribuer à une élévation de plusieurs mètres du niveau de la mer et affecter la vie de millions de personnes, rappellent les auteurs. « Notre étude montre que, sous certaines conditions, la fonte des glaces du Groenland devient irréversible », précise par ailleurs l’un des chercheurs, Andrey Ganopolski, de l’Institut de Potsdam.
Cela s’explique par les interactions existant entre le climat et la calotte glaciaire. La calotte peut atteindre plus de 3 000 mètres d’épaisseur et s’élève ainsi à des altitudes où les températures sont plus froides. Mais en fondant, sa surface s’affaisserait à des altitudes où les températures sont plus élevées, ce qui contribuerait à accélérer encore le processus.
Mobiliser la société face au pic pétrolier
Pierre René Bauquis, Yves Cochet, Jean-Marc Jancovici, Jean Laherrère, Yves Mathieu
Le Monde du 22.03.2012
Après plus d’un siècle d’augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s’essouffle et la notion de « pic de production« , autrefois ignorée, s’impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d’ores et déjà à travers le déploiement de techniques d’extraction demandant toujours plus d’investissements, d’énergie et de matériaux. En effet, lorsque des réserves sont limitées, le rythme de leur exploitation suit une courbe croissante, puis elle plafonne à son maximum en formant un plateau, avant de décroître. C’est le cas du pétrole facilement accessible et bon marché dont la plupart des experts, y compris, désormais, l’Agence internationale de l’énergie, admettent qu’il a atteint son pic de production mondial il y a quelques années.
Malgré les découvertes de gisements récemment médiatisées, le monde continue de consommer beaucoup plus de pétrole qu’il n’en trouve par l’exploration. L’extraction du pétrole difficile, appelé non-conventionnel (sables asphaltiques, pétrole de roche-mère, grands fonds marins…) sera beaucoup plus coûteuse et surtout beaucoup plus lente. Elle ne permettra donc pas d’éviter la baisse de la production mondiale après un plateau qui ne devrait durer que jusqu’en 2015-2020. Les énergies alternatives, même si elles sont développées à un rythme soutenu, ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n’est disponible à l’échelle de la demande, actuelle ou future.
A l’avenir, nous disposerons fatalement de moins d’énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d’industrialisation rapide. Par ailleurs, les pays exportateurs consomment une part toujours plus importante de leur production pour alimenter leur développement.
Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd’hui d’une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d’énergie et de ressources. L’urgence apparaît donc d’anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l’organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n’est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l’image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.
Dans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l’ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d’anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l’ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l’élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l’extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société.
Pierre René Bauquis, ancien directeur de la stratégie et la planification du groupe Total ;
Yves Cochet, député européen, ancien ministre de l’environnement ;
Jean-Marc Jancovici, ingénieur consultant, président de The Shift Project ;
Jean Laherrère, président d’ ASPO France (Association pour l’étude du pic pétrolier et gazier), ancien patron des techniques d’exploration du groupe Total ;
Yves Mathieu, ancien chef du projet ressources pétrolières mondiales à l’Institut français du pétrole, auteur du livre Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales (Editions Technip, 2010).
La bataille des gaz de schiste ne fait que commencer
Geneviève Azam, Emmanuel Poilane, Martine Laplante, Sandrine Mathy
Le Monde du 21.03.2012
En 2011, ils avaient dû faire profil bas. Les soutiers du gaz de schiste avaient été pris de court par la colère de citoyens furieux que l’Etat français envisage, et ce sans même leur demander leur avis, de vendre les richesses de leur sous-sol et d’hypothéquer leur cadre de vie. Le vote en juillet d’une loi interdisant la fracturation hydraulique – cette technique dispendieuse en eau et qui peut entraîner de graves pollutions des nappes phréatiques – fracassait leurs derniers espoirs de forer rapidement le quart du territoire concédé ou en passe de l’être. Total devenait la risée des industriels du secteur, puisqu’incapable de faire la loi – au sens propre comme au sens figuré – dans son propre pays.
En ce début 2012, le vent a tourné. Depuis l’abrogation en octobre dernier des trois permis emblématiques de gaz de schiste, les industriels du pétrole et du gaz essaient de reprendre la main. La balance extérieure de la France est plombée par les importations d’hydrocarbures et le nucléaire n’a plus autant la cote. Quant aux programmes d’efficacité énergétiques et de développement des énergies renouvelables, ils ont été torpillés. L’heure est donc propice pour lancer l’offensive. Objectif ? Rendre les gaz de schiste acceptables auprès de l’opinion publique. En novlangue, « faire passer la pilule » se dit « acceptabilité sociale ».
En quoi consiste cette stratégie marketing ? Comment donner envie aux Français que soit exploité « leur » gaz de schiste ? En leur racontant une belle histoire. En leur disant que la fracturation hydraulique « made in France » est une technique maîtrisée et maîtrisable à 100 % et que la mise en exploitation de milliers de puits n’aura que des impacts marginaux sur l’eau, l’air et les paysages d’Ardèche, du Jura ou du plateau du Larzac. En leur faisant croire que la mise à disposition de quantités colossales de gaz naturel représente une chance pour limiter les effets du changement climatique. En leur murmurant que le prix de l’énergie va mécaniquement chuter quand seront forés les premiers puits « français ». En expliquant, enfin, que gaz de schiste rime avec emplois et balance commerciale équilibrée. Mais tout cela n’est que mensonge, escroquerie intellectuelle et contre-vérités scientifiques.
Les Etats-Unis nous offrent un précipité sans concession des conséquences sanitaires des gaz de schiste. Plus de 500 000 puits y ont été forés en l’espace d’une petite dizaine d’années. Sans aucun contrôle. Car l’administration Bush fils avait tout corseté pour empêcher les autorités en charge de l’environnement de surveiller les conséquences de ces forages. « Pas d’analyse, donc pas de problème », auraient dit les Shadocks… Sauf que devant la multiplication des incidents, accidents et pollutions, des scientifiques émérites ont chaussé leurs bottes. Leurs conclusions sont accablantes. Nappes phréatiques souillées, bétails, poissons, hommes et femmes empoisonnés, terres contaminées, air corrompu ; les poisons que l’on injecte et qui remontent du sol ont stérilisé des régions entières.
Avec cette pseudo « révolution énergétique » des gaz de schiste, la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés avant la fin de siècle sera définitivement balayée. Deux études publiées dans des revues scientifiques de premier ordre démontrent que son impact sur le climat est pire encore que celui du charbon, à cause des importantes fuites de méthane des puits. Sur le plan économique, les quelques poignées d’emplois très temporaires créés pour exploiter le gaz de schiste ne compenseront jamais les milliers d’emplois liés à l’agriculture et au tourisme et qui nécessitent de préserver la qualité des territoires.
Sans oublier les dizaines de milliers d’emplois dans les énergies renouvelables. C’est donc à cela que pourrait ressembler, chez nous, le monde que sont en train d’essayer de nous vendre les industriels de l’énergie.
A la lecture des éditoriaux énamourés et des interviews complaisantes qui fleurissent ces jours-ci, cette stratégie du mensonge semble pourtant payante. Et les candidats à l’élection présidentielle, qu’en pensent-ils ? Les écologistes et le Front de Gauche sont résolument contre. Le président-candidat jure devant les caméras que « la fragmentation (sic) hydraulique, c’est non ». Mais les faits sont têtus : les permis du bassin de Paris, qui supposaient il y a quelques mois encore, l’utilisation de la fracturation hydraulique, sont toujours valides et l’administration française continue de délivrer des permis d’exploration pour du gaz et du pétrole de schiste. C’est que Nicolas Sarkozy compte parmi ses amis deux capitaines d’industrie très impliqués dans la partie : Albert Frère et Paul Desmarais. Le premier détient 5 % du capital de Total. Le second a des participations dans Arkema, fabricant de produits utilisés dans la fracturation hydraulique. Ensemble, ils ont la main sur 5,2 % de GDF Suez, dont le PDG Gérard Mestrallet estime « qu’il ne faut pas a priori fermer la porte pour toujours à l’exploitation de cette ressource, cela serait une erreur majeure ».
Une position à l’unisson de celle d’Eric Besson, ministre de tutelle, puisque l’Etat français est actionnaire de GDF Suez à hauteur de 35,7%. De son côté, François Hollande ne veut insulter personne, et surtout pas l’avenir… Il y a quelques jours, il déclarait « qu’il ne faut jamais rien écarter, surtout si des recherches démontrent qu’on peut obtenir ce gaz sans nuire à la nature ». Une position qui démontre que le candidat socialiste n’a pas du tout saisi les urgences énergétiques, climatiques et écologiques qui se dressent devant nous.
Une énergie bon marché… Une énergie moins émettrice de CO2. Une énergie exploitée « proprement ». Une énergie « made in France ». A les croire, ils auraient donc trouvé la nouvelle pierre philosophale. Comme n’importe quel conte merveilleux, une telle histoire s’appuie sur des opérations magiques et des événements miraculeux. Mais nous ne sommes plus des enfants et la réalité est cruelle. Et complexe. Face à la fin du mythe d’une croissance infinie, place aux véritables défis : ceux de la sobriété énergétique et de la résilience de nos sociétés. Pas de quoi remplir la poche des actionnaires mais une étape essentielle de la transition écologique. Pour réenchanter le monde. Et le réinventer.
Geneviève Azam, Attac ;
Emmanuel Poilane, directeur de la fondation France Libertés ;
Martine Laplante, des Amis de la Terre ;
Sandrine Mathy, présidente du Réseau action climat (RAC).
Transition écologique et sociale : les syndicats sont dans le coup
Jean Gadrey
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2012/03/04/transition-ecologique-et-sociale-les-syndicats-sont-dans-le-coup/ – 04.03.2012
On connaît le refrain : les syndicats sont conservateurs, et en particulier ils ne prennent pas en compte les exigences écologiques. On a certes des exemples en ce sens. Mais d’abord, j’aimerais savoir ce que feraient ceux qui entonnent ce refrain s’ils devaient se battre le dos au mur contre des décisions d’abandon de leurs sites de travail et de vie sans proposition alternative acceptable. Et par ailleurs, globalement, cette idée reçue ne tient pas la route. Je trouve même que, sur les perspectives de transition écologique et sociale, les syndicats ont de l’avance sur la majorité de nos élus nationaux.
Ils ont d’ailleurs tout intérêt à en avoir, et ils le savent. Car sur la tête de qui sont retombés dans le passé les cataclysmes industriels non ou mal anticipés par le patronat et les politiques, par exemple dans la sidérurgie et le textile, anciens pôles majeurs dans ma propre région (le Nord-Pas-de-Calais, NPDC dans la suite) ? Sur celle des salariés, ouvriers et ouvrières en tête. Pour les syndicats, anticiper n’est pas facile, mais c’est une nécessité qui fait partie de leurs réflexions, dans des collectifs dont ils se sont dotés.
UN EXEMPLE RÉGIONAL NON ISOLE, DANS SON CONTEXTE MONDIAL
Dans ma région ici prise en exemple – mais elle n’est pas la seule – d’autres cataclysmes se préparent, si on n’anticipe pas. Ses fleurons actuels, en termes d’emploi industriel, sont l’industrie automobile (troisième région en Europe), l’industrie agroalimentaire, la chimie et ce qui reste de sidérurgie/métallurgie. Et puis, là comme presque partout ailleurs, les services représentent plus des trois-quarts de l’emploi, et les phares régionaux de ce tertiaire en expansion ont été la grande distribution et les transports (logistique), plus les services et administrations publics.
Pourquoi un effondrement de plusieurs de ces secteurs est-il probable – mais pas certain – dans les dix ou vingt ans ? Je me suis souvent expliqué sur ce point : la croissance quantitative ou croissance matérielle va prendre fin dans les années ou la décennie à venir pour des raisons avant tout écologiques. Je fais abstraction des risques récessifs, dont j’espère qu’ils seront conjurés, liés à la folie de la finance dérégulée. Cela fait d’ailleurs plusieurs décennies que cette tendance – la nette décroissance du taux de croissance – s’observe (graphique, cliquer pour l’agrandir), tout comme la nette décroissance des gains de productivité du travail.
La première famille de raisons expliquant la fin vraisemblable de la croissance dans la période à venir est l’épuisement des « ressources naturelles de la croissance ». L’après pétrole a déjà commencé et, d’ici quelques années, le baril de brut sera à 200, puis 300, puis 400 dollars, et plus ensuite. Les très discutables solutions relevant de la « TIPP flottante » – ce n’est pas la TIPP qu’il faut réduire, mais les inégalités de revenu et la dépendance au pétrole – ne feront que retarder un peu une envolée inéluctable et qui va toucher bien d’autres ressources que le pétrole. Notamment des minerais essentiels à toute croissance matérielle, fut-elle « verte », et même des ressources qui ne sont pas encore considérées comme rares dans notre pays mais qui vont le devenir : terres arables, forêts, eau… Quant aux gaz de schiste, aux sables bitumineux ou aux forages en eau profonde, il faut être l’éditorialiste du Monde du 29 février pour refuser d’y voir une fuite en avant suicidaire, ne serait-ce que sous l’angle du climat. Une nouvelle « ruée minière mondiale » est en cours, et elle est désastreuse à court comme à long terme (voir cette excellente référence : http://www.mouvements.info/Nouvelle-ruee-miniere-contre.html).
Deuxième raison : si l’on se décide vite à combattre vraiment le réchauffement climatique, il va falloir freiner toutes les productions et consommations gourmandes en énergies fossiles. Les normes ou taxes qui vont s’imposer vont elles aussi renchérir le prix des énergies fossiles et de toutes les productions qui en dépendent le plus.
Donc à terme, d’ici peut-être cinq à dix ans, la production va au moins stagner, puis diminuer, dans certains secteurs dont l’automobile, la sidérurgie, le transport aérien, le transport routier, le tourisme au loin, la grande distribution, la distribution postale, etc. Freiner les délocalisations est nécessaire, mais cela ne jouera qu’un rôle très secondaire.
Plusieurs de ces secteurs menacés sont des piliers actuels de l’économie de la région NPDC. Ils ne pourront plus l’être très longtemps, sauf s’ils se « recyclent » profondément en quittant la trajectoire au fil de l’eau (et des marchés) dite « business as usual ».
Mais dans le même temps le besoin de croissance et/ou de montée en qualité devrait s’affirmer dans des secteurs d’avenir, soutenables, industriels ou non : une autre agriculture répondant à une demande de proximité et exigeant plus d’emplois, l’exploitation durable des forêts et du bois ; des industries nouvelles ou reconverties dans les énergies renouvelables, les produits à très longue durée de vie et très économes en énergie, le bâtiment à faibles émissions, la réhabilitation thermique de tout le bâti ancien, le recyclage ; les transports collectifs et le matériel correspondant, le fret ferroviaire, des services de proximité pour la petite enfance et pour le bien-être des personnes âgées ou handicapées, l’entretien de l’environnement. La liste est longue. Mais en France, comme dans le NPDC, ces activités sont presque toutes dans l’enfance, très en retard sur leurs homologues d’autres pays et régions.
ANTICIPER AVEC LES SYNDICATS ET D’AUTRES PARTIES PRENANTES
Partout, y compris au Conseil régional du NPDC, on débat actuellement d’un « autre modèle », ou de la « transformation écologique et sociale ». Quel est l’enjeu si l’on se place du côté de la population et des salariés ?
L’enjeu est d’anticiper et de prévenir en dix ans – en commençant tout de suite – ce qui risque d’être un drame économique et social comparable à ceux du passé. Il est de prendre à temps un virage dans plusieurs domaines pour s’engager sur un sentier de développement humain soutenable favorable à l’emploi et à la « résilience » des territoires. Il est de conjurer le « grand risque du 21ème siècle », celui d’une catastrophe écologique et humaine planétaire, et de fonder un « grand espoir du 21ème siècle », radicalement différent de celui que Jean Fourastié – un remarquable économiste de son temps, mais remarquablement productiviste – décrivait dans son livre de 1949, « Le grand espoir du 20ème siècle ».
On a pour cela besoin aujourd’hui de planifier de façon participative, avec toutes les parties prenantes, des conversions, reconversions et transitions écologiques avec comme principe social directeur : CONSERVER SUR LES TERRITOIRES LES EMPLOIS ET LEUR QUALITE, LES REVENUS, avec des projets régionaux et de territoires (appuyés par l’Etat et par un secteur financier arraché aux actionnaires) faisant toute leur place aux activités d’utilité écologique et sociale, dont des entreprises industrielles «recyclées».
Pour leur part, les syndicats y réfléchissent et ils ont souvent des propositions qui sont à la hauteur de l’enjeu, élaborées en partenariat avec des instituts ou groupements compétents sur le plan écologique. C’est par exemple la confédération européenne des syndicats (en anglais ETUC) qui a coproduit en 2009 un gros (208 pages) et passionnant rapport sur « le changement climatique et l’emploi en Europe » : Climate change and employment (en anglais seulement, malheureusement).
Il y est montré, sur la base d’études approfondies dans quatre secteurs clés (les industries les plus consommatrices d’énergie – sidérurgie et cimenteries, les transports, la production d’énergie et la construction), qu’une réduction des émissions de 30 % à 50 % en vingt ans est possible en Europe dans ces branches particulièrement « lourdes » en pression écologique, et que cela aurait un impact global (faiblement) positif sur l’emploi. Plus intéressant peut-être : s’il est vrai que certaines branches d’activité verraient leur emploi stagner ou régresser et d’autres progresser, les plus importantes redistributions d’emplois auraient lieu non pas entre branches mais à l’intérieur des branches. Il s’agit d’une condition favorable aux reconversions, à la formation et aux qualifications. Des conditions sont ajoutées : un réexamen profond des règles du commerce international, et une valorisation salariale des nouveaux emplois qui ne soit pas moindre que celle des emplois actuels.
Cette initiative syndicale à l’échelle européenne n’est pas isolée. Les syndicats de l’automobile réfléchissent aux scénarios de mutation de la mobilité et à la façon de produire de la mobilité «durable». Ceux de Gandrange défendent un projet crédible et expertisé permettant de sauver le site en le transformant en site de recyclage de ferraille (voir l’article «de la ferraille à l’acier» dans l’Humanité du 20 février 2012). Ceux de la raffinerie Total à Dunkerque ont mis en avant un potentiel de fabrication de piles à combustible (hydrogène ou autre). La défense du fret ferroviaire, sacrifié par la SNCF, est, notamment dans le NPDC, le fait de syndicats liés à des associations et ONG (Amis de la Terre, Réseau Action Climat…), avec d’excellents arguments écologiques sur les «alternatives à la route».
On ne saurait nier que les plus actifs des «défenseurs de l’environnement» se trouvent du côté d’associations «écolos». Elles ont marqué des points et elles restent indispensables. Mais on aura besoin de beaucoup de monde pour engager et réussir la «grande transformation du 21ème siècle», et on n’y parviendra pas sans les syndicats. Ils sont déjà dans le coup.
Pour information, vous trouverez via ce lien http://www.etui.org/fr/Publications2/Policy-Briefs un article récemment publié, que j’ai écrit avec Thomas Coutrot pour l’institut d’études ETUI lié à la confédération européenne des syndicats : «La croissance verte en question». En version française ou anglaise.
Durban, un bilan au-delà de l’arène officielle (2/2)-La justice climatique en quête d’une stratégie globale
Maxime Combes
www.mouvements.info/Durban-un-bilan-au-dela-de-l-arene.html – Mouvements, 28.02.2012
Les liens internes-externes se délitent !
Ces réussites sont indéniables. On pourrait y ajouter également le lancement d’une nouvelle campagne pour un moratoire sur le dispositif REDD+ qui doit beaucoup à cette articulation entre les initiatives et mobilisations extérieures à la COP et à la présence à l’intérieur des organisations indigènes (13). Néanmoins, les liens internes-externes, au fondement même du mouvement pour la justice climatique, perdent de leur force et de leur sens, obligeant à s’interroger sur la stratégie à suivre.
C’est à Bali en 2007 que la coalition Climate Justice Now ! est née. Alliance mondiale de plus de 200 organisations – dont Friends of the Earth, Via Campesina, Focus on Global South, Jubilee South, Attac – Climate Justice Now ! (CJN !) a toujours cherché à articuler sa présence à l’intérieur des négociations avec des activités autonomes à l’extérieur, considérant que les deux approches se renforçaient mutuellement pour construire un mouvement pour la justice climatique et sociale. Allier l’expertise issue de l’analyse des négociations internes à la radicalité des positionnements des mouvements pour peser sur le cours des choses et l’agenda global, sans se limiter à du lobbying inefficace à la table des puissants, est le logiciel de cette alliance. Les organisations parties prenantes de Climate Justice Now ! cherchaient à ce que leurs actions à l’extérieur aient des répercussions à l’intérieur et à ce que leur compréhension des négociations soient diffusée largement et utilisée à l’extérieur. Le tout servant à construire et délimiter un positionnement politique international mêlant justice climatique, justice sociale, droits des peuples et rejet des fausses solutions de marché et technoscientifiques.
Ce souci du va-et-vient interne-externe a plutôt bien fonctionné et a atteint son apogée à Copenhague où des réunions efficaces et dynamiques avaient lieu le matin à l’intérieur et le soir à l’extérieur, avec des compte-rendus croisés, permettant à tout le monde de se sentir partie prenante d’une même dynamique, écrivant une même histoire, celle du mouvement pour la justice climatique. Cette logique a pu persister jusqu’à Cancun en 2010. Porteurs du mandat de Cochabamba, la Bolivie et son ambassadeur à l’ONU Pablo Solon ont bataillé jusqu’à l’ultime seconde pour que les préconisations établies dans cet accord des peuples ne soient pas balayées d’un revers de la main. De fait, la coalition Climate Justice Now ! appuyait les exigences de la Bolivie qui s’appuyait en retour sur les organisations de CJN ! pour légitimer et justifier ses positions. L’accord de Cochabamba fonctionnait comme un outil reliant l’extérieur à l’intérieur des négociations.
Plus rien de tel à Durban. Entre temps, Cancun avait entériné le pseudo-accord de Copenhague (14). Et il était prévisible que Durban enterre Kyoto (15). Bref, même le plus optimiste activiste de Climate Justice Now ! savait qu’il n’y avait rien à attendre de positif de l’intérieur des négociations et qu’il serait même difficile d’obtenir des clivages politiques clairs entre les pays. En effet, Pablo Solon ayant quitté ses fonctions et la Bolivie ayant arrêté de porter l’accord des peuples de Cochabamba (16) comme l’étendard de son positionnement dans l’arène des Nations-Unies, celui-ci ne jouait plus son rôle d’élément fédérateur intérieur/extérieur. L’articulation intérieur-extérieur qui avait fait la force de la coalition Climate Justice Now ! s’est donc réduite à portion congrue. La technicité des négociations s’est encore accrue et de fait, l’analyse et la compréhension techniques des négociations sont de moins en moins utiles à l’extérieur. Les positions des pays sont si éloignées des exigences que portent les mouvements pour la justice climatique qu’elles deviennent insignifiantes. Deux exemples. A quoi bon s’évertuer à exiger une deuxième période d’engagements sous le protocole de Kyoto quand on sait que le caractère contraignant va disparaître et que les engagements de réduction d’émissions sont loin d’être à la hauteur ?
A quoi bon dépenser de l’énergie à suivre à la virgule les discussions sur le Fonds Vert pour le Climat alors que ce fonds est vide, que la Banque Mondiale en est de fait la gestionnaire et que le peu de financements existants risquent de finir dans la main du secteur privé ?
Des COPs en perte de légitimité face à une nouvelle donne géopolitique
La stratégie de Climate Justice Now ! s’en trouve donc ébranlée. Preuves en sont les bilans de Durban établis par CJN ! et ses membres : un « apartheid climatique » pour CJN !, « du racisme climatique, un écocide et un génocide » pour l’Indigenous Environmental Network, « un résultat désastreux du à l’effort combiné des gouvernements des pays riches » pour les Amis de la Terre International. D’une manière générale, il est dit qu’attendre 2015 pour un hypothétique nouveau dispositif est criminel. Pas étonnant que la COP soit renommée « conférence des pollueurs » (17). Pas étonnant non plus que de plus en plus de monde se demande s’il ne faudrait finalement pas bloquer les conférences sur le climat, comme cela a été le cas pour l’Organisation Mondiale du Commerce. Ne prennent aucune décision permettant de résoudre le réchauffement global et utilisées en revanche pour faire avancer l’agenda néolibéral de prédation à travers l’extension des mécanismes de marché et de la compensation carbone, les COPs sont-elles encore légitimes ? Pas étonnant enfin que des appels Occupy-COP17 (18), sur le modèle d’Occupy Wall Street, aient vu le jour.
Par ailleurs, la séquence Copenhague-Durban rend compte d’une nouvelle donne géopolitique. Jusqu’à Durban, les négociations climatiques étaient marquées et structurées par les principes fondateurs du protocole de Kyoto. Le premier de ces principes retenait l’idée d’engagements légalement contraignants. Le second, le principe de « responsabilités communes mais différenciées », structurait les négociations. Sont ainsi séparés, parmi les signataires du protocole de Kyoto (19), d’un côté les pays industrialisés, dits de l’Annexe 1, et de l’autre les pays en développement dits « non-Annexe 1 ». Aux premiers, responsables de la crise climatique actuelle, échoient les engagements contraignants de réduction de leurs émissions et l’obligation d’aider financièrement les seconds à supporter la crise climatique. Que l’on partage ou pas cette séparation et les termes employés (industrialisés, développés, en développement), ce principe a mis au cœur des négociations un principe de justice et une certaines réalité géopolitique, séparant grosso-modo le Nord du Sud. Plus important, ce principe a de fait servi de soubassement légitime au concept de dette climatique, et plus largement à celui de dette environnementale. Ces deux concepts n’ont cessé de se populariser et de se diffuser depuis 1992 et la conférence de Rio, pour aujourd’hui devenir un fondement politique et théorique des revendications pour la justice climatique, et un outil de déconstruction de la prééminence de la dette financière. La nouvelle feuille de route issue de Durban fait voler en éclat ces deux principes issus du protocole de Kyoto. Aucun engagement n’est plus contraignant. Et le nouveau processus de négociations, incluant l’ensemble des pays, ne se réfère plus à aucun principe de justice. Les Etats-Unis, l’Europe et leurs alliés du Nord ont refusé de prolonger ce principe de « responsabilités communes mais différenciées », toujours juste sur le fond, pour des raisons qui ont trait à la nouvelle réalité géopolitique. Trop inquiets de l’émergence économique et financière de la Chine, de l’Inde et du Brésil, les pays du Nord ont mis trois ans pour obtenir l’abandon de ce principe et pour introduire un nouveau cadre de négociations qui place l’ensemble des pays sur un même pieds, à des années-lumière de la réalité climatique. Bien-entendu, cette nouvelle donne géopolitique va forcément redéfinir les négociations. Certaines alliances existantes, comme le G77 + Chine qui regroupait tous les pays du Sud, risquent d’être mises à rudes épreuves. Plus généralement, la géopolitique prenant le pas sur le fond, on peut clairement s’interroger sur la possibilité à court et moyen termes d’obtenir de réelles avancées dans ces arènes de négociations.
En quête d’une nouvelle stratégie
Climate Justice Now ! et ses organisations membres sont donc en quête d’une nouvelle stratégie. Et ce n’est pas simple. S’emparer de l’échelon régional, national ou local est absolument essentiel (20). Cela n’a d’ailleurs jamais été contradictoire avec les mobilisations internationales qui ont servi à ce que des espaces politiques nationaux ou régionaux de type CJN ! soient ouverts, imposant dans l’espace de discussion sur les enjeux climatiques, la prise en compte de la justice sociale et la nécessité de transformer profondément le modèle économique. Avant Copenhague, l’image qui colle au réchauffement climatique est celle de l’ours blanc dérivant sur son bout de banquise. Depuis, il s’agit plutôt de la femme paysanne africaine victime d’une catastrophe climatique (inondations, sécheresse, etc.) n’ayant pas de ressources pour survivre. Il est clair que les mobilisations contre les agissements des multinationales pétrolières et gazières (sables bitumineux, gaz et huiles de schiste, offshore profond, Arctique) vont s’accroître tant ces dernières s’emploient à aller chercher les énergies fossiles toujours plus loin, plus profond et avec toujours plus de dommages environnementaux. La multiplication d’espaces de confrontation à la source des pollutions et des émissions de gaz à effets de serre s’observe partout sur la planète. La préservation de l’eau comme bien commun y est extrêmement présente et le slogan « notre eau vaut plus que votre or / pétrole / gas etc. » a fait le tour de la planète.
Encore plus qu’aujourd’hui, les politiques nationales, régionales ou locales doivent donc être des cibles privilégiées. Il ne fait aucun doute que le développement des alternatives locales (agroécologie et souveraineté alimentaire, relocalisations, circuits courts, transitions citoyennes, etc.) permettant de frayer la voie de la transition énergétique doit être promu. Mais est-ce suffisant ? La crise climatique sera résolue pour toute l’humanité, ou pour personne. Elle ne pourra en tout cas pas l’être pour quelques vertueux seulement, qu’ils soient pays, populations ou personnes. Jusqu’à aujourd’hui, ces grandes messes internationales permettent de maintenir, même sous forme affaiblie et pervertie, les exigences climatiques à l’agenda politique international. Ne plus s’y rendre reviendrait à laisser les Etats et les ONG classiques utiliser seuls ce qui reste encore une caisse de résonance médiatique internationale. Quelle alternative pour le réseau Climate Justice Now ! et ses organisations membres ? Un processus de type Cochabamba piloté par les mouvements et organisations pour la justice climatique ? Pas simple. Certains préconisent de mettre toutes nos forces dans l’élaboration d’une déclaration des droits de la Nature, ou de la Terre-Mère, qui pourrait être adoptée à l’ONU, l’air de rien. Pas toujours convaincant. D’autres préconisent d’élaborer une stratégie pour que soit reconnu « l’écocide » comme l’est le génocide afin de pouvoir par la suite amener devant les tribunaux quelques cas emblématiques. Pourquoi pas mais que faire en attendant ? L’idée d’exiger un Tribunal International des crimes climatiques ou environnementaux est toujours présente mais personnes ne sait comment la prendre. D’autres encore voudraient que l’on s’imprègne du mouvement Occupy Wall Street et de celui des indignés pour que l’on transforme tout ce qu’on fait en « Occupy XXX », jusqu’à « Occupy Earth » sans qu’on ne voit plus très bien ce que cela signifie.
Être en quête c’est mieux qu’être perdu !
Aujourd’hui, il est clair que l’alliance Climate Justice Now ! est en quête de stratégie. Et pas seulement parce que la prochaine COP se déroulera au Qatar. S’il l’on ne peut attendre des COPs autre chose à court terme que l’approfondissement d’un agenda néolibéral et prédateur étendant la marchandisation et la financiarisation des ressources naturelles et de la vie des populations, deux réactions sont possibles et intelligibles : les boycotter ou les bloquer. Aujourd’hui, CJN ! n’est pas totalement sûr du constat et ne sait pas s’il faut choisir. Cela ne signifie pas pour autant que CJN ! et ses organisations membres sont perdues. L’espace politique qu’incarne et délimite la coalition Climate Justice Now ! s’appuie sur de très nombreuses luttes locales ou régionales, sur des analyses claires et percutantes des dynamiques à l’œuvre et sur des alternatives locales et globales dont on sait qu’elles sont partie prenantes des solutions que nous devons imposer.
Ne pas se satisfaire des résultats successifs des négociations climat, et le dire clairement, haut et fort en affirmant que c’est « leur échec, pas le nôtre », c’est savoir où l’on est et ce que l’on veut. Même si l’on ne sait pas encore complètement comment on y va. Être en quête d’une stratégie globale, cela ne signifie donc pas être perdu.
A l’inverse, certains négociateurs et ONG semblent être pris d’un étrange syndrome de Stockholm appliqué aux négociations climat : quel que soit le résultat de la négociation, on s’en félicite, sans doute par crainte de ne plus se revoir tout en faisant sien les arguments de résignation officiels. Au point que l’on peut se demander si nous vivons dans le même monde. Se satisfaire de résultats à des années-lumière des recommandations des scientifiques ne revient-il pas à faire comme si la vie réelle des populations et l’intérieur des négociations n’étaient finalement que deux mondes parallèles qui n’ont plus grande chose à voir ensemble ? A l’extérieur (et encore un peu à l’intérieur), qu’on soit scientifique ou activiste pour la justice climatique, on veut résoudre la crise climatique. A l’intérieur, la géopolitique semble définitivement avoir pris le dessus, éloignant les négociations des réalités climatiques et de leurs conséquences. A nous de changer la donne.
P.-S.
13) http://climat.blogs.liberation.fr/d…
14) http://climatjustice.org/2010/12/07…
15) http://alter-echos.org/wp-content/u…
16) http://climatjustice.org/2010/04/22…
17) http://alter-echos.org/justice-clim…
18) http://durbanclimatejustice.wordpre…
19) Parmi les pays les plus émetteurs, seuls les Etats-Unis ne sont pas signataires.
20) http://vimeo.com/19386015