Salon du Bourget : « L’avion vert n’existe pas »
Amélie Quentel
https://reporterre.net/Salon-du-Bourget-L-avion-vert-n-existe-pas
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Au salon du Bourget, l’industrie aéronautique le jure, la technologie va bientôt verdir l’aviation. Des promesses trompeuses, selon le réseau Rester sur Terre, pour qui c’est dès aujourd’hui qu’il faut moins voler.
C’est écrit noir sur blanc sur son site internet : pour sa 54ᵉ édition, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) entend montrer comment le « transport aérien [est] aujourd’hui pleinement mobilisé face au défi de la décarbonation ».
Organisé au Bourget (Seine-Saint-Denis) du 19 au 25 juin, cet événement est l’occasion pour le secteur de vanter les mérites des innovations technologiques, celles-ci étant présentées comme la solution magique pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Développement d’avions électriques ou à hydrogène, recours aux agro-carburants… L’industrie aéronautique l’assure : notre salut face à l’urgence climatique résiderait dans les avions dits « verts ».
50 millions pour des « petits avions »
Des éléments de langage repris allègrement par Emmanuel Macron qui, le 16 juin, a annoncé des aides financières conséquentes à destination de ce secteur responsable de 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Sur la période 2024-2030, 300 millions d’euros par an vont ainsi être alloués à la conception d’avions plus légers et de nouveaux moteurs, tandis que 50 millions d’euros vont être investis pour la construction de « petits avions hybrides, électriques ou à hydrogène ».
En outre, le président de la République a indiqué qu’une enveloppe de 200 millions d’euros allait bénéficier au développement des agrocarburants, avec notamment l’installation d’une usine de « carburants durables » à Lacq (Pyrénées-Atlantiques).
Pourtant, comme l’a raconté Reporterre à de nombreuses reprises, une aviation écologiquement responsable relève du fantasme. « L’avion vert, ça n’existe pas. Tout cela n’est que du greenwashing », abonde Charlène Fleury, coordinatrice du réseau citoyen Rester sur Terre/Stay Grounded France.
Pour la spécialiste du secteur aéronautique, les annonces du président de la République sont « extrêmement problématiques », et ce à plus d’un titre : « Premièrement, ces technologies ne sont pas matures ni suffisamment efficaces pour décarboner le trafic aérien dès maintenant. Or, les scientifiques nous avertissent depuis longtemps : pour respecter l’Accord de Paris, c’est dès aujourd’hui qu’il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre ».
Autre pierre d’achoppement, selon elle : les effets néfastes des agrocarburants sur le climat et la biodiversité. En décembre 2022, un rapport de la Cour des comptes estimait en effet que ces carburants dits durables présentaient un « bilan environnemental négatif et un bilan climatique décevant ».
Alors qu’Airbus a affirmé que le nombre d’avions devrait doubler d’ici à 2042, Charlène Fleury note que « le secteur reste sur sa lancée de croissance du trafic aérien, ce qui montre qu’il a décidé de ne pas faire sa part dans la réduction des émissions ».
Et d’ajouter : « Cela pose un problème démocratique mais aussi de justice sociale. À quel moment a-t-on décidé collectivement d’accorder davantage de temps et d’argent public à l’industrie aéronautique pour se décarboner, alors que l’avion ne profite qu’à une petite minorité ? »
En France, seulement 36 % de la population voyage dans les airs chaque année, tandis que, à l’échelle mondiale, seulement 1 % de la population est responsable de 50 % des émissions liées au secteur de l’aviation.
Pour la coordinatrice de Rester sur Terre, Emmanuel Macron serait donc bien avisé de lire le rapport sur le transport aérien publié en septembre 2022 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Cette étude propose trois voies pour « accélérer la transition écologique du secteur ». L’un des scénarios proposés par l’Ademe étant la « modération du trafic ». « Il s’agit évidemment du scénario le plus sûr, le plus efficace et le plus rapide. Il faut avant tout réguler et diminuer le trafic aérien, et pour cela, il existe de nombreux moyens : plafonner le nombre de vols, taxer le kérosène, instaurer une écocontribution plus forte sur les billets d’avions, etc. », énumère Charlène Fleury. En bref, résume-t-elle, « les solutions pour décarboner le secteur aérien ne sont pas technologiques, mais politiques ».
Réchauffement climatique : pourquoi seize jeunes Américains ont attaqué l’Etat du Montana
Arnaud Leparmentier (Helena (Montana), envoyé spécial)
www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/21/rechauffement-climatique-pourquoi-seize-jeunes-americains-ont-attaque-l-etat-du-montana_6178569_3244.html
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Chaleur accablante, air irrespirable, fonte des glaciers… Les plaignants ont témoigné de la dégradation de leur quotidien au cours du procès pour le droit à « un environnement propre et sain », dont l’audience s’est achevée mardi. La Constitution de cet Etat impose une obligation de résultat en la matière.
Ils étaient seize. Seize enfants et jeunes âgés de 5 à 22 ans, venus témoigner du 12 au 20 juin à la barre du tribunal de Helena, accusant l’Etat du Montana de violer leur droit constitutionnel à un « environnement propre et sain ». Car, sous l’effet du réchauffement, ce paradis de grands espaces, qui abrite le parc national de Glacier et une partie de celui de Yellowstone, n’est plus ce qu’il était. Rikki Held, 22 ans, a raconté comment, à l’été 2021, la chaleur supérieure à 42 °C rendait le travail impossible dans le ranch de son père, que la prairie en feu rendait l’air irrespirable et avait coupé l’électricité. « On ne pouvait plus pomper l’eau pour abreuver les bêtes », confie-t-elle.
A l’inverse, Eva Lighthizer, 17 ans, fille d’un charpentier et d’une militante écologiste, a dû, en 2022, entasser des sacs de sable pour se protéger des crues de la rivière Yellowstone. Georgianna Fischer, 20 ans, skieuse de fond de compétition, a réduit son entraînement à cause du raccourcissement de la saison. Les témoignages sont sincères, les faits indéniables : les glaciers du parc national de Glacier ont quasiment disparu. La route du parc de Yellowstone a été emportée par les crues, tandis que les incendies ravagent chaque été les forêts trop sèches.
Cette émotion n’empêche pas le procès d’être organisé au millimètre près par les militants de Our Children’s Trust, qui distribuaient des calicots pour le dernier jour des audiences et organisaient une haie d’honneur pour les jeunes plaignants sous le soleil de Helena. Créé en 2010 à Eugene, dans l’Oregon, ce cabinet d’avocats spécialisé dans l’environnement a attaqué tous les Etats américains et l’Etat fédéral, au nom des droits des enfants. Sans succès, faute de base juridique suffisante, jusqu’à ce qu’ils obtiennent l’organisation d’un procès dans le Montana.
« Droit inaliénable »
Pourquoi s’aventurer dans cet Etat vaste comme la moitié de la France et peuplé d’un million d’habitants ? Parce qu’il dispose d’une Constitution très récente (1972), qui prend en compte de manière très précise l’environnement. Les constituants commencent par se dire « reconnaissants à Dieu pour la beauté tranquille de notre Etat, la grandeur de nos montagnes, l’immensité de nos plaines vallonnées », qu’ils entendent préserver « pour les générations futures ».
Le texte énonce un « droit inaliénable » à « un environnement propre et sain » et surtout fournit un vade-mecum : « L’Etat et chaque personne doivent maintenir et améliorer un environnement propre et sain dans le Montana pour le présent et les générations futures », tandis que « le législateur doit prévoir des mesures adéquates pour protéger l’environnement (…) et fournir des remèdes adéquats pour empêcher l’épuisement et la dégradation des ressources naturelles ». Bref, une Constitution très moderne et qui impose une obligation de résultat. Au procès, une des rédactrices du texte a expliqué comment la jeune génération avait poussé en ce sens.
La Constitution de 1972 fut une petite révolution dans le Montana, considérée comme une « déclaration d’indépendance vis-à-vis des entreprises minières », qui mettaient cet Etat en coupe réglée depuis plus d’un siècle. En effet, dans cet Extrême Nord-Ouest des Etats-Unis, les entreprises minières exploitaient le sous-sol incroyablement riche du « Treasure State » et polluaient sans vergogne. Elles y régnaient en maître.
Une génération a découvert l’Etat grâce au film Et au milieu coule une rivière (1992), de Robert Redford, avec Brad Pitt, adapté d’un roman de Norman Maclean (1902-1990) paru en 1976, qui narre l’amour fraternel et la pêche à la mouche dans la rivière Blackfoot. Sauf que Robert Redford n’a jamais pu tourner sur les rives de la Blackfoot : il n’y avait plus un seul saumon, la rivière étant polluée en amont par une mine de plomb et d’étain et saccagée par le bétail, tandis qu’un barrage en aval détruisait la biodiversité.
« Chaque tonne de carbone compte »
C’est dans les années 1960 que les habitants réalisent le mal qui affecte leur Etat, notamment parce que les entreprises minières ont cédé leurs journaux et ont fait, un peu malgré elles, émerger une presse libre, relate Roger Sullivan, avocat des plaignants et militant environnementaliste. « La presse a joué un rôle », explique-t-il. A l’époque se négocient aussi le Clean Air Act (1970) et le Clean Water Act (1972), lois fédérales fondatrices sur l’environnement. Il faut tout de même attendre 1999 pour que le droit constitutionnel soit consacré concrètement par la Cour suprême de l’Etat, qui interdit la construction d’une mine d’or qui aurait conduit à polluer une rivière à l’arsenic. La troisième étape se joue aujourd’hui, avec la demande de reconnaissance de la contribution de l’Etat au réchauffement climatique.
L’accroche des seize plaignants est une loi du Montana qui interdit de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre dans l’octroi de permis d’exploitations minières, en particulier du charbon, le Montana étant le quatrième Etat producteur des Etats-Unis.
Au tribunal, le ministère de la justice de l’Etat n’a cessé de répéter que le Montana ne pouvait rien changer au climat. « Les émissions du Montana sont trop minuscules pour faire la moindre différence », a déclaré le vice-procureur Michael Russell, estimant que le problème était global. Il a aussi invoqué le primat du politique, estimant que « les récriminations entendues pendant une semaine relèvent du législateur, pas à d’un tribunal ». Enfin, il n’y aurait pas de lien de causalité entre les émissions et la dégradation de l’environnement. Ce point a piqué Julia Olson, fondatrice d’Our Children’s Trust, qui répétait mardi 20 juin à la sortie du tribunal : « Chaque tonne de carbone compte. »
Le but est d’obtenir de la juge Kathy Seeley qu’elle décrète que les droits fondamentaux des plaignants ont été bafoués. Dans sa plaidoirie finale, applaudie par l’assistance, l’avocat d’Our Children’s Trust, Nate Bellinger, a ajouté aux droits environnementaux l’invocation des droits à la liberté religieuse, les natifs américains étant menacés dans leur culture, mais aussi les droits spécifiques aux enfants, tout comme le droit au bonheur, les activités de plein air qui font la qualité de vie dans le Montana étant menacées. L’étape supplémentaire serait que la juge impose à l’Etat de prendre en compte dans ses permis les émissions de CO2 ou un chemin pour corriger le dérèglement climatique.
L’autre objectif, c’est de faire école à travers les Etats-Unis. Hawaï, dont la Loi fondamentale protège l’environnement, pourrait parvenir à un compromis avec Our Children’s Trust, sous l’égide de son gouverneur démocrate, Josh Green. La Pennsylvanie, temple de la sidérurgie et du gaz de schiste, dispose d’une Constitution progressiste, mais tarde à l’exploiter. L’Etat de New York a modifié en 2021 par référendum sa Constitution, qui précise désormais que « chacun a droit à un air et à une eau purs et à un environnement sain ». Enfin, une plainte fédérale, longtemps dans les limbes, a été relancée le 1er juin.
« Même si nous perdons, nous aurons créé un précédent sur la volonté des citoyens d’utiliser le pilier judiciaire dans la protection de l’environnement », estime l’avocat Dustin Leftridge, collaborateur de Roger Sullivan. La décision de la juge Kathy Seeley est attendue début juillet.
EHZ un festival militant
Ihintza Etxart
www.enbata.info/articles/ehz-un-festival-militant
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Le festival Euskal Herria Zuzenean nous attend du 30 juin au 2 juillet, à Irisarri. Retour sur quelques aspects de cet événement festif, culturel et militant qui en font une expérience plutôt unique en son genre.
De « L’Eurock des peuples contre la world compagny » à « Etengabe azalberritzen », en passant par « Herri bat zuzenean », « Sorginen zelaian, gurea asma » ou « Auzolanaz berpiztu », les slogans entonnés par Euskal Herria Zuzenean (EHZ) depuis 1996, témoignent de l’évolution d’un festival qui a sans cesse su se réinventer. Tout en restant fidèle à ses engagements, EHZ a toujours fait peau neuve au gré des dynamiques sociales qui ont traversé le Pays Basque et des générations de militants qui se sont succédé pour pérenniser cet événement. Niché depuis cinq ans au pied du Baigura, à Irisarri, la 27ème édition du festival EH entend ainsi continuer à faire vivre la culture basque et à susciter l’engagement des jeunes pour un modèle de société plus solidaire, plus juste et résolument anticapitaliste. Durant trois jours, des artistes venus d’horizons et d’univers divers fouleront les planches d’EHZ, tandis qu’un espace de réflexions et de débats donnera aux festivaliers l’occasion d’échanger autour de différents enjeux de société. Mais le festival ne pourrait se tenir sans la force collective de près de 500 bénévoles et militants qui, cette année encore, viendront donner un coup de main précieux.
Une programmation vivante et éclectique
Dès la première édition, les banderoles arborées dans les champs d’Arrosa faisaient le procès de « la marchandisation du monde » et prônaient la défense des cultures minorisées et opprimées par le rouleau compresseur capitaliste. Plus que jamais, EHZ aspire à affirmer une culture basque vivante, loin des représentations folklorisées et aliénées qui transforment de plus en plus notre culture en un simple produit marketing répondant aux besoins du marché néolibéral. EHZ n’est pas seulement un événement musical. C’est surtout un lieu d’expression culturelle, où la langue et la culture basques tiennent une place majeure. Dans la continuité des dernières éditions, entre le théâtre, le cirque, la danse et les expositions, la programmation est pensée pour tous les publics. Sans céder à une logique de « tête d’affiche », EHZ porte une attention particulière à la diversité des styles musicaux. Le groupe post-punk Belako partagera la scène avec les incontournables du rock basque Willis Drummond et Kristonak. Les rythmes enjoués de Gatibu, Kolinga, Afrika Bibang et Zetak feront vibrer le public. De plus, trois groupes traverseront la mer et les océans jusqu’à Irisarri : le groupe mythique métal Soulfly, les quatres musiciens de Madmadmad ainsi que les Islandais FM Belfast qui apporteront dans leurs bagages une musique électronique déjantée. Enfin, comme à son habitude, l’un des objectifs d’EHZ est de mettre en avant les projets artistiques d’Iparralde. Le trio folk Habia jouera ainsi sur une des scènes d’Irisarri, aux côtés d’Akts, d’Aho Zakil Konekxion et de Kuma No Motor.
Un festival engagé
Pour EHZ, le féminisme, l’anticapitalisme, l’écologie, la justice sociale, l’internationalisme ne sont pas des mots en l’air. Ils se traduisent par leur mise en pratique concrète et l’engagement des militants-bénévoles. Pour cette édition, nous avons amélioré le système de toilettes sèches et tâchons comme chaque année de nous fournir en produits locaux, issus de l’agriculture paysanne pour notre restauration. D’autre part, d’année en année, EHZ peaufine la mise en place de son protocole visant à prévenir, sensibiliser et lutter contre toutes formes d’agression sexiste, lesbo/homophobe et raciste. Le festival veut être un lieu sûr pour toutes et tous, et aspire par la même occasion à promouvoir et généraliser ce type de protocole dans toutes les festivités d’Iparralde. Aussi, il est toujours utile de préciser qu’ EHZ est un festival « no logo » et autogéré, ce qui implique la prise en charge par les bénévoles de tous les pans de l’organisation (sécurité, alimentation, communication, etc.), sans les sous-traiter à des entreprises privées.
Dès la première édition, les banderoles arborées dans les champs d’Arrosa
faisaient le procès de la « marchandisation du monde »
et prônaient la défense des cultures minorisées et opprimées
par le rouleau compresseur capitaliste.
Enfin, EHZ ne s’est pas fait en un jour. Cette année, nous avons ainsi mis l’accent sur la transmission des connaissances liées à la culture basque et à l’engagement bénévole et militant. De février à mai, EHZ a proposé, à titre gratuit, différents ateliers ludiques et pédagogiques autour de la culture et de l’événementiel à plus de 300 élèves de plusieurs lycées d’Iparralde. Il s’agit, en somme, de montrer que l’organisation d’un tel évènement, en grande partie autofinancé et sans but lucratif, est possible grâce au travail de centaines de bénévoles et à la transmission des responsabilités au fil des générations. Par ailleurs, afin d’intégrer les néo-bascophones, nous nous sommes rendus auprès de plusieurs classes d’AEK. S’il n’est pas nécessaire d’être bascophone pour venir au festival ni même pour être bénévole, nous souhaitons susciter la pratique du basque dans l’espace public et dans un cadre informel, au-delà des écoles et des salles de classe, prônant la défense des cultures minorisées et opprimées par le rouleau compresseur capitaliste.
Munstroaren umetokia ekofeminismotik eraldatzen
Amanda Dias Verrone, Junkal Arruti Tena, Leticia Urretabizkaia Gil, Marta Barba Gassó, Mirene Begiristain Zubillaga
www.argia.eus/albistea/munstroaren-umetokia-ekofeminismotik-eraldatzen
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Ekologismoak eta feminismoak. Modernitatean eraikitako pentsamolde, praktika eta mugimendu sozial askotarikoak, planetan zehar dabiltzan hainbat herriren antzinako esperientziekin etengabe berrelikatuta. Inguratzen eta zeharkatzen gaituen munstroaz jabetzeko heldulekuak, eta gure artean basabideak marrazteko uzta partekatua.
Ekofeminismo hitza Francoise d´Eaubonnen 1974ko Le feminisme ou la mort testuan irakurri dezakegu, eta bertan dio arrazoiketa sinplea dela: Feminismoa edo heriotza. Eta argudiatzen du: “Gaur egungo mundua salba dezakeen mutazio bakarra botere maskulinoaren ‘inbertsio handia’ da, nekazaritzako gehiegizko ustiapenaren ondoren industriaren hedapen hilgarria dakarrena. Ez da ‘matriarkatua’, noski, edo ’emakumeen boterea’; emakumeen eskutik boterea suntsitzea baizik. Eta, azkenik, tunelaren amaiera: munduaren berdintasunezko kudeaketa, birsortzeko (eta ez hainbeste ‘babesteko’, oraindik ere lehen olatuko ingurumen-zale atseginek uste duten bezala)”.
Oinarri erradikal hori askotariko begirada ekofeministekin osatzen joan da. Korronte ugari, baina funtsezko premian batzen direnak: emakumeen* zapalkuntza eta naturaren suntsipena egituratzen duten logikek harreman estua dute, heteropatriarkatua. Zapalkuntza berezitu eta anitzen eskutik, lurraldeen eta bizitzen gaineko dominazio-sistema eraikitzen du heteropatriarkatuak, modu integralean: maila ekonomiko, sozial, politiko, kultural eta sinbolikoan.
Dominazio-sistema integrala inguratzen eta zeharkatzen gaituen munstroaren umetokian sortzen da. Familia, ugalketa, ahaidetasun eta sexu/genero sistema normatiboetatik harago joatea proposatzen digu Donna Harawayek munstruoaren umetokiaren metaforarekin, eta eraikita ditugun zenbait kontzeptu eta bizipen errotik iraultzera garamatza; hainbat dikotomia (natura-kultura, gizon-emakume, arrazoia-emozioa, gizaki-izaki, burua-gorputza…), hainbat kontzeptu: espezie, familia, lurraldetasuna, teknologia, ekonomia, desira, beharra, lana… Ekofeminismoak hauek guztiak problematizatu eta lurreratzeko abagune sakona dira, lur beltza.
Begirada zorroztean, baina, akaso ekofeminismo gisa izendatuak izan ez diren praktika eta gizarte mugimenduak identifikatu ahal ditugu, modernitatearen parte ere ez diren zenbait. Horiekin solastu eta harilkatzean dominazio-sistemaren zabaltasuna agerian utzi eta dikotomia gehiago kolokan jartzeko aukera eskainiko digu. Begirada fintzeak iparrorratzak ere zorroztuko dizkigu, mendebaldeko termino eta moduetan ibiltzen garelako maiz.
Ekofeminismoa Euskal Herrian harilkatzeko asmotan hainbat hausnarketa ekarri nahi ditugu hilabetero zutabe honetara; arnas luzeagoko analisietatik, gabezietatik, erronketatik, egunerokotasunetik, irakaspenetatik. Munstroaren umetokian moldagaitzak eta imajinaezinak egiten zaizkigun ahaidetasun eta bestelako figurazioak sortzeko.